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L’interférence de Young à un photon : Une

démonstration expérimentale de la mécanique


quantique

Pierre-Alexandre Turgeon

Nous avons choisi d’examiner un phénomène qui est impossible, absolument impossible à expliquer de façon
classique et qui contient le coeur de la mécanique quantique. En réalité, il en contient même l’unique mystère.
Nous ne pouvons pas faire disparaître le mystère en « expliquant » pourquoi les choses sont ainsi. Nous vous
dirons seulement comment les choses se passent. Et, en vous le disant, nous vous aurons donné les
particularités fondamentales de toute la mécanique quantique.
— Richard Feynman, Traduit de l’anglais par B. Équer et P. Fleury

But

„ Observer expérimentalement une manifestation de la mécanique quantique ;


„ Mesurer le phénomène d’interférence d’un photon avec lui-même ;
„ Comparer l’interférence classique des ondes à celle quantique des particules.

Théorie

La lumière a longtemps été considérée comme une onde (Christiaan Huygens, 17e sièce),
puis comme une particule (Isaac Newton, 18e siècle), puis comme une onde (Thomas Young,
Augustin-Jean Fresnel, 19e siècle), puis comme une particule (Ablert Einstein, 20e siècle).
En effet, avec la découverte de l’effet photoélectrique pour lequel il obtint le prix Nobel de
physique (1921), Einstein venait de démontrer que la lumière était composée de particules,
les photons, qui transportaient un quanta d’énergie proportionnel à leur fréquence
Figure 2 Richard Feynman,
physicien américain né en
E = hν (1)
1918 et mort à l’âge de 69
ans. Il fut lauréat du prix
où h est la constante de Planck et ν la fréquence. Cette découverte mena la communauté Nobel de physique (1965)
pour ses travaux sur
scientifique à croire que la lumière pouvait à la fois se comporter comme une onde ET une l’électrodynamique
particule, un concept maintenant connu sous le nom de dualité onde-corpuscule. Ce concept quantique.
fut élargi à la matière en général par Louis de Broglie dans sa thèse en 1924. Il postula que

1
Figure 1 Représentation
simplifiée d’une expérience
d’interférence à deux fentes
dans le régime classique. Les
dimensions des objets ne sont
pas à l’échelle. L’image a été
réalisée grâce au logiciel libre
et gratuit Blender.

toute particule dotée d’une masse possédait une longueur d’onde (λ) qui était reliée à son
momentum (p) par

h
λ= (2)
p

Cette théorie lui valut d’ailleurs le prix Nobel de physique en 1929 pour la découverte de
la nature ondulatoire des électrons jusqu’alors considérés comme purement corpusculaires.

Interférence classique

Afin de mettre en contexte l’expérience d’aujourd’hui, il est intéressant de revenir aux


travaux de Thomas Young sur l’interférence des ondes. Sa plus célèbre expérience est repré-
sentée de façon caricaturale à la figure 1 et il s’agit d’une démonstration souvent réalisée dans
le cadre d’un cours préuniversitaire d’optique. On y voit une source lumineuse, une plaque
dans laquelle sont gravées deux fentes parallèles et un écran qui fait office de détecteur. Si la
lumière se propageait sous forme de particules ayant une trajectoire rectiligne, l’image pro-
jetée à l’écran ne serait que la forme des deux fentes. En réalité, l’image projetée à l’écran Figure 3 Louis Victor de
Broglie (prononcé de Breuil),
correspond plutôt à plusieurs lignes appelées franges d’interférence qui sont formées grâce
physicien français né en 1892
à l’interférence constructive et destructive des rayons lumineux. Afin de mieux comprendre et mort à l’âge de 94 ans. Il
l’origine de cette interférence, il faut s’intéresser au trajet parcouru par la lumière avant d’ar- fut lauréat du prix Nobel de
physique (1929) à l’âge de 37
river à l’écran. La figure 4 montre de façon schématisée l’interférence entre des fronts d’onde ans pour ses travaux sur la
qui émanent de deux fentes parallèles. Au panneau 4B), il est possible de voir que les parcours nature ondulatoire des
électrons.
r1 et r2 n’ont pas la même longueur, et donc qu’il est possible qu’un décalage se produise entre
les deux ondes. Ce décalage se manifeste en réalité sous la forme d’un déphasage qui peut
mener à une interférence constructive ou destructive des ondes lumineuses. Lorsque les ondes

2
Figure 4 A) Interférence
entre les fronts d’onde
A) B) émanant de deux fentes
parallèles. Lorsque les lignes
de la source S1 et de la source
S2 se croisent, les ondes sont
en phase et l’interférence est
r1 constructive. B) Différence de
parcours entre les rayons
y provenant des deux fentes
S1 lorsqu’ils arrivent sur l’écran.
r2
d θ
S0
S2

Figure 5 Approximation
des conditions d’interférence
dans le régime où l’espace
entre les fentes (d) est
beaucoup plus petit que la
distance entre les fentes et
l’écran.

θ
d

d sin θ

arrivent en phase, elles s’additionnent et l’intensité est maximale. Lorsque les ondes arrivent
hors phase, l’intensité est plus faible, voir nulle dans le cas où le déphasage correspond à la
moitié de la longueur d’onde (interférence destructive totale).
Pour connaître la différence de parcours (∆r = r1 − r2 ) entre les deux rayons, il est
possible d’approximer que ceux-ci se propagent de façon parallèle, c’est-à-dire que leur angle
par rapport à la normale du plan du détecteur (θ ) est le même. Cette approximation est valide
dans la mesure où la distance entre les fentes (d) est beaucoup plus petite que la distance
entre les fentes et l’écran (L). Ainsi, il est facile d’obtenir la différence de parcours entre les
rayons provenant des deux fentes (voir la figure 5) qu’on peut exprimer à l’aide de la relation
suivante

∆r = d sin θ (3)

Il ne reste alors qu’à appliquer les conditions d’interférence, de façon similaire à la loi

3
Figure 6 Patron d’intensité
pour une source lumineuse
passant à travers une fente
(gauche) et à travers 2 fentes
(droite).

−6 −4 −2 0 2 4 6 −6 −4 −2 0 2 4 6
Position (mm) Position (mm)

de Bragg en diffraction des rayons X. L’interférence constructive entre les deux rayons sera
maximale lorsque le déphasage entre les deux rayons sera égal à un multiple entier de la
longueur d’onde :

nλ = d sin θ (4)

où n est un entier positif supérieur à 0. L’interférence destructive aura lieu lorsque le


décalage sera égal à un multiple demi-entier de la longueur d’onde :

1
 ‹
n− λ = d sin θ (5)
2

Les équations d’optique géométrique permettent de dériver des expressions analytiques


qui décrivent la propagation de la lumière dans l’expérience des fentes de Young. La démons-
tration de ces équations ne sera pas réalisée ici et le lecteur est invité à se référer à un livre
d’optique (p. ex. Optics de Eugene Hecht [1]) pour plus de détails. La dépendance angulaire
de l’intensité lumineuse dans une expérience d’interférence à travers deux fentes parallèles
est donnée par :

‹2
sin α

I(θ ) = I0 (cos β)2 (6)
α
avec

πf πd
α= sin θ β= sin θ
λ λ

où f est la largeur des fentes, d l’espace entre les fentes et λ la longueur d’onde de la
lumière. À noter que l’équation 6 n’est pas définie pour θ = 0. Le paramètre I0 est relié à
l’intensité maximale mesurée au centre du patron d’interférence, mais sa valeur absolue n’est
pas importante puisqu’elle dépend d’une multitude de facteurs comme la puissance de la
source, la sensibilité du détecteur, son efficacité, etc.

4
x Figure 7 Description
classique de la probabilité
d’arrivée au détecteur pour
des projectiles (photons)
traversant une paire de
fentes.

1 P1

S
P(x)

2 P2

Le même genre d’équation peut être obtenu afin de déterminer le profil d’intensité qui
proviendrait d’un système à une seule fente

‹2
I0

sinα
I1 (θ ) = (7)
4 α

Avec les expressions 6 et 7, on peut facilement modéliser le profil d’une expérience d’in-
terférence de Young. La figure 6 représente d’ailleurs ces équations pour une expérience de
Young avec des paramètres f , d, L et λ arbitraires. Pour parvenir à les tracer, il faudra trans-
former la dépendance en θ en une dépendance sur la position au détecteur (il sera nécessaire
de dépoussiérer quelques notions de trigonométrie). Il faudra aussi porter une attention par-
ticulière au point θ = 0 puisqu’il y a une indétermination mathématique.

Interférence quantique

Dans son livre, Feynman introduit la mécanique quantique grâce à l’expérience suivante
[2]. Qu’advient-il si on réalise une expérience à deux fentes dans laquelle un seul photon est
émis à la fois ? Pour qu’un photon passe de la source jusqu’au détecteur, il doit forcément pas-
ser à travers les fentes. Et puisqu’il s’agit d’un photon, une particule élémentaire indivisible,
ce photon doit passer soit par la fente numéro 1, soit par la fente numéro 2. La probabilité de
frapper le détecteur pour un photon ayant passé par la fente numéro 1 est représentée par
la courbe P1 à la figure 7. De la même façon, la probabilité de frapper le détecteur pour un
photon ayant passé par la fente numéro 2 est décrite par la courbe P2 de la même figure.
Cependant, si on réalise réellement l’expérience en mesurant la position d’arrivée d’un
photon sur le détecteur et qu’on répète cette expérience plusieurs milliers de fois, on trouve
plutôt la distribution de probabilité représentée à la figure 8. Clairement :

P12 6= P1 + P2 (8)

5
x Figure 8 Description
quantique de la probabilité
d’arrivée au détecteur pour
des projectiles (photons)
traversant une paire de
fentes. Le patron
d’interférence est décrit par
P12 l’équation 6
1
S
P(x)

De plus, si l’expérience est répétée en bloquant l’une ou l’autre des fentes, on retrouve
les probabilités individuelles P1 et P2 de la figure 7. L’équation 8, même si elle semble tout
à fait anodine, remet en question la conception même d’un photon en tant que particule
élémentaire. Pour mettre encore plus d’emphase sur ce mystère, ce genre d’expérience peut
être réalisé avec d’autres particules que les photons. À la fin des années 80, une équipe de
chercheurs japonais a réussi à démontrer l’interférence quantique pour les électrons [3]. Leurs
résultats sont illustrés à la figure 9 où l’on peut voir qu’au fur et à mesure de leur arrivée
sur le détecteur, les électrons forment le patron d’interférence décrit précédemment dans ce
document.
Plus récemment, des expériences similaires ont réussi à démontrer l’existence de l’inter-
férence quantique pour des molécules de C60 [4] et même pour une molécule de plus de 800
atomes [5]. Le concept de dualité onde-particule développée par de Broglie s’applique donc
à des objets beaucoup plus gros qu’un électron ou un atome.
Même si plusieurs scientifiques ont essayé, il n’y a aucune façon de décrire les résultats de
la figure 9 à partir des trajectoires individuelles des particules. En pratique, il est impossible
de prévoir où arrivera la particule après être passée à travers les fentes, ni même de dire par
où elle est passée après l’avoir observée. Il est seulement possible de prédire la probabilité
qu’elle arrive à un point précis, et cette probabilité est régie par les mêmes lois que les ondes.
D’autre part, on sait que l’électron ou le photon sont des entités indivisibles puisqu’on les
détecte comme des particules avec un point d’arrivée bien défini. Cependant, le fait que l’in-
terférence soit observée même en présence d’un seul photon (ou électron) signifie en quelque
sorte qu’il interfère avec lui-même. Ces constatations contradictoires (pour ne pas dire ésoté-
riques) devraient certainement susciter en vous un questionnement, et c’est tout à fait normal.
Par cette simple expérience, on se rend compte que la mécanique quantique est une science
probabiliste qui ne permet pas de faire de prédiction sur le comportement d’une particule
ou d’une molécule individuelle. Elle permet seulement de donner la probabilité qu’un évène-
ment se produise. La mécanique quantique nous force à accepter que, même si c’est contraire
à l’esprit scientifique, il est absolument impossible de prédire le résultat d’une expérience et Figure 9 Nombre
d’électrons ayant traversés les
qu’il en sera toujours ainsi. C’est de cette façon que la nature fonctionne. doubles-fentes : a) 10, b)
100, c) 3000, d) 20 000, e)
70 000. Image tirée de [3]

6
Fente Doubles Fente de Fente du Figure 10 Schéma du
d'entrée fentes blocage détecteur montage expérimental
d’interférence à un photon.

Source PMT

Micromètre Micromètre

Remarque mathématique

En réalité, il est possible de décrire mathématiquement la probabilité P12 à partir des


probabilités de passer par la fente 1 et 2. Il s’agit en fait d’attribuer à chacune des fentes une
amplitude de probabilité (φ) définie comme un nombre complexe. Par définition, le module
au carré de l’amplitude de probabilité est égal à la probabilité. Dans le déroulement du cours
de chimie quantique, cette amplitude de probabilité pourra être reliée au concept de fonction
d’onde.
Par définition :
|φ|2 = φ φ̄ = P (9)

où φ̄ est le conjugué de φ. Par extension

P12 = |φ1 + φ2 |2 (10)

Méthode expérimentale

Description sommaire de l’appareil

L’expérience d’aujourd’hui sera réalisée sur un montage expérimental (figure 10) déve-
loppé par la compagnie TeachSpin [6]. Les différentes composantes du montage seront pas-
sées en revue afin de comprendre leurs rôles respectifs.

La source

Deux sources lumineuses seront utilisées pour l’expérience d’interférence. La première


partie de l’expérience se déroulera avec une diode laser qui émet une longueur d’onde de
670 nm. Cette source est similaire à un pointeur laser de faible intensité et elle servira à établir
le patron d’interférence à deux fentes dans le régime classique. Une ampoule incandescente
munie d’un filtre qui ne laisse passer que la lumière verte à 546 nm (±10 nm) servira pour
les patrons d’interférence quantique à un photon.

7
Photocathode Anode Figure 11 Schéma
simplifié d’un tube
Photon photomultiplicateur.

Électron Dynode

La fente d’entrée

La fente d’entrée est située en aval de la source. Elle sert à ne sélectionner qu’une petite
portion du faisceau de lumière.

Les fentes d’interférence (doubles fentes)

Les fentes d’interférence sont deux fentes parallèles d’une largeur de 90 microns. Ces
fentes sont séparées par une distance de 406 microns (vérifier auprès de votre démonstrateur
puisque différents espacements de fentes sont disponibles).

La fente de blocage (mobile)

La fente de blocage est une fente de 2 mm de largeur qui peut se déplacer de façon trans-
versale par rapport au faisceau de lumière. Elle peut servir à bloquer la lumière provenant
d’une des deux fentes, des deux fentes simultanément ou encore être positionnée de façon
à laisser passer la lumière des deux fentes. Le déplacement de la fente s’effectue à l’aide
d’un micromètre. Assurez-vous auprès de votre démonstrateur de bien comprendre comment
prendre une lecture de position.

La fente du détecteur (mobile)

Cette fente d’une largeur de 90 microns laisse passer une petite portion de la lumière
jusqu’au détecteur. En balayant cette fente et en suivant l’intensité mesurée par le détecteur,
il est possible de tracer le patron d’interférence.

Le tube photomultiplicateur

Un tube photomultiplicateur (souvent abrégé PMT, de l’anglais photomultiplier tube) est


un type de détecteur extrêmement sensible à la lumière visible, infrarouge et ultraviolette. Il
s’agit d’un petit tube de verre qui contient une photocathode, une série de dynodes, puis une
anode, tel que représenté à la figure 11. Le fonctionnement de ce type de détecteur repose
sur deux effets fondamentaux : l’effet photoélectrique et l’émission secondaire électronique.
Dans un premier temps, un photon incident parvient jusqu’à la photocathode qui est main-
tenue à un potentiel hautement négatif (généralement de l’ordre de 1000V ou plus). La pho-

8
Figure 12 Module
d’amplification du tube
photomultiplicateur.

tocathode est faite d’un matériau dont la fonction de travail est très faible, de telle sorte qu’un
photon incident parviendra à éjecter un électron de celle-ci.
La série de dynodes qui suivent la photocathode sont maintenues à des potentiels de
moins en moins négatifs jusqu’à l’anode qui est maintenue à un potentiel près de celui de
la terre (ground). L’électron éjecté de la photocathode sera donc accéléré vers la première
dynode, puis en entrant en contact avec elle, il émettra plusieurs autres électrons (appelés
électrons secondaires) qui seront accélérés vers la deuxième dynode et ainsi de suite. À la
fin du parcours, le photon incident aura généré plus d’un million d’électrons secondaires qui
seront mesurés à l’anode.
Puisque les photomultiplicateurs sont si sensibles, ils doivent être manipulés avec soin. En
effet, il est primordial de ne pas les exposer à la lumière ambiante lorsqu’ils sont sous tension.
Le système d’interférence à deux fentes est muni d’une alarme qui avertira l’utilisateur lorsque
le tube photomultiplicateur est exposé à la lumière ambiante.
Dans l’expérience d’aujourd’hui, le tube photomultiplicateur est situé dans le module
d’amplification qui est illustré à la figure 12. Le tube photomultiplicateur est protégé par
un volet (traduction libre de shutter) qui est relié au fil de la photodiode sur le dessus du
module. Ce fil pénètre dans une tige de plastique noir qui peut être tirée vers le haut pour
laisser passer la lumière jusqu’au tube photomultiplicateur. Lorsque cette tige est abaissée, le
photomultiplicateur est isolé du reste de l’appareil. Lorsqu’on manipule le volet, il est bien
important de tirer sur la tige et non sur le fil.

La photodiode

La photodiode permettra de détecter la lumière émise par la diode laser afin d’établir le
patron d’inerférence dans le régime classique. Les photodiodes sont des détecteurs de photons
construits à base de semi-conducteurs, généralement du silicium ou du germanium et elles

9
Figure 13 Voltmètres
servant à la mesure de
Compteur de pulses l’intensité lumineuse par la
photodiode (Vphotodiode ), à la
mesure de la tension sur le
tube photomultiplicateur
(VPMT ) et module pour le
comptage de photons.
VPMT

VPhotodiode

Tableau 1 Caractéristiques de l’appareil d’interférence à deux fentes.

Mesure Valeur
Distance entre la source et la fente de détection 1m
Distance entre les fentes d’interférence et la fente de détection 0.5 m
Largeur des fentes de la source et du détecteur 90 µm
Largeur des fentes d’interférence 90 µm
Séparation des fentes d’interférence (centre à centre) 406 µm
Longueur d’onde du filtre pour l’ampoule incandescente 546 ± 10 nm
Longueur d’onde de la diode laser 670 nm

permettent de convertir un flux de photons en courant électrique. Ce détecteur est situé sur le
volet du photomultiplicateur. Lorsque le volet est en position fermé, la photodiode se trouve
dans le parcours optique.

Module d’amplification

Le module d’amplification permet de lire les signaux produits par la photodiode et le tube
photomultiplicateur. Il renferme la source de tension pour le tube photomultiplicateur qui
est contrôlé à l’aide du cadran HIGH VOLTAGE situé sur la face du module. Afin de ne pas
appliquer une trop grande tension sur le tube, il est important de suivre la tension appliquée
à l’aide du voltmètre connecté aux bornes monitor (VPMT à la figure 13). Plus de détails seront
donnés dans la procédure expérimentale.

10
Manipulations

Lorsqu’il est nécessaire d’ouvrir le canal de l’appareil, il est primordial de s’assurer que le
volet du photomultiplicateur est en position fermée, que le cadran qui contrôle le voltage
B appliqué sur le tube photomultiplicateur est à 0 et que son l’interrupteur est en position
fermé. Ne pas respecter ces consignes pourrait endommager le tube photomultiplicateur
de façon irréversible.

Préparation

A. Localiser les quatre verrous situés le long du canal et les placer en position ouverte en
les faisant pivoter de 90 degrés comme à la figure 14. Pour remettre les verrous en position
fermé, il faut les soulever légèrement avant de les faire pivoter.
B. Ouvrir le canal et déposer le couvercle (face extérieure) sur le comptoir.
Figure 14 Verrous du canal
C. Localiser la source laser aimantée (figure 15) et la déplacer de façon latérale sur l’aimant optique

jusqu’à ce qu’elle soit en contact avec la butée.


D. Localiser l’interrupteur LASER/OFF/BULB situé sur le côté du canal (figure 16) et le placer
en position LASER. Attention, le laser va entrer en fonction, il faut éviter tout contact avec
l’oeil.
E. Vérifier ensuite que le laser parvient jusqu’à la fente d’entrée et s’assurer que le centre du
faisceau corresponde approximativement au centre de la fente. Pour faciliter les étapes qui
impliquent de visualiser le faisceau laser, des cartes blanches sont disponibles afin de les placer
dans le parcours optique. Si la carte est placée immédiatement après la fente d’entrée, une Figure 15 Source laser
ligne rouge brillante devrait être visible. Si le laser ne parvient pas jusqu’à la fente d’entrée,
il sera nécessaire d’optimiser sa position sur la base aimantée.
F. En déplaçant la carte plus près des fentes d’interférence, vérifier que la fente d’entrée pro-
duit un patron de diffraction similaire à celui observé sur la figure 17.
G. Localiser les fentes d’interférence et s’assurer que le motif central du patron de diffraction
de la fente d’entrée frappe (approximativement) au milieu des fentes d’interférence (voir la
figure 18). Une carte placée immédiatement après les fentes d’interférence devrait permettre
de voir deux lignes parallèles séparées par environ un demi-millimètre (panneau A de la figure Figure 16 Interrupteur du
19). laser

H. Localiser la fente de blocage située immédiatement en aval des fentes d’interférence. La


fente de blocage est contrôlée à l’aide du micromètre situé sur le côté du canal. Il faut prendre
en note 4 positions de la fente qui seront utiles pour le reste de l’expérience.
„ Position 1 : La fente de blocage laisse passer toute la lumière qui émerge des fentes
d’interférence (figure 19 A) ;
„ Position 2 : La fente de blocage bloque entièrement la lumière qui émerge des fentes
d’interférence ;
„ Position 3 : La fente de blocage obstrue seulement la lumière qui provient de la fente Figure 17 Patron de
d’interférence de gauche (figure 19 B) ; diffraction de la fente
d’entrée.

11
„ Position 4 : La fente de blocage obstrue seulement la lumière qui provient de la fente
d’interférence de droite.
I. Replacer la fente de blocage de façon à laisser passer l’ensemble de la lumière qui émerge
des deux fentes d’interférence. Placer une carte blanche immédiatement avant la fente du
détecteur et s’assurer que le patron d’interférence correspond à celui de la figure 20. Essayer
ensuite de bloquer l’une des deux fentes. Qu’arrive-t-il au patron d’interférence ?
J. Repositionner la fente de blocage de manière à laisser passer l’ensemble de la lumière et
retirer la carte blanche du parcours optique. Afin de vérifier le fonctionnement de la photo- Figure 18 Faisceau laser
centré sur les fentes
diode, déplacer légèrement la fente du détecteur et regarder si cela engendre un changement d’interférence.
dans le potentiel mesuré à l’aide du voltmètre approprié (voir figure 13). Placer la fente du
détecteur de façon à maximiser la valeur lue sur le voltmètre (c’est-à-dire, placer la fente du A B
détecteur sur la frange centrale du patron d’interférence).
K. L’appareil est maintenant prêt pour les mesures expérimentales. Refermer le couvercle et
repositionner les quatre verrous.

Mesure du patron d’interférence dans le régime classique

A. S’assurer d’effectuer la préparation décrite précédemment. Figure 19 Lumière qui


émerge des deux fentes
B. Trouver le maximum d’intensité de lumière parvenant à la photodiode en balayant la fente d’interférence (A), puis avec
une fente obstruée (B).
du détecteur et prendre en note la valeur et la position.
C. Ammener la fente de blocage à la position préalablement déterminée qui permet de bloquer
l’ensemble de la lumière qui émerge des fentes d’interférence. L’intensité lumineuse mesurée
sur la photodiode sera le "zéro", c’est-à-dire le signal lorsqu’aucune lumière ne parvient au
détecteur. Prendre en note la valeur et remettre la fente de blocage dans sa position normale.
D. Chercher ensuite à déterminer la position d’un maximum d’intensité adjacent et noter sa
position. Cette position est-elle en accord avec les calculs que vous avez effectués dans votre
prélaboratoire.
Figure 20 Patron
E. Continuer à balayer la fente du détecteur dans la même direction jusqu’à ce que l’intensité d’interférence lorsque
lumineuse soit très faible et ne varie plus beaucoup. Ce sera le point de départ pour prendre visualisé immédiatement en
amont de la fente de
le patron d’interférence. détection.
F. Prendre en note la valeur d’intensité lumineuse et la position du micromètre dans un fichier
Excel (ou autre). Déplacer la fente du détecteur de 50 µm (dans la direction opposée à celle
de l’étape E), prendre à nouveau en note la valeur de l’intensité lumineuse et la position
du micromètre. Répéter cette étape jusqu’à ce que toutes les franges d’interférence aient été
observées. Il est primordial de tracer les données au fur et à mesure afin de visualiser le patron
d’interférence en temps réel.
H. Retourner ensuite à la frange centrale du patron d’interférence et observer l’intensité me-
surée. Introduire la fente de blocage dans le parcours optique afin de bloquer l’une des deux
fentes d’interférence. Qu’advient-il de l’intensité lumineuse ? (Prendre en note la valeur)
I. Retirer la fente de blocage, placer la fente du détecteur sur le minimum d’intensité adjacent
à la frange centrale et observer l’intensité lumineuse. Bloquer ensuite l’une des deux fentes

12
Figure 23 Module de
comptage de pulses du
photomultiplicateur

d’interférence. Qu’advient-il de l’intensité lumineuse ? (Prendre en note la valeur)


K. Faire les mêmes étapes qu’en F, mais avec une fente bloquée. Comparer le patron mesuré
au patron d’interférence mesuré en F.
L. Retirer la fente de blocage du parcours, mettre la fente du détecteur sur la frange d’inter-
férence centrale et éteindre le laser à l’aide de l’interrupteur (figure 16).

Mesure du patron d’interférence dans le régime à un photon

A. Ouvrir le canal et déplacer le laser de manière à le retirer du parcours optique. Allumer


l’ampoule en mettant l’interrupteur en position BULB et en réglant le cadran à 5. En plaçant
la carte blanche, s’assurer qu’une lumière de couleur verte est émise de la source comme à la
figure 21 (la lumière sera de très faible intensité).
B. Fermer tout d’abord le canal et ouvrir le volet du tube photomultiplicateur en tirant sur la
tige de plastique noire sur le dessus du module d’amplification.
C. Mettre l’interrupteur du photomultiplicateur en position ON (section PHOTOMULTIPLIER
sur le panneau du module d’amplification représenté à la figure 12). Tourner le cadran HIGH
VOLTAGE et observer la tension augmenter sur le voltmètre connecté aux bornes MONITOR.
La tension indiquée doit être multipliée par 1000 pour obtenir la valeur appliquée sur le tube
photomultiplicateur. Si la valeur de tension ne varie pas avec la rotation du cadran, demander
de l’aide au démonstrateur. Figure 21 Lumière de
l’ampoule incandescente qui
D. Augmenter la valeur de tension jusqu’à environ 650V (0,650 V sur le voltmètre). À partir passe à travers le filtre
optique.
de ce moment, des photons devraient être détectés par le tube photomultiplicateur et un pic
devrait être visible sur l’oscilloscope (figure 22). Prendre en note la largeur approximative du
pic d’arrivée des photons sur le détecteur. Quelle est la durée de ce pic ?
E. Le module PULSE COUNTER représenté à la figure 23 permettra de compter combien
de photons parviennent jusqu’au tube photomultiplicateur. Le cadran DISCRIMINATOR TRE-
SHOLD permet de régler le seuil minimum pour qu’un pulse soit compté. Le cadran GATE (s)
permet de régler le temps pendant lequel le module comptera les pulses avant d’afficher la
valeur. Finalement, le cadran REP RATE permettra de fixer le temps entre deux mesures consé-
cutives. Pour réaliser les tests préliminaires, l’interrupteur devrait être en position AUTO, le
cadran REP RATE à environ la moitié de sa valeur maximale et le cadran GATE (s) en position
1.0. Figure 22 Pic
correspondant à la détection
F. Augmenter graduellement la tension sur le tube photomultiplicateur pour atteindre environ de photons sur l’oscilloscope.

13
900 V (0,900 V sur le voltmètre). À cette tension, plusieurs milliers de pulses devraient être
comptés sur le module. Observer pendant quelques secondes le nombre de pulses affiché sur
le module. Cette valeur devrait varier sensiblement d’une répétition à l’autre. Quelle est la
nature de ces fluctuations ?
H. Introduire la fente de blocage de façon à obstruer les deux fentes. Prendre en note 10
mesures consécutives du nombre de photons dans cette configuration. Cette mesure corres-
pondra au zéro pour le reste de l’expérience. Retirer ensuite la fente de blocage du parcours
optique.
I. La mesure du patron d’interférence dans le régime quantique sera fera grâce à un logiciel
qui prendra en note les valeurs affichées sur le compteur de pulses. Placer tout d’abord la fente
du détecteur au-delà des franges d’interférence (il est conseillé de commencer l’expérience à
la plus petite position et de procéder par incrément positif plutôt que l’inverse). Prendre la
valeur initiale de position en note et l’entrer dans le logiciel en s’assurant que l’incrément de
position du logiciel corresponde à celui qui sera utilisé dans l’expérience. Pour accélérer les
mesures, le cadran REP RATE doit être placé à sa position maximale. Le paramètre nombre de
répétitions devrait être à 10 mesures pour permettre d’obtenir une bonne statistique.
J. Lorsque tout est prêt, cliquer sur Nouvelle mesure et laisser le logiciel prendre les 10 mesures
consécutives. Le point expérimental (moyenne/écart-type) ainsi que les mesures individuelles
s’afficheront à l’écran. Déplacer ensuite le micromètre du bon incrément et répéter jusqu’à ce
que le patron d’interférence soit obtenu en entier. Le logiciel prendra soin d’écrire lui-même
les valeurs de position, inutile de les entrer manuellement à chaque fois.
K. Prendre à nouveau un patron d’interférence avec une fente bloquée.
L. À la fin de l’expérience, retirer la fente de blocage du parcours optique, ramener la fente du
détetecteur au centre, mettre la tension du tube photomultiplicateur à 0, fermer l’interrupteur
du tube photomultiplicateur, fermer le volet du tube et éteindre l’ampoule incandescente.

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Références

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2. FEYNMAN, R. P. ; LEIGHTON, R. B. ; SANDS, M. L., The Feynman lectures on physics ; Addison-
Wesley Pub. Co. : Reading, Mass., 1963.
3. TONOMURA, a. ; ENDO, J. ; MATSUDA, T. ; KAWASAKI, T. ; EZAWA, H. Demonstration of
single-electron buildup of an interference pattern. American Journal of Physics 1989, 57,
117–120.
4. ARNDT, M. ; NAIRZ, O. ; VOS-ANDREAE, J. ; KELLER, C. ; van der ZOUW, G. ; ZEILINGER, A.
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5. EIBENBERGER, S. ; GERLICH, S. ; ARNDT, M. ; MAYOR, M. ; TÜXEN, J. Matter–wave interfe-
rence of particles selected from a molecular library with masses exceeding 10 000 amu.
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6. Two-Slit Interference, One Photon at a Time. ; TeachSpin, Inc., 2013.

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