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Chapitre 3 :

LES GROUPES DE LA PHRASE /


LES SYNTAGMES DE LA PHRASE

Phrase :
Plus grande unité syntaxique possédant un sens, une intonation spécifique et des limites
graphiques, constituée d’éléments en relation les uns avec les autres. En grammaire
traditionnelle, on distingue la phrase simple (une proposition) de la phrase complexe
(plusieurs propositions).

Syntagmes :
Les mots, dans la phrase, se regroupent en syntagmes. On distingue 4 grands types de
syntagmes :
— le syntagme nominal : SN
— le syntagme verbal : SV
— le syntagme prépositionnel : SP
— le syntagme adjectival : SA

Traditionnellement, la grammaire pose que la phrase de base standard est composée d’un SN
sujet et d’un SV comme dans :

SN SV
Pierre mange du raisin

Ces groupes sont susceptibles d’expansions qui les complexifient théoriquement à l’infini. Il
est donc important de repérer les constituants immédiats de la phrase et d’être en mesure de
décomposer sa structure (hiérarchie des syntagmes à l’intérieur de la phrase).

Il existe des tests (ou opérations syntaxiques) de permutation qui permettent de délimiter et
d’identifier les différents syntagmes (les différents constituants immédiats) de la phrase et de
mettre évidence leur place dans la hiérarchie. Les tests usuels sont :
- la commutation (ou substitution) ;
Pierre est venu. => Il est venu. (pronominalisation)
- l’effacement, qui permet de mettre en évidence le caractère facultatif ou non
d’un constituant ;
Hier, je suis allé voir une expo. => Je suis allé voir une expo.
- le déplacement (ou permutation), qui permet de mettre en évidence les
possibilités combinatoires des syntagmes ;
Hier je suis allé voir une expo. => Je suis allé voir une expo hier.
- l’insertion, qui permet de mettre en évidence la cohésion d’un syntagme.
Mon voisin a déménagé ce matin. => *Mon ce matin voisin a déménagé.
Nous reverrons ces différentes opérations syntaxiques dans la suite du cours, lorsque nous
nous intéresserons aux différents constituants

1. Les syntagmes de la phrase

1. 1. Le SN (syntagme nominal)

1
On trouve des SN en fonction de sujet, de COD (faisant partie du SV, cf. 2), d’apposition,
d’attribut. D’autre part, comme nous le verrons en 3, le SN entre dans la composition du SP.
Voici les principales réalisations possibles du SN (dans des phrases où il est sujet) :

SN SV
Nom propre Pierre mange du raisin.
Déterminant + Nom le garçon mange du raisin.
Déterminant + Nom + SP le garçon aux cheveux roux mange du raisin.
D + SA + N le grand garçon mange du raisin.
D + Nom + SA le garçon aimable comme un lion mange du raisin.
D + Nom + P. S. relative le garçon que tu vois mange du raisin.

Ces différentes réalisations peuvent se combiner :


Le grand garçon que tu vois, aimable comme un lion, mange du raisin.

Ajoutons que peuvent fonctionner comme SN :

1. un pronom : il/ celui-ci mange du raisin.


2. un infinitif (avec ses compléments) :
Jouer (avec toi) ne m’intéresse pas.

1. 2. LE SV

Voici les principales réalisations possibles du SV :

SN SV
être + SA Pierre est bête comme ses pieds.
être + SN Pierre est un individu complexe.
être + SP Pierre est à Paris.

V Pierre dort.
V + SN Pierre donne des cours / mange une pomme.
V + SP Pierre pense aux vacances.
V + SN +SP Pierre envoie une lettre à son amie / donne une pomme à
son frère.
V + SP + SP Pierre parle de ses problèmes à son psychiatre.

1. 3. Le SP

Le syntagme prépositionnel se compose d’une préposition et d’un SN :


Dans mon pays : SP => prép : dans + SN : mon pays

La préposition n’est pas toujours réalisée :


La nuit, tous les chats sont gris.
On parle alors parfois, pour ce type de SP, de SN à valeur prépositionnelle.

Le SP peut être complément de phrase ou, complément de verbe, ou complément de nom :


Soient les trois phrases (a), (b) et (c) :

2
(a) [Pierre] [s’ennuie beaucoup] [à Paris]
SN SV SP

(b) [Pierre] [va à Paris]


SN SV

(c) [Pierre] [aime les jardins de Paris]


SN SV

dans (a), le SP à Paris est complément de phrase ;


dans (b), le SP à Paris est complément du verbe, et appartient au SV ;
dans (c), le SP de Paris est complément du nom, fait partie du SN (les jardins de Paris) qui
lui-même fait partie du SV.

Vous veillerez à bien distinguer le type (a) de SP des types (b) et (c), à l’aide de trois tests :

- le déplacement/permutation : le SP de phrase est facilement déplaçable, le SP


complément du V ou du N l’est beaucoup moins :
(a’) À Paris, Pierre s'ennuie beaucoup.
(b’) ? À Paris Pierre va.
(c’) *Pierre aime de Paris les jardins.

Dans une phrase comme : Un vase est posé sur l’étagère, le SP sur l’étagère qui appartient au
SV (type b) est déplaçable : Sur l'étagère est posé un vase... mais le déplacement est marqué
stylistiquement.

- l’effacement : le SP de phrase est facilement effaçable, le SP complément du V l’est


beaucoup moins :
(a’’) Pierre s’ennuie beaucoup.
(b’’) ? Pierre va

- la séparation par la virgule (variante de l’insertion) : le SP de phrase peut être


facilement mis entre virgules, le SP de SV ou de N ne l’est pas :

(a’’’) Pierre s’ennuie beaucoup, à Paris


(b’’’) *Pierre va, à Paris.
(c’’’) *Pierre aime les jardins, de Paris.

1. 4. Le SA

Il se compose d’un adjectif, éventuellement précédé d’un (ou plusieurs) adverbe et suivi d’un
complément.
SA
Jean est heureux.
très heureux.
heureux de son succès.
plus heureux que tu ne peux le croire.

2. Les propositions subordonnées

3
Sans entrer dans la description des subordonnées sur laquelle nous reviendrons, pointons
simplement leur lien avec les syntagmes présentés.

2. 1. les relatives : nous avons vu que les relatives appartiennent au SN : elles complètent
l’antécédent :
SN SV
[Pierre qui roule] n’amasse pas mousse.

Lorsque la relative n’a pas d’antécédent, elle fonctionne comme un SN :


SN SV
[Qui veut voyager loin] ménage sa monture.

2. 2. Les complétives : les complétives directes fonctionnent comme des SN ; les complétives
indirectes comme des SP (du SV) :

SN SV
Marie souhaite que tu viennes (= ta venue).
Je m’attends à ce qu'il ait réussi (= à sa réussite).

2. 3. Les interrogatives indirectes fonctionnent comme des SN : elles sont COD du V.

Je te demande qui est venu.


Je te demande si tu es venu.

2. 4. Les circonstancielles : elles fonctionnent, le plus souvent, comme des SP de phrase : on


peut les déplacer, et les séparer par une virgule :

Il fait frais, lorsque la nuit tombe (= à la tombée de la nuit) / lorsque la nuit tombe, il fait
frais.

D’autres fonctionnent comme des SP complément du SV :

Tu as tellement vieilli que je ne te reconnaissais plus.

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