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c h a p i t r e Le livre du professeur • Français • 5e

THÈME II : Vivre en société, participer à la société

En famille : Molière, Le Malade


4 imaginaire

Textes et images histoire des arts


1. Marier sa fille p. 92 Mises en scène du Malade imaginairep. 102
Molière, Le Malade imaginaire ✔ Je comprends ce qu’impliquent les choix de mise en scène.
Acte I, scène 5 ■ Je Lis et je comprends des images
✔ Je découvre la pièce et une famille en crise.
■ J’interprète des textes littéraires en percevant un effet de
style
Lexique et langue  p. 104
✔ J’enrichis mon vocabulaire du théâtre.
2. L’amour conjugal p. 94
✔ Je révise les types de phrase propres au théâtre, je transpose
Acte I, scènes 6 et 7
des textes à une autre personne.
✔ Je comprends les liens qui unissent Argan et sa femme.
■ je maitrise le fonctionnement du verbe et son orthographe
■ J’interprète des textes littéraires en m’appuyant sur des
éléments d’analyse théâtrale
Expression écrite et orale  p. 106
3. Élans d’indépendance p. 96
Acte II, scène 6 ✔ Je rédige des didascalies, une nouvelle scène du Malade
✔ Je lis un texte qui questionne la place de la femme dans la imaginaire, un monologue, une scène de conflit.
société. ✔ J’intègre des éléments de dramaturgie dans le jeu, je fais des
■ J’utilise l’écrit pour penser et pour apprendre tours de parole, je fais une interview des amis de Molière.
■ j’exploite mes lectures pour enrichir mon réciT
4. Bas les masques ! p. 98
Acte III, scène 12
projet – parcours citoyen  p. 108
✔ J’étudie un retournement de situation qui révèle l’hypocrisie
d’un personnage. Démêler le vrai du faux
■ Je lis des textes variés, je comprends les implicites du texte et ✔ Je joue un conflit parents-enfants et je réfléchis à la relation
fais des hypothèses de lecture de confiance.
5. Tous en scène p. 100 ■ j ’exploite les ressources expressives et créatives de la parole
■ je participe de façon constructive à des échanges oraux
Acte III, scène 14
✔ J’analyse une scène de dénouement heureux.
■ Je comprends un texte en m’appuyant sur mes connaissances Complément numérique
lexicales et grammaticales
✔ Je retrouve une autre famille en crise dans Les Fourberies de
Scapin de Molière (chapitre 100 % numérique).

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THÈME II : Vivre en société, participer à la société


c h a p i t r e

4 En famille : Molière, Le Malade


imaginaire

Présentation du chapitre
› P. Dandrey, Le cas « Argan »,
Place dans le cycle et dans les programmes Klincksieck, 2006.

Bibliographie
❱ Ce chapitre permet d’aborder le deuxième enjeu littéraire et de formation personnelle › P. Dandrey, Molière ou l’esthé-
du cycle 4 : « Vivre en société, participer à la société » qui, pour la classe de 5e, a pour tique du ridicule, Klincksieck,
thème : « Avec autrui : familles, amis, réseaux ». 2002.
❱ Il fait écho à l’un des enjeux du cycle 3 (classes de CM1-CM2) : « Se découvrir, s’affir- › M. Gilot et J. Serroy, La
mer dans le rapport aux autres », que l’élève a étudié à travers des récits d’apprentissage comédie à l’âge classique,
« mettant en scène l’enfant dans la vie familiale, les relations entre enfants, l’école ou Belin Sup, 1997.
d’autres groupes sociaux », ce qui lui aura permis de « s’interroger sur la nature et les › Bénédicte Louvat-Molozay,
difficultés des apprentissages humains » (Programmes, novembre 2015, p. 123). Molière : L’Amour médecin,
❱ Par ailleurs, au cycle 3 l’élève a pu étudier une pièce de théâtre dans le cadre de trois Monsieur de Pourceaugnac, Le
enjeux littéraires et de formation personnelle : « La morale en question » (CM1-CM2), Malade imaginaire, Atlande,
« Se confronter au merveilleux, à l’étrange » (CM1-CM2), et « Résister au plus fort : ruses, 2006.
mensonges et masques » (6e).

Présentation générale
❱ Conformément aux programmes (Programmes, novembre 2015, p. 245), ce chapitre pro- › Molière et les pères
pose d’étudier une comédie du XVIIe siècle en lecture intégrale : Le Malade imaginaire de de famille dans les
Molière, à travers le prisme des relations avec autrui. comédies-ballets.
❱ Il complète le chapitre 3 (« Bandes de jeunes ! »), qui questionne la relation de › Texte intégral, ressources
l’individu au groupe à travers un groupement de textes extraits de récits d’enfance et iconographiques et
d’adolescence. Comment celui-ci met l’accent sur les relations entre l’adolescent et les filmographiques…
groupes d’amis, ce chapitre consacré au Malade imaginaire se concentre davantage sur les › Dossier pédagogique du
relations familiales. Centre National du Costume
❱ En classe de 4e, l’élève sera amené à s’interroger une nouvelle fois sur le rapport aux de Scène
autres dans le questionnement « Individu et société : confrontation de valeurs ? », notam-
ment à travers une tragédie ou une tragicomédie du XVIIe siècle, ou une comédie du XVIIIe
siècle. Dans le manuel du Livrescolaire, il s’agit du Cid de Corneille.
 eux romans jeunesse sur le
D
Progression du chapitre mariage forcé :
A U TRES RESSO U RCES

❱ Le groupement de textes permet d’étudier les différents rapports de famille : l’autorité › Marco Varvello, Oublie les
d’un père et les élans d’indépendance de sa fille (texte 1), la relation déséquilibrée entre mille et une nuits !, Bayard
un mari vieillissant et berné et sa seconde épouse cupide (texte 2), les conflits entre Jeunesse, 2009.
belle-fille et belle-mère et la réflexion sur un mariage heureux (texte 3), jusqu’à la révé- › Moka, Pourquoi ?, L’école des
lation des véritables sentiments de chacun (texte 4) et le retour à un compromis entre loisirs, 2005.
les générations (texte 5). Bande dessinée :
› V. Cady, Kawaii studio, Le
Médecin malgré lui, Vents
d’Ouest, 2005.
En savoir plus sur Molière,
dans un roman plein de
rebondissements :
› Pierre Lepère, La Jeunesse de
Molière, Gallimard Jeunesse,
1999.
› Molière, film de Ariane
Mnouchkine, 2015. Version
restaurée.

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TEXTES ET IMAGES
1. Acte I, scène 5 p. 92 - 93
❱ Le premier extrait permet de rencontrer les personnages principaux de la pièce (Argan, Angélique, Toinette) et de découvrir le fil de
l’intrigue que nous nous proposons de suivre dans ce chapitre : celui des relations familiales, et plus précisément des tensions créées par
la question du mariage d’Angélique.
❱ La photographie de la mise en scène de Claude Stratz permet de visualiser clairement la relation entre les personnages, et notamment
la situation d’Angélique, tiraillée entre Argan et Toinette, entre l’obéissance qu’elle a l’habitude de montrer envers son père, et son amour
qu’elle n’ose pour l’instant exprimer.

2. Acte I, scènes 6 et 7 p. 94 - 95
❱ Cet extrait se concentre sur les relations de couple, entre Argan et Béline. La scène montre l’hypocrisie de Beline et la naïveté d’Argan,
ce qui est source de comique.
❱ C’est la raison pour laquelle nous profitons de cet extrait pour aborder les différents types de comique au théâtre.
❱ Les deux images de la mise en scène de Gildas Bourdet montrent bien l’hypocrisie de Béline, qui pleure dans les bras de son mari tout
en vérifiant furtivement ce qu’écrit le notaire.

3. Acte II, scène 6 p. 96 - 97


❱ Thomas Diafoirus et son père sont invités par Argan pour les fiançailles d’Angélique. Acculée, celle-ci s’affirme et s’oppose aux hommes.
❱ Cet extrait permet d’aborder la question du mariage à cette époque. Quels en sont les enjeux ? Pourquoi et pour qui se marie-t-on à
l’époque de Molière ? Plus largement, il questionne la place des femmes dans la société.
❱ La photographie de la mise en scène de Georges Werler, dans laquelle les Diafoirus portent des costumes ridicules, rappelle que même
dans un passage aussi profond, aussi poignant, la dimension comique de la pièce n’est jamais absente.

4. Acte III, scène 12 p. 98 - 99


❱ Tandis que l’extrait 3 reprenait le fil de l’intrigue de l’extrait 1 (le mariage d’Angélique), celui-ci fait écho à l’extrait 2 : l’hypocrisie
de Béline est démasquée par un stratagème suggéré par le frère d’Argan et orchestré par Toinette, qui confirme ici le caractère entier et
insoumis qu’elle avait dévoilé dans l’extrait 1.
❱ Ce texte est l’occasion de rappeler le rôle essentiel que Molière donne aux serviteurs dans ses pièces : vifs d’esprit, rusés, ce sont souvent
eux qui mènent le jeu.
❱ La photographie de la mise en scène de Hans Peter Cloos montre ici une interprétation beaucoup plus sombre de la pièce : les person-
nages, dans l’ombre, ne sont que des silhouettes.

5. Acte III, scène 14 p. 100 - 101


❱ Le dernier extrait proposé montre le dénouement heureux de la pièce, juste avant la comédie ballet. Le masque de Béline est tombé,
l’aveuglement d’Argan a cessé. La pièce se termine sur l’image d’une famille unie.

HISTOIRE DES ARTS p. 102 - 104

Mises en scène du Malade imaginaire


❱ Ce dossier d’Histoire des arts permet, outre les photographies de mises en scène illustrant les extraits, de mener avec les élèves un
véritable travail de comparaison de mises en scène, et par là même, de comprendre que mettre en scène, c’est donner vie, mais aussi
interpréter un texte.
❱ Ainsi, se côtoient par exemple sur cette page la mise en scène de Claude Stratz qui confine au tragique (yeux cernés, visage livide, Argan
semble brisé par l’angoisse de la mort) et celle, burlesque de Gildas Bourdet (décor de cirque, situation de farce).
❱ Ce dossier permet de travailler plusieurs compétences ciblées par les programmes : « Décrire une œuvre d’art en employant un lexique
simple adapté », « Associer une œuvre à une époque et une civilisation à partir des éléments observés » et « Proposer une analyse critique
simple et une interprétation d’une œuvre » (programmes, novembre 2015, p. 286).
❱ L’étude de ces mises en scène, qui relèvent du domaine des arts du spectacle vivant, s’inscrit dans la thématique : « Les arts à l’ère de la
consommation de masse (de 1945 à nos jours) ». Elle permet de sensibiliser les élèves à la diversité possible des mises en scène d’un même
texte et aux « métissages artistiques » (programmes, novembre 2015, p. 289) dont témoignent par exemple l’utilisation d’effets clownesques
dans plusieurs mises en scène.

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LEXIQUE / LANGUE - EXPRESSION ÉCRITE / EXPRESSION ORALE p. 104 - 107

❱ Lexique
Les différents exercices de cette page se concentrent sur le lexique du théâtre.

❱ Langue
En grammaire, un travail est proposé sur l’injonction et des classes de mots particulièrement utilisées dans les dialogues, et donc au
théâtre : interjections et onomatopées. En orthographe, un exercice de réécriture (changement de personne) fait suite à travail sur les
[é] et [è].

❱ Expression écrite
Cette page se concentre sur l’écriture dramatique : l’élève est invité à compléter un texte par des didascalies, à écrire une scène en s’ins-
pirant du Malade imaginaire, à adapter un texte en fonction du public.

❱ Expression orale
Cette page invite à jouer un extrait, à raconter l’intrigue d’une pièce et à présenter la vie de Molière sous forme d’interview.

PARCOURS CITOYEN p. 108 - 109

Démêler le vrai du faux


❱ Choix du Parcours : EMC
❱ Objectifs : Les objectifs de ce projet sont multiples.
› Être capable de travailler en binôme.
› Prendre la parole devant la classe.
› Improviser à partir d’un canevas et en tenant compte de ce que dit l’autre.
› Réfléchir à de possibles situations de tensions familiales, mais aussi de malaise au collège.
› Débattre de questions morales.
› Être capable d’expliquer et de nuancer son point de vue.
❱ Précisions sur la réalisation de l’activité (outils numériques, etc.) : Les étapes 1 et 2 se réalisent par binômes (un élève qui joue le parent
et un élève qui a la rôle de l’enfant), mais des temps communs peuvent être bénéfiques, notamment au début, pour lancer l’activité et trouver
ensemble des premières pistes : pour quelles raisons un enfant peut-il tout tenter pour ne pas aller en cours ? ll serait bien sûr intéressant
de dépasser les raisons qui risquent de surgir spontanément (parce qu’il n’aime pas l’école, parce qu’il préfère jouer aux jeux vidéos, etc) pour
suggérer des raisons plus profondes, ou alors plus à même de faire naitre le comique, ou l’absurde.

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imaginaire

Propositions de corrigés
OUVERTURE
Pour entrer dans le chapitre › Il a vécu à l’époque de Louis XIV (au XVIIe siècle).
1. ❱ Il n’y a pas de narration dans une pièce de théâtre. L’infor- › Il a écrit des pièces essentiellement comiques.
mation passe par ce que disent les personnages entre eux, les
Image d’ouverture
échanges au discours direct. Le texte théâtral peut toutefois com-
porter quelques phrases qui ne sont pas prononcées par les per- 1. ❱ L’image montre une certaine complicité entre les deux person-
sonnages : ce sont des indications scéniques. nages. Le costume de l’homme peut laisser penser qu’il est chez
❱ Une pièce de théâtre est écrite pour être jouée, tandis qu’un lui. La femme pourrait alors être sa femme. Mais peut-être que les
roman est écrit pour être lu. deux personnages sont simplement amis.
❱ Un poème exprime souvent un état, des sentiments. Le théâtre, ❱ Sur le bureau, on note la présence d’une canne, qui appartient
lui, est dans la dynamique de l’action. sans doute à l’homme, et qui laisse penser qu’il est vieux ou malade.
❱ Théâtre et poésie obéissent à des règles spécifiques de mise en 2. ❱ On remarque de nombreux oppositions entre les personnages.
page. Tandis que la femme est debout, le visage enjoué et animé d’une
2. ❱ Tout dépend bien évidemment de ce que les élèves ont vu au belle humeur, l’homme est assis et semble surpris ou inquiet par ce
cycle 3 (notre manuel de 6e propose l’étude du Médecin malgré lui) que la femme lui dit. Il a un léger mouvement de recul, tandis que
et de leur culture personnelle. la femme impose sa présence en posant les mains sur son bureau,
sur ses affaires. Tous ces éléments laissent penser que la femme
❱ S’ils ont abordé Molière au cycle 3, on peut s’attendre à quelques
domine l’homme.
souvenirs de la pièce étudiée, qui peuvent mener à des informa-
❱ D’ailleurs, en regardant de plus près, certains éléments du costume
tions plus générales, telles :
de la femme lui donnent un aspect inquiétant : elle porte un collier
› Molière est un écrivain de théâtre (un dramaturge) ; c’est aussi
clouté et des plumes de corbeau sont piquées dans sa coiffure. Son
un acteur.
rire, son regard peuvent sembler emplis de cruauté.

TEXTES ET IMAGES

TEXTE 1 : Marier sa fille (Acte I, scène 5)


1. Argan annonce à Angélique qu’elle a reçu une demande en qu’il ne choisit un mari pour sa fille. Dans ce mariage, il ne consi-
mariage (première réplique). On peut remarquer que cette demande dère que son propre intérêt, sans se soucier de celui de sa fille.
n’a pas été faite à la fille, mais au père. 5. › Toinette oppose d’abord comme contre argument à Argan
2. a) Angélique réagit avec docilité, obéissance : « Je dois faire, qu’il n’est pas malade : « Mais, monsieur, mettez la main à la
mon père, tout ce qu’il vous plaira de m’ordonner » (l. 7-8). b) Elle conscience ; est-ce que vous êtes malade ? » (l. 24-25). Devant
croit que son père lui destine le jeune homme qu’elle aime secrè- l’emportement d’Argan, elle fait mine de se rétracter (« Oui,
tement. Elle ne peut que se réjouir que son sentiment amoureux et vous êtes fort malade, j’en demeure d’accord », l. 29-30), mais
la décision paternelle s’accordent. sa réplique est pleine d’implicite ([vous êtes] « plus malade que
3. On remarque que le père ne sollicitait même pas l’accord de sa vous ne le pensez », l. 30, ce que l’on peut comprendre comme un
fille ; il l’informait simplement d’une affaire qui était déjà conclue, « Vous êtes complètement fou »).
puisqu’il emploie le passé composé et non le présent : « je vous ai › Puis elle fait remarquer que ce n’est pas Argan qui se marie,
promise » (l. 10). mais sa fille. Or Angélique n’a pas besoin d’un médecin : « N’étant
point malade, il n’est pas nécessaire de lui donner un médecin. »
4. a) La première raison avancée par Argan (l. 16 à 22) tourne
(l. 31-32)
autour de sa santé. Le choix du futur gendre répond à son souci
› Enfin elle avance que la jeune fille s’opposera au mariage : « Votre
(maladif !) d’avoir toujours près de lui un médecin pour s’occuper
fille n’y consentira point. » (l. 43-44)
de son état, en établissant un lien familial.
La seconde raison (l. 50 à 54) relève d’un ordre financier. Thomas 6. › Argan est un homme borné, fermé sur sa position. Les argu-
Diafoirus est l’héritier direct de monsieur Purgon, un « homme qui ments de Toinette ne provoquent en lui aucun changement de
a huit mille bonnes livres de rente » (l. 53). position.
b) L’avantage (médical et financier) reviendra à Argan, ce qu’il n’a › De plus, il élève le ton en mettant en avant son autorité : « je
aucun mal à reconnaitre, d’ailleurs : « C’est pour moi que je lui vous dis que je veux qu’elle exécute la parole que j’ai donnée »
donne ce médecin » (l. 33). (l. 53-54) ; « je l’y forcerai bien » (l. 56). Il lance à la fin un ulti-
Nous pouvons donc constater qu’Argan se choisit plus un gendre matum : « Elle le fera, ou je la mettrai dans un couvent » (l. 58).
Cette alternative a la valeur d’une menace.

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7. Toinette ne parle pas de la maladie du corps mais de la maladie › Les répliques phrase à phrase sont appelées des stichomythies.
de l’esprit. Argan s’invente des maladies, il est hypocondriaque, et Ce sont parfois de simples phrases nominales réduites à quelques
son comportement révèle avant tout un homme égocentrique, qui mots : « Non. / Ma fille ? » (l. 46-47)
exerce de fait une certaine tyrannie dans sa maison en n’étant pas 9. Lignes 57-58, la reprise de la réplique de Toinette à la forme
attentif aux autres. négative montre que le dialogue est dans une impasse : « Elle ne
8. › On voit que l’échange est plus vif, car les répliques sont plus le fera pas. / Elle le fera. »
courtes, ce qui accélère le rythme du dialogue.

IMAGE 2 : Mise en scène de Claude Stratz, Comédie-Française, 2001.


1. On identifie de gauche à droite : la servante Toinette, plus 2. On peut imaginer que tour à tour, Toinette et Argan vont
âgée que l’autre jeune femme, Angélique, et Argan, en vêtements chercher à tirer Angélique de leur côté, notamment sur les der-
d’intérieur (bonnet, longue chemise et chaussons). Angélique est nières répliques. On peut penser que le petit groupe se déplace
tiraillée entre les deux personnages qui s’opposent. alternativement, de quelques pas, à gauche et à droite, selon le
personnage qui a la parole. Il s’agit ici d’un comique de geste.

TEXTE 2 : L’amour conjugal (Acte I, scène 6)


1. Argan éprouve de l’amour et de la tendresse pour Béline, ce 5. Béline a amené son notaire parce qu’Argan le lui avait demandé
dont il témoigne (de manière ridicule) par des apostrophes comme (« Je vous avais dit pour cela de parler à votre notaire », l. 9-10).
« mamie » (l. 1), « mon cœur » (l. 4), « m’amour » (l. 12, l. 22), Mais on peut comprendre que toutes ses répliques sont hypocrites
« ma mie » (l. 17), etc. et qu’elle espère effectivement qu’Argan rédigera son testament.
2. a) Il veut lui prouver sa vive affection en faisant rédiger un 6. › Les répliques comprises entre les lignes 38 à 41 révèlent
testament de façon que Béline, qui est sa seconde épouse, hérite l’hypocrisie de Béline. En effet, la deuxième partie de chacune
de son argent à sa mort et soit par conséquent dans une situation des deux répliques révèle qu’elle n’est pas du tout insensible à
financière confortable : « Pour tâcher de reconnaître l’amour que l’argent : « Non, non, je ne veux point de tout cela. Ah ! Combien
vous me portez, je veux [...] faire mon testament. » (l. 3-5) dites-vous qu’il y a dans votre alcôve ? » (l. 38-39) ; « Ne me par-
b) › Argan exprime son affection pour Béline par un avantage lez point de bien, je vous prie. Ah !... De combien sont les deux
financier. On remarque qu’il accorde beaucoup d’importance à billets ? » (l. 41).
l’argent, puisque c’est également l’une des raisons qui le poussent › En apparence, Béline est détachée de tout intérêt financier mais
à marier sa fille à Thomas Diafoirus. en réalité, elle se préoccupe de récupérer l’argent de son mari.
› Néanmoins, se préoccuper que la personne qui vous a aimé et que 7. Le sujet n’est pas comique en soi, car les thèmes tournent autour
vous aimez soit dans une situation confortable après votre mort est de la mort, de la succession, de l’argent.
aussi une manifestation d’amour.
8. › Molière exploite le comique de caractère : Argan manque de
3. Argan est persuadé d’être très malade, car il songe à son testa- lucidité, il est aveugle et naïf face à une femme simulatrice et
ment et exprime déjà des regrets à sa femme, comme s’il était à la manipulatrice.
fin de sa vie : « Tout le regret que j’aurai, si je meurs, ma mie, c’est › Il se sert également du comique de mots, avec les apostrophes
de n’avoir point un enfant de vous. » (l. 31-32) ridicules d’Argan à Béline (« m’amour », « mon cœur », « m’amie »,
4. a) Béline prétend qu’elle est incapable de songer à ces aspects etc), mais également dans les deux répliques à la fin de l’extrait :
matériels : seul compterait pour elle le moment présent et l’amour « Non, non, je ne veux point de tout cela. Ah ! … Combien dites-
qu’elle vit actuellement avec Argan. vous qu’il y a dans votre alcôve ? « (l. 38-39) et « Ne me parlez
b) « Si je suis assez malheureuse pour vous perdre, la vie ne me pas de biens, je vous prie. Ah ! …. De combien sont les deux bil-
sera plus de rien. » (l. 18-21) ; « Et je suivrai vos pas, pour vous lets ? » (l. 41) : dans une même réplique, Béline montre une façade
faire connaître la tendresse que j’ai pour vous » (l. 23-24). Dans puis exprime le fond de sa pensée cupide.
ces répliques, Béline prétend qu’elle ne pourrait de toute façon pas › L’ensemble de la scène relève d’un comique de situation : le naïf
survivre sans Argan. Argan se fait berner par sa femme hypocrite.

IMAGE 2 : Argan, Béline et le notaire, mise en scène de Gildas Bourdet, Comédie-Français, 1991.
1. L’aspect comique de la pièce est souligné par des effets de 2. a) Béline regarde l’acte du testament rédigé par le notaire
mise en scène qui tirent vers la farce. Les personnages ont un alors que sur l’image précédente, elle pressait son visage sur
aspect ridicule, avec des visages outrageusement fardés et des le cœur d’Argan. b) Cela montre son caractère calculateur, son
nez rallongés comme des nez de clowns. intérêt et sa démarche manipulatrice.

TEXTE 3 : Élans d’indépendance (Acte II, scène 6)


1. a) Angélique réclame un délai avant de promettre sa main : « De née en moi ; et je n’ai pas besoin d’attendre davantage » (l. 8-9).
grâce, ne précipitez pas les choses » (l. 5) et « Eh ! mon père, don- Sa réplique suivante est plus insistante, puisqu’il contredit Angé-
nez-moi du temps je vous prie. » (l. 15) b) Elle ne sait rien du futur lique.
mari auquel on la destine et souhaite le connaitre avant de s’engager › Argan semble ne pas comprendre la revendication de sa fille :
avec lui pour la vie. Mais, amoureuse de Cléante, elle demande sans « cela aura tout le loisir de se faire quand vous serez mariés
doute aussi cela pour gagner du temps et élaborer un plan. ensemble » (l. 13-14). Pour lui, on ne se marie par pas amour, mais
2. › Thomas Diafoirus avance qu’il est déjà amoureux d’Angélique : l’amour peut naitre entre deux personnes qui sont déjà mariées.
« Quant à moi, mademoiselle, [cette inclination] est déjà toute 3. Du point de vue de l’autorité, l’homme est dans un rapport de

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domination à l’égard de la femme. Ni le père, ni le futur mari ne un mari que pour l’aimer véritablement » (l. 26-28) et « Il y en a
tiennent ici compte des sentiments d’Angélique et de la demande d’autres, madame, qui font du mariage un commerce de pur inté-
de la jeune fille. rêt » ; « moi qui prétends en faire tout l’attachement de ma vie » et
4. › Depuis l’extrait 1, les évènements se sont précipités, et Angé- « pour s’enrichir par la mort de ceux qu’elles épousent, et courent
lique est pressée par son père de manifester son consentement sans scrupule de mari en mari pour s’approprier leurs dépouilles ».
par un geste : « touchez dans la main de monsieur » (l. 1). Si 7. Béline est surprise et froissée. Elle simule l’incompréhension : « Je
elle ne réagit pas, ce mariage sera conclu. En situation de danger, voudrais bien savoir ce que vous voulez dire par là » (l. 38 – 39),
Angélique ose désormais affirmer son désaccord. Si elle veut éviter mais l’insulte qui suit : « vous êtes sotte » (l. 41) montre qu’elle a
de passer sa vie aux côtés d’un homme qu’elle n’aime pas, il faut fort bien saisi l’allusion à son comportement et l’attaque d’Angélique.
qu’elle se fasse entendre. 8. a) › Angélique manifeste du courage : elle s’oppose au père qui
› Parler pour Angélique, c’est agir, tenter de reculer le moment fati- a toute autorité.
dique. Elle prend longuement la parole avec l’objectif de convaincre › Elle a de la détermination : elle fait face à deux hommes, ainsi
sur son sort. qu’à sa belle-mère.
5. Angélique relève trois cas de figure. › Elle montre de la sensibilité sur les rapports et sentiments qui
› On se marie par amour, avec l’idée d’établir un attachement lient un couple.
durable entre deux êtres. (l. 26-30) › Elle est intelligente : elle analyse avec justesse le comportement
› On se marie pour se dégager de l’autorité des parents et espérer de sa belle-mère.
agir davantage à sa guise. (l. 31-34) › La jeune fille affirme dans cet extrait sa personnalité ; elle
› On se marie par intérêt, pour s’enrichir grâce à l’argent hérité s’émancipe par l’opposition et la parole.
d’un ou de vieux maris. b) On peut imaginer que si elle continue à résister, le père va
6. a) C’est le premier cas qui concerne Angélique. mettre ses menaces à exécution et l’envoyer dans un couvent. Ou
b) Le dernier cas concerne Béline. encore qu’elle va échafauder un plan avec Toinette. Ou que sa
c) Les expressions qui s’opposent sont : « Pour moi, je ne veux belle-mère Béline, la trouvant dangereuse, va chercher vite à s’en

IMAGE 3 : Mise en scène de Georges Werler, théâtre de la Porte-Saint-Martin, 2008.


1. a) Les personnages sont Thomas Diafoirus et Angélique. b) noter qu’il est habillé exactement de la même manière que son
Thomas Diafoirus a le visage tourné vers Angélique. Son attitude fils. b) M. Diafoirus et Argan parlent sans doute du mariage de
exprime la satisfaction. Au contraire, Angélique l’ignore, regarde leurs enfants. D’après le geste que M. Diafoirus fait avec la main
loin devant elle, et a un visage impassible ou indifférent. gauche, on peut imaginer qu’il vante une qualité de son fils ou
2. a) Debout se tient le père de Thomas Diafoirus. On peut un avantage de ce mariage.

débarrasser.
TEXTE 4 : Bas les masques ! (Acte III, scène 12)
1. a) Il pouvait s’attendre à ce que sa femme soit bouleversée et notaire dans l’extrait 2. Ces documents spécifient un héritage en
qu’elle exprime sa douleur en pleurant, en se lamentant. b) Hélas, sa faveur. b) Angélique insinuait qu’il y a des femmes « qui ne se
mon mari est mort ! Quelle peine ! Quelle tristesse ! Comment marient que pour gagner des douaires » et qui veulent s’approprier
survivre à la douleur que m’inflige sa mort ? « les dépouilles » de leur mari. Cela correspond bien au compor-
2. Au lieu de cela, elle reçoit cette nouvelle avec soulagement et tement de Béline qui se jette comme un vautour sur les biens
se réjouit de sa mort : « Le ciel en soit loué ! Me voilà délivrée d’un d’Argan.
grand fardeau. » (l. 13-14) 6. Cela est dit sur un ton ironique : Argan dit le contraire de ce
3. a) Le trait de caractère dénoncé est l’hypocrisie. Pour la pre- qu’il pense. C’est ce que l’on appelle une antiphrase.
mière fois, elle tient des propos qui expriment ses véritables sen- 7. Argan dit : « Voilà un avis au lecteur qui me rendra sage à
timents. b) Argan a été naïf, il a été dupé. l’avenir, et qui m’empêchera de faire bien des choses. » (l. 39-42).
4. a) Elle dresse le portrait d’un homme repoussant physiquement, Argan peut apprendre à mieux juger les gens, à être moins naïf, en
inintéressant intellectuellement et non sociable. (l. 17-21) distinguant la flatterie de la vérité.
b) C’est un portrait sans artifice, qui énonce crument la vérité. 8. › Angélique pourrait se réjouir de la mort de son père, dans la
Béline dit ce qu’elle a sur le cœur, ce qu’elle a supporté de cet mesure où cela éloignerait la perspective d’un mariage imposé qui
homme. contrarie ses sentiments pour Cléante. Mais Angélique n’a jamais
c) Il est comique parce que la vérité est exprimée dans une seule exprimé de haine envers son père. Elle n’a pas davantage montré
phrase où s’accumulent les énumérations renvoyant à une liste un esprit calculateur. Même si le mariage qu’Argan veut lui imposer
de défauts : « mouchant, toussant, crachant toujours … » (l. 21) la désole, elle aime son père.
5. a) Béline veut parler des papiers qui ont été rédigés avec le › On peut donc s’attendre à ce qu’elle exprime de la peine.

IMAGE 4 : Mise en scène de Hans Peter Cloos, théâtre national de Chaillot, 1990.
1. La lumière éclaire le fond de scène (le drap blanc à l’ar- 3. Ce choix de mise en scène est surprenant et intéressant. Il
rière-plan), au lieu d’éclairer les personnages. Ce choix de mise semble révéler la part d’ombre de Béline, la dimension pathé-
en scène met dont les personnages dans l’ombre. tique, sombre, de cette scène.
2. Ce choix d’éclairage confère à la scène une atmosphère sombre En outre, Argan est allongé sur un brancard qui ressemblent à
et légèrement angoissante, assez éloignée de l’atmosphère habi- ceux utilisés de nos jours. Le metteur en scène actualise donc
tuelle de la comédie. la pièce de Molière.

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TEXTE 5 : Tous en scène (Acte III, scène 14)


1. Angélique décide de renoncer à tout mariage – même le mariage Elle constituait un danger pour la tranquillité et le bonheur familial
d’amour avec Cléante – et de gagner le couvent, afin de se confor- et elle a donc été écartée. Le dénouement est heureux : rien ni
mer au moins à l’une des intentions de son père. personne ne peut désormais entraver le bonheur familial.
2. a) C’est le registre pathétique, avec l’expression de la douleur 6. Quand Argan donne son accord pour le mariage, il met une condi-
(champ lexical de la peine : « hélas », « pleure », « perte », « cha- tion qui montre son obsession pour les médecins n’a pas disparu :
grin »). Cette tirade d’Angélique pourrait tout à fait figurer dans « Qu’il se fasse médecin, je consens au mariage. » (l. 29)
une tragédie : outre la dimension pathétique de ce qu’elle exprime, 7. a) Béralde propose à son beau-frère de devenir lui-même méde-
les phrases sont longues, le niveau de langue soutenu. cin : « Faites-vous médecin vous-même. La commodité sera encore
b) Le comique de la scène revient au moment où Argan se réveille, plus grande, d’avoir en vous tout ce qu’il vous faut. » (l. 35-37)
cesse de jouer le mort. b) Cette proposition est extravagante, car devenir médecin exige
ARGAN se lève. - Ah ! ma fille ! a priori des connaissances. Mais adressée à Argan qui manque de
ANGÉLIQUE, épouvantée. - Ahi ! jugement, elle est judicieuse. C’est une solution qui arrange tout
L’effet de rupture (ressort courant du comique) est d’autant plus le monde !
marqué que l’on passe sans transition des longues phrases du
8. a) Molière critique l’ordre des médecins.
niveau de langue soutenu dans la réplique précédente d’Angélique,
b) Les critiques portent sur leur ignorance (« il y en a beaucoup
à son « Ahi ! » de surprise.
parmi eux qui ne sont pas plus habiles que vous », l. 42-43), leur
3. Angélique supplie son père de ne pas la forcer à épouser un incompétence, et la tromperie qu’ils opèrent envers les malades.
homme qu’elle n’aime pas : « Je vous conjure au moins de ne me Molière suggère qu’à son époque, pour être médecin, il suffit d’en
point forcer d’en épouser un autre » (l. 21-22) avoir l’apparence. Mais sous l’habit, sous le masque, il n’y a que des
4. a) Ces personnages sont Toinette et Béralde, le beau-frère d’Ar- sots, pédants et malhonnêtes. « En recevant la robe et le bonnet
gan. b) Toute la deuxième partie de l’extrait se rattache à la discus- de médecin, vous apprendrez tout cela, et vous serez plus habile
sion avec Argan pour le persuader. Tous ensemble, ils parviennent que vous ne voudrez. [...] L’on n’a qu’à parler ; avec une robe, et
à le persuader. un bonnet, tout galimatias devient savant, et toute sottise devient
5. Parmi les membres de la famille, c’est Béline qui est absente. raison. » (l. 46-53).

HISTOIRE DES ARTS

Mises en scène du Malade imaginaire


1. a) Sur les photographies de mises en scène de cette page, Argan il est également très haut, beaucoup trop haut, comme le montre la
est toujours représenté en position de faiblesse. Tantôt il est pris en présence du marchepied en bas à gauche de l’image. Une fois assis
tenaille entre deux médecins (doc. 1 et 4), tantôt il est menacé par sur le lit, ses pieds ne touchent pas le sol. On dirait un petit enfant
les traitements que ceux-ci veulent lui prodiguer (doc. 3 et 5). On sur un lit d’adulte.
peut remarquer qu’il est presque toujours assis : autrement dit, il ne b) Argan s’ausculte lui-même. Le médecin (qui ressemble plutôt à un
tient pas debout. Sur les documents 1 et 2, ses pieds ne touchent magicien…) ne fait que tenir l’une des extrémités du stéthoscope.
même pas le sol, comme s’il était un petit enfant qu’on avait mis sur Argan est à la fois malade et médecin, il fait lui-même le diagnostic de
une chaise trop grande, ou un vieillard qui n’est plus autonome. Cette sa maladie. Cela insiste sur la maladie d’Argan qui est hypocondriaque.
infantilisation se retrouve d’ailleurs dans d’autres détails ridicules, et 4. a) › La mise en scène du document 3 souligne la dimension
par là même humiliants pour Argan : on lui place des loupes devant comique de la scène. Les couleurs très vives (vert, rouge, jaune) font
les yeux, ce qui lui fait de gros yeux de mouche, on le met dans des penser à une scène de cirque, à un décor de numéro de clown. La
positions ridicules (doc. 2 et 3), on l’affuble de costumes ridicules, position des personnages ridiculise aussi bien Argan que le médecin.
sur l’image 2, 3 (remarquons par exemple ses chaussures) et 4 (ses › Les costumes sont totalement anachroniques : Argan porte un bon-
chaussettes, sa robe de chambre coquelicot). net de nuit, le médecin une fraise (autour du cou), éléments qui font
b) Argan est un « malade imaginaire » ; en termes savants : un plutôt référence au XVIIe siècle ; mais le médecin porte également
hypocondriaque. Croyant toujours être souffrant, Argan est le jouet une charlotte sur la tête ainsi que des protections hygiéniques aux
des médecins qui exploitent ses peurs, et lui prescrivent toutes sortes pieds, telles qu’on en voit de nos jours à l’hôpital.
de traitements, parfaitement inutiles puisqu’Argan n’est pas vraiment › La mise en scène du document 4 donne au contraire une dimension
malade. Argan est un « client » idéal pour les médecins malhonnêtes. pathétique à la pièce : Argan a le visage livide et les yeux cernés, il
2. a) Il s’agit plutôt d’une mise en scène traditionnelle, comme le semble brisé par l’angoisse de la mort. Les visages graves des méde-
montrent les costumes des médecins. Nous pouvons notamment cins semblent annoncer une mauvaise nouvelle à Argan. Le médecin
remarquer les perruques, les chapeaux, ou encore les manches très à gauche de l’image, tout de noir vêtu, raide, le visage cadavérique,
bouffantes. pourrait presque incarner la mort elle-même. Les couleurs sont ternes,
b) Plusieurs éléments sont sources de comique. Argan est encadré fanées, passées. À l’arrière-plan, nous remarquons un fauteuil médi-
par deux médecins parfaitement identiques : habillés exactement de cal, qui contraste avec la chaise rouge vif du document 3.
la même manière, ils font exactement le même geste. Cette double › Tandis que la mise en scène de Gildas Bourdet est pleine de vie,
auscultation semble excessive et inutile. De plus, leur « examen » celle de Claude Stratz donne l’impression que la mort est déjà pré-
semble totalement absurde : en plaçant des loupes juste devant les sente.
yeux d’Argan, ils ne font rien d’autre que l’aveugler. Enfin, ces loupes b) La mise en scène du document 3 insiste donc sur la dimension
lui font des yeux immenses, ce qui l’infantilise, voire l’animalise : on comique de la pièce tandis que celle du document 4 souligne la dimen-
dirait des yeux de mouche. sion pathétique du personnage d’Argan, qui semble ici réellement
3. a) Le lit d’Argan est démesuré. Il n’est pas seulement très large, malade.

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Le livre du professeur • Français • 5e

5. Argan parait faible et soumis par rapport au médecin. D’une part, il justifié son choix.
est assis alors que le médecin est debout, ce qui le met physiquement 8. Voici un exemple de texte comparant les mises en scène et utili-
dans une position d’infériorité. D’autre part, Argan semble chétif face sant les mots imposés :
au médecin corpulent, physiquement imposant. Enfin, le médecin, Dans les cinq mises en scène, Argan est présenté comme un malade
bien campé sur ses pieds, menace Argan tandis qu’ Argan manifeste qui est en position d’infériorité par rapport aux médecins. Les docu-
sa crainte en se protégeant par anticipation du coup qu’il risque de ments 1 et 4 proposent des mises en scène traditionnelles, comme
recevoir. Il parait sur le point de tomber à la renverse. le montrent les costumes des médecins. En revanche, les mises en
6. a) Le docteur tient dans la main une énorme seringue (parfois scènes3 et 5 sont bien plus modernes, comme le soulignent notam-
appelée clystère), utilisée pour les « lavements », traitement très ment les couleurs du décor dans le document 3. Ce sont dans ces
fréquemment administré à cette époque. mises en scène que la dimension comique est le plus soulignée :
Mais dans le document 5, l’instrument est utilisé comme une arme il suffit d’observer l’administration surprenante du traitement dans
et fait penser à un rouleau à pâtisserie, « arme » traditionnelle de le document 3 ou l’attitude excessivement autoritaire du médecin
la ménagère en colère contre son mari, dans les farces notamment. dans le document 5. En revanche, dans le document 4, l’attitude des
b) Il s’en sert comme d’un gourdin pour menacer (et peut-être frapper) figures donne une dimension pathétique à la scène et on compatit
Argan. aux souffrances d’Argan. Les différences entre les mises en scène sont
7. Cette question s’appuyant sur le gout de l’élève, on ne peut propo- intéressantes car elles montrent que l’on peut proposer plusieurs
ser de corrigé type. On veillera simplement à ce que l’élève ait bien lectures et plusieurs interprétations de la pièce de Molière.

Complément :
› L’étude de ces mises en scène, qui relèvent du domaine des arts du spectacle vivant, s’inscrit dans la thématique : « Les arts à l’ère
de la consommation de masse (de 1945 à nos jours) ». Elle permet de sensibiliser les élèves à la diversité possible des mises en scène
d’un même texte et aux « métissages artistiques » dont témoignent par exemple l’utilisation d’effets clownesques dans les documents
3 et 5. Ce travail sur les mises en scène clownesques de textes classiques permet de retracer une petite histoire du théâtre allant de la
comedia dell’arte au cirque. Les mises en scène des textes de Molière se trouvent tout particulièrement au cœur de ce réseau d’influences :
Molière, qui s’est inspiré des comédies italiennes dans ses farces, fait l’objet de nombreuses expériences scéniques dans les mises en
scène contemporaines.
› Pour prolonger l’étude de ce point, on peut travailler sur la mise en scène du « Malade imaginé » de l’Agence des voyages imaginaires.
› Cette page présente le spectacle du « Malade imaginé » avec description, photographies et analyses. On peut également s’intéresser au
travail de la Compagnie Catherine Delattres sur L’Étourdi de Molière.

LEXIQUE

Exercice 1 : Les expressions en lien avec le théâtre sont : « théâtre Exercice 5 : 1) Pour assister au spectacle, je peux choisir une
– spectateur – hall – salle – balcon - velours des fauteuils – le place au balcon ou au parterre (à l’orchestre).
rideau – la scène – les feux de la rampe – les trois coups – les 2) Le metteur en scène donne des indications à ses comédiens :
acteurs – les décors ». « Tu entreras côté jardin pendant que ton camarade sortira côté
Exercice 2 : a) caprice – b) genre littéraire – c) attitude hypocrite cour. 3) Après le salut final, les artistes regagnent leur loge per-
– d) lieu où l’on joue des pièces de théâtre – e) pièce de théâtre sonnelle derrière les coulisses.
qui fait rire Exercice 6 : 1-d ; 2-a ; 3-c ; 4-e ; 5-h ; 6-g ; 7-f ; 8-b
Exercice 3 : a) un metteur en scène – b) une intrigue – c) une Exercice 7 : 1. Mots dérivés de specto : spectacle – spectateur –
exposition – d) un dénouement – e) une réplique – f) un comé- téléspectateur – spectaculaire
dien – g) un public – h) un dramaturge 2. oro : un panorama
Exercice 4 : 1) actes – 2) exposition – 3) coup de théâtre ou eido : une idée, kaléidoscope
dénouement – 4) didascalies et répliques video : la vue, la vision, visuel, visible, une vidéo, un belvédère

LANGUE

Exercice 1 : 1. Taisez–vous : mode impératif avait aussi appelé Jean que l’on m’a donné le prénom de Jean-Bap-
2. Qu’on me fasse : mode subjonctif dans une proposition indé- tiste. Pour nous différencier ! Vous comprenez, quand nous jouions
pendante dans la rue, mon frère et moi, et que nos parents voulaient nous
3. je veux que vous vous mariiez : verbe de volonté dans la pro- appeler par la fenêtre, pour que nous venions manger, ils ne pou-
position principale et emploi du subjonctif dans la proposition vaient pas crier : « Jean, Jean, venez manger ! » C’était fort peu
subordonnée commode… Aussi ils m’ont donné le nom de Jean-Baptiste.
4. Vous l’épouserez : futur indicatif à valeur d’ordre. Exercice 4 : Molière a été baptisé à l’église Saint-Eustache, sous
5. il faut manger : tournure impersonnelle exprimant l‘obligation le prénom de Jean. Ce n’est qu’à la naissance de son petit frère
Exercice 2 : 1. Drelin, drelin, drelin sont des onomatopées ; ah et que l’on avait aussi appelé Jean que l’on lui a donné le prénom
mon dieu sont des interjections. de Jean-Baptiste. Pour les différencier ! Vous comprenez, quand
2. a) Mon Dieu b) toc toc - grr - bang c) ah d) zut ils jouaient dans la rue, son frère et lui, et que leurs parents vou-
laient les appeler par la fenêtre, pour qu’ils viennent manger, ils
Exercice 3 : J’ai été baptisé à l’église Saint-Eustache, sous le pré-
ne pouvaient pas crier : « Jean, Jean, venez manger ! » C’était fort
nom de Jean. Ce n’est qu’à la naissance de mon petit frère que l’on
peu commode … Aussi ils lui ont donné le nom de Jean-Baptiste.

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Le livre du professeur • Français • 5e

EXPRESSION ÉCRITE

Exercice 1 : › L’activité a pour but de centrer l’élève sur un point › On rappelle au préalable quelques structures pour exprimer des
de l’écriture théâtrale, les didascalies, qui conduiront ensuite au sentiments :
jeu (expression orale, ex. 2) • phrase verbale exclamative : Je suis bien malheureuse !
› Pour la forme, sensibiliser sur la variété des constructions : • phrase non verbale exclamative : Quelle effroyable nouvelle !
emploi du présent de l’indicatif, participe et gérondif, mais aussi • Interjection : Ciel !
de groupes nominaux ou prépositionnels. › On évaluera :
› On veillera à ce que les élèves ne conjuguent pas les verbes au • la clarté de la disposition du texte (une réplique dans une
passé simple, ce qui ferait basculer le texte vers le narratif. pièce de théâtre n’est pas présentée de la même manière que
› Pour le contenu, on valorise la diversité des indications, notam- le discours direct dans un récit) et la typographie permettant
ment celles qui donnent des éléments concrets pour jouer la situa- de distinguer les noms des personnages, les répliques et les
tion : des accessoires comme une chaise, un coffret vide, un mou- didascalies : 3 pts
choir, faciliteront davantage le jeu (voir ex. expression orale n°2) • répliques tenant compte du caractère des personnages et de la
qu’une mention trop vague sur l’intonation ou redondant avec les situation : 5 pts
paroles : d’un air triste, il est troublé. Les précisions sur les dépla- • didascalies : 2 pts
cements : arrivée côté cour, corps à genoux, étendu au sol, etc… Exercice 3 : › L’un des objectifs du sujet est de ne pas limiter chez
sont autant d’éléments qui assureront des points de repères dans l’élève l’écriture théâtrale à un simple échange vif de répliques,
l’espace scénique. Le travail pourrait être accompagné d’un croquis parfois au contenu banal et aux informations minimales. Il faut
permettant de visualiser les déplacements. décrire de manière précise pour faire voir les affaires de la valise.
› Barème sur 10 points : › On rappelle au préalable les expansions du nom : adjectif
• Soin de la copie, texte recopié sans faute, nombre et mise en épithète, complément du nom mais aussi, selon la progression de
page des didascalies : 3 pts l’année, proposition subordonnée relative : Teddy, mon adorable
• Respect et diversité de la forme des didascalies : 3 pts ours en peluche que ma grand-mère m’a offert pour mes deux ans.
• Contenu des didascalies : 4 pts › L’exercice dans le meilleur des cas ne serait pas une simple énu-
Exercice 2 : › L’élève va rédiger une scène théâtrale, à partir d’une mération d’affaires hétéroclites mais permettrait de deviner quel
situation donnée. genre de personne est l’adolescent : dis-moi ce que tu emportes et
› Il est souhaitable qu’il intègre dans des répliques des allusions je te dirai qui tu es.
aux éléments exposés dans les scènes précédentes : l’amour d’An- › Enfin la comparaison avec la deuxième écriture joue sur le déca-
gélique pour Cléante, le mariage imposé par le père avec Thomas lage humoristique entre ce que l’on veut faire paraitre devant ses
Diafoirus. Il peut aussi bien envisager qu’Angélique se réjouit ou parents et ce que l’on cache.
se désespère de la mort d’Argan.

EXPRESSION ORALE

Exercice 1 : › Avant de lancer l’élève dans l’apprentissage de textes › Une idée d’exercice pour dissocier jeu et parole : Sur le passage
plus longs, montrer que l’on apprend bien ce que l’on dit bien, que « N’est-il point là ? [...] Ah, c’est moi » demander à l’élève de pro-
l’on dit bien ce que l’on comprend bien. L’extrait proposé ne com- noncer chacune des répliques en restant d’abord immobile, puis de se
porte aucun terme compliqué, aucune phrase longue. Cela permet déplacer ou d’effectuer un geste adapté. Cela évite que l’élève dise
d’axer la prestation de l’élève sur la représentation d’un personnage. l’extrait trop rapidement et « s’agite » au détriment du texte et du
› Est-ce que l’élève rend d’abord le texte intelligible en étant jeu.
audible (volume et débit) ? Exercice 3 : L’activité permet d’incarner le personnage et la situa-
› Le texte fait ensuite l’objet d’une interprétation, d’une incarnation. tion de manière plus ludique. L’accessoire et le costume peuvent
› Pistes : aussi favoriser le jeu sur des élèves encore inhibés lors des exer-
• Suggérer selon la proposition de l’élève, différentes directions : cices 1 ou 2.
ton menaçant et volume bas (colère sourde), crescendo au fil des
Exercice 4 : › Le professeur peut prendre le synopsis de différentes
répliques conduisant à une vive agitation, interprétation d’une
pièces : Le Médecin malgré lui, Les Fourberies de Scapin, L’Avare, Le
Élise déterminée ou craintive, etc.
Bourgeois gentilhomme (difficultés variables) ou proposer à plusieurs
• Écouter plusieurs groupes et justifier les propositions qui ont
groupes le synopsis de la même pièce.
été appréciées.
› L’activité porte sur la reformulation, qui permet d’évaluer la com-
• Demander au groupe après avoir joué de présenter comment il
préhension, d’ouvrir à la connaissance d’autres pièces de Molière, et
percevait son personnage.
de repérer les correspondances d’une pièce à l’autre. Le professeur
Exercice 2 : › C’est en pratiquant que l’élève pourra évaluer si ses peut en bilan faire le point sur ce qui définit une pièce comme une
indications scéniques préalablement pensées et écrites (expres- comédie.
sion écrite ex. 1) sont précises, variées, adaptées pour favoriser et
Exercice 5 : › L’élève intégrera les éléments biographiques sur
valoriser auprès de son camarade un jeu scénique.
Molière à partir des sites proposés, complétés éventuellement par
› Les propositions de didascalies sont testées par le jeu : certaines
la lecture cursive du roman biographique de Sylvie Dodeller Que
pourront donc être supprimées ou améliorées selon leur efficacité,
diable allait-il faire dans cette galère ? ou/et par la projection
à l’épreuve de la scène. Inversement, les deux élèves peuvent au
d’extraits du film d’Ariane Mnouchkine.
cours du jeu penser à une nouvelle indication scénique et complé-
› Pour maintenir l’équilibre de prise de parole, on s’assurera que
ter leur écrit.
l’élève interprétant le journaliste pourra, dans sa prise de parole,
› Dans cette activité, mettre en scène et interpréter, regarder et
employer des phrases déclaratives avant de poser des questions.
être regardé se nourrissent réciproquement.
› L’exercice peut être filmé, puis projeté à la classe.

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