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Victor Hugo - Les Contemplations - Autrefois, Livre troisième, XXVII, 1856

Recueil composé de deux parties intitulées respectivement « Autrefois « et « Maintenant » autour


d’une date pivot = la mort de Léopoldine le 4 septembre 1843. Chaque grande partie est structurée
en 3 livres.
Le livre troisième s’intitule « Les luttes et les rêves » ( dimension sociale , engagée de l’auteur)

J'aime l'araignée et j'aime l'ortie, Opinion contraire à l’habitude, à l’avis habituel =


Parce qu'on les hait ;
Et que rien n'exauce et que tout châ tie
Leur morne souhait ;

Parce qu'elles sont maudites, chétives,


Noirs êtres rampants ;
Parce qu'elles sont les tristes captives
De leur guet-apens ;

Parce qu'elles sont prises dans leur œuvre ;


Ô sort ! fatals nœuds !
Parce que l'ortie est une couleuvre,
L'araignée un gueux ; animalisa° et personnifica°

Parce qu'elles ont l'ombre des abîmes,


Parce qu'on les fuit,
Parce qu'elles sont toutes deux victimes
De la sombre nuit...

Passants, faites grâ ce à la plante obscure, = ortie


Au pauvre animal. = araignée
Plaignez la laideur, plaignez la piqû re,
Oh ! plaignez le mal !

Il n'est rien qui n'ait sa mélancolie ;


Tout veut un baiser.
Dans leur fauve horreur, pour peu qu'on oublie
De les écraser,

Pour peu qu'on leur jette un œil moins superbe,


Tout bas, loin du jour,
La vilaine bête et la mauvaise herbe = araignée puis ortie ( par périphrases)
Murmurent : Amour ! Personnifica°

Juillet 1842.

Mouvement 1 : vers 1 à 16 = déclaration et justification /explication de cette prise de position


scandée par l’anaphore de la locution parce que ( 8 fs) en 1 longue phrase entrecoupée v 10
Mouvement 2 : vers 17 à la fin = appel à la compassion (avec apostrophe et impératifs) = 4 ph
…. ( appel qui se clô t par …)

Projet de lecture / problématique ( = enjeu(x) du texte ) : comment le poète cherche-t-il à


transformer le regard du lecteur ( du passant) sur des créatures rejetées
Mouvement 1 : Vers 1 à 16 = une déclaration paradoxale et sa longue justification .

Quatrain 1 = surprise ( et attente , question ??)


Le vers 1 exprime une opinion tranchée, nette, appuyée sur la répétition du verbe « j’aime »dont le E
est prononcé et l’occurrence (la seule ds ce poème) du pronom JE à 2 reprises : opinion qui suscite la
surprise , voire vise à provoquer le lecteur puisque l’auteur prend consciemment le contrepied de la
doxa , cà d l’opinion commune représentée par le pronom indéfini ON présent ds le v 2 « parce qu’on
les hait » => s’oppose d’emblée au regard habituel, ce que marque l’opposition des verbes aimer /
haïr et des pronoms Je / ON ( renforcée par opposition décasyll / pentasyll) .
( NB le ON ds ce poème = le regard , le comportement habituels cf vers 2, 14, 23 et 25)

La raison donnée « parce qu’on les hait » = sèche et caricaturale : argument un peu court qd même =>
Les vers 3 et 4 qui commencent par conjonction ET exprimant l’addition ajoutent une autre raison :
Araignée et ortie = universellement rejetées cf les pronoms rien / tout ( apparemment
opposés mais c’est ainsi la même idée qui est répétée , voire renforcée )
L’auteur les personnifie en leur attribuant la faculté de souhaiter qqchose et en qualifiant ce souhait
de triste = morne => => ce sont des êtres mal-aimés dont le « souhait » reste incompris. Mais
quel est donc ce souhait ?? Mystère …. => cf fin du poème

Question : expression récurrente ds quatrains 2 à 4 ? Champs lexicaux ? Tonalités ?


Quatrains 2 à 4 : suite des explications avec portrait puisque récurrence de « ellEs sont » =
verbes d’état + nombreux adjectifs
Le poète n’embellit pas les deux créatures, au contraire : portrait = négatif mais c’est là qu’il puise ses
raisons . En témoignent les champs lexicaux.

 il ne cache pas leur noirceur : champ lexical de l’obscurité avec « noirs » (v , « l’ombre des
abîmes », « la sombre nuit » v 16
 noirceur liée à position « êtres rampants », couleuvre, « ombre des abîmes » = au sol
 champ lex de tristesse : tristes , morne, (mélancolie et pauvre + loin) + fragilité avec
« chétives »
 créatures qui suscitent la répulsion : elles st d’ailleurs « maudites » = étymologiquement ce
dont on dit du MAL ( la malédiction) et VICTIMES . Ce portrait prend une tonalité
pathétique : elles st plus à plaindre qu’à maudire … et prépare ainsi la suite.
 La Personnification du vers 12 qui fait de l’araignée un gueux = un mendiant incite/ invite à
vor en ces créatures une image des êtres rejetés par la société , rejetés parce qu’ils dérangent
les consciences , donnent mauvaise conscience cf écho de la révolu° industrielle et émergence
d’une nouvelle classe sociale = les ouvriers « misérables »
Mais V Hugo va plus loin : il en fait des créatures prisonnières d’un destin funeste , cruel ,
prisonnières de leur condition ( et de leur image ) : en effet apparaît ds ce passage le lexique de
la FATALITE lié à celui du piège, créant une tonalité TRAGIQUE :

* Vocabulaire Champ lexical de la captivité « tristes captives » v , « guet-apens » v ,


« fatals nœuds » v , « victimes » , » elles st prises « ,
* Lexique du destin fatal ( auquel on ne pt échapper) = « O sort ! , fatals nœuds ! » idée de fatalité
renforcée par la modalité exclamative et la présence du O^ lyrique.
Pire c’est de LEUR propre piège qu’elles st victimes : IRONIE TRAGIQUE.

 au-delà du gueux, l’expression présente vers 9 « ds leur œuvre » qui fait référence à la toile
d’araignée invite aussi à voir en ces êtres une image symbolique de l’artiste rejeté par la
société des nantis, marginalisé parce que différent et parce que urticant/ dérangeant . D’où le
rejet dont il fait l’objet « parce qu’ON les fuit »
Bilan du 1 : Dans ce premier mouvement, loin d’embellir l’araignée et l’ortie, le poète met en
évidence les raisons pour lesquelles elles st rejetées et dit justement son empathie avec ces créatures.
il leur donne une dimension symbolique : figures du mendiant ou/ et figure de l’artiste réprouvé ,
figures obscures victimes de leur condition et objet de malédiction.
Trans° : Montrer le sort tragique dont elles st victimes permet appel à la compassion et à l’amour

Mouvement 2 : Un APPEL (une prière ? car voca quasi religieux ) à changer de regard ( à les
plaindre plutôt qu’à se plaindre et à les écraser)

Quatrain 5
 Présence de l’apostrophe « Passants » v 17 + des impératifs « faites grâ ce », et « plaignez » en
anaphore dynamise le discours . prière pressante avec lea triple répétition de l’impértaif
« plaignez » appuyé par l’allitération en P
 Passants = lecteurs qui passent ds le recueil + promeneurs qui foulent au pied orties ou
araignées. Appel insistant à la compassion avec la triple répétition de l’impératif « plaignez » et
l’utilisation de périphrases « la plante obscure et au pauvre animal » où les adjectifs st
pathétiques et incitent à la compassion.
 l’interjection OH et les pts d’exclama° viennent appuyer la prière , la demande ( quasi
supplication) renforcée par allitération en PL . ( plante, plaignez, Pauvre + animaL) . prière
paradoxale puisque « plaignez la piqû re » ( l’ortie par métonymie) là où on se plaint de la
piqû re en général. Appel paradoxal à pitié !! D’où ….

Quatrains 6 et 7 :
Dernier Argument de vérité générale au présent « Il n’est rien qui n’ait sa mélancolie / Tout veut
un baiser » : la double négation ( qui équivaut à une affirmation) rappelle que chaque être a sa
part sombre ( mélancolie = bile, humeur noire en grec, son lot de tristesse) tandis que le vers
suivant dit simplement le besoin d’amour métaphorisé ici par le baiser . ( Le monde = créé par
Dieu qui a voulu faire coexister mal et bien, laid et beau . refus d’une vision manichéenne)
 incitation à changer de comportement et de REGARD : récurrence du ON dans les 2
subordonnées de condition « pour peu qu’on oublie … » , « pour peu qu’on leur jette …
superbe »
- demande de les laisser vivre ( a minima) en évitant de les écraser
+ demande de faire preuve de modestie, d’humilité en étant « moins superbe » = moins
orgueilleux = sens étymologique de l’adj , en se mettant à leur portée « tout bas, loin du jour »
=> humilité = qualité requise, condition pour , comme le poète, entendre et comprendre « le
morne souhait « de « la vilaine bête et la mauvaise herbe » = le mot final mis en valeur par la
majuscule « Amour » . Savoir descendre chez les misérables pour les écouter : en effet le dernier
vers = tout doux , en sourdine avec allitération en M/R, déjà présente vers 1 : l’amour du poète
répond à la demande de la bête et de l’herbe ou vice-versa.
Le poème s’achève par une Ultime personnification et ultime mot qui humanisent ortie et
araignée, désignées par des périphrases pourtant négatives = vision du monde des romantiques (ds
la création, le laid cô toie le beau : esthétique du contraste) .
En leur donnant la parole à la fin du poème,, le poète achève son projet et place le poème entier sous
le signe de l’amour , mot qui encadre le texte .

Concl° : répondre à la question posée en reprenant les idées ppales.


Le poète décrit l’araignée et l’ortie comme malheureuses et victimes d’un sort qu’elles n’ont pas choisi
il rappelle que les êtres rejetés subissent leur sort et doivent être plaints plus que haïs . Il prend ainsi
leur défense , ne serait-ce qu’en leur consacrant un poème pour rappeler que tout dans la création
mérite considération Le réseau sonore et l’argumentation tissés au cours du texte appellent à
changer de regard sur ces êtres .
+ ouverture vers un autre texte , par ex Baudelaire Poème l’albatros = poète rejeté et incompris ou
Corbière « le crapaud » , animal de l’ombre et répugnant qui demande amour .
1) rédiger l’intro ( et la conclu)
2) Vers le commentaire littéraire :
Problématiques possibles En quoi ce poème est-il Comment ce poème
surprenant ? transforme-t-il le regard du
Ou en quoi ce poème est-il un passant-lecteur sur les êtres
poème d’amour étonnant ? rejetés ?
PLAN de commentaire I- Une déclaration et un I- Un poème argumenté
appel à la compassion II- L’araignée et l’ortie,
inattendus des figures tragiques
1) Une position paradoxale III- L’araignée et l’ortie
2) Une prière pour le mal et des figures
la piqû re ! symboliques en lien
II- Une description avec une vision du
étonnante de monde
l’araignée et de l’ortie (rédemptrice ) ctre le
1) des êtres de l’ombre manichéisme
2) des créatures captives et
victimes de leur destin
3) des créatures à plaindre
III- Une vision du monde
anti-manichéenne OU
l’araignée et l’ortie ,
des figures
symboliques

Intro :

Au XIX se développe un nveau mvt littéraire , le romantisme, dont V Hugo devient le chef de
file à divers titres . Ho politique, député, dramaturge , romancier et poète , il s’illustre par sa
production qui prend svt le parti des misérables. // Tel semble être le cas du poème présent « J’aime
l’araignée … » consacré à deux créatures mal aimées et communément foulées au pied. Le poème,
composé de sept quatrains qui alternent un décasyll et un pentasyll à rimes croisées , présente deux
mouvements :
Str 1 à 4 constituent une déclara° … scandée par l’anaphore de la locution parce que
Str 5 à 7 : suit ds les str 5 à 7 un appel à la compassion et à l’amour.
//Nous verrons comment ….

Passage à l’ ECRIT : pour un commentaire , il FAUT en plus présenter VOTRE PLAN ( qui se distingue
des mouvements du texte)

Concl° :
Loin d’être présentées co agressives et horribles, la plante et la bête sont décrites comme des
victimes d’une condition qui les voue à être « maudites » ( objet de malédiction) . La personnification
en fait des symboles d’êtres rejetés que le poème réhabilite en quelque sorte afin de changer le regard
du lecteur , trop enclin à les écraser et les mépriser : c’est un appel à l’humilité . Baudelaire lui aussi
recourt à une figure symbolique ds son poème « l’albatros « qui invite le lecteur à cesser de mépriser
le poète ridicule et inadapté à la vie au sol où « ses ailes de géant l’empêchent de marcher ».

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