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Plan du cours :
- Approches patrimoniales
- Approches actuarielles
- Approches boursières
ANNEE UNIVERSITAIRE
2019-2020
Pr N.BENSAID 1
EVALUATION DES ENTREPRISES
Pr N.BENSAID 2
EVALUATION DES ENTREPRISES
La valeur intrinsèque n’est ni précise ni facile à déterminer. Elle est définie comme
étant la valeur justifiée par les faits, c’est-à-dire les actifs, les bénéfices, les dividendes et les
perspectives claires. C’est une opération assez compliquée du moment que la valeur d’un titre
n’est que l’évaluation des flux futurs. La question posée est toujours : quel est mon rapport à
l’avenir ?
L’évaluation d’une entreprise est nécessairement liée aux circonstances dans lesquelles
elle est menée. Elle dépend, certes, de l’entreprise à évaluer, mais aussi du contexte de la
mission d’évaluation elle même.
1
J. M. Keynes (1971) « Théorie Générale de l’Emploi, de l’Intérêt et de la Monnaie, Paris, Petite Bibliothèque
ère
Payot, n°139, [1 édition 1936].
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L’évaluation d’entreprises prend son sens pour une entité qui continue son exploitation
et qui justifie, donc, une valeur différente de celle qu’elle aurait eue si elle était destinée à la
liquidation.
Si la continuité d’exploitation d’une entreprise est vérifiée, alors sa valeur sera
nécessairement supérieure à la valeur des éléments patrimoniaux qui la constituent, on
parlerait de survaleur de l'entreprise et où donc, la valeur de l’entreprise sera exprimée comme
suit : VE = Patrimoine + survaleur
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La valeur fondamentale d’une société repose sur deux principaux éléments : les profits
futurs que la société est supposée pouvoir extraire dans les prochaines années, d’une part, et le
coût du capital qui correspond à l’exigence des investisseurs, de l’autre.
En notant Ft le flux de revenus que l’actionnaire reçoit à la date t, il vient que le prix
en date t d’une action est, en première approximation :
∞
(1) = +=( + …..+ ( +….=
) ) ( )
Dans la pratique, la détermination des flux ne peut être menée à bien qu’avec l’aide de
modèles s’appuyant sur des hypothèses simples d’évolution des flux prévisionnels Ft
2
Myron J. Gordon (Sep., 1963), « The Investment, Financing, and Valuation of the Corporation” The Journal of
Finance Vol. 18, No. 3, pp. 579-581
3
Nicholas Molodovsky (1965), « Common Stock Valuation », The Financial Analysts Journal.
4
Shiller R. (1981), « Do Stock Prices Move Too Much to be Justified by Subsequent Changes inDividends », The
American Economic Review, Vol. 71, n°3, pp.421-436.
5
G. Prat (1984), « Essai Pour Une Formulation Générale Du Cours Des Actions », Economica, 286 pages, Paris.
6
M. Allais (1972), “Forgetfulness and Interest”, Journal of Money, Credit and Banking, vol.4, n°1, pp. 40-71.
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(supposés soit constants, soit animés d’un taux de croissance annuel constant) qui rendent
ainsi possibles les calculs en question. Dans ce sens, les théoriciens ont retenu cinq types7 de
variables pour déterminer les flux de revenus :
Premier type : les dividendes (Dt) versés à l’actionnaire et qui correspondent à son
revenu tant qu’il est propriétaire d'une action. La formule (1) devient dans ce cas :
∞
(2) =
( )
En matière d'actualisation des dividendes, plusieurs modèles ont été développés dont
les plus importants portent les noms de leurs promoteurs.
Deuxième type : les dividendes versés sur la durée de détention majorés d’un prix de
revente du titre à l’issue de celle-ci. La méthode correspondante, appelée modèle de Bates.
7
D’après la classification retenue par les auteurs de l’ouvrage qui s’intitule « la critique de la valeur
fondamentale »
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Toutes ces méthodes d’actualisation de flux futurs de rentabilité, qui s’appuient sur
des modèles prévisionnels différents, ont en commun, dès qu’on les met en œuvre
correctement, de faire recourir à des données de marché permettant de déterminer le taux
d’actualisation à utiliser. Comment calcule-t-on ce taux d'actualisation ?
Les méthodes d'évaluation basées sur les prévisions nécessitent la fixation d'un taux
d'actualisation. Rappelons ainsi que le taux d'actualisation est le taux de rémunération
minimale exigée par un actionnaire pour tenir compte des aléas qui entachent la pérennité des
bénéfices de l'entreprise. De sorte que plus l'investissement est risqué, plus l'investisseur sera
tenté d'exiger une rémunération élevée.
Cette prime de risque est liée à une composante globale (marché) qui correspond à
l’appétit du marché action pour le risque au moment de l’évaluation et une composante
spécifique (dite bêta) qui correspond au risque spécifique à la société par rapport au groupe de
sociétés cotées sur le marché considéré.
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Cependant, cette approche suppose que les marchés sont, à tout moment, efficients, et
que la prime de risque pourra être extraite de la vue du marché et des valorisations des
sociétés qui le constituent.
Où:
Ks : Le coût du capital
Kd : Le coût de la dette
D : Dettes totales
S: Capitaux propres
On l'appelle aussi l'approche par les flux, elle se fixe comme objectif de déterminer au
plus près les flux économiques et financiers futurs de l'entreprise.
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- Le modèle de Irwing Fisher : Le modèle d’Irving Fisher suppose que la valeur d’une action
correspond à la valeur actuelle des flux de dividendes à recevoir par l’actionnaire.
(3) =
Ce modèle est resté limité parce qu’il suppose que les dividendes à un certain moment
sont constants, alors que ce n’est pas vrai. Par contre, d’autres efforts de simplification ont
permis de développer d’autres modèles plus accessibles et plus satisfaisants.
◦ Les dividendes augmentent à un taux constant, année après année (hypothèse de croissance
perpétuelle des bénéfices), soit Dt+1 = Dt(1+g),
◦ Le taux de distribution des bénéfices (Le pay - out ratio) est identique tous les ans.
Où :
8
C.Walter et E.Brian (2008) « Critique De La Valeur Fondamentale » P. 16.
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x = rentabilité exigée,
Les auteurs ayant développé ce modèle sont Copeland et al (1991)9, Stewart (1991)10
et Hackel et Livnant (1992)11. Cette méthode s’appuie sur les critiques apportées aux
méthodes traditionnelles d’évaluation telles que le bénéfice net, qui est un mauvais indicateur
de gestion dont la croissance n’est pas synonyme de rentabilité. Le vrai critère est celui du
cash-flow qui mesure le flux de liquidité généré par l’entreprise. Le concept pertinent est celui
du cash-flow disponible ou free cash-flow c’est-à-dire le cash-flow total après impôts et
charges financières et investissements à la disposition des apporteurs de ressources financières
: créanciers et actionnaires.
Cette méthode constitue une des méthodes modernes les plus employées de
détermination normative de la valeur actionnariale qui s’appuie sur le concept du coût moyen
pondéré (CMPC) ou AverageWeightedCost of Capital (WACC).
9
T. Copeland, T. Koller, J. Murrin(Mar., 1991), “Measuring and Managing the Value of Companies”The Journal
of Finance Vol. 46, No. 1, pp. 459-463
10
G.B. Stewart (1991), “ The Quest for Value: A Guide for Senior Managers”, Harper Business, New York
11
K. Hackel, J.Livnat (1992); “Cash Flows and Security Analysis”, Business One Irwin.
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La DCF est une méthode très utilisée actuellement car elle repose sur une idée simple :
une entreprise n’a de valeur que si, un jour, elle rapporte de l’argent. Certains auteurs
(COPELAND et al, 200012 et DAMODARAN, 199913), la considèrent comme étant la plus
dominante et la seule approche reposant sur un fondement théorique solide.
Malgré ces avantages, cette méthode reste difficile dans son application parce que
l’estimation du taux d’actualisation est délicate pour les raisons suivantes :
- Le coût des fonds propres est déterminé sur base de données passées et non futures ;
- La pondération entre l’endettement financier et les capitaux propres n’est guère aisée vu la
difficulté d’appréhender une structure de financement optimale pour l’entreprise.
En plus de ça, l’information qui circule dans l’entreprise est souvent limitée surtout
pour l’analyse externe ou l’acquéreur potentiel. Cette méthode repose sur des données
prévisionnelles. A cause de ces limites, le calcul de la valeur terminale est lui aussi délicat.
Pour mettre en œuvre cette approche, l'évaluateur recherche sur les marchés boursiers
un échantillon de sociétés comparables à celle qu'il se propose d'évaluer.
La particularité des sociétés cotées est bien entendu que leurs cours de bourse
constituent, pour elles, une référence de prix. L'évaluateur cherche à déterminer les critères
communs de valorisation qui se dégagent de l'échantillon. Il les applique ensuite à la société,
objet de son étude, pour définir sa valeur ou sa fourchette de valeur. On distingue parmi ces
méthodes principalement le PER et la méthode de Bates.
Le PER indique « combien de fois le bénéfice » la bourse a accepté de payer un titre. C’est-à-
dire, à combien de fois on capitalise le revenu que peut procurer une entreprise.
Le calcul du PER s’effectue en rapportant le cours d’une action au bénéfice par action :
(5) PER =
- Le Modèle de Bates (1962) : il met donc en relation trois variables qui sont la valeur
présente, la valeur de revente à un horizon fini (quelques années, en général) et les prévisions
12
T. Copeland., T. Koller and J. Murrin (2000), ” Valuation – Measuring and Managing the Value of Companies.
3rd edition. New York: Wiley & Sons.
13
A .Damodaran (1999), « Discounted Cash flow Valuation: Equity and Firm Models”.
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de dividendes à recevoir avant revente. La connaissance de deux de ces trois variables permet
de déterminer la troisième. Ce modèle reflète plutôt bien le comportement réel des
investisseurs qui achètent un titre, le conservent en portefeuille quelques années et enfin le
cèdent sur le marché.
Le modèle de Bates permet d’évaluer une société en tenant compte des bénéfices
futurs et du Pay-Out et pas simplement du dividende comme dans le modèle de Gordon
Shapiro. Il permet par ailleurs de diviser la période totale d’observation en sous-périodes ce
qui résout ainsi le problème de constance des données inhérent au modèle de Gordon Shapiro.
La méthode de Bates bénéficie ainsi d’un aspect plus réaliste puisqu’il est possible-
conformément à la réalité du marché- de modifier les paramètres de la formule. L’originalité
et la réalité de la formule de Bates résident dans la logique comparative du modèle.
(6) = ( ) +d [1- ( )]
Avec :
- d : le taux de distribution du bénéfice (Part du bénéfice versé aux actionnaires sous forme de
dividendes);
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Cette approche se base sur le principe que l'entreprise vaut ce qu'elle possède. Elle
consiste donc à rechercher la valeur de marché de chacun des éléments qui composent l’actif
et le passif envers les tiers de l’entreprise. Le solde de ces deux agrégats correspondra à l’actif
net corrigé ou réévalué, c’est-à-dire aux fonds propres réévalués de l’entreprise. Il est à noter
que l'évaluateur peut être amené à utiliser les autres approches présentées précédemment
(dynamique et analogique) pour valoriser certains postes figurant (comme la participation) ou
ne figurant pas (exemple du goodwill) à l’actif du bilan.
En effet comme il s'agit d'une méthode statique, s'appuyant dans bien des cas sur des
expertises, cette dernière trouve dans la pratique de sérieuses limites à son utilisation, De ce
fait, elle n’est pas adaptée aux affaires connaissant une évolution rapide : start-up, sociétés en
forte croissance, pour lesquelles les derniers comptes publiés ne donnent qu’une image
dépassée de l’affaire et de son potentiel, tant est rapide son évolution.
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Bibliographie
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