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Encyclopédie Médico-Chirurgicale 23-440-A-10 (2004)

23-440-A-10

Maladies gingivales induites par la plaque


F. Boschin
H. Boutigny
E. Delcourt-Debruyne
Résumé. – Les maladies gingivales induites par la plaque sont des maladies infectieuses. Elles sont des
manifestations de la réponse inflammatoire locale et des réactions immunitaires spécifiques de l’hôte au
biofilm bactérien dentaire. Selon la nouvelle classification, elles comprennent les gingivites uniquement
associées à la plaque et les maladies gingivales modifiées par des facteurs généraux. Les modifications de
couleur, de consistance, de texture de la gencive, avec respect du niveau de l’attache épithélioconjonctive
permettent de poser le diagnostic. Des facteurs systémiques tels que des modifications endocriniennes, le
diabète ou des dyscrasies sanguines, le stress, le tabac ou des médicaments peuvent modifier le tableau
clinique d’une gingivite. De plus, certains facteurs locaux modifient l’environnement bactérien et l’intensité
de la réponse de l’hôte. L’évolution d’une maladie gingivale induite par la plaque en parodontite et donc son
pronostic sont fonction du risque parodontal, qui est conditionné par le comportement immunitaire de l’hôte
et par la nature du biofilm dentaire. Le diagnostic du risque parodontal conditionne la prise en charge
médicale et buccodentaire d’un patient porteur d’une maladie gingivale induite par la plaque. Elle comprend
la prise en charge des composantes liées à l’hôte, des composantes étiologiques bactériennes, des facteurs
locaux aggravants et une maintenance parodontale.
© 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Maladie gingivale ; Gingivite ; Plaque dentaire ; Biofilm ; Risque parodontal ; Facteur systémique

Définitions. Classification. L’aspect réversible des lésions tissulaires après l’instauration d’un
traitement étiologique en fait la principale caractéristique par
Terminologie rapport à la parodontite.
Nous aborderons l’ensemble des maladies gingivales induites par la
La terminologie en parodontologie, comme dans toutes disciplines
plaque bactérienne dentaire : dans un premier temps les gingivites,
médicales, est évolutive en fonction des progrès des connaissances
puis les maladies gingivales modifiées par les différents facteurs sus-
étiologiques et pathogéniques. [1, 2]
cités. Nous ne manquerons pas de faire un diagnostic différentiel
De nombreux termes concernant les gingivites sont ainsi devenus d’avec les maladies gingivales non induites par la plaque
obsolètes. À la lumière des dernières classifications des maladies bactérienne et les parodontites.
parodontales et en particulier de celle d’Armitage, [1] adoptée lors
de la Conférence internationale de consensus de l’Académie
américaine de parodontologie en 1999, se dégage une orientation
consensuelle à ce sujet. Il existe deux grands types de maladies Diagnostic positif des gingivites
gingivales (gingivopathies) : les maladies gingivales induites par la
plaque bactérienne dentaire (biofilm dentaire) [3] et les maladies Le tableau de la gingivite est souvent discret ; son installation passe
gingivales non induites par la plaque bactérienne dentaire. fréquemment inaperçue. Les premiers signes de la gingivite sont une
Les gingivites au sens strict du terme sont actuellement définies augmentation du volume du fluide gingival, une tendance de la
comme des maladies gingivales associées uniquement à la plaque fibromuqueuse au saignement provoqué par un sondage délicat à
bactérienne sans facteurs modifiants. En effet, dans le groupe des l’entrée du sillon gingivodentaire (sulcus). En effet, le saignement
« maladies gingivales induites par la plaque », se trouvent également serait pour de nombreux auteurs le premier signe à apparaître lors
les maladies gingivales modifiées notamment par des facteurs de gingivite, avant même le changement de couleur ou tout autre
systémiques ou par des médicaments. signe. [4, 5] Le saignement gingival, ou gingivorragie, déclenché par
Les maladies gingivales induites par la plaque dentaire se le brossage buccodentaire, peut être évoqué par le patient ou
caractérisent par une inflammation gingivale localisée à la seule recherché par le praticien lors de l’entretien avec le patient. Les
fibromuqueuse gingivale. C’est la forme la plus commune de gingivorragies spontanées sont rares, voire inexistantes dans le
maladies gingivales, qui s’observe aussi bien chez l’enfant que chez tableau de la gingivite ; elles signent dans la majorité des cas des
l’adulte. troubles généraux, comme des troubles de la crase sanguine. La
gingivite évolue généralement en l’absence de douleur ; parfois les
patients décrivent des agacements gingivaux (prurit gingival) ou
une sensibilité gingivale accrue. Les signes classiquement retenus
pour décrire la gingivite sont ceux liés à l’installation du processus
F. Boschin (Assistant des Universités).
H. Boutigny (Maître de Conférences des Universités, praticien hospitalier)
inflammatoire au sein d’un tissu, c’est-à-dire l’extravasation
Adresse e-mail : hboutigny@univ-lille2.fr vasculaire entraînant œdème et hyperhémie. Il y a donc des
E. Delcourt-Debruyne (Professeur des Universités, praticien hospitalier)
Sous-section de parodontologie, Faculté d’odontologie de Lille, Université « Droit et Santé » de Lille II, Place
modifications de couleur, de consistance, de texture, de volume et
de Verdun, 59000 Lille, France. de contour gingival.
23-440-A-10 Maladies gingivales induites par la plaque Odontologie

MODIFICATION DE COULEUR
De rose pâle, couleur normale de la fibromuqueuse gingivale, la
couleur de celle-ci passe au rouge, rouge violacé, rouge lie-de-vin.
L’intensité de l’érythème varie en fonction de celle de l’inflammation
et donc de l’hyperhémie sous-jacente. Elle varie également en
fonction du type de parodonte, fin et festonné ou épais et plat, la
densité collagénique dans ce dernier cas masquant l’inflammation
sous-jacente.

MODIFICATION DE CONSISTANCE
La fibromuqueuse gingivale saine est de consistance ferme et
élastique ; elle est fermement attachée aux plans dentaires et osseux
sous-jacents. Au cours de l’installation de la gingivite, la
fibromuqueuse gingivale devient molle, moins rénitente à la
pression digitale. Figure 1 Gingivite marginale généralisée débutante : les modifications gingivales
sont discrètes, témoignant d’une inflammation subaiguë.
MODIFICATION DE TEXTURE
Le granité, ou piqueté en peau d’orange, présent chez environ 40 %
de la population qui présentent une gencive normale, disparaît dans
la gingivite pour laisser place à des zones vernissées, lisses,
brillantes, qui témoignent d’une atteinte des fibres du tissu
conjonctif gingival.

MODIFICATION DU CONTOUR GINGIVAL


Le biseau franc et net du bord marginal d’une fibromuqueuse
gingivale saine s’arrondit progressivement, s’épaissit et se détache
de la surface dentaire adjacente, attestant une perte de tonicité
tissulaire.
Le sondage parodontal du sillon gingivodentaire d’une
fibromuqueuse gingivale saine varie entre 0,25 et 1,35 mm de
profondeur. Dans le cas d’une gingivite, l’augmentation du volume
gingival suite à l’installation de l’œdème, c’est-à-dire l’apparition Figure 2 Gingivite marginale généralisée installée : l’œdème sous-jacent entraîne
d’une hyperplasie gingivale, entraîne un accroissement de ce sillon la perte de granité de la gencive kératinisée et un aspect lisse qui sont caractéristiques.
par migration coronaire du rebord marginal gingival avec respect
de l’attache épithélioconjonctive. L’augmentation de la profondeur
du sillon gingivodentaire donne naissance à une poche gingivale ou
fausse poche parodontale. Aucune alvéolyse n’est mise en évidence
à l’examen radiographique rétroalvéolaire.

Formes cliniques
La gingivite peut être localisée à une dent, ou bien généralisée à
l’ensemble des dents d’une cavité buccale. Elle peut siéger sur la
fibromuqueuse gingivale interdentaire ou papille (papillite), sur la
gencive marginale (gingivite marginale), sur toute la fibromuqueuse
gingivale (gingivite diffuse). L’intensité de la réponse de l’hôte à
l’agression d’origine bactérienne, c’est-à-dire l’intensité de la réponse
inflammatoire, dépend du caractère de virulence bactérienne et des
capacités de défense et de régénération de l’hôte ; il est ainsi
classiquement décrit des gingivites qui s’installent et évoluent Figure 3 Gingivite diffuse généralisée hyperplasique : sur une base de gingivite
lentement, des gingivites aiguës, d’apparition soudaine, des installée, l’inflammation aiguë se traduit par la présence de zones érythémateuses qui
sont associées à des accroissements du volume de la gencive déformant le contour gin-
gingivites subaiguës et des phases d’inflammation aiguë survenant
gival.
sur une gingivite déjà installée (Fig. 1, 2, 3).
¶ Indice de plaque de Quigley et Hein modifié
Épidémiologie des gingivites par Turesky et al. [6]
Cet indice requiert l’utilisation d’un révélateur de plaque
Les enquêtes épidémiologiques ainsi que de nombreuses études bactérienne, comme par exemple la fuchsine basique ou l’érythrosine
cliniques concernant les gingivites requièrent l’utilisation d’indices à 2 % en solution hydroalcoolique. Après coloration de la plaque
épidémiologiques, qui sont des valeurs chiffrées qui permettent de bactérienne à l’aide d’une boulette de coton saturée en révélateur de
quantifier des signes cliniques. En ce qui concerne les gingivites, les plaque et élimination de l’excédent de révélateur par rinçage à l’eau,
indices retenus sont les indices de plaque bactérienne et les indices la plaque est quantifiée sur les faces vestibulaires et linguales des
gingivaux. Nous ne décrirons que les indices épidémiologiques le dents prises en compte, selon six scores possibles :
plus fréquemment utilisés dans les études cliniques.
– 0 : absence de plaque ;
INDICES DE PLAQUE – 1 : îlots de plaque dans la région cervicale dentaire ;
Les indices de plaque bactérienne permettent d’apprécier le degré – 2 : une fine et continue bande colorée de plaque de moins de
d’hygiène buccodentaire et la qualité de l’élimination de la plaque 1 mm de large est présente au bord cervical des dents ;
bactérienne. Ils ne permettent pas d’apprécier la qualité de cette – 3 : une bande colorée de plaque recouvre moins d’un tiers de la
plaque et n’ont donc aucune valeur quant à la virulence de celle-ci. couronne ;

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Odontologie Maladies gingivales induites par la plaque 23-440-A-10

– 4 : la plaque colorée recouvre entre un tiers et deux tiers de la


couronne ;
– 5 : la plaque colorée recouvre plus des deux tiers de la couronne.
L’indice peut être calculé pour une seule dent, un groupe de dents
ou pour toutes les dents. L’indice de plaque de Turesky de toute
une bouche est la moyenne des faces examinées.

¶ Indice de plaque de Silness et Löe (« plaque index »


[PI]) [7]
L’indice de plaque de Silness et Löe a été développé parallèlement à
l’indice gingival de Löe et Silness. Il prend en compte la quantité de
plaque bactérienne au contact de la fibromuqueuse gingivale sur les
faces vestibulaires, linguales et proximales. Il ne tient compte que
de la différence d’épaisseur de plaque bactérienne et non pas de
l’extension coronaire de la plaque dentaire. Il se calcule en l’absence
de toute coloration selon quatre scores :
– 0 : absence de plaque bactérienne ;
– 1 : film de plaque bactérienne invisible à l’œil nu ;
– 2 : plaque bactérienne abondante dans le sillon gingivodentaire
qui se voit à l’œil nu ;
– 3 : plaque bactérienne abondante pouvant atteindre une épaisseur
de 2 mm.
Comme pour l’indice précédent, l’indice de plaque se calcule de la
même façon, soit pour une dent, soit pour un groupe de dents, soit
pour toutes les dents d’une cavité buccale.

INDICES GINGIVAUX Figure 4 A. Absence de pathologie gingivale notoire chez une fillette âgée de 3 ans.
Les indices gingivaux sont utilisés pour décrire l’état relatif du degré B. Le révélateur de plaque met cependant en évidence une quantité de biofilm im-
portante. Ceci dénote une réaction inflammatoire moindre chez l’enfant que chez
de santé et/ou de maladie des tissus gingivaux. La plupart de ces l’adulte.
indices ont une échelle graduée avec des limites supérieure et
inférieure définies. Ces indices sont en relation avec un ou plusieurs
– 2 : inflammation de la papille et de la gencive marginale pouvant
des critères suivants : couleur, contour, saignement, étendue, fluide
s’étendre à la gencive attachée ; l’œdème est discret et il existe un
gingival. [8]
saignement provoqué au sondage ;
¶ Indice gingival de Löe et Silness (« gingival index » – 3 : œdème, inflammation importante, changement de couleur de
[GI]) [9] la gencive et saignement au sondage ;
L’indice gingival permet d’apprécier la sévérité et la localisation des – 4 : des ulcérations surajoutées sont relevées.
gingivites. Il se calcule sur les quatre unités gingivales d’une dent, Selon Stamn, [11] la gingivite marginale commence dès la plus petite
vestibulaire, distale, linguale et mésiale, selon quatre scores : enfance, vers l’âge de 5 ans, progresse en fréquence globale et en
– 0 : fibromuqueuse gingivale normale ; sévérité jusqu’à l’adolescence puis tend à se stabiliser. Il est difficile
d’évaluer la fréquence de la gingivite dans la population étant donné
– 1 : légère inflammation gingivale avec un léger changement de la pauvreté des études épidémiologiques dans ce domaine. Selon les
couleur, aucun saignement provoqué ; études et les critères pris en compte, la fréquence des gingivites chez
– 2 : inflammation modérée ; fibromuqueuse gingivale de couleur l’adulte varie de 50 à 100 %. Dans les pays industrialisés, les
rouge, rouge bleuté ; œdème, aspect vernissé ; il existe un gingivites affectent la quasi-totalité des adolescents et 40 à 50 % des
saignement provoqué au sondage ; adultes.
– 3 : inflammation sévère, œdème important, tendance à l’ulcération Une étude épidémiologique conduite en Suède [ 1 2 ] sur une
et à l’hémorragie spontanée. population âgée de 20 à 70 ans et suivie sur une période de 30 ans
Cet indice peut également être utilisé dans le contrôle de l’efficacité montre une décroissance du nombre d’individus porteurs de
d’une thérapeutique visant à réduire ou à éliminer l’inflammation parodontites superficielles au profit d’une augmentation du nombre
gingivale. Une gingivite légère présente un GI compris entre 0,1 et d’individus sains ou porteurs de gingivite. Cette étude comme
1, une gingivite modérée un GI compris entre 1,1 et 2, et une d’autres du même genre atteste que, dans les pays industrialisés, un
gingivite sévère un GI compris entre 2,1 et 3. système de prise en charge médicale évolué et un haut niveau
d’hygiène buccodentaire permettent de réduire la fréquence des
¶ Indice de saignement de Mühlemann (« sulcus gingivites.
bleeding index » [SBI]) [10] À l’exception de la période de la puberté, les femmes semblent avoir
une fréquence globale et une sévérité de gingivite moindre que les
Cet indice combine les signes cliniques de l’inflammation et le
hommes. De par l’influence des cycles hormonaux sur le terrain, les
saignement provoqué, premier signe de la gingivite. Suite à un
femmes présentent une gingivite plus prononcée durant les périodes
sondage délicat du sillon gingivodentaire, le saignement provoqué
de grossesse et de règles. Les sujets d’ethnie noire ont en général
au niveau de la papille et au niveau de la fibromuqueuse gingivale
davantage d’inflammation gingivale que les sujets d’ethnie
est relevé selon quatre scores :
blanche. [13]
– 0 : gencive normale, absence d’inflammation ; La tendance au développement d’une gingivite est plus marquée
– 1 : les papilles et la fibromuqueuse marginale sont d’apparence chez les adultes que chez les enfants ; une résistance plus marquée à
normale ; le sondage avec une sonde parodontale peut faire la plaque bactérienne expliquerait une inflammation moindre chez
apparaître un point de saignement ; les enfants [14, 15] (Fig. 4).

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23-440-A-10 Maladies gingivales induites par la plaque Odontologie

Étiologie et pathogénie des gingivites biofilm supragingival s’enrichit progressivement en certaines


bactéries qui se multiplient à la surface sous forme de colonies
bactériennes homogènes ou hétérogènes. Une des caractéristiques
ÉTIOLOGIE fondamentales de ces bactéries est leur capacité à pouvoir adhérer
Les gingivites, comme d’ailleurs les parodontites, sont soit aux surfaces dentaires, soit à d’autres bactéries pouvant à leur
indubitablement des maladies infectieuses provoquées par des tour adhérer aux surfaces dentaires. Il existerait dès ce stade une
bactéries qui colonisent les surfaces dentaires qui sont au contact de véritable coopération bactérienne, soit sous forme d’interactions
la fibromuqueuse gingivale, aussi bien en juxtagingival qu’en sous- nutritionnelles, soit sous forme de coagrégations bactériennes
gingival, dans le sillon gingivodentaire. Ces bactéries, en colonisant spécifiques dont l’exemple le plus caractéristique est la formation en
les surfaces dentaires, vont constituer la plaque dentaire bactérienne épi de maïs qui correspond à la croissance de cocci à la surface d’une
maintenant appelée biofilm dentaire. [16, 17, 18] Löe et al. [4] dans une bactérie filamenteuse. [24]
étude menée chez l’homme, la première du genre, à partir d’un Le biofilm supragingival, s’il n’est pas correctement éliminé, donne
protocole de gingivite expérimentale sur 21 jours démontrent le rôle naissance à un biofilm sous-gingival dans le sillon gingivodentaire.
indiscutable du biofilm dentaire dans l’apparition d’une gingivite Ce biofilm est plus complexe dans son organisation ; il contient des
après suspension des manœuvres d’hygiène buccodentaire. La formes bactériennes non adhérentes, c’est-à-dire des bactéries
reprise des manœuvres d’hygiène buccodentaire visant à éliminer le mobiles. L’environnement sous-gingival influence les conditions de
biofilm dentaire permet de retrouver une fibromuqueuse gingivale croissance de certaines bactéries. Les bactéries à Gram positif,
cliniquement saine (Fig. 5). De très nombreuses autres études de aérobies/anaérobies facultatives, prédominent dans le biofilm
gingivites expérimentales conduites chez l’homme et chez l’animal supragingival, tandis que le biofilm sous-gingival contient
ont confirmé le rôle des bactéries dans le déclenchement et le essentiellement des bactéries à Gram négatif anaérobies. Il y a donc
maintien des gingivites. [18, 19, 20] une évolution vers une anaérobiose (dérive anaérobie de la
Les gingivites ainsi associées au biofilm dentaire peuvent être plaque). [25, 26]
favorisées par des facteurs locaux aggravants qui agissent soit À côté de cette notion de biofilm dentaire, les notions de flores
comme facteurs de rétention de plaque bactérienne, soit comme bactériennes associées aux différentes maladies parodontales ont été
cofacteurs. Des facteurs généraux peuvent également intervenir en développées ; elles rendent mieux compte du caractère infectieux des
modifiant la réponse inflammatoire dans la fibromuqueuse gingivale maladies parodontales et de la nature complexe de la flore
suite à l’agression bactérienne. bactérienne parodontale. [27, 28] Ainsi, il existe une flore compatible
avec la santé parodontale et une flore ou des flores associées à la
¶ Biofilm associé à la santé parodontale gingivite.
En présence d’une fibromuqueuse gingivale saine, 4 heures après La flore associée à la santé parodontale est une association complexe
un nettoyage minutieux des surfaces dentaires, 10 [3] à 10 [4] bactéries d’espèces bactériennes. [23] Il est possible de trouver plus de
par millimètre carré de surface dentaire colonisent la pellicule 300 espèces bactériennes différentes dans un biofilm dentaire
acquise de la région cervicale des dents. [21, 22, 23] Le biofilm dentaire supragingival. Parmi ces espèces, certaines sont des bactéries
supragingival commence alors à se former. Les premières bactéries présentes occasionnellement, d’autres sont considérées comme des
qui colonisent la pellicule acquise sont des streptocoques, en bactéries normalement résidentes Une flore compatible avec la santé
particulier Streptococcus mitis, S. sanguis, S. milleri et S. mutans. Le parodontale contient une majorité de bactéries aérobies, [23] 85 % de
bactéries à Gram positif, une bactérie mobile pour 40 immobiles et
une richesse en cocci, [ 2 9 ] essentiellement sous forme de
streptocoques. Des bâtonnets à Gram positif anaérobies facultatifs
sont également trouvés comme des Actinomyces (A. naeslundii, A.
viscosus) ou des Lactobacillus (L. casei, etc.). Quelques Bacteroides
peuvent également être isolés. La présence de bâtonnets à Gram
négatif, anaérobies facultatifs, comme Haemophilus sp., Eikenella sp.
et Actinobacillus actinomycetemcomitans, a été rapportée dans la
littérature. [23]
Il est également noté, dans des proportions nettement moindres, la
présence d’une flore anaérobie, surtout dans l’épaisseur du biofilm
supragingival de plusieurs jours, comme des cocci anaérobies à
Gram positif (Streptococcus sp., Peptostreptococcus sp.), des bâtonnets
anaérobies à Gram positif (Eubacterium sp., Propionibacterium sp.) et
des bâtonnets anaérobies à Gram négatif (Fusobacterium sp.,
Leptotricia sp.). [23]
Au fur et à mesure que le biofilm se forme sur les surfaces
supragingivales et au contact de la fibromuqueuse gingivale, sa
composition bactérienne, varie permettant ainsi la croissance de
formes et des colonies bactériennes déclenchant une inflammation
gingivale. [3]

¶ Flore bactérienne associée à la gingivite


Une accumulation de bactéries et/ou une concentration en germes
pathogènes avec au moins 10 [5] bactéries/mm2 de surface dentaire
est nécessaire pour déclencher une gingivite. Toutes les maladies
infectieuses ne répondent pas à ce schéma d’un nombre critique de
bactéries pour déclencher un tableau clinique. En ce qui concerne
les maladies parodontales, il est impossible dans l’état actuel de nos
Figure 5 A. Gingivite diffuse généralisée à la première consultation. connaissances de montrer que ces maladies sont déclenchées par
B. Huit jours après le début du traitement local, régression manifeste des signes telle bactérie plutôt que par telle autre, au vu de la complexité de la
cliniques.
flore bactérienne sous-gingivale. Ainsi, suite à des prélèvements de

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Odontologie Maladies gingivales induites par la plaque 23-440-A-10

plaque sous-gingivale, on parle de « flores associées aux maladies


parodontales » à l’égard des bactéries le plus fréquemment
rencontrées. [30]
La flore associée à la gingivite passe d’une prédominance de formes
à Gram positif à une flore plus complexe incluant des bactéries à
Gram négatif et des formes spiralées. De nombreuses études en
microscopie montrent trois phases dans les changements de la
composition bactérienne de la plaque bactérienne dentaire durant
les 2 premières semaines de l’installation d’une gingivite. Durant la
première phase, les cocci et les bâtonnets à Gram positif
prédominent. Des espèces filamenteuses apparaissent ensuite et
enfin des spirochètes, qui sont observés dans la portion la plus
apicale de la plaque adjacente à la fibromuqueuse gingivale. [23, 24]
Moore et al. [31] rapportent dans leur étude sur la gingivite
expérimentale que la composition bactérienne est relativement Figure 6 Gingivite marginale localisée en rapport avec un défaut de contour et de
constante d’un sujet à l’autre lors des 4 premiers jours points de contact de la 22 abandonnée à l’état de prétaille prothétique.
d’accumulation du biofilm dentaire. Dans les jours qui suivent, il
existerait en revanche des variations de composition d’un sujet à
l’autre.
Comme dans le cas d’une microflore compatible avec la santé
parodontale, les bactéries anaérobies facultatives à Gram positif des
genres Actinomyces sp., Streptococcus sp. sont retrouvées, mais dans
des proportions moindres. Elles vont laisser la place à des bactéries
anaérobies facultatives à Gram négatif comme Neisseria sp., Eikenella
corrodens, Capnocytophaga et Campylobacter. L’installation de la
réaction inflammatoire et en particulier l’installation d’un œdème
entraîne la formation d’une poche gingivale. C’est ainsi que les
conditions environnementales deviennent favorables à une dérive
anaérobie de la microflore. [20] La proportion de bactéries anaérobies
augmente. Dans cette catégorie, les bâtonnets prédominent avec
Prevotella sp. [32] (P. intermedia, P. denticola, P. gingivalis), Bacteroides
sp., Fusobacterium sp. (F. nucleatum) et Leptotricia. Des bâtonnets
anaérobies à Gram positif comme Actinomyces israelii coexistent à Figure 7 Gingivite marginale généralisée persistant dans le secteur incisivocanin
côté de ces bâtonnets anaérobies à Gram négatif. Des spirochètes du maxillaire malgré un contrôle de plaque adéquat, du fait de la présence de composites
cervicaux.
type Treponema denticola vont pouvoir également coloniser
l’environnement sous-gingival. Il existerait une proportionnalité d’affirmer le rôle de ces bactéries dans les destructions tissulaires,
directe entre le nombre de formes mobiles et le degré d’érythème une association ne signifiant pas automatiquement une cause, il
des tissus gingivaux. [33] existe suffisamment de preuves, comme la possession de puissants
La flore associée à la gingivite de l’adulte est différente de la flore facteurs de virulence bactérienne, pour considérer ces bactéries
associée à la gingivite de l’enfant. Chez l’enfant, il existe une plus comme potentiellement parodontopathogènes. C’est ainsi qu’un
grande proportion de Leptotricia sp., Capnocytophaga sp., Selenomonas patient porteur d’une gingivite et dont la microflore contient ces
sp., et des bactéries ayant besoin de formate et de fumarate pour bactéries parodontopathogènes semble présenter un risque plus
leur croissance ; [23] il y aurait chez l’enfant une corrélation entre important de faire une parodontite. Cependant, cette notion de
l’importance de la gingivite, le volume du biofilm dentaire et la risque attachée à la composition de la microflore ne doit pas occulter
quantité de bactéries à pigments noirs (Prevotella intermedia) et de les autres éléments impliqués dans l’initiation d’une parodontite,
spirochètes. [34] comme les facteurs liés aux capacités de défense et à leur adaptation
Des modifications de flore bactérienne s’observeraient sous face à la nature de l’agression bactérienne. [3, 28, 38, 39, 40]
l’influence de différents principes actifs médicamenteux, comme par
¶ Facteurs locaux aggravant les gingivites
exemple sous l’influence de psychotropes.
La composition bactérienne varie également en fonction du cycle Les gingivites associées au biofilm dentaire sont initiées et
hormonal de la femme. Dans le cas de gingivite chez la femme, le entretenues par une microflore supra- et sous-gingivale. En fonction
nombre de bactéries hormonodépendantes comme Prevotella des conditions environnementales, la nature de cette microflore,
intermedia serait proportionnel aux taux plasmatiques d’œstrogènes mais aussi le nombre total de bactéries et les proportions de chacune
et de progestérone. [35, 36, 37] des espèces qui la composent, sont susceptibles de varier et donc de
modifier l’intensité de la réponse de l’hôte. Ces modifications
¶ Hypothèse de la flore spécifique et notion de gingivite qualitatives et quantitatives dans l’écologie orale vont se traduire
à risque par une aggravation de la gingivite contribuant à augmenter
localement le risque parodontal.
Parmi les plus de 300 espèces bactériennes présentes dans une Les facteurs qui peuvent faire varier les conditions
microflore parodontale associée à la santé parodontale, il existe des environnementales vont agir comme rétenteurs de plaque
bactéries qui sont considérées comme étant présentes normalement bactérienne (« pièges à plaque ») et entraver le contrôle de plaque.
et d’autres comme étant présentes occasionnellement. L’étude de la Ils modifient les conditions physicochimiques de croissance
microflore associée aux parodontites agressives a permis d’isoler le bactérienne.
rôle de certaines bactéries qui semblent être systématiquement Les facteurs de rétention de plaque classiquement décrits et repris
associées aux destructions tissulaires observées. [3, 23] Ces associations dans la classification d’Armitage [1] sont :
impliquent le rôle de Actinobacillus actinomycetemcomitans,
Porphyromonas gingivalis, Prevotella intermedia, Eikenella corrodens, – les facteurs anatomiques (les points de contact interproximaux
Campylobacter rectus, Eubacterium sp., Selenomonas sp., Tannerella défectueux (Fig. 6), les malpositions dentaires) ;
forsythus (anciennement Bacteroides forsythus), [18] Treponema – les restaurations débordantes, les limites cervicales mal ajustées
denticola. [23] Si les connaissances actuelles ne permettent pas (Fig. 7), les appareillages orthodontiques (Fig. 8) ;

5
23-440-A-10 Maladies gingivales induites par la plaque Odontologie

paragraphe concernant les gingivites associées à la plaque et


modifiées par des facteurs généraux (cf. infra).

ANATOMOPATHOLOGIE
Les modifications microscopiques liées à la formation d’une
gingivite apparaissent bien avant toute modification clinique. Au
plan anatomopathologique, il faut pouvoir différencier un parodonte
sain d’un parodonte qui commence à devenir pathologique et dans
lequel une inflammation gingivale commence à s’installer. En
d’autres termes, il est très difficile de déterminer avec exactitude
quand débute précisément une inflammation gingivale. Dans une
fibromuqueuse gingivale cliniquement saine, la portion la plus
coronaire du tissu conjonctif gingival (de 3 à 5 % de ce tissu
conjonctif) contient un petit infiltrat de cellules inflammatoires
Figure 8 Gingivite diffuse généralisée aggravée par le traitement multiattaches se composé de lymphocytes, de granulocytes neutrophiles, de
traduisant dans la zone antéromaxillaire par un accroissement considérable des pa- monocytes/macrophages qui sont au contact de l’épithélium de
pilles.
jonction. De rares plasmocytes sont visibles parmi ces cellules
inflammatoires. Des granulocytes neutrophiles migrent depuis le
plexus vasculaire dentogingival à travers l’épithélium de jonction
vers le sillon gingivodentaire ou la gencive marginale. Dans des
conditions drastiques de contrôle de plaque et en l’absence de tout
traumatisme, il est possible d’obtenir chez l’animal un parodonte
qualifié d’« histologiquement sain » dépourvu d’infiltrat
inflammatoire : un petit nombre de cellules leucocytaires isolées se
retrouve dans le tissu conjonctif gingival au voisinage des vaisseaux.
Suite à l’accumulation du biofilm au contact de la fibromuqueuse
gingivale, un infiltrat inflammatoire s’installe progressivement dans
le tissu conjonctif gingival, s’accompagnant de la réduction du
nombre de fibroblastes et de la densité des fibres collagéniques. La
classification pionnière de Page et Schroeder (1976) [41] rend compte
de la modification des tissus parodontaux suite à cette accumulation
de plaque bactérienne. Elle décrit quatre stades d’évolution : les
Figure 9 Gingivite d’un secteur incisivocanin mandibulaire aggravée par la pré- lésions initiale, précoce et établie qui sont des lésions gingivales, et
sence de tartre sous-gingival, rétenteur de plaque, ce qui explique la déformation du fes- la lésion avancée qui est une lésion parodontale, c’est-à-dire une
ton gingival avec l’hyperplasie des papilles. lésion qui affecte l’ensemble des tissus parodontaux.
La lésion initiale apparaît 2 à 4 jours après une accumulation de
plaque ; la lésion précoce apparaît entre 4 et 14 jours ; elle correspond
au plan clinique à une gingivite en phase aiguë. Les principales
caractéristiques anatomopathologiques de ces deux premiers stades
d’évolution sont : altération de l’épithélium de jonction qui
commence à proliférer latéralement dans la portion la plus
coronaire ; hyperhémie et exsudat de protéines plasmatiques ;
augmentation de la migration des granulocytes neutrophiles au
travers de l’épithélium de jonction en direction du sillon
gingivodentaire ; accumulation de cellules lymphoïdes, de
monocytes et de macrophages ; altérations cytoplasmiques de
certains fibroblastes gingivaux ; perte de collagène dans la zone
infiltrée ; prolifération vasculaire.
La lésion établie fait suite et se développe entre 2 et 3 semaines après
une accumulation de plaque, mais peut très bien se développer plus
Figure 10 Gingivite diffuse localisée aux secteurs antérieurs potentialisée par une lentement en plusieurs mois. Cette dernière situation peut persister
respiration buccale. de nombreuses années sans aucune évolution. Elle correspond à un
stade de gingivite installée. Les altérations cellulaires et tissulaires
observées au cours des deux précédents stades se poursuivent,
– les fractures radiculaires ; entraînant une augmentation du volume du tissu gingival qui
– les lésions cervicales radiculaires et les défauts cémentaires. s’accompagne d’une augmentation de la profondeur du sillon
gingivodentaire et la formation d’une fausse poche parodontale,
Le tartre, produit de la minéralisation de la plaque bactérienne
encore appelée poche gingivale. La taille de l’infiltrat inflammatoire
dentaire, ne peut affecter par lui-même la santé gingivale, mais sa
augmente ; sa composition évolue vers une prédominance de
surface rugueuse et poreuse, constamment recouverte d’une fine
cellules plasmatiques et de lymphocytes T. [14, 41, 42, 43]
couche de plaque bactérienne, même après un brossage minutieux,
en fait un facteur aggravant une gingivite (Fig. 9). Ces trois stades de lésions gingivales présentent comme
caractéristique commune une absence de lésion de l’os alvéolaire et
La respiration buccale a tendance à aggraver une gingivite des un respect du niveau d’attache.
secteurs antérieurs en se comportant comme irritant physique
(Fig. 10).
Les effets du tabac sur les signes cliniques de la gingivite et sur son MÉCANISMES PATHOGÉNIQUES
devenir sont bien connus et très complexes. Le tabac agit aussi bien La fibromuqueuse gingivale est constamment exposée à
localement que sur le terrain immunitaire de l’hôte. À ce titre, l’environnement bactérien. Un biofilm dentaire supragingival, si
l’impact du tabagisme sur le parodonte est développé dans le minime soit-il, est toujours présent sur les surfaces dentaires ; dans

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Odontologie Maladies gingivales induites par la plaque 23-440-A-10

ce contexte, une fibromuqueuse gingivale histologiquement saine ne


peut exister dans des conditions naturelles (cf. supra). L’exposition
constante aux bactéries, à leurs composés et aux produits de leur
métabolisme stimule un ensemble de réactions de défense et en
particulier une migration de granulocytes neutrophiles depuis le
compartiment sanguin dentogingival vers le sillon gingivodentaire
au travers de l’épithélium de jonction. Ces granulocytes neutrophiles
qui vont se retrouver ainsi dans le sillon gingivodentaire sont
parfaitement fonctionnels. [16, 44] Ils s’opposent à la pénétration des
bactéries et de leurs composés dans l’épithélium de jonction et dans
le tissu conjonctif sous-jacent. Cette ligne de défense est renforcée
par l’intégrité des structures épithéliales qui jouent le rôle de
barrière, par le flux du fluide gingival qui permet un nettoyage du
sillon gingivodentaire et par l’action de certains composés
immunologiquement actifs, comme des anticorps spécifiques et des Figure 11 Gingivite gravidique diffuse localisée, assortie d’une formation épuli-
protéines du complément présents dans le fluide gingival. De plus, forme entre 11 et 12.
le turn-over élevé de l’épithélium de jonction et de l’épithélium oral
MALADIES GINGIVALES INDUITES PAR LA PLAQUE
sulculaire permet une cicatrisation rapide en cas de lésions ET MODIFIÉES PAR DES FACTEURS SYSTÉMIQUES
épithéliales microscopiques.
Les maladies gingivales modifiées par des facteurs systémiques se
La croissance du biofilm dentaire au contact de la fibromuqueuse traduisent cliniquement, à quelques nuances près, de la même façon
gingivale entraîne alors l’activation d’une réponse inflammatoire que les gingivites seulement associées à la plaque avec ou sans les
locale comprenant entre autres des modifications vasculaires de la facteurs locaux aggravants que nous venons de décrire. La notion
microcirculation parodontale, un exsudat plasmatique et de « maladies gingivales modifiées par des facteurs systémiques »
l’installation d’un œdème. [43] Les granulocytes neutrophiles, grâce à se retrouvait anciennement sous le vocable de « gingivites aggravées
un gradient chimiotactique, migrent en plus grand nombre depuis par des facteurs généraux ».
cette microcirculation parodontale vers le tissu conjonctif gingival, Des facteurs systémiques peuvent modifier la nature des réponses
l’épithélium de jonction et le sillon gingivodentaire. Ils forment une de l’hôte à l’étiologie bactérienne. [49] Face à l’intensité de l’agression,
importante barrière dans le sillon gingivodentaire, le long de ces réponses sont alors inadaptées soit par déficit de certains
l’épithélium ; ils préviennent ainsi l’extension latérale et apicale du éléments de défense immunitaire, soit au contraire par leur excès ;
biofilm dentaire et de ses effets délétères. [45, 46] dans les deux cas, elles entraînent un effet délétère.
La nature des leucocytes (leucocytes mononucléés, granulocytes Cette réponse inadaptée contribue à augmenter le risque parodontal,
c’est-à-dire le risque qu’une gingivite évolue en parodontite dont
neutrophiles) présents dans le tissu conjonctif gingival semble être
l’intensité et la rapidité des pertes d’attache vont définir des formes
fonction de la nature de l’expression d’adhésines à la surface des
agressives pouvant entraîner la perte d’une ou de plusieurs dents.
cellules endothéliales comme la molécule d’adhésion cellulaire
endothéliale 1 (ECAM-1) ou comme la molécule d’adhésion À côté de la détection du risque parodontal d’origine bactérienne, il
convient aussi de détecter le risque parodontal lié aux facteurs
cellulaire vasculaire (VCAM-1). Ces molécules assurent une
systémiques chez tout patient porteur d’une gingivite.
régulation de la migration de ces cellules de défense depuis la
microcirculation parodontale jusqu’au tissu conjonctif gingival.
MALADIES GINGIVALES INDUITES PAR LA PLAQUE
L’activation des granulocytes neutrophiles et des macrophages ET ASSOCIÉES À DES VARIATIONS HORMONALES
permet ensuite une activation des protéines plasmatiques, comme Des modifications hormonales entraînent une réceptivité plus
les protéines du complément, qui amplifie la réponse inflammatoire grande de la fibromuqueuse gingivale, notamment chez la femme.
locale. Ce processus d’amplification va conduire à de nouveaux Dans ce cas, du fait d’une augmentation du taux des hormones
recrutements de cellules leucocytaires et de monocytes, à l’activation stéroïdes, œstrogènes et progestérone, une inflammation
de macrophages et à la production in situ de nombreux médiateurs préexistante, déclenchée et entretenue par la plaque bactérienne,
de la réponse inflammatoire et immunitaire comme des interleukines peut être considérablement augmentée. [50] On parle de gingivite
1b, 6, 10, 12, le tumor necrosis factor a, le prostaglandine E2, les prépubertaire, de gingivite menstruelle, de gingivite gravidique [35,
métalloprotéines. [47] L’activation des réactions immunitaires
51]
(Fig. 11), de gingivite liée à la prise de contraceptifs oraux, [52] de
spécifiques de l’hôte comme la production d’anticorps par les gingivite de la ménopause. [53] Ces gingivites présentent un tableau
cellules plasmatiques et les lymphocytes T complètent la réaction de clinique analogue à celui décrit précédemment ; les signes cliniques,
défense. L’ensemble de ces réactions concourre à la phagocytose des notamment le saignement provoqué et les hyperplasies gingivales,
bactéries, à l’élimination des substances toxiques bactériennes et in sont fréquemment plus importants.
fine s’oppose à la pénétration et à l’action délétère des bactéries et Dans le cadre du nouveau concept de parodontologie médicale, [54]
de leurs composés dans le tissu conjonctif gingival. il est maintenant bien documenté le fait qu’une femme enceinte
porteuse d’une infection est susceptible de déclencher un
La présence constante d’un biofilm au contact de la fibromuqueuse accouchement prématuré et/ou de mettre au monde un enfant de
gingivale entretient ces réactions, maintient la présence d’un œdème petit poids. Les gingivites, qui sont des maladies infectieuses,
gingival et contribue à augmenter le volume du fluide gingival. Ces peuvent de ce fait être à l’origine de tels problèmes, d’autant plus
modifications de l’environnement peuvent favoriser l’établissement que l’intensité de l’inflammation gingivale est importante. Les
d’une microflore bactérienne anaérobie et à Gram négatif, et en mécanismes directs par bactériémie ou indirects par l’action des
particulier l’acquisition de bactéries parodontopathogènes comme médiateurs de l’inflammation peuvent être impliqués. Il ne faut donc
Porphyromonas gingivalis, Tanerella forsythus, Actinobacillus surtout pas négliger le traitement d’une gingivite chez la femme
actinomycetemcomitans, Treponema denticola. Si la réponse enceinte.
inflammatoire locale et humorale est ou devient inadéquate, les
bactéries parodontopathogènes et les antigènes bactériens, en MALADIES GINGIVALES INDUITES PAR LA PLAQUE
particulier le lipopolysaccharide, pénètrent alors dans l’épithélium ET MODIFIÉES PAR LE DIABÈTE
de jonction et le tissu conjonctif gingival, et enclenchent une série Le diabète, qu’il soit de type I ou de type II, au-delà du
des réactions qui aboutissent à des destructions tissulaires et à dysfonctionnement endocrinien, entraîne des modifications du
l’installation d’une parodontite. [48] comportement immunitaire de l’hôte. S’il est bien entendu que

7
23-440-A-10 Maladies gingivales induites par la plaque Odontologie

toutes les gingivites ont comme étiologie primaire une microflore


bactérienne, un diabète est susceptible de potentialiser les effets de
cette flore et donc de modifier le tableau clinique d’une gingivite. Il
est fréquemment observé comme complication d’un diabète la
présence de microangiopathies dont des microangiopathies buccales.
De plus, le diabète représente un facteur de risque parodontal
important [55] puisqu’il multiplie par 3 à 4,2 un risque initial. Une
gingivite chez un diabétique doit donc faire l’objet d’un traitement
rigoureux et d’une maintenance parodontale rapprochée.

MALADIES GINGIVALES INDUITES PAR LA PLAQUE


ET ASSOCIÉES À DES DYSCRASIES SANGUINES
La gencive peut être le siège de manifestations de dyscrasies
sanguines comme par exemple de leucémies [56]. Ces localisations
gingivales qui sont parfois révélatrices de ces dyscrasies vont soit Figure 12 Aspect clinique caractéristique d’une gingivite ulcéronécrotique locali-
venir compliquer un tableau clinique de gingivite déjà installée, soit sée au secteur mandibulaire antérieur avec décapitation des papilles sous forme de cra-
compliquer le contrôle de plaque de par les douleurs gingivales tères interproximaux.
provoquées.

MALADIES GINGIVALES INDUITES PAR LA PLAQUE


ET MODIFIÉES PAR DES MÉDICAMENTS
Certains médicaments ont un tropisme particulier pour le
parodonte [57] comme la 5-5 diphénylhydantoïne (Di-Hydant)
utilisée dans les traitements antiépileptiques, la ciclosporine
(ciclosporine A) [58] prescrite comme médicament antirejet chez les
patients greffés, les inhibiteurs du calcium du type nifédipine [59] qui
sont des antihypertenseurs. Ils entraînent une augmentation du
volume de la fibromuqueuse gingivale qui, associée à une gingivite,
donne un tableau clinique de gingivite hyperplasique.
L’augmentation du volume de la gencive est due à une hyperactivité
métabolique du tissu conjonctif gingival. L’hyperplasie gingivale
entrave le contrôle de la plaque bactérienne dont l’accumulation est
Figure 13 Gingivite généralisée d’apparition soudaine se développant selon un
ainsi favorisée. processus aigu en rapport avec une toxoplasmose.

MALADIES GINGIVALES INDUITES PAR LA PLAQUE


hypophysaire et sur les médullo- et corticosurrénales, favorise la
ET MODIFIÉES PAR LE TABAGISME sécrétion de substances qui entraînent des nécroses tissulaires
observées dans la gingivite ulcéronécrotique (Fig. 12).
Les fumeurs présentent moins de saignements gingivaux que les
non-fumeurs et, à volume de plaque identique, un indice gingival
moyen plus bas que celui des non-fumeurs. En règle générale, les Diagnostic différentiel
fumeurs ont moins de gingivite que les non-fumeurs du fait d’une
vasoconstriction périphérique entraînant une diminution du flux La classification d’Armitage [1] permet d’éclairer le diagnostic
sanguin gingival. [60, 61] Ces éléments cliniques ne doivent cependant différentiel. Les maladies gingivales induites par la plaque doivent
pas occulter l’importance de l’impact du tabagisme, aussi bien être distinguées des maladies gingivales non induites par la plaque
localement que dans les comportements immunitaires de l’hôte. En et des parodontites.
effet, le tabac représente l’un des facteurs de risque parodontal les
plus importants, si ce n’est le plus important. Cette susceptibilité
accrue chez le fumeur s’explique par une capacité réduite à former MALADIES GINGIVALES NON INDUITES
et à maintenir une réaction de défense efficace vis-à-vis de la PAR LA PLAQUE
microflore parodontale (diminution du chimiotactisme des Les maladies gingivales non induites par la plaque sont des lésions
granulocytes neutrophiles, de leur mobilité et de leur capacité de du parodonte superficiel en réponse à une agression spécifique qui
phagocytose). De plus, le tabagisme, en modifiant les conditions est d’origine locale ou générale.
physicochimiques environnementales de croissance bactérienne, Ces maladies gingivales non induites par la plaque peuvent se
favorise la colonisation et la croissance de bactéries regrouper de la façon suivante : [65]
parodontopathogènes comme Actinobacillus actinomycetemcomitans,
Porphyromonas gingivalis, Bacteroides forsythus. [62, 63] – maladies gingivales d’origine bactérienne spécifique (gonorrhée,
syphilis, etc.) ;
– maladies gingivales d’origine virale (infections herpétiques, etc.) ;
MALADIES GINGIVALES INDUITES PAR LA PLAQUE
ET MODIFIÉES PAR LE STRESS – maladies gingivales d’origine fongique (candidose, gingivite
érythémateuse linéaire, etc.) ;
Le stress induit des changements de comportement directs et
indirects chez l’individu. [64] Un patient stressé est un patient qui a – maladies gingivales d’origine parasitaire (toxoplasmose) (Fig. 13) ;
tendance à négliger son contrôle de plaque, ce qui entraîne de façon – lésions gingivales d’origine génétique (fibromatose, etc.) ;
directe une gingivite. Les comportements induits par le stress
comme le tabagisme, l’abus d’alcool, une mauvaise diététique et une – maladies dermatologiques buccales (lichen plan, pemphigoïde,
mauvaise prise en charge médicale vont avoir une action indirecte lupus érythémateux, etc.) ;
par leur effet sur les défenses immunitaires du sujet qui est plus – réactions allergiques (aliments et additifs, matériaux de
exposé aux maladies parodontales et donc en premier lieu aux restauration dentaire comme mercure, nickel, résine acrylique, bain
gingivites. De plus, le stress, en agissant sur l’axe hypothalamo- de bouche, dentifrices, etc.) ;

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Odontologie Maladies gingivales induites par la plaque 23-440-A-10

– lésions gingivales traumatiques iatrogènes ou accidentelles, qualité des monocytes et de leur faculté plus ou moins augmentée à
chimiques, thermiques ou physiques ; libérer de l’interleukine 1. Ainsi, un génotype PST positif, c’est-à-
– réactions gingivales à des corps étrangers. dire un patient qui possède des monocytes hyperinflammatoires et
donc qui libèrent une quantité importante d’interleukine 1 est plus
Chacune de ces maladies ou lésions présente des caractéristiques
susceptible de voir évoluer sa gingivite en parodontite comparé à
dont la démarche sémiologique permet d’en approcher le diagnostic.
un patient au génotype PST négatif, et ce pour une agression
L’anamnèse permet de s’enquérir du mode de vie du patient
bactérienne identique.
(possibilité d’une contamination par une maladie sexuellement
transmissible [66]), de son alimentation (carences [67]), de la présence La présence, dans une microflore parodontale, de bactéries
d’atteintes systémiques connues (lichen plan, pemphigus [68]), la parodontopathogènes, [3, 23, 48] comme Actinobacillus actinomy-
présence d’un traumatisme associé (brûlure, prothèse mal cetemcomitans ou Porphyromonas gingivalis, signe également un
ajustée [ 6 9 ] ), l’existence d’autres manifestations buccales ou risque parodontal augmenté. La recherche de ces bactéries peut être
extraorales susceptibles de réaliser le diagnostic différentiel. entreprise par des prélèvements dans le biofilm sous-gingival qui
L’examen clinique est orienté vers la recherche de localisations non sont analysés soit par cultures, soit par des tests spécifiques [74]
décelées par le patient et/ou de signes pathognomoniques de comme les sondes génétiques. [75]
maladies virales ou fongiques comme par exemple la présence de Le risque parodontal, comme toute notion de risque, est une
vésicules herpétiformes ou de plaques blanchâtres d’une candidose. probabilité de survenue d’un évènement. Il est la résultante d’un
Les examens biologiques sanguins, microbiologiques et/ou ensemble d’éléments. L’accumulation de ces éléments concourt à
anatomopathologiques, sont souvent effectués afin de poser avec augmenter ce risque. Cependant, un patient pour lequel aucun
précision le diagnostic. Des tests d’allergologie complètent parfois risque parodontal n’a été détecté peut néanmoins voir sa gingivite
cette démarche. évoluer en parodontite ; certaines composantes étiopathogéniques
restent encore à éclaircir. [76]
PARODONTITES
Le sondage parodontal et la radiographie rétroalvéolaire prise avec TRAITEMENTS
un long cône et des angulateurs de Rinn permettent de faire le
Le traitement d’une gingivite induite par la plaque doit prendre en
diagnostic différentiel entre une gingivite et une parodontite. Dans
compte aussi bien les composantes étiologiques et les facteurs locaux
le cas de la gingivite, il n’existe aucune perte d’attache, c’est-à-dire
aggravants que les composantes liées à l’hôte quand celles-ci
qu’il n’est pas possible de mettre en évidence l’existence de poche
peuvent l’être.
parodontale. D’autre part, l’examen radiographique en cas de
gingivite ne montre aucune alvéolyse, aucune décapitation des septa
interdentaires ; il y a respect des « fers de lance alvéolaires ». ¶ Prise en charge des composantes liées à l’hôte
La prise en charge des composantes liées à l’hôte représente un
élément déterminant dans le succès thérapeutique. De plus, en tant
Prise en charge d’un patient porteur que maillon de la chaîne médicale, nous pouvons contribuer à une
d’une maladie gingivale induite meilleure prise en charge médicale des maladies systémiques par
par la plaque notre action de motivation et d’orientation vers les compétences
médicales ad-hoc. Nous devons nous assurer que les maladies
Si toutes les gingivites se traduisent cliniquement par une systémiques qui sont susceptibles d’interférer avec les gingivites
inflammation gingivale, il convient comme il a été décrit sont correctement prises en charge et le cas échéant intervenir. Dans
précédemment de dissocier les gingivites induites par la plaque [70] le cas où nous sommes à l’origine du diagnostic d’une maladie
et les maladies gingivales non induites par la plaque. D’autre part, systémique, comme c’est souvent le cas pour le diabète de type II, le
parmi les gingivites induites par la plaque, la prise en charge est patient est orienté soit vers son médecin généraliste, soit vers un
différente selon qu’il s’agit de gingivites avec ou sans risque spécialiste.
d’évoluer en parodontites et/ou de gingivites modifiées ou non par Dans le cas du tabagisme, nous avons un devoir d’information sur
des facteurs systémiques ou autres. La nature des bactéries qui ses effets nocifs tant généraux que sur le parodonte. Les résultats
colonisent les environnements supragingival et sous-gingival, ainsi thérapeutiques parodontaux escomptés participent à la motivation
que la nature de la réponse de l’hôte, conditionnent cette évolution au sevrage tabagique. Une orientation vers des équipes médicales
possible. Il convient donc d’inclure dans la démarche de prise en spécialisées dans le sevrage tabagique est proposée au patient.
charge d’un patient porteur d’une gingivite le diagnostic du risque
Tout conseil visant à diminuer le stress de nos patients, comme celui
parodontal. [71] L’exploration de l’hôte associée à l’exploration de la
de la pratique d’un sport, contribue à l’obtention des résultats
microflore parodontale permet de cerner ce risque parodontal. Le
thérapeutiques.
traitement mis en place doit être adapté aux différentes situations.
Enfin, une maintenance adéquate permet de pérenniser les résultats
ou à défaut de traiter à temps une récidive tant qu’elle est réversible. ¶ Prise en charge des composantes étiologiques
et des facteurs locaux aggravants
DIAGNOSTIC DU RISQUE PARODONTAL Le protocole de gingivite expérimentale [4, 5] a permis de montrer la
relation de cause à effet entre biofilm et gingivite, et qu’après
Le diagnostic du risque parodontal qui détermine l’existence d’une
élimination régulière du biofilm dentaire une santé gingivale est
gingivite banale ou d’une gingivite à risque résulte de la détection
restituée. [77, 78, 79]
de facteurs liés à l’hôte et/ou liés à la microflore parodontale. [38]
Les facteurs liés à l’hôte sont recherchés par l’interrogatoire du Tout traitement de maladie gingivale induite par la plaque doit bien
patient qui permet de détecter l’existence des facteurs généraux évidemment comporter le contrôle du facteur étiologique bactérien
comme le diabète, le tabagisme, la prise de certains médicaments, le et la suppression ou le contrôle des facteurs locaux aggravants
stress, etc. (cf. supra). Les examens biologiques sanguins sont (cf. supra).
fréquemment d’un précieux recours et, dans certains cas, permettent
de dépister l’existence de maladies systémiques jusqu’alors Contrôle du facteur étiologique bactérien
méconnues du patient. Le contrôle du facteur étiologique bactérien comprend l’élimination
Le comportement immunitaire de l’hôte peut être exploré entre des biofilms supra- et sous-gingivaux. Le biofilm supragingival est
autres grâce au test génétique PST. [72, 73] Ce test rend compte de la essentiellement contrôlé par le patient suite à une motivation à

9
23-440-A-10 Maladies gingivales induites par la plaque Odontologie

Le contrôle de plaque interproximal peut être complété par


l’utilisation de fils interdentaires de préférence non cirés et non
tressés si le point de contact permet le passage. Dans le cas contraire,
un fil ciré est utilisé.
Puisque dans la gingivite il n’existe aucune perte tissulaire
parodontale, il ne semble pas nécessaire de prescrire des brossettes
interdentaires, sauf dans le cas de diastèmes primaires ou de dents
manquantes.
Il est possible de conseiller au patient un brossage du dos de la
langue. Celui-ci est effectué avec la brosse à dents ou à l’aide d’un
gratte-langue. Les études évaluant l’influence du brossage lingual
sur la formation du biofilm dentaire présentent des résultats
controversés. [83, 84] Cependant, le brossage de la langue reste
intéressant car il assure un meilleur confort buccal et contribue à
contrôler une éventuelle halitose [85].
Un brossage dentaire par une méthode intrasulculaire, deux ou trois
fois par jour après chaque repas, est enseigné au patient. À chaque
visite, les progrès réalisés sont visualisés, ce qui participe à renforcer
la motivation du patient à l’observance de son traitement. Dans le
cas contraire, les conseils et la technique sont repris.
La désagrégation du biofilm ne peut se faire que mécaniquement.
Mais une action chimique associée est intéressante. Elle peut se faire
par le biais de molécules antiseptiques contenues dans des bains de
bouche ou des dentifrices. L’antiseptique le plus utilisé est la
chlorhexidine, dont l’efficacité sur les bactéries buccales et en
particulier sur les bactéries parodontopathogènes n’est plus à
démontrer. [86, 87, 88] De plus, elle possède une action antifongique.
Elle contribue, associée au traitement mécanique, à l’établissement
Figure 14 A. Gingivite marginale discrète chez une adolescente âgée de 12 ans. d’une flore compatible avec la santé parodontale. La chlorhexidine
B. Mise en évidence du biofilm par révélateur de plaque : il y a correspondance en- en bain de bouche est alors prescrite sur une durée de 15 jours, à
tre les zones colorées et les zones enflammées. utiliser après chaque brossage.
Le contrôle du biofilm supragingival assuré par le patient doit
l’hygiène buccodentaire et à un apprentissage d’une technique de nécessairement être complété par une élimination du biofilm sous-
gingival. Celui-ci est assuré par le praticien en passant un insert
brossage adaptée ; en revanche, le biofilm sous-gingival est éliminé
d’appareil ultrasonique dans le sillon gingivodentaire suivi d’une
par le praticien essentiellement grâce à l’usage d’appareils
irrigation sous-gingivale à base de chlorhexidine.
ultrasoniques.
S’il est difficile voire impossible d’éliminer par le seul brossage Suppression des facteurs locaux aggravants
l’ensemble du biofilm supragingival, le brossage doit à défaut
Les facteurs locaux aggravants se comportent comme des facteurs
entraîner une diminution du volume global du biofilm et sa
de rétention de plaque et diminuent d’autant les chances d’obtenir
désorganisation, concourant ainsi à diminuer le nombre total de
une santé gingivale malgré tous les efforts déployés par le patient
bactéries au contact de la fibromuqueuse gingivale, et de ce fait
pour assurer son contrôle de plaque. Dans ce contexte, il n’est pas
diminuer le pourcentage des bactéries parodontopathogènes afin
rare d’observer une baisse de la motivation du patient. C’est ainsi
que leur nombre soit de nouveau compatible avec le seuil de qu’il convient de coupler à l’enseignement d’une technique de
tolérance de l’hôte. brossage et au nettoyage du sillon gingivodentaire une élimination
Afin d’atteindre ce but, une démarche de motivation du patient est de ces facteurs locaux aggravants. Elle est réalisée par :
nécessaire d’emblée. Elle consiste en une information du patient sur
– un détartrage aux instruments ultrasoniques et manuels ;
sa maladie et sur ses causes pour susciter chez lui une démarche
volitive qui se traduit par des questions sur le comment retrouver – un polissage des surfaces dentaires à l’aide d’une pâte abrasive et
une santé parodontale, et partant sur les matériels et techniques à d’une brossette ou d’une cupule en caoutchouc montée sur un
utiliser. Une coloration de plaque bactérienne est d’une aide instrument rotatif à moyenne vitesse ;
précieuse pour visualiser l’étiologie de la gingivite et guider le – une correction des restaurations débordantes, mal ajustées, mal
patient dans son apprentissage d’une technique adaptée et enseignée équilibrées, etc. ;
par le praticien (Fig. 14).
– une correction éventuelle des malpositions dentaires par
La prescription de matériel comprend en premier lieu une brosse à traitement orthodontique.
dents. Depuis quelques années se sont développées les brosses à
dents électriques visant à améliorer la qualité et réduire le temps de
brossage. Différents concepts ont été proposés : un mouvement MAINTENANCE PARODONTALE
rotatif de touffes de poils, un mouvement d’oscillation horizontale, Le biofilm dentaire supragingival à l’origine de la gingivite se créant
un mouvement de rotation quart de tour. Des études réalisées dès les premières minutes qui suivent son élimination, une
montrent que le brossage est de qualité équivalente ou inférieure à maintenance parodontale doit être instaurée afin d’éviter toute
un brossage manuel. [80, 81] Cependant, une brosse électrique récidive. De plus, cette maintenance s’avère importante dès lors que
combinant un mouvement oscillatoire et un mouvement pulsatile le patient présente un risque parodontal, en d’autres termes, un
semble donner des résultats supérieurs. [82] Il apparaît ainsi risque de voir s’installer une parodontite. La maintenance se traduit
intéressant de prescrire ce type de brosse lorsque le patient ne réussit par des visites de contrôle dont la fréquence est fonction du risque
pas à effectuer un brossage manuel satisfaisant. Comme pour les parodontal. Un renforcement de la motivation est instauré,
brosses manuelles, il est important de contrôler la souplesse des accompagné d’une vérification de la qualité de la technique de
poils et l’absence d’agressivité du mouvement. brossage et le cas échéant par une reprise des conseils. Cette

10
Odontologie Maladies gingivales induites par la plaque 23-440-A-10

Figure 15 A. Vue linguale d’un secteur incisif mandibulaire présentant une gin- B. Restitution ad integrum des papilles linguales 15 jours après enseignement d’un
givite avec papilles rétractées et œdématiées en regard de plaque bactérienne et de tar- contrôle de plaque adapté et détartrage.
tre.

Figure 16 A. Tableau clinique pouvant faire penser à une gingivite marginale gé- B. Vue clinique 15 jours après la mise en œuvre d’un traitement adapté montrant des récessions
néralisée assortie d’une manifestation épuliforme localisée entre 11 et 12. parodontales, lésions parodontales irréversibles, qui signent l’existence d’une parodontite.

maintenance parodontale est couplée à une maintenance médicale parodontite serait la résultante de déséquilibres dans la balance
qui permet de vérifier en parallèle les composantes liées à l’hôte. hôte/agresseurs, qui entraîneraient des épisodes intermittents de
Le risque parodontal n’est pas une notion figée ; il est susceptible lésions tissulaires et à long terme des destructions parodontales
d’être augmenté suite à l’acquisition de nouvelles pathologies accumulées. L’évolution d’une gingivite vers une parodontite serait
systémiques ou à l’aggravation de pathologies systémiques la conjonction d’un ou de plusieurs des facteurs suivants :
existantes. Il doit donc être systématiquement réévalué lors de – la flore s’enrichit en espèces pathogènes ; la présence d’une
chaque visite de contrôle. inflammation gingivale favoriserait l’apparition de certaines espèces
bactériennes pathogènes ; [27]

Pronostic avec ou sans traitements – les systèmes immunitaires du patient permettent à l’agression
d’origine bactérienne d’entraîner une perte d’attache et l’un des
L’installation d’une gingivite chez un sujet signe l’existence d’une différents types de parodontites ;
réaction inflammatoire de la part de celui-ci, première étape de la – l’absence des bactéries compatibles voire nécessaires à la santé
réaction immunitaire face à l’agression antigénique de la plaque parodontale.
bactérienne. Cette inflammation gingivale primitive est donc la Le traitement permet une réparation ad integrum du parodonte
manifestation de l’efficacité du système de défense de l’individu, superficiel puisque, lors d’une gingivite, les lésions ne concernent
système qui sera sensibilisé voire renforcé lors d’une agression que la fibromuqueuse gingivale qui est susceptible de
bactérienne ultérieure. Le passage à la chronicité peut traduire au « régénération », les structures sous-jacentes n’ayant pas subi de
contraire l’incapacité de l’individu à maîtriser cette agression destruction. Ainsi, dans ce cas de figure, les papilles gingivales
d’origine bactérienne si celle-ci est maintenue par absence de décapitées peuvent voir leur fer de lance reconstruit après
contrôle de plaque ou si les défenses immunitaires intrinsèques du traitement, le niveau du bord marginal gingival se rétablissant du
sujet sont insuffisantes ou dépassées. Cette dernière situation fait même de la « mémoire gingivale » à une distance constante du
concerne peut-être les sujets à risque susceptibles de développer bord marginal de l’os qui ne subit aucune modification
ensuite une parodontite. [28, 38, 76] morphologique (Fig. 15). Lors de la gingivite, l’espace biologique est
Il est maintenant bien mis en évidence que tout porteur de gingivite maintenu entre le niveau de l’attache conjonctive situé à la jonction
ne développe pas systématiquement une parodontite. Mais il n’a émail-cément puisqu’il n’y a pas de migration apicale de l’attache et
jamais été démontré qu’une parodontite peut survenir en l’absence que le bord marginal de l’os n’est pas modifié dans sa position de
d’inflammation gingivale. [48] Le passage de la gingivite à la référence à la différence d’une situation de parodontite (Fig. 16).

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23-440-A-10 Maladies gingivales induites par la plaque Odontologie

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