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La communication peut se limiter à cet écart. Elle peut aller au-delà en l’appliquant
aux capitaux employés en début d’exercice pour mesurer la création de valeur sur
l’exercice : celle-ci est alors exprimée en euro et non plus en pourcentage. Cette
mesure de la création de valeur a été popularisée sous le nom d’EVA (Economic Value
Added) par le cabinet Stern Stewart & Co ou de profit économique par d’autres.
1 Voir le Chapitre 20. Le coût du capital est le coût moyen des ressources financières (capitaux propres et
endettement) mises à la disposition de l’entreprise par les actionnaires et les prêteurs. C’est donc le taux de
rentabilité minimum qu’elle doit dégager sur son actif économique pour satisfaire les exigences de rentabilité de ses
pourvoyeurs de fonds.
Le lecteur aura bien compris qu’à la notion de valeur telle que nous l’avons définie
correspondait parfaitement l’outil de la valeur actuelle nette. On verra que faire de
la finance d’entreprise c’est être perpétuellement à la recherche de la valeur actuelle
nette d’un investissement, d’un projet, d’une entreprise, d’une source de financement…
Il va de soi qu’en matière d’allocation des ressources on n’investira que lorsque la
valeur actuelle nette sera positive, donc lorsque la valeur de marché sera inférieure à
la valeur actuelle. La valeur actuelle nette traduit la création ou la destruction
de valeur dégagée par l’allocation de ressources de l’entreprise. On aura
donc une recherche permanente, d’une part, des flux financiers que l’on essaiera de
prévoir (tout en appréhendant le risque de ces prévisions) et, d’autre part, du taux de
rentabilité exigé (k) par les pourvoyeurs de fonds de l’entreprise.
où Re est le taux de rentabilité économique comptable après impôt, k est le coût moyen
pondéré du capital.
Une entreprise peut être tentée de maximiser son EVA une année au détriment des
EVA futures en sous-investissant ou en réduisant artificiellement son BFR. De façon
générale, il est très difficile de trouver un indicateur annuel qui soit le garant de la
création de la valeur d’une entreprise : seule la valeur actuelle de l’ensemble des flux
futurs peut rendre compte de la capacité de l’entreprise à créer de la valeur dans la
durée.
Pour l’entreprise cotée, la création de valeur boursière (Market Value Added ou MVA
en anglais), correspond à :
En l’absence d’information sur la valeur de la dette on suppose que celle-ci est égale
à son montant comptable, l’équation se simplifie alors et devient :
La MVA, ou plutôt la variation de MVA, est un critère plus pertinent que la seule
évolution du cours de Bourse puisqu’il met en regard l’augmentation de valeur et les
capitaux investis pour y parvenir.
Cependant la MVA présente la faiblesse, aux yeux de ceux qui ne croient pas à
l’efficience des marchés, de reposer sur des valeurs boursières souvent volatiles. Mais
c’est le prix du marché !
Les marchés n’étant pas toujours à l’équilibre, il n’y a pas de liens automatiques
entre création de valeur intrinsèque et création de valeur boursière, en particulier en
période de krach (ou de boom) quand une entreprise peut gagner plus (moins) que son
coût du capital et pourtant avoir une valeur boursière de son actif économique qui
s’effondre (explose).
Considérons ainsi l’entreprise A dont le PER, compte tenu de son risque, de ses
perspectives de rentabilité et de croissance, est de 20 ; son bénéfice net est de 50. Soit
l’entreprise B dont la valeur des capitaux propres est de 450 avec un bénéfice net de
30, d’où un PER de 15. A décide d’acheter le contrôle de B en payant une prime de 33
% par rapport à la valeur de B, soit 600 au total. A se finance entièrement par
endettement à un coût de 3 % après impôt. A et B sont correctement évaluées compte
tenu de leur risque. Les synergies industrielles et commerciales permettant
d’augmenter le bénéfice du nouveau groupe sont inexistantes et il n’y a pas
d’amortissement/dépréciation de la survaleur2.
2 Voir Chapitre 6.
soit une valeur de l’entreprise de 35/10 % = 350 (+ 150), pour une rentabilité
économique de 35/200 = 17,5 %.
La valeur de l’actif économique s’est accrue d’un montant supérieur aux fonds
engagés (150 contre 100) car l’entreprise a investi dans un projet dont la rentabilité est
supérieure au taux exigé par les pourvoyeurs de fonds. De la valeur a été créée. Il fallait
donc investir. Cependant la rentabilité économique a baissé de 20 % à 17,5 %, ce qui
prouve que ce critère n’est pas pertinent.
3 Nous supposons que les investissements projetés dégagent une rentabilité à l’infini, afin de simplifier les calculs
d’actualisation.