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Les dépréciations

Exemple : les dépréciations des créances.

A l’inventaire, lors de l’établissement des comptes annuels, les entreprises doivent faire le point sur leurs
créances, et tenir compte d’informations remettant en cause la solvabilité de certains clients, afin de ne pas
présenter des créances douteuses dans leur bilan sans tenir compte du risque de non encaissement qu’elles
représentent (application du principe de prudence).

Le traitement comptable des créances douteuses :

Exemple : le client DUPONT n’a toujours pas payé une facture de 11 960 € (10 000 € H.T.) du 22/05/N. Le
31/12/N l’entreprise établit ses comptes annuels et a des informations sur la situation du client DUPONT, qui lui
font craindre que ce client ne puisse payer plus de 60% de sa dette. L’entreprise va donc :

- enregistrer le fait que la créance est douteuse :

31/12/N
416 Clients douteux 11 960,00
411 Clients 11 960,00
Créance DUPONT devenue douteuse

- constater une dépréciation, calculée sur le montant hors taxe de la créance, car la TVA éventuellement non
payée par le client pourra être récupérée auprès de l’Etat :

31/12/N
681740 Dotation aux dépréciations des créances 4 000,00
4911 Dépréciations des comptes clients 4 000,00
Provision sur créance DUPONT
(10 000 x 40 %= 4 000)

La dépréciation s’ajuste chaque année en fonction de l’évolution de la situation de la créance.

Le 31/12/N+1, la créance n’est toujours pas encaissée, et on pense que le client ne devrait pas pouvoir payer
plus de 25 % de la créance initiale : il faut donc constater une dépréciation complémentaire pour porter son
montant à 75 % de la créance H.T.

dépréciation actuelle = 10 000 x 75 % = 7 500


dépréciation ancienne = 4 000
ajustement = dotation complémentaire = 7 500 - 4 000 = 3 500

31/12/N +1
681740 Dotation aux dépréciations des créances 3 500,00
4911 Dépréciations des comptes clients 3 500,00
Ajustement de la provision sur créance DUPONT

Courant N+2, le client a fait faillite, la créance ne sera jamais payée : les créances issues de ventes sont de type
chirographaire, qui ne sont payées qu’après les créances privilégiées (vis à vis du personnel, des organismes
sociaux, de l’Etat, ….). L’entreprise va donc :

- constater la perte définitive :

31/12/N +2
654 Perte sur créance irrécouvrable 10 000,00
44571 TVA collectée 1 960,00
416 Clients douteux 11 960,00
Créance DUPONT devenue irrécouvrable
- reprendre la provision qui n’a plus d’objet :

31/12/N +2
4911 Dépréciation des comptes clients 7 500,00
781740 Reprise sur dépréciations des créances 7 500,00
Reprise de la dépréciation sur créance DUPONT
devenue irrécouvrable

La dépréciation des créances est sans doute la plus courante, mais de nombreux éléments de l’actif peuvent faire
l’objet de dépréciations, que ce soit les stocks et en cours, les titres ou certaines immobilisations comme le
fonds de commerce ou les terrains, mais aussi immobilisations corporelles suite à prise en compte d’indices
de pertes de valeur, lorsque ces immobilisations font l’objet d’un amoindrissement de valeur résultant de causes
dont les effets ne sont pas nécessairement irréversibles.

La comptabilisation de la dotation de la dépréciation consiste toujours en le débit d’un compte de charges 68 -


dotation aux amortissements, provisions et dépréciations, et le crédit du compte d’actif concerné auquel un 9
a été ajouté en 2ème position.

Les provisions

Les provisions pour risques et provisions pour charges correspondent à une augmentation du passif exigible à
plus ou moins long terme. Elles traduisent l'existence de risques de débours prévisibles à la clôture de l'exercice
mais comportant un élément d'incertitude quant à leur montant ou à leur réalisation.

Selon l'IASC (International Accounting Standards Committee), les provisions pour risques et charges sont des
passifs dont l'échéance ou le montant est incertain.

Le Conseil National de la Comptabilité et le Comité de la Réglementation Comptable ont rapproché les règles
françaises des normes IAS (norme IAS 37 « Provisions, passifs éventuels et actifs éventuels), en précisant que la
comptabilisation de provisions pour risques et provisions pour charges doit intervenir dès lors qu'à la clôture de
l'exercice les deux conditions suivantes sont réunies :

- il existe à la date de clôture une obligation à l'égard de tiers.


- il est probable ou certain qu'elle provoquera une sortie de ressources au bénéfice de tiers sans contrepartie
équivalente attendue de ceux-ci après la date de clôture.

Le plan comptable général 2005 fournit un certain nombre d’exemples de provision pour risques et provisions
pour charges (cf. art. 441/15 ci-dessous).

Le traitement comptable des provisions pour risques et charges :

Débit 6815 Dotation aux provisions pour risques et provisions pour charges d'exploitation
ou Débit 6865 Dotation aux provisions pour risques et provisions pour charges financiers
ou Débit 6875 Dotation aux provisions pour risques et provisions pour charges exceptionnels

Crédit 15XX Provisions pour risques et provisions pour charges

Les Provisions réglementées

Elles sont constituées en application de dispositions légales, en fait de possibilités fiscales de différer l'impôt
correspondant (voire pour la provision pour investissement la possibilité sous certaines conditions de l'annuler).

Traitement comptable :

Débit 6872 Dotation aux provisions réglementées (immobilisations)


ou Débit 6873 Dotation aux provisions réglementées (stocks)
ou Débit 6874 Dotation aux autres provisions réglementées

Crédit 14XX Provisions réglementées


Les modalités de calcul de ces provisions réglementées doivent être indiquées dans l'annexe, ainsi que leur
impact sur le résultat de l'exercice, et les conséquences sur les postes de capitaux propres.

4. Aspect fiscal des provisions


Les provisions ainsi constatées pour des raisons comptables (provisions pour dépréciation et provisions pour
risques et charges) sont en général déductibles, à condition en particulier d'avoir respecté les impératifs de
justification individualisée, de précision dans les calculs (y compris par ex. pour des provisions pour créances
clients par méthode statistique à condition qu'une autre méthode ne puisse être retenue). D'autres provisions
peuvent être constatées pour des raisons purement fiscales, ce sont les provisions réglementées.

Les provisions sont déductibles si elles sont destinées à faire face soit à une perte ou à une dépréciation d'un
élément d'actif, soit à une charge qui aurait été déductible si l'événement s'était réalisé au cours de l'exercice.

Ne sont donc pas déductibles les provisions qui concernent :

- les pertes ou les charges n'incombant pas à l'entreprise ou qui ne relèvent pas d'une gestion normale
- les dépenses ayant pour contrepartie une augmentation de l'actif
- les pertes ou les charges qui, par leur nature, ne sont pas déductibles des bénéfices imposables (impôts,
pénalités et amendes non déductibles, charges relatives à des dépenses à caractère somptuaire)
les provisions afférentes à de simples manques à gagner ou à des diminutions éventuelles de recettes

Dans le cas des titres, le régime fiscal des provisions est fonction aussi de l'entreprise, selon qu'elle relève de
l'Impôt sur le Revenu (I.R.) ou qu'elle est soumise à l'Impôt sur les Sociétés (IS).

Exemple : provisions pour dépréciation des titres :

L'évaluation des titres à l'inventaire

L'évaluation se fait normalement par catégories de titres, par comparaison entre le montant d'achat et la valeur
d'inventaire qui est constitué :

- pour les titres côtés : du cours moyen du dernier mois ( PCG 332-6)
- pour les titres non côtés : de la valeur probable de négociation( PCG 332-6)
- pour les titres de participation : de la valeur d'usage ou valeur d'utilité (PCG 332-3)

Aucune compensation n'est donc en principe pratiquée entre différents titres, sauf pour les titres côtés en cas de
baisse anormale et momentanée où elle est possible ( PCG 332-7) .

La comparaison avec la valeur d'acquisition fait apparaître des plus ou moins values latentes :

Les plus ou moins values résultant de l'estimation sont toujours déterminées pour l'ensemble des titres de
même nature, en fonction de la valeur globale des titres.
Par application du principe de prudence :

- plus values latentes : non constatées comptablement


- moins values latentes : constatation de dépréciations

Comptabilisation des provisions :

Débit 68662 ou 68665

Crédit 296 ou 297 ou 5903 - 5906

Exemple : une entreprise achète des VMP qu’elle conserve parfois sur une période relativement longue. Ainsi, le
15/10/N elle a acheté 50 titres PEUGEOT pour 60 € l’un, puis le 25/11/N 100 autres titres pour 56 € l’un et 80
titres RENAULT pour 75 € l’un. Le 31/12//N, à la clôture des comptes, les titres PEUGEOT sont côtés 57 € l’un et
les titres RENAULT 78 €.
Titres PEUGEOT
valeur d’achat : (50 x 60) + (100 x 56) = 8 600 €
valeur d’inventaire : 150 x 57 = 8 550 €
moins-value latente : 8 550 - 8 600 = - 50 € => provision de 50 €
Titres RENAULT
valeur d’achat : 80 x 75 = 6 000 €
valeur d’inventaire : 80 x 78 = 6 240 €
plus-value latente : 6 240 - 6 000 = + 240 € => rien à faire comptablement

Comptabilisation :

31/12/N +1
686650 Dotation aux dépréciations des VMP 50,00
5903 Dépréciation des VMP 50,00
Dotation aux dépréciations des titres
PEUGEOT

Analyse fiscale dépréciations des titres :

Sociétés non soumises à l'I. S. Société soumises à l'I. S.


Régime des plus-values professionnellesRégime des plus-values professionnelles
quelque soient les titres et la durée deseulement pour les titres de participation.Pour les
détention : - dotation = M.V.L.T. (non-autres titres (sauf OPCVM), dotations et reprises
déductible, à réintégrer) - reprise = P.V.L.T.sont déductibles et imposables et restent dans le
(non-imposable, à déduire) résultat fiscal
OPCVM (SICAV et FCP) : intégration des plus ou
moins values latentes dans le bénéfice fiscal, et
donc pas de déductibilité pour les provisions
éventuellement constatées

5. Remarque

Les dépréciations et provisions, bien que soumises à des règles relativement strictes de détermination, calcul et
mise en œuvre, et bien que devant comme l'ensemble de la comptabilité respecter les grands principes
comptables, et en particulier celui de l'image fidèle, sont parfois perçues ou utilisées comme un instrument
privilégié de "lissage" des comptes. La "comptabilité créative" a souvent trouvé là un moyen utile de présenter
des documents de synthèse (Bilan, Compte de Résultat) correspondant aux attentes des dirigeants de
l’entreprise.

Les récents scandales financier/comptables (Enron, WorlCom Parmalat,…) ont amené les autorités
internationales à faire en sorte que la sincérité des comptes soit plus réelle (Sarbanes-Oxley Act aux USA ,
directive sur le contrôle légal des comptes dans la Communauté Européenne, loi de Sécurité Financière en
France). C’est aussi un des buts de la normalisation comptable qui se développe sur le plan international et se
traduit en France par le rapprochement des normes comptables françaises avec les normes internationales.

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