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Portrait de CLITON Dans L
Portrait de CLITON Dans L
Le livre XI propose au cœur des Caractères de la Bruyère, une réflexion dédiée à la nature
humaine. Il offre une galerie de portraits de personnages imaginaires qui incarnent, de
manière efficace et spectaculaire, des vices communément partagés. Le fragment121, a
introduit Gnathon, gourmand égocentrique ; le portrait de Cliton, avec lequel il forme un
dyptique, reprend cette thématique alimentaire. La Bruyère dépeint dans le fragment 122 un
gourmet obsessionnel. Cette savoureuse esquisse prend progressivement une teinte plus
sombre, puisque le moraliste, par l’ironie et l’humour noir, délivre en creux une leçon
pessimiste sur la nature humaine. Le texte se compose de trois mouvements : de « Cliton n’a
jamais eu… à « autant qu’il peut s’étendre… » ; puis de « et il me fait manger… » à
désapprouve. » ; et enfin de « Mais il n’est plus… » jusqu’à « c’est pour manger. » Pour
répondre à la problématique : Comment le moraliste brosse-t-il le portrait à charge d’un
personnage type ? – Nous analyserons d’abord le portrait d’un monomaniaque, puis nous
montrerons que le moraliste le commente avec ironie avant de conclure sur une pointe
d’humour noir*.
*humour noir : forme d’humour qui souligne avec cruauté, amertume et désespoir parfois,
l’absurdité du monde.
Dès les premières lignes, on retrouve le champ lexical de la nourriture et de la table « dîner »,
« souper », « digestion », « les entrées », « le repas », « les entremets », « potages », « rôts »,
« plats », ce champ lexical souligne le principal trait de caractère de Cliton. Ce qu’il aime par-
dessus tout c’est la table, c’est manger. L’auteur commence dès la première phrase par une
négation restrictive « Cliton n’a jamais eu en toute sa vie que… », « il ne semble né que… »,
« il n’a qu’un entretien… ». La négation restrictive ici nous montre un personnage dont la
vie entière se résume à sa table. Sa personnalité se résume à ce qu’il mange et à la fréquence à
laquelle il mange. Dans ce fragment l’auteur de nombreux verbes au présent d’habitude « il
ne semble », « il n’a », « il place », comme autant de gestes répétitifs et qui jalonnent son
quotidien.
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Antiphrase : figure qui consiste à dire le contraire de ce qu’on pense.
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contraire, ne croit pas que Cliton puisse avoir bon goût. Pour lui, ce n’est pas un véritable
gourmet. De même, en disant « c’est un personnage illustre en son genre », on sent bien
qu’il n’en pense pas un mot. Il utilise dans ces phrases un vocabulaire faussement
mélioratif par ironie. La Bruyère reproche à Cliton de manger beaucoup et même trop
bien, en méconnaissant la difficulté des autres :« il ne s’est jamais vu exposé à l’horrible
inconvénient de manger un mauvais ragoût, ou de boire d’un vin médiocre ». Le
vocabulaire utilisé est péjoratif : on remarque le groupe nominal « horrible
inconvénient », ainsi que l’adjectif « médiocre ».
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Euphémisme : figure qui consiste à atténuer une réalité trop brutale.
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