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UNIVERSITE INTERNATIONALE PRIVEE D’ABIDJAN

UFR DES SCIENCES JURIDIQUES ET POLITIQUES

COURS DE JURIDICTIONS
INTERNATIONALES

Destiné aux étudiants de Master 2 de Droit des


professions judiciaires

Tchétché DJEGNINE, Magistrat.


SOMMAIRE

PREMIERE PARTIE : LES JURIDICTIONS UNIVERSELLES

CHAPITRE I : LA COUR INTERNATIONALE DE JUSTICE

CHAPITRE II : LE TRIBUNAL INTERNATIONAL DU DROIT DE


LA MER
CHAPITRE III : LA COUR PENALE INTERNATIONALE

DEUXIÈME PARTIE : LES JURIDICTIONS REGIONALES

CHAPITRE I : LES JURIDICTIONS D’AFRIQUE

CHAPITRE 2 : LES JURIDICTIONS D’AILLEURS


INTRODUCTION

« La question de savoir à quels signes se reconnaît une juridiction


intéresse …que le Droit international. En droit interne elle se pose
aujourd'hui surtout dans les branches du droit les moins évoluées.
Ainsi en droit administratif; si depuis longtemps la question ne surgit
plus pour les Tribunaux tels que le Conseil d'Etat ou les Tribunaux
administratifs départementaux, successeurs des Conseils de
préfecture, le problème s'est révélé au contraire pour des organismes
créés par le Législateur sans qu'il en spécifie le caractère; ainsi, dès la
fin du XIXe siècle et le début du XX" pour les Commissions prévues par
les premières lois sociales (Assistance médicale gratuite, Assistance
aux Vieillards). Aujourd'hui notamment dans le domaine très vaste des
organismes professionnels, des Ordres, la multiplicité des organismes a
posé aussi ce problème essentiellement pratique puisque de sa
solution dépend la nature des compétences qu'ils exercent et la
possibilité ou l'impossibilité de certains recours contre les décisions de
ces autorités. Il n'est pas étonnant, à plus forte raison, que le D.I.P.,
droit primitif, connaisse aussi ces difficultés. Il est clair qu'aucun
problème n'existe pour attribuer le caractère de juridiction
internationale à la C.I.J. ou aux Tribunaux d'arbitrage formés suivant
les formules classiques, mais à côté de ceux-ci, à quelle étonnante
floraison d'organismes de tout ordre n'assiste-t-on pas à l'heure
actuelle cabaret dans le cadre des Nations Unies, du Conseil de
l'Europe et en dehors de ces vastes organisations dans toutes celles,
plus restreintes, qui se sont constituées dans un but politique,
économique et social ! ». Louis CAVARE, « La notion de juridiction
internationale », Annuaire Français de Droit international, 1956,
pp.496-509.*

(Voir aussi Ziyad BAROUD, « Juridictions nationales, internationales


ou mixtes à quel juge se fier ? » Cahiers de l’Orient, 2009/2, N 94,
pp.111-118. CHANET Christine (2010). Les influences croisées
entre les juridictions nationales et les juridictions internationales.
Les Cahiers de droit, 51(1), 223–232).

La naissance de l’idée d’une justice internationale. À la fin du 19e


siècle, la Communauté́ internationale a pris conscience de la nécessité
de mettre en place une instance judiciaire « appelée à̀ défendre et à
mettre en œuvre les exigences profondes de l’humanité́ »1. La
nécessité́ de créer une cour, a été́ proclamée pour la première fois en
1899 à la Haye, lors de la Conférence de la paix. Cette Conférence fut
convoquée à l'initiative du Tsar de Russie Nicolas II, afin de «
rechercher les moyens les plus efficaces d'assurer à tous les peuples les
bienfaits d'une paix réelle et durable et de mettre avant tout un terme
au développement progressif des armements actuels »2 La Cour
internationale de justice créée depuis 1945 est l’organe judiciaire de
l’ONU qui a pendant longtemps permis de voir se décliner une véritable
justice internationale (Combacau J. & Sur S. . (2012). Droit
international public. 10e édition, Paris (France) ; Montchrestien,
822 p. Decaux E.. Droit international public. 12e éd.; Dalloz, , 2020.
643 p. Dupuy P-M. Droit international public. 15e éd. Paris (France.
Précis Dalloz. 2020. 962 p. Dinh N. G., Daillier F. & A Pellet A..
Droit international public. 8e éd. Paris (France). LGDJ. 2009.1708
p).

L’émergence d’une justice pénale, cadre de développement de la


justice internationale. Bien que l'idée soit née après la Première
Guerre mondiale, ce n'est qu'en 1945 que furent établies les premières
instances internationales de justice pénale, les tribunaux militaires
internationaux de Nuremberg et de Tokyo, pour connaitre des crimes
de guerre, crimes contre la paix et crimes contre l'humanité́ commis
pendant la Seconde Guerre mondiale.

1
Tavernier (P.) et Henckaerts (J-M), Droit international humanitaire coutumier : enjeux et défis contemporains,
collection du Centre de Recherches et d'Etudes sur les Droits de l'Homme et le droit humanitaire, Bruylant, 1 ère
éd, Bruxelles, 2008, p. 27

2
Iagolnitzer (D.), Le droit international et la guerre, évolution et problèmes actuels, questions contemporaines,
Le Harmattan, 1ère éd, Paris, 2007, p. 25.
Il fut à nouveau question de créer une Cour pénale internationale un
demi-siècle plus tard, à la fin de la Guerre froide. Entre-temps, les
atrocités massives commises en ex-Yougoslavie et au Rwanda avaient
incité les Nations Unies à créer deux tribunaux ad hoc, en 1993 et 1994
respectivement. Les crimes graves commis en Afrique, qui ont appelé́
l’attention mondiale et ont conduit à la création du TPIR, se sont
produits au Rwanda en 1994. Le premier rapport officiel des Nations
Unies à conclure que le génocide a eu lieu au Rwanda a été présenté le
28 juin 1994 par le Rapporteur spécial de la Commission des droits de
l’homme des Nations Unies. Ce rapport a non seulement constaté qu’un
génocide bien planifié et systématique a été commis au Rwanda, mais
il a aussi recommandé́ que les auteurs soient traduits en justice devant

un tribunal international. À peine une semaine plus tard, le 1er juillet


1994, le Conseil de sécurité́ des Nations Unies s’est à nouveau déclaré́
gravement préoccupé́ par les violations systématiques, généralises et
flagrantes du droit international humanitaire, y compris les actes de
génocide, commis au Rwanda. Notant que les auteurs de tels actes
devraient en porter individuellement la responsabilité́, le Conseil de
sécurité́ a chargé le Secrétaire général d’établir de toute urgence une
commission impartiale d’experts pour examiner les atrocités commises
au Rwanda. Cette Commission a estimé́ que, vu la gravité des
infractions commises, un tribunal pénal international devrait être mis
en place pour traduire en justice les auteurs de ces atrocités. De plus,
il a été considéré́ que tout futur rôle dissuasif serait au mieux garanti
par le développement d’un organe cohérent de droit pénal
international, de préférence par des juridictions internationales plutôt
que par des juridictions internes. En parallèle, le 28 septembre 1994,
le nouveau Gouvernement du Rwanda a sollicité́ l’assistance
internationale pour enquêter sur les personnes présumées responsables
du génocide, les traduire en justice et les punir.
En novembre 1994, le Conseil de sécurité́, agissant en vertu du chapitre
VII de la Charte des Nations Unies, comme il l’avait fait l’année
précédente lors de la mise en place du Tribunal pénal international
pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), décide de créer le TPIR. Le TPIR est donc,
comme le TPIY, un organe subsidiaire du Conseil de sécurité́, et tous
les États membres de l’Organisation des Nations Unies ont l’obligation,
conformément au droit international, d’apporter leur pleine
coopération. Au titre de l’article premier de son Statut, le TPIR est
habilité à juger les personnes présumées responsables de violations
graves du droit international humanitaire commises sur le territoire du
Rwanda et les citoyens rwandais présumés responsables de tels actes

ou violations commis sur le territoire d’États voisins, entre le 1er


janvier et le 31 décembre 1994.
Par ailleurs, face à certaines situations spécifiques qui nécessitaient
une meilleure intégration des particularités nationales, des juridictions
mixtes, mélangeant juges nationaux et internationaux ont été créées.
Le Tribunal spécial pour la Sierra Leone en 2002, les chambres
extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens en 2003 et le
Tribunal spécial pour le Liban en 2007 sont ainsi venus compléter la
palette des juridictions internationales. Aujourd’hui, ces juridictions
sont quasi-inexistantes au regard de l’accomplissement de leurs
différentes attributions.
La justice internationale répond fondamentalement à la nécessité de
fixer un cadre pour les conflits, de ne pas laisser les crimes impunis et
de servir d'exemple pour ne plus que de telles atrocités soient
commises. Elle a pour rôle de définir les responsabilités pour montrer
aux auteurs des crimes qu'ils devront répondre de leurs agissements
devant la loi.
La diversité de domaines de la justice internationale. La justice
internationale concerne aujourd’hui divers domaines comme
l’économie, l’environnement, etc.
Le cadre général des juridictions internationales fait apparaitre une
distinction entre deux types de juridictions. Il existe en effet, des
juridictions qui ont une compétence universelle (PREMIERE PARTIE) et
d’autres limitées à la sphère régionale (DEUXIEME PARTIE).
PREMIERE PARTIE : LES JURIDICTIONS UNIVERSELLES

Les juridictions qui seront étudiées au titre des juridictions universelles


sont : la Cour Internationale de Justice (chapitre I), le Tribunal
international du droit de la Mer (chapitre II) et la Cour Pénale
Internationale (chapitre III).

CHAPITRE I : LA COUR INTERNATIONALE DE JUSTICE

« Par « influences croisées » il faut comprendre les liens


organiques, fonctionnels, intellectuels et jurisprudentiels qui unissent
les juridictions nationales aux juridictions internationales. Celles-ci
comprennent non seulement les cours et tribunaux institués par un
traité ou une décision du Conseil de sécurité de l’Organisation des
Nations Unies (ONU) mais aussi les organes créés par des conventions,
chargés de contrôler leur application. Ainsi en est-il du Comité des
droits de l’Homme des Nations Unies qui contrôle l’application du
Pacte international sur les droits civils et politiques » (Chanet, C.
(2010). Les influences croisées entre les juridictions nationales et
les juridictions internationales. Les Cahiers de droit, 51(1), 223–
232. https://doi.org/10.7202/044141ar).

La Cour internationale de Justice, siégeant à La Haye dans le palais de


la Paix, est établie par l'article 92 de la Charte des Nations unies : « La
Cour internationale de Justice constitue l'organe judiciaire principal
des Nations unies ». Elle a été créée en 1945, après la Seconde Guerre
mondiale pour remplacer la Cour permanente de Justice internationale
(CPJI), instaurée par la Société des nations (SDN).
Pour mieux connaitre la CIJ, il importe d’examiner d’une part, sa
composition et son organisation et d’autre part, sa compétence ainsi
que la procédure suivie devant elle.
Section I : La composition et l’organisation de la CIJ

La Cour se compose de quinze membres. Elle ne pourra comprendre


plus d'un ressortissant du même État3.
Les membres de la Cour sont élus pour neuf ans et ils sont rééligibles ;
toutefois, en ce qui concerne les juges nommés à la première élection
de la Cour, les fonctions de cinq juges prendront fin au bout de trois
ans, et celles de cinq autres juges prendront fin au bout de six ans. Les
juges dont les fonctions prendront fin au terme des périodes initiales
de trois et six ans mentionnés ci-dessus seront désignés par tirage au
sort effectué par le Secrétaire général, immédiatement après qu'il aura
été procédé à la première élection. Les membres de la Cour restent en
fonction jusqu'à leur remplacement. Après ce remplacement, ils
continuent de connaître des affaires dont ils sont déjà saisis.
En cas de démission d'un membre de la Cour, la démission sera
adressée au Président de la Cour, pour être transmise au Secrétaire
général. Cette dernière notification emporte vacance de siège.
- Le Siège ;
- Le Greffe.

Section 2 : La compétence et la procédure applicable devant la Cour

La Cour a une double mission, consistant, d’une part, à régler


conformément au droit international les différends d’ordre juridique
qui lui sont soumis par les Etats (par des arrêts qui ont force obligatoire
et sont sans appel pour les parties concernées) et, d’autre part, à
donner des avis consultatifs sur les questions juridiques qui peuvent lui

3
Article 3 du Statut de la Cour
être soumises par les organes de l’ONU et les institutions du système
dument autorisées à le faire.

« Dans l’arrêt République démocratique du Congo c. Belgique du 14 février 20025,


la Cour internationale de justice se prononce sur l’immunité du ministre des
Affaires étrangères du Congo: «[après avoir] examiné avec soin la pratique des
États, y compris […] les quelques décisions rendues par de hautes juridictions
nationales, telles la Chambre des lords ou la Cour de cassation française, [la Cour]
n’est pas parvenue à déduire de cette pratique l’existence, en droit international
coutumier, d’une exception quelconque à la règle consacrant l’immunité de
juridiction pénale». CHANET Christine (2010). Les influences croisées

entre les juridictions nationales et les juridictions internationales.


Les Cahiers de droit, 51(1), 224.

Les langues officielles de la Cour sont le français et l'anglais. Si les


parties sont d'accord pour que toute la procédure ait lieu en français,
le jugement sera prononcé en cette langue. Si les parties sont d'accord
pour que toute la procédure ait lieu en anglais, le jugement sera
prononcé en cette langue. A défaut d'un accord fixant la langue dont il
sera fait usage, les parties pourront employer pour les plaidoiries celle
des deux langues qu'elles préféreront, et l'arrêt de la Cour sera rendu
en français et en anglais. En ce cas, la Cour désignera en même temps
celui des deux textes qui fera foi.

La Cour, à la demande de toute partie, autorisera l'emploi par cette


partie d'une langue autre que le français ou l'anglais. Les affaires sont
portées devant la Cour, selon le cas, soit par notification du
compromis, soit par une requête, adressées au Greffier ; dans les deux
cas, l'objet du différend et les parties doivent être indiqués.
Le Greffier donne immédiatement communication de la requête à tous
les intéressés.
Il en informe également les Membres des Nations Unies par l'entremise
du Secrétaire général, ainsi que les autres États admis à ester en
justice devant la Cour. La Cour a le pouvoir d'indiquer, si elle estime
que les circonstances l'exigent, quelles mesures conservatoires du droit
de chacun doivent être prises à titre provisoire.
Les parties sont représentées par des agents. Elles peuvent se faire
assister devant la Cour par des conseils ou des avocats. Les agents,
conseils et avocats des parties devant la Cour jouiront des privilèges et
immunités nécessaires à l'exercice indépendant de leurs fonctions. La
procédure est orale et écrite.

CHAPITRE II : LE TRIBUNAL INTERNATIONAL DU DROIT DE LA MER

« Au moment où le Tribunal international du droit de la mer fête


le dixième anniversaire de sa mise en place, il peut être intéressant de
se pencher sur son rôle dans le domaine de la protection du milieu
marin. Amené à appliquer et à interpréter un instrument, la
Convention des Nations unies sur le droit de la mer, dans lequel
l'environnement occupe une place de première importance, la
contribution du Tribunal est d'abord fonction de l'étendue de sa
juridiction et de l'utilisation qui en est faite par ceux qui peuvent le
saisir. Bien que l'activité du tribunal soit encore modeste, il n'en a pas
moins eu l'occasion, à plusieurs reprises, d'affirmer et de développer
certains principes de droit international de l'environnement ».
Christophe NOUZHA, « Le rôle du tribunal international du droit de
la mer dans la protection du milieu marin » op. cit.
Crée en 1982 par la Convention des Nations Unies sur le droit de la
mer, le Tribunal international du droit de la mer est une juridiction
indépendante ayant son siège à Hambourg en Allemagne.

Section I. Composition et organisation du Tribunal

Paragraphe I : La composition du Tribunal

Le Tribunal est composé de 21 membres permanents (Article 2, §1


Statut). Certaines

Critiques ont été́ faites concernant le nombre enlevé́ de juges,


notamment au regard des 15 juges de la CIJ. Cela s’explique par le fait
que le Tribunal ne s’occupe pas uniquement des litiges entre États,
mais également des différends relatifs à̀ l’exploration et l’exploitation
des fonds marins. La chambre des fonds marins monopolise à elle seule
11 juges.

L’article 4, § 3 du Statut du TIDM précise que l’élection des juges


devait avoir lieu six mois après l’entrée en vigueur de la Convention.
Les Parties contractantes, réunies à New York en novembre 1994,
décidèrent de renvoyer l’élection des juges au 1er aout 1996 ;
raison de ce renvoi était de permettre à un nombre important d’États,
représentatifs des différentes parties du monde, de participer et
présenter des candidats. En 1994, les Parties contractantes étaient à
peine 60 et lors de l’élection des juges elles étaient 100.
La composition du tribunal doit respecter deux principes. D’une part,
le TIDM doit représenter les principaux systèmes juridiques du monde
(art 3, § 2) et d’autre part, il doit respecter une répartition
géographique équitable (art 2, §2 du Statut).

Les sièges furent ainsi répartis : Afrique : 5


Asie : 5
Europe de l’ouest : 4

Amérique latine et pays des caraïbes : 4 Europe de l’est : 3

Les membres du Tribunal sont élus pour 9 ans et rééligibles. Des


élections ont lieu tous les 3 ans. Ils bénéficient de privilèges et
immunités diplomatiques. Le Tribunal doit ensuite élire son président,
vice-président ainsi que le greffier, greffier adjoint et greffier
assistant.

Les juges ne peuvent exercer une autre fonction politique ou


administrative interne ou internationale (art. 7 du Statut). De même,
le juge ne doit pas être associé ou intéressé́ financièrement à aucune
opération d’une entreprise qui s’occupe de l’exploration ou
l’exploitation des ressources de la mer ou des fonds marins ou d’une
autre utilisation commerciale de la mer ou des fonds marins. L’accord
de siège et l’accord sur les privilèges garantissent une protection des
informations (inviolabilité́ des archives) facilitant le travail des juges.

Paragraphe II : L’organisation du Tribunal

« Lorsqu’il est question de protection du milieu marin, la Convention


des Nations unies sur le droit de la mer (ci-après la Convention)
apparaît comme un instrument incontournable, non seulement du fait
des règles qu’elle contient, mais également en raison de la fonction de
traité-cadre qu’elle assume. Qualifiée de véritable « constitution des
mers et des océans », la Convention a pour objectif, selon son
préambule, de régler l’ensemble des « problèmes concernant le droit
de la mer » en établissant « un ordre juridique pour les mers et les
océans ». Les questions liées à la protection du milieu marin figurent à
cet égard en bonne place dans le texte de la Convention, qui y
consacre de nombreuses dispositions, que ce soit dans le domaine de la
lutte contre les différentes formes de pollution ou encore de la
conservation des ressources biologiques. La partie XII de la
Convention, intitulée « Protection et préservation du milieu marin »,
contient d’ailleurs la plupart des articles concernant l’environnement,
même si ce n’est pas la seule à s’en préoccuper. D’autres dispositions
ayant trait à ce sujet sont en effet parsemées dans l’ensemble de la
Convention, qu’il s’agisse des droits de l’État côtier de prendre des
mesures destinées à prévenir la pollution (parties II à IX), ou bien des
règles relatives à l’exploration ou à l’exploitation des ressources
minérales de la Zone internationale des fonds marins (partie XI et
Accord de 1994 modifiant cette partie de la Convention), ou encore
des règles concernant la recherche scientifique marine (partie XIII).
Christophe NOUZHA, « Le rôle du tribunal international du droit de
la mer dans la protection du milieu marin » op. cit.

Le tribunal peut juger de toute affaire qui lui est soumise, soit par une
formation plénière, soit par la chambre des fonds marins dont les
compétences sont déterminées avec précisons dans la Convention.

La chambre des fonds marins. Elle se compose de 11 membres choisis


sur le principe de la répartition géographique équitable. Elle est
compétente pour trancher les litiges qui concernent l’exploitation et
l’exploration des ressources minérales de la zone internationale. Cette
chambre constitue, comme il l’a été souvent souligné, « un tribunal
dans le tribunal ».

L’article 36 du Statut prévoit la création de chambre ad hoc créée par


la chambre des fonds marins à la demande de toute partie à un
différend lié à l’exploration et l’exploitation des ressources de la zone
internationale. La chambre ad hoc se compose de 3 membres. Ils sont
choisis parmi les 11 membres de la chambre des fonds marins. Les
parties donnent leur assentiment à la composition de cette chambre.
Chaque partie désigne un juge et le troisième est désigné́ de commun
accord.

Les chambres spéciales. Le statut prévoit en outre la possibilité́ de


créer des chambres spéciales. Le rôle du TIDM reste prépondérant dans
la création de cette chambre à la différence de l’arbitrage, où ce sont
les parties qui désignent elle-même les arbitres. C’est une innovation
qui ouvre aux parties de nouvelles voies pour le règlement des
différends en cumulant à la fois, les avantages de l’arbitrage et des
juridictions préconstituées. L’affaire « Saiga » et le choix
d’abandonner l’arbitrage au bénéfice du Tribunal en est un exemple
frappant.

La chambre de procédure sommaire. A sa première session, le


Tribunal a constitué́ sa première chambre de procédure sommaire en
application de l’art 15, §3 du Statut. La chambre peut connaître de
toute affaire qui lui est déférée par le tribunal plénier. Elle a pour
spécificité́ de pouvoir statuer en procédure sommaire. La chambre peut
entendre une affaire et statuer sur celle-ci à la demande des États qui
sont parties à l’instance. Elle se compose du président du Tribunal et
du vice-président qui y siègent de plein droit, ainsi que de trois autres
membres du Tribunal.

La chambre du milieu marin. Elle se compose de 7 membres choisis


selon le principe de répartition géographique équitable. Elle est
compétente pour connaître de tout différend qui concerne la lutte
contre la pollution par référence à la convention des NU sur le droit de
la mer ou tout autre accord qui prévoit la compétence du tribunal en la
matière.
La chambre des pêcheries. Elle se compose également de 7 membres
et est compétente pour trancher tout différend qui peut porter sur la
préservation et la gestion des ressources vivantes de la mer par
référence à la Convention des NU sur le droit de la mer ou tout autre
convention qui prévoit la compétence du tribunal en la matière.

La chambre de l’article 15 § 2 du Statut. Cette chambre règle des


différends détermines à la demande des parties. La composition de
cette chambre est fixée par le Tribunal. Par une ordonnance du 20
décembre 2000, le Tribunal a constitué́, à la demande du Chili et de la
Communauté́ Européenne, une chambre permettant de trancher le
litige sur la conservation et l’exploitation durable des stocks d’espadon
dans l’Océan Pacifique Sud Est.

Plusieurs nouveautés sont à souligner dans l’organisation de ce


Tribunal. Le Tribunal peut créer de sa propre initiative à la demande
des parties une chambre ad hoc. Il existe ainsi une certaine
coopération entre les parties au litige et le Tribunal. D’autre part,
toute partie à un différend soumis au Tribunal peut également designer
un juge ad hoc (art 8 et 9 du Règlement).

SECTION 2 : La compétence et la procédure applicable devant le


Tribunal

Paragraphe I : Les règles relatives à la compétence du Tribunal

Le TIDM possède deux champs de compétence. Il est compétent, d’une


part, en ce qui concerne la procédure contentieuse et d’autre part,
pour rendre des avis consultatifs.
La procédure contentieuse. La Convention et le Statut ont attribué́
au TIDM six variétés différentes de compétence.

Compétence pour connaître de tout différend relatif à


l’interprétation ou à l’application de la Convention. L’article 288,
§1 de la Convention et l’article 21 du Statut confèrent au Tribunal
Compétence pour connaitre de tous les différends qui lui sont soumis
conformément à la Partie XV de la Convention et qui concernent
l’interprétation ou l’application de cette dernière et de L’Accord
relatif à l’application de la Partie XI de la convention. Cette
compétence obligatoire du Tribunal est soumise aux limitations et
exceptions énoncées dans les articles 2 97 et 298 de
la Convention. Toutefois, les Parties sont libres de soumettre au
Tribunal, d’un commun accord, un différend qui ferait l’objet d’une
des limitations ou exceptions.

Compétence pour connaître de tout différend relatif à


l’interprétation ou à l’application d’autres accords. En vertu de
l’article 288, §2 de la Convention, le Tribunal a « compétence pour
connaître de tout différend qui est relatif à l’interprétation ou à
l’application d’un accord international se rapportant aux buts de la
Convention et qui lui est soumis conformément à cet accord ». Il est
donc nécessaire d’être en présence d’un accord international d’une
part, et qui fasse référence aux buts de la Convention, d’autre part. Il
est conseillé́ d’interpréter cette deuxième condition en référence au
préambule de la Convention. De plus, étant donné que la Convention
règle une relativement large proportion de questions relatives au droit
de la mer, il est difficile de concevoir qu’un accord dans le domaine
maritime n’ait pas les rapports nécessaires au but de la Convention. A
ce jour, sept accords multilatéraux confèrent compétence au Tribunal.
Il s’agit de :

- Protocole de 1996 à la Convention de 1972 sur la prévention de la


pollution des mers résultant de l’immersion des déchets (adopté le 7
novembre 1996 par la Réunion spéciale des parties contractantes à la
Convention de Londres de 1972). Texte non en vigueur.

- Accord aux fins de l’application des dispositions de la CMB relatives à


la conservation et à la gestion des stocks de poissons dont les
déplacements s’effectuent tant à l’intérieur qu’au-delà̀ des zones
économiques exclusives (stocks chevauchants) et des stocks de grands
migrateurs (Adopté le 4 aout 1995 par la Conférence des Nations Unies
sur les stocks de poissons dont les déplacements s’effectuent tant à
l’intérieur qu’au-delà̀ de zones économiques exclusives (stocks
chevauchants) et les stocks de poissons grands migrateurs. Ouvert à la
signature le 4 décembre 1995. Texte en vigueur depuis le 11 décembre
2001.

- Accord visant à favoriser le respect par les navires de pêche en haute


mer des mesures internationales de conservation et de gestion.
(Approuvé à Rome le 24 novembre 1993 par la Conférence de la FAO à
sa vingt-septième session par sa Résolution 15/93).Texte non en
vigueur.

- Accord-cadre pour la conservation des ressources biologiques marines


de la haute mer du Pacifique Sud Est. (Signé à Santiago le 14 aout 2000
par le Chili, la Colombie, l’Équateur et le Pérou). Texte non en
vigueur.
- Convention sur la protection du patrimoine culturel subaquatique
(adoptée le 2 novembre 2001 par l’assemblée plénière de la 31ème
session de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies
pour l'éducation, la science et la culture). Texte non en vigueur.

- Convention relative à la conservation et à la gestion des stocks de


poissons grands migrateurs dans le pacifique occidental et central
(faite à Honolulu, le 5 septembre 2000). Texte non en vigueur.

- Convention sur la conservation et la gestion des ressources


halieutiques dans l’océan atlantique du sud-est (faite à Windhoek, le
20 avril 2001). Texte non en vigueur.

La formulation de l’article 21 du Statut diffère légèrement de celle de


la Convention en ce qu’elle prévoit que le Tribunal est compétent «
toutes les fois que cela est expressément prévu dans tout autre accord
conférant compétence au Tribunal ». On remarquera la divergence de
rédaction entre la Convention et le Statut. Tandis que la première
parle « d’un accord international », le second fait référence « à tout
accord ». En plus de ne pas imposer de rapports avec les buts de la
Convention, le statut n’exige pas que l’accord en question soit
international. La majorité́ de la doctrine est d’accord pour affirmer
que la disposition de l’article 21 a pour effet d’élargir la compétence
du Tribunal par rapport à l’article 288, §2 de la Convention.

L’article 22 du Statut permet aux parties à un traité ou une convention


déjà̀ en vigueur de décider de soumettre tout différend relatif à une
question visée par la Convention de 1982 au Tribunal. Les Parties ne
sont pas contraintes pour autant d’amender leur traité, il suffit
qu’elles conviennent entre elles de se tourner vers le Tribunal en cas
de différend.

Compétence de la Chambre pour le règlement des différends


relatifs aux fonds marins

« La chambre pour le règlement des différends relatifs aux fonds


marins constitué[e] conformément à l’annexe VI et toute autre
chambre ou tout autre tribunal arbitral visé à la section 5 de la Partie
XI ont compétence pour connaître de toute question qui leur est
soumise conformément à celle-ci ». Ainsi s’énonce l’article 288, §3 de
la Convention. Cette Chambre est un organe spécial au sein du Tribunal
avec des règles de compétence propres et une juridiction obligatoire
pour les différends relatifs aux fonds marins. Les catégories de
différends qui peuvent lui être soumis, sont énumérées à l’article 187
de la Convention.
Le §1 de l’article 188 de la Convention prévoit que les différends entre
États parties peuvent être soumis, soit à une chambre spéciale du
Tribunal, soit à une chambre ad hoc de la Chambre pour le règlement
des différends relatifs aux fonds marins, à la demande de toute partie
au différend.

Décision du Tribunal relative à toute question concernant sa


compétence.

Dans l’hypothèse où la compétence du Tribunal serait remise en cause


par une partie, il revient à celui-ci de déterminer s’il est ou non
compètent (art. 288, §4 convention et art. 58 du règlement du
Tribunal).
Mesures conservatoires

L’article 290, §1 de la Convention prévoit que, si le Tribunal considère


prima facie avoir compétence en vertu de la Partie XV ou de la section
5 de la Partie XI, il peut prescrire toutes les mesures conservatoires
qu’il juge appropriées en la circonstance pour préserver les droits
respectifs des parties en litige ou pour empêcher que le milieu marin
ne subisse de dommages graves en attendant la décision définitive. Par
ailleurs, le §5 du mémé article donne au Tribunal la compétence
obligatoire pour la prescription, la modification ou le rapport de
mesures conservatoires en attendant que le tribunal arbitral saisi du
différend soit constitué́.

Il est néanmoins indispensable que le Tribunal vérifie auparavant que


le tribunal arbitral est bien prima facie compétent dans le cadre de ce
litige et que l’urgence de la situation requiert la prescription de ces
mesures. L’interprétation de la notion « prima facie » et de la notion «
d’urgence » ont donné́ lieu à divers commentaires que nous
examinerons

Prompte mainlevée de l’immobilisation du navire ou prompte


libération de son équipage

Cette dernière compétence du tribunal en matière contentieuse n’est


pas la moindre. Il s’agit d’une des principales innovations de la
Convention. Selon M. AKL, elle s’analyse comme « une contrepartie de
l’extension considérable des droits des États côtiers sur l’espace
maritime que constitue la zone économique exclusive. La procédure de
prompte mainlevée offre une certaine garantie, dans des situations
bien déterminées, aux puissances maritimes et aux personnes
physiques ou morales engagées dans les activités de navigation
maritime face à la détention prolongée d’un navire et de son équipage
et des préjudices qui en découlent, tant sur le plan humanitaire que
sur le plan économique. L’article 292, §1 de la Convention prévoit une
juridiction résiduelle obligatoire du TIDM pour connaître des demandes
de prompte mainlevée. La Convention exige la réunion préalable de
plusieurs conditions à l’exercice de cette compétence. Il faut tout
d’abord l’immobilisation d’un navire d’un État partie par un autre État
partie, sans que les dispositions de la Convention relatives à la prompte
mainlevée ou la prompte mise en liberté́ d’équipage après dépôt d’une
caution raisonnable aient été respectées. Ensuite, il est nécessaire que
les parties ne soient pas parvenues à un accord dans un délai de dix
jours à compter de l’immobilisation du navire ou de l’arrestation de
l’équipage. Par ailleurs, il est important de souligner que seul l’État du
pavillon ou un État agissant en son nom est en droit de demander la
mainlevée ou la mise en liberté́ (art. 292, §2 Conv.).

Les avis consultatifs.

Parallèlement à sa compétence contentieuse, une compétence


consultative a été attribuée au Tribunal. Bien qu’aucune disposition de
la Convention ne traite de la compétence consultative du Tribunal, il
est reconnu que la Chambre des fonds marins est en mesure de rendre
des avis consultatifs, à la demande de l’Assemblée ou du Conseil, sur
des questions juridiques qui se posent dans le cadre de leur activité́
(art. 159, §10 et art. 191 Conv.). Lorsque la Chambre rend son avis,
elle en informe l’Autorité́, les États parties et les organisations
concernées
Néanmoins, le Tribunal est quand même habilité à donner des avis
consultatifs, mais fondés, cette fois, sur d’autres accords
internationaux. L’article 138,§1 du règlement prévoit qu’un avis
juridique peut être demandé au Tribunal dans la mesure où un accord
international se rapportant aux buts de la Convention le prévoit
expressément. Dans ce cas, la même procédure que celle prévue pour
les avis émanant de la Chambre des fonds marins s’applique.

Paragraphe 2 : La procédure applicable devant le Tribunal

Le facteur temps est un élément essentiel dans la conduite de la


procédure. Le règlement du TIDM prévoit dans son article 49 que « la
procédure devant le Tribunal est conduite sans retard et dépenses
inutiles ». D’autre part, une grande liberté́ est laissée aux parties leur
permettant d’exercer leur influence sur la procédure tout en gardant
une sécurité́ juridique.

Les règles concernant la procédure sont précisées aux articles 24 à 34


du Statut du Tribunal et aux articles 46 à 106 du Règlement. L’acte
introductif d’instance (requête ou compromis) fixe l’objet et les
parties au litige, d’où la nécessité́ de préciser un grand nombre
d’éléments (art 24 du Statut et 54 du règlement). Lors de
l’introduction à l’instance, le demandeur doit déterminer un agent afin
d’assurer sa représentation devant le TIDM (seul à accomplir des actes
de procédure –art 56 § 1 du règlement). Des conseils ou avocats
peuvent assister les parties lors des débats. Le greffier notifie
l’introduction de l’instance à la partie défenderesse. La notification est
également faite aux parties à la Convention. La partie défenderesse
désigne un agent dès la réception de la copie certifiée conforme de la
requête.
Le Tribunal a compétence pour fixer les délais d’accomplissement de
certains actes de procédure. Il peut joindre une ou deux affaires qui
ont un objet en commun. Dans l’affaire du Thon à nageoire bleue,
l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont fait une demande de mesures
conservatoires contre le Japon.

Avant que le Tribunal n’examine le bien fondé des prétentions,


quelques questions doivent être réglées. Il existe, en effet, des
procédures incidentes qui doivent être prises en compte dès le début
de la procédure : exceptions préliminaires (art 97 du Règlement),
procédure préliminaire (art 294), demande reconventionnelle,
l’intervention (art 31 et 32 Statut).

La phase principale (art 41 § 1 du Règlement) comporte deux étapes :


une procédure écrite et orale. Tout d’abord, les parties ont un délai de
6 mois pour se soumettre les pièces (art 59 §1 du Règlement) et les
transmettre au Tribunal. Le mémoire (faits, moyens de droit et
conclusion formelle) doit être soumis dans les 6 mois qui suivent
l’introduction de l’instance. Les juges peuvent ensuite se réunir pour
une délibération initiale (art 68 du Règlement). Ils échangent leurs
points de vue. Il n’existe pas de telle réunion dans le fonctionnement
de la CIJ. La phase orale débute six mois à partir de la clôture de la
procédure écrite. Le Tribunal va auditionner des agents, des experts
lors d’une audience publique les experts peuvent siéger au Tribunal
sans droit de vote. Les parties formulent ensuite leur conclusion et le
Tribunal se retire en chambre du conseil.

Le Tribunal rend une décision définitive (art 296 de la Convention) lors


d’une séance publique. Les juges se sont auparavant consultés afin de
dégager une majorité́ en faveur d’une décision. Il n’existe pas de
recours contre cette décision (art 33 Statut), mais les parties ont la
possibilité́ de contester le sens ou la portée d’un arrêt par le biais
d’une demande en révision ou en interprétation.

CHAPITRE III : LA COUR PENALE INTERNATIONALE

Créée par le Statut de Rome du 17 juillet 1998 lequel est entré en


vigueur le 1er Juillet 2002, La Cour pénale internationale est une
juridiction pénale internationale permanente, et à vocation
universelle, chargée de juger les personnes accusées de génocide, de
crime contre l'humanité, de crime d'agression et de crime de guerre.
Son siège est à la Haye aux Pays-Bas. Le Statut de Rome de la CPI a été
ratifié par la Côte d’Ivoire le 15 février 2013.

Section 1 : L’organisation de la Cour

Les organes de la Cour sont les suivants4 :

1. La Présidence ;
2. Une Section des appels, une Section de première instance et une
Section préliminaire ;
3. Le Bureau du Procureur ;
4. Le Greffe.

Dès que possible après l'élection des juges, la Cour s'organise en


sections comme le prévoit l'article 34, paragraphe b). La Section des
appels est composée du Président et de quatre autres juges ; la Section
de première instance et la Section préliminaire sont composées
chacune de six juges au moins. L'affectation des juges aux sections est
fondée sur la nature des fonctions assignées à chacune d'elles et sur les

4
Article 34 du Statut de Rome
compétences et l'expérience des juges élus à la Cour, de telle sorte
que chaque section comporte la proportion voulue de spécialistes du
droit pénal et de la procédure pénale et de spécialistes du droit
international. La Section préliminaire et la Section de première
instance sont principalement composées de juges ayant l'expérience
des procès pénaux5. Les fonctions judiciaires de la Cour sont exercées
dans chaque section par des Chambres.

La Chambre d'appel est composée de tous les juges de la Section des


appels ; Les fonctions de la Chambre de première instance sont
exercées par trois juges de la Section de première instance ; Les
fonctions de la Chambre préliminaire sont exercées soit par trois juges
de la Section préliminaire soit par un seul juge de cette Section
conformément au présent Statut et au Règlement de procédure et de
preuve ; Les juges affectés à la Section préliminaire et à la Section de
première instance y siègent pendant trois ans. Ils continuent d'y siéger
au-delà̀ de ce terme, jusqu'au règlement de toute affaire dont ils ont
eu à connaître dans ces sections. Les juges affectés à la Section des
appels y siègent pendant toute la durée de leur mandat.

Section 2 : La compétence et la procédure applicable devant la Cour


pénale internationale

Paragraphe 1 : La compétence de la Cour

Aux termes de son Statut, la CPI a compétence pour les crimes


d’agression, le génocide, les crimes contre l’humanité́ et les crimes de
guerre6. L’article 8 du Statut énumère les crimes de guerre à l’égard

5
Article 39 du Statut de Rome
6
Article 5 du Statut de Rome
desquels elle a compétence, à savoir la plupart des infractions graves
visées dans les Conventions de Genève de 1949 et le Protocole
additionnel I, ainsi qu’une série de violations graves du DIH, dont
certaines sont considérées comme des crimes de guerre qu’elles aient
été commises dans un conflit armé international ou non international.
Les infractions spécifiquement qualifiées de crimes de guerre dans le
Statut comprennent : le viol, l’esclavage sexuel, la prostitution forcée,
la grossesse forcée ou toute autre forme de violence sexuelle ;
l’utilisation d’enfants de moins de 15 ans pour participer activement
aux hostilités.

Les États qui deviennent parties au Statut acceptent la compétence de


la CPI à l’égard des crimes ci-haut mentionnés. En vertu de l’article 25
du Statut, la Cour exerce sa compétence à l’égard des individus et non
des États.

La Cour peut exercer sa compétence à l’instigation du Procureur7 ou


d’un État partie, à condition que celui-ci soit l’État sur le territoire
duquel le crime a été́ commis ou l’État dont la personne accusée du
crime est un ressortissant. Un État qui n’est pas partie au Statut peut,
par déclaration, consentir à ce que la Cour exerce sa compétence.
Dans le cadre du régime de sécurité́ collective prévu au chapitre VII de
la Charte des Nations Unies, le Conseil de sécurité́ peut déférer une
situation au procureur pour enquête. Il peut aussi demander
qu’aucune enquête ni poursuite ne soit engagée ou menée pendant
une période de douze mois renouvelables8.

7
Article 13 du Statut de Rome
8
Article 16 du Statut de Rome
La compétence de la chambre préliminaire.

La chambre préliminaire est composée d’un ou de trois juges de la


section préliminaire. Cette chambre est en charge des questions
soulevées avant le procès. Ses fonctions et pouvoirs principaux sont
décrits dans l’article 57 du Statut de Rome.

La chambre préliminaire a un rôle important dans la décision


d’autoriser ou non l’ouverture d’une enquête ou de poursuite. Quand
le Procureur conclut qu’il y a une base raisonnable pour ouvrir une
enquête de sa propre initiative, le Procureur présente à la Chambre
préliminaire une demande d’autorisation en ce sens9. La chambre
préliminaire peut demander au Procureur dans certaines circonstances
de reconsidérer une décision de pas enquêter où poursuivre10. Les
victimes peuvent participer à la procédure. D’autres fonctions de la
Chambre préliminaire comprennent : la délivrance de mandats d’arrêt
et des assignations à comparaître devant la Cour, le respect des droits
des accusés11 assurer la protection et le respect de la vie privée des
victimes et des témoins, la préservation des preuves, la protection des
personnes qui ont été arrêtées ou comparu sur citation ainsi que la
protection des renseignements touchant la sécurité nationale. La
Chambre préliminaire peut donner l’autorisation de prendre certaines
mesures sur le territoire d’un État partie.

Après la remise de la personne à la Cour ou sa comparution volontaire


devant celle-ci, la Chambre préliminaire tient une audience de
confirmation des charges qui se déroule en présence du Procureur, de
la personne faisant l’objet de l’enquête ou des poursuites ainsi que du

9
Article 15.3 du Statut de Rome
10
Article 53.3 a) du Statut de Rome
11
Article 57.3 du Statut de Rome
conseil de celle-ci, pour confirmer ou rejeter les charges apportées par
le Procureur. À l’audience, le Procureur doit étayer chacune des
charges avec des éléments de preuves suffisantes.

La Chambre de première instance .

La Chambre de première instance est composée de trois juges de la


section de première instance. La Chambre de première instance
détermine l’innocence ou la culpabilité́ d’un accusé. Se fondant sur la
décision préliminaire concernant la recevabilité́ d’une affaire et après
la confirmation des charges par la Chambre préliminaire, la présidence
constitue une Chambre de première Instance qui conduit à la phase
suivante de la procédure.

La Présidence peut décider d’affecter temporairement à la division de


Première instance un juge assigné à la Section préliminaire si pour des
raisons d’efficacité le Travail de la Cour l’exige. Cependant, un juge
qui a participé́ a la phase préliminaire d’une affaire n’est en aucun cas
autorisé à siéger à la Chambre de première instance saisie de cette
affaire.

Le rôle principal de la Chambre de première instance, selon l’article 64


du Statut de Rome, est de veiller à ce que le procès soit conduit de
façon équitable et avec diligence, dans le plein respect des droits de
l’accusé et en ayant égard à la nécessité́ d’assurer la protection des
victimes et des témoins.

Si la Chambre de première instance déclare l’accusé coupable, elle


peut prononcer les peines suivantes :
•Une peine d’emprisonnement pour un temps donné mais au maximum
30 ans ou une peine d’emprisonnement à perpétuité́, si l’extrême
gravité du crime et la situation personnelle du condamné le justifient ;
de même que
•. Des amendes et la confiscation de profits, biens et avoirs tirés
directement ou indirectement du crime.

La Chambre de première instance peut rendre contre une personne


condamnée une ordonnance indiquant la réparation qu’il convient
d’accorder aux victimes, et ce, sous forme d’indemnisation, de
restitution ou de réhabilitation.

Les procès doivent être tenus en présence du public, à moins que des
circonstances particulières nécessitent d’ordonner un huis clos afin
d’empêcher que des informations confidentielles ou sensibles soient
utilisées comme preuves ou pour protéger les victimes et les témoins.

La Chambre d’appel

La Chambre d’appel est composée de tous les juges de la Section des


appels.

Le Procureur ou la personne poursuivie peut interjeter appel devant la


Chambre d’appel contre les décisions de la Chambre préliminaire et de
la Chambre de première instance. De plus, les décisions de la Cour
peuvent faire l’objet d’un appel, dans certaines circonstances, par les
États parties, d’autres États qui estiment avoir compétence, les
victimes, les propriétaires de bonne foi d’un bien affecté par cette
décision, ou les parents ou autre personne autorisée après le décès
d’une personne condamnée12.

Il peut être interjeté́ appel d’une peine au motif d’un vice de


procédure, d’une erreur de fait, d’une erreur de droit, ou tout autre
motif de nature à̀ compromettre l’équité́ ou la régularité́ de la
procédure ou de la décision, tel que la disproportion entre le crime et
la sentence rendue par les chambres inferieures.

La Chambre d’appel peut décider d’annuler ou de modifier la décision,


le jugement ou la condamnation ou ordonner un nouveau procès devant
une Chambre de première instance différente.

La révision de la condamnation peut être demandée si un nouvel


élément de preuve a été découvert alors qu’il n’était pas connu au
moment du procès et qu’il est suffisamment important ou décisif pour
que la Chambre d’appel révise ou modifie la condamnation.

Le bureau du Procureur (bdP)

Le BdP est responsable de la conduite des enquêtes et des poursuites


des crimes qui relèvent de la compétence de la Cour. En tant
qu’organe indépendant et distinct au sein de la Cour, il est chargé de «
recevoir les communications et tout renseignement dûment étayé́
concernant les crimes relevant de la compétence de la Cour, de les
examiner, de conduire les enquêtes et de soutenir l’accusation devant
la Cour ».

Le principe de complémentarité́ exige du BdP d’analyser les


informations relatives aux crimes relevant de la compétence de la Cour

12
Article 82 du Statut de Rome
et de déterminer si les États ayant compétence sur les crimes ont la
volonté́ ou la capacité́ d’enquêter et de poursuivre.

Trois divisions principales effectuent le travail opérationnel du


Bureau : la Division de la compétence, de la complémentarité́ et de la
coopération (DCCC), la Division des enquêtes et la Division des
poursuites. Le Cabinet du Procureur est chargé de coordonner le travail
du Bureau. Il est appuyé́ par les Sections des services et des avis
juridiques (la Section des services apporte une infrastructure et des
services administratifs, linguistiques et techniques).

Paragraphe 2 : La procédure applicable devant la Cour

Les règles de procédure applicable devant la Cour pénale


internationale sont prévues par le règlement de procédure et de
preuve. Il précise les règles relatives à la preuve, son rassemblement,
son admissibilité devant la Cour, la procédure devant la chambre
préliminaire etc.
En ce qui concerne la protection des victimes et témoins l’article 68 du
Statut de Rome prévoit plusieurs mesures protectrices. Il s’agit
notamment des mesures propres à protéger la sécurité, le bien-être
physique et psychologique, la dignité et le respect de la vie privée des
victimes et des témoins. Par ailleurs, par exception au principe de la
publicité des débats énoncé à l'article 67 du Statut, les Chambres de la
Cour Pénale Internationale peuvent, pour protéger les victimes et les
témoins ou un accusé, ordonner le huis clos pour une partie quelconque
de la procédure ou permettre que les dépositions soient recueillies par
des moyens électroniques ou autres moyens spéciaux. Ces mesures sont
appliquées en particulier à l'égard d'une victime de violences sexuelles
ou d'un enfant qui est victime ou témoin, à moins que la Cour n'en
décide autrement compte tenu de toutes les circonstances, en
particulier des vues de la victime ou du témoin. En outre, Lorsque la
divulgation d'éléments de preuve et de renseignements, risque de
mettre gravement en danger un témoin ou les membres de sa famille,
le Procureur peut, dans toute procédure engagée avant l'ouverture du
procès, s'abstenir de divulguer ces éléments de preuve ou
renseignements et en présenter un résumé. De telles mesures doivent
être appliquées d'une manière qui n'est ni préjudiciable ni contraire
aux droits de la défense et aux exigences d'un procès équitable et
impartial.

DEUXIÈME PARTIE : LES JURIDICTIONS RÉGIONALES

CHAPITRE I. LES JURIDICTIONS D’AFRIQUE

Section I : La Cour africaine des droits de l’homme et des peuples


(CADHP)

« La Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (ci-après


denommée Cour africaine) est la plus jeune juridiction continentale de
protection des droits de l’homme. Elle est aussi celle qui aura
l’espérance de vie la plus courte, car, avant même sa naissance, sa
mort prochaine est annoncée avec le Protocole de Sharm El Sheik qui
prévoit la fusion de la Cour africaine des droits de l’homme avec la
Cour de justice de l’Union africaine en une Cour africaine de justice et
des droits de l’homme. Installée le 2 juillet 2006, et bien qu’elle soit
promise à un avenir très incertain, la Cour africaine des droits de
l’homme et des peuples n’en mérite pas moins de faire l’objet d’un
investissement scientifique. Elle est en effet le premier organe
judiciaire créé à l’échelle du continent africain (qui, en outre, servira
de base à la future Cour africaine de justice et des droits de l’homme)
et est établie dans le sillage d’une demi-douzaine de cours sous-
régionales, ce qui laisse un décor à la fois complexe et original ».
Diop, A.-K. (2014). La Cour africaine des droits de l’homme et des
peuples ou le miroir stendhalien du système africain de protection
des droits de l’homme. Les Cahiers de droit, 55(2), 529–555.
https://doi.org/10.7202/1025758ar

La Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CAfDHP) est le


principal organe judiciaire chargé de la protection des droits de
l’homme en Afrique. Il a été établi par un protocole à la Charte
africaine des droits de l’Homme et des peuples en 1998 et les juges ont
d’abord été élu en 2004 après l’entrée en vigueur du protocole.

Paragraphe 1 : Composition et organisation de la Cour

A. Composition

La Cour se compose de onze juges élus pour un mandat de six ans


renouvelables une fois. Les juges restent cependant en fonction
jusqu’à leur remplacement. Et si la date de celui-ci est prévue
postérieurement à une affaire qui a déjà̀ fait l’objet d’une procédure
orale, le juge concerné continue de siéger jusqu’à l’achèvement de
cette affaire (art. 2 du Règlement intérieur). La Cour ne peut
comprendre plus d’un juge de la même nationalité́.

Les juges (à l’exception de leur président) exercent leur emploi à


temps partiel sous réserve de modifications apportées par la
Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’UA (art. 15.4 du
Protocole). La question de l’emploi des juges à temps plein a été posée
par les rédacteurs du Protocole : il a été noté que si cette solution
était retenue, le nombre de juges devrait être réduit à 7 pour des
raisons financières. Selon le volume d’affaires que la Cour sera amenée
à traiter, l’expérience montrera si cet emploi à temps partiel est
efficace. A titre d’exemple, le Conseil de l’Europe a fait le choix
politique en 1998 avec l’adoption du Protocole n°11 de transformer la
Cour européenne des droits de l’Homme en un organe juridictionnel
permanent.

Les États parties à la Cour africaine peuvent présenter des candidats.


Les membres du Conseil exécutif de l’Union africaine élisent parmi eux
les juges de la Cour. L’élection doit être ensuite avalisée par la
Conférence des chefs d’État et de gouvernements de l’UA.

Chaque État partie au Protocole peut présenter pour candidature au


poste de juge trois personnes dont deux doivent obligatoirement faire
partie de leurs ressortissants. Les candidats doivent être choisis parmi
« les juristes jouissant d’une très haute autorité́ morale, d’une
compétence et expérience juridique, judiciaire ou académique
reconnue dans le domaine des droits de l’Homme et des peuples » (art.
11.1 du Protocole).

Les États parties sont tenus de veiller à une représentation


hommes/femmes adéquate parmi les juges (art. 11.3 du Protocole). Si
seuls les États ayant ratifié le Protocole peuvent présenter des
candidats au poste de juge, tous les États membres de l’Union africaine
ont le droit de vote (art. 14.1 du Protocole).
Un greffier est nommé́ par la Cour parmi des ressortissants des États
membres de l’UA (art. 24.1 du Protocole). Le greffier est nommé́ pour
un mandat de 5 ans, renouvelable.
B. L’organisation

La Cour tient quatre sessions ordinaires par an, dont chacune dure au
moins quatre (4) semaines. Les sessions de la Cour se tiennent aux
dates fixées par la Cour lors de sa session précédente. Dans des
circonstances exceptionnelles, le président peut, en consultation avec
les autres membres de la Cour, modifier les dates d'une session.

Le Président envoie la convocation aux Juges au moins trente (30)


jours calendaires avant la tenue de la session. La lettre d'invitation
indique les dates, l'ordre du jour, la durée et le lieu de la session ainsi
que toute autre information pertinente13

Des sessions extraordinaires peuvent être convoquées par le président


de sa propre initiative ou à la demande de la majorité des juges. Le
Président envoie l'invitation aux juges au moins quinze (15) jours
calendaires avant la tenue de la session. La lettre d'invitation indique
les dates, l'ordre du jour, la durée et le lieu de la session ainsi que
toute autre. Les séances ont lieu au siège de la Cour. Toutefois, la Cour
peut, décider de siéger sur le territoire de tout autre État membre de
l'Union africaine ou, dans des circonstances exceptionnelles ou de force
majeure, tenir une session virtuelle.

Le greffier assiste la Cour dans l’accomplissement de ses fonctions. Il


est responsable de l’organisation et des activités du greffe, sous
l’autorité́ du Président de la Cour. Il a la garde des archives de la cour
et sert d’intermédiaire pour les communications et notifications de ou
à la cour. Par exemple, le greffier notifie aux parties les arrêts, avis
consultatifs et les autres décisions de la cour. Le greffier, sous réserve

13
Article 22 du règlement intérieur de la Cour
du devoir de discrétion attaché à ses fonctions, répond aux demandes
de renseignements concernant l’activité́ de la cour, notamment à
celles de la presse.

Paragraphe 2 : La compétence et la procédure applicable devant la


Cour

A. Les règles relatives à la compétence

Les différentes compétences de la Cour : elle peut donner son avis sur
une question relative à la protection des droits de l’Homme ; elle tente
de régler à l’amiable les affaires portées devant elle ou les juge ; elle
peut interpréter ses décisions et les réviser. Les informations relatives
à la compétence de la Cour africaine sont définies aux articles 3, 4 et 9
du Protocole. La Cour donne des avis
La Cour peut donner un avis sur toute question juridique concernant la
Charte africaine ou toute autre instrument pertinent relatif aux droits
de l’Homme.

Elle peut le faire à la demande d’un État membre de l’UA, de tout


organe de l’UA (par exemple la Conférence des chefs d’État, le
Parlement ou le Conseil économique, social et culturel) ou d’une
organisation reconnue par l’UA (art. 4 du Protocole), par exemple une
Communauté́ économique régionale comme la Communauté́
économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Selon le
Protocole, la Cour peut être saisie d’une demande d’avis consultatif à
condition que l’objet de celui-ci ne se rapporte pas à une requête
pendante devant la Commission (art.4 du Protocole). La compétence
de la Cour peut être déclinée en compétence contentieuse,
diplomatique, d’interprétation et de révision.
La Cour a une double compétence contentieuse (art. 3.1 du Protocole)
: Elle peut être saisie et donc juger de toute affaire concernant soit
l’interprétation soit l’application des dispositions de la Charte et de
tout autre instrument relatif aux droits de l’Homme ratifié par l’État
mis en cause par la requête. Souvent cette double compétence
s’exercera cumulativement : pour juger de l’application ou non par un
État d’un droit garanti par la Charte, la Cour devra interpréter
certaines de ces dispositions. En effet, la Cour pourra être amenée à
préciser, détailler, argumenter certaines dispositions dont la rédaction
peut prêter à interprétation et ainsi orienter ses décisions sur le fond.

La Cour européenne des droits de l’Homme et la Cour interaméricaine


des droits de l’Homme connaissent également cette compétence
d’interprétation. Elle a été utilisée à plusieurs reprises pour clarifier
l’étendu d’un droit, afin de juger si celui-ci avait été violé par un État
partie. Pour exemple, la Cour européenne, dans son jugement de
l’Affaire Pretty c. Royaume Uni, a considéré́ que le « droit à la vie »
garanti par l’article 2 de la Convention européenne de sauvegarde des
droits de l’Homme et des libertés fondamentales ne saurait comporter
un aspect négatif et être interprété́ comme conférant un droit
diamétralement opposé, à savoir un droit à mourir.

La compétence diplomatique consiste essentiellement au règlement à


l’amiable des litiges qui lui soumis. Saisie d’une requête concernant la
violation d’un droit par un État partie, la Cour peut tenter de régler à
l’amiable 14le cas qui lui est soumis (art. 9 du Protocole). Ainsi, dans le

14
Régler un différend à l’amiable, c’est donner la possibilité́ à la Cour de trouver une solution de conciliation qui
satisfasse les deux parties au litige. Par exemple, en cas de contestation par un individu d’une loi discriminatoire,
un État pourrait, sur incitation de la Cour, abroger cette loi avant même que la Cour rende son jugement.
cadre d’une procédure contentieuse, que ce soit au moment de
l’examen de la recevabilité́ ou à l’occasion du traitement au fond de
l’affaire, la Cour peut tenter de trouver un accord entre les parties au
litige, qui non seulement plaise aux deux camps mais également soit
conforme aux dispositions de la Charte africaine.

La Cour interprète et révise ses arrêts. La Cour peut interpréter ses


arrêts en vue de leur exécution. Elle peut le faire sur demande de
toute partie dans l’affaire concernée (art. 28 (4) du Protocole et art.
66 du RII de la Cour) dans les 12 mois suivant la date du prononcé de
l’arrêt. Saisie, d’une demande d’interprétation, la Cour invite les
autres parties à l’affaire à présenter leurs observations. Ce sont les
mêmes juges qui ont examiné́ au fond l’affaire qui examinent la
demande. La demande en interprétation ne suspend pas l’exécution
de l’arrêt sauf si la Cour en décide autrement.

En ce qui concerne la révision, toute partie à une affaire peut


demander à la Cour de réviser son arrêt en cas de découverte de
preuves dont la partie n’avait pas connaissance au moment où̀ l’arrêt
était rendu. Cette demande doit intervenir dans un délai de 6 mois à
partir du moment où la partie concernée a eu connaissance de la
preuve découverte (article 67 du RII de la Cour). Toute partie à
l’affaire peut présenter ses observations. La demande en révision ne
suspend pas l’exécution de l’arrêt sauf si la Cour en décide autrement.

B. La procédure applicable devant la Cour

Le chapitre détaillé l’article 5 du Protocole qui fait la liste des


personnes, entités ou instances qui peuvent saisir la Cour africaine
pour dénoncer la violation d’un droit de la Charte africaine ou de tout
autre instrument de protection des droits de l’Homme par un État qui a
ratifié le Protocole. Une partie importante est consacrée au droit de
saisine des individus et des ONG, qui est limité aux États l’ayant
explicitement accepté. Il s’agit ici d’une des limites majeures de la
Cour, même si les individus et les ONG peuvent tenter de contourner
cet obstacle par le biais de la Commission africaine.

Selon l’article 5 du protocole, ont qualité́ pour saisir la cour : la


Commission, l’État partie qui a saisi la Commission, l’État partie contre
lequel une plainte a été introduite (devant la Commission), l’État
partie dont le ressortissant est victime d’une violation des droits de
l’homme, les organisations inter-gouvernementales africaines.

Lorsqu’elle est saisie d’une demande d’avis consultatif, la Cour en


transmet copie à la Commission. Elle informe également les États
parties et toute autre entité́ intéressée qui peuvent soumettre leurs
observations écrites sur les points soulevés par la demande. Si elle le
décide, la Cour procèdera à une procédure orale, conformément à son
règlement intérieur. Les avis rendus sont publics et motivés. La Cour
juge ou arbitre. Saisie d’une requête concernant la violation d’un droit
de la Charte ou de tout autre instrument de protection des droits de
l’Homme (ratifié par l’État concerné) par un État partie, la Cour juge
l’affaire ou peut tenter de régler celle-ci à l’amiable.

Section II : la Cour de Justice de l’Union Africaine

La Cour est l’organe judiciaire principal de l’Union africaine. Elle a été


créée par l'acte constitutif de l'Union africaine pour résoudre les
problèmes d'interprétation des traités de l'Union. Le protocole qui a
instauré la Cour africaine de justice a été adopté en 2003 et est entré
en vigueur en 2008.

Paragraphe 1 : Composition et organisation de la Cour

La Cour se compose de onze (11) juges qui sont ressortissants des États
parties. La Conférence peut, le cas échéant, réviser le nombre des
juges. Les juges sont assistés du personnel nécessaire pour le bon
fonctionnement de la Cour. La Cour ne peut comprendre plus d’un juge
du même État partie. Une représentation des principales traditions
judiciaires est assurée au sein de la Cour. Chaque région est
représentée par deux (2) juges au moins.

La Cour est composée de juges indépendants, élus parmi les personnes


jouissant de la plus haute considération morale, et qui réunissent les
conditions nécessaires requises pour l’exercice des plus hautes
fonctions judiciaires, ou qui sont des jurisconsultes possédant une
compétence notoire en matière de droit international dans leurs pays
respectifs.

Les juges sont élus pour une période de six (6) ans et sont rééligibles
une seule fois. Toutefois, le mandat de cinq (5) juges élus lors de la
première élection prend fin au bout de quatre (4) ans et les autres
juges exercent leur mandat jusqu’à terme.

Les juges dont le mandat prend fin au terme de la période initiale de


quatre (4) ans sont tirés au sort par le Président de la Conférence,
immédiatement après la première élection. Le juge élu pour remplacer
un autre juge dont le mandat n’est pas arrivé à terme est de la même
région et achève la portion restant à courir du mandat de son
prédécesseur15.

Paragraphe 2 : La compétence et la procédure applicable devant la


Cour

A. Les règles relatives à la compétence de la cour

Peuvent saisir la Cour :

Les États parties au présent Protocole ;


(b)la Conférence, le Parlement et les autres organes de l’Union
autorisé par la Conférence ;

(c) un membre du personnel de la Commission de l’Union, sur recours,


dans un litige et dans les limites et conditions définies dans les Statut
et Règlement du Personnel de l’Union ;

(d)les tierces parties, dans les conditions à déterminer par la


Conférence et avec le consentement de l’État partie concerné. Les
conditions auxquelles la Cour est ouverte aux tierces parties sont, sous
réserve des dispositions particulières en vigueur, définies par la
Conférence, et, dans tous les cas, sans qu’il puisse en résulter pour les
parties aucune inégalité́ devant la Cour. Les États qui ne sont pas
membres de l’Union ne sont pas recevables à saisir la Cour. La Cour n’a
pas compétence pour connaître d’un litige impliquant un État membre
qui n’a pas ratifié le présent Protocole.

La Cour a compétence sur tous les différends et requêtes qui lui sont
soumis conformément à l’Acte et au présent Protocole ayant pour

15
Article 8 du Protocole de la Cour de justice de l’union africaine
objet : La Conférence peut donner compétence à la Cour pour
connaître de certains litiges.

La cour connait aussi de l’interprétation et l’application de l’Acte;


l’interprétation, l’application ou la validité́ des traités de l’Union et de
tous les instruments juridiques subsidiaires adoptés dans le cadre de
l’Union ;toute question relative au droit international ;tous actes,
décisions, règlements et directives des organes de l’Union ; toutes
questions prévues dans tout autre accord que les États parties
pourraient conclure entre eux, ou avec l’Union et qui donne
compétence à la Cour ; l’existence de tout fait qui, s’il est établi,
constituerait une rupture d’une obligation envers un État partie ou
l’Union ; la nature ou l’étendue de la réparation due pour la rupture
d’un engagement.

B. La procédure applicable devant la Cour

Les affaires sont portées devant la Cour par requête écrite adressée au
Greffier. L’objet du litige doit être indiqué ainsi que les moyens de
droit sur lesquels se fonde la requête.

Le Greffier notifie immédiatement la requête à toutes les parties


concernées. Le Greffier en informe également les États membres, le
Président de la Commission, ainsi que toute tierce partie admise à
ester en justice devant la Cour16.

La Cour a le pouvoir d’indiquer, de sa propre initiative ou sur requête


des parties, si elle estime que les circonstances l’exigent, quelles
mesures conservatoires doivent être prises, à titre provisoire, pour
préserver les droits respectifs des parties. En attendant l’arrêt
16
Article 21 du protocole de la Cour de Justice de l’Union Africaine
définitif, ces mesures conservatoires sont immédiatement notifiées aux
parties et au Président de la Commission17.

La procédure devant la Cour a deux phases : l’une écrite, l’autre


orale.

La procédure écrite comprend la communication à la Cour, aux parties


ainsi qu’aux organes de l’Union dont les décisions sont en cause, des
requêtes, mémoires, défenses et observations et, éventuellement, des
réponses, ainsi que de toutes pièces et de tous documents à l’appui, ou
de leurs copies certifiées conformes.

Les communications se font par l’entremise du Greffier, dans l’ordre et


les délais déterminés par la Cour selon le Règlement ou l’affaire. Une
copie certifiée conforme de toute pièce produite par l’une des parties
doit être communiquée à l’autre. La procédure orale consiste, le cas
échéant, en l’audition, par la Cour, de témoins, experts, agents,
conseils et avocats18.

NB : La Cour africaine de justice est créée par l'Acte constitutif de


l'Union africaine pour résoudre les problèmes d'interprétation des traits
de l'Union. Ainsi, l’Acte constitutif de l’UA avait préconisé la mise en
place d’une Cour africaine de justice faisant partie des principaux
organes de l’UA. Le Protocole relatif à la Cour africaine de justice,
adopté en juillet 2003, est entré en vigueur en février 2009, soit 30
jours après sa ratification par 15 États membres. Mais cette cour n'a
jamais vu le jour jusqu'à maintenant.

17
Article 22 du protocole de la Cour de Justice de l’Union Africaine
18
Article 24 du protocole de la Cour de Justice de l’Union Africaine
A sa session de juillet 2008, la Conférence de l’UA a décidé fusionner la
Cour africaine de justice et la Cour africaine des droits de l'Homme et
des peuples pour former la Cour africaine de justice et des droits de
l’Homme. La Conférence a adopté́ le Protocole de 2008 sur les statuts
de la Cour africaine de justice et des droits de l’homme pour fusionner
les deux cours. Par conséquent, le Protocole de 2008 a remplacé́ le
Protocole de 1998 portant création d’une Cour africaine des droits de
l’Homme et des peuples ainsi que le Protocole de 2003 instituant la
Cour africaine de justice. Néanmoins, le Protocole de 1998 reste
provisoirement en vigueur, afin de permettre la Cour africaine des
droits de l􏰊Homme et des peuples qui était opérationnelle avant
l’adoption du Protocole de 2008 de transférer ses prérogatives à la
Cour africaine de justice et des droits de l’Homme lorsque celle-ci
prendra ses fonctions.

En juin 2014, lors de la 23e session ordinaire de la Conférence de l’UA


qui s􏰊est tenue à Malabo (Guinée équatoriale), le processus sera
achevé avec l’adoption du Protocole portant amendement du protocole
portant création de la Cour africaine justice et des droits de l’Homme
(Protocole de Malabo) Ce protocole d'amendement n'est pas entré en
vigueur non plus19

Section III : La Cour de Justice de la CEDEDAO

La Cour de Justice de la CEDEAO est le principal organe judiciaire de la


Communauté.

19
15 ratifications sont nécessaires pour l’entrée en vigueur du Protocole de Malabo. A ce jour, seuls 11 États ont
signé́ le Protocole (Ouganda, Sao Tomé, Sierra Leone, Mauritanie, Kenya, Guinée-Bissau, Ghana, Congo,
Comores, Tchad, Benin). Aucun État ne l’a encore ratifié
La Cour de Justice a d’abord été créée par un protocole signé en 1991,
puis sa mise en place a été formalisée dans l’article 15 du Traité révisé
de la Communauté en 1993. Cette institution régionale a pour rôle
majeur d’assurer le respect du droit et des principes d’équité dans
l’interprétation et l’application des dispositions du Traité révisé ainsi
que d’autres instruments juridiques subsidiaires adoptés par la
Communauté.
La Cour a officiellement débuté ses activités en 1991 bien que son
protocole ne soit entré en vigueur que le 5 novembre 1996.

Paragraphe 1 : Composition et organisation

La Cour est composée de juges indépendants choisis parmi des


personnes de haute valeur morale, ressortissants des États Membres,
possédant les qualifications requises dans leurs pays respectifs pour
occuper les plus hautes fonctions juridictionnelles, ou qui sont des
jurisconsultes de compétence notoire en matière de droit international
et nommés par la Conférence. La Cour est composée de sept (7)
membres dont deux (2) ne peuvent être ressortissants du même État
Membre. Les membres de la Cour élisent en leur sein un Président el un
Vice-Président qui agit en cette qualité pendant une période de trois
(3) ans. Lorsqu'une personne dans l'exercice de ses fonctions en qualité
de membre de la Cour, est considérée Comme ressortissant de plus d'un
État Membre, cette personne est tenue de choisi la Nationalité dans
laquelle elle exerce habituellement ses droits civils et politiques.

Les membres de la Cour sont nommés par la Conférence et choisis sur


une liste de personnes désignées par les États Membres. Aucun État
Membre ne peut désigner plus de deux personnes. Le Secrétaire
Exécutif prépare une liste par ordre alphabétique de toutes les
personnes ainsi désignées qu'il transmet au Conseil.

La Conférence nomme les membres de la Cour à partir d'une liste de


quatorze (14) personnes présélectionnées sur proposition du Conseil.
Nul ne peut être nommé membre de la Cour s'il est âgé de moins de 40
ans et de plus de 60 ans. Un membre de la Cour ne peut prétendre à
une nouvelle nomination s'il est âgé de plus de 65 ans.

La Cour, et ses membres pendant la durée de leur mandat, bénéficient


des privilèges et immunités identiques à ceux dont jouissent les
missions diplomatiques et les diplomates sur le territoire des États
Membres, ainsi que ceux normalement reconnus aux juridictions
internationales et aux membres de ces. A ce titre, les membres de la
Cour ne peuvent être poursuivis ni recherchés pour les actes accomplis
ou pour les déclarations faites dans et à l'occasion de l'exercice de
leurs fonctions.
Les membres de la Cour peuvent démissionner à tout moment en
adressant une lettre de démission au Secrétaire Exécutif qui la
transmet à la Conférence.

En cas de démission d'un membre de la Cour, ses fonctions prennent


fin. Cependant, celui-ci continue de siéger jusqu' à la nomination et
l'entrée en fonction de son successeur. En cas de démission d'un
membre de la Cour, le Secrétaire Exécutif en informe le Conseil qui
propose deux personnes. La Conférence désigne l'une d'entre elles pour
pourvoir le poste vacant. Article 8 - Remplacement d'un Membre de la
Cour La personne désignée en remplacement d'un membre de la Cour
dont le mandat n'est pas venu, à expiration est nommée dans les
mêmes.

Paragraphe 2 : La compétence et la procédure applicable devant la


Cour

A. Les règles relatives à la compétence

La Cour assure le respect du droit et des principes d'équité dans


l’interprétation et l'application des dispositions du Traité. Elle cannait
en outre des différends dont elle est saisie, conformément aux
dispositions de l'article 56 du Traité, par les États Membres ou par la
Conférence lorsque ces différends surgissent entre les États Membres
ou entre un ou plusieurs États Membres et les Institutions de la
Communauté, à l'occasion de l'interprétation ou de l'application des
dispositions du Traité. Un État Membre peut, au nom de ses
ressortissants diligenter une procédure contre un autre État Membre ou
une Institution de la Communauté, relative à l'interprétation et à
l'application des dispositions du Traité, en cas d'échec des tentatives de
règlement à l'amiable.

La Cour a toutes les compétences que les dispositions du présent


Protocole peuvent de manière spécifique, lui confère. La Cour peut,
lorsqu'elle est saisie par la Conférence, le Conseil ou par un ou
plusieurs États Membres ou par le Secrétaire Exécutif et toute autre
institution de la Communauté, émettre à titre consultatif, un avis
juridique sur des questions qui requièrent l'interprétation des
dispositions du Traité. La requête aux fins d'un avis consultatif en vertu
du paragraphe1 du présent Article est faite par écrit. Elle contient une
indication exacte des questions sur lesquelles l'avis est requis et est
accompagnée de tous les documents pertinents susceptibles d'éclairer
la Cour.

Dès réception de la requête visée au paragraphe 2 du présent article,


le Greffier en Chef de la Cour en saisit immédiatement les États
Membres, leur notifie le délai fixé par le Président de la Cour pour
recevoir leurs observations écrites ou entendre à l'audience leurs
déclarations.

La Cour rend son avis consultatif en audience publique. Dans l'exercice


de ses fonctions consultatives, la Cour est régie par les dispositions du
présent Protocoles relatifs à la procédure contentieuse lorsque celle-ci
estime qu'elles sont applicables.

B. Les règles de procédure applicables devant la Cour de Justice de


la CEDEAO

Chaque partie à un différend est représentée devant la Cour par un ou


plusieurs agents qu'elle désigne à cette fin. Ces agents peuvent, en cas
de besoin. Requérir l'assistance d'un ou plusieurs Avocats ou Conseils
auxquels les lois et règlements des États Membres reconnaissent le
droit de plaider devant leurs juridictions.

La procédure devant la Cour comporte deux (2) phases ; l'une écrite,


l'autre orale. La procédure écrite comprend la requête, la notification
de la requête, le mémoire en défense, le mémoire en réplique, le
mémoire en duplique ainsi que toutes autres conclusions ou documents
destinés à le soutenir. Les pièces de la procédure écrite sont adressées
au Greffier en Chef de la Cour dans l'ordre et dans le délai fixé par le
Règlement intérieur de la Cour ; une copie de chaque document ou
pièce présentée par j'une des parties est communiquée à l'autre partie.
La procédure consiste en l'audition des parties des agents, des témoins,
des experts, des avocats ou conseils. Le Président convoque les parties
à comparaître devant la Cour. Il en fixe ler61e et préside les
audiences. La Cour ne peut siéger et délibérer valablement qu'en
présence du Président et de deux de ses membres au moins. Toutefois,
à chacune de ses audiences, la Cour sera composée de manière à
comporter un Nombre impair de ses membres. Les audiences de la Cour
sont publiques. Toutefois, la Cour peut siéger à huis clos à la demande
de l'une des parties ou pour des motifs qu'elle peut seule déterminer.

Section IV : La Cour commune de Justice et d’arbitrage de


l’Organisation pour l’harmonisation du droit des affaires en Afrique
(CCJA)

Installée depuis 1998, La CJJA a son siège à Abidjan. Elle assure une
cohérence dans l’interprétation et l’application des actes uniformes.
Ses premières décisions ont été rendues en 2001.

Paragraphe 1 : La composition et l’organisation de la CCJA

A- La composition de la CCJA

La Cour Commune de Justice et d’Arbitrage est composée de neuf


Juges. Toutefois, le Conseil des Ministres peut, sur rapport
circonstancié et approfondi du Secrétaire Permanent, saisi à cet effet,
soit par le Président de la Cour, soit par un État Partie, et compte tenu
aussi bien des nécessités de service que des possibilités financières de
l’Organisation, fixer un nombre impair de Juges supérieur à neuf. Le
mandat des membres de la Cour commence à courir le 1er janvier de
l’année suivant leur élection. Le mandat d’un Juge élu en
remplacement d’un autre Juge, conformément à l’article 35 du Traité,
commence à compter de la déclaration solennelle prévue par l’article
34 du même Traité. Conformément à l’article 31 du Traité, les Juges
sont élus pour un mandat de sept ans non renouvelables.

B- L’organisation de la CCJA.

La Cour siège en formation plénière. Elle peut toutefois constituer des


chambres de trois ou cinq Juges. Les Chambres sont présidées par le
Président de la Cour ou par l’un des vice-présidents. Les chambres
sont constituées par ordonnance du Président de la Cour20. Le siège de
la Cour est fixé à Abidjan. La Cour peut toutefois, si elle le juge utile,
se réunir en d’autres lieux, sur le territoire d’un État Partie, avec
l’accord préalable de cet État qui ne peut en aucun cas être impliqué
financièrement.

Les dates et heures des séances de la Cour sont fixées par ordonnance
du Président. Une chambre est composée de trois Juges. Ce nombre est
porté à sept Juges lorsque la Cour siège en formation plénière.

Paragraphe 2 : La compétence et la procédure applicable devant la


Cour de Justice

A. Les règles relatives à la compétence de la Cour

La CCJA est dotée d’une triple mission : juridictionnelle, consultative


et arbitrale. Au plan juridictionnel, la CCJA a des compétences qui lui

20
Article 9 du règlement de la CCJA
permettent de juger en cassation les recours contre les décisions prises
en droit harmonisé, par les juridictions nationales, en premier ressort
et en appel. À ce titre, elle est juge de cassation dans tout litige
concernant les matières relevant de la législation de l’OHADA qui,
selon le traité fondateur, couvrent actuellement neuf domaines.

Au plan consultatif, la CCJA est habilitée à rendre des Avis consultatifs,


à la demande de tout État Partie, du Conseil des Ministres ou d’une
juridiction nationale saisie d’un litige relatif à l’OHADA et qui est
encore pendant devant elle.

En supplément de ses attributions juridictionnelles et consultatives, la


CCJA joue un rôle spécifique en matière d’arbitrage institutionnel. Elle
administre les procédures et statue en cassation sur les recours en
contestation de validité. La CCJA, assure des attributions
d’administration des arbitrages pour le bon déroulement de l’arbitrage
lorsque le litige est soumis à la procédure d’arbitrage CCJA ; elle est
par ailleurs seule compétente pour accorder ou refuser l’exequatur aux
sentences arbitrales (art.25 du Traité OHADA).

B.Les règles de procédure

Le ministère d’Avocat est obligatoire devant la Cour. Est admis à


exercer ce ministère toute personne pouvant se présenter en qualité́
d’Avocat devant une juridiction de l’un des États Parties au Traité. Il
appartient à̀ toute personne se prévalant de cette qualité́ d’en
apporter la preuve à la Cour. Elle devra en outre produire un mandat
spécial de la partie qu’elle représente.
La procédure devant la Cour est essentiellement écrite. Toutefois la
Cour peut, à la demande de l’une des Parties, organiser dans certaines
affaires une procédure orale. En pareil cas, le Greffier en chef informe
les Parties de la décision prise et de la date de l’audience, telle que
fixée par le Président.

L’audience est publique, à moins qu’il n’en soit décidé́ autrement par
la Cour. La décision de huis clos comporte défense de publication des
débats. Le Président dirige les débats et exerce la police de
l’audience. Il détermine l’ordre dans lequel les Parties sont appelées à
prendre la parole. Le Président peut, au cours des audiences, poser des
questions aux Parties. La même faculté́ appartient à chaque juge avec
l’autorisation du Président.

Le Greffier en chef établit un procès-verbal de chaque audience. Ce


procès-verbal est signé par le Président et par le Greffier en chef. Il
constitue un acte authentique.

Les Parties peuvent prendre connaissance au Greffe de tout procès-


verbal et en obtenir copie à leurs frais.

Selon l’article 41 du règlement de la Cour, L’arrêt a force obligatoire à


compter du jour de son prononcé.

Section V : La Cour de Justice du COMESA

Le Marché commun de l'Afrique orientale et australe aussi connu sous


son acronyme anglais COMESA a pour principal institution judiciaire, la
Cour de justice.
Créée par le Traité du marché commun de l’Afrique orientale et
australe, La Cour de Justice du COMESA veille au respect du Droit dans
l’interprétation et l’application du Traité.

Paragraphe 1 : La Composition et l’organisation de la Cour

A. La Composition de la Cour

Elle comprend une chambre de première instance ainsi qu’une chambre


d’appel.

Selon L’article 20 du Traité, La Cour est composée de douze juges


nommés par la Conférence. Sept siègent à la Chambre de première
instance, et cinq à la Chambre d’appel.

Les juges de la Cour sont choisis parmi des personnes impartiales et


indépendantes remplissant les conditions requises pour occuper des
postes judiciaires élevés dans leurs pays respectifs, ou qui sont des
juristes de compétence reconnue :

Étant entendu qu'à aucun moment la Cour ne peut être composée de


deux ou plusieurs juges ressortissants d’un même État membre.

Toutefois, la Conférence peut, à la demande de la Cour, nommer un


nombre supplémentaire de juges. La Conférence nomme président de
la Cour un des juges de la Chambre d’appel, lequel a la charge des
fonctions décrites dans le présent Traité et le Règlement de procédure
de ladite Cour. La Conférence nomme comme juge principal un des
juges de la Chambre de première instance, lequel est responsable des
fonctions décrites dans le Règlement de procédure de la Cour.
B. L’Organisation de la Cour

La chambre d'appel siège en séance plénière ou avec un quorum de


trois juges, selon ce que peut déterminer le président. La Chambre de
première instance siège en séance plénière ou avec un quorum de cinq
(5) ou trois (3) juges selon ce que le juge principal peut déterminer.
Lorsque, en raison de l'absence ou de l'empêchement d'un juge de
participer à la procédure, la Cour ne peut siéger en séance plénière -

Pour la Chambre d'appel, le président peut ordonner que l'affaire soit


entendue avec un quorum de trois juges.

Pour la Chambre de première instance, le juge principal peut ordonner


que l'affaire soit entendue avec un quorum de cinq (5) ou trois (3)
juges. Si, après la convocation d'une section, il s'avère que le quorum
des juges n'est pas atteint, le président du tribunal ajourne la séance
jusqu'à ce qu'il y ait quorum. Un juge doit se disqualifier dans toute
procédure dans laquelle son impartialité pourrait raisonnablement être
mise en doute. Une partie peut demander la récusation d'un juge dans
toute procédure dans laquelle l'impartialité du juge pourrait
raisonnablement être mise en doute. Cette demande doit être faite par
écrit, oralement en chambre par l'intermédiaire du président du
tribunal ou par requête formelle conformément à l'article 41.

La nationalité d'un juge ne constitue pas, à elle seule, un motif


suffisant pour disqualifier un juge de toute procédure.
Paragraphe 2 : La compétence et la procédure applicable devant la
Cour

A. Les règles de compétence de la Cour

La Cour a une compétence générale La Cour connait de toutes les


affaires qui lui sont soumises conformément au présent Traité.

Sous réserve du droit de recours auprès de la Chambre d’appel en vertu


du paragraphe 2, la Chambre de première instance connait en première
instance des affaires dont est saisie la Cour en vertu du présent Traité.

La Chambre d’appel est saisie pour les motifs suivants :

1. a) un point de droit ;
2. b) l’incompétence de la Cour ;
3. c) un vice de forme.

La Cour de justice est compétente pour connaître des différends


surgissant entre le Marché commun et ses fonctionnaires au sujet de
l'application et de l'interprétation du Règlement du personnel du
Secrétariat, ou au sujet des conditions d’emploi des fonctionnaires du
Marché commun. La Cour de justice est compétente pour connaître de
toute revendication d'une personne quelconque contre le Marché
commun ou ses institutions pour des actes posés par leurs agents dans
l'exercice de leurs fonctions21.

La Cour est aussi compétente pour connaître une affaire résultante :

21
Article 27 du Traité instituant le COMESA
1. a) d'une clause compromissoire contenue dans un contrat
conférant une telle compétence auquel le Marché commun ou
une de ses institutions est partie ; et
2. b) de différends entre les États membres au sujet du présent
Traité, si elle est saisie de cette affaire suivant un accord spécial
conclu entre les États membres concernés22.

Cependant, Sauf dans les cas où la compétence est conférée à la Cour
par le présent Traité ou conformément audit Traité, les différends
auxquels le Marché commun est partie n'échappent pas, ipso facto, à la
compétence des cours et tribunaux nationaux. Les décisions de la Cour
sur l'interprétation des dispositions du Traité ont préséance sur les
décisions des cours et tribunaux nationaux23 .

Le Conseil, La conférence, ou un État membre peut demander un avis


consultatif a la Cour.

B.La procédure applicable

La Cour peut être saisi soit par un État membre24, soit par le secrétaire
général25 ou par toutes personnes morales ou physiques a condition
qu’ils résident dans l’un des États membres26. La procédure se fait par
écrit ou oralement27.

La Cour peut, à tout moment, après avoir entendu les parties, ordonner
que deux ou plusieurs affaires portant sur le même objet, en raison de
leur connexité, soient jointes aux fins des conclusions écrites ou orales

22
Article 28 du Traité instituant le COMESA
23
Article 29 du Traité instituant le COMESA
24
Article 24 du Traité instituant le COMESA
25
Article 24 du Traité instituant le COMESA
26
Article 26 du Traité instituant le COMESA
27
Article 37 du Traité
ou du jugement définitif. La Cour peut, pour des motifs suffisants
justifiés, disjoindre des affaires.

Le siège de la Cour est fixé en un lieu déterminé par l'Autorité,


conformément à l'article 44 du traité, mais la Cour peut, dans un cas
particulier, siéger et exercer ses fonctions en tout autre lieu dans tout
autre État membre s’il l'estime opportun.

Les dates, les heures des séances et la durée des sessions de la


première instance et des chambres d'appel sont fixées respectivement
par le juge principal et le président28. La chambre d'appel siège en
séance plénière ou avec un quorum de trois juges, selon la décision du
président. La Chambre de première instance siège en séance plénière
ou avec un quorum de cinq (5) ou trois (3) juges, selon ce que peut
déterminer le juge principal. Lorsque, en raison de l'absence ou de
l'empêchement d'un juge de participer à la procédure, la Cour ne peut
siéger en séance plénière29

Section V : La Cour de Justice de l’UEMOA

Instituée par le Traité Dakar du 10 janvier 1994 et le Protocole


Additionnel n°1, La Cour de Justice de l’UEMOA veille à l'interprétation
uniforme du droit communautaire et à son application et juge,
notamment, les manquements des États à leurs "obligations
communautaires".

28
Article 4 du règlement de la Cour
29
Article 9 du règlement de la Cour
Paragraphe 1 : Composition et organisation de la Cour

A.La composition

La composition de la Cour est prévue par les dispositions de l’acte


additionnel n°10/96 portant statuts de la Cour de justice de l’UEMOA
Selon l’article 4, La Cour de Justice est composée de membres nommés
pour un mandat de six (6) ans, renouvelable, par la Conférence des
Chefs d'État et de Gouvernement.
Ils portent à l'audience un costume dont les caractéristiques sont
déterminées par un règlement d'application des présents statuts. Les
membres de la Cour sont choisis parmi des personnalités offrant toutes
les garanties d'indépendance et de compétence juridique nécessaires à
l'exercice des plus hautes fonctions juridictionnelles.
Les membres de la Cour jouissent de l'immunité́ de juridiction. Cette
immunité ne cesse pas avec leurs fonctions : ils continuent à bénéficier
de cette immunité́, même après la cessation de leurs fonctions, pour
les actes accomplis et les paroles prononcées par eux dans l'exercice de
leurs fonctions. La Cour siégeant en assemblée plénière peut lever
l'immunité́ d'un de ses membres.

Au cas où l'immunité́ a été levée, et une action pénale engagée contre


le mis en cause, celui-ci n'est justiciable dans chacun des États
membres de l'UEMOA, que de la juridiction compétente pour juger les
magistrats appartenant à la plus haute fonction juridictionnelle
nationale.

Les membres de la Cour ne peuvent exercer aucune fonction politique,


administrative ou juridictionnelle, ou se livrer à une autre occupation
incompatible avec l'indépendance et l'impartialité́ attachées à leurs
fonctions.
II peut y être dérogé́ par décision de la Cour, le membre concerné ne
prenant pas part aux délibérations. En cas de doute, la Cour statue sur
requête d'un État membre ou d'un organe de l'Union. Les membres de
la Cour résident au siège de la juridiction.

Toutefois, à titre transitoire et à l'exception du Président, ils peuvent,


pendant une période de trois ans, résider dans l'État dont ils sont
ressortissants.
Un membre de la Cour ne peut être relevé́, de ses fonctions, ni déclaré́
déchu de ses droits à traitements, indemnités, pensions, que si en
Assemblée Générale, la Cour constate qu'il ne répond plus aux
conditions requises ou ne satisfait plus aux obligations découlant de sa
charge. L'intéressé́ est entendu en ses explications orales ou écrites
mais ne participe pas aux délibérations. Il peut être assisté par l'un de
ses pairs ou par un conseil30.

B. L'organisation de la Cour

La Cour est une juridiction permanente. Elle exerce ses fonctions en


Assemblée Plénière en Chambre du Conseil en Assemblée générale
consultative, en Assemblée intérieure.

L'Assemblée Plénière est une formation contentieuse composée de


l'ensemble des juges en présence d'un avocat général. Elle est la
formation ordinaire de la Cour.

La Cour siégeant en Assemblée Plénière, ne peut délibérer valablement


qu'en nombre impair et avec un minimum de trois juges. La Cour siège
en Chambre du Conseil avec le même nombre de juges qu'en Assemblée
Plénière lorsque la cause soumise est de nature à compromettre l'ordre

30
Article 12 du statut de la Cour
public, la tranquillité́ publique et la sécurité́ publique.
L'Assemblée Générale Consultative comprend l'ensemble des membres
de la Cour, le secrétariat étant assuré par le Greffier. Dans cette
formation, la Cour sur rapport d'un membre désigné par le Président
émet des avis, des recommandations, lorsqu'elle est saisie par un
organe compétent de l'UEMOA.

L'Assemblée Intérieure est composée de l'ensemble des membres de la


Cour auxquels peuvent être joints des membres du personnel ou leurs
représentants. Elle se réunit sur convocation du Président et se
prononce sur le règlement administratif de la Cour ainsi que sur les
modalités d'application de ses règlements généraux et de sa discipline.
La Cour fixe la date et la durée des vacances judiciaires ainsi que les
modalités de son fonctionnement pendant cette période.

Les membres de la Cour ne peuvent participer au règlement d'aucune


affaire dans laquelle ils sont antérieurement intervenus comme agent,
conseil ou avocat de l'une des parties, ou sur laquelle, ils ont été
appelés à se prononcer comme membre d'une juridiction, d'une
commission d'enquête ou à tout autre titre.

Si pour une raison spéciale, un membre de la Cour estime ne pas


pouvoir participer au jugement, ou à l'examen d'une affaire
déterminée, il en avise le Président de la Cour. Selon l’article 19, La
Cour nomme son Greffier pour une période de six ans renouvelables
une fois.

Le Greffier prête serment devant la Cour d'exercer ses fonctions, en


toute loyauté́, discrétion, et conscience et de ne rien divulguer des
secrets dont il a la connaissance dans l'exercice ou à l'occasion de
l'exercice de ses fonctions. II est dressé un procès-verbal de la
prestation de serment. La Cour peut faire nommer par le Président de
la Commission un ou plusieurs Greffier(s) adjoint(s) chargé(s) d'assister
le Greffier et placé(s) sous son autoritéś hiérarchique.

Avant d'entrer en fonction, le ou les Greffier(s) adjoint(s) prête(nt)


serment dans les conditions et mêmes termes que le greffier. Des
fonctionnaires et autres agents sont attachés à la Cour, afin d'en
assurer le fonctionnement. Ils relèvent du Greffier et sont placés sous
l'autoritéś du Président.

Paragraphe 2 : compétence et procédure applicable devant la Cour

A.Les règles de compétence de la Cour

La Cour est compétente pour connaitre notamment :

-Des recours en manquement des États membres, conformément aux


articles 5 et suivants du Protocole Additionnel n° 1 ;

-Des recours en annulation des règlements, directives et décisions des


organes de l'UEMOA tels que prévus aux articles 8 et suivants du
Protocole Additionnel n° I ;

-Des recours en responsabilité́ conformément à l'article 15 du Protocole


Additionnel 1 ; des différends entre États membres relatifs au Traité de
l'UEMOA, si ces différends lui sont soumis en vertu d'un compromis ; des
litiges entre l'UEMOA et ses agents tels que prévu à l'article 16 du
Protocole Additionnel n° 1 ;

-Du recours à titre préjudiciel tel que prévu à l'article 12 du Protocole


Additionnel n° 1. La Cour peut émettre des avis et des
recommandations sur tout projet de textes soumis par la Commission.
Le Conseil des Ministres de l'UEMOA, la Commission ou un État membre,
peut recueillir l'avis de la Cour sur la compatibilité́ d'un accord
international existant ou en voie de négociation, avec les dispositions
du Traité de l'UEMOA. Saisie par la Commission, le Conseil des
Ministres, la Conférence des Chefs d'État et de Gouvernement de
l'UEMOA, ou un État membre, la Cour peut émettre un avis sur toute
difficulté́ rencontrée dans l'application ou l'interprétation des actes
relevant du droit communautaire.

B. La procédure applicable devant la Cour

La langue officielle de travail de la Cour est le français. Toutefois la


Conférence des Chefs d'État et de Gouvernement peut y ajouter
d'autres langues officielles.

Les États ainsi que les organes de l'UEMOA sont représentés devant la
Cour, par un agent nommé pour chaque affaire ; ils peuvent constituer
un avocat inscrit à un barreau de l'un des États membres soit pour
assister l'agent nommé, soit pour le représenter.

Les audiences sont publiques. Toutefois il peut en être décidé


autrement par la Cour d'office ou sur demande d'une des parties, pour
des motifs sérieux.

Au cours des débats, la Cour peut entendre les experts, les témoins,
ainsi que les parties elles-mêmes ; toutefois, ces dernières ne peuvent
plaider que par l'organe de leurs représentants.

Les actions contre l'UEMOA, en matière de responsabilité́ non


contractuelle, se prescrivent par trois ans, à compter de la survenance
du fait qui y donne lieu.
La prescription est interrompue soit par la requête formée devant la
Cour, soit par la demande préalable que la victime peut adresser à
l'organe compétent de l'UEMOA.

CHAPITRE II : LES JURIDICTIONS D’AILLEURS

« L’on considère le nombre de juridictions qui ont été créées entre


1945 et le début des années 1990..la CIJ, créée en 1945 dans le cadre
de l’ONU, la Cour européenne des droits de l’homme9 , la Cour
interaméricaine des droits de l’homme10, la Cour de Justice des
communautés européennes11, la Cour centre-américaine de Justice12,
la Cour de Justice de la communauté andine13, la Cour de Justice du
Bénélux14, le CIRDI15, le Tribunal des différends irano-américain16.
On pensera encore aux juridictions administratives dédiées au
contentieux de la fonction publique internationale, tel le Tribunal
administratif de l’Organisation internationale du travail, le Tribunal
administratif des Nations Unies ou encore le Tribunal administratif de
la Banque Mondiale ». Julien FOURET et Mario PROST, « La
multiplication des juridictions internationales : de la nécessité de
remettre quelques pendules à l’heure » op cit..

Section I : La Cour Européenne des droits de l’homme (CEDH)

«La Cour européenne des droits de l’Homme trouve son inspiration


dans la common law, pour sa mise en œuvre ». Chanet, C. (2010).
Les influences croisées entre les juridictions nationales et les
juridictions internationales. Les Cahiers de droit, 51(1), 223.

La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) est une juridiction


internationale instituée en 1959 par le Conseil de l’Europe ayant pour
mission d’assurer le respect des engagements souscrits par les États
signataires de la Convention européenne des droits de l’homme.

La composition de la Cour

La Cour se compose d’un nombre de juges égal à celui des Hautes


Parties contractantes (47 juges). Les juges sont élus par l’Assemblée
parlementaire au titre de chaque Haute Partie contractante, à la
majorité́ des voix exprimées, sur une liste de trois candidats présentes
par la Haute Partie contractante.

Les juges doivent jouir de la plus haute considération morale et réunir


les conditions requises pour l’exercice de hautes fonctions judiciaires
ou être des jurisconsultes possédant une compétence notoire. Les
candidats doivent être âgés de moins de 65 ans à la date à laquelle la
liste de trois candidats est attendue par l’assemblée parlementaire, en
vertu de l’article 22 de la convention31

Les juges siègent à la Cour à titre individuel et pendant la durée de


leur mandat, les juges de la Cour ne peuvent exercer aucune activité́
incompatible avec les exigences d’indépendance, d’impartialité́ ou de
disponibilité́ requise par une activité́ exercée à plein temps

Les juges sont élus pour une durée de neuf ans. Ils ne sont pas
rééligibles. Les juges restent en fonction jusqu’à leur remplacement.
Ils continuent toutefois de connaitre des affaires dont ils sont déjà̀
saisis. Un juge ne peut être relevé́ de ses fonctions que si les autres

31
Article 21 de la Convention européenne des droits de l’homme
juges décident, à la majorité́ des deux tiers, que ce juge a cessé́ de
répondre aux conditions requises32.

Le greffier en tant que pièce essentielle du processus judiciaire,


assiste la Cour dans l’accomplissement de ses fonctions. Il est
responsable de l’organisation et des activités du greffe, sous l’autorité́
du président de la Cour. Il a la garde des archives de la Cour et sert
d’intermédiaire pour les communications et notifications adressées à
celle-ci, ou émanant d’elle, au sujet des affaires portées ou à porter
devant elle. Le greffier, sous réserve du devoir de discrétion attaché à
ses fonctions, répond aux demandes de renseignements concernant
l’activité́ de la Cour, notamment à celles de la presse. Des instructions
générales préparées par le greffier et approuvées par le président de la
Cour règlent le fonctionnement du greffe 33.

Le greffe de la Cour est composé d'environ 640 agents, dont un peu


moins de la moitié de juristes répartis en 31 sections. Le greffe
effectue un travail préparatoire des affaires à l'intention des juges et
assume les activités de communication de la Cour, avec les requérants,
le public et la presse. Le greffier et le greffier adjoint sont élus par la
Cour plénière. Aussi faut-il préciser que dans le règlement de la Cour,
l’article 18 B, intitulé « Jurisconsulte34 », dispose : « Aux fins de la
qualité et de la cohérence de sa jurisprudence, la Cour est assistée
d’un jurisconsulte. Celui-ci fait partie du greffe. Il fournit des avis et
des informations, notamment aux formations de jugement et aux
membres de la Cour. »

32
Article 23 de la convention européenne des droits de l’homme
33
Article 17 règlement de la Cour Européenne des droits de l’homme
34
Juriste qui donne son avis sur des questions de Droit à la Cour
L’une des particularités de la Cour européenne des droits de l’homme
est qu’elle est la seule juridiction internationale dotée d’un
jurisconsulte. En pratique, le jurisconsulte assure une véritable veille
jurisprudentielle et s’efforce surtout de prévenir les conflits de
jurisprudence. Il examine tous les projets d’arrêt et de décision qui
sont soumis aux chambres constituées au sein des cinq sections, et
formule ensuite des observations qu’il adresse à tous les juges de la
Cour et aux responsables du greffe. Il rédige chaque semaine un flash
jurisprudentiel confidentiel, réservé aux juges et aux juristes du greffe
et consacré aux développements intervenus dans les sections durant la
semaine écoulée. Il assiste à toutes les délibérations de la grande
chambre et du collège de celle-ci. Par ailleurs, il fait souvent office de
greffier de la grande chambre et de porte-parole jurisprudentiel de la
Cour.

L’organisation de la Cour.
La Cour européenne des droits de l'homme est organisée en deux
formations : Des formations administratives et des formations de
jugement.

-Les formations administratives de la Cour européenne.

Les formations administratives sont chargées de la gestion de la Cour


et des requêtes qui lui sont adressées. Ces formations administratives
sont : la Cour plénière et les comités.

La Cour plénière est la formation qui réunit l'ensemble des 47 juges de


la Cour européenne des droits de l'homme. La formation plénière est
chargée de constituer les chambres, d'élire les présidents des chambres
parmi les juges, pour un mandat reconductible, d'adopter le règlement
de la Cour et d'élire le greffier et le greffier adjoint 35. Les comités sont
des formations composées de trois juges, et constituées au sein de
chaque section de la Cour par les chambres. Les comités sont chargés
de se prononcer sur la recevabilité des requêtes individuelles, sur
saisine préalable du président de section. Les comités peuvent déclarer
une requête irrecevable ou la rayer du rôle à l'unanimité « lorsqu'une
telle décision peut être prise sans examen complémentaire36. Les
décisions et arrêts relativement à la recevabilité des requêtes
individuelles sont définitifs37

Les formations de jugement.


Les formations de jugement sont chargées de l'examen des affaires,
tant sur la forme que sur le fond. La Chambre et la Grande Chambre
constituent respectivement les formations ordinaires et extraordinaires
de jugement.
La chambre se compose de 7 juges et constitue la formation ordinaire
de jugement des affaires. Le juge élu au titre de l'État membre
impliqué dans le litige est membre de droit de la Chambre.38
Les chambres sont chargées en premier lieu de statuer sur la
recevabilité des requêtes, examinées ou non par les comités. À cet
effet, les chambres statuent séparément en matière d'examen de
recevabilité et d'examen sur le fond39. En second lieu, une chambre
peut décider de se dessaisir au profit de la Grande Chambre, lorsque la
Chambre « soulève une question grave relative à l'interprétation de la
Convention ou de ses Protocoles, ou si la solution d'une question peut

35
Article 25 de la Convention européenne des droits de l’homme
36
Article 28 de la Convention européenne des droits de l’homme
37
Article 28 de la Convention européenne des droits de l’homme
38
Article 26 Alinéa 4 de la Convention européenne des droits de l’homme
39
Article 29 de la Convention européenne des droits de l’homme
conduire à une contradiction avec un arrêt rendu antérieurement par la
Cour ».40
La Grande Chambre est quant à elle, une formation extraordinaire de
jugement. Elle est composée de 17 juges, et d’au moins trois juges
suppléants41 La Grande Chambre se prononce sur les affaires qui lui ont
été déférés, et les demandes d'avis consultatif dont elle a été saisie.

La compétence et la procédure applicable devant la Cour

La Cour européenne des droits de l'homme peut être saisie par une
personne physique, une organisation non gouvernementale ou un
groupe de particuliers qui se prétend victime d'une violation des droits
reconnus dans la Convention et ses protocoles, par l'un des États
contractants.

Cependant la saisine de la Cour européenne des droits de l’homme


n’est pas automatique. Elle nécessite que soit remplie plusieurs
conditions. En effet, L'article 35 de la convention européenne des
droits de l'homme établit comme condition préalable à la saisine de la
Cour européenne des droits de l'homme, l'épuisement des voies de
recours internes. Cette condition est la conséquence de la
compétence subsidiaire de la juridiction supranationale, conçue
comme un organe de contrôle de l'application de la convention. Les
juridictions des États signataires sont chargées d'appliquer la
convention, et de faire disparaître les violations des droits de l'homme.
Pour saisir la Cour, le requérant doit établir l'incapacité des
juridictions nationales à remédier aux manquements, en exerçant
les recours utiles, efficaces et adéquats, et en invoquant en

40
Article 30 de la Convention européenne des droits de l’homme
41
Article 24 du règlement de la Cour européenne des droits de l’homme
substance une violation de la convention. Le principe de l'épuisement
des voies de recours internes connaît certains aménagements. En
premier lieu, des allégations sérieuses de tortures peuvent dispenser le
requérant d'épuiser les voies de recours internes42 . En second lieu, le
citoyen peut épuiser les voies de recours internes avec l'aide d'une
association43.
Pour être recevable, une requête doit être introduite dans les 4 mois
suivant la date de la dernière décision interne définitive44. Enfin le
requérant doit avoir subi un préjudice important sauf si le respect des
droits de l’homme garantis par la convention ou ses protocoles exige un
examen de la requête au fond.

La mise en œuvre de la procédure.

La Cour examine l’affaire de façon contradictoire avec les


représentants des parties et, s’il y a lieu, procède à une enquête pour
la conduite efficace de laquelle les Hautes Parties contractantes
intéressées fourniront toutes facilités nécessaires.

À tout moment de la procédure, la Cour peut se mettre à la disposition


des intéressés en vue de parvenir à un règlement amiable de l’affaire
s’inspirant du respect des droits de l’homme tels que les reconnaissent
la Convention et ses protocoles. La procédure est confidentielle et en
cas de règlement amiable, la Cour raye l’affaire du rôle. Cette décision
est transmise au Comité́ des Ministres qui surveille l’exécution des
termes du règlement amiable tels qu’ils figurent dans la décision45.

42
CEDH, 18 décembre 1996, « Akdivar c/ Turquie » ; 28 juillet 1999, « Selmouni c/ France »
43
CEDH, 27 avril 2004, « Gorraiz Lizarraga c/ Espagne »
44
Art.35 alinéa 1 de la Convention européenne des droits de l’homme
45
Article 39 de la Convention européenne des droits de l’homme
L’audience est publique à moins que la Cour n’en décide autrement
en raison de circonstances exceptionnelles. Les documents déposés au
greffe sont accessibles au public à moins que le président de la Cour
n’en décide autrement. Dans un délai de trois mois a compté de la
date de l’arrêt d’une chambre, toute partie à l’affaire peut, dans des
cas exceptionnels, demander le renvoi de l’affaire devant la Grande
Chambre. Un collège de cinq juges de la Grande Chambre accepte la
demande si l’affaire soulève une question grave relative à
l’interprétation ou à l’application de la Convention ou de ses
protocoles, ou encore une question grave de caractère général. Si le
collège accepte la demande, la Grande Chambre se prononce sur
l’affaire par un arrêt.

Section II : La Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE)

La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) est l’une des sept


institutions de l’Union. La Cour de justice de l'Union européenne a la
particularité de comprendre en son sein plusieurs juridictions : la Cour
de justice, le Tribunal et des tribunaux spécialisés46. La Cour est la
juridiction de l’Union européenne. Ses organes assurent la bonne
interprétation et la bonne application du droit primaire et du droit
dérivé́ de l’Union sur son territoire. Ils contrôlent la légalité́ des actes
des institutions de l’Union et statuent sur le respect, par les États
membres, des obligations qui leur incombent en vertu du droit primaire
et du droit dérivé́. La Cour de justice interprète également le droit de
l’Union à la demande des juges nationaux.

46
Article 19 Traité sur l’Union européenne
Paragraphe 1 : La Cour de justice

A- La composition l’organisation de la Cour de Justice.

La Cour de Justice est composée d’un juge par État membre (27) et
est assistée d’avocats généraux47. La Cour est assistée de huit avocats
généraux, nombre qui peut être augmenté par le Conseil à la demande
de la Cour. Les juges élisent en leur sein un président et un Vice-
président pour une période de trois ans, renouvelable.

Les juges et avocats généraux doivent posséder les qualifications


requises pour exercer les plus hautes fonctions juridictionnelles
nationales ou être jurisconsultes possédant des compétences notoires.
Ils doivent offrir toutes garanties d’indépendance. Les juges et avocats
généraux sont nommés d’un commun accord par les gouvernements des
États membres, après consultation d’un comité́ chargé de donner un
avis sur l’adéquation des candidats48. À l’approche de la fin des
mandats des juges et des avocats généraux, les représentants des
gouvernements des États membres nomment d’un commun accord les
juges ou avocats généraux de la Cour, après consultation d’un comité́
chargé de donner un avis sur l’adéquation des candidats potentiels.
Leur mandat est de six ans49 Renouvellement partiel tous les trois ans,
portant alternativement sur la moitié des juges et sur la moitié des
avocats généraux. Les juges et les avocats généraux sortants peuvent
être nommés à nouveau.

Les juges et les avocats généraux jouissent de l’immunité́ de


juridiction. Pour leurs actes officiels, ils continuent à bénéficier de

47
Article 19 Traité sur l’Union européenne
48
Article 255 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (FUE)
49
Article 253 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (FUE)
cette immunité́ après la cessation de leurs fonctions. Ils ne peuvent
être relevés de leurs fonctions que par décision unanime de la Cour. Ils
prêtent serment (en jurant indépendance, impartialité́, respect du
secret) avant d’entrer en fonction ; ne peuvent exercer aucune
fonction politique ou administrative ni aucune autre activité́
professionnelle ; s’engagent à respecter les obligations découlant de
leur charge.

Selon l’article 9 bis du protocole n°3, La Cour élit son président et son
Vice-président en son sein pour un mandat renouvelable de trois ans.
Le président conduit les travaux de la Cour et préside les audiences et
les délibérations de l’assemblée plénière et de la grande chambre. Le
Vice-président assiste le président dans l’exercice de ses fonctions et
le remplace au besoin. La Cour nomme son greffier. Le greffe est le
secrétariat général de l’institution. Il dirige ses services sous l’autorité́
du président de la Cour. La Cour établit son règlement de procédure,
qui est soumis à l’approbation du Conseil statuant à la majorité́
qualifiée. Elle peut siéger en assemblée plénière de 27 juges, en
grande chambre comprenant 15 juges et en chambres composées de 3
ou de 5 juges.

B- La compétence de la Cour
La Cour de Justice est compétente en matière de recours directs et
indirects.

1-Les Recours directs

Les recours directs concernent les recours contre des États membres ou
une institution, un organe ou un organisme de l’Union. La Cour se
prononce sur les recours dirigés contre les États ou les institutions pour
non-respect de leurs obligations au regard du droit de l’Union.

Les recours en manquement contre les États membres

Ces recours sont introduits :

• — soit par la Commission, après une procédure précontentieuse


(article 258 du traité FUE) : mise en demeure de l’État de
présenter ses observations et avis motivé soit par un État
membre, après saisine de la Commission (article 259 du traité
FUE). Établir si l’État concerné a manqué́ à ses obligations,
auquel cas celui-ci est sommé de mettre immédiatement fin à
l’infraction visée ;

Si, après le recours formé par la Commission, la Cour constate que


l’État membre concerné ne s’est pas conformé à son arrêt (article 260
du traité FUE), la Cour peut le condamner à payer une somme
forfaitaire ou une astreinte dont elle détermine le montant sur
proposition de la Commission

Les recours en annulation ou en carence contre les institutions de


l’Union

La Cour peut connaitre d’un recours en annulation d’une mesure qui


serait contraire au droit de l’Union50 ou saisine visant à constater
l’inaction d’une institution, organe ou organisme ayant été invité à agir
pour mettre fin à une violation du droit de l’Union51 (carence).

50
Article 263 du Traité FUE
51
Article 265 Traité FUE
Les États membres, les institutions et toute personne physique ou
morale peuvent former un recours contre les actes (notamment les
règlements, directives ou décisions) adoptés par une institution, un
organe ou un organisme de l’Union et dont ils sont destinataires. La
Cour, peut annuler l’acte illégal ou constater la violation de
l’obligation d’agir, auquel cas l’institution responsable du manquement
est tenue de prendre les mesures que comporte l’arrêt de la Cour52
(article 266 du traité FUE)

Les autres recours directs

La Cour est compétente pour connaitre en première instance des


recours visés aux articles 263, 265, 268, 270 et 272 du traité FUE ;
seuls les recours contre les décisions de la Commission imposant des
sanctions aux entreprises (article 261) sont portés devant elle, ainsi
que ceux prévus dans le Statut de la Cour de Justice [tel que modifié
en dernier lieu par le règlement (UE, Euratom) 2019/629 du 17 avril
2019]. L’article 51 du statut de la Cour de justice dispose que, par
dérogation à la règle énoncée à l’article 256, paragraphe 1, du traité
FUE, sont réservés à la Cour de justice les recours visés aux articles 263
et 265 du traité FUE, qui sont formés par un État membre et dirigés :

— contre un acte ou contre une abstention de statuer du


Parlement européen et/ou du Conseil, à l’exclusion :

• — des décisions prises par le Conseil au titre de l’article 108,


paragraphe 2, troisième alinéa, du traité FUE ;

52
Article 266 du Traité FUE
• — des actes du Conseil adoptés en vertu d’un règlement du
Conseil relatif aux mesures de défense commerciale au sens de
l’article 207 du traité FUE ;
• — des actes du Conseil par lesquels ce dernier exerce des
compétences d’exécution conformément à l’article 291,
paragraphe 2, du traité FUE ;

— contre un acte ou une abstention de statuer de la Commission


au titre de l’article 331, paragraphe 1, du traité FUE.

Sont également réservés à la Cour les recours, visés aux mêmes


articles, qui sont formés par une institution de l’Union contre un
acte ou une abstention de statuer du Parlement européen, du
Conseil, de ces deux institutions statuant conjointement, ou de la
Commission, ainsi que par une institution de l’Union contre un
acte ou une abstention de statuer de la Banque centrale
européenne.

2-Les recours indirects : l’exception d’illégalité́ soulevée devant


une juridiction nationale (renvoi préjudiciel)53

Le juge national applique normalement lui-même le droit de l’Union


lorsqu’une affaire l’exige. Toutefois, lorsqu’une question liée à
l’interprétation de ce droit est soulevée devant une juridiction
nationale, celle-ci peut demander à la Cour de justice de statuer, à
titre préjudiciel, sur cette question. S’il s’agit d’une juridiction de
dernier ressort, la saisine de la Cour est obligatoire. La juridiction
nationale soumet à la Cour de justice des questions relatives à
l’interprétation ou à la validité́ d’une disposition du droit de l’Union,
53
Article 267 du Traité FUE
généralement sous la forme d’une décision juridictionnelle,
conformément aux règles nationales de procédure.

Le greffe informe les parties aux procédures nationales de la requête,


ainsi que les États membres et les institutions de l’Union. Ceux-ci
disposent d’un délai de deux mois pour présenter leurs observations
écrites à la Cour de justice. La Cour a aussi une Compétence de second
degré́ de juridiction. La Cour est également compétente pour connaître
des pourvois limités aux questions de droit dirigés contre les arrêts et
les ordonnances du Tribunal. Le pourvoi n’a pas d’effet suspensif. Si le
pourvoi est considéré́ recevable et fondé, la Cour de justice annule la
décision du Tribunal et statue elle-même définitivement sur le litige,
ou renvoie l’affaire devant le Tribunal, qui est lié par cette décision.

C- La procédure applicable devant la Cour de Justice


Seul un avocat habilité à exercer devant une juridiction d'un État
membre ou d'un autre État partie à l'accord sur l'Espace économique
européen peut représenter ou assister une partie devant la Cour. La
procédure devant la Cour de justice comporte deux phases : l'une
écrite, l'autre orale.

La procédure écrite comprend la communication aux parties, ainsi


qu'aux institutions de l'Union dont les décisions sont en cause, des
requêtes, mémoires, défenses et observations et, éventuellement, des
répliques, ainsi que de toutes pièces et documents à l'appui ou de leurs
copies certifiées conformes.

La Cour de justice est saisie par une requête adressée au greffier.


La requête doit comporter l'indication du nom et du domicile du
requérant et de la qualité́ du signataire, l'indication de la partie ou des
parties contre lesquelles la requête est formée, l'objet du litige, les
conclusions et un exposé sommaire des moyens invoqués.

Elle doit être jointe, s'il y a lieu, de l'acte dont l'annulation est
demandée ou, dans l'hypothèse visée à l'article 265 du traité sur le
fonctionnement de l'Union européenne, d'une pièce justifiant de la
date de l'invitation prévue audit article. Si ces pièces n'ont pas été
jointes à la requête, le greffier invite l'intéressé à en effectuer la
production dans un délai raisonnable, sans qu'aucune forclusion puisse
être opposée au cas où̀ la régularisation interviendrait après
l'expiration du délai de recours54.

La Cour de justice peut demander aux parties de produire tous


documents et de fournir toutes informations qu'elle estime désirables.
En cas de refus, elle en prend acte. La Cour peut également demander
aux États membres et aux institutions, organes ou organismes qui ne
sont pas parties au procès tous renseignements qu'elle estime
nécessaires aux fins du procès.55

Aussi, à tout moment, la Cour de justice peut confier une expertise à


toute personne, corps, bureau, commission ou organe de son choix.

Paragraphe 2 : LE TRIBUNAL

A-La composition du Tribunal.


Le nombre des juges du Tribunal est fixé par le statut de la Cour de
justice de l'Union européenne. Le statut peut prévoir que le Tribunal
est assisté d'avocats généraux.

54
Article 21 du Statut de la Cour de Justice de l’Union européenne
55
Article 24 du Statut de la Cour de Justice de l’Union européenne
Les membres du Tribunal sont choisis parmi les personnes offrant
toutes les garanties d'indépendance et possédant la capacité́ requise
pour l'exercice de hautes fonctions juridictionnelles. Ils sont nommés
d'un commun accord pour six ans par les gouvernements des États
membres, après consultation d’un comité́ prévu par l'article 255. Un
renouvellement partiel a lieu tous les trois ans. Les membres sortants
peuvent être nommés à nouveau56

B-L’organisation du tribunal.
Le Tribunal fait appel aux services administratifs et linguistiques de la
Cour.
En accord avec la Cour, le Tribunal établit son règlement de
procédure. Il siège en chambre de trois ou cinq juges. Son règlement
de procédure détermine les cas où il peut siéger en formation plénière,
en grande chambre ou à juge unique. Plus de 80 % des affaires dont est
saisi le Tribunal sont examinés par une chambre composée de trois
juges. Le Parlement et le Conseil peuvent créer des tribunaux
spécialisés adjoints au Tribunal chargés de connaître en première
instance de certaines catégories de recours formés dans des matières
spécifiques. La création d’un nouveau tribunal spécialisé dans le
domaine des marques, dessins et modèle est ainsi actuellement en
discussion. Pour créer ces tribunaux, le Parlement européen et le
Conseil statuent conformément la procédure législative ordinaire (par
voie de règlements soit sur proposition de la Commission et après
consultation de la Cour de justice, soit sur demande de la Cour de
justice et après consultation de la Commission).

56
Article 224 Traité FUE
C-La compétence et la procédure applicable devant le tribunal

Les règles de compétences du Tribunal (article 256 du traité FUE) .


La Cour possède une compétence exclusive pour connaître des recours
entre les institutions et des recours introduits par un État membre
contre le Parlement européen et/ou contre le Conseil ; le Tribunal est
compétent en première instance pour connaître de tous les autres
recours de ce type, en particulier des recours introduits par des
personnes ou des recours introduits par un État membre contre la
Commission.

Le traité FUE dispose que le Tribunal connait en première instance des


recours visés aux articles 263, 265, 268, 270 et 272 du traité FUE,
notamment lorsqu’ils portent sur les matières suivantes, sauf si ces
recours émanent des États membres, des institutions de l’Union ou de
la Banque centrale européenne, auquel cas ils relèvent de la
compétence exclusive de la Cour de justice (article 51 du statut de la
Cour de justice de l’Union européenne) :

• — recours visant à obtenir l’annulation d’actes des institutions,


organes et organismes de l’Union ou recours en carence formés
contre les institutions par des personnes physiques ou morales
(articles 263 et 265 du traité FUE);
• — recours formés par des États membres contre la Commission ;
• — réparation des dommages causés par les institutions, organes
et organismes de l’Union ou par leurs agents (article 268 du traité
FUE);
• — litiges relatifs aux contrats conclus par ou au nom de l’Union,
qui donnent expressément compétence au Tribunal (article 272
du traité FUE);
• — recours en matière de propriété́ intellectuelle formés contre
l’Office de l’Union européenne pour la propriété́ intellectuelle
(EUIPO) et l’Office communautaire des variétés végétales ;
• — litiges entre l’Union et ses agents, y compris les litiges entre
institutions, organes ou organismes, d’une part, et leurs agents,
d’autre part ;
• Le statut peut étendre la compétence du Tribunal à d’autres
matières.
• De manière générale, les décisions rendues par le Tribunal en
première instance sont susceptibles de pourvoi devant la Cour de
justice, mais uniquement sur des questions de droit.
• Renvois préjudiciels
• Le Tribunal connait des questions préjudicielles (article 267 du
traité FUE) dans les matières déterminées par le statut (article
256, paragraphe 3, du traité FUE). Toutefois, puisqu’aucune
disposition n’a été inscrite dans le statut à cet égard, la Cour de
justice est actuellement seule compétente pour statuer à titre
préjudiciel.
Les arrêts du Tribunal peuvent, dans un délai de deux mois, faire
l’objet d’un recours devant la Cour de justice, limité aux
questions de droit.
Il convient de préciser qu’il existait sur le plan européen un tribunal

de la fonction publique de l’Union européenne mais, Le 1er


septembre 2016, les litiges entre l’Union et ses agents ont été
transférés au Tribunal, ce qui a entrainé́ la dissolution du Tribunal
de la fonction publique créé en 2004. Le règlement (UE, Euratom)
2016/1192 du Parlement européen et du Conseil du 6 juillet 2016
relatif au transfert au Tribunal de la compétence pour statuer, en
première instance, sur les litiges entre l’Union européenne et ses
agents a donc abrogé la décision 2004/752/CE, Euratom du Conseil
instituant le Tribunal de la fonction publique de l’Union européenne.
Les affaires pendantes devant le Tribunal de la fonction publique à la

date du 31 Aout 2016 ont été transférées le 1er septembre 2016 au


Tribunal, qui continue à les traiter telles qu’elles sont à cette date, et
les procédures engagées par l’ancien Tribunal de la fonction publique
dans ces affaires restent applicables. Dans l’hypothèse où une affaire
serait transférée au Tribunal après l’audience, la phase orale de la
procédure serait rouverte.

Un régime transitoire a été mis en place pour les pourvois en cours

d’examen au moment du transfert de compétence au 1er septembre


2016 ou introduits après cette date contre les décisions du Tribunal de
la fonction publique. Le Tribunal reste compétent pour connaître de
ces pourvois. Aussi, les articles 9 à 12 de l’annexe I du statut de la Cour
doivent-ils demeurer applicables aux recours en cause.

Section III : La Cour interaméricaine des droits de l’homme (CIDH)

Établie en 1979 dans le but de faire appliquer et interpréter les


dispositions de la convention américaine relative aux droits de
l’homme, la Cour interaméricaine des droits de l’homme est une
institution judiciaire basée à San José au Costa Rica. Elle vise à
protéger et encourager les droits de l’homme dans les Amériques.
Paragraphe 1: Composition et organisation de la Cour
interaméricaine des droits de l’homme

La Cour se compose de sept juges, ressortissants des États membres de


l'Organisation, élus à titre personnel parmi des juristes jouissant d'une
très haute autorité́ morale, d'une compétence reconnue en matière de
droits de l'homme, et réunissant les conditions requises pour l'exercice
des plus hautes fonctions judiciaires au regard des législations des pays
dont ils sont, respectivement, les ressortissants ou "de ceux qui les
proposent comme candidats. Cependant, La Cour ne peut compter
deux juges de la même nationalité́57

Les juges à la Cour sont élus au scrutin secret et à la majorité́ absolue


des votes des États parties à la présente Convention, à une séance de
l'Assemblée générale de l'Organisation, sur une liste de candidats
proposés par lesdits États.

Chacun des États parties peut présenter jusqu'à trois candidats, qui
devront être des ressortissants de l'État qui les propose ou de tout État
membre de l'Organisation des États Américains. Quand une triade est
proposée, au moins l'un des candidats devra être un ressortissant d'un
État autre que celui de qui la proposition émane. Ils sont élus pour six
ans et ne peuvent être réélus qu'une seule fois. Toutefois, après cette
élection, et après un tirage au sort de l’Assemblée générale, le mandat
de trois des juges désignés lors de la première élection sera de trois
ans58

57
Article 52 de la Convention américaine relative aux droits de l’homme du 22 Novembre 1969
58
Article 54 de la Convention américaine relative aux droits de l’homme du 22 Novembre 1969
L’organisation de la Cour. Le juge élu pour remplacer un autre dont
le mandat n'était pas arrivé́ à expiration achèvera le mandat de son
prédécesseur.

Les juges restent en fonction jusqu'à la fin de leur mandat.


Cependant, si une affaire dont ils ont été saisis se trouvent en
première instance, ils continueront de connaitre de ces affaires et ne
seront pas pour celle-ci, remplacés par les juges nouvellement élus.59

Lorsqu’un juge est un ressortissant de l'un des États parties à une


affaire déférée à la Cour, il conservera le droit de connaître de ladite
affaire. L’une des particularités de cette juridiction est que si un des
juges appelés à connaître d'une espèce est un ressortissant d'un des
États en cause, l'autre État à l'instance peut désigner une personne de
son choix pour siéger à la Cour en qualité́ de juge ad hoc. Si aucun des
juges appelés à connaitre d'une espèce n'est un ressortissant des États
en cause, chacun de ceux-ci peut désigner un juge ad hoc60 . Le
quorum requis pour les délibérations de la Cour est de cinq juges.

La Cour aura son siège au lieu déterminé́ à cet effet, en séance de


l'Assemblée générale de l'Organisation, par les États parties à la
présente Convention. Cependant, elle pourra siéger dans n'importe
quel État membre de l'Organisation des États Américains, sur décision
de la majorité́ de ses membres et avec l'agrément de l'État intéressé́.
Les États parties à la Convention peuvent, à une séance de l'Assemblée
générale, décider à la majorité́ des deux tiers des votes, de changer le
siège de la Cour.

59
Article 54 de la Convention américaine relative aux droits de l’homme du 22 Novembre 1969
60
Article 55 de la Convention américaine relative aux droits de l’homme du 22 Novembre 1969
La Cour désignera son Greffier. Le Greffier a sa résidence au lieu où la
Cour a son siège, et doit être présent aux audiences de la Cour tenues
hors du siège. La Cour organise son greffe. Celui-ci fonctionne sous
l'autorité́ du Greffier en conformité́ des normes administratives
adoptées par le Secrétariat général de l'Organisation des États
Américains qui ne sont pas incompatibles avec l'indépendance de la
Cour. Les fonctionnaires de la Cour sont nommés par le Secrétaire
général de l'Organisation en consultation avec le Greffier de la Cour.
La Cour élabore son Statut, le soumet à l'approbation de l'Assemblée
générale et arrête son Règlement.

Paragraphe 2 : La compétence et la procédure applicable devant la


Cour interaméricaine des droits de l’homme

A.Les règles relatives à la compétence de la Cour.

Suivant l’article 61 de la convention interaméricaine des droits de


l’homme, seuls les États parties à la présente Convention américaine
relative aux droits de l’homme et la Commission ont qualité́ pour saisir
la Cour. En ce qui concerne les personnes, groupe de personnes, toute
entité non gouvernementale et légalement reconnue dans un ou
plusieurs États membres de l’organisation peuvent dénoncer ou porter
plainte devant la commission interaméricaine des droits de l’homme 61,
à elle de se prononcer sur la recevabilité de la réclamation. Si l’affaire
est jugée recevable et l’État considéré comme en faute, la Commission
présentera généralement une liste de recommandations et une amende
pour la violation à l’État concerné. C’est seulement si l’État ne
respecte pas ces recommandations, ou si la Commission décide que
l’affaire est d’une importance particulière ou d’intérêt juridique que
l’affaire sera renvoyée à la Cour.

61
Article 44 de la Convention américaine relative aux droits de l’homme du 22 Novembre 1969
Aussi, la Cour ne connaît d'une espèce quelconque qu'après
l'épuisement de la procédure prévue aux articles 48 à 50 de la
convention62. Tout État partie peut, au moment du dépôt de son
instrument de ratification ou d'adhésion à la présente Convention, ou à
tout autre moment ultérieur, déclarer qu'il reconnait comme
obligatoire, de plein droit et sans convention spéciale, la compétence
de la Cour pour connaître de toutes les espèces relatives à
l'interprétation ou à l'application de la Convention.

La déclaration peut être faite sans condition, ou assorti d’une


condition de réciprocité́, ou pour une durée déterminée ou à l'occasion
d'espèces données. La Cour est propre à connaître de toute espèce
relative à l'interprétation et à l'application des dispositions de la
présente Convention, pourvu que les États en cause aient reconnu ou
reconnaissent sa compétence, soit par une déclaration spéciale,
comme indiqué aux paragraphes précédents, soit par une convention
spéciale.

Lorsqu'elle reconnait qu'un droit ou une liberté́ protégés par la


présente Convention ont été violés, la Cour ordonnera que soit garantie
à la partie lésée la jouissance du droit ou de la liberté́ enfreints. Elle
ordonnera également, le cas échéant, la réparation des conséquences
de la mesure ou de la situation à laquelle a donné́ lieu la violation de
ces droits et le paiement d'une juste indemnité́ à la partie lésée.

Dans les cas d'extrême gravité requérant la plus grande célérité́ dans
l'action, et lorsqu'il s'avère nécessaire d'éviter des dommages
irréparables à des personnes, la Cour pourra, à l'occasion d'une espèce
dont elle est saisie, ordonner les mesures provisoires qu'elle juge

62
Article 61 de la convention américaine relative aux droits de l’homme (Pacte de San José)
pertinentes. S'il s'agit d'une affaire dont elle n'a pas encore été saisie,
elle pourra prendre de telles mesures sur requête de la Commission.
Sur la demande de tout État membre de l'Organisation, la Cour pourra
émettre un avis sur la compatibilité́ de l'une quelconque des lois dudit
État avec les instruments internationaux précités.

La Cour soumettra à l'examen de l'Assemblée générale de l'Organisation


au cours de chaque session ordinaire un rapport sur ses activités durant
l'année précédente. Elle soulignera d'une manière spéciale en
formulant les recommandations pertinentes les cas où un État n'aura
pas exécuté́ ses arrêts.

B.La procédure applicable devant la Cour

La Cour statue par arrêt de la Cour sera motivé́. Si l'arrêt n'exprime


pas en tout ou en partie l'opinion unanime des juges, chacun de ceux-ci
aura le droit d'y joindre son opinion dissidente ou son opinion
individuelle.

L'arrêt de la Cour est définitif et sans appel. En cas de différend sur le


sens ou la portée de l'arrêt, la Cour se prononcera sur requête de l'une
des parties, introduite dans un délai de quatre-vingt-dix jours à
compter de la date de la signification de l'arrêt63

Le dispositif de l'arrêt accordant une indemnité́ pourra être exécuté́


dans le pays intéressé́ conformément à la procédure interne tracée
pour l'exécution des jugements rendus contre l'État.64

L'arrêt de la Cour sera signifié́ aux parties en cause et sera transmis


aux États parties à la Convention.

63
Article 67 de la Convention américaine des droits de l’homme
64
Article 68 de la Convention américaine des droits de l’homme
Section IV : La Cour Andine de Justice

Créé en 1996 mais rentre en fonction en 1999. 3ème tribunal


international le plus actif derrière la cour européenne de Droit de
l’Homme et le Tribunal de l’Union Européenne. C’est une instance
supranationale et communautaire.

Sa compétence est limitée aux 4 pays membres (la Bolivie, la


Colombie, l’Équateur, le Pérou).

Paragraphe 1 : Composition et organisation de la Cour

A.La composition de la Cour

La Cour est composée de cinq magistrats qui doivent être originaires


des Pays membres, jouir d'une bonne réputation morale et remplir les
conditions nécessaires pour exercer la plus haute fonction judiciaire
dans leurs pays respectifs, ou être des juristes hautement compétents.

Les magistrats jouissent d'une pleine indépendance dans l'exercice de


leurs fonctions. Ils ne doivent exercer aucune autre activité
professionnelle, raid ou autre, à l'exception de l'enseignement ; ils
doivent s’abstenir également de tout acte incompatible avec la nature
de leur fonction.

Les magistrats sont nommés à partir de listes de trois membres


présentés par chaque Pays Membre et par décision unanime des
Représentants Plénipotentiaires habilités à le faire. Le Gouvernement
du pays hôte réunira les Représentants plénipotentiaires. Ils sont
nommés pour une durée de six ans, renouvelable partiellement tous les
trois ans ; ils ne peuvent être réélus qu'une seule fois65.

B- L’organisation

Ils disposent chacun d'un premier et d’un deuxième suppléant pour les
remplacer, dans l'ordre, en cas d'absence définitive ou temporaire ou
pour cause d'empêchement ou d'opposition, conformément aux
dispositions prévues par le Règlement Intérieur de la Cour. Les adjoints
doivent avoir les mêmes qualités que les magistrats principaux. Ils sont
nommés à la même date, dans les mêmes conditions et pour la même
durée que les magistrats principaux.

A la demande du Gouvernement d'un Pays membre et selon la


procédure prévue par le Règlement intérieur de la Cour, les magistrats
ne peuvent être révoqués que s'ils ont commis une faute grave qui y est
prévue dans l'exercice de leurs fonctions. A cet effet, les
Gouvernements des Pays-membres désignent des représentants
plénipotentiaires qui, une fois convoqués par le pays hôte, résolvent
l'affaire lors d'une réunion spéciale au cours de laquelle ils doivent
prendre une décision unanime. Au terme de leur mandat, les
magistrats restent en fonction jusqu'à la prise de fonction de leur
remplaçant66.

65
Article 9 du Traité instituant la Cour de Justice de Carthagène
66
Article 12 du Traité instituant la Cour de Justice de Carthagène
Paragraphe 2 : La compétence et la procédure applicable devant la
Cour

A-La compétence de la Cour.

La Cour est compétente en matière d’action en annulation, d’action de


non-conformité et en matière d’interprétation préjudicielle.

L’action d’annulation. Il appartient à la Cour d'annuler les décisions


prises par la Commission et les résolutions émises par le Conseil qui
violent les règles composant le système juridique de l'Accord de
Carthagène, même en cas de déviation de pouvoir, à la demande soit
d'un Pays Membre, la Commission, le Conseil d'Administration, les
personnes physiques ou morales lorsque les décisions prises par la
Commission ou les résolutions du Conseil qui leur sont applicables et
leur causent un préjudice67
L'action en annulation doit être déposée devant le tribunal dans
l'année qui suit la date d'entrée en vigueur de la décision de la
Commission ou de la résolution du conseil 68. Cependant, l’ouverture
d'une action en nullité ne doit pas obstruer l'effectivité ou l'exécution
de la règle attaquée. La décision prononçant l'annulation totale ou
partielle de la décision ou résolution attaquée, doit impérativement
indiquer les effets de l'arrêt dans le temps69

L’action de non-conformité. Le Conseil peut estimer qu'un Pays


Membre a manqué aux obligations découlant des règles constituant le

67
Article 17 et 19 du Traité instituant la Cour de Justice de Carthagène
68
Article 19 du Traité instituant la Cour de Justice de Carthagène
69
Article 22 du Traité instituant la Cour de Justice de Carthagène
système juridique de l'Accord de Carthagène, dans une telle situation,
il formule ses observations par écrit. L'État membre doit répondre dans
un délai compatible avec l'urgence du dossier, qui ne peut excéder
deux mois. Après réception de la réponse ou expiration du délai, le
conseil émet un avis motivé70
Si, de l'avis du Conseil, le Pays Membre n'a pas rempli les obligations
mentionnées ci-dessus et continue de le faire, le Conseil peut
demander un verdict à la Cour.

Lorsqu'un pays Membre estime qu'un autre pays membre n'a pas rempli
les obligations découlant des règles constituant le système juridique de
l'Accord de Carthagène, il peut présenter sa réclamation au Conseil en
indiquant tous les antécédents du cas, afin que le Conseil puisse
émettre un avis motivé,

Si, de l'avis du Conseil, le pays membre n'a pas rempli ses obligations et
continue de le faire, le Conseil peut demander un verdict à la Cour. Si
la Commission n'a pas introduit l'action dans les deux mois suivant la
date de son jugement, le pays demandeur peut saisir directement la
Cour.

Le Conseil doit impérativement se prononcer pas dans un délai de trois


mois à compter de la date de soumission de la demande faute de
quoi, le pays demandeur peut saisir directement la Cour. Il en est de
même lorsque le conseil statut contre le non-respect

70
Article 23 du Traité instituant la Cour de Justice de Carthagène
Lorsque la Cour constate l'inexécution, l'État membre fautif à trois mois
suivant la notification de la décision, pour prendre les mesures
nécessaires pour exécuter le jugement. En cas de manquement de cet
État membre à cette obligation, la Cour, sommairement et après avis
du Collège, fixe les limites dans lesquelles l'État requérant ou tout
autre État membre peut, totalement ou partiellement, restreindre ou
suspendre les avantages de l'Accord de Carthagène au profit du Pays
Membre fautif. Par l'intermédiaire du Conseil, la Cour informe les Pays
Membres de sa décision71

Les jugements rendus en cas d'action en manquement peuvent être


révisés par le même Tribunal à la demande de l'une des parties, lorsque
premièrement la révision est fondée sur un fait susceptible d'avoir
influencé de manière décisive le résultat de la procédure, et que la
personne qui demande la révision n'en ait pas eu connaissance de ce
fait à la date du prononcé du jugement72.La demande de révision
doit être présentée dans un délai de deux mois à compter de la date
de la découverte du fait et, en tout état de cause, dans un délai
d'un an à compter de la date du jugement73

Dans le cas où les droits des personnes physiques ou morales seraient


affectés par le non-respect par les Pays Membres des dispositions
prévues à l'article 5 du traité, celles-ci peuvent saisir les juridictions
nationales compétentes74.

71
Article 22 du Traité instituant la Cour de Justice de Carthagène
72
Article 26 du Traité instituant la Cour de Justice de Carthagène
73
Article 26 du Traité instituant la Cour de Justice de Carthagène
74
Article 27 du Traité instituant la Cour de Justice de Carthagène
L’interprétation préjudicielle. Il revient à la Cour d’assurer
l’application uniforme des dispositions de l’accord de Carthagène. Pour
se faire, la Cour peut être saisi par le mécanisme de la question
préjudicielle afin de pouvoir donner son interprétation d’une
disposition du Traité75
Si les juges nationaux qui conduisent une procédure dans laquelle l'une
des règles composant le système juridique de l'Accord de Carthagène
doit être appliquée, ils peuvent demander l'interprétation de ces règles
par la Cour, à condition que le verdict soit susceptible d'appel en vertu
des lois nationales. Si l'occasion se présente de rendre un jugement
sans avoir reçu l'interprétation de la Cour, le juge doit trancher
l'affaire.

Dans le cas où le verdict n'est pas susceptible d'appel en vertu des lois
communales, le juge, soit de sa propre initiative, soit à la demande de
l'une des parties, suspend l'instance et demande obligatoirement
l'interprétation du tribunal, à condition que l'affaire soit considérée
comme fondée76

L'interprétation de la Cour doit se limiter à préciser le contenu et la


portée des règles de l'ordre juridique régissant l'Accord de Carthagène.
La Cour ne peut ni interpréter le contenu et la portée des lois
municipales ni statuer sur le fond des questions concernant l'instance77.

75
Article 28 du Traité instituant la Cour de justice de Carthagène
76
Article 29 du Traité instituant la Cour de justice de Carthagène
77
Article 30 du traité instituant la Cour de Justice de Carthagène
B-La procédure applicable devant la Cour.

Toute action relative aux actions en nullité ou en inexécution prévues


par le Traité, est formée au moyen d'une requête adressée au
Président du Tribunal et signée par la partie et son avocat, dont
l'original et trois copies doivent être déposés au Greffe du Tribunal.

Trente jours après la date de notification de la réclamation, le


défendeur doit contester la réclamation. A défaut pour le défendeur,
une fois la demande dûment notifiée, de la contester dans le délai
prévu, il est présumé s'y être opposé en fait et de plein droit. Le
tribunal certifie ce fait dans le dossier de l'affaire78

Dans un délai de huit jours à compter de la demande du défendeur, le


tribunal statue sur l'utilité des preuves, soit d'office, soit à la demande
de l'une des parties79

Si la Cour décide que des preuves ne sont pas nécessaires, le président


fixe la date et l'heure de l'audience et prend les dispositions
indispensables pour appeler les parties. Si la Cour arrête qu'une preuve
est réclamée, elle présente les faits et le délai dans lequel la preuve
doit être fournie. Les parties seront dûment notifiées de la décision et
recevront les instructions correspondantes. La Cour détermine
comment les parties doivent couvrir les frais résultants de la
production des preuves.

78
Article 42 et 43 du règlement de la Cour de justice de Carthagène
79
Article 45 du règlement de la Cour de Justice de Carthagène
Les audiences sont publiques, à moins que, pour des motifs graves, la
Cour ne décide de les tenir à huis clos, soit de sa propre initiative, soit
à la demande de l'une des parties80. Le Président ouvre et dirige les
débats. L'absence d'une ou des deux parties n'invalide pas la procédure.
L'audience commence par le rapport du secrétaire sur l'affaire, qui se
limite à un résumé objectif de celui-ci81

Sous l'autorité et les instructions du Président, le demandeur et le


défendeur, dans l'ordre, peuvent intervenir et répondre ont droit à une
réplique et à une contre-réplique82. Une fois le débat terminé, les
parties peuvent présenter leurs conclusions par écrit, soit à l'audience
même, soit dans les trois jours qui suivent.

La Cour statue en séance plénière dans les quinze jours qui suivent la
clôture de l'audience83. Soit d'office, soit à la requête de l'une des
parties présentées dans un délai de cinq jours après lecture, la Cour
peut modifier ou compléter le jugement84.

Le changement est effectué si le jugement contient des erreurs écrites


manifestes, des erreurs de calcul ou des inexactitudes manifestes ;
également, si un jugement a été rendu sur une question non soulevée
dans la réclamation. Dans un délai de dix jours à compter de la lecture,
l'une des parties, un pays membre, la commission ou le Collège peut
solliciter l'éclaircissement de certains points de l'arrêt qui pourraient
être considérés comme perplexes. Les deux parties sont avisées de la

80
Article 48 du règlement de la Cour de Justice de Carthagène
81
Article 50 du règlement de la Cour de Justice de Carthagène
82
Article 51 du règlement de la Cour de Justice de Carthagène
83
Article 55 du règlement de la Cour de Justice de Carthagène
84
Article 59 du règlement de la Cour de Justice de Carthagène
demande d'éclaircissement afin qu'elles puissent examiner la
convenance d'accomplir les formalités.

Aussi, il est nécessaire de préciser que seul le jugement des actions en


non-conformité peut être réexaminé, conformément à l'article 26 du
Traité. La demande correspondra aux parties à la procédure
précédente85

La demande de révision doit être présentée dans un délai de deux mois


à compter du jour où le demandeur a été informé du fait sur lequel
elle se fonde et, en tout état de cause, dans un délai d'un an à compter
de la date du jugement de non-conformité86

Section V : La Cour centre-américaine de Justice

La Cour de justice centraméricaine, instituée par l'article 12 du


"Protocole de Tegucigalpa à la Charte de l'Organisation des États
centraméricains (ODECA)", Elle garantit le respect du droit, tant dans
l'interprétation que dans l'exécution du "Protocole de Tegucigalpa de
réforme de la Charte de l'Organisation des États centraméricains
(ODECA)", et de ses instruments complémentaires ou actes dérivés
d'elle.

La Cour a son siège dans la ville de Managua, République du Nicaragua,


où elle fonctionnera en permanence. Toutefois, elle peut tenir des
sessions sur le territoire de l'un quelconque des États s'il y consent

85
Article 65 du règlement de la Cour de Justice de Carthagène
86
Article 66 du règlement de la Cour de Justice de Carthagène
Paragraphe1 : Composition et organisation de la Cour Centre
américaine de Justice

A-Composition.

La Cour est composée d'un ou plusieurs Magistrats titulaires pour


chacun des États.

Chaque Magistrat titulaire aura son suppléant respectif, qui devra


réunir les mêmes qualités que les titulaires. Les magistrats doivent être
des personnes jouissant d'une haute moralité et remplissant les
conditions requises dans leur pays pour l'exercice des plus hautes
fonctions judiciaires. Les avocats notoirement compétents peuvent
être dispensés de la condition d'âge, conformément au jugement et à
la résolution du tribunal de leur pays respectif. Les magistrats
permanents et suppléants de la Cour sont élus par les Cours suprêmes
de justice des États.

Les Magistrats de la Cour sont nommés pour dix ans et sont rééligibles.
Les personnes nommées pour une période restent en fonction jusqu'à
l'entrée en fonction des suppléants87. Les Magistrats de la Cour et leurs
Suppléants ne peuvent être relevés de leurs fonctions que pour les
motifs et procédure établie dans le Règlement.

Dans l'exercice de leurs fonctions, les magistrats jouissent d'une entière


indépendance, y compris vis-à-vis de l'État dont ils sont ressortissants,
et exercent leurs attributions avec impartialité. Les Magistrats ne
peuvent exercer d'autres activités professionnelles, rémunérées ou
non, que celles à caractère pédagogique.

87
Article 11 du statut de la Cour centre américaine de Justice
B-L’organisation .

La Cour exerce ses fonctions en séance plénière. Elle a également les


pouvoirs et attributions pour répartir ou répartir sa compétence et sa
juridiction en Chambres ou Chambres, pour connaître des questions
contentieuses qui sont soumises à sa décision ou à son ordonnance.

Les Magistrats sont exonérés de toute responsabilité pour les actes


accomplis et les avis rendus dans l'exercice de leurs fonctions
officielles et continueront à bénéficier de cette exonération après
avoir cessé leurs fonctions.88

La Cour et ses magistrats jouissent dans tous les États Parties des
immunités reconnues par les usages internationaux et la Convention de
Vienne sur les relations diplomatiques, concernant l'inviolabilité de ses
archives et de sa correspondance officielle et de tout ce qui relève des
juridictions civiles et pénales.

La Cour a la personnalité juridique et jouit dans tous les États


membres des privilèges et immunités qui lui correspondent en tant
qu'organe du Système d'intégration centraméricain et qui garantissent
l'exercice indépendant de ses fonctions et la réalisation des objectifs
de la sa création. Les Magistrats et le Secrétaire Général de la Cour et
les fonctionnaires qu'elle désigne à caractère international, jouissent
des immunités et privilèges correspondant à leur fonction. A cet effet,
les Magistrats auront une catégorie équivalente au rang des
Ambassadeurs et les autres fonctionnaires celle établie, d'un commun
accord, entre la Cour et le Gouvernement du pays hôte.

88
Article 29 du statut de la Cour centre américaine de Justice
Paragraphe 2 : La compétence et la procédure applicable devant la
Cour

A-Les règles relatives à la compétence de la Cour.

Les règles relatives à la compétence de la Cour sont prévues par les


articles 22 à 32 du statut de la Cour. La Cour est compétente pour :

a) Connaître, à la demande de l'un quelconque des États membres, les


différends qui s'élèvent entre eux. Sont exceptés les litiges frontaliers,
territoriaux et maritimes, dont la connaissance est requise par la
demande de toutes les parties concernées.

Au préalable, les chancelleries respectives doivent rechercher un


accord, sans préjudice de pouvoir le tenter ultérieurement à n'importe
quel stade du procès.

b) Connaître les actions de nullité et de non-respect des accords des


organismes du Système d'Intégration Centraméricain.

c) Connaître, à la demande de toute partie intéressée, les dispositions


légales, réglementaires, administratives ou autres émises par un État,
lorsqu'elles affectent les accords, traités et autres réglementations du
droit à l'intégration centraméricaine, ou du Accords ou résolutions de
ses organes ou organismes ;

ch) Connaître et décider, s'il en est ainsi décidé, en tant qu'arbitre, des
matières dans lesquelles les parties l'ont demandé en tant que Tribunal
compétent. Elle peut également décider, connaître et résoudre un
litige ex aequo et bono, si les parties intéressées en conviennent ainsi ;
d) Agir en tant que Cour de Consultation Permanente des Cours
Suprêmes de Justice des États, à des fins d'illustration ;

e) Agir en tant qu'organe consultatif des organes ou organismes du


Système d'intégration centraméricain, dans l'interprétation et
l'application du "Protocole de Tegucigalpa de réforme de la Charte de
l'Organisation des États centraméricains (ODECA)", et du les
instruments complémentaires et les actes qui en découlent ;

Entendre et résoudre, à la demande de la partie lésée, les conflits


pouvant survenir entre les Pouvoirs ou les Organes fondamentaux des
États, et lorsque de fait les décisions judiciaires ne sont pas
respectées ;

g) Entendre directement et individuellement les affaires soumises par


toute personne concernée par les accords de l'Organe ou Organisme du
Système d'Intégration Centraméricain ;

h) Connaître les différends ou les problèmes qui surgissent entre un


État d'Amérique centrale et un autre qui ne l'est pas, lorsqu'ils sont
soumis d'un commun accord ;

i) Faire des études comparatives de la législation centraméricaine pour


parvenir à son harmonisation et préparer des projets de lois uniformes
pour réaliser l'intégration juridique de l'Amérique centrale.

j) Connaître en dernier ressort, en appel, les résolutions


administratives émises par les Organismes ou Organisations du Système
d'Intégration Centraméricain, qui affectent directement un membre du
personnel de celui-ci et dont la réintégration a été refusée ;
k) Résoudre toute consultation préjudicielle requise par tout juge ou
tribunal judiciaire qui connaît d'une affaire en instance de décision
visant à obtenir l'application ou l'interprétation uniforme des règles qui
composent le système juridique du "Système d'intégration
centraméricain", créé par le "Protocole de Tegucigalpa", ses
instruments complémentaires ou actes dérivés de celui-ci.

La différence fondamentale entre la Cour interaméricaine des droits de


l’homme et la Cour centre-américaine de justice est que la
compétence de la seconde ne s'étend pas à la matière des droits de
l'homme, qui correspond exclusivement à la Cour interaméricaine des
droits de l'homme89

Conformément aux règles établies ci-dessus, la Cour a le pouvoir de


déterminer sa compétence dans chaque cas spécifique, en interprétant
les traités ou conventions pertinents sur litige et en appliquant les
principes du droit de l'intégration et du droit international90.

La Cour peut émettre les mesures préliminaires ou conservatoires


qu'elle juge appropriées pour protéger les droits de chacune des
parties, à partir du moment où est admise une réclamation contre un
ou plusieurs États, organes ou organisations du Système d'intégration
centraméricain. Jusqu’à ce qu'il échoue définitivement. En ce sens, il
peut déterminer la situation dans laquelle les parties en conflit doivent
se maintenir à la demande de l'une d'entre elles, afin de ne pas
aggraver le mal et afin que les choses soient maintenues en l'état
pendant que la résolution correspondante est prononcée91.

89
Article 25 du statut de la Cour
90
Article 30
91
Article 31
B-La procédure applicable.

Les moyens de preuve seront établis dans l'ordonnance respective. Le


tribunal peut exiger ou recevoir les preuves qu'il juge convenables pour
déclarer, établir et exécuter les droits que les parties ont ou
revendiquent.

Pour la réception et l'examen de toute preuve, les communications


délivrées par la Cour n'ont pas besoin de visa ou d'exequatur pour leur
exécution, et sont faites par des fonctionnaires ou autorités judiciaires
ou administratives et de tout autre ordre, auxquels la Cour envoie la
demande.

Les documents de tout pays, de toute nature, qui sont présentés


comme preuve dans les procès, ne devront être authentifiés, au lieu
d'origine, que par un fonctionnaire compétent de celui-ci ou par un
notaire dans l'exercice de leurs fonctions, en leur cas92.

Les tests seront effectués dans l'un des territoires des États
conformément aux ordonnances de procédure émises par la Cour.

Toutes les décisions de la Cour et de ses Chambres ou Chambres seront


prises avec le vote favorable d'au moins la majorité absolue de celles
qui les composent. Le ou les magistrats les dissidents ou concurrents
auront le droit d'enregistrer leur opinion.

La délibération sera motivée et mentionnera les noms des Magistrats


qui y auront pris part et portera leurs signatures, sauf si des raisons
justifiées l'en empêchent.

92
Article 34
Le jugement sera définitif et sans appel ; toutefois, la Cour peut,
d'office ou à la demande d'une partie, préciser ou compléter la décision
de celle-ci, dans les trente jours de sa notification93.

Les résolutions interlocutoires, les sentences et les jugements


définitifs rendus par la Cour sont sans appel, ils sont obligatoires pour
les États ou pour les Organes ou Organisations du Système d'Intégration
Centraméricain, ainsi que pour les personnes physiques et morales, et
doivent être exécutés comme s'il s'agissait de se conformer à une
résolution, des sentences ou des jugements d'un tribunal national de
l'État respectif, pour lequel la certification délivrée par le Secrétaire
général de la Cour suffira. En cas de non-respect des arrêts et
résolutions par un État, la Cour en informe les autres États afin que,
par les moyens appropriés, ils en assurent l'exécution94.

Dans les affaires soumises à la compétence de la Cour, la Cour ne peut


refuser de statuer pour cause de silence ou d'obscurité dans les Accords
et Traités invoqués selon le cas.95

Section VI : la Cour Caribéenne de Justice (CCJ)

La Cour Caribéenne de justice (CCJ) a été établie via un Accord daté


du 14 février 2001, lors de la Conférence de Nassau. Elle est
constituée de douze États membres de la CARICOM à l’exception des
Bahamas, d’Haïti et de Montserrat.
La CCJ est une institution de règlement des différends mise en place
par la Communauté de la Caraïbe (CARICOM). Elle représente une
institution hybride : une Cour municipale de dernier ressort et une cour

93
Article 38 du statut de la Cour
94
Article 39 du statut de la Cour
95
Article 40 du statut de la Cour
internationale investie d’une juridiction originale, contraignante et
exclusive en ce qui a trait à l’interprétation et à l’application du Traité
de Chaguaramas révisé. Dans l’exercice de sa juridiction originale, la
CCJ remplit les fonctions d’un tribunal international via l’application
des règles du droit international en rapport avec l’interprétation et
l’application du Traité de Chaguaramas révisé, ce, en conformité avec
l’article XVII.1 de l’Accord Établissant la CCJ.

Paragraphe 1 : la Composition et l’organisation de la Cour

A- La composition .
La CCJ est constituée de 7 juges incluant le président ; mais ce
nombre peut être porté à 10 conformément à l’Accord Établissant la
CCJ. Suivant cet Accord, au moins 3 juges sur 10 doivent être
détenteurs d’une expertise en droit international incluant le droit
commercial international et 1 juge doit être familiarisé avec le droit
civil tenant compte d’Haïti et du Suriname.

B- L’organisation .
Les décisions en appel de la Cour sont prononcées à la majorité des
avis exprimés. Un registre est établi indiquant les votes favorables et
défavorables.
En fait, l’objectif est d’aider à assurer une certaine transparence de la
Cour régionale qui opère dans une atmosphère dans laquelle beaucoup
de citoyens sont méfiants envers leur pouvoir judiciaire local.
Par contre, au niveau de sa juridiction originale, les décisions de la CCJ
sont émises en un jugement unique du moment que les juges aient
abouti à une conclusion à la fin de leur délibération.
Bien qu’il n’existe pas de taux ou de quota de juges basé sur le sexe ou
la nationalité, la plupart des juges ont siégé auparavant dans des
tribunaux nationaux ou ont enseigné précédemment le droit pendant
15 ans ou plus. Au moins un membre du panel de juges est requis
d’être un expert en droit international et un juge est aussi requis de
connaître la tradition du droit civil, reflétant ainsi la présence de la
juridiction de droit civil dans des pays comme Haïti et le Suriname.

Paragraphe 2 : La compétence et la procédure applicable devant la


Cour

A. Les règles relatives à la compétence

La cour est compétente en matière de règlement des différends


concernant l'interprétation et l'application du Traité. La Cour est aussi
compétente pour connaitre de plusieurs allégations : les allégations
selon lesquelles une mesure adoptée ou envisagée par un autre État
membre est, ou serait, incompatible avec les objectifs de la
Communauté́ ou de dommage, de préjudice grave subi ou qui sera
vraisemblablement subi, d'annulation ou de réduction des avantages
attendus de la création et du fonctionnement du CSME ou celles selon
lesquelles un organisme ou une institution de la Communauté́ a excédé́
ses pouvoirs enfin les allégations selon lesquelles le but ou l'objet du
Traité se trouve contrecarré ou compromis96

Sous réserve des dispositions du présent traité, les différends


mentionnés à l'article 187 seront réglés uniquement en ayant recours à
l'un quelconque des modes ci-après de règlement des différends, à

96
Article 187 du Traité révisé de Chaguaramas instituant la Communauté des Caraïbes y compris le Marché
Unique de la CARICOM
savoir les bons offices, la médiation, les consultations, la conciliation,
l'arbitrage et l'adjudication. Dans les cas où un différend n'a pas été
réglé́ au moyen d'un des autres modes visés au paragraphe 1 que
l'arbitrage ou l'adjudication, l'une ou l'autre des parties pourra avoir
recours à un autre mode. Sous réserve des règles de procédure
applicables en matière d'arbitrage ou d'adjudication, les parties
pourront convenir, sous réserve du règlement du différend, d'avoir
recours aux bons offices, à la médiation ou à la conciliation afin
d'arriver à un règlement. Sans préjudice de la compétence exclusive et
obligatoire de la Cour concernant l'interprétation et l'application du
Traité en vertu de l'article 211, les parties pourront utiliser tel ou tel
mode volontaire de règlement des différends prévu au présent article
aux fins du règlement d'un différend.

La compétence de la Cour est obligatoire et exclusive d'entendre en


matière de différends concernant l'interprétation et l'application du
Traité, y compris : Les différends entre les États membres parties à
l’Accord ; Les différends entre les États membres parties à l'Accord et
la Communauté́ ; Les renvois des tribunaux nationaux des États
membres parties à l’Accord ; Les demandes présentées par des
personnes conformément à l'article 222, concernant l'interprétation et
l'application du présent traité.

B.La procédure applicable

Les États membres qui sont parties à un différend notifieront au


Secrétaire général :

L’existence et la nature du différend ; et tout mode de règlement des


différends convenu ou engagé. Dans les cas où un règlement est conclu,
l'État membre concerné notifiera au Secrétaire général le règlement et
le mode utilisé pour arriver au règlement. Le Secrétaire général, dès
que cela sera réalisable après avoir reçu les renseignements visés aux
paragraphes 1 et 2, notifiera ces renseignements aux autres États
membres97.

Dans les cas où des États membres parties à un différend conviennent
de régler le différend en ayant recours à la médiation, ils pourront
designer d'un commun accord un médiateur ou demander au Secrétaire
général de le faire à partir de la liste de conciliateurs mentionnée à
l'article 196.

La médiation pourra commencer ou prendre fin en tout temps. Sous


réserve des règles de procédure applicables en matière d'arbitrage ou
d'adjudication, la médiation pourra se poursuivre au cours de
l'arbitrage ou de l'adjudication.

Les procédures de médiation et, en particulier, les positions prises par


les parties durant les procédures, sont confidentielles et sans préjudice
des droits des parties dans toute autre procédure. Un État membre
engagera des consultations à la demande d'un autre État membre dans
les cas où l'État membre qui adresse la demande allèguera qu'une
mesure prise par l'État membre auquel la demande est adressée
constitue une violation d'obligations découlant de dispositions du
présent traité.

Les consultations sont confidentielles et sans préjudice des droits des


États membres dans toute autre procédure. Toutefois, avant d'engager
d'autres procédures, les États membres feront tout leur possible pour

97
Article 190 du Traité révisé de Chaguaramas instituant la Communauté des Caraïbes y compris le Marché
Unique de la CARICOM
régler le différend. En cas d'urgence, y compris dans les cas où il s'agit
de biens périssables, l'État membre auquel la demande est adressée
engagera des consultations dans les trois jours suivant la réception de
la demande et, dans les cas où ces consultations ne sont pas engagées,
l'État membre qui a adressé́ la demande pourra recourir à l'arbitrage et
à l'adjudication.

Dans les cas où les consultations n’aboutissent pas à un règlement du


différend dans les sept jours suivant la réception de la demande de
consultations, l'État membre qui a adressé́ la demande pourra recourir
à l'arbitrage et à l'adjudication98.

Dans les cas où les États membres parties à un différend sont convenus
de soumettre le différend à la conciliation conformément à la présente
partie, l'un de ces États membres pourra engager la procédure par une
notification adressée à l'autre partie ou aux autres parties au
différend99.

98
Article 193 alinéa 8 du Traité révisé de Chaguaramas
99
Article 195

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