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DER de Physique – FST-USTTB

Cours : Magnétostatique et Electrocinétique en régimes variables


1ère Année Licence L1 –Semestre S2
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Chapitre 5. Energie magnétique

5.1. Energie magnétique de circuits filiformes

5.1.1. Cas d’un circuit filiforme unique

Soit un circuit (C) de résistance R, d'inductance propre L, monté aux bornes d'un
générateur de force électromotrice f-é-m E (figure ci-dessous).

Figure 5.1. Circuit (C) monté aux bornes d’un générateur de f-é-m E.
À l’instant t = 0, on ferme l’interrupteur K. Le phénomène d’auto-induction se
manifeste dans le circuit (C) et se traduit par l’apparition d’une f-é-m induite e
aux bornes de la bobine. Cette f-é-m induite e est donnée par la loi de Faraday :

𝒅𝒊(𝒕)
𝒆(𝒕) = −𝑳 (𝑬𝒒. 𝟓. 𝟏. )
𝒅𝒕
L’application de la loi des mailles au circuit permet d’écrire la relation suivante :
𝒅𝒊(𝒕)
𝑬−𝑳 = 𝑹𝒊(𝒕) (𝑬𝒒. 𝟓. 𝟐. 𝒂)
𝒅𝒕
Soit :
𝒅𝒊(𝒕)
𝑳 + 𝑹𝒊(𝒕) = 𝑬 (𝑬𝒒. 𝟓. 𝟐. 𝒃)
𝒅𝒕
En multipliant par i(t)dt les membres de cette égalité et en l’intégrant entre les
instants 0 et t (de 0 à I pour le courant), on obtient :
𝒕 𝒕 𝑰
𝟐 (𝒕)𝒅𝒕
∫ 𝑬 𝒊(𝒕)𝒅𝒕 = ∫ 𝑹 𝒊 + ∫ 𝑳 𝒊(𝒕)𝒅𝒊(𝒕) (𝑬𝒒. 𝟓. 𝟑. )
𝟎 𝟎 𝟎

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𝑡
Le terme ∫0 𝐸 𝑖(𝑡)𝑑𝑡 représente le travail fourni par le générateur :
𝑡
Le terme ∫0 𝑅 𝑖 2 (𝑡)𝑑𝑡 représente l’énergie dissipée par effet Joule dans le
circuit ;
𝐼 1
Le terme ∫0 𝐿 𝑖(𝑡)𝑑𝑖(𝑡) est égal à 𝐿𝐼 2 , représente l’énergie magnétique
2
emmagasinée dans le circuit.

On définit l'énergie magnétique emmagasinée 𝑊𝑚𝑒𝑚 par le circuit par :


𝟏 𝟐 𝟏
𝑾𝒎𝒆𝒎 = 𝑳𝑰 = 𝝓𝑰 (𝑬𝒒. 𝟓. 𝟒. )
𝟐 𝟐
Avec : 𝜙 = 𝐿𝐼, le flux magnétique.
L’énergie magnétique emmagasinée est positive. Stockée dans la bobine, elle
peut être récupérée : en effet si on annule la f-é-m E du générateur, l’intensité i
du courant va décroître jusqu’à s’annuler. L’équation différentielle qui régit
𝑑𝑖(𝑡)
l’évolution du courant est donnée par : 𝐿 + 𝑅𝑖(𝑡) = 0, dont la solution
𝑑𝑡
𝑅
correspondant aux conditions initiales (i(0) = I) est : 𝑖(𝑡) = 𝐼𝑒 − 𝐿 𝑡 .

5.1.2. Cas de deux circuits filiformes couplés


On reprend l’expérience précédente dans le cas de deux circuits couplés (C1) et
(C2) respectivement d’inductances propres L1 et L2 ; de résistances R1 et R2 ; de
force électromotrices f-é-m E1 et E2 et d’inductance mutuelle M (M12 = M21).
Soient i1(t) et i2(t) les intensités du courant dans les deux circuits à l’instant t.

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Figure 5.2. Deux circuits (C1) et (C2) couplés aux bornes de deux générateurs
de f-é-m respectives E1 et E2.
Supposons, qu'à l’instant t = 0, i1(0) = i2(0) = 0. Les équations différentielles
permettant de calculer i1(t) et i2(t), en régime lentement variable, sont :
𝒅𝒊𝟏 (𝒕) 𝒅𝒊𝟐 (𝒕)
𝑬𝟏 = 𝑹𝟏 𝒊𝟏 (𝒕) + 𝑳𝟏 +𝑴 (𝑬𝒒. 𝟓. 𝟓𝒂)
𝒅𝒕 𝒅𝒕
𝒅𝒊𝟐 (𝒕) 𝒅𝒊𝟏 (𝒕)
𝑬𝟐 = 𝑹𝟐 𝒊𝟐 (𝒕) + 𝑳𝟐 +𝑴 (𝑬𝒒. 𝟓. 𝟓𝒃)
𝒅𝒕 𝒅𝒕
En multipliant la première équation par i1(t) dt, la seconde par i2(t) dt, puis en
ajoutant membre à membre et en intégrant entre les instants 0 et t (de 0 à I1, I2
pour les courants), on obtient :
𝒕 𝒕 𝒕
∫ (𝑬𝟏 𝒊𝟏 (𝒕)𝒅𝒕 + 𝑬𝟐 𝒊𝟐 (𝒕)𝒅𝒕) = ∫ 𝑹𝟏 𝒊𝟐𝟏 (𝒕) 𝒅𝒕 + ∫ 𝑹𝟐 𝒊𝟐𝟐 (𝒕) 𝒅𝒕
𝟎 𝟎 𝟎

𝑰𝟏 𝑰𝟐
+ ∫ 𝑳𝟏 𝒊𝟏 (𝒕) 𝒅𝒊𝟏 (𝒕) + ∫ 𝑳𝟐 𝒊𝟐 (𝒕) 𝒅𝒊𝟐 (𝒕)
𝟎 𝟎

𝒊𝟏 = 𝑰𝟏 ; 𝒊𝟐 = 𝑰𝟐
+∫ 𝑴𝒅(𝒊𝟏 (𝒕)𝒊𝟐 (𝒕)) (𝑬𝒒. 𝟓. 𝟔)
𝟎

L’énergie magnétique totale emmagasinée par les circuits est donnée par :
𝟏 𝟏
𝑾𝒎𝒆𝒎 = 𝑳𝟏 𝑰𝟐𝟏 + 𝑳𝟐 𝑰𝟐𝟐 + 𝑴𝑰𝟏 𝑰𝟐 (𝑬𝒒. 𝟓. 𝟕. )
𝟐 𝟐
Les flux magnétiques ϕ1 et ϕ2 traversant respectivement les circuits (C1) et (C2)
sont : 𝜙1 = 𝐿1 𝐼1 + 𝑀𝐼2 et 𝜙2 = 𝐿2 𝐼2 + 𝑀𝐼1 .

L’énergie magnétique emmagasinée dans les deux circuits peut s’écrire :


𝟏
𝑾𝒎𝒆𝒎 = (𝑰 𝝓 + 𝑰𝟐 𝝓𝟐 ) (𝑬𝒒. 𝟓. 𝟖. )
𝟐 𝟏 𝟏
5.1.3. Généralisation des circuits filiformes

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Dans le cas de n circuits filiformes, parcourus par des courants I1, I2..., In,
l'énergie magnétostatique totale est donnée par la généralisation de l’équation de
l’énergie magnétique emmagasinée dans deux circuits couplés (Eq.5.8.) :
𝒏
𝟏
𝑾𝒎𝒆𝒎 = ∑ 𝑰𝒊 𝝓𝒊 (𝑬𝒒. 𝟓. 𝟗. )
𝟐
𝒊=𝟏

5.2. Energie magnétostatique


5.2.1. Energie magnétostatique d’une distribution de courants
Soit une distribution de courants (de préférence volumique) qui crée en tout
point de l'espace un champ magnétostatique. On décompose cette distribution en
tubes de courants d'intensité dI traversés par des flux magnétostatiques ϕ.
L'énergie magnétostatique du tube de courant peut s'écrire d’après l’équation
(Eq.5.4) :
𝟏
𝒅𝑾𝒎 = 𝝓𝒅𝑰 (𝑬𝒒. 𝟓. 𝟏𝟎. )
𝟐

Par définition, le courant élémentaire dI et le courant I sont : 𝑑𝐼 = 𝑗⃗. 𝑑𝑆⃗ et


𝐼 = ∬𝑆 𝑗⃗𝑑𝑆⃗ , avec 𝑗⃗ le vecteur densité de courant traversant la surface S, 𝑑𝑆⃗ le
vecteur surface élémentaire orienté. Le flux magnétique ϕ est défini en
application du théorème de Stockes et Ampère pour vecteur quelconque 𝑉⃗⃗(𝑀) (
∫ 𝑉

⃗⃗ (𝑀). ⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗ (𝑀) . ⃗⃗⃗⃗⃗
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ 𝑉
𝑑𝑙 = ∬ 𝑟𝑜𝑡 𝑑𝑆 ) : 𝜙 = ∬ 𝐵 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗𝐴⃗ . 𝑑𝑆⃗ = ∫ 𝐴⃗ . 𝑑𝑙⃗,
⃗⃗ 𝑑𝑆⃗ = ∬ 𝑟𝑜𝑡
𝑆 𝑆 𝑆 𝛤
⃗⃗⃗⃗⃗ le vecteur surface élémentaire orientée
⃗⃗ le vecteur champ magnétique ; 𝑑𝑆
avec 𝐵
𝑟𝑜𝑡𝐴⃗ le rotationnel du vecteur potentiel 𝐴⃗ ; ⃗⃗⃗⃗
de la surface ouverte S ; ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ 𝑑𝑙 un
vecteur de déplacement élémentaire sur le contour . D’où :

𝟏 𝟏
𝑾𝒎 (𝑴) = ∫ 𝒅 𝑾𝒎 (𝑴) = ∫ 𝝓𝒅𝑰 = (∫ ⃗𝑨⃗(𝑴) 𝒅𝒍⃗ ∬ 𝒋⃗(𝑴)𝒅𝑺
⃗⃗) (𝑬𝒒. 𝟓. 𝟏𝟏)
𝟐 𝟐 𝜞 𝑺

Soit :

𝟏
𝑾𝒎 (𝑴) = ∭ ⃗𝑨
⃗⃗ (𝑴). 𝒋⃗(𝑴)𝒅𝑽 (𝑬𝒒. 𝟓. 𝟏𝟐. )
𝟐 𝑽

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L’intégrale est étendue à tout le volume (V) de l’espace et parcouru par les
courants de densité 𝑗⃗ qui est nul (𝑗⃗ = ⃗0⃗) à l’extérieur de cette distribution.

5.2.2. Energie magnétostatique d’un champ créé en tout point de l’espace


En tenant compte de l’expression ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑟𝑜𝑡 𝐵 ⃗⃗ = 𝜇0 𝑗⃗, dans l’équation (Eq.5.12.), on
obtient :

𝟏
𝑾𝒎 = 𝒓𝒐𝒕 ⃗𝑩
∭ ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗. ⃗𝑨
⃗⃗ 𝒅𝑽 (𝑬𝒒. 𝟓. 𝟏𝟑)
𝟐𝝁𝟎 𝑽

En considérant la propriété 𝑑𝑖𝑣(𝐴⃗˄𝐵


⃗⃗) = 𝐵 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ 𝐴⃗ − 𝐴⃗. ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
⃗⃗. 𝑟𝑜𝑡 𝑟𝑜𝑡 𝐵 ⃗⃗ , il vient :

𝟏
𝑾𝒎 = ⃗⃗⃗. ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
∭ [𝑩 𝒓𝒐𝒕 ⃗𝑨 ⃗⃗ − 𝒅𝒊𝒗(𝑨
⃗⃗⃗˄𝑩
⃗⃗⃗)]𝒅𝑽 (𝑬𝒒. 𝟓. 𝟏𝟒. )
𝟐𝝁𝟎 𝑽

⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ 𝐴⃗ = 𝐵
Comme 𝑟𝑜𝑡 ⃗⃗ , l’expression de l’énergie magnétostatique Wm devient :

𝟏 𝟏
𝑾𝒎 = ∭ 𝑩𝟐 𝒅𝑽 − ⃗⃗⃗˄𝑩
∭ 𝒅𝒊𝒗 (𝑨
⏟ ⃗⃗⃗) 𝒅𝑽 (𝑬𝒒. 𝟓. 𝟏𝟓. )
𝟐𝝁𝟎 𝑽 𝟐𝝁 𝟎 𝑽
𝟎

La deuxième intégrale est nulle, en effet, en appliquant le théorème de Green –


Ostrogradsky pour un vecteur 𝑉 ⃗⃗ (𝑀) quelconque de l’espace (∬ 𝑉⃗⃗(𝑀) . ⃗⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑆 = 𝑆

⃗⃗ (𝑀). 𝑑𝑉) , soit : ∭ 𝑑𝑖𝑣 (𝐴⃗˄𝐵


∭𝑉 𝑑𝑖𝑣 𝑉 ⃗⃗)𝑑𝑉 = ∯ (𝐴⃗˄𝐵
⃗⃗) . 𝑑𝑆⃗ = 0.
𝑉 𝑆

Le choix de la surface (S) n’est pas essentiel dans la mesure où la surface


englobe tous les courants. En choisissant pour la surface (S), la surface d’une
sphère de rayon R. Si on fait tendre le rayon de la sphère vers l’infini : A varie
1 1
⃗⃗). 𝑑𝑆⃗ varie en 1 et tend
en , B en 2 et dS en 𝑟 2 . Il s’ensuit que le produit (𝐴⃗˄𝐵
𝑟 𝑟 𝑟
vers zéro lorsque r tend vers l’infini. D’où la deuxième intégrale s’annule.
L’expression de l’énergie magnétostatique se réduit donc à :

𝟏
𝑾𝒎 = ∭ 𝑩𝟐 𝒅𝑽 (𝑬𝒒. 𝟓. 𝟏𝟔. )
𝟐𝝁𝟎 𝒆𝒔𝒑𝒂𝒄𝒆

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Cette expression de l'énergie montre que l'énergie magnétostatique d'un système
de courants est localisée en tout point de l’espace où le champ magnétique 𝐵 ⃗⃗
existe. On définit ainsi une densité d'énergie en tout point de l'espace par :

𝒅𝑾𝒎 𝑩𝟐
𝒘𝒎 = = (𝑬𝒒. 𝟓. 𝟏𝟕)
𝒅𝑽 𝟐𝝁𝟎

Remarque :

On peut obtenir l'expression du coefficient d'auto-inductance L d'un circuit


quelconque parcouru par un courant I, en utilisant les deux expressions de
l'énergie magnétostatique, données en (Eq.5.4.) et (Eq.5.16.). Soient : 𝑊𝑚 =
1 1
𝐿𝐼 2 = ∭𝑉 𝐵2 𝑑𝑉. D’où :
2 2𝜇0

𝟏
𝑳= 𝟐
∭ 𝑩𝟐 𝒅𝑽 (𝑬𝒒. 𝟓. 𝟏𝟖. )
𝝁𝟎 𝑰 𝑽

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