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Le roman gabonais a évolué significativement depuis ses modestes débuts en 1971 avec "Histoire d'un

enfant trouvé" de Robert Zotoumbat jusqu'à sa pleine maturité à partir de 1980 avec "Elonga" d'Angèle
Rawiri. Cette évolution a été soutenue par l'émergence de nouvelles institutions comme les maisons
d'édition locales et l'Union des écrivains gabonais en 1987. Contrairement à d'autres genres, le roman
gabonais est né de manière postcoloniale, sans influences missionnaires. Les débats sur la nature de
certaines œuvres, comme celle de Zotoumbat, entre roman et récit autobiographique, persistent encore
aujourd'hui.

Pendant une décennie après la publication de "Histoire d'un enfant trouvé", le paysage littéraire gabonais
était dominé par d'autres genres comme la poésie et le théâtre. Cependant, avec l'émergence du roman,
de nouveaux auteurs ont commencé à explorer des thèmes centrés sur le village, abordant des sujets tels
que la sorcellerie et la vie rurale.

La transition vers des thèmes urbains dans les années 1990 a été influencée par des événements
politiques majeurs, comme la Conférence nationale d'avril 1990. Les romans ont commencé à refléter les
inégalités sociales, l'injustice et la politique urbaine, marquant ainsi un changement dans le paysage
littéraire gabonais.

La présence féminine dans le roman gabonais a également apporté de nouvelles perspectives, abordant
des thèmes féministes et explorant des sujets tels que l'émancipation des femmes et la sexualité féminine.
Des auteures telles qu'Angèle Rawiri et Justine Mintsa ont contribué à cette évolution thématique.

Depuis 1992, le nombre d'auteurs et de publications a augmenté de manière significative, faisant du


roman le genre littéraire dominant dans la production gabonaise. Cette croissance témoigne de
l'importance croissante du roman dans la représentation et l'exploration de la société gabonaise
contemporaine.

La fable et la poesie
La tradition de la fable au Gabon trouve ses racines avec Monseigneur Jean-Jérôme Adam, connu pour
ses recueils de proverbes, devinettes et fables. Ses histoires, telles que "La première femme" et "La botte
de feuille", reflètent les traditions et coutumes des ethnies Ambédés et Mindoumous. Cette passion pour
la fable se transmet à des auteurs gabonais tels que Pierre Akendengué, Haubam Bidzo et Moïse Nkoghe-
Mvé.

Parallèlement, la poésie gabonaise émerge à la fin des années 1950, prenant un nouvel essor après
l'indépendance. Des figures comme Georges Damas Aléka et Henri Walker-Deemin marquent cette
période. Dans les années 1970, une nouvelle génération de poètes émerge, marquée par l'engagement et
la désillusion. Edgar Moundjégou, notamment, incarne cette poésie engagée, exprimant les luttes pour la
liberté et la désillusion face à la réalité africaine post-indépendance.

Toutefois, cette tendance révolutionnaire est contrebalancée par des poètes comme Georges Rawiri, qui
célèbrent la richesse culturelle gabonaise et appellent à l'unité nationale. La poésie gabonaise des années
1980 et 1990 continue dans cette lignée, explorant des thèmes d'amour, de nostalgie et d'identité
culturelle.
Finalement, les générations de poètes suivantes, telles que celle de Ferdinand Allogho-Oke, perpétuent
ces traditions poétiques, bien que des innovations thématiques puissent être notées, notamment dans
l'œuvre "Vitriol Bantu". En somme, la fable et la poésie gabonaises se distinguent par leur exploration des
traditions culturelles, leur engagement social et leur célébration de l'identité nationale.

La nouvelle
La nouvelle émerge au Gabon avant la fin de la Seconde Guerre mondiale, marquée par les premières
publications de Tsira Ndong Ndoutoume. Durant les années 1950 et 1960, une génération d'écrivains
inaugure véritablement ce genre littéraire, suivi par une autre génération dans les années 1970 et 1980.
Des revues comme Liaison et Réalités gabonaises ont favorisé le développement de la nouvelle en
fournissant un espace d'expression littéraire.

La production de nouvelles au Gabon, depuis les années 1950 jusqu'aux années 1970-1980, s'est
principalement réalisée à travers des revues, une tradition maintenue par la nouvelle génération
d'écrivains. Des auteurs tels que Ludovic Émane Obiang, Jean Divassa Nyama et Ferdinand Allogho-Oke
ont contribué à enrichir ce genre avec des publications variées.

Les premières œuvres littéraires gabonaises désignées explicitement comme des nouvelles datent des
années 1960 et 1970. La construction des nouvelles gabonaises suit généralement les règles du conte
traditionnel, avec une introduction, un récit et une morale, souvent accompagnée de proverbes.

Dans les années 1980, une rupture s'opère avec la fixation de la nouvelle comme un genre littéraire
autonome, marquant ainsi une évolution par rapport aux récits oraux traditionnels. Cette transition vers
une fiction plus élaborée annonce le développement ultérieur du roman dans la littérature gabonaise.

Le passage de la nouvelle au roman s'opère dans la continuité, avec des écrivains comme Paul-Vincent
Pounah annonçant cette évolution par des œuvres hybrides mêlant poèmes et essais, préparant ainsi le
terrain pour l'émergence du roman gabonais. En somme, la nouvelle gabonaise constitue un jalon
important dans l'évolution de la littérature du pays, annonçant des développements futurs dans le
domaine de la fiction narrative.

L’essai
La première génération des essayistes gabonais émerge dans les années 1950, comptant des figures telles
que Jean-Rémy Ayoune, Léon Mba, et Adrien Nguemah Ondo, qui se concentrent sur les coutumes et
croyances traditionnelles. Ils explorent également des thèmes ésotériques et initiatiques, satisfaisant ainsi
un intérêt pour le mysticisme.

Au fil du temps, de nouveaux thèmes émergent dans les essais gabonais, notamment l'exploration de
l'Afrique coloniale et les questions politiques contemporaines. Ces sujets reflètent l'évolution sociale et
politique du Gabon entre le discours de De Gaulle à Brazzaville en 1944 et l'indépendance en 1960.
Les essais de cette période abordent des sujets tels que l'africanisme, les valeurs traditionnelles africaines,
la gouvernance du Gabon, et les traditions orales des peuples locaux. Ces œuvres témoignent de l'intérêt
croissant de la jeunesse intellectuelle pour les enjeux sociaux et politiques.

Après une période de silence dans le domaine de l'essai, ce genre renaît avec des auteurs contemporains
tels que Luc Ngowet et Marc Mvé Bekale. Leurs œuvres, telles que "Petites misères et grand silence" et
"Gabon : la postcolonie en débat", explorent des thèmes culturels et politiques contemporains, apportant
ainsi une contribution significative à la littérature gabonaise moderne.

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