3eme EMD
5eme année
Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique
Université d’Alger
Faculté de Médecine
Département de Médecine Dentaire
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Plan
Introduction.
1. Rappel.
2. Description des pathologies parodontales chez l’enfant et l’adolescent.
2.3. Parodontites.
3.1. Diagnostic.
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3.2.1.1. Indice de plaque.
Conclusion.
Bibliographie.
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Introduction
De la naissance à l’âge adulte, le parodonte de l’enfant puis de l’adolescent est en perpétuelle
évolution. Il est important de bien connaître la normalité de ce parodonte afin d’en déceler les
altérations. La gingivite est fréquemment rencontrée, les parodontites sont plus rares que chez l’adulte
et la plus part du temps agressives. Ces dernières sont parfois le premier, voire le seul, signe d’une
maladie générale et place le médecin dentiste au cœur de ce qu’il doit être : un membre de l’équipe de
santé entourant l’enfant.
1. Rappel
La structure du parodonte de l’enfant est liée à l’apparition des dents sur les arcades qui s’étend de
l’éruption de la première incisive temporaire (06 mois) à la mise en occlusion de la 2 eme molaire
permanente (12 - 14 ans).
En denture temporaire, la gencive est souvent décrite comme plus rouge, du fait du réseau capillaire
abondant et d’un épithélium plus mince, plus translucide et pour certains auteurs, moins kératinisé.
L’éruption dentaire provoque des changements morphologiques et structuraux que le clinicien doit
connaître afin de distinguer une situation physiologique normale d’une pathologie.
Les études épidémiologiques concernant la santé parodontale des enfants et des adolescents indiquent
que la gingivite, de sévérité variable, est quasi universelle. La prévalence des maladies parodontales
est plus faible chez les enfants et adolesents que chez les adultes. La présence d’une perte d’attache
sévère touche entre 0,2 et 0,5% des enfants et adolescent. Cependant, l’incidence de cette perte
d’attache augmente pour les adolescents de 12 à 15 ans par rapport aux enfants de 08 à 11 ans.
La gingivite est caractérisée par une réaction inflammatoire non spécifique de la gencive marginale
sans perte d’attache ou perte osseuse. La gencive marginale apparaît rouge, enflammée, et saigne au
sondage. D’un point de vue microbiologique, les études de gingivite expérimentales chez l’enfant ont
mis en évidence des espèces bactériennes différentes de celles de l’adultes: des Actinomyces, des
Capnocytophages, des leptotrichia et des Selenomonas. La prévalence des pathogènes majeurs semble
augmenter avec la quantité de plaque et le niveau d’inflammation gingivale.
La sévérité de la gingivite est moindre chez l’enfant que chez l’adulte, pour une quantité de plaque
identique.
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Chez l’enfant, des facteurs locaux comme l’éruption dentaire, l’exfoliation des dents temporaires, le
tassement alimentaire, les appareillages orthodontiques et la respiration buccale peuvent aggraver
l’inflammation gingivale. Les gingivites éruptives, créant des pseudopoches, se résolvent
spontanément lors de l’évolution de la dent permanente et d’une hygiène buccale efficace. Chez les
enfants respirateurs buccaux, la gencive marginale apparaît rouge, vernissée et épaisse, l’hygiène orale
seule peut ne pas être suffisante et une prise en charge oto-rhino-laryngologique (ORL) avec libération
de la filière aérienne s’avère parfois nécessaire.
Lors de la persistance d’une gingivite chez l’enfant, il faut suspecter un diabète de type I. En effet, les
enfants atteints de diabète insulinodépendant présentent un degré d’inflammation gingivale supérieur à
celui d’enfants témoins.
Les déficits immunitaires primaires rencontrés chez l’enfant peuvent avoir des répercussions
parodontales.
La dépression immunitaire des leucémies aigues de type lymphoblastique (LAL), majoritaire chez
l’enfant, favorise l’apparition de lésions buccales tels que les gingivorragies, les hypertrophies
gingivales, les ulcérations muqueuses et parfois des mobilités dentaires.
Trois groupes de médicaments sont associés à l’hyperplasie gingivale : les anticonvulsivants, les
immunosuppresseurs et éventuellement les agents bloquants les canaux calciques. En pédiatrie, chez
les patients transplantés, le tacrolimus est préféré à la ciclosporine, car ses effets secondaires sont
limités. La gingivite et l’hyperplasie gingivale sont diminuées par rapport à la ciclosporine.
Chez l’enfant, la gencive ainsi que la muqueuse buccale peuvent être atteintes d’infections non liées à
la présence de plaque survenant plus fréquemment chez les enfants atteints de maladies chroniques.
Les Candidats sont des germes pathogènes opportunistes détectés dans la cavité buccale de 50 à 60%
d’individus sains. Ils deviennent pathogènes lors de l’altération de la réponse immunitaire de l’hôte.
Chez l’enfant, la présence d’un appareillage orthodontique, la malnutrition, les maladies systémiques
comme une immunodépression (par exemple liée au virus de l’immunodéficience humaine ou VIH),
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un diabète, une endocrinopathie, une antibiothérapie, une corticothérapie au long cours semble
favoriser l’infection candidosique.
Les aphtes récurrents, s’ils sont isolés, se retrouvent chez les sujets présentant un déficit en vitamine
B12 et parfois en acide folique. Chez l’enfant, la présence d’aphtes au niveau muqueux ou gingival
peut être la manifestation buccale d’une maladie coeliaque. Dans le cadre d’un épisode fébrile
accompagné d’adénopathies cervicales, le diagnostic de fièvre aphteuse récurrente doit être considéré
(syndrome PFAPA: Periodic Fever Aphtous Stomatitis, Pharyngitis, Cervical Adenitis).
Causée par le premier contact muqueux du virus herpes simplex 1, la primo-infection herpétique
présente une symptomatologie très variée. Elle peut passer inaperçue, induire une fièvre et une
dysphagie avec risque de déshydratation ou même une encéphalite virale. La prescription d’acyclovir
chez l’enfant de moins de 6 ans dans la primo-infection herpétique limite le développement de
nouvelles lésions et diminue les difficultés d’alimentation et le nombre d’hospitalisations.
2.3. Parodontites
La parodontite chronique est une forme qui touche principalement les adultes du fait de sa progression
lente dans le temps, alternant des périodes de stabilité et des périodes de destruction. La parodontite
chronique n’a pas fait l’objet de description spécifique à l’enfant ou l’adolescent.
Rappelons que les parodontites de l’enfant peuvent aussi être le premier, voir le seul signe, d’une
maladie générale. Il est primordial pour le praticien de faire les analyses nécessaires pour évaluer cette
possibilité ou d’adresser le patient à un praticien en mesure de le faire et d’analyser les résultats.
* Aspects cliniques
*Aspects bactériologiques
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*Aspects immunologiques
Deux caractéristiques principales accompagnent les pathologies parodontales du sujet jeune : une
réponse humorale élevée (anticorps sériques et créviculaires) et une atteinte des cellules de défense.
En denture temporaire les formes localisées sont associées à une atteinte des neutrophiles ou des
monocytes, tandis que les formes généralisées peuvent associer des troubles des deux types de
cellules.
Les formes de l’adolescent sont, comme celles de l’adulte, associées à des atteintes à de nombreux
niveaux de la réponse immunitaire. Parmi les caractéristiques souvent observées : une anomalie
phagocytaire et un phénotype d’hyper-réponse macrophagique incluant des taux élevés de
prostaglandine E2 (PGE2) et d’interleukine 1B (IL-1B).
Le caractère familial a été mis en évidence dans de nombreuses études, soulignant que le facteur
génétique reste la base de la susceptibilité aux parodontites agressives avant les facteurs microbiens,
immunologiques, environnementaux ou autres.
* Neutropénie acquise
L’altération quantitative des neutrophiles est de sévérité variable et la symptomatologie buccale varie
de la gingivite à la parodontite précoce.
* Leucémies
Les saignements, les hypertrophies gingivales, les ulcérations muqueuses et parfois des mobilités
dentaires s’associent à cette maladie.
Seulement le syndrome de type IV et VIII sont associés à une parodontite précoce, parfois sévère.
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* Syndrome de Chediak Higashi
C’est une maladie héréditaire autosomique récessive est rare, qui se manifeste par:
- ulcération à répétition;
C’est une pathologie héréditaire, de transmission autosomique dominante. Elle se caractérisé par un
taux anormalement élevé en IgE et se manifeste principalement par:
- infections à répétition;
Les maladies parodontales nécrosantes sont des maladies rares. Elles se présentent généralement sous
la forme d’une gingivite ulcéronécrotique se limitant au parodonte superficiel sans perte d’attache
interproximale. En l’absence de traitement, elle peut évoluer vers une parodontite ulcéronécrotique
touchant le parodonte profond avec une perte d’attache et alvéolyse interproximale.
L’apparition de cette forme de maladie parodontale n’est pas liée à la seule présence de plaque
bactérienne, mais à des facteurs prédisposants, à une immunodéprèssion transitoire (stresse, infection
virale ou bactérienne, malnutrition) ou permanente (HIV, maladie systémique). Le diagnostic
différentiel se fait avec le déficit congénital en catalase, enzyme responsable de la décomposition du
peroxyde d’hydrogène. Cette affection rare se manifeste par des phénomènes de nécrose gingivale et
destruction de l’os alvéolaire.
Cliniquement, les maladies parodontales nécrosantes se caractérisent par une décapitation des papilles
gingivales par nécrose et ulcération avec un enduit pseudomembraneux et des gingivorragies
spontanées. Elles sont généralement associées à une halitose et à des douleurs intenses, résistantes aux
antalgiques. Elles empêchent les patients de maintenir une hygiène buccale rigoureuse et efficace.
Parfois, des signes généraux sont observés : altération de l’état général avec fièvre et adénopathies
cervicofaciales.
3.1. Diagnostic
Toute anomalie du parodonte de l’enfant, qui ne peut être expliquée par des facteurs locaux ou
physiologiques, peut être l’expression d’une maladie systémique et impose une démarche diagnostic
spécifique. Toute exfoliation spontanée, mobilité non physiologique doit conduire à des investigations
sur la santé générale de l’enfant. En effet, la détermination du diagnostic d’une maladie systémique et
sa prise en charge thérapeutique amélioreront souvent l’état parodontal.
Après un interrogatoire médical détaillé de l’enfant et des parents, l’examen parodontal du jeune
patient doit faire partie intégrante de son examen buccodentaire. Il se déroule en deux temps avec,
d’une part, l’observation globale de la cavité buccale de l’enfant, et, d’autre part, l’examen parodontal
proprement dit à l’aide des indices parodontaux simplifiés.
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3.2.1. Enregistrement des indices
Le premier indice à relever est l’indice de plaque bactérienne, qui permet une évaluation de l’hygiène
orale et de l’apprentissage du brossage. Chez l’enfant, l’indice d’O’Leary est le plus simple à utiliser à
l’aide de la sonde parodontale ou d’un révélateur de plaque.
Il permet de déterminer la présence de plaque supra gingivale, au niveau des 4 faces des dents, la
décision oui/non s’inscrit dans un schéma simple suivant la présence (+) ou l’absence (-) de la plaque
bactérienne. Cet indice est exprimé en pourcentage.
L’inflammation gingivale est évaluée par la mise en évidence d’un saignement lors du sondage. Puis,
elle est quantifiée grâce à l’indice gingival de référence d’Ainamo et Bay, le Gingival Bleeding Index
(GBI).
1 : saignement au sondage.
GBI = Nombre de sites avec saignement / nombre de site évalués x 100 = % de saignement.
L’évaluation des facteurs locaux est essentielle, car ils peuvent modifier le développement et la
progression des maladies parodontales. L’évaluation comprend l’observation des restaurations
dentaires (état de surface, situation anatomique du joint), des caries dentaires et des dispositifs
orthodontiques.
Le sondage parodontal est l’élément de diagnostique crucial. Il permet la mise en évidence d’une perte
d’attache, et de poche parodontale, signes pathognomoniques de la maladie parodontale. À l’aide
d’une sonde parodontale droite graduée, l’atteinte sélective du parodonte superficiel ou du parodonte
profond est objectivée. La recherche de la jonction amélocementaire par la sonde permet le diagnostic
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différentiel entre une perte d’attache et une « fausse » poche liée à une inflammation temporaire. En
effet, celle-ci est fréquente chez l’enfant, lors de l’éruption dentaire.
L’examen parodontal simplifié ou dépistage proposé par Clerehugh et Tugnait est rapide à réaliser sur
les six dents de référence (16, 11, 26, 36, 31, 46). Il relève la présence de saignement au sondage, de
tartre, des facteurs de rétention de plaque et des pertes d’attache. Il permet de dépister les patients qui
nécessitent un examen parodontal détaillé et une prise en charge thérapeutique plus complexe.
Tableau : Examen parodontal simplifié pour les enfants et adolescents et traitement nécessaire
d’après Clerehugh et Tugnait.
0 : Sain. - Aucun.
1 : Saignement. - ICP.
Dans le cas des parodontites agressives, même si l’atteinte parodontale se situe au niveau des
premières molaires et incisives permanentes, le sondage en bouche complète est nécessaire. Avec six
mesures par dent, il fait apparaître l’étendue et la sévérité de l’atteinte parodontale. Et il sert de
référence à l’évaluation de la thérapeutique mise en œuvre.
L’examen parodontal inclut une évaluation de la mobilité dentaire. Celle-ci doit être en relation avec la
mobilité physiologique des dents temporaires selon leur degré de rhizalyse et des dents permanentes
selon leur degré d’édification radiculaire.
L’examen du complexe muco gingival peut permettre le dépistage précoce de situations anatomiques à
risque (insuffisance ou absence de gencive attachée, insertion pathologique de freins).
Il est nécessaire d’évaluer les fonctions et plus particulièrement la respiration. Une respiration buccale
et une xérostomie sont fréquemment associées à une gingivite marginale, surtout au niveau du bloc
incisivo-canin maxillaire.
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outil de dépistage de référence en odontologie pédiatrique, permet de visualiser d’éventuelles lésions
parodontales. Elle est associée à des clichés rétrocoronaires sur lesquels les septa interdentaires et le
niveau de l’os crestal sont observés. Les radiographies rétroalvéolaires faites avec un angulateur des
régions incisives et molaires informent sur l’état osseux et peuvent servir de référence.
Une analyse microbiologique constitue un des examens complémentaires initiaux à réaliser chez un
enfant ou adolescent présentant une parodontite agressive. Elle permet de préciser la flore microbienne
pathogène et de suivre son évolution au cours du traitement. Pour les autres formes de pathologies
parodontales, son intérêt est plus limité.
3.4.2. Réévaluation
Une réévaluation parodontale est nécessaire à 8 à 12 semaines pour décider la suite du traitement.
Si le patient présente une hygiène satisfaisante, une absence de poche parodontale et de saignement au
sondage, celui-ci est orienté vers une phase de suivi. Quand une poche parodontale supérieure à 4 mm
persiste, accompagnée d’un saignement au sondage, un traitement complémentaire est préconisé.
- Les gingivectomies permettent de retrouver une anatomie gingivale favorable à un bon contrôle de
plaque et leurs Indications sont limitées.
- Les chirurgies d’assainissement prennent place dans le traitement des parodontites agressives lors de
la persistance de poches parodontales supérieures à 5 mm après réévaluation.
Il est également possible d’associer des techniques de régénération ou de comblement pour les lésions
intra-osseuses des parodontites agressives ou celles qui font suite à des traumatismes dento-
parodontaux, fréquents chez le sujet jeune.
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En denture temporaire, il est préférable d’extraire les dents n’ayant pas répondu à la thérapeutique non
chirurgicale.
L’orthodontie est primordiale dans le rétablissement d’une anatomie et d’une occlusion fonctionnelle.
Elle n’intervient qu’après les phases initiale et chirurgicale du traitement parodontal. Elle
s’accompagne d’un suivi régulier de l’enfant et d’un renforcement du contrôle de plaque.
Conclusion
La maladie parodontale chez l’enfant risque d’évoluer en parodontite sévère chez l’adulte. Il est donc
nécessaire d’identifier les enfants, les familles ou les populations les plus susceptibles à la maladie
parodontale, afin de les suivre régulièrement et de prévenir le développement et l’aggravation de la
pathologie parodontale.
Bibliographie
Volume1. 2015.
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