Rapport de Stage

I.M.P. La Providence

Etudiante :

BARTOLINI Alicia

Classe :

3ème A - Educateur Spécialisé

2016 - 2017
 Sommaire

Avant-propos _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _P. 3

Introduction _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ P. 4

1 - Le bénéficiaire encadré : Théo _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ P. 5

1.1 - La rencontre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 5
1.2 - Analyse des besoins . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 6
1.3 - Le relationnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 8
1.4 - D'autres interventions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 9

2 – L'émergence du projet _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ P .11

2.1 - L'idée globale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 11
2.2 - Les différents objectifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 12
2.3 - L'évaluation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 12

3 – Adéquation avec le cadre institutionnel _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ P. 14

4 – Annexe
– Photographies des projets : l'arbre aux mains & Théo
– Ressources
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Avant-propos

Remerciements

Parce qu'il n'est pas toujours aisé d'être intégrée en lieu de stage, je tiens à remercier M.
BRASSEUR Bernard, sous-directeur pédagogique de l'I.M.P., pour son accord qui m'a permis de
vivre cette expérience professionnelle. Je remercie également Mme. DAUBY Maïté, éducatrice
spécialisée, pour son écoute et son investissement en tant que maître de stage, qui m'a apporté de
précieux conseils et un excellent encadrement formatif. Je suis reconnaissante également envers
l'intégralité du personnel psycho-éducatif pour leur patience et leur participation dans le cadre de
mes apprentissages, ainsi que l'ensemble du personnel de l'institution pour son accueil.

Identité des bénéficaires

Dans le cadre du secret professionnel par Mission et Fonction conformément à l'Article 458
de la législation Belge, les noms et prénoms des bénéficiaires cités dans ce rapport ont été modifiés
afin de respecter et de préserver leur anonymat.

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Introduction

J'effectue mon stage à l'Institut Médico-Pédagogique (I.M.P.) d'Etalle, en Belgique, nommé

La Providence. Cette institution est un service résidentiel accueillant des enfants et des jeunes de 3
ans à 18 ans, voire jusque 25 ans avec des logements en autonomie et semi-autonomie (SAS et
Service Résidentiel de Transition). La population de cet établissement présente en majorité des
troubles du comportement, pour certains également des problématiques de déficience mentale
légère ou modérée. Cette institution admet tout autant des jeunes dont la situation est judiciarisée
que d'autres dont le placement est volontaire par la famille, voire par lui-même. De plus en plus, les
jeunes qui y sont admis sont en période de décrochage scolaire. Le Service PROXIMAM
récemment créé en étroite collaboration avec l'I.M.P. permet à un petit groupe d'enfants âgés de 3
ans de vivre sans coupure avec leur mère.
Durant mon stage, j'accompagne quotidiennement l'unité Mic-Ados, qui regroupe 10 pré-
adolescents et adolescents présentant des troubles du comportement et dont la tranche d'âge se situe
entre dix ans et quinze ans. Le groupe de jeunes est exclusivement masculin. L'équipe est composée
de 6 éducateurs spécialisés dont un chef d'équipe. Les objectifs de cette unité sont de favoriser la
prise d'initiative quotidienne du jeune dans l'optique de la meilleure autonomie possible comme
dans la gestion du temps (organisation au lever ou au coucher, lors de sorties en extérieur), une
hygiène corporelle de base, ainsi que la prise de responsabilités dans le milieu de vie (tâches
quotidiennes comme les poubelles, la vaisselle, le rangement des chambres, etc.). Il s'agit donc de
créer un cadre de vie sécurisant et convivial où le jeune pourra développer ses diverses compétences
ainsi que travailler sur ses besoins et ses projets avec l'accompagnement des éducateurs spécialisés.
Dans un premier temps, je décrirai mon entrée en relation avec le bénéficiaire que j'ai
encadré, mes impressions et mes analyses concernant son comportement ainsi que l'évolution de la
relation que j'ai entretenue avec lui. Dans un second temps, je développerai davantage le projet que
j'ai élaboré avec le jeune, les objectifs que nous nous sommes fixés ainsi que l'idée concrète. Enfin,
dans un dernier temps, je justifierai la pertinence de mon intervention en l'intégrant au cadre
institutionnel, j'y exposerai le projet de l'unité de vie des Mic-Ados plus en détail, les différents
outils utilisés dans cette unité et démontrerai de quelle manière le projet élaboré s'y intègre.

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Première partie – Le bénéficiaire encadré

Théo

1.1 – La rencontre

Durant ma phase d'observation, j'ai constaté que Théo était le plus jeune de l'unité. En effet,
lorsque je me suis renseignée auprès des éducateurs travaillant au sein de l'unité, j'ai su que ce
garçon avait intégré l'I.M.P trois semaines avant mon arrivée.
Théo était souvent seul à s'occuper, par exemple, lorsqu'il avait droit à son téléphone
portable, il restait dans sa chambre. J'ai remarqué qu'il n'allait pas vers les autres jeunes du groupe,
il ne parlait pas beaucoup et était assez discret surtout lors de moments collectifs comme le dîner ou
pendant certaines activités comme le sport et la musique. Toutefois, il parlait spontanément aux
éducateurs pour formuler des demandes, sans aller plus loin dans le dialogue. Souvent le matin,
avant de partir à l'école, il allait trouver l'éducateur et dire qu'il avait mal au ventre ou bien à la tête,
il en était de même au moment du coucher. J'ai senti que Théo était malgré tout curieux, car il lui
arrivait de poser beaucoup de questions, par exemple de demander à chaque éducateur leurs
horaires de travail, ou bien de poser des questions sur ce qui l'entourait suivant son environnement.
J'ai pu constater qu'il était aussi assidû quant à ses devoirs : il venait spontanément trouver
l'éducateur pour lui montrer son journal de classe et faire son travail avec beaucoup de
concentration avec une volonté de bien faire. De même, il n'hésitait pas à poser des questions
lorsqu'il ne connaissait pas la réponse. Théo est un jeune poli et respectueux, j'ai remarqué qu'il
disait "s'il te plaît" à chacune de ses demandes et "merci" lorsque l'on y répondait. Un soir, une
éducatrice qui travaille sur le groupe a emmené les jeunes dont elle est référente au restaurant. Elle
m'a confié que, lors du retour, seul Théo parmi les trois garçons l'a remercié pour cette soirée. Cet
exemple illustre la personnalité respectueuse de Théo. J'ai aussi constaté que ce garçon aime
beaucoup le dessin, il en a réalisé plusieurs pour différents éducateurs ainsi que pour sa famille, en
particulier pour sa mère.

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Avec de telles observations, j'ai eu la réelle impression qu'il ne se sentait pas encore tout à
fait à l'aise au sein de l'unité. Lorsque j'en ai discuté avec les autres éducateurs, ils ont appuyé mon
point de vue en me déclarant qu'il avait effectivement des difficultés à "poser ses valises" dans
l'institution. Comme je prenais moi aussi mes marques en tant que stagiaire dans cette unité, mon
attention s'est portée sur Théo qui partage cet objectif.

J'ai pu prendre connaissance par la suite de son dossier. Théo est un jeune garçon de 10 ans
qui est placé en institution depuis Janvier 2017, l'I.M.P est de ce fait le seul service résidentiel où il
ait séjourné. Il a une grande-soeur et un grand-frère, ses parents sont divorcés. Sa grande-soeur vit
chez sa mère et est actuellement en recherche d'emploi, son grand-frère vit en couple au
Luxembourg. Dans un rapport de demande d'entrée à son sujet, il est indiqué qu'il s'agit d'un
placement volontaire. En effet, Théo a refusé d'aller à l'école dès ses 10 ans. Selon le rapport, il
aurait fait du chantage à ses parents pour être déscolarisé, les parents auraient cédé plusieurs fois à
ses crises en lui permettant de ne pas se rendre à l'école. Lorsque j'ai questionné les éducateurs à ce
sujet, ils ont évoqué l'hypothèse d'un harcèlement scolaire. Seulement, Théo se rend à la même
école qu'avant son placement, et les retours de la part des professeurs ainsi que du jeune en étaient
positifs. Le père vit aujourd'hui au Portugual et ferait part oralement à Théo de son souhait d'obtenir
sa garde. Quant à la mère du garçon, elle vit au Luxembourg où elle travaille en tant que femme de
ménage. À l'heure d'aujourd'hui, Théo rentre en famille 3 week-ends dans le mois chez sa mère et
pendant les vacances scolaires, où il lui est possible de rendre visite à son père au Portugual.

1.2 – Analyse des besoins

Durant mon stage, une situation particulière concernant Théo m'a interpellé.
Cet événement a eu lieu lors d'un Dimanche, jour de retour de week-ends passés en famille
pour certains jeunes du groupe. Je travaillais cette journée, il s'agissait de ma deuxième semaine de
stage, Théo avait été raccompagné par sa mère en voiture j'étais restée sur le groupe de jeunes à
l'étage afin que l'éducateur présent puisse descendre les accueillir. Lorsqu'ils sont tous deux
remontés, j'ai constaté que Théo avait les poings et le visage fermés, il regardait le sol sans dire un
mot et est allé directement dans sa chambre une fois à l'étage. J'ai questionné l'éducateur à ce sujet,
il m'a expliqué que Théo ne souhaitait pas rentrer dans l'établissement, en répétant "Je ne veux pas
revenir". Le jeune avait éclaté en sanglots, avait rejoint sa mère et essayait d'ouvrir de force la

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portière de sa voiture, tout en donnant des coups de poings dessus. L'éducateur a été jusqu'à avoir le
réflexe de retenir Théo par le bras afin qu'il ne traverse pas la rue, très fréquentée par les voitures,
en courant. L'éducateur m'a également fait par de ses ressentis, en déclarant que Théo était
méconnaissable lors de cette crise, et qu'il avait l'air réellement triste d'être séparé de sa mère. Cette
dernière durant cet événement a insisté auprès de Théo afin qu'il suive l'éducateur. Selon celui-ci,
elle avait l'air désemparée face au comportement de son fils.
Ce type d'incident s'est reproduit une autre fois. Un autre dimanche soir, j'ai appris par
l'éducatrice qui travaillait que Théo était angoissé suite au départ de sa mère une fois que cette
dernière est venue à l'I.M.P afin de le ramener de week-end. L'éducatrice était allée discuter avec
lui dans sa chambre, mais il aurait fait une crise et aurait frappé l'éducatrice dans le dos. Théo a été
confronté à cet incident plus tard dans la semaine suivante et a présenté ses excuses à l'éducatrice,
qui l'a sanctionné en le privant d'accès à son téléphone portable pendant toute la semaine suivant
l'incident.
À chacun de ses retours durant mon premier mois de stage (à ce moment, il ne rentrait chez
sa mère qu'un week-end sur deux dans le mois), il affichait un visage triste, ne parlait pas beaucoup,
restait dans son coin et pleurait, en somatisant tant dans la soirée qu'au lendemain matin (mal de
tête, mal de ventre).

Au vu de cette situation, il me semble que plusieurs besoins de Théo sont retranscrits :

– Le besoin d'affection, de tendresse, de la part de sa famille et en particulier de sa mère. Il
semble déchiré à chaque séparation, et va jusqu'à démontrer une certaine agressivité
physique envers l'éducateur. Théo a besoin d'être proche de sa famille, de sa mère
spécifiquement. Les éducateurs et moi-même pensons que cette séparation est une grande
source d'angoisse pour Théo, ce qui le conduit à adopter des comportements inadaptés.
– Le besoin d'un cadre sécurisant. Cela fait écho à sa situation quant à son placement et
donc à son dossier. En effet, il faut poser les limites avec lui en l'encourageant à se rendre à
l'école. Théo exprimait chaque matin et chaque soir durant le mois de Février un mal de tête
aux éducateurs. L'équipe a conclus d'un commun accord que c'était la somatisation de son
angoisse de séparation vis-à-vis de sa mère. Il est important de rester cohérent au sein de
l'équipe afin de réagir de la même manière : l'encourager à se rendre à l'école. En lui faisant
comprendre les règles de l'unité de vie et le fonctionnement de l'équipe éducative, cela aura
pour effet de rassurer Théo car il aura des repères dans un environnement qu'il ne connaît

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pas très bien et où il ne s'est pas senti à l'aise d'emblée. Selon le rapport concernant Théo
dans son dossier, ce cadre et ces règles de vie n'étaient pas clairement définies en famille.
– Le besoin d'appartenance à un groupe. C'est ce point que j'ai pu observer dès les premiers
jours avec Théo. J'ai pu constaté qu'il n'entrait pas beaucoup en relation avec les autres
jeunes du groupe, il en résultait qu'il était souvent seul et lorsqu'il parlait à un autre garçon,
ce dernier était distant et méfiant car il n'a pas appris à le connaître.

1.3 – Le relationnel

J'ai eu l'impression en observant les attitudes de Théo qu'il avait peine à aller vers les autres,
tant concernant les autres jeunes que les éducateurs. Ayant des aptitudes artistiques tels que la
musique et le dessin, il m'a semblé judicieux et naturel d'utiliser ces compétences afin d'entrer en
relation avec l'ensemble du groupe de jeunes, et plus particulièrement avec Théo.
Pour ce faire, constatant qu'ils étaient inscrits à un atelier de musique, j'ai donné à Théo et
Jason (un autre jeune du groupe âgé de 12 ans) des cours de guitare. Pendant ces cours, j'ai observé
que Jason avait tendance à prendre beaucoup de place : il parlait énormément, montrait de manière
impromptue les accords qu'il avait déjà appris en guitare (il pratique cet instrument depuis plus d'un
an), me posait beaucoup de questions sur mon apprentissage. Théo est resté la majeure partie du
temps silencieux, mais j'ai vu qu'il était soucieux de bien faire et prenait en compte mes conseils
quant aux exercices d'accords, il se positionnait correctement et me posait parfois des questions.
Après ces séances, j'ai pu conclure que Théo avait du mal à se positionner et à s'imposer auprès
d'une personne qu'il ne connait pas ou peu.
Afin de parvenir à entrer en relation avec Théo de manière beaucoup plus individuelle, j'ai
entrepris de réaliser des dessins dans l'unité. J'avais apporté une collection d'oeuvres plastiques
réalisées par mes soins, ce qui a suscité le plus grand intérêt de chacun et tout particulièrement de
Théo, qui aime beaucoup cette technique artistique. Il a presque immédiatement souhaité m'imiter,
en me demandant "je peux dessiner avec toi ?". Ainsi, j'ai senti que je créais un lien relationnel avec
lui, il semblait accorder beaucoup d'importance à ces moments de dessins. Il lui arrivait encore de
somatiser le soir dans son lit, et disait aux éducateurs qu'il avait mal à la tête, il lui arrivait
également de pleurer. Un soir, un éducateur a discuté avec lui, il m'a rapporté qu'en lui demandant
quelle était la chose qu'il aimait le plus faire dans la journée, Théo aurait répondu "dessiner". J'ai

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donc entrepris de continuer dans cettte optique, en proposant à Théo des modèles de dessins dont il
pouvait s'inspirer. Ainsi, nous avons commencé à échanger de manière plus soutenue qu'aux
premières semaines. Vers la fin de mon premier mois de stage, je sentais que je devenais de plus en
plus une figure de référence pour lui. Il venait me parler spontanément, utilisait davantage l'humour
avec moi, se confiait de lui-même sur sa famille, s'adressait directement à moi afin de l'aider à faire
ses devoirs.
En parallèle, j'ai remarqué qu'au fil du temps, Théo s'ouvrait davantage aux autres, il osait
prendre de plus en plus souvent la parole lors de moments où le groupe était réuni. Les retours de
week-ends en famille se passaient mieux : il lui est arrivé de revenir en ayant un visage triste et
inquiet, mais il posait davantage de questions qu'auparavant et ne s'isolait plus dans sa chambre, au
contraire il cherchait dorénavant à rester auprès du groupe de jeunes et des éducateurs. J'ai pu
réellement commencer à connaître la personnalité de Théo, qui est un garçon curieux de tout, qui
s'intéresse à beaucoup de domaines différents, tant le sport où il est volontaire pour participer à du
Foot ou du BMX, que les arts où il montre un vif engouement pour l'instrument de musique qu'est
la batterie, ainsi que le dessin où il s'applique afin d'apprendre de nouvelles choses. Je continue
d'utiliser cette méthode d'expression tout en souhaitant inclure quelque chose de nouveau qui ne soit
pas répétitif, bien qu'il soit capable de se concentrer sur un dessin pendant longtemps.

Le lien relationnel que j'entretiens avec Théo s'est donc renforcé par mes interventions. J'ai
souhaité m'ouvrir au jeune en lui exposant mes passions et mes aptitudes afin de capter son
attention sur nos goûts communs. Ainsi, cela a pu certainement jouer sur son état d'esprit concernant
l'unité de vie des Mic-Ados. Cependant, les retours de week-ends sont toujours difficiles à vivre
pour lui, il s'agit de la principale problématique de Théo à ce jour au sein de l'unité.

1.4 – D'autres interventions

Deux membres de l'équipe des éducateurs travaillant sur le groupe m'ont soumis l'idée
originale d'un arbre à peindre sur un mur vierge de l'unité de vie. Il s'agit d'un projet qu'ils ont mis
en place afin de favoriser l'appartenance à un groupe de chaque jeune : en effet, sur cet arbre, les
feuilles seraient représentées par une main de chaque jeune illustrée en peinture en guise de
feuillage. J'ai été sollicitée pour ce projet afin de le mener à bien par mes compétences ainsi que la

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peinture acrilyque mise à ma disposition. Il s'inscrit dans la continuité d'un autre projet d'une
éducatrice qui a ce même objectif d'appartenance, où il s'agissait de peindre les prénoms de chaque
jeune sur le mur du couloir de l'unité.
Ce projet a été utile pour Théo, après discussion en équipe j'ai constaté que c'est également
dans cette perspective que les éducateurs l'ont élaboré. En effet, lorsque je peignais l'arbre sur le
mur, il s'est montré vivement intéressé et m'a posé beaucoup de questions sur ma technique et m'a
spontanément proposé son aide. Ainsi, lui et quelques autres jeunes ont peint quelques branches de
l'arbre. Chaque main en peinture a été réalisée par le jeune à qui l'empreinte appartient. (voir en
annexe)
A travers cette activité, chaque jeune a pu s'intégrer à un ensemble qui résulte du travail de
chacun. J'ai trouvé cette idée pertinente car elle correspond aux besoins de Théo et favorise son
intégration au sein du groupe. Il était souriant lorsqu'il a peint sa main, s'appliquait à peindre et était
assez concentré dans sa tâche. Il se montrait impatient de dessiner et peindre sa propre main sur le
mur. Pour ma part j'ai continué à utiliser le dessin et la musique afin d'entretenir le lien relationnel
que j'ai avec les jeunes, et plus spécifiquement avec Théo. Chaque éducateur s'applique à lui
expliquer que son projet pédagogique sur le long terme est que les retours de famille se passent
beaucoup mieux pour lui, et lui font comprendre qu'il doit faire des efforts sur cette thématique. Il a
une excellente mémoire et retient bien les informations données par les éducateurs, de ce fait il a
des repères dans l'unité de vie.

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Deuxième partie – L'émergence du projet avec Théo

2.1 – L'idée globable

J'ai eu des difficultés à élaborer un projet concernant Théo. Ma démarche était la suivante :
établir un projet qui fasse sens pour le jeune, et qui puisse s'inscrire dans la durée. J'ai choisi de me
focaliser sur un besoin bien spécifique de Théo : celui d'appartenance. En effet, comme vu dans les
précédentes parties, il s'agit d'une problématique qui reste d'actualité pour lui. Après en avoir
discuté avec mon maître de stage, j'ai élaboré l'idée d'une composition artistique qui aurait pour but
d'investir la chambre de Théo. Il a encore du mal à se sentir bien dans cet environnement, le
personnaliser pourrait être bénéfique car à travers une activité qu'il aime pratique et des
compétences en dessin qu'il possède, il serait valorisé en les exploitant et serait libre de continuer à
réaliser des fresques pour personnaliser davantage son lieu de vie. Lorsque j'en ai discuté avec lui, il
était enthousiaste à l'idée de pouvoir décorer sa chambre et avait déjà beaucoup d'idées. Théo avait
déjà énormément de motivation, car il s'intéresse à toute activité qu'on lui propose peu importe le
domaine. Il est également capable de se concentrer sur une tâche manuelle et de finaliser un projet
d'un bout à l'autre, ce sont des compétences que j'ai souhaité utiliser afin d'élaborer mon idée. Je
pense également qu'il est important de démontrer que le dessin est un outil d'expression qui peut lui
être bénéfique, lorsqu'il est angoissé par exemple, car cela implique de s'investir dans l'instant
présent et de ne plus penser. De plus, il pourra ainsi continuer à développer ses aptitudes sans ma
présence. Il s'agit de créer quelque chose qui ait du sens pour lui et sur quoi il peut s'appuyer dans
les moments de séparation avec sa mère, à la fois en tant qu'oeuvre plastique mais également en tant
que moyen d'expression artistique.

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2.2 – Les différents objectifs

Le projet se présente sous forme de fresque de format A1 sur du papier de 120g. Plusieurs
dessins seront réalisés sur cette fresque. Je l'accompagnerai dans l'élaboration des dessins les plus
difficiles, tout en laissant des espaces vides sur la feuille afin qu'il continue de lui-même à illustrer.
Les dessins seront réalisés aux feutres à encre noire, crayon de bois ainsi que crayons de couleur.
(voir l'annexe)

Objectifs généraux

– Utiliser le dessin comme moyen d'expression lors des moments d'angoisses liés aux besoins
d'appartenance.
– Utiliser ses aptitudes artistiques pour répondre adéquatement au besoin d'appartenance.
– Utiliser les moments de créations artistiques afin de communiquer avec l'adulte.

Objectifs Opérationnels

– Théo donnera de lui-même oralement des idées de dessin

– Théo dessinera avec application ses idées
– Théo communiquera verbalement avec l'adulte pendant qu'il dessinera
– Théo pousuivra ce projet spontanément y compris lors de retours de week-ends

2.3 – L'évalutation

J'ai souhaité préserver la volonté de Théo en ne l'obligeant pas à travailler sur ce projet
lorsqu'il n'en avait pas envie. Le nombre élevé d'activités possibles au sein de l'I.M.P (Sport,
Musique, Sorties, Jeux...) font que le principal frein que l'on puisse rencontrer soit la contrainte
temporelle. En effet, certaines journées sont si remplies qu'elles laissent peu de temps à la
réalisation de ce projet. De plus, je considère que le projet n'a que peu d'intérêt si Théo se sent
obligé de le réaliser. Je pense qu'il est préférable qu'il s'investisse avec bonne volonté, dans le cas

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contraire cette démarche ne correspondrait pas aux objectifs que j'ai fixés.
J'estime qu'il est important également que les idées viennent de Théo et non de moi. Je
préfère être une personne ressource où je pourrais l'accompagner dans les difficultés techniques et
lui apporter certains supports (le papier, les crayons et autres outils). Seulement, c'est à lui de
participer au maximum pour ce projet. Mon but est qu'il utilise sa passion pour le dessin en tant que
ressource qui puisse apaiser certains besoins, en l'occurrence ici : s'intégrer dans son milieu de vie
qui est l'I.M.P et s'y sentir à l'aise en ayant des repères qu'il aura lui-même construit, tout en ayant la
possibilité de réutiliser cela plus tard. Bien que le projet soit simple, il peut avoir un impact
conséquent sur le bien-être du jeune, car cela le valorise tant à ses yeux qu'à ceux d'autrui.

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Troisième partie – Adéquation avec le cadre institutionnel

Le projet de vie des Mic-Ados

Dans ma lecture du projet institutionnel, j'ai pu prendre connaissances des éléments

importants du fonctionnement de l'unité de vie où j'effectue mon stage. À l'issue de cette lecture, j'ai
constaté qu'il s'agit tout autant d'un projet envers les jeunes qu'envers les éducateurs spécialisés. En
effet, l'éducateur au sein de ce cadre de vie est amené à se reposer sur trois thématiques
essentielles :

– En premier lieu, il s'agit d'être indépendant, de rester soi-même. Dans l'équipe éducative,
chacun a ses passions qui lui sont propres, une personnalité différente, et tous ont quelque
chose à apporter aux jeunes sous diverses dimensions. L'un d'eux pratique les jeux de rôles
sur table, d'autres sont davantage investis dans des activités sportives, il y a également les
aptitudes musicales qui ont donné par exemple Providence Band. Présenter ses passions et
ses compétences aux jeunes afin qu'ils les utilisent à leur tour comme ressource est une
démarche éducative importante dans l'unité. De même, il reste essentiel de garder une
cohésion de groupe, d'adopter les mêmes réactions et d'être solidaires les uns par rapport aux
autres afin d'instaurer un cadre sécurisant et bienveillant pour les jeunes.

– Il s'agit justement du deuxième point : amener en tant qu'adulte une socialisation pour le
jeune, ainsi que les valeurs de respect et de solidarité. Il est essentiel d'enseigner aux pré-
adolescents et adolescents du groupe par diverses interventions ces principes garants d'une
vie en communauté conviviale. Le respect des autres, mais également le respect de soi-
même, en travaillant sur l'estime de soi, en exploitant les compétences de chacun pour que
les jeunes puissent s'affranchir d'une aide éducative.

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– Le troisième et dernier point concerne la communication. L'écoute, mettre des mots sur des
non-dits, extérioriser les émotions d'une manière adéquate au cadre institutionnel. C'est aussi
l'un des rôles de l'éducateur. Apprendre aux jeunes à prendre du recul face à une situation
complexe, avoir la possibilité de dénouer cette dernière par le dialogue, voire par une autre
forme d'expression comme le sport ou les arts. Il s'agit de la clé d'un bon fonctionnement
d'une unité de vie, là où rien n'est conservé comme étant flou et où chaque projet trouve sa
source dans les besoins du jeune qu'il aura lui-même appris à déceler.

Il me semble important également de développer les besoins non-apaisés que l'on pourrait
s'attendre à découvrir chez une population présentant des troubles du comportement, il s'agit de :

1 ) Besoin d'affection, de motivation : la réponse à ce besoin se trouve dans le climat

convivial et sécurisant apporté par les éducateurs au sein de l'unité. Leur rôle est de contribuer à une
vie en communauté la plus heureuse possible, en s'appliquant à construire un lien relationnel dans la
durée et devenir une figure de référence pour le jeune. Le lien de confiance est primordial pour le
bien-être de la population accueillie qui se trouve souvent être hypersensible, méfiante et désabusée.

2 ) Besoin d'appartenance : afin de répondre à ce besoin, des réunions sont organisées au

sein de l'unité, les jeunes y participent et contribuent ainsi à améliorer la qualité de vie de
l'institution où ils résident. Par exemple : le conseil des usagers, où chaque jeune s'exprime sur les
points positifs et les points à améliorer au sein de l'unité concernant le quotidien. La création de
rituels et d'activités permet aux jeunes de trouver une ressource et un apaisement dans la création de
leur identité, surtout à cet âge où la population se cherche et se construit à travers des
comportements parfois inadaptés.

3 ) Le besoin de recherche des limites : tout milieu de vie nécessite un cadre afin d'être le
plus sécurisant possible pour des jeunes qui ne connaissent pas leurs limites ou celles d'autrui. Les
règles sont établies afin de baliser le quotidien de chacun et d'avoir des points de repères dans cet
environnement.

En incluant les autres unités de l'I.M.P, le projet d'établissement fait également lieu d'autres
interventions, à savoir favoriser l'autonomie du jeune, lui apprendre la gestion du temps, de l'argent

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 Rapport de Stage – I.M.P. La Providence

et de la liberté, ainsi que l'intégration social et l'acquisition d'une compétence.

La pertinence de mon projet

Au vu de la description précédente du contenu du projet de l'unité de vie des Mic-Ados, je

considère mon projet comme pertinent. En effet, je l'inclus dans la dynamique des trois points du
rôle de l'éducateur : je suis entrée en relation avec Théo en exposant plusieurs de mes passions. Il
était donc question que je dévoile ma personnalité afin d'établir un échange, une communication et
un début de lien entre le jeune et moi. Il s'agit de quelque chose qui me représente, j'estime que se
présenter et être soi-même face à la population que l'on accompagne est essentiel pour créer un lien
de confiance. De plus, mon projet peut valoriser et favoriser l'estime de soi de Théo, ce qui est
bénéfique pour osn bien-être et pour sa problématique d'appartenance à un groupe. Les autres
jeunes découvrent de cette manière qu'il a la passion du dessin, c'est un processus de socialisation
qui peut être suivi des notions de respect d'un individu et de soi-même. Enfin, un des points
importants de mon projet est la communication : je prends en compte de façon importante les
capacités de Théo à traduire en mots ses idées et à les appliquer sur ses dessins. Ainsi, il peut
exposer sa vision des choses sans crainte d'être jugé, ce qui peut l'amener à prendre davantage la
parole auprès d'autres jeunes et à entrer en contact avec eux.
Dès le départ, j'ai instauré un cadre avec Théo en lui expliquant qu'il serait le seul à élaborer
des idées pour cette création et que je l'acccompagnerait en tant que personne ressource. Cela fait
écho à la pédagogie du lien, qui est très utilisée dans l'I.M.P. Cette pédagogie consiste à confier au
jeune la finalité du projet, les objectifs, les enjeux, l'éducateur est présent uniquement pour le
conseiller mais c'est bien le jeune qui fait toutes les démarches nécessaire à l'avancement de son
projet. Ainsi, je suis en adéquation avec le projet institutionnel de l'I.M.P.

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