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Geographie Eco 2
Geographie Eco 2
D’après Paul Krugman, de nos jours, le commerce international ne peut plus être compris
comme un simple mécanisme d’échange entre nations spécialisées dans un secteur de
l’économie ou sur un produit particulier. Les théories qui partaient de ce postulat sont les
théories dites « classiques » du commerce international, comme celle des avantages comparatifs
de Ricardo ou la théorie HOS. Ces dernières sont incomplètes puisque certains de leurs axiomes
ne sont pas constatés de fait.
Pour Krugman, la concurrence est imparfaite et le commerce international est régi par les
économies d’échelle. Dès lors, la région la plus importante offre des débouchés plus importants
et les acteurs économiques auront tendance à se localiser à proximité de ces régions
dynamiques, malgré des coûts du travail souvent plus élevés. Cela fait croître le nombre
d’entreprises dans la région et attire les autres entreprises par un phénomène d’agglomération
(pensez aux fameux clusters…).
La mondialisation a donc profité à certains territoires bien précis et nous sommes rentrés dans
une logique de l’agglomération qui creuse les inégalités. Finalement, le phénomène
d’agglomération est autoentretenu, c’est un cercle vertueux pour la région dominante.
• La mondialisation financière
Dans le même temps, la finance s’est aussi mondialisée. À partir des années 1980, sous
l’impulsion des politiques néo-libérales, le monde de la finance s’est progressivement ouvert.
De nombreux Etats (les Etats-Unis sous Ronald Reagan, le Royaume-Uni sous Margaret
Thatcher) ont mis en place ce que l’on appelle la « Politique des 3D » : Désintermédiation,
Décloisonnement, Déréglementation.
Ces échanges humains ont contribué au développement des échanges culturels. Avec la
digitalisation du monde et l’avènement d’internet, ces échanges culturels se sont multipliés.
C’est ainsi qu’aujourd’hui, un peu partout dans le monde on peut goûter les cuisines de
différents pays, avoir accès à la littérature ou au cinéma de toute la planète… La mondialisation
a donc rendu plus accessible la diversité culturelle internationale.
Si le marasme des années 1930 a tué le commerce international, la crise des années 1980 va, au
contraire, provoquer l’entrée dans la mondialisation. Cette évolution s’explique par plusieurs
facteurs :
• La troisième révolution industrielle : Jeremy Rifkin en 2011 dans The Third Industrial
Revolution: How Lateral Power Is Transforming Energy, the Economy, and the World,
affirme que l’essor des NTIC va permettre de réduire considérablement les frais de
transports, et surtout le coût de transport des données informatiques.
• L’invention du container qui permet de baisser le coût du transport. Notons
qu’aujourd’hui, 90% du transport de marchandises par voie maritime se fait par
container.
• La déréglementation économique et surtout financière. Le financement sera désormais
plus simple et l’allocation des ressources devait être amélioré. Dans les faits, on
remarque que cette déréglementation a du bon, mais également beaucoup de mauvais,
car elle a permis au système financier de contourner les règles. (cf. l’article sur les
Panama Papers et les paradis fiscaux).
• La remise en cause du système de Bretton-Woods qui va permettre la fin de la fixité des
taux de change. Cette fin de la fixité du taux de change et du système de Bretton-Woods
va permettre aux Etats de lever la contrainte de l’équilibrage des comptes extérieurs.
Les idées de Friedman l’emportent.
Les conséquences les plus visibles de la mondialisation sont sans doute celles qui touchent au
monde économique. La mondialisation a entraîné une nette augmentation des échanges
commerciaux et économiques, mais également une multiplication des échanges financiers.
Cette accélération des échanges économiques a été à l’origine d’une forte croissance
économique mondiale. Elle a permis un développement industriel global rapide. Selon certains
analystes, la mondialisation a aussi contribué à améliorer les conditions économiques globales,
en créant de nombreuses richesses économiques.
Toutefois, cette croissance économique tirée par la mondialisation ne s’est pas faite sans éveiller
les critiques. Les conséquences de la mondialisation sont loin d’être homogènes : inégalités de
revenus, de développement, dégradation des termes de l’échange.
Au début du XIXe siècle, l’économiste anglais David Ricardo poursuit le travail de Smith mais
montre qu’un pays a intérêt à se spécialiser et à participer au commerce international même s’il
n’a pas d’avantage compétitif absolu.
C’est la théorie des avantages comparatifs : chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la
production pour laquelle il est comparativement le plus compétitif et à échanger. La conclusion
de Ricardo, qui peut sembler contre-intuitive, est que chaque pays tire un intérêt du commerce
international, quel que soit son niveau de développement.
David Ricardo illustre sa théorie en prenant l’exemple de deux produits et deux pays : le drap
et le vin, et le Portugal et l’Angleterre. Dans son exemple, le Portugal est plus productif que
l’Angleterre dans les deux productions. Pourtant, l’avantage du Portugal est comparativement
plus grand dans le vin que dans le drap. Le Portugal a intérêt à ne produire que du vin,
l’Angleterre que du drap, et à échanger ensuite une partie de leur production.
Cette théorie repose cependant sur certaines hypothèses restrictives, par exemple l’absence de
coûts de transport. De plus, une spécialisation très poussée des pays les rend vulnérables. Par
exemple, si un pays se spécialise dans la production de vin et qu’une maladie décime la vigne,
il en résultera une violente crise économique.
A partir des années 1970-1980, le modèle HOS est vivement critiqué, car il ne correspond pas
à ce que l’on constate dans le commerce international. Les échanges ne semblent pas
s’effectuer uniquement sur la base de dotation en facteurs de production.
Des économistes comme Paul Krugman observent que le commerce se fait principalement
entre pays similaires et sur des produits similaires. On parle de « commerce intra-
branche ». Par exemple, l’Europe vend des Airbus aux États-Unis mais achète des Boeing, ce
qui est en contradiction avec les prédictions du modèle HOS. De la critique du modèle HOS
est née la nouvelle théorie du commerce international, qui introduit des explications fondées
sur la concurrence imparfaite.
Cette approche montre notamment l’importance des rendements d’échelle croissants, c’est-
à-dire que, plus un pays fabrique d’un produit, plus il devient productif dans ce domaine car il
développe un savoir-faire et des économies d’échelle. Cette approche explique la
concentration géographique des activités (le cinéma à Hollywood, l’aéronautique à Toulouse,
l’automobile en Allemagne, la finance à Londres…).
Si cette approche reste favorable à l’ouverture au commerce, elle montre l’utilité qu’il peut y
avoir pour l’État à mener une politique industrielle. En effet, en aidant temporairement un
secteur, l’État peut l’aider à gagner une taille critique qui lui permettra ensuite de bénéficier
de rendements d’échelle et d’être compétitif sur le marché mondial.
La notion de centre-périphérie
Le modèle centre-périphérie est présenté par Paul Krugman dans Geography and Trade. Si le
commerce international est régi par les économies d’échelle, alors les régions avec la plus
grande production sont plus dynamiques et vont donc attirer les agents économiques du monde
entier. La production va donc se concentrer sur un territoire, qui peut être aussi petit qu’une
ville ou un quartier.
Ce territoire est appelé par Paul Krugman le « centre ». Le centre est voué à devenir densément
peuplé et à abriter des populations aux revenus élevés. Les régions qui ne sont pas des
« centres » représentent donc la « périphérie ». Afin d’expliquer les concentrations
géographiques particulièrement importantes d’industries ou de services, Paul Krugman reprend
les arguments énoncés par Marshall à propos des clusters dans ses Principles of Economics
(1890).
Il explicite les externalités positives qu’entraîne l’existence d’un marché du travail spécialisé
qui réduit les coûts de recrutement et concentre des individus qualifiés. Les échanges informels
au sein du cluster induisent aussi des externalités technologiques et informationnelles grâce à
une transmission accrue des savoirs et des connaissances entre travailleurs.