BB 2023 Cahiers de Douai + Ruy Blas II 2

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Sujet : « Les Cahiers de Douai ne sont-ils qu’un recueil d’adolescent rebelle ?

Après avoir fugué du foyer familial, Rimbaud est recueilli par son professeur et lui
transmet vingt-deux poèmes, inégalement écrits et répartis sur deux feuillets, qui forment le
fameux recueil nommé Cahiers de Douai publié en 1893 à titre posthume, nommé ainsi par la
critique. Cette intention de publication se fait donc lors d’une période mouvementée de la vie
de Rimbaud à tel point que leur écriture serait influencée par cette même période comme le
suggère le sujet « Les Cahiers de Douai ne sont-ils qu’un recueil d’adolescent rebelle ? »
Rimbaud certes à dix-sept ans lorsqu’il rédige ses poèmes et est bel et bien un « re-
belle » si par cet adjectif épicène qualificatif en fonction épithète, il désigne un individu en ré-
volte contre une autorité. Or, la préposition « contre » en français à deux acceptions : « être
contre » peut s’entendre comme « être en opposition à » ou bien « être à côté de. » Il est cer-
tain que le thème de la rébellion est le sujet de ce recueil mais réduire la préposition « contre »
à sa seule acception « d'être en opposition à une autorité » comme le présuppose la proposi-
tion subordonnée restrictive « ne…que… », c’est réduire ce recueil à un simple acte puéril ou
infantile et manquer l’essentiel. Loin d’être une oeuvre immature, le recueil Cahiers de Douai
est en effet la prémisse d’un futur art poétique dans lequel Rimbaud cherche sa propre défini-
tion de la fonction de sa pratique poétique et les règles qui la régissent dont l’aboutissement
est la série de lettres intitulée « Les Lettres du voyant. » Aussi notre série de poèmes est une
propédeutique à une oeuvre majeure à venir. C’est pourquoi ses parodies, pastiches ou contes-
tations ne sont pas tant un acte de rébellion qu’une discussion de Rimbaud avec ses contem-
porains.
Si Rimbaud est contre une quelconque autorité, qu’elle soit sociale, politique ou esthé-
tique (I), il évolue néanmoins à côté de cette dernière. Autrement dit, s’il y a un rejet d’une
quelconque autorité, cette réjection suppose la reconnaissance de cette autorité (II). Le recueil
Cahiers de Douai est peut-être moins la rédaction d’un « adolescent rebelle » que la critique
d’un auteur sur ses contemporains. Le recueil Cahiers de Douai serait avant tout une première
ébauche d’un art poétique (III).

Les thèmes du recueil Cahiers de Douai sont ceux d’un adolescent rebelle. Le thème de
l’adolescence est présent dans de nombreux poèmes et cette adolescence se manifeste en op-
position à une autorité (I). L’image de l’adolescent rebelle se manifeste d’abord par l’éveil à
la sexualité (a), l’opposition à la société bourgeoise (b) et à l’autorité politico-religieuse (c).
a. l’éveil à la sexualité : poèmes érotiques : « Les Réparties de Nina »
b. l’opposition à la bourgeoisie : poèmes sociaux : « La Musique »
c. l'opposition à l’autorité politico-religieux : poèmes engagés : « Le Mal »

Si Rimbaud s’oppose à la bourgeoisie, à l’institution religieuse et à Napoléon III, il n’en


reste pas moins qu’il évolue à côté de cet environnement (II). Au mode de vie de la bourgeoi-
sie, Rimbaud propose la vie de bohème, caractéristique de l’adolescence qui désigne la transi-
tion de l’enfance vers l’âge adulte (a). Il est « à côté » : sorti de l’enfance, il n’est pas encore
entré dans l’âge adulte. Par ailleurs, cette opposition à une quelconque autorité est formelle-
ment pétrie par la tradition poétique (b) et littéraire (c). Rimbaud joue avec cette tradition plus
qu’il ne la rejette.
a. la figure du bohémien : « Ma Bohème (Fantaisie) »
b. jouer avec la tradition poétique : le cas du sonnet
c. jouer avec la tradition littéraire : le souffle de Victor Hugo et de Charles Baudelaire :
« Les effarés »

Le recueil Cahiers de Douai est avant tout une propédeutique à un futur art poétique
dans lequel Rimbaud affirme sa propre autorité. Loin d’être le recueil d’un « adolescent re-
belle », il s’agit plutôt d’un recueil d’un adulte réfléchissant sur sa pratique artistique en s’in-
terrogeant sur sa finalité (a) et les outils pour y parvenir (b).
a. Cahiers de Douai : une esthétique nouvelle : « Vénus Anadyomène »
b. Cahiers de Douai : une langue nouvelle : « L’Éclatante victoire de Sarrebrück »

Le recueil Cahiers de Douai en somme est certes bien un recueil d’un adolescent rebelle
si l’adjectif « rebelle » est compris non pas comme simplement « celui qui est en opposition
à » mais aussi comme « celui qui est à côté d’une autorité. » Cette rébellion est moins un rejet
frontal de la tradition que l’expression de pratiquer la poésie autrement.
Victor Hugo, Ruy Blas, II, 2, 1838.

Victor Hugo, grand écrivain français du XIXe siècle, représente sa pièce théâtrale Ruy
Blas pour la première fois en 1838. Lors de la scène 2 de l’acte II, la Reine fait un monologue
dans lequel elle avoue bien malgré elle son amour pour Ruy Blas. Ruy Blas est le personnage
éponyme de la pièce. Il a été envoyé par son maître Don Salluste, marquis disgracié, afin de
séduire la reine et être gracié en la faisant chanter. Ce chantage de Don Salluste envers la
reine par son homme de main Ruy Blas n’est rendu possible qu’à condition que celui-ci ne
tombe véritablement amoureux de la reine. Or, dans cette scène de l’acte 2, la lettre que lit la
reine prouve que Ruy Blas en est tombé amoureux. Aussi cette scène expose-t-elle une même
difficulté pour chacun des deux personnages : la reine et Ruy Blas font face à un amour qui
n’aurait pas dû être. La Reine en avouant à elle-même son amour pour Ruys Blas trompe son
mari et Ruy Blas, quant à lui, en tombant amoureux de la reine, trompe son maître Don Sal-
luste. La reine est infidèle de cœur envers son époux tandis que Ruy Blas est infidèle envers
son maître en trahissant sa confiance. Il s’agira donc de démontrer comment naît un amour
qui n’aurait pas du être pour chacun des deux personnages que sont la reine et Ruy Blas.
Notre plan suivra les mouvements du texte. Notre première partie étudiera l’aveu de la reine
(v. 1-23). Notre deuxième partie étudiera les conséquence de cet aveu : la reine est tiraillée
entre son devoir et son désir (v. 24-31). Notre dernière partie étudiera l’aveu de Ruy Blas à la
reine (32-fin).

Le monologue de la reine s’ouvre sur son aveu (I). La reine avoue aimer Ruy Blas. Cet
aveu se fonde sur un discours épidictique structuré en deux parties opposant l’éloge de Ruy
Blas, qu’elle nomme « l’inconnu » (a), au blâme de Don Salluste (b).
a. l’eloge de Ruy Blas
b. le blâme de Don Salluste

La ruse de Don Salluste semble donc fonctionné. La reine en effet tombe bel et bien
amoureux de son « agent » Ruy Blas afin qu’il puisse commettre un chantage lors du retour
du roi. Son plan marche d’autant mieux que la reine est en proie au doute, tiraillée entre son
devoir de mariage ou, pour mieux dire, sa volonté d’être fidèle à son mari et de résister à son
désir pour Ruy Blas (a) et son attirance irrépressible pour Ruy Blas (b).
a. assumer son mariage : l’apostrophe à la Vierge Marie
b. assumer son désir : l’objet lettre

La ruse de Don Salluste fonctionne. La reine est bien amoureuse de Ruy Blas. L’échec
du dessein de Don Salluste n’est pas le fait de la reine mais de son « agent » Ruy Blas. La
lettre que lit la reine à haute voix est une sincère déclaration d’amour de Ruy Blas envers la
reine. Si Ruy Blas est sincèrement amoureux de la reine, alors il contrevient au dessein de son
maître. La machination de Don Salluste en effet ne fonctionne que si Ruy Blas feint d’être
amoureux. Nous étudierons la déclaration d’amour de Ruy Blas à la reine (a) et la consé-
quence d’un telle déclaration contre la machination de Don Salluste (b).
• l’aveu de Ruy Blas : sa déclaration
• conséquence de cette déclaration : échec de la machination de Don Salluste

L’acte II scène 2 de Ruy Blas est un passage clef puisque c’est ici qu’il y a un retourne-
ment de situation. Ruy Blas décide de tromper Don Salluste qui lui même voulait tromper la
reine en la faisant tromper son mari. Il s’agit d’une ironie tragique car le trompeur serait trom -
pé.

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