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SYLLABUS DE COURS

1. COURS

Intitulé : Psychologie Sociale


Niveau / Spécialité : Licence 2
Département : Psychologie
Année Académique : 2023-2024
Semestre :
Volume Horaire : 30 Heures
2. ENSEIGNANT

Nom & Prénoms :Dr YeboueCyrilleBony Aimé


Grade : Assistant
Contacts Téléphoniques : 0747817128 / 0501608787
Courriel : ycba2006@gmail.com

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PLAN DU COURS

INTRODUCTION

CHAPITRE 1 : LES CARACTERISTIQUES DES GROUPES

SECTION 1 – DEFINITION

SECTION 2 – DISTINCTIONS ENTRE LES GROUPES

SECTION 3 - PREMIERE APPROCHE PSYCHOSOCIALE DU GROUPE

1 – LA POSITION INDIVIDUALISTE

2 - LE GROUPE COMME UNE TOTALITÉ DYNAMIQUE


3 – LE GROUPE COMME REPRÉSENTATION SUBJECTIVE
CHAPITRE 2 : L’INFLUENCE DANS LES GROUPES
SECTION 1 : LA NORMALISATION
1 – QU’EST-CE QU’UNE NORME ?
2 – EXPERIMENTATION DE SHERIF (1936)
3 – EXPERIMENTATION DE JACOBS

SECTION 2 : LE CONFORMISME

1 - EXPERIMENTATION DE MOORE

3 - ELEMENTS EXPLICATIFS DU PROCESSUS DE CONFORMISME (Deutsch & Gérard,


1955)

4 – LES 3 NIVEAUX D’INFLUENCE DE KELMAN (1958)

5 – LES 3 VARIABLES AFFECTANT L’EFFET ASCH

6 – LES TRAVAUX DE SCHACHTER (1957) ET EXEMPLES D’ETUDES RECENTES

SECTION 3 : LA SOUMISSION A L’AUTORITE

CHAPITRE 3 : LES THEORIES DE L’ATTRIBUTION

CHAPITRE 4 : LES ATTITUDES

INTRODUCTION

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La psychologie sociale est la branche de la psychologie qui étudie de façon empirique comment
« les pensées, les émotions et les comportements des individus sont influencés par la présence
réelle, imaginaire ou implicite d'autres personnes ». Dans cette définition, proposée initialement
en 1954 par Gordon Allport les termes « présence imaginaire ou implicite » indiquent que
l'influence sociale indirecte est possible, même en l'absence physique d'autres individus, par
l’intermédiaire de normes sociales perçues ou intériorisées. La psychologie sociale procède
selon la méthode scientifique et s'appuie sur des mesures quantitatives (par exemple : mesures
du comportement observé en laboratoire lorsque des individus sont placés dans des situations
expérimentales, mesures par questionnaires, mesures physiologiques, imagerie cérébrale), ou
qualitatives (par exemple : observations de terrain dans des situations naturelles, entretiens
semi-directifs, focus groups).

Les psychologues sociaux étudient les processus mentaux impliqués dans les comportements
humains liés aux interactions sociales. Ces recherches concernent un grand nombre de
situations et de variables (indépendantes et dépendantes) dont les liens sont souvent représentés
sous forme de modèle théorique.

La psychologie sociale est parfois considérée comme un domaine interdisciplinaire situé à


l'intersection de la psychologie et la sociologie. L'approche sociologique met davantage
l'accent sur les variables macroscopiques (telles que la structure sociale) alors que l'approche
psychologique se focalise plutôt sur les variables individuelles (telles que les dispositions
internes). Les deux approches sont complémentaires et s'enrichissent mutuellement. D'autres
proximités disciplinaires existent, notamment avec l'économie comportementale dans le
domaine de la prise de décision ou encore avec les sciences cognitives dans le domaine de la
cognition sociale.

La psychologie sociale s'est historiquement développée avec des orientations différentes aux
États-Unis et en Europe. De façon générale, les chercheurs américains se sont davantage
penchés sur les phénomènes ayant trait à l'individu, alors que les Européens ont accordé plus
d'attention aux phénomènes de groupe (tels que la dynamique de groupe ou la psychologie des
foules).

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CHAPITRE 1 : LES CARACTERISTIQUES DES GROUPES

SECTION 1 – DEFINITION

« Ensemble de personnes ayant la possibilité de se percevoir et d’interagit directement en


participant à une activité commune grâce à un système de règles et de normes formelles ou
informelles. » Définition selon Abric (2004) Le groupe est une notion majeure en psychologie
puisque l’être humain a besoin, pour exister, de s’affilier, il a besoin de se définir par rapport à
une appartenance groupale. Un individu peut appartenir à plusieurs groupes différents. Cela
nous catégorise dans des groupes spécifiques et nous incite à tenir des rôles et des statuts
appropriés à cette catégorie. Afin de définir un groupe, certaines caractéristiques sont
nécessaires :

- L’existence de relations interpersonnelles entre les membres générant un système


d’influences réciproque
- La poursuite d’un but commun
- La présence d’une organisation dans laquelle le rôle de chaque membre sera plus ou
moins défini.

Groupe restreint : de 3 à 20 personnes. Le binôme n’est pas un groupe, il n’est pas dynamique.

SECTION 2 – DISTINCTIONS ENTRE LES GROUPES

Groupes primaires / Groupes secondaires

Cooley (1909) travaille sur cette distinction. Les groupes primaires recouvrent des
groupes avec un petit nombre de personnes qui entretiennent des contacts réguliers,
personnels et intimes (famille, amis). On oppose ces groupes primaires, qui apportent
normalement soutien et équilibre aux individus, aux groupes secondaires, qui comportent un
nombre un peu plus important, ont un objectif commun et ne constituent plus de l’intimité
(rapport de pouvoir, rapport hiérarchique, équipe de travail dans une entreprise). La psychologie
sociale s’intéresse davantage aux groupes secondaires.

Groupes d’appartenance / Groupes de référence

Les groupes d’appartenance sont les groupes auxquels un individu appartient réellement, les
rôles seront différents selon les statuts, ils sont codifiés. L’individu changera de rôle tout au
long de la journée. Les groupes de référence sont un groupe réel ou imaginaire auquel l’individu
s’identifie. Ce groupe a 2 fonctions : fonction normative, l’individu utilise ce groupe comme

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un modèle et cherche à se conformer aux comportements et aux opinions des membres de ce
groupe, et fonction évaluative, l’individu va évaluer ses comportements et ses opinions en les
comparant avec les comportements et les opinions des membres de ce groupe. Si le groupe
d’appartenance d’un individu ne correspond absolument pas à son groupe de référence, cet
individu aura tendance à rechercher la mobilité sociale (exemple : changer d’entreprise,
d’emploi, s’inscrire dans une association).

Groupes formels / Groupes informels

Les groupes formels sont des groupes où les rôles entre les membres sont distribués de façon
contraignante (exemple : organigramme en entreprise). Ces groupes ont des objectifs à
atteindre et des moyens pour y parvenir, les moyens étant explicites et réglementés. Les
relations entre les membres dans ces groupes sont définies très strictement, chacun possède un
rôle spécifique. Le pouvoir et l’autorité sont des composantes de ce groupe, les individus sont
interchangeables. Les groupes informels ont des structures et des rôles beaucoup plus
implicites. Ces structures s’organisent sur des relations interpersonnelles et des processus
d’influence, mis en place en fonction de circonstances. Souvent, on voit la structure formelle et
la structure informelle, liée aux relations d’affinités. Ces groupes, qui se superposent, jouent un
rôle important dans l’efficacité des organisations. Certaines entreprises attachent de
l’importance à la création de groupes informels, qui permettent le bien-être des salariés, bien-
être qui permet ensuite la productivité.

SECTION 3 - PREMIERE APPROCHE PSYCHOSOCIALE DU GROUPE

1 – LA POSITION INDIVIDUALISTE

Allport (1924) : premier à travailler sur les attitudes, sur le groupe. Selon lui, un groupe est la
somme des individus qui le composent. Pour lui, un groupe n’existe pas en tant que tel, il n’a
pas de structure ou d’existence propre. Il s’est opposé aux notions d’âmes collectives. La
psychologie des groupes est essentiellement une psychologie des individus, la notion de groupe
est niée.

EXEMPLES DE RECHERCHES

Travaux de Triplett (1898) : la facilitation sociale

Il s’intéresse à des enfants d’une dizaine année en leur demandant d’effectuer une tâche seule,
puis en groupe. Avec cette étude, il constate que la performance individuelle augmentait en

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présence d’autrui. La facilitation sociale modifie de manière positive les performances d’un
individu.

Travaux de Ringelmann (1882) : la paresse sociale

Il montre que la coaction, la présence de l’autre, a, au contraire de Triplett, un effet inhibiteur


sur les performances d’un travail de groupe. Son étude porte sur des individus qui tirent une
corde seule puis en groupe. Il montre que l’effort individuel est moins soutenu en groupe que
seul.

Explications :

La pression à l’effort exercée par l’expérimentateur serait plus forte sur un individu que sur un
groupe, l’individu seul obéit plus aux ordres qu’un groupe.

La paresse sociale viendrait de l’impossibilité dans laquelle nous sommes d’évaluer notre
production personnelle, les individus ne peuvent pas mesurer leur apport personnel dans le
travail de groupe. Il faut donc que chaque sujet du groupe, pour une performance accrue, puisse
évaluer son propre résultat en ayant une tâche spécifique à accomplir. Il faut une organisation
formelle, structurelle. Un individu ne doit pas être noyé dans un travail de groupe.

2 - LE GROUPE COMME UNE TOTALITÉ DYNAMIQUE

Pour Lewin, le groupe est l’objet d’étude de la psychologie sociale, le groupe est comme une
totalité dynamique (un changement dans l’état d’une des sous-parties ou d’une des composantes
génère un changement total). Il a une existence en soi, il doit être considéré comme une entité
dont les membres ne sont que des composantes qui sont interdépendantes les unes des autres.
Il est donc bien plus que la somme des individus qui le composent. A l’intérieur du groupe, les
membres sont interdépendants. Trois critères permettent de définir un groupe selon Lewin :

- Interaction sociale : un groupe c’est d’abord un ensemble d’individus qui


communiquent entre eux. Cette interaction suppose une connaissance des membres du
groupe entre eux, les communications sont vécues comme des moyens de régulation des
relations l’intérieur du groupe. Cette régulation conditionne la performance collective.
- Interdépendance : on parle de groupe lorsque les membres sont mutuellement
interdépendants. D’abord sur le plan cognitif, avec des opinions, des idées communes,
sur le plan instrumental, but, objectif commun à atteindre, et sur le plan social, partage
d’expérience commune et vécu commun.

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- Structure sociale (statut, rôle, norme) : structure formelle et informelle qui se
caractérisent par des statuts, des rôles et des normes. Le statut correspond à l’ensemble
des caractéristiques liées à la position d’un individu dans un groupe (position
formelle oui formelle), il peut être imposé (genre) ou acquis (profession). Les statuts
impliquent un jeu prévisible et défini de relations à autrui sur la scène sociale, jeu qui
génère un ensemble de stéréotypes et de préjugés. Par les statuts, ce jeu est généré par
le système de catégorisation.

Le rôle renvoie à des attitudes, des comportements liés au statut, donc un comportement attendu
par le groupe. Les normes correspondent, à l’intérieur du groupe, aux règles formelles mais
aussi informelles qui dictent les comportements à tenir dans une situation donnée.

Lewin fera des recherches action sur les groupes, il travaillera sur les changements d’opinion
et de représentation à l’intérieur des groupes.

Exemple de recherche

Etude de Lewin : la résistance au changement des habitudes alimentaires (1947)

VI : forme du message

- Modalité 1 : conférence
- Modalité 2 : travail en petits groupes

VD : effet persuasif (achat/consommation d’abats)

Explications :

- Implication : plus un sujet s’implique, plus il est actif, plus il peut changer d’opinion.
- Engagement : l’acte de décision dans le petit groupe est pris devant un public donc il va
créer de l’engagement personnel.
- Décristallisation : une discussion dans un groupe permet une déconstruction des normes,
puis un déplacement vers une nouvelle norme. La création d’une norme se fait en
groupe. Une norme est toujours inconsciente de ses propres processus de production.
Lewin a donc travaillé sur le critère de l’interaction sociale.

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EXPERIENCE DE STANFORD (EFFET LUCIFER) Créée par Zimbardo en 1971, c’est une
recherche axée sur la structure du groupe. Cette expérience se base sur le monde carcéral et a
été financée par l’armée américaine. Elle vise à comprendre le fonctionnement des conflits dans
le système carcéral. Il pose l’hypothèse selon laquelle les gardiens de prison et les prisonniers
adoptaient spontanément un comportement spécifique menant au conflit et à une dégradation
des conditions de détention, par simple effet de jeu de rôle. Il veut montrer que c’est la situation
plutôt que la personnalité qui est à l’origine de comportements. Les participants sont des
étudiants et proviennent de milieux différents. Il divise le groupe de participants en deux :
prisonniers et gardiens. Zimbardo met en place une déshumanisation, les prisonniers portent
des numéros. Les gardiens, eux, souhaitent faire des heures supplémentaires. Aucune
violence physique n’est tolérée durant l’expérience.

Au cours de l’expérience, on observe des punitions physiques, de la privation de nourriture


exercées par les gardiens. Les prisonniers montrent des symptômes de dérangements
émotionnels. Zimbardo tirera des conclusions de cette expérience : les sujets se sont rapidement
adaptés à leur rôle, qu’ils soient prisonniers ou gardiens, ils ont dépassé les limites prévues. Il
y a donc une sur adaptation au rôle. Des situations psychologiquement dommageables ont eu
lieu. Un tiers des gardiens firent preuve d’un comportement sadique, quelques prisonniers
mirent des années à se sortir de cette expérience et de ce traumatisme.

Ces expériences sont maintenant interdites. Cette expérience a été critiquée au niveau du
manque de neutralité et des variables parasites (qui influencent le résultat mais ne sont pas
contrôlées par le chercheur). Zimbardo aurait dû cesser l’expérience beaucoup plus tôt et donc
un manque d’éthique est observé. Quelques critiques ont été faites sur le fait que les participants
aient obéi à un stéréotype. L’expérience montre qu’un individu prit dans un groupe va intégrer
un statut et va obéir à un rôle codifié et normalisé.

3 – LE GROUPE COMME REPRÉSENTATION SUBJECTIVE

Le groupe comme représentation subjective (Turner, 1981) Il met l’accent sur les dimensions
cognitives et considère qu’il y a groupe quand les individus se définissent comme appartenant
à un groupe et quand ils s’identifient aux autres membres du groupe. Il n’y a pas de base
affective au comportement groupal. Turner va tenter un compromis entre l’approche
individualiste d’Allport et l’approche dynamique de Lewin. Le groupe n’existe pas, il considère
que le groupe peut exister dans les représentations que les individus se forgent. Il confond les
groupes (réels, visibles, ont des interactions et objectifs, comportements observables) et les

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catégories sociales (théoriques, généralistes). Tous les travaux sur la dynamique des groupes,
la gestion des conflits dans les groupes, les réseaux de communication à l’intérieur des groupes,
mais aussi toutes les recherches ayant une dimension clinique sur les groupes (inconscient
groupal) font référence à la théorie de Lewin.

CHAPITRE 2 : L’INFLUENCE DANS LES GROUPES

Influence : notion majeure en psychologie sociale car elle décrit les interactions entre les
individus et son milieu, et notamment l’emprise du groupe sur l’individu. « Processus relatifs
aux modifications qu’entraîne dans les jugements, opinions et attitudes d’un individu ou d’un
groupe, le fait de prendre connaissance des jugements, opinions et attitudes d’autres personnes
sur le même sujet. » Montmollin, 1977

Les groupes auxquels nous voulons appartenir ou auxquels nous appartenons influencent nos
actes, jugements, opinions. Ils ont un impact sur nos prises de décisions et comportements.

SECTION 1 : LA NORMALISATION

1 – QU’EST-CE QU’UNE NORME ?

Norme : « (…) ce qui paraît désirable, convenable dans telle société ou tel groupe particulier et
dont la non-observance entraîne réprobation ou sanction. » Maisonneuve, 1989

Les normes sont des règles générées par les valeurs. Ce sont des principes de références partagés
par un collectif. Elles fonctionnent comme un point de repère pour comprendre mais aussi
évaluer les conduites, notre environnement social. Les normes vont orienter nos
comportement et communications. Les normes intériorisées permettent d’intégrer le code du
savoir vivre ensemble. Ce sont des valeurs qui permettent la régulation sociale en conditionnant
les comportements. Les normes ne sont pas innées mais transmises à l’enfant par l’éducation et
la socialisation. Les normes ne sont pas figées, elles vont évoluer avec les lois.

2 – EXPERIMENTATION DE SHERIF (1936)

Normalisation : étudie la manière dont les individus construisent la norme au sein d’un groupe.
Quand les individus créent un groupe, ils sont pris dans un processus de normalisation. Les
sujets sont placés dans une situation qui n’est pas régie par une norme donc ambiguë (effet
autocinétique). Cet effet intervient lorsque le sujet est placé dans une pièce noire. Un point
lumineux est projeté, et, par illusion perceptive, le point se déplace alors qu’en réalité, il est
fixe. Le sujet doit indiquer à l’expérimentateur l’amplitude du déplacement du point lumineux.

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3 conditions expérimentales :

- Condition 1 : les sujets commencent l’expérimentation seul puis la terminent en groupe,


chacun s’exprimant à voix haute.
- Condition 2 : les sujets commencent l’expérimentation en groupe puis la terminent seul,
chacun s’exprimant, là aussi, à voix haute.
- Condition 3 : groupe témoin, les sujets effectuent l’expérimentation seuls du début à la
fin.

Résultats :

- Condition 1 : les individus modifient peu à peu leur jugement personnel afin de
converger vers une norme commune. Les individus abandonnent leur jugement
individuel pour parvenir à l’établissement d’une norme de groupe.
- Condition 2 : les individus conservent l’estimation du groupe.
- Condition 3 : les individus vont peu à peu réduire leur estimation, les variations, et vont
répondre à la fin de l’expérience la même chose.

Montmollin reprend cette expérience et dit que les sujets tentent d’établir une tendance centrale.
Ils vont prendre en compte l’évaluation des autres participants, vont exclure les réponses trop
extrêmes et conservent que les évaluations qui s’écartent peu du centre.

Moscovici et Ricateau (1972) : la normalisation est un procédé d’évitement du conflit groupal.


Ce procédé serait d’autant plus utilisé que la tâche, donnée par Sherif, est peu impliquante.
Sherif va conclure que dans des situations ambiguës, les individus vont construire ensemble ces
normes de fonctionnement, normes qui vont perdurer dans le temps.

3 – EXPERIMENTATION DE JACOBS

- Pouvoir des groupes à perpétuer des idées fausses

Il fait passer le test à un groupe de 4 personnes dont un naïf et 3 compères qui ont une consigne
: ils doivent donner une évaluation de l’amplitude du point exagéré. Le sujet se plie à leur avis
en étant influencé.

Au bout de 20 essais, un compère sort de la salle et un sujet naïf le remplace. Il s’agit de la


deuxième génération du groupe. L’estimation reste la même et au bout de 20 essais, il y a 3
sujets naïfs et 1 seul compère. A nouveau, la réponse reste identique. Enfin, au bout de 20 essais,
le dernier compère sort et le plus ancien sujet naïf donne sa réponse. Là aussi, la réponse est

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très exagérée. La réponse commence à modérer à la 6ème génération. Elle se modère de plus
en plus à mesure que les générations se succèdent. Jacobs montre donc que la norme est bien
construite collectivement, et qu’elle a une dimension pérenne, c’est-à-dire qu’elle perdure dans
le temps et les esprits.

SECTION 2 : LE CONFORMISME

Conformisme : changement d’opinion d’un sujet dans le sens des opinions émises par un
groupe, suivisme d’un sujet qui émet les mêmes opinions que le groupe, aucune pression
explicite, sous forme d’ordre, n’est requise pour atteindre cet état. Le groupe est considéré ici
comme la source d’influence et le sujet est considéré comme la cible de l’influence.

1 - EXPERIMENTATION DE MOORE

- Une norme forte constituée par des règles grammaticales.


- Une norme moins forte représentée par des jugements moraux.
- Une norme faible représentée par le jugement esthétique.

Moore informe ensuite les sujets du groupe 1 certains choix ne sont pas en accord avec la
majorité des autres participants. D’autres sujets du groupe 2 sont informés que des experts ne
partagent pas leur position. Il étudie l’influence d’une source d’opinion sur le jugement :

- Dans le premier cas, cette source émane du groupe d’appartenance. Elle est dite
majoritaire quantitativement car c’est l’influence du nombre qui est expérimentée.
- Dans le deuxième cas, elle est dite majoritaire qualitativement car c’est l’influence du
statut de la source (experts) qui est testée.

Moore leur fait ensuite repasser le test en comparant les deux résultats :

- Pré test : première phase d’interrogation


- Expérimentation : manipulation de la variable
- Post test : réponses aux questionnaires

S’il y a une différence entre les résultats, alors il y a un impact de la variable. Les résultats
confirment l’hypothèse de Moore sur l’influence :

- Les sujets modifient leurs avis quand ils prennent connaissances des opinions émises
par les autres.
- L’influence agit surtout sur les situations à forte norme sociale.
- L’influence quantitative (nombre) a plus de poids que l’influence qualitative (experts)

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L’EFFET ASCH (1951)

- Comparaison de longueurs de segments afin de mesurer le conformisme en groupe La


tâche consistait à comparer successivement 18 séries de 3 segments qui étaient projetés
sur un tableau. Ces segments avaient des longueurs différentes et Asch distribuait aux
compères et cobayes (sujets naïfs) des cartons où il y avait les segments A, B, C. Ils
devaient dire d’après eux quels segments étaient projetés. Cette tâche de discrimination
visuelle ne comportait aucune ambiguïté. Le sujet naïf, était placé de telle façon qu’il
répondait en avant-dernière position. Le sujet devait s’exprimer à haute voix. Les
compères avaient pour consigne de donner tous la même réponse et de faire des erreurs
dans la réponse. Les 2/3 des réponses étaient fausses. Sur les 50 naïfs, 37 ont suivis la
réponse fausse des compères. Il y avait toujours un groupe de témoins donc sans
compères. Et il s’aperçoit que les sujets soumis à aucune l’influence font 3%d’erreurs
et les sujets soumis en font 21%.

3 - ELEMENTS EXPLICATIFS DU PROCESSUS DE CONFORMISME (Deutsch & Gérard,


1955)

- L’influence informationnelle : générée par l’ambiguïté du stimulus, elle va déclencher


chez l’individu un conflit d’ordre cognitif, c’est-à-dire que le sujet va se comparer aux
autres afin d’évaluer la validité de son jugement. L’individu va se ranger à l’avis de la
majorité afin de lever cette incertitude cognitive, cela va rassurer l’individu dans sa
façon de penser.
- L’influence normative : générée par le besoin d’être accepté par le groupe et d’être
évalué positivement par le groupe. L’individu ne veut pas la position du déviant, il
recherche une image positive

4 – LES 3 NIVEAUX D’INFLUENCE DE KELMAN (1958)

- Complaisance ou le suivisme : il s’agit pour le sujet d’éviter les conséquences néfastes


du non-conformisme. L’individu va être d’accord publiquement avec les autres mais
dans son for intérieur il émettra un avis opposé ou différent.
- Identification : niveau intermédiaire de l’influence. Le sujet se conforme afin d’établir
ou de maintenir une identification avec le groupe, la position est adoptée en public et en
privé. Lors de ses rencontres interindividuelles il va conserver la position du groupe.
- Intériorisation : conformisme profond et durable. Le sujet va intégrer l’avis de la
majorité et va l’intégrer dans son système de valeurs. Il va percevoir le groupe comme

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crédible et va intérioriser la pensée sociale, c’est-à-dire les représentations générées par
les valeurs, les attitudes et opinions (comportements).

5 – LES 3 VARIABLES AFFECTANT L’EFFET ASCH

- L’ambiguïté de la tâche : facteur important dans le conformisme, le sujet va se plier


d’autant plus à l’influence informationnelle que le stimulus est flou ou incertain.
Plus je suis dans des évaluations d’opinions, de pensées, plus l’influence
informationnelle est importante. Finalement l’être humain pense très peu par
lui-même, il se forge des avis par conformisme, c’est-à-dire, par appartenance
groupale.
- L’unanimité de la majorité : condition requise afin que le conformisme
apparaisse, si elle n’est pas unanime alors pas de conformisme.
- La taille de la majorité : si j’ai moins de 3 compères dans les expérimentations alors il
y a chute du conformisme. 3 compères suffisent créer une majorité influente.
L’influence du groupe n’augmente pas si j’augmente le nombre de compères.

Certains chercheurs ont mis en évidence une tendance à la baisse du conformisme. D’autres
insistent sur une augmentation du conformisme.

Explications : on ne fait plus en psychologie sociale d’expérience avec comme Asch ou Moore,
mais plutôt des études avec des enquêtes sur le conformisme. On travaille beaucoup plus sur
des systèmes idéologiques, des sondages, questionnaires. C’est le contexte sociopolitique qui
est ici un facteur explicatif, on peut avoir des cultures où il est bon de se conformer et d’autres
où les dimensions non-conformistes sont vues positivement.

6 – LES TRAVAUX DE SCHACHTER (1957) ET EXEMPLES D’ETUDES RECENTES

Schachter montre la pression que peut effecteur une majorité sur un individu en le forçant à se
conformer à l’opinion dominante. Il a créé des groupes de discussions composés de 5 à 7 sujets
naïfs. Dans chaque groupe il a placé 3 compères et ils devaient jouer des rôles différents. Ils
étaient tous étudiants en 1ère année de psychologie. Le 1er compère doit être conformiste, le
2ème doit être flottant (avis mitigé, ne sait pas trop) mais après va se conformer et le dernier
qui sera déviant. Schachter va observer les comportements des sujets naïfs par rapport aux
compères. Il va comptabiliser le nombre de communications dirigées vers chacun des compères
et leur nature. Dans le groupe les communications sont dirigées principalement vers le membre
déviant pour le faire changer d’opinion. Petit à petit les conversations vont chuter et les sujets

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naïfs vont s’apercevoir que le sujet déviant ne changera pas d’avis donc il sera ignoré et
exclu symboliquement du groupe. Par rapport au flottant, les conversations vont chuter dès qu’il
se sera rallié à l’avis de la majorité. Le conformiste n’est l’objet que de peu de communications,
pas besoin de le convaincre.

La nature même du groupe génère un fonctionnement conformiste. Le groupe va tout faire pour
que le déviant adhère aux opinions émises par le groupe, ensuite il y a chute des conversations
et exclusion du sujet. La structure du groupe génère automatiquement, et de façon quasi
naturelle, le conformisme.

SECTION 3 : LA SOUMISSION A L’AUTORITE

Les travaux de Milgram (1963) étaient les premières expériences qui ont prouvé que tout
individu pouvait obéir à des ordres monstrueux et qui émanaient d’une autorité reconnue. Les
résultats de ces travaux renvoient à une image de l’individu très éloigné d’un individu positif.
Moore, comme beaucoup de sociologues, s’interroge sur ce qui a pu rendre possible la barbarie
nazie et s’interroge sur la possibilité même des camps de concentration.

Asch mesure dans le conformisme l’impact d’une majorité quantitative. Milgram lui va tester
la dimension d’impact qualitatif de la source. Ici, l’autorité va être la source d’influence,
prouvée ici par un enseignant ou chercheur. Il va donner un ordre contraire aux valeurs morales
à un sujet naïf. Moore va chercher à étudier l’obéissance du sujet mais va surtout essayer
d‘étudier le point de rupture, quand est-ce que le sujet va s’arrêter ? (Étude des conflits internes
au sujet)

Il recrute par annonces des hommes, de tout genre (échantillon large pour généraliser les
résultats, entre 20 et 50 ans) avec une rémunération de 6 dollars. Des tests sont faits :
intelligence, personnalité. Il sort de son échantillon les personnes aux troubles de la
personnalité, ceux qui ont moins de 100 au test d’intelligence. Il leur fait croire que cette étude
va permettre de tester de nouvelles procédures pédagogiques. L’expérimentation nécessite un
sujet naïf qui joue le rôle de professeur (celui qui sanctionne ou pas) et un compère sera l’élève.
Dans un premier temps, le professeur doit réciter à l’élève des pairs de mots avec un substantif
et un adjectif (ex : canari jaune). Ensuite, le professeur doit demander à l’élève parmi 4
catégories d’adjectifs lequel est le moins bon. En cas d’erreur, il y a une sanction (choc
électrique d’intensité graduée). L’élève est attaché sur une chaise électrique avec de la
pommade sur les poignets. Milgram amène le prof dans une pièce avec le générateur électrique
(de 15 à 450 Volts

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L’expérimentateur avait un protocole au cas où le cobaye arrêterait :

- Continuez !
- L’expérience exige que vous continuiez.
- Il est indispensable que vous continuiez.
- Vous n’avez pas le choix, vous devez continuer.

Résultats :

- 15% des sujets se sont arrêtés à 285 volts


- 20% entre 315 et 360 volts
- 65% entre 435 à 450 volts

Moore a fait une seconde expérience avec un groupe témoin, il a laissé au sujet le choix du
voltage et pas d’injonction de l’expérimentateur.

Résultats :

- 80% des sujets ne vont pas au-dessus de 120 volts


- 20% s’arrêtent à 360 volts

Milgram conclut que la situation d’autorité a un impact sur la soumission à l’autorité. Les
résultats ont été décriés car ils ont finalement prouvé qu’un être humain pouvait contredire ses
propres valeurs et obéir à une source.

Il a refait cette expérimentation plusieurs fois et il a fait d’autres expérimentations en faisant


quelques variantes :

- Il a changé la CSP : plus la CSP était élevée moins les sujets obéissaient Il a changé
le genre de l’expérimentateur
- Il a trouvé des choses différentes dans les briefings qui ont suivi
l’expérimentateur. Les hommes répondaient généralement « l’individu faisait exprès
de faire des erreurs, il fallait que je le punisse » et femmes se disaient victimes.

Milgram l’a refait avec baisse de rémunération et pas de rémunération : ne rentre pas en ligne
de compte. Variables qui ont un impact :

- Proximité avec élève : chocs moins violents et s’arrêtent plus tôt


- Présence d’une vitre
- Individu dans la même pièce, ne monte pas à plus de 380 volts

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Légitimité de l’autorité

Expérience faite dans un hangar situé dans un parking, 2 expériences : première expérience,
présence de blouse banche sale et la deuxièmene met pas de blouse.

Ici pas de différence mais différence entre locaux de l’université et blouse propre et autre. La
différence s’explique par la légitimité de l’autorité, qui a besoin d’éléments concrets qui
appuient son statut (bâtiments et attributs d’autorité sur le chercheur).

Présence de l’autorité : Milgram teste l’absence de l’expérimentateur. Il fait sonner un tel dans
la pièce et dit au sujet « Je réponds, continuez sans moi, je reviens bientôt. »

Expérience plus récente : Meeus et Raaijmakers (1986) ont créé un protocole expérimental basé
sur la violence psychologique. Ils recrutent des sujets naïfs pour les effets du stress chez les
demandeurs d’emploi. Les sujets naïfs devaient tester les compétences des demandeurs
d’emploi (compères) en leur posant des questions préétablies par les chercheurs. Quand le
demandeur d’emploi commettait une erreur dans ses réponses, le sujet naïf devait lui faire des
remarques de plus en plus désobligeantes (jusqu’à l’insulte). Un protocole est établi au cas où
les sujets naïfs souhaitent arrêter l’expérience.97% des sujets ont obéi et infligé des remarques
désobligeantes aux demandeurs d’emploi. Ils ont donc conclu que l’influence et la soumission
à l’autorité persistaient dans la société contemporaine

Leyens : étude sur le conformisme et l’obéissance.

L’état agentique : en obéissant à une source qu’il perçoit comme légitime, le sujet ne se
reconnaît pas comme responsable de ses actes car ces derniers ne relèvent pas de sa décision
mais de celle de l’autorité.

Gilbert, dans les années 80, a expliqué la théorie de l’engagement. Peu à peu, le sujet
expérimental accroit l’intensité de ce qu’il doit affliger à un autre. Ce qui crée un engagement
progressif dans l’acte de soumission, qui génère des difficultés à s’arrêter. Le sujet est pris dans
un engrenage, un cercle vicieux. Gilbert défini donc l’obéissance comme un processus
progressif.

Obéissance en situation professionnelle : Hofling et son équipe (1966) expérimentent


l’obéissance en situation professionnelle dans différents hôpitaux. Il se fait passer pour le Dr
Smith et téléphone à différents hôpitaux la nuit. Seuls le directeur et le chef de service de
l’hôpital sont au courant. Il demande à l’infirmière de service d’injecter 20 mg d’un médicament
dont la dose autorisée par jour est de 10 mg
16
Bushman (texte)

VI : type d’autorité

- Modalité 1 : par rôle


- Modalité 2 : par statut
- Modalité 3 : absence d’autorité

VD : soumission à l’autorit

Les rôles (uniformes), statuts (cadres) et absence d’autorité (mendiant) ont été mis en place par
la tenue vestimentaire.

Critique : la corpulence du compère peut être parasite et le physique provoque donc


l’obéissance. Cependant, l’expérience a été faite avec une femme. On a observé les mêmes
résultats.

- Ceux qui ont obéi en condition d’autorité par rôle ont dit qu’ils n’avaient pas eu le choix.
- Ceux qui ont obéi par statut, mais aussi dans l’absence d’autorité, ont invoqué
l’altruisme.
- Ceux qui n’ont pas donné en situation d’obéissance par rôle ont invoqué l’absence de
monnaie ou l’oubli de leur porte-monnaie.
- Ceux qui n’ont pas obéi dans la situation par statut ou en l’absence d’autorité ont
invoqué l’illégitimité de la demande.

L’être humain va évaluer la légitimité d’un ordre ou d’une demande par rapport au statut de
l’individu. Plus le statut social est élevé, plus le rôle est normalisé, plus il y a obéissance de la
part des individus. Donc l’individu se place en état agentique et se déresponsabilise de ses actes.

Comment ne pas obéir ?

L’obéissance est naturelle.

- Prendre de la distance : prendre conscience de la relation qui se crée, pendre


conscience du pouvoir de l’autorité. Il faut se demander si l’autorité qui me demande
un ordre est légitime, compétente pour me donner cet ordre. Il faut donc s’interroger sur
deux aspects : à quel titre cet individu est-il une autorité ? Et, surtout, son autorité a-t-
elle un rapport avec l’ordre qu’il m’ordonne ?

17
L’EXPERIENCE DE MOSCOVICI, LAGE ET NAFFRECHOUX (1969)

Dans certains cas, une minorité, un groupe restreint peut avoir une source d’influence. On en
parle comme une source d’innovation. Les chercheurs ont constitué un groupe de 6 personnes,
dont 2 compères et ils devaient participer à une tâche de reconnaissance visuelle. Des
diapositives de couleurs bleues sont présentées aux sujets. Les compères devaient donner leur
réponse en premier et commettre des erreurs sur la couleur (vert au lieu de bleu). A côté, se
trouvait un groupe témoin sans compères et sans manipulation. En situation expérimentale, les
sujets naïfs donnaient des mauvaises réponses dans 8% des cas. En situation de contrôle, il n’y
avait que 0,25% d’erreur. Ces chercheurs poursuivent et découvrent qu’une minorité développe
un style de comportement afin d’être source d’influence.

4 éléments constituent ce type de comportement :

- La consistance : stabilité dans le jugement


- L’autonomie : la minorité doit donner l’impression d’être autonome, de ne pas être
manipulé par une source.
- L’investissement : la minorité doit s’impliquer de façon visible et sincère dans ses choix
ou dans ses actes.
- L’équité : la minorité doit être ouverte aux opinions divergentes.

Si un de ces 4 éléments n’est pas respecté, la minorité ne peut pas avoir d’influence. Les
recherches sur l’influence minoritaire ont démontré le « sleeper effect », c’est-à-dire un effet
à retardement, d’endormissement. Il agit de façon immédiate sur le comportement d’un sujet.
L’influence minoritaire, elle agit de manière différée dans le temps, sur le comportement ou sur
l’opinion d’un sujet. Ce changement d’opinion, généré par une influence minoritaire, est plus
pérenne dans le temps qu’une influence majoritaire.

Cette influence minoritaire avait un effet indirect, contrairement à l’influence majoritaire qui a
un effet direct. L’influence minoritaire n’agit pas directement sur l’opinion du sujet mais des
thèmes connexes. L’individu va alors peu à peu modifier ses opinions. L’influence minoritaire
est plus efficace dans le changement d’opinions et de comportements des individus car elle
perdure dans le temps.

Avec le développement d’internet, nous sommes de plus en plus soumis à des sources
d’influences puisque nous sommes connectés de façon immédiate à des groupes ou à des
semblables

18
Influence au sein de la blogosphère (Ardelet et Brial, 2011)

Il s’agit de comparer au sein de la blogosphère, l’influence des recommandations d’internautes


et l’influence des sites institutionnels. Il s’avère que la présence sociale est un levier plus
important que l’expertise. Ils définissent la présence sociale comme une proximité sociale,
psychologique et temporelle entre deux individus. Cette présence a plus d’importance que
l’opinion d’un expert. Si l’internaute a l’impression qu’il discute avec la personne qui écrit le
blog, s’il ressent une proximité avec cette personne, alors il sera beaucoup plus influencé que
s’il consulte un site expert dans le domaine.

L’expérience a été réalisée sur des sites médicaux. Ils se sont aperçus que les conseils médicaux
les plus suivis étaient ceux des internautes et non ceux de médecins. Il s’agit donc d’un impact
du groupe d’appartenance, d’une influence d’identification.

POINTS IMPORTANTS

- Définition de l’influence par Montmollin


- Influence majoritaire : influence exercée en majorité ou en prestige
- Influence minoritaire : influence à retardement et indirecte
- 3 types d’influence : normalisation, conformisme, obéissance
- Conformisme : Ash et l’expérimentation des segments (étude sur le suivisme), Moore
et l’identification
- Obéissance : Milgram, l’effet agentique, théorie de l’engagement (Gilbert)
- 2 types d’influence : informationnelle et normative

19
CHAPITRE 3 : LES THEORIES DE L’ATTRIBUTION

L’être humain a besoin de donner une explication à ses propres comportements et aux
comportements d’autrui.

Théories de l’attribution causales : rechercher les causes du comportements (celui d’autrui et le


sien) afin d’expliquer ce comportement.

Lorsque l’on travaille sur l’attribution, on peut observer des distorsions qui se répètent et qui
sont dénommées par des biais attributifs. Les recherches, sur la façon dont on perçoit l’autre,
sont regroupées dans ce que l’on appelle la formation des impressions.

LA FORMATION DES IMPRESSION (ASH, 1946)

- Pour mieux comprendre le fonctionnement de la perception. Il présente à des étudiants


une liste d’adjectifs caractérisant une personne. Il forme deux groupes : A et B. Les
étudiants devaient lire les adjectifs et décrire la personnalité de l’individu d’après les
adjectifs qu’ils venaient de lire. Les deux groupes recevaient des listes d’adjectifs
différentes.
- Groupe A : intelligent, habile, travailleur, chaleureux, déterminé, pratique, prudent.
- Groupe B : intelligent, habile, travailleur, froid, déterminé, pratique, prudent

Ash constate que les descriptions des personnalités sont très différentes. Pour le groupe A, la
personne est jugée de façon positive, décrite comme populaire et généreuse. Pour le groupe B,
la personne est jugée de façon négative, décrite comme antipathique et avare. Les adjectifs
chaleureux et froid ont un pouvoir évocateur très fort dans la construction de la perception.

Il refait l’expérience en ajoutant l’adjectif poli pour le groupe A et bourru pour le groupe B. Il
ne mesure pas de différences importantes. Il conclut que certains adjectifs ou traits de
personnalité sont centraux dans la formation des impressions et véhiculent plus de sens que les
autres. On s’est aperçu également que laid et beau ont un pouvoir évocateur très fort. Une
personne laide est jugée plus antipathique que la personne belle. De même pour les adjectifs
que riche et pauvre. La personne pauvre est jugée plus sympathique.

BRUNER ET TAGIURI (1954) : LES THEORIES IMPLICITES DE LA PERSONNALITE

- Croyances générales que nous entretenons à propos de l’espèce humaine. Lorsque l’on
rencontre un trait, on l’associe implicitement et automatiquement à un autre trait comme

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si nous avions des schémas préétablis. Ces schémas explicatifs seront dits naïfs car ils
n’ont aucune validité scientifique. Ces traits de personnalité sont associés au système
de catégorisation sociale. La catégorisation sociale est un processus sociocognitif
utilisé pour simplifier notre environnement puisque nous sommes assaillis
d’informations. Nous allons ainsi catégoriser les individus et les faits sociaux que nous
rencontrons.

Ash continue ses expériences et observe que les premiers adjectifs ont plus d’importance dans
la formation de l’impression que ceux qui sont lus en dernier, c’est l’effet de primauté. Il
s’aperçoit que les étudiants vont donner des descriptions très différentes.

Liste A : intelligent, travailleur, impulsif, critique, obstiné, envieux.

Liste B : envieux, obstiné, critique, impulsif, travailleur, intelligent.

Ash conclut que les informations communiquées en premier ont plus de poids et de
réminiscences au niveau mémoriel. D’autres recherches ont montré un effet de récence, c’est-
à-dire lorsque les informations sont données en dernier. La présence de ces effets dépend du
contexte et de la nature de l’information. S’il y a énormément d’informations, en règle général,
c’est l’effet de récence qui prime. S’il y en a peu, c’est l’effet de primauté. Ce phénomène de
formation des impressions relève des théories implicites de personnalité. Tout se passe comme
si nous possédions des matrices de corrélation de traits de personnalité dans notre tête, et on va
effectuer des attributions de ces traits aux personnes que nous rencontrons. Cela nous permet
de faire des inférences

THEORIES DE L’ATTRIBUTION

- Premiers travaux par Heider (1958)

Selon lui, la recherche de l’équilibre est primordiale dans la perception que nous avons des
individus et de nos relations interpersonnelles. Cette recherche d’équilibre suppose que
l’individu donne une signification aux événements de son environnement. S’il sait expliquer
son environnement, alors l’individu ne sera pas en tension cognitive, il sera en équilibre. On
va donc rechercher et fournir des explications pour éviter le déséquilibre cognitif. L’attribution
va permettre l’organisation de notre environnement et sa stabilité.

Heider propose deux types de facteurs d’explications des comportements :

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- Facteur dispositionnel : interne et relié à la personne, l’individu est considéré comme
responsable de son comportement ou des événements qu’il lui arrive.
- Facteur situationnel : externe et relié à l’environnement, l’individu subit une situation
qui lui est imposée par l’extérieur, par l’environnement.

Ces facteurs vont générer des biais attributifs, des distorsions dans les explications des
comportements

Plusieurs biais/distorsions :

- ERREUR FONDAMENTALE D’ATTRIBUTION :

Travaillée par Ross (1977), en règle générale, on favorise des explications internes au détriment
des causes externes. On va faire peser sur l’individu la responsabilité de ses actes.

Il prend deux sujets dans le cadre d’un test de culture générale, l’un joue le rôle du questionneur
et l’autre, le questionné. Si l’individu ne sait pas ou se trompe, l’autre doit lui donner la bonne
réponse. Le jeu doit se dérouler devant les observateurs, on fait remplir aux observateurs un
questionnaire. Il s’avère que les observateurs jugent le questionneur comme beaucoup
plus cultivé que le questionné.

Ross explique ce biais par la volonté que l’individu a de maîtriser son environnement social.
Le fait d’attribuer le comportement à des dispositions internes nous permet de pronostiquer le
comportement de l’individu et nous permet de faire l’économie d’une prise encompte complète
et fastidieuse de son environnement.

Pascual et Vallée (2012) : étude ayant pour objectif d’évaluer le bien-fondé de l’utilisation du
CDD comme période d’essai préalable à une embauche en CDI. Ils ont interrogé 207 chefs
d’entreprise de différents secteurs d’activité et les ont interrogé sur leur stratégie en manière de
recrutement et les difficultés qu’ils rencontraient en manière de recrutement. Dans le
questionnaire, il y avait un mélange de causes interne et externe à l’échec du recrutement.

Les résultats montrent que les chefs d’entreprises qui ont recours au CDD comme période
d’essai sont ceux qui utilisent le plus les causes internes pour expliquer l’échec en matière de
recrutement. Ils portent l’échec sur le manque de compétence de l’individu en premier puis, le
manque de motivation. Les chefs d’entreprise qui recrutent en CDI avec une période d’essai,
en cas d’échec, feront porter la responsabilité sur le contexte de l’entreprise. Ils prennent en
compte les facteurs situationnels. Ce sont les chefs d’entreprise qui vont gérer le recrutement
de l’individu de façon différente en mettant en place une politique d’accueil et d’intégration
22
du nouveau salarié. Finalement, ces chefs d’entreprise rencontrent moins d’échecs dans leur
recrutement que ceux qui recrutent avec un CDD en amont.

Les chercheurs disent que si un recruteur emploie d’abord en CDD, il y a de fortes chances qu’il
évalue l’individu sur des facteurs internes et qu’il reporte l’échec sur l’individu lui-même.
Quand ils recrutent en CDI avec période d’essai, ils prennent en compte dans son évaluation le
contexte environnemental (font évoluer les structures internes de l’entreprise).

- BIAIS ACTEUR/OBSERVATEUR :

Ce biais décrit la tendance que l’on a à expliquer les comportements d’autrui par des facteurs
internes alors que nous expliquons nos propres comportements par des causes situationnelles
(causes externes, pressions dues à la situation). L’appel à des situations externes pour expliquer
nos comportements permet une analyse plus approfondie de notre fonctionnement.

Etude de Storms (1973) : il filme deux individus en train de discuter, puis il montre le film aux
deux sujets et leur demande d’expliquer leur propre comportement et celui de leur
interlocuteur. Les résultats ont montré que les sujets expliquaient leurs comportements par un
facteur situationnel (externe). Et ces mêmes sujets expliquaient le comportement de l’autre par
des facteurs internes en se basant sur la personnalité

- BIAIS D’AUTO-COMPLAISANCE :

Ce biais explique nos réussites par des facteurs internes et nos échecs par des facteurs
environnementaux (externes).

Étude de Johnson (1964) : il montre que les enseignants invoquent toujours l’incapacité de
l’élève ou son manque de travail pour expliquer son échec. Quand l’élève réussit, l’enseignant
insiste toujours sur ses propres aptitudes pédagogiques. L’enseignant s’attribue toujours
la responsabilité dans la réussite de ses élèves et se dédouane de toute responsabilité en cas
d’échecs.

- ERREUR ULTIME D’ATTRIBUTION :

Ce biais est défini comme la perception négative de l’exogroupe (groupe extérieur) favorisant
la perception positive de l’endogroupe (groupe auquel nous appartenons). Les études ont relevé
que nous regroupons au sein de catégories des individus ou des groupes en minimisant les
différences intragroupes (à l’intérieur du groupe) et en maximisant les différences intergroupes
(entre les groupes). On va accroître les ressemblances entre les membres et les différences entre

23
les groupes. Cela permet de rendre notre système de catégorisation, de compréhension et de
traitement de l’information très efficace. Ces stéréotypes nous permettent d’activer les qualités
liées à l’individu et d’orienter nos pratiques et nos discours

Tajfel (1971) : étude sur le favoritisme endogroupe, il travaille sur les systèmes de
catégorisation, sur les biais de favoritisme et de discrimination. Il s’agit de groupe minimal,
c’est-à-dire qu’avec une distinction minime, on peut produire, créer l’existence d’une
appartenance groupale chez un individu.

Il projette des tableaux de deux peintres différents à des étudiants. Il leur demande de les
observer attentivement pour ensuite choisir leur favori. Puis, les étudiants remplissent un QCM
: une question est mal posée, la réponse est donc erronée. Les étudiants doivent indiquer le nom
du peintre qu’ils ont préféré. Tajfel leur dit qu’il n’a pas le temps de corriger et demande des
volontaires pour les corriger. Ils les placent dans un bureau et leur donne la grille de correction.
Ils remarquent que les étudiants qui ont un peintre attribuent un point à la question 8, puis si
c’est une copie ayant l’autre peintre, ils attribuent. Tajfel en conclue un favoritisme endogroupe
et une discrimination pour l’autre groupe.

Il leur a demandé aussi des taux de rémunération pour les étudiants ayant corrigé les QCM
(échelle de 3 à 6$). Il observe le même biais. Pour faire fonctionner du favoritisme, il faut qu’il
soit accompagné d’une discrimination. Cette discrimination peut être articulé à des biais
attributif (erreur ultime d’attribution). Il sera visible chez les membres de l’endogroupe. On sait
qu’un comportement positif sera attribué à des causes internes et un comportement négatif à
des causes extérieures, pour protéger l’identité positive du groupe et l’identité personnelle. Ce
biais n’est pas remarqué dans toutes les situations. Dans les situations de discrimination et de
stéréotypes (genre, couleur de peau), cette théorie ne fonctionne pas. Les stéréotypes et les
représentations culturelles dépassent les biais cognitifs. Ces stéréotypes sont appris par la
socialisation, l’éducation et les médias. Les processus de socialisation et d’éducation qui
génèrent ces représentations culturelles sont plus puissants que tous ces biais.

Recherche de Hunter, Stringer et Waston (1991) : cette recherche se déroule lors des conflits
entre catholiques et protestants. Les chercheurs visionnent à un groupe d’hommes catholiques
ou protestants une agression entre deux individus. Dans un extrait, l’un est catholique, puis dans
l’autre, il est protestant. Ils doivent ensuite expliquer avec leurs propres mots ce qu’il s’est passé
et pourquoi cette agression a eu lieu. Les résultats montrent que les catholiques font des
attributions internes en voyant des protestants commettre un acte négatif, et ils font des

24
attributions externes quand l’acte est commis par un catholique. L’inverse apparaît pour les
sujets protestants. Pour les chercheurs, un même acte sera expliqué différemment selon
l’appartenance groupale de l’agresseur et de la victime, et du sujet qui observe l’acte.

Recherche de Kouabenan (2001) : explications des accidents du travail et erreur ultime


d’attribution, il s’est intéressé aux explications que des cadres et des exécutants donnaient aux
accidents du travail. 80 personnes ont été interrogées (40 cadres, 40 ETAM). Le matériel est
constitué de 4 comptes rendus différents d’un accident du travail (selon le statut de la victime
et la gravité de l’accident). Il leur présente ce compte-rendu accompagné d’un questionnaire
d’attribution constitué de 6 propositions possibles de l’accident. Ces propositions se répartissent
en trois causes internes et trois causes externes. Les résultats montrent que plus l’accident est
grave, plus l’individu est dédouané de toute responsabilité individuelle quand il appartient à
l’endogroupe (causes situationnelles). L’inverse apparaît quand l’individu appartient à
l’exogroupe, plus l’accident est grave, plus la responsabilité individuelle augmente. Il en
conclut que les attributions de responsabilité sont effectuées d’un point de vue d’appartenance
catégorielle.

- EFFET PYGMALION :

Dans la mythologie, Pygmalion est un sculpteur de marbre, il sculpte une femme qu’il juge
parfaite. Il en tombe amoureux et implore Aphrodite de lui donner une femme identique à la
statue. Elle accède à sa demande et transforme la statue de marbre en femme réelle. Derrière ce
mythe, se lit ce que Merton appelle la prophétie auto-réalisatrice.

Prophétie auto-réalisatrice : les individus ont des attentes et vont se comporter de telle façon
que leurs attentes soient réalisées. Elle se réalisera à partir de leur comportement et ce
comportement est lui-même engendré par leurs attentes. Cette prophétie débute par une
représentation erronée de la situation ce qui va générer un comportement spécifique et qui va
rendre la conception, initialement fausse, exacte. Dans les domaines tels que la santé,
l’entreprise, l’éducation, cette prophétie est chose courante bien qu’elle involontaire et non
consciente.

Recherche de Rosenthal et Jacobson (1964) : avec la complicité du directeur, ils se rendent dans
différentes classes d’école et disent aux enseignants qu’ils allaient faire passer un test de QI aux
enfants ainsi qu’un autre test, un test de développement intellectuel (faux test) qui permet de
mesurer et pronostiquer l’évolution intellectuelle des enfants.

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Ils indiquent aux enseignants les scores des enfants à ces deux tests. Ils prennent au hasard trois
noms d’enfants et attribuent de faux scores très élevés au test de développement intellectuel. Ils
donnent les trois noms aux enseignants en début d’année. Ils vont créer chez les enseignants
une attente de réussite de ces élèves. Ils reviennent au printemps et font passer aux
enfants un test d’intelligence. Ils dépouillent les tests et s’aperçoivent que pour ces trois
enfants, le test de QI a un score supérieur au premier test. Ils ajoutent des caméras dans la classe
et s’aperçoivent que les enseignants ont beaucoup plus de relations avec les enfants soi-disant
diagnostiqués avec un score élevé. Les enseignants sourient plus à ces enfants qu’aux autres.
Lorsqu’ils lèvent la main, ils sont constamment interrogés, et le sont même lorsqu’ils ne lèvent
pas la main. De plus, les enseignants restent plus longtemps à côté de ces enfants. Ils ont donc
beaucoup plus d’attention que les autres, d’où leurs progrès plus rapides. Dans le domaine
relationnel, quelques tests ont été réalisés.

- LA CORRÉLATION ILLUSOIRE :

Dans notre vie quotidienne, on utilise fréquemment l’interprétation causale de manière


abusive. On a tendance à exagérer la fréquence des liens entre des événements concognitants.
On voit donc des corrélations entre deux événements A et B. Il s’agit de la corrélation illusoire.

Etude de Marlatt et Rohsenow (1980) : boisson et comportement. Cette étude vise à identifier
une illusion de corrélation dans le comportement de sujet en fonction de ce qu’il pense voir. Ils
créent 3 groupes d’étudiants.

- Groupe 1 : les sujets boivent de la vodka-tonic.


- Groupe 2 : les sujets croient boire de la vodka-tonic mais il s’agit d’une boisson non
alcoolisée au goût identique à la vodka-tonic.
- Groupe 3 : les sujets boivent de l’eau gazeuse sucrée et le savent.

Les chercheurs observent le comportement des sujets après avoir regroupé les groupes. Ils
s’aperçoivent que les sujets du groupe 2parlent beaucoup plus fort que les autres, se comportent
de manières plus festives, et certains de façon beaucoup plus agressive que le groupe 3. Les
sujets du groupe 2 ont expliqué leurs comportements par la prise d’alcool, c’est-à-dire par une
illusion de corrélation. Cette illusion permet de donner sens à ce que nous voyons et faisons.
Avec ce biais, on essaye de maîtriser notre environnement afin de se rassurer, le comprendre et
l’expliquer.

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- Étude de Chapman et Chapman (1967-1969) :
- 1ère modalité : paranoïa
- 2ème modalité : impuissance sexuelle

On mesure l’interprétation des dessins qui permettra ensuite de dire s’il y a ou non une
corrélation illusoire. Il y a bien un biais de corrélation puisque lorsque Chapman montre le
dessin, l’interprétation sur le dessin est différente selon qu’il s’agisse de paranoïa ou
d’impuissance sexuelle alors qu’il s’agit du même dessin dans tous les cas. Les sujets ont
tendance à surestimer la fréquence des signes caractéristiques de la pathologie annoncée
dans le dossier du malade. Ils perçoivent une corrélation illusoire entre le diagnostic
effectué et le dessin.

LA NORME D’INTERNALITÉ

Beauvois et Dubois (1988) : ils ont montré que les attributions causales internes étaient
socialement valorisées dans notre culture occidentale. Finalement, ces explications pouvaient
être considérées comme faisant partie de la norme sociale. C’est-à-dire que se présenter comme
responsable de ses actes et autonome, constitue des cas stériques jugées beaucoup plus positives
que de se référer à la chance ou la malchance. D’après eux, l’attribution causale est un biais
devenu une norme sociale à laquelle les individus se plient afin d’être reconnu, d’avoir une
estime d’eux-mêmes positive et d’être accepté dans les groupes.

Il y a des échelles d’internalité et d’externalité pour expliquer les échecs et les succès :

- Les cadres expliquent leurs succès ou échecs par des causes internes. Cela génère chez
eux une fragilité.
- Les femmes sont souvent plus internes que les hommes, elles expliquent leurs échecs
par des modalités internes.
- Dans la population étudiante, la majorité des étudiants explique ses succès ou ses échecs
par des causes internes.

27
Cette norme s’insinue peu à peu dans les débats sociaux.

Étude de Desrumaux et Zagrodnicki (2001) : recrutement et norme d’internalité. Plusieurs


études ont prouvé la préférence pour des candidats qui mettent en avant des qualités
personnelles pour expliquer leurs succès et échecs au long de leur parcours professionnel.
Desrumaux a croisé 3 variables pour en mesurer les effets sur les recruteurs :

- 1ère variable : mode de fonctionnement des candidats (internalité ou externalité)


- 2ème variable : l’expérience professionnelle (absence ou non)
- 3ème variable : résultats à un essai professionnel

A partir de ces 3 variables, Desrumaux crée des dossiers fictifs d’assistantes de direction. Il
mélange les 3 variables, certaines seront internes et auront de l’expérience dans leur lettre de
motivation, d’autres externes et sans expériences, etc. Il présente ces dossiers à des recruteurs
professionnels de formation initiale différente. Sur les 20 recruteurs, 8 avaient fait des études
en psychologie, 5 venaient d’école de commerce, 3 venaient de ressources humaines, 2 de droit,
un était ingénieur et l’autre avait fait des études en histoire. Tous ces recruteurs travaillaient en
cabinet et avaient 8 ans d’expériences professionnelles. Ils devaient étudier les dossiers et
classer les candidatures. Les candidatures arrivant en premier étaient internes, avec expérience
professionnelle et réussite au test d’essai professionnel. Ces candidatures obtiennent un résultat
nettement meilleur que les dossiers avec un mode de fonctionnement externe.

Les résultats démontrent aussi que l’expérience professionnelle a un impact plus important que
le CV global et l’essai professionnel. La norme d’internalité est jugée plus importante que le
CV global. Ce qui signifie que, pour les candidats ayant peu d’expérience professionnelle
(jeunes diplômés), la norme d’internalité a un effet prédominant dans le recrutement.

28
CHAPITRE 4 : LES ATTITUDES

Les attitudes expriment l’évaluation, par l’individu, des objets qui l’entourent (produits de
consommation par exemple).

Pour Allport (1935), l’attitude est définie comme une préparation à l’action, c’est-à-dire au
comportement individuel.

Pour Fazio (1986), l’attitude est une association entre un objet et une évaluation donnée à cet
objet par l’individu. Cette attitude résulte d’un apprentissage et sera formée par
l’environnement de l’individu, elle sera le fruit de son expérience avec son environnement.

Ces attitudes ont 3 fonctions :

- Fonction cognitive : fonction de connaissance, les attitudes vont servir de cadre de


références pour évaluer les objets sociaux qui nous entourent.
- Fonction instrumentale : fonction utilitaire, voire utilitariste, on se positionne par
rapport aux objets qui nous entourent en fonction d’un jugement positif ou négatif. Elle
va nous permettre de créer des liens avec des groupes qui partagent nos attitudes.
- Fonction expressive : les attitudes vont nous permettre d’exprimer nos pensées, valeurs,
c’est-à-dire notre système de normes, mais aussi d’exprimer notre personnalité

Propriétés des attitudes :

- La direction : une attitude peut être positive ou négative, favorable ou défavorable. Une
attitude est rarement neutre, les individus vont se positionner en règle générale sur du
positif ou négatif.
- L’intensité : une attitude peut être positive ou très positive, négative ou très négative.
On peut facilement croiser direction et intensité. La polarisation décrit un accroissement
de l’intensité. À l’inverse, la dépolarisation décrit une baisse de cette intensité. Une
attitude n’est pas figée, elle évolue avec des contextes politiques, socioéconomiques.
- La centralité : elle renvoie à l’importance de l’objet pour l’individu et à l’implication de
l’individu face à cet objet.
- L’accessibilité : force du lien qui unit l’objet et l’attitude. Plus ce lien est fort, plus
l’individu va réagir à la présence ou l’évocation de l’objet (réaction favorable ou
défavorable)

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Dimensions des attitudes :

- Dimension cognitive : renvoie aux connaissances, croyances que l’on a sur l’objet.
- Dimension affective : associée aux réactions émotionnelles que va susciter l’objet en
terme d’attrait ou de répulsion.
- Dimension conative/comportementale : renvoie aux actions de l’individu envers l’objet.

Les recherches reposent principalement sur le lien entre attitude et comportement et comment
prévoir le comportement d’un individu en connaissant ses attitudes.

Lien entre l’attitude et le comportement :

Lapiere (1934) : il va tenter d’analyser le lien entre l’attitude et le comportement chez les
hôteliers américains envers la population chinoise. Il sillonne les Etats-Unis pendant 1 an en
compagnie d’un couple d’ami chinois et va fréquenter 250 hôtels. Il mesure le racisme, la
discrimination qu’il pourrait y avoir à l’encontre de ses amis. Sur les 250 établissements, seul
1 hôtel leur refuse l’entrée. 6 mois plus tard, il adresse un questionnaire à ces mêmes
établissements en leur demandant s’ils accepteraient de recevoir des clients de type asiatiques.
90% des hôteliers répondent non. Il y a donc un décalage entre la réponse du questionnaire et
la réalité. Au départ, sa recherche avait pour objectif de critiquer la validité des questionnaires
classiques. Il dit qu’il n’y a pas de pertinence entre l’attitude et le comportement. Connaître
l’attitude par un questionnaire n’équivaut pas à prédire un comportement. Néanmoins, cette
attitude souffre peut-être d’un biais, celui du fait que Lapiere est avec eux.

Masson-Maret (1990) : elle étudie chez les jeunes de 17 à 25 ans le lien entre attitude et
comportement concernant l’utilisation du préservatif. Elle va recueillir les attitudes dans leur
dimension cognitive, c’est-à-dire les représentations concernant l’utilisateur du préservatif
grâce à questionnaire. Les jeunes répondent que celui-ci est responsable, prévoyant, moderne
et prend plaisir à la vie. Le non utilisateur est jugé comme dangereux, irresponsable, mal
informé et timide.

En revanche, pour la phase 2 de l’étude, Masson-Maret ne trouve pas de liens entre l’attitude et
le comportement. Plus de la moitié des jeunes de cette étude n’utilisent pas de préservatifs et
pourtant ne se juge pas eux-mêmes comme dangereux, inconscient et irresponsable.
Finalement, le lien entre l’attitude et le comportement est faible et difficilement mesurable.

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Théorie de l’action raisonnée et du comportement planifié – Fishbein et Ajzen (1977)

Ils soulignent que les études antérieures tentaient de prédire des comportements très à partir
d’attitudes trop générales. Ils ont proposé la construction d’indices de comportement
susceptibles d’être révélateurs d’attitudes plus globales. Ils découvrent que le lien entre
l’attitude et le comportement ne pouvait exister que si et seulement si, chez l’individu, il y avait
une intention comportementale. Cette intention est déterminée par deux éléments : l’attitude
vis-à-vis du comportement et les normes ou les pressions sociales à adopter tel ou
tel comportement. Le lien entre attitude et comportement n’est pas direct. Si l’attitude vis-à-vis
du comportement et les pressions sociales sont favorables à l’action, alors l’intention de
réalisation sera forte et le comportement sera actif.

Le contrôle perçu désigne la perception de la facilité ou de la difficulté à réaliser l’action ou le


comportement. Si le contrôle perçu est positif, alors l’intention comportementale augmentera.
Dans le cas contraire, le contrôle perçu sera un frein au comportement.

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