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Les psychédéliques, nouvelles perspectives pour les

thérapies du traumatisme
Évelyne Josse, Christophe Baliko, Avec l’aimable relecture de Zoë Dubus
Dans Hegel 2023/1 (N° 1), pages 2 à 16
Éditions Association pour la revue HEGEL
ISSN 2269-0530
DOI 10.3917/heg.131.0002
© Association pour la revue HEGEL | Téléchargé le 11/04/2024 sur www.cairn.info par Camille de Ginestel (IP: 109.136.110.153)

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Hegel Vol. 13 N° 1 - 2023
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DOI : 10.3917/heg.131.0002

Les psychédéliques, nouvelles perspectives


pour les thérapies du traumatisme

Psychedelics, new perspectives for traumatism therapies

Evelyne Josse1, Christophe Baliko2


Avec l’aimable relecture de Zoé Dubus3
1. Chargée de cours à l’Université de Lorraine (Metz), psychologue, psychothérapeute (EMDR, hypnose,
thérapie brève), psychotraumatologue, formatrice (psycho-traumatologie, hypnose)
evelynejosse@gmail.com
2. Psychothérapeute, hypnothérapeute et psychonaute.
Article original

3. Docteur en histoire, historienne de la santé

« De même qu'un seul événement horrible peut durablement modifier notre fonctionnement
cérébral, une expérience spirituelle - pas nécessairement euphorique, certaines sont difficiles -
peut être correctrice, fondatrice, transformatrice ».
Dr Stephen Ross

Résumé
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Les psychothérapies axées sur le traumatisme sont généralement préconisées comme traitement
de première intention pour les TSPT et les antidépresseurs ISRS comme traitement de deuxième
ligne. Néanmoins, les taux importants d’abandon en cours de traitement, tant psychothérapeutique
que médicamenteux, et le nombre de personnes continuant à souffrir malgré une ou plusieurs
tentatives de prise en charge indiquent que l’offre de soins actuelle ne répond pas aux besoins de
nombreux patients.
En 1971, la Convention sur les substances psychotropes, coordonnée par l’ONU, a classé les
psychédéliques dans les substances dangereuses sans réelle valeur thérapeutique. Toutefois,
depuis une vingtaine d’années, des centres de recherches obtiennent des dérogations pour mener
des essais cliniques.
Ces substances ouvrent des perspectives thérapeutiques alternatives prometteuses dans le
traitement de troubles de stress post-traumatique sévère. La première étude de phase 3, randomisée,
multisite, en double aveugle, contrôlée par placebo, montre une amélioration cliniquement
significative des symptômes de TSPT chez 88 % des patients et 67 % ne remplissent plus les
conditions requises pour un diagnostic de TSPT. Les PDL réduisent non seulement les symptômes
traumatiques, mais favorisent également la croissance post-traumatique. Ces substances se sont
aussi montrées efficaces à réduire les troubles du sommeil, l’anxiété sociale, l’addiction à l’alcool
et aux drogues et les troubles alimentaires chez les patients souffrant de TSTP. Le degré de
l’expérience « mystique » est apparu comme prédicteur de changements à long terme.
Les psychédéliques combinés à la psychothérapie présentent des avantages par rapport aux
médicaments existants utilisés comme traitement de première intention du TSPT en termes de
profil de sécurité et d’effets secondaires, d’efficacité et de durée de rémission. Toutefois, le profil
de sécurité des PDL peut varier en fonction du contexte dans lequel ils sont utilisés. Peu d’effets
secondaires négatifs durables et d’incidents graves sont signalés, mais des réactions indésirables
passagères sont fréquentes. Des cas très rares de trouble persistant des perceptions dû aux
hallucinogènes caractérisé par des symptômes perceptifs, principalement visuels, prolongés ou
récurrents, sont rapportés, généralement lorsqu’ils sont consommés dans un cadre récréatif.
L’expérience vécue sous psychédélique est fortement influencée par la disposition psychologique
du sujet et par le cadre dans lequel elle se déroule. Le concept de «set and setting» désigne
les paramètres non-médicamenteux de l’expérience qui façonnent la réponse aux substances
psychédéliques. La thérapie assistée par psychédéliques débute par quelques entretiens
préparatoires, se poursuit par la séance d’administration du psychédélique et continue par des
séances d’intégration avec un thérapeute.

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Mots-clés
Psychédélique ; MDMA ; Trouble de stress post-traumatique ; Croissance post-traumatique ; Psychothérapie
axée sur le traumatisme ; Antidépresseurs ; Inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine ;
Syndrome sérotoninergique sévère ; Trouble persistant des perceptions dû aux hallucinogènes ; Set and
setting

Abstract

Trauma-focused psychotherapies are generally advocated as first-line treatment for PTSD and
SSRI antidepressants as second-line treatment. Nevertheless, the significant dropout rates from
both psychotherapeutic and medication treatments, and the number of people continuing to suffer
despite one or more attempts at treatment, indicate that the current supply of care does not meet
the needs of many patients.
In 1971, the Convention on Psychotropic Substances, coordinated by the UN, classified psychedelics
as dangerous substances with no real therapeutic value. However, for the past twenty years,
research centers have been obtaining exemptions to conduct clinical trials.
These substances open up promising alternative therapeutic perspectives in the treatment of
severe post-traumatic stress disorders. The first phase 3, randomized, multisite, double-blind,
placebo-controlled study showed clinically significant improvement in PTSD symptoms in 88%
of patients and 67% no longer qualified for a PTSD diagnosis. PDLs not only reduce traumatic
symptoms, but also promote post-traumatic growth. These substances have also been shown
to reduce sleep disturbances, social anxiety, alcohol and drug addiction, and eating disorders in
patients with PTSD. The degree of “mystical” experience appeared to be predictive of long-term
changes.
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Psychedelics combined with psychotherapy have advantages over existing medications used as
first-line treatment for PTSD in terms of safety and side effect profile, efficacy, and duration
of remission. However, the safety profile of LDPs may vary depending on the context in which
they are used. Few long-lasting negative side effects and serious incidents are reported, but
transient adverse reactions are common. Very rare cases of persistent perceptual disturbance due
to hallucinogens characterized by prolonged or recurrent perceptual, mainly visual, symptoms are
reported, usually when used in a recreational setting.
The psychedelic experience is strongly influenced by the psychological disposition of the subject
and the setting in which it takes place. The concept of “set and setting” refers to the non-medicated
parameters of the experience that shape the response to psychedelics. Psychedelic-assisted
therapy begins with a few preparatory interviews, continues with the psychedelic administration
session and continues with integration sessions with a therapist.

Keywords
Psychedelic; MDMA; Post-traumatic stress disorder; Posttraumatic growth; Trauma-focused
psychotherapy; Antidepressants; Selective serotonin reuptake inhibitors; Severe serotonin syndrome;
Persistent perceptual disorder due to hallucinogens; Set and setting

Introduction
Les études sur les effets thérapeutiques des psychédéliques dans le traitement des syndromes
psychotraumatiques sont en pleine expansion. Ces substances constituent probablement la
percée thérapeutique potentielle la plus remarquée de ces dernières années dans le domaine de la
psychotraumatologie.

La psychothérapie est généralement préconisée comme traitement de première intention pour les
syndromes psychotraumatiques. L’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM) et
la Haute Autorité de Santé (HAS) conseillent spécifiquement les TCC et l’EMDR [1, 2]. L’HAS reconnaît
également les bénéfices de l’hypnose. L’Organisation Mondiale de la santé (OMS) recommande, quant à
elle, les TCC, individuelles ou en groupe, axées sur le traumatisme, l’EMDR et la gestion du stress [3]. Dans
une méta-analyse, Bradley et ses collaborateurs ont constaté que les différentes thérapies axées sur le
traumatisme ont une efficacité comparable ; l’amélioration clinique est probante chez 44 % des patients
[4]. Celles-ci se révèlent plus efficaces à réduire les symptômes du trouble de stress post-traumatique

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que les psychothérapies n’abordant pas spécifiquement le contenu traumatique [5]. Toutefois, selon
différentes études, entre 28 et 68 % des patients interrompent le processus thérapeutique en cours de
traitement [6, 7].

En ce qui concerne les traitements administrés par voie orale, comme le rappelle l’HAS, la paroxétine est
la seule molécule ayant une autorisation de mise sur le marché (AMM), en France, dans l’indication du
trouble post-traumatique. En cas d’échec de la paroxétine, les médicaments utilisés, hors AMM, sont les
autres inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) (sertraline, fluoxétine, fluvoxamine) ou
les antidépresseurs tricycliques (amitriptyline, imipramine). La paroxétine et la sertraline sont les deux
molécules approuvées par la Food and Drug Administration (FDA), aux États-Unis, pour le traitement
du TSTP. Cependant, les ISRS se sont avérés avoir peu d’effet sur les symptômes psychotraumatiques
[8] et sont donc recommandés par l’OMS comme traitement de deuxième ligne [3]. Il ressort des
méta-analyses que seule la paroxétine, évaluée dans trois essais cliniques de phase 3, fait mieux que
le placebo [8]. La sertraline, évaluée dans quatre essais de phase 3, reste sans effet significatif dans
deux études, et dans les deux autres, elle n’est efficace que sur les femmes et non sur les hommes [9].
Non seulement l’efficacité pharmacothérapeutique est faible à modérée [10], mais le taux d’abandon
est élevé, 11,7 % chez les sujets sous paroxétine et 28 % chez les sujets sous sertraline [9]. Dans
une méta-analyse comparant l’efficacité des traitements pharmacologiques du trouble de stress post-
traumatique, la phénelzine, un inhibiteur de la monoamine oxydase (IMAO), s’est révélée plus efficace
que près de la moitié des autres antidépresseurs et comptabilise significativement moins d’abandons que
le placebo [10]. La mirtazapine, un antidépresseur quadricyclique, s’est montrée relativement efficace,
mais plus de 50 % des sujets ont interrompu le traitement.

Dans une revue systématique évaluant la psychothérapie par rapport à la pharmacothérapie, les
psychothérapies axées sur le traumatisme ont des effets plus importants et plus durables que les
médicaments [10, 11]. Cependant, une méta-analyse, parue en 2020 dans la revue Psychiatry Research,
conclut qu’en raison de biais dans les études comparatives, les preuves sont actuellement insuffisantes
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pour déterminer laquelle des deux options, pharmacothérapie par ISRS ou psychothérapie axée sur le
traumatisme, constitue le traitement le plus efficace pour réduire les symptômes du TSPT [12]. Néanmoins,
les taux importants d’abandon en cours de traitement, tant médicamenteux que psychothérapeutique, de
l’ordre de 30 %, et le nombre de personnes continuant à souffrir d’un syndrome psychotraumatique malgré
une ou plusieurs tentatives de prise en charge, entre 25 à 50 % selon les études, indiquent à l’évidence que
l’offre de soins actuelle ne répond pas aux besoins de nombreux patients [13, 14, 15, 16, 17].

Définition
Le terme « psychédélique » (PDL) qualifie un ensemble de substances psychotropes, telles que le
LSD (acide lysergique diéthylamide), la mescaline (contenue dans le cactus peyotl), les champignons
à psilocybine (souvent appelés « champignons magiques »), l’ibogaïne, l’ayahuasca et la DMT (N,
N‑diméthyltryptamine, contenue dans l’ayahuasca) ainsi que de nombreux nouveaux produits de synthèse
(regroupés sous l’acronyme NPS). Ces substances sont aussi appelées « hallucinogènes sérotoninergiques »,
car elles agissent principalement sur les récepteurs à sérotonine (5-HT ou 5-HydroxyTryptamine) en
tant qu’agoniste partiel ou complet. L’éventail des effets subjectifs provoqués par les psychédéliques
sérotoninergiques a toutefois remis en question l’hypothèse du récepteur unique de l’action psychédélique.
Outre leur action sérotoninergique, la recherche a montré qu’ils peuvent aussi agir sur d’autres types
de neurotransmetteurs, tels que le glutamate, le GABA, l’adrénaline, la dopamine, la noradrénaline,
l’histamine, etc., et peuvent également agir comme substrats de transporteurs de monoamines [18].
Les mécanismes pharmacocinétiques et les profils d’affinité pharmacologiques sont complexes et n’ont
pas encore livré tous leurs secrets. La kétamine, la MDMA (3,4-méthylènedioxy-N-méthylamphétamine),
l’ecstasy ou Molly en est une version récréative, souvent impure et la salvinorine A (contenue dans
la Salvia divinorum ou « Sauge des devins ») ne correspondent pas stricto sensu à la définition des
psychédéliques sérotoninergiques en raison de leurs mécanismes d’action neuropharmacologique différents.
La kétamine agit comme inhibiteur du glutamate, la MDMA a pour cible les neurones dopaminergiques et
sérotoninergiques et la salvinorine A exerce une activité agoniste au niveau des récepteurs opioïdes kappa
(KOR). Ces produits ayant des effets subjectifs similaires aux psychédéliques dits classiques, nous avons
fait le choix de les assimiler. En effet, si l’on se réfère à l’étymologie, psychédélique signifie « qui révèle
l’esprit » et ces trois substances répondent parfaitement à cette définition.

Les psychédéliques sont une sous-classe des hallucinogènes, répartis en trois grandes familles : les
psychédéliques, les dissociatifs et les délirants. Le terme hallucinogène est trompeur et laisse croire
que les psychédéliques génèrent des hallucinations. Une hallucination est une perception sans objet. Un

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psychédélique, à moins d’être consommé à très hautes doses, ne produit pas de telles perceptions, mais
engendre plus généralement une altération ou une déformation des perceptions (par exemple, des lignes
et des couleurs) et un fonctionnement cognitif différent.

Notons encore que contrairement à d’autres substances psychotropes, les psychédéliques n’entraînent
pas de dépendance physique et/ou psychique.

C’est au psychiatre britannique Humphry Osmond que l’on doit le néologisme « psychédélique ». Alors
qu’il cherchait un terme pour désigner ces substances dont il explorait les effets, son ami, l’écrivain
Aldous Huxley, lui écrit, en 1956 : « Pour rendre ce monde trivial sublime, prenez un demi-gramme de
phanérothyme » (« qui rend l’âme visible », de « phaneroein », « visible » et « thymos », « âme »).
Osmond lui réplique par ce distique : « Pour sonder l’enfer ou planer comme un ange, prenez juste une
pincée de psychédélique. » Le terme psychédélique était né. Forgé à partir des mots grecs « psyché »,
« esprit », et « delos », « ce qui est révélé », il signifie : « qui révèle l’esprit » [19].

En France, la dénomination « psychédélique » est controversée au sein du corps médical. Ses détracteurs
lui préfèrent l’appellation « psychodysleptique », perturbateurs psychiques, proposé par Jean Delay et
Pierre Deniker en 1957. Ce terme renvoie aux perturbations des perceptions et cognitions évoquant des
manifestations psychotiques ; il traduit une conception pathologique des effets psychoactifs, occultant
leurs vertus thérapeutiques [20]. Cette désignation est toutefois de moins en moins usitée.

L’expérience induite par un psychédélique est appelée « expérience psychédélique », « trip » ou


« voyage ».

Bref historique des psychédéliques en psychothérapie


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Dans les années 1920 à 1970, les psychédéliques (PDL) ont connu leur heure de gloire dans le champ
de la thérapie. Moult études et recherches, menées dans de nombreuses universités, ont permis des
avancées significatives dans la Psychothérapie Assistée par Psychédélique (PAP) de diverses pathologies.
En 1943, Albert Hofmann, un chimiste suisse, découvre fortuitement les propriétés psychotropes du LSD,
une substance qu’il a lui-même synthétisée cinq ans plus tôt à partir de l’ergot du seigle. Rapidement, le
LSD suscite l’intérêt de la communauté scientifique internationale. Au cours des années 1950-1970, les
psychédéliques, et en particulier le LSD, compte parmi les substances psychoactives les plus étudiées
dans le monde. Dans le secteur de la recherche, ils sont un moyen d’explorer le fonctionnement du
cerveau. Dans le domaine thérapeutique, ils sont prescrits dans de nombreuses indications telles que
le traitement de la dépression, de la dépendance à l’alcool, de la douleur et de l’anxiété liée à la fin de
vie.

En France, l’année 1966 sonne le glas des psychédéliques. Claudine Escoffier-Lambiotte, médecin et
journaliste respectée, rédige dans le journal « Le Monde » une série d’articles alarmistes. Le LSD, prétend-
elle, est une drogue redoutable à l’origine de psychoses. Les médias s’emballent et surenchérissent,
véhiculant les histoires les plus folles. L’affaire prend de l’ampleur. Les autorités sont forcées de réagir
et, six semaines à peine après la publication de la chronique de Claudine Escoffier-Lambiotte, le
gouvernement classe la substance dans la catégorie des stupéfiants. Cette décision est prise à la hâte,
au mépris des données scientifiques attestant des vertus thérapeutiques des psychédéliques et de la
sécurité de leur usage1. Ce battage médiatique à charge est d’autant plus surprenant qu’en France, le
LSD est principalement administré dans les structures hospitalières et que peu nombreux sont les jeunes
à le consommer de manière récréative [21].

Aux États-Unis, les années 1960 sont traversées par divers mouvements de contestation. La jeunesse
se révolte contre la société de leurs parents. Ils militent contre la guerre du Vietnam, ils luttent pour
le droit des femmes, ils réclament une société plus juste envers les Noirs américains. Ces mouvements
déplaisent à la société conservatrice américaine. Aux fins de décrédibiliser ces mouvements sociaux,
une campagne de désinformation est lancée ; le LSD est pointé du doigt. Cette substance, dit-on,
détruit le cerveau des jeunes consommateurs et les amènent à se rebeller contre l’ordre établi. Le sujet
devient politique. En 1968, l’agence nationale du médicament (Food and Drug Administration) fait fi

1. Notons toutefois que les études n’ont pas été menées avec le même soin méthodologique que les recherches
actuelles.

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des recherches scientifiques prometteuses, et, en dépit des résultats thérapeutiques probants, interdit
les recherches sur les psychédéliques. En 1970, la loi sur les substances contrôlées sonne la fin de la
récréation pour le mouvement hippie et prohibe toute consommation de substances psychédéliques. Les
barbituriques, pourtant nettement plus dangereux, générant des dépendances et présentant des risques
importants d’intoxication, passent sous les radars.

En 1971, la Convention sur les substances psychotropes, coordonnée par l’ONU, classe les psychédéliques
dans la liste des substances dangereuses sans réelle valeur thérapeutique. Cette loi impacte tout le
monde occidental. La classification des psychédéliques dans les stupéfiants met fin aux études cliniques
et aux applications thérapeutiques.

Entre 1950 et 1970, plus de mille articles ont été publiés et 40 000 sujets traités par PDL ont été
présentés dans la littérature médicale. Durant cette période, de nombreux patients ont également reçu
des psychédéliques dans les hôpitaux et dans les cabinets des psychiatres. Certains psychiatres déclarent
avoir pris en charge, à eux seuls, plusieurs centaines de patients [22]. Les recherches concernant l’usage
thérapeutique des PDL se sont principalement concentrées sur la dépression et les troubles anxieux
(psilocybine, LSD, MDMA, mescaline), sur diverses addictions (LSD, ayahuasca, ibogaïne, psilocybine) et
sur la thérapie des troubles de stress post traumatique (DMT, ibogaïne, kétamine, MDMA).

Après 40 ans de restrictions, nous assistons à un regain d’intérêt pour l’usage des psychédéliques en
psychothérapie. Depuis le début des années 2000, ce mouvement prend de l’essor. Les essais cliniques
actuels confirment les effets thérapeutiques rapportés par les scientifiques dans les années 1960 et
1970. Une méta-analyse récente démontre que ces substances ouvrent des perspectives thérapeutiques
alternatives prometteuses dans le traitement de troubles résistant aux moyens actuels de prise en charge
(trouble anxiodépressif associé à une pathologie grave et incurable, dépression chronique, addictions,
trouble obsessionnel compulsif), d’efficacité rapide, dont les bienfaits peuvent perdurer plusieurs mois
après une dose unique [23].
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Les études scientifiques sur les psychédéliques
dans les syndromes psychotraumatiques

Impact sur le trouble de stress post-traumatique et sur les troubles


associés
En 1984, un an après que la MDMA avait été déclarée illégale, un Américain, Rick Doblin, crée l’association
multidisciplinaire pour les études psychédéliques, la MAPS (Multidisciplinary Association for Psychedelic
Studies), qui milite pour l’autorisation des études scientifiques sur les PDL et pour la légalisation d’une
psychothérapie assistée par MDMA du trouble de stress post-traumatique résistant. Seize ans plus tard,
en 2000, la MAPS commence à parrainer des essais cliniques sur la thérapie assistée par MDMA pour le
TSPT. Il faudra toutefois attendre 2004 pour que débutent les premiers essais cliniques avec la substance
sur des patients souffrant de trouble psychotraumatique [24]. La reprise de la recherche concerne
également d’autres substances, notamment le LSD, mais en particulier la psilocybine qui souffre d’une
image moins sulfureuse. Ce n’est qu’en 2014 que sont publiés, dans la revue américaine « Science », les
premiers résultats d’un essai clinique avec le LSD [25]. Depuis, des études de plus en plus nombreuses
sont conduites aux États-Unis, au Canada, en Suisse, en Angleterre, en Hollande, en Italie, en Allemagne,
en France, en Belgique et un peu partout dans le monde. Bien que différentes substances puissent être
administrées dans les TSPT, la MDMA, la DMT et la kétamine2 semblent avoir la faveur des scientifiques.
Les résultats sont prometteurs, comme les recherches le démontrent.

Une étude menée par la MAPS, sous l’égide de Michael Mithoefer et de son équipe, entre 2010 et 2015,
sur des anciens combattants, des pompiers et des policiers, a été publiée dans la très renommée
revue médicale « The Lancet » en 2018 [24]. Les participants ont reçu 30 mg, 75 mg ou 125 mg de
MDMA ainsi qu’une psychothérapie non-médicamenteuse. Les groupes 75 mg et 125 mg ont présenté

2. Dans la onzième édition de sa nosographie, la CIM rapporte que la kétamine est en cours d’évaluation pour
le traitement de certains troubles mentaux, dont les troubles dépressifs résistants au traitement (6C4D Troubles dus
à l’utilisation de médicaments dissociatifs, notamment la kétamine et la phencyclidine [PCP], CIM-11, 2022).

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des diminutions significativement plus importantes de la sévérité des symptômes du TSPT que le
groupe 30 mg. Les doses actives (75 et 125 mg) se sont révélées statistiquement supérieures à la
dose-témoin et au placebo. Les symptômes du TSPT ont été significativement réduits lors du suivi à
12 mois après que tous les groupes avaient reçu une dose complète de MDMA. Une autre étude en
aveugle menée par la MAPS, publiée en 2020, confirme l’efficacité à long terme de la MDMA sur 107
participants souffrant d’un trouble de stress post-traumatique modéré ou sévère, répartis en trois
groupes : groupe à dose active, groupe contrôle et groupe placébo [26]. Les symptômes du TSPT ont
été réduits un à deux mois après la psychothérapie et l’amélioration s’est poursuivie au moins 12 mois
après le traitement.

Entre 2017 et 2019, une étude, utilisant la DMT (5-MeO-DMT-diméthyltryptamine) et l’ibogaïne, a


été réalisée avec 51 vétérans des forces spéciales de l’armée américaine souffrant de TSPT suite à
l’exposition répétée à des événements délétères [27]. Nombre d’entre eux souffraient de troubles
cognitifs suite à un traumatisme crânien (82 %) ou à un effet de blast3 (18 %). Après une séance
d’ibogaïne ou 3 à 5 séances de DMT, suivies de séances d’intégration (parler de l’expérience à un
thérapeute ou à d’autres patients, écrire, tenir un journal intime)4, les symptômes de stress post-
traumatique, d’anxiété et de dépression, les idées suicidaires et les troubles cognitifs ont été réduits de
façon significative. Plus de 80 % des participants ont déclaré être très satisfaits des résultats obtenus
(28 % très satisfaits et 53 % entièrement satisfaits) et 93 % ont affirmé : « que ce programme était
"bien meilleur" que les traitements antérieurs qu’ils avaient tentés dans le passé. »

Durant la même période, dans une autre étude réalisée par la MAPS, avec la MDMA, sur 14 sites (12
aux États-Unis et 2 au Canada), avec 37 patients souffrant de trouble de stress post-traumatique,
notamment suite à des traumatismes répétés (81,1 %) ou à des traumatismes précoces (78,4 %),
90,6 % ont signalé une réduction cliniquement significative des scores de gravité totaux au CAPS-55
et 75 % ne répondaient plus aux critères de diagnostic du TSPT après trois sessions expérimentales
[28].
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Une méta-analyse de 2021 conclut que la psychothérapie assistée par MDMA a davantage réduit les
scores au CAPS que la psychothérapie de contrôle [29]. Celle-ci a permis d’atteindre des scores CAPS
suffisants pour ne plus correspondre à la définition du TSPT. Une autre revue systématique parvient aux
mêmes conclusions [30]. La psychothérapie assistée par MDMA a montré une réduction importante des
symptômes du TSTP et un taux élevé de rémission.

Les résultats prometteurs obtenus aux six études de phase 2 commanditées par la MAPS, incluant des
participants présentant un traumatisme sévère (CAPS de 50 ou plus), n’ayant pas répondu ou toléré au
moins un traitement standard et souffrant d’un TSTP depuis 17,9 ans en moyenne, ont permis de passer
aux essais de phase 36 et ont conduit la FDA à désigner de « thérapie révolutionnaire » (Breakthrough
Therapy) la thérapie assistée par MDMA dans le traitement des troubles de stress post-traumatique.

3. Terme anglais signifiant « effet de souffle » et désignant les conséquences de l’onde de choc d’un projectile
ou d’un explosif sur l’organisme. Le blast peut provoquer des contusions légères jusqu’aux plaies les plus délabrantes,
parfois mortelles.
4. Le protocole de prise en charge sera décrit plus en détail en fin de chapitre.
5. CAPS pour « Clinician-Administered PTSD Scale » et « 5 » pour DSM-5. Cette échelle, développée par Blake
et al., en 1990, est une échelle qui évalue la fréquence et l’intensité des symptômes du trouble de stress post-trauma-
tique répertoriés dans le DSM (CAPS-4, pour le DSM IV, CAPS-5 pour le DSM-5), leur incidence sur le fonctionnement
social et professionnel du patient et la sévérité globale de l’ensemble de ces symptômes, l’amélioration du patient et
la validité des scores obtenus. C’est l’échelle la plus reconnue pour évaluer le TSPT. La plupart des études citées dans
cet article ont utilisé le CAPS. Le score maximum est de 88. Les seuils établis pour faire le dépistage du trouble de
stress post-traumatique (TSPT) varient de 22 à 44 dans la littérature.
6. Pour être commercialisée, une molécule passe par trois phases d’essais cliniques. La phase 1 correspond à
la première administration du candidat médicament à l’homme. Celui-ci est donné à un petit nombre de participants
volontaires afin d’évaluer sa toxicité. En phase 2, la molécule est testée sur un nombre limité de malades pour confir-
mer le bénéfice thérapeutique et pour déterminer la dose minimale efficace et les effets secondaires. La phase 3 vise
à évaluer l’efficacité du médicament sur une cohorte de patients plus importante et son efficacité comparée à un
placebo et aux traitements de référence existants (s’il en existe). Le produit pourra être commercialisé si sa balance
bénéfice/risque est positive, c’est-à-dire si son bénéfice pour la santé est supérieur à ses inconvénients potentiels.
Une quatrième phase commence après la mise sur le marché. Elle permet de suivre l’utilisation du médicament à long
terme dans des conditions réelles d’utilisation afin de détecter des effets indésirables rares, des complications tardives
ou encore des biais de prescription.

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8

Une première étude de phase 3, randomisée, multisite (15 sites répartis sur les États-Unis, le Canada et
Israël), en double aveugle7, contrôlée par placebo, a examiné l’efficacité de la MDMA pour le TSPT sévère
[31]. Une dose active de MDMA ou un placebo ont été administré, en deux ou trois sessions espacées
d’un mois, à des personnes souffrant de TSPT sévère, en moyenne depuis 14,8 ans (13,2 dans le groupe
MDMA), y compris à celles présentant des comorbidités telles que dissociations, dépression, addictions,
et celles ayant subi des traumatismes dans l’enfance. La première prise de MDMA a été précédée de trois
séances de thérapie non-médicamenteuse de 90 minutes et chaque séance expérimentale a été suivie de
trois sessions d’intégration, espacées d’une semaine, au cours desquelles les participants ont été aidés
à comprendre et à intégrer leur expérience. Lors de la première session expérimentale, les participants
ont reçu une dose initiale de 80 mg suivie d’une demi-dose supplémentaire de 40 mg, 1h30 à 2h30
plus tard. Lors de la deuxième et de la troisième sessions expérimentales, les participants ont reçu une
dose initiale de 120 mg suivie d’une demi-dose supplémentaire de 60 mg. En mai 2021, la prestigieuse
revue scientifique « Nature » a publié les résultats. Après deux sessions expérimentales en aveugle, le
groupe ayant reçu une dose active de MDMA présentait une réduction significativement plus importante
des scores totaux au CAPS-5 que le groupe témoin. 88 % des participants présentaient une amélioration
cliniquement significative de leurs symptômes de TSPT et 67 % ne remplissaient plus les conditions
requises pour un diagnostic de TSPT (contre 32 % dans le groupe placebo). La MDMA s’est révélée
pareillement efficace chez les participants avec ou sans troubles dissociatifs, avec ou sans antécédents
d’addiction à l’alcool ou aux drogues ainsi que chez les patients ayant subi des traumatismes sévères
dans l’enfance. De plus, le traitement par MDMA a permis de réduire les symptômes de dépression
évalués par l’inventaire de dépression de Beck II8.

Le deuxième essai de phase 3 a été finalisé le 22 novembre 2022 (MAPP2) [32]. Les résultats préliminaires
sont statistiquement significatifs, similaires à ceux de la première étude citée ci-dessus, et aucun problème
préoccupant de sécurité n’a été relevé [33]. Les résultats finaux devraient aboutir à une évaluation, par
la FDA, de la sécurité et de l’efficacité du traitement. Dans les suites de cette ultime étude, elle devrait,
en toute logique, autoriser la commercialisation de la MDMA pour le traitement du trouble de stress
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post-traumatique sévère. Cette approbation est attendue courant du deuxième trimestre de 2024. Une
telle avancée aux États-Unis devrait progressivement ouvrir des perspectives favorables pour l’utilisation
thérapeutique des PDL dans les pays européens.

Les personnes ayant été traitées par psychédéliques dans le cadre d’études scientifiques contrôlées
rapportent parfois des expériences mystiques (dissolution de l’ego, sentiments profonds de sens, de
sacré, d’interconnexion, transcendance du temps et de l’espace, ineffabilité, humeur positive). Or, une
méta-analyse récente démontre que plus une expérience est mystique, plus elle a du sens pour la
personne, et plus les troubles dont elle souffre s’amendent [34]. Le degré de l’expérience « mystique »
est apparu comme prédicteur de changements à long terme.

Chez les patients souffrant de TSTP, les PDL se sont aussi montrés efficaces à réduire les troubles du
sommeil [35], l’anxiété sociale [36], l’addiction à l’alcool et aux drogues [37] et les troubles alimentaires
[38].

La croissance post-traumatique
Dans l’essai clinique de Davis et de ses collaborateurs [27], après la thérapie assistée par PDL, les participants
ont rapporté des changements positifs dans divers domaines : bien-être personnel et satisfaction dans la
vie (77 %), but de la vie (75 %), sens de la vie (73 %), relations sociales (73 %), attitude à l’égard de
la vie (74 %), attitude vis-à-vis de soi (72 %), humeur (59 %), comportement (63 %), attitude à l’égard
de la mort (56 %), degré de spiritualité (65 %), relation à la nature (57 %) et opinion sur la véritable
nature de la réalité et de l’univers (69 %). La plupart ont évalué leur expérience psychédélique comme
l’une des cinq expériences les plus significatives de leur vie sur le plan personnel (84 %), spirituel (88 %)
et psychologique (86 %). Une revue des études disponibles confirme ces effets [39]. La MDMA réduit
non seulement les symptômes traumatiques, mais elle semble également favoriser la croissance post-

7. Dans une étude en double aveugle, ni le patient ni le prescripteur ne savent si le patient reçoit le principe
actif ou le placebo. Or, vu les effets hallucinogènes des PDL, il semble évident qu’une étude à double insu ne peut être
correctement menée avec un placebo.
8. L’inventaire de dépression de Beck est le questionnaire de dépression le plus utilisé parmi la population
adulte.

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9

traumatique9. Évaluée grâce à l’inventaire de croissance post-traumatique validé de Tedeschi et Calhoun,


cette croissance post-traumatique est notable après seulement deux sessions de MDMA et se maintient
au moins un an après le traitement. Elle se manifeste par l’amélioration des relations interpersonnelles,
le développement de la spiritualité, une impression élargie du champ des possibles, une évaluation plus
positive des forces personnelles et une meilleure capacité à apprécier la vie.

Les effets indésirables


Le développement des études sur les psychédéliques et leur commercialisation probable dans les années
à venir posent l’impérieuse question des effets négatifs de ces substances. Il convient de distinguer les
effets négatifs à court et à long termes.

Les effets indésirables à court terme


Dans l’étude de Wang et de ses collaborateurs, le jour même des séances de MDMA, les effets secondaires
les plus fréquemment signalés sont les contractures musculaires (73 %), les céphalées (62 %),
l’insomnie (49 %), le nystagmus (30 %) et les nausées (27 %). Dans les 48 heures post-traitement, les
effets indésirables les plus rapportés, de légers à modérés, sont les maux de tête (68 %), les tensions
musculaires (49 %), l’insomnie (35 %), l’anxiété (32 %), les nausées (30 %), la fatigue (27 %) et les
idées suicidaires (27 %) [28].

La méta-analyse des essais cliniques de phase 2, parrainés par la MAPS, montre que les réactions
indésirables se manifestent principalement le jour de l’administration de la MDMA et qu’elles disparaissent
généralement en quelques jours. Le jour de la session expérimentale, les effets aversifs les plus souvent
rapportés sont l’anxiété, la crispation des mâchoires, le manque d’appétit, la diarrhée, les maux de
tête, les difficultés de concentration, les vertiges, les jambes lourdes, les troubles de la marche et de
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l’équilibre, le nystagmus, la paresthésie, la transpiration, la sensibilité au froid, la soif et la fatigue.
Les symptômes sont d’intensité légère à modérée et disparaissent presque tous dans les 7 jours post-
traitement [9].

De la recherche de phase 3 de Mitchell et de son équipe, il ressort que le profil de sécurité de la


MDMA est favorable. Aucun incident grave n’a été signalé. Les effets secondaires les plus fréquemment
rapportés pendant le traitement, généralement transitoires et de gravité légère à modérée, sont des
tensions musculaires, une diminution de l’appétit, des nausées, une hyperhidrose (sueurs), une mydriase
(dilatation des pupilles) et une sensation de froid. Trois participants du groupe MDMA ont signalé des idées
suicidaires, des comportements suicidaires et des automutilations. Toutefois, le produit ne semble pas
induire une augmentation de la suicidalité10. L’imputation de ces troubles au médicament est délicate, car
la pathologie elle-même induit un risque suicidaire élevé. En effet, cinq participants du groupe placebo,
soit deux de plus que dans le groupe MDMA, ont rapporté ces mêmes troubles, alors qu’ils n’ont donc
pas reçu de PDL [31].

De très rares cas de syndrome sérotoninergique sévère engendré par les psychédéliques ont été
rapportés. Cet effet indésirable grave, potentiellement mortel, est provoqué par une accumulation de
sérotonine dans le cerveau, en raison d’une augmentation de sa synthèse ou de sa libération et/ou d’une
diminution de son métabolisme ou de sa recapture. Il se caractérise par une altération de l’état mental
(confusion, délire, agitation) et/ou par une hyperactivité autonomique (tachycardie, hypertension,
hypersudation, diarrhée, hyperthermie) et/ou par des anomalies neuromusculaires (tremblements,
frissons, hyperréflexie, akathisie11, mydriase) [40]. Le risque de syndrome sérotoninergique est accru
en cas de consommation concomitantes de substances sérotoninergiques telles que les antidépresseurs.
Ce risque est quasi nul dans un cadre clinique, car le risque de surdosage, de polyconsommation et
d’interaction avec des médicaments est contrôlé.

9. En 1995, Richard Tedeschi et Lawrence Calhoun nomment « croissance post-traumatique » le processus d’at-
tribution de sens par lequel la souffrance devient un moyen de croissance personnelle. Les changements dans la vie
cognitive et émotionnelle qui en découlent amèneraient le sujet traumatisé à dépasser son niveau de fonctionnement
psychologique avant traumatisation.
10. La suicidalité, ou risque de suicide, est un état psychique dans lequel toutes les pensées, idées, impulsions
et actions sont dirigées de manière ciblée sur sa propre mort.
11. L’akathisie se caractérise par des impatiences, une impossibilité de s’asseoir ou de rester dans la position
assise, un besoin irrépressible d’agitation, de se balancer en position debout ou assise, de piétiner ou de croiser et
décroiser les jambes. Elle peut s’accompagner d’angoisse, le sujet ne se sentant bien dans aucune position.

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10

Les effets indésirables à long terme


Une revue systématique de la littérature scientifique, synthétisant les résultats de 34 études expérimentales
récentes avec des PDL (principalement, avec la psilocybine), démontre que la thérapie assistée par
psychédélique est généralement sûre et bien tolérée [31, 41]. Peu d’effets secondaires négatifs durables
et d’incidents graves sont signalés chez les 2000 sujets traités par PDL, mais des réactions indésirables
passagères sont fréquemment rapportées. Des symptômes d’anxiété, de dépression et d’instabilité
émotionnelle sont constatés dans moins d’un cas sur 100 et s’amendent dans le mois. Les participants
considèrent que l’absence d’effets indésirables à long terme est un bénéfice substantiel par rapport aux
médications précédemment reçues (antidépresseurs, par exemple).

La littérature rapporte toutefois des cas, heureusement rares, de « trouble persistant des perceptions dû
aux hallucinogènes » (TPPH), hallucinogen persisting perception disorder (HPPD) en anglais. Ce syndrome
se caractérise par des symptômes perceptifs, principalement visuels, prolongés ou récurrents, rappelant
l’action des psychédéliques, tels que halos, flashs de couleurs ou de lumière, images rémanentes, conscience
accrue des « corps flottants »12, etc. Les symptômes varient considérablement d’une personne à l’autre.
Ils peuvent être épisodiques, induits par le stress ou par une substance psychotrope, ou être persistants.
Le plus souvent, le TPPH survient après une consommation de LSD, mais il peut également être généré
par une substance aux effets pharmacologiques proches, agissant sur les récepteurs sérotoninergique
5-HT2A, comme le cannabis, la MDMA et les nouvelles substances psychoactives de synthèse (NPS). Le
TPPH semble favorisé par la quantité de substance absorbée, par la répétition des ingestions, par une
polyconsommation de substances psychoactives, dont le cannabis et l’alcool, par le stress ainsi que par
les antécédents psychologiques et psychiatriques du sujet (par exemple, troubles anxieux et autres
antécédents psychiatriques) [42]. Sans surprise, il atteint davantage les consommateurs récréatifs que
les patients inclus dans les essais cliniques, encadrés et contrôlés.

Le TPPH a été introduit sous le diagnostic de « trouble de la perception post-hallucinogène » en 1987


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dans le DSM-III-R et est devenu « Trouble persistant des perceptions dû aux hallucinogènes » en 2000,
dans la quatrième version révisée du DSM (DSM-IV-TR).

Trouble persistant des perceptions dû aux hallucinogènes 292.89 (F16.983) selon de DSM-5 {xe"stress"}
{xe"stress aigu"}
A. Après avoir cessé l’usage d’un hallucinogène, au moins un des symptômes perceptifs
qui ont été ressentis au moment de l’intoxication par l’hallucinogène (p. ex. hallucinations
géométriques, fausses perceptions de mouvement à la périphérie du champ visuel, flashs de
couleur, traînées d’images lors de la vision d’objets en mouvement, persistance des images
après disparition des objets, halos autour des objets, macropsie et micropsie) est à nouveau
éprouvé.
B. Les symptômes du critère A causent une souffrance cliniquement significative ou une
altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants.
C. Les symptômes ne sont pas dus à une affection médicale (p. ex. lésions anatomiques et
infections cérébrales, épilepsies visuelles), et ne sont pas mieux expliqués par un autre
trouble mental (p. ex. état confusionnel, démence, schizophrénie) ou par des hallucinations
hypnopompiques.
Le trouble persistant des perceptions dû aux hallucinogènes survient principalement suite à
la consommation du LSD (diéthylamide de l’acide lysergique) mais pas exclusivement.

Lev-Ran et ses collaborateurs proposent de distinguer deux types de TPPH [43]. Le type 1 se caractérise par
des flashbacks transitoires, c’est-à-dire par de brèves ré-expérimentations d’altération de la perception,
de l’humeur et/ou de la conscience vécues sous psychédélique, parfois agréables et maîtrisables. Il peut
apparaître plusieurs jours ou plusieurs mois après l’expérience induite par la substance hallucinogène.
Selon les études, 5 à 50 % des consommateurs d’hallucinogènes peuvent être touchés par ce syndrome
[44]. Le TPPH de type 2 correspond à la définition du DSM-5. II est envahissant, chronique et de longue
durée, pouvant perdurer plusieurs mois ou plusieurs années, cinq ans ou davantage. Les phénomènes
visuels sont incontrôlables et perturbants. La symptomatologie peut s’accompagner de dépersonnalisation,

12. Petites formes irrégulières (taches sombres, points noirs, filaments) se déplaçant dans le champ visuel. Il
s’agit de débris flottant dans la masse gélatineuse de l’œil, le vitré. En se déplaçant, ils peuvent projeter une ombre
sur la rétine.

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11

de déréalisation, d’anxiété et de dépression [44]. Il est très difficile d’évaluer la prévalence réelle du TPPH.
Selon une étude menée par Halpern et ses collaborateurs, un consommateur sur 50 000 répondraient
aux critères du TPPH de type 2 [45].

Le LSD, la psilocybine, la DMT et la mescaline ne présentent pas de risque de toxicité susceptible


d’entraîner la mort, contrairement à la kétamine, la MDMA, la 5-MeO-DMT, l’ibogaïne et certains
nouveaux produits de synthèse (NPS). Toutefois, les doses létales sont nettement supérieures à celles
communément utilisées [42].

Les psychédéliques combinés à la psychothérapie présentent des avantages par rapport aux médicaments
existants utilisés comme traitement de première intention du TSPT en termes de profil de sécurité et
d’effets secondaires, d’efficacité et de durée de rémission. Toutefois, leur profil de sécurité peut varier en
fonction du contexte dans lequel ils sont utilisés. Ils peuvent conduire le sujet à traverser des expériences
psychologiques difficiles, en particulier lorsqu’ils sont consommés hors cadre thérapeutique, sans que
soient tenues en compte les contre-indications, sans préparation, soutien et intégration appropriés, par
des personnes souffrant de troubles psychiatriques ou en situation de crise. Si les effets à long terme
sont rares, jusqu’à un tiers des participants ont manifesté une anxiété ou une peur aiguë à un moment
donné au cours des séances à forte dose. Ces inconvénients, transitoires et gérables dans un cadre
thérapeutique, peuvent s’avérer délétères dans un contexte récréatif [30].

Les contre-indications
La littérature rapporte des problèmes physiques ou somatiques graves, survenus dans les suites d’une
consommation de psychédéliques. Bien que ces cas soient très rares et parfois contestés, la prudence
reste de mise.
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Les pathologies psychiatriques
Compte tenu de l’absence de données cliniques suffisantes, les psychédéliques sont déconseillés aux
personnes ayant présenté précédemment un épisode psychotique. Il en est de même si un de leur parent
proche souffre ou a souffert d’une pathologie du spectre de la psychose. En effet, quelques cas rapportés
dans la littérature suggèrent que les PDL pourraient induire un trouble psychotique chez les sujets
prédisposés [46, 47, 48, 49]. Cependant, une étude publiée dans « Nature » affirme qu’aucun lien n’a pu
être établi entre la prise de psychédéliques et un épisode psychotique [50]. Selon la CIM-11, « parmi les
troubles mentaux liés à l’utilisation d’hallucinogènes, le trouble psychotique induit par les hallucinogènes
est le plus fréquemment observé, bien qu’il soit encore assez rare à l’échelle mondiale » (« Troubles dus
à la consommation d’hallucinogènes (6C49) », CIM-11, 2022).

Les PDL doivent être administrés avec prudence aux patients atteints d’un trouble bipolaire. Leur
action antidépressive pourrait favoriser le déclenchement d’une phase maniaque [51]. La communauté
scientifique devrait toutefois étudier les avantages et les inconvénients potentiels des PDL pour les
patients souffrant de ce trouble. Des essais cliniques menés avec prudence, dans un cadre approprié,
ciblant les personnes bipolaires les moins exposées au risque de manie (par exemple, trouble bipolaire
de type II13), devraient être menés, compte tenu de l’impact considérable de la dépression sur cette
population [52].

Les pathologies physiques


Si les effets secondaires communément rencontrés après ingestion de PDL peuvent être pénibles pour les
personnes en bonne santé, pour celles souffrant d’une maladie cardiovasculaire sévère et non-contrôlée
par le traitement médicamenteux, ils peuvent s’avérer dangereux en raison de l’augmentation de la
fréquence cardiaque et de la tension artérielle [53, 54, 55].

Les interactions médicamenteuses


Les psychédéliques interagissent avec de nombreuses substances, notamment celles ayant des actions
sérotoninergiques, à savoir les antidépresseurs (ISRS, tricycliques), le lithium prescrit dans les cas de
troubles bipolaires, les triptans destinés aux traitements aigus des crises de migraine, le métoclopramide

13. Dans le trouble bipolaire de type II, les patients présentent des phases hypomaniaques et non maniaques.
La phase hypomaniaque, en comparaison de la phase maniaque, est moins intense et moins longue.

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utilisé pour ses effets antiémétiques et stimulants de la motricité du tube digestif, la lévodopa
administrés aux patients parkinsoniens, la phentermine favorisant l’amaigrissement, la pseudoéphédrine
recommandée comme antihistaminique et antipyrétique, le linézolide, un antibiotique, la méthadone
indiquée pour soulager les douleurs graves et la dépendance aux opioïdes et le dextrométhorphane, un
médicament pour la toux [56]. La liste complète des médications prises par les patients candidats à la
thérapie assistée par psychédélique doit permettre d’écarter les sujets à risque.

Les études comparatives


Psychédéliques versus antidépresseurs
Une étude comparant l’efficacité et la sûreté de la psychothérapie assistée par la MDMA par rapport à la
paroxétine et à la sertraline a été réalisée par la MAPS en 2019 [9]. L’étude a démontré la supériorité
substantielle de la MDMA, en termes de sécurité et d’efficacité, par rapport aux pharmacothérapies
disponibles. La psychothérapie assistée par MDMA présentait des taux d’abandon plus faibles que les
traitements à la sertraline et à la paroxétine. Le taux d’abandon chez les sujets traités par MDMA dans
les six essais de phase 2 parrainés par la MAPS était de 6,8 %, alors qu’il est de 11,7 % chez les sujets
traités par le paroxétine et de 28 % chez les sujets traités par la sertraline.

Les études démontrent une réponse clinique rapide après une dose unique de MDMA alors que les inhibiteurs
sélectifs de la recapture de la sérotonine nécessitent un minimum de deux semaines de traitement
quotidien avant d’obtenir une amélioration probante de la symptomatologie psychotraumatique.

Tout comme pour la MDMA, des effets indésirables sont signalés avec les ISRS. Dans les essais sur la
paroxétine, les réactions négatives les plus fréquemment rapportées par les patients souffrant de TSPT
sont les nausées (19 % d’entre eux), l’asthénie, la transpiration, la sécheresse buccale, la diarrhée, une
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réduction de l’appétit, la somnolence, une diminution de la libido ainsi que des troubles de l’éjaculation
et l’impuissance chez les hommes et des troubles génitaux chez les femmes. Pour la sertraline, les effets
secondaires les plus fréquents sont les nausées, les céphalées, l’insomnie, la diarrhée, la sécheresse
buccale, les troubles de l’éjaculation, la somnolence, les étourdissements et la fatigue. Comparativement
à la MDMA, les effets négatifs générés par les ISRS sont signalés sur une plus longue période en raison
du traitement prolongé [9].

L’arrêt du traitement des antidépresseurs doit être progressif et peut s’accompagner d’effets indésirables
(nausées, insomnie, agitation, anxiété). La MDMA n’étant consommée que quelques fois, les symptômes
de sevrage à l’arrêt sont très limités.

Les psychédéliques n’étant administrés que sous-observation directe dans le cadre thérapeutique, les
risques de surdosage accidentel ou intentionnel sont réduits quasiment à néant, ce qui n’est pas le cas
avec les antidépresseurs.

Psychothérapie assistée par psychédélique versus Psychothérapie


centrée trauma
Actuellement, à notre connaissance, il n’existe pas d’études randomisées comparant la psychothérapie
assistée par la MDMA aux thérapies centrées sur le traumatisme, reconnues pour être les plus efficaces
des psychothérapies du trauma. Sans ce type d’étude, on ne peut conclure que l’une ou l’autre approche
soit supérieure en termes d’efficacité ou de tolérance.

Les modalités de la thérapie assistée par psychédéliques

Le « set and setting »


L’expérience vécue sous psychédéliques est éminemment subjective et fortement influencée par la
disposition psychologique du sujet et par le cadre dans lequel elle se déroule. Le concept de «set and
setting» a émergé dans le champ de la recherche dans les années 1960 et est, aujourd’hui, approuvé
par une majorité de chercheurs. Ce terme désigne les paramètres non-médicamenteux de l’expérience
qui façonnent la réponse aux substances psychédéliques. Les recherches actuelles suggèrent que ces
variables déterminent en grande partie les bénéfices thérapeutiques des PDL. C’est au psychologue de

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Harvard, Timothy Leary, que l’on attribue le concept de set et de setting [57]. Selon Horowitz et ses
collaborateurs, il serait apparu pour la première fois dans un article présenté à la réunion annuelle de
l’American Psychological Association le 9 septembre 1961 [58, 59]. Si le terme émerge au début des
sixties, ses origines remontent, quant à elle, à la nuit des temps. Depuis l’Antiquité, les psychédéliques
sont administrés par les chamanes et autres guérisseurs dans le cadre de rituels soigneusement préparés
aux fins d’amplifier le processus de guérison induit par le produit psychoactif.

On entend par « set », la personnalité du sujet, ses attentes, ses désirs, ses intentions, ses peurs, son
humeur ainsi que sa préparation à l’expérience. On nomme « setting » tout ce qui est lié à l’environnement
dans lequel se déroule l’expérience : l’environnement physique (ambiance, luminosité, température,
musique, odeurs, etc.), émotionnel (présence ou non de personnes, paroles et gestes du thérapeute,
etc.), social et culturel (notamment, lois, points de vue et représentations prévalant dans la société
concernant les PDL).

Le « set and setting » varie en fonction de l’individu et de sa culture. Ainsi, selon le cadre culturel, les
séances de psychédéliques auront lieu préférentiellement en intérieur ou en extérieur, en individuel ou
en groupe. La préparation reçue avant l’expérience psychédélique ainsi que les attentes et les intentions
du sujet, sont, elles aussi, tributaires d’un cadre collectif plus vaste, modelé par la société et la culture
dans lesquelles évolue le sujet. Le patient doit aborder l’expérience aussi détendu que possible, être
bien informé et se sentir en sécurité. Un « set and setting » adéquat éviterait ce que les psychonautes
récréatifs nomment « bad trip », des expériences négatives qui ont malheureusement contribué à
diaboliser les PDL. Dans nos sociétés occidentales, l’idéal est de prendre les substances dans un cadre
confortable, accueillant et chaleureux.

Le déroulement d’une thérapie assistée par psychédéliques


Les séances préparatoires
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La thérapie assistée par psychédéliques débute par quelques entretiens préparatoires. Durant ces
séances, le thérapeute récolte des éléments d’anamnèse, notamment sur les troubles dont souffre le
patient, et s’assure qu’il ne présente pas de contre-indications. Il lui explique le déroulement de la
thérapie et les effets de la substance qui lui sera administrée, s’informe de ses éventuelles expériences
antérieures avec les PDL, s’enquiert des représentations qu’il s’est forgé de ce type de produits, aborde
ses attentes et ses craintes, clarifie les objectifs thérapeutiques qu’il nourrit vis-à-vis de l’expérience
dans son processus psychothérapeutique et répond à toutes ses questions.

La séance avec psychédélique


Le jour de la séance d’administration du psychédélique, le patient est accueilli dans un environnement
agréable et calme, en individuel ou en petit groupe selon les centres de traitement ou les thérapeutes.
Il s’installe dans un fauteuil inclinable ou dans un lit. Il porte habituellement un masque de nuit sur
les yeux afin de ne pas être gêné par la lumière14 et écoute une playlist de musique soigneusement
sélectionnée. Un thérapeute l’accompagne et veille à sa sécurité et à son confort durant toute la durée de
l’effet du psychédélique, entre 4 et 12 heures suivant la substance, la dose et le métabolisme du patient.
Afin d’éviter d’interférer avec l’expérience en cours, le thérapeute n’intervient que si le patient l’interpelle
ou s’il traverse un moment difficile, par exemple, s’il éprouve des angoisses intenses [59].

Les séances d’intégration


Les psychédéliques font émerger du matériel psychique inconscient et interrompent les schémas cognitifs,
émotionnels et comportementaux habituels. Toutefois, pour faciliter les prises de conscience (insights) et
les recadrages adaptés des schémas cognitifs négatifs, leur donner corps et les ancrer dans le quotidien,
des séances d’intégration avec un thérapeute sont essentielles. Pendant ces entretiens, le patient explore
le matériel psychique inconscient ayant émergé grâce à la substance psychoactive. La première séance
a lieu un à deux jours après l’administration du psychédélique [60]. On nomme « période d’afterglow »
(littéralement, période de « la lueur d’après »), les 2 à 4 semaines qui suivent la séance psychédélique.
Elle semble être marquée par une plasticité accrue des schémas cognitifs, les patients étant plus réceptifs
à de nouveaux modes de pensée [60]. Le processus d’intégration peut se poursuivre dans le cadre de
sessions psychothérapeutiques régulières durant plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

14. Les psychédéliques entraînent une mydriase, une dilatation des pupilles, pouvant rendre la lumière
gênante.

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Conclusion
Les thérapies assistées par psychédéliques sont illicites dans de nombreux pays, dont la France et la
Belgique. Toutefois, les avancées scientifiques laissent penser qu’elles pourraient être autorisées dans
un avenir proche, sous certaines conditions et pour certaines pathologies, dont le trouble de stress post-
traumatique sévère et résistant.

L’engouement actuel pour ces thérapies émergentes contribue malheureusement à construire l’image
d’Épinal simpliste de produits miracles capables de soigner définitivement, tout le monde, de tous les
troubles mentaux. Or, les PDL ne sont pas la panacée. Bien que les résultats démontrés par les essais
cliniques soient rapides et que leur stabilité, à moyen et à long termes, soient encourageants, nous
manquons de recul sur leur efficacité et leurs effets indésirables à très long terme ainsi que sur leur
interaction avec d’autres produits pharmacologiques, la recherche ayant été entravée jusqu’à ce jour
par l’interdiction qui les frappe. Les études ont montré qu’ils restent sans effet chez certains patients et
pour d’autres, pour qui l’état mental s’était amélioré, les bénéfices se sont progressivement dissipés,
nécessitant une nouvelle prise en charge longtemps après la fin de l’essai clinique. Si quelques séances
préparatoires suffisent pour la plupart des sujets, d’autres ont besoin d’une thérapie suivie avant la
première administration de la substance psychoactive. De même, si certains intègrent rapidement leur
expérience psychédélique, d’autres ont besoin de longs mois de thérapie. Lorsqu’une personne a souffert
des décennies d’un trouble de stress post-traumatique sévère, sa vie et son quotidien se sont construits
autour de cette détresse mentale extrême. Par exemple, elle a cessé toute activité professionnelle,
a réduit son cercle social à néant et s’est livrée à de nombreuses conduites d’évitement qui l’ont
progressivement isolée et renfermée sur elle-même. Si les symptômes pathognomoniques de TSPT
s’amendent grâce aux PDL, elle n’en sera pas quitte pour autant de ses difficultés, car elle devra faire face
aux nombreux défis de la vie quotidienne dont son psychotraumatisme l’avait tenue éloignée. Au niveau
pratique, les thérapies assistées par psychédéliques soulèvent également de nombreuses questions :
Quels thérapeutes seront habilités à offrir une thérapie assistée par psychédélique à leurs patients ?
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Des médecins, des psychiatres, des psychologues ? Devront-ils suivre une formation spécifique ? Dans
quel cadre ces thérapies pourront-elles se dérouler ? Uniquement dans une institution hospitalière ou
également en libéral ? Qui assumera les frais liés à l’encadrement de cette pratique dont le coût est élevé
en raison de la mobilisation d’un thérapeute durant plusieurs heures, voire durant la journée entière ?
La sécurité sociale, la mutuelle, l’assurance, le patient ? Les thérapies seront-elles individuelles ou
collectives pour réduire le coût ?

Si la thérapie assistée par psychédélique suscite un réel espoir, elle soulève également de nombreuses
questions auxquelles la recherche et la pratique devraient répondre dans les années à venir.

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