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du fleuve Yangtze)
(rivière Huang He)
Chronologie
des aires de
domestication 2
Centres primaires et secondaires de domestication
Zone B1
Zone A1 Riz, millets, soja, haricot
Blés , orge, seigle, adzuki, igname chinois,
avoine, lentille, pois lotus
Zone C1 Zone A2
Maïs, haricot commun, autres
haricots, patate douce, manioc, Sorgo, millet perlé, millet tef, millet
chénopodes ragi, riz africain, avoine d'Abyssinie, Zone B2
fonio, ignames Riz, millets, pois-pigeon,
haricots, fruit à pain,
bananier, plantain, taro,
Zone C2 ignames
Manioc, patate douce, lupins,
haricot commun, haricot lima,
ignames, chénopodes, pomme
de terre
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A - La Mésopotamie il y a 10.000 ans
Les premières céréales sont domestiquées il y a 10.000 ans (orge, blés) entre les côtes du
levant, la Syrie, l'Irak et le golfe persique, une large zone baptisée Croissant Fertile. Sa partie
orientale, la Mésopotamie, est une grande plaine limoneuse arrosée par deux grands fleuves,
le Tigre et l'Euphrate. Les conditions sont réunies pour que la brasserie s'épanouisse.
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A - La Mésopotamie il y a 10.000 ans
3.300 ans Naissance de l'écriture pictographique Jarres à bière et ingrédients
Cachets, poteries : production de masse de brasserie
BAPPIR Pain / Galette
Grains N° 1 trempée pour
+ SIM le brassage
Jarre et AMA=mère
bière type a support (KN) + tard
de jarre = agarinnu
ou cuve de (ferment
bière type b, c ou d fermentation Pour la bière)
bière b brassée
tube, chalumeau à boire.
selon un grand ratio
10 pots de bière
Etendard d’Ur
2700 av. n. è.
Côté « Paix »
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A - La Mésopotamie il y a 5.000 ans
Scènes d’offrande de bière
Vase de Warka
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A - La Mésopotamie il y a 5.000 ans
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A - La Mésopotamie il y a
5.000 ans
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A - La Mésopotamie : ce qu’il faut retenir
quant à l’origine de la bière
Le Proche Orient ancien dessine 3 évolutions convergentes :
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B - La Chine il y a 9000 ans (culture de Peiligang)
Les fouilles du village néolithique de Jiahu dans la province du Henan ont isolé
trois périodes archéologiques : 7000–6600, puis 6600–6200 et enfin 6200–5500.
Jiahu a fourni un répertoire d’anciennes poteries
chinoises, les traces du riz domestiqué en Chine
septentrionale, des pictogrammes ancêtres d'un
système d'écriture, et le plus ancien instrument de
musique. Le corpus des poteries analysées inclut
des bassins perforés, des jarres de stockage à
doubles anses et col étroit, des pots à cols longs et
becs retroussés, ustensiles destinés à préparer,
conserver et servir des boissons.
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B - La Chine il y a 9000 ans
En 2003, l'analyse des résidus biochimiques de 16 tessons révèle la présence de
marqueurs de 3 boissons fermentées : à base de riz (oxalate de calcium), de miel
(trace de cire) et de fruit (acide tartrique/tartrate), l'aubépine ou la cerise cornaline
peut-être. Ces résultats ont une grande portée pour cerner l'origine de la bière.
L’une des jarres analysée Tripode en bronze pour servir Tripode en bronze pour servir
de Jiahu la bière. Tombe Liu Jiazhuang la bière. Dynastie Shang 16-
(Anyang) vers 1250 av. n. ère 11ème siècles av. n. ère
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B - La Chine il y a 3000 ans
Han de l’Ouest
Banquet à
Hung-Men
Tombes de
Loyang
16
B - La Chine il y 2000 ans
Han orientaux
Brique gravée
Scène de diner et boisson
entre dignitaires –
Shengtu (procince de
Szechuan)
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B - La Chine entre 5000 ans et 4000 ans
La boisson dominante est désormais à base
de riz (tombes de Changzikou) ou de millet
(tombes d'Anyang) et fortement aromatisée.
La boisson mixte du néolithique de Jaihu
(ou la mixité des boissons) a cédé la place
aux bières de riz et de millet. Là encore, une
forte corrélation opère entre techniques
agraires, types de bière et techniques de
brassage adaptées :
bières de riz pour les territoires
méridionaux humides et chauds ou les
fonds de vallées irrigables
bières de millet dans les zones plus
froides et sèches ou les plateaux du
Nord de la Chine.
Pour ces deux céréales à faible pouvoir
amylolytique, la technique des enzymes
exogènes sera mise au point et Hommes et femmes buvant ensemble
perfectionnée dès le 1er millénaire av. n. ère. de la bière de riz. Société matriarcale
des Qiang dans le Yunnan
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B - La Chine il y a 4000 ans
Anciennes
Germination des grains bières de millet
Millet (panicum) = malt de millet
(Chine septentrionale) = nieh 醴 = li
醪 = lao
Culture de moisissures Bières de riz
Riz / riz glutineux ferments amylolytiques
(Chine méridionale)
麴 ou 曲 = qū 酒 = jiu (chiu)
A partir des Han (206-220), les bières de type li obtenues par maltage
disparaissent progressivement au profit des bières de type huang-jiu produites
avec des ferments amylolytiques sur substrat de riz glutineux.
A partir des dynasties Song (960-1279), la distillation des moûts à base de
millet ou de riz se développe. Les chinois introduisent alors en brasserie le
sorgho et le blé en tant que grains crus pour obtenir des extraits plus denses
et plus économiques.
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C - L'Egypte et l'Afrique il y a 6.500 ans
Résidus analysés
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C - L'Egypte et l'Afrique il y a 5.500 ans
Hierakonpolis est la plus ancienne brasserie connue à ce jour. Depuis sa
découverte, d’autres sites prédynastiques comme Abydos ont été réexaminés à la
lumière des conclusions de J. Geller. Ils présentent des dispositifs similaires.
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C - L'Egypte et l'Afrique il y a 4.500 ans
A la fin du IVème millénaire, la puissance égyptienne se concentre en Haute-Egypte
puis conquiert la vallée moyenne du Nil. Mais ce pouvoir politique et militaire
naissant a aussi multiplié les échanges avec l'Afrique noire. Comme dans le
Néguev, il entretient des avant-postes et des garnisons vers la 2ème cataracte. Et
comme dans le Néguev, la bière et le pain ont servi à l'entretien des troupes, des
voyageurs et des caravaniers.
Les preuves se lisent dans inscription égyptienne plus tardive datée du 3ème
millénaire. Vers 2250, le pharaon Mérenrê Ier commande au prince Hirkhouf,
nomarque d'Aswan, d'explorer le Sud de l'empire. Quatre expéditions successives
empruntent au-delà de la seconde cataracte des pistes inconnues. Chaque fois, le
prince traverse les petits royaumes nubiens de Satju, Irtjet et Wawat. Au retour de
la 3ème expédition, sa force militaire les impressionne tant qu’ils dépêchent par
bateau des gâteaux, des pains, de la bière et du vin.
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C - L'Egypte et l'Afrique il y a 2000 ans
Revenons à la haute vallée du Nil et l’Afrique noire. Un dessin mural découvert au
Soudan à Musawwarat es Sufra (180 km au Nord de Khartoum), site d'époque
méroïtique (-400 à +400), montre 2 hommes accroupis de chaque côté d'une jarre à
bière. L'un aspire la boisson avec un chalumeau (paille ou tube de roseau). La
forme du vase est typique des jarres à bière burma de la région soudanaise. Les
hachures entourant la tête du buveur connote son état d'ébriété, indiquant une
boisson fermentée.
Ceci confirme le rôle historique des boissons fermentées au Soudan, mais le texte
reste imprécis car le terme arabe dhurra reste assez générique. On traduit par
convention = sorgho. Mais pourquoi pas éleusine ou teff, deux autres graminées
domestiquées d’Afrique orientale ?
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C – L’Afrique sahélienne il y a 4000 ans
Tous ces témoignages sur l'Afrique orientale fixent une image limitée à la bande
étroite du bassin du Nil et à l'Ethiopie.
Il y a 10.000 ans, l'Afrique du Nord connaissait un climat plus humide, phase qui
s'inversera il y environ 4 à 3000 ans. Une vaste zone a connu sa révolution
néolithique il y a 9.000 ans entre Hoggar, Tibesti, lac Tchad et Moyen Niger.
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C – L’Afrique sahélienne il y a 4000 ans
Nous ne savons pas ce qui a poussé les populations de l'Aïr et du Ténéré à inventer
la céramique et les broyeurs en pierre. Certains récipients néolithiques contenaient
encore des céréales. La conservation des grains et des liquides est avérée (gravures
avec mats pour suspendre outres et récipients). Une peinture rupestre représente
des palmiers-dattiers, source éventuelle
de vin de palme ou vin de dattes.
Mais la domestication précoce des mils reste difficile
à prouver.
Dans le sud algérien, gravures et peintures rupestres du Tassili n'Ajjer montrent des
éleveurs-agriculteurs aspirant des boissons fermentées (3000 - 2000 av. n. ère)
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C – L’Afrique sahélienne il y a 4000 ans
Dans le sud algérien, gravures et peintures rupestres du Tassili n'Ajjer montrent des
éleveurs-agriculteurs aspirant des boissons fermentées (3000 - 2000 av. n. ère)
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C – L’Afrique sahélienne il y a 4000 ans
Ces scènes de boisson aspirée avec des pailles évoquent des scènes modernes
d'Afrique orientale dans lesquelles on aspire la bière en commun.
Personnage buvant à la paille une boisson présentée Groupe d'hommes buvant ensemble la bière,
par un autre. Peinture du Wâdi Tabarakkat aux confins à l'aide de pailles plongeant dans la poterie
libyens du Tassili-n-Ajjer. Image détourée pour en contenant la boisson commune, chez les Tiriki
faciliter la lecture (photo Jean-Loïc LE QUELLEC). du Kenya (Dayagi-Mendels, 1999, p. 116).
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C – L’Afrique sahélienne il y a 1000 ans
3000 ans séparent ce néolithique sahélien des 2ème et 1er millénaires av. n. ère et
les premiers documents écrits. A l'époque médiévale, des historiens et géographes
arabes atteignent le lac Tchad bordé par les royaumes africains du Bornou et du
Kanem. Ils sillonnent l'Afrique du Nord, sa bande côtière jusqu'au fleuve Sénégal et
pénètrent au cœur de l'ancien empire du Ghāna. Plus tard, ils visiteront celui du
Māli et son successeur l’empire Songhay.
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C – L’Afrique sahélienne il y a 1000 ans
En 903, Ibn al-Fakir rapporte que "Les gens du pays (le Ghāna) se nourrissent de
mil (dhurra) et de doliques (des fèves)".
En 990, Al-Muhallabî décrit la boisson du roi des Zaghawa, population établie entre
Lac Tchad et Nubie : "Le roi boit avec ses intimes une boisson faite avec du sorgho
et fortement apprêtée avec du miel. … Les cultures du pays sont principalement le
mil et les doliques et ensuite le blé."
Al-Bakri est célèbre pour son Livre des Itinéraires et des Royaumes rédigé en 1068
fourmillant de détails sur la vie sociale des Sūdān. Il parle des funérailles d'un roi du
Ghâna : "Ils posent près du mort ses parures, ses armes, ses objets personnels
pour manger et boire accompagnés de mets et de boissons. On enferme avec lui
plusieurs de ses cuisiniers et serviteurs de boisson. Une fois la porte fermée, etc."
Al-Bakri décrit l'ensevelissement des serviteurs du roi dans la mort. La scène
évoque le pouvoir économique et politique du Ghāna, puissante confédération de
royaumes ou de chefferies qui domine à cette époque presque toutes les vallées du
Haut-Niger et Haut-Sénégal. Elle s'effondre en 1077 sous les coups des
Almoravides venus de l'actuel Maroc conquérir les terres du Moyen-Niger et faire
razzia sur les mines d'or.
En 1154, Al-Idrīsī décrit un roi de Ghâna affaibli et converti à l'islam. Et toujours
pour les habitants : "Pas de blé chez eux mais beaucoup de sorgho, dont ils font
une boisson fermentée qu'ils boivent". Il s'agit cette fois d’une bière ordinaire et non
de la boisson royale ou funéraire.
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C – L’Afrique sahélienne il y a 1000 ans
En 1352, Ibn Battuta quitte Fez pour se rendre à Niani, capitale de l'empire du Māli
sur les rives du Niger. Il fréquente plusieurs mois la cour du Mansa, souverain des
autres rois de la région. Il passe au retour par les villes de Tombouctou et Gao dans
la boucle du Niger, avant de se diriger au Nord pour rejoindre Fez via le Touat. Là, il
note ceci : "On apporta ensuite une boisson à eux appelée daknū – c'est une eau
contenant du sorgho concassé, mélangé avec un peu de miel ou de lait aigre. Ils
boivent cela à la place de l'eau car, pour eux, boire de l'eau pure leur fait mal. S'ils
ne trouvent pas de sorgho, ils mélangent (l'eau) avec du miel ou du lait aigre."
Est-il ici question de bière dont Ibn Battuta, grand globetrotteur, connaît l'existence ?
Sous la plume d'un musulman qui en a bu, il ne peut être question de boisson
fermentée !
Alors, doit-on considérer la daknū comme une bière ?
Quelqu’un a-t-il une idée ou une opinion ?
Techniquement, la daknū est bien une bière. Rien n'empêche cette infusion de
sorgho de devenir sucrée (action acidifiante du lait aigre) et de fermenter
légèrement (action des levures du miel).
On a vu que l'analyse des plus anciens résidus de brassage et de bière désigne des
boissons mixtes à base d'amidon, de fruits et de miel. Le mélange africain sorgho +
miel + lait aigre ne déroge pas à ces schémas techniques originels.
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C – L’Afrique sahélienne il y a 1000 ans
La daknū était-elle du temps d’Ibn Battuta une survivance du mode de préparation
des bières protohistoriques africaines, ou l'adaptation de boissons fermentées
traditionnelles africaines aux prescriptions de l'islam après sa propagation en
Afrique noire ?
L'Islam pénètre la boucle du Niger entre le 9ème siècle (Gao) et le 11ème siècle
(Ghana/Mali). Ibn Battuta visite la région au milieu du 14ème siècle : 400 ans serait le
temps d’adaptation de la confection de boissons aux nouvelles prescriptions
religieuses, pressions sociales et façons de vivre.
En 1825, on offre à René Caillié qui traverse le Macina, entre les cités de Jenné et
Tombouctou, un mélange baptisé Jenné-Hari (eau de Jenné) fait de miel et farine de
mil délayé dans l'eau, en lui conseillant d'attendre pour boire le coucher du soleil,
c'est-à-dire le début d'une fermentation!
Il retrouve le même "dokhnou" préparé et bu par les mineurs de sel de Toudeyni, en
plein Sahara.
Plus de 5 siècles après Ibn Battuta, la boisson dokhnou n’a pas disparu !
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Survivance et résistance cette fois dans les campagnes égyptiennes : le bouza
(bière à base de malt de blé peu fermentée et encore brassée dans quelques
villages) a été interdit depuis peu sous la pression islamiste par le gouvernement du
Caire, officiellement pour raison d'hygiène.
Plus surprenant encore : on brasse de nos jours en Arabie Saoudite la sobia, une
bière aigre-douce très faiblement alcoolisée à base de malt de blé, aromatisée de
cardamone et cannelle. On en trouve à Makkah Al-Mukarrmah (province de l'Ouest)
et à Riyad .
En Turquie, le boza, bière traditionnelle de blé (ajout de maïs ou riz cru aujourd'hui),
est encore brassé. Ces boissons ne sont jamais localement cataloguées comme
produit alcoolisé. Elles contiennent à peine 1 à 2% d'alcool. Seuls les technologues
et des historiens pinailleurs comme moi leur collent l'étiquette «BIERE»
En 1956-57, l'ethnologue Marie-José Tubiana assiste à des rituels en pays
Zaghawa, à la frontière entre Tchad et Soudan. Ces mêmes Zaghawa dont parlait
Al-Muhallabî en 990 intègrent toujours au 20ème siècle la confection et la
consommation de bière de mil dans certains de leurs rites. Or, ces populations
proches du bassin nilotique comptent parmi les plus anciennement islamisées
d'Afrique noire. L’adaptation des types de bière à un nouveau contexte peut donc
être beaucoup plus lente, voire l’objet d’une farouche résistance millénaire.
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C – L’Afrique sahélienne il y a 1000 ans
Ces boissons ont-elles survécu sous une forme technique dégradée après avoir
connu des périodes historiques propices à la brasserie, ou sont-elles des reliques
inchangées de quelques bières primitives ?
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C – L’Afrique sahélienne il y a 1000 ans
38
C – L’Afrique sahélienne il y a 1000 ans
Partant de ces considérations et de la qualité des témoignages anciens sur l'Afrique,
il est difficile de projeter une image homogène des premières bières africaines.
L'Afrique est un vrai défi pour l'histoire de la bière, mais aussi la chance de voir se
déployer une brasserie vivante, non industrielle et par endroit parvenue au stade du
petit commerce de marché. Il y a abondance d'études et descriptions pour l'Afrique
moderne.
Faute de temps, je passe sous silence certaines questions captivantes touchant
l'histoire brassicole africaine :
bières de banane et sorgho dans les anciens royaumes des Grands Lacs
(Burundi, Uganda, Ruwanda, Kivu)
Pithos avec
traces de bière Rhyton de Midea
et vin - Myrthos avec trace de bière Coupes coniques
Crète avec traces de
bière - Chania 41
D – L’Europe il y a 3000 ans
Restons sur les rives de la Méditerranée mais dans sa portion occidentale. José
Luís Maya a fouillé en pays catalan des sites du bronze récent (fin du second
millénaire av.n.è.). Spécialiste en archéologie de l'alimentation, Jorge Tresseras a
montré qu’à Genó vers 1100-1000 une bière blé + orge édulcorée au miel et
aromatisée (artémisia, thym, sauge, menthe, romarin) avait laissé ses traceurs
chimiques dans les résidus de jarres.
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D – L’Europe il y a 3000 ans
Cette identification relance la question des voies concurrentes de pénétration des
premiers agriculteurs-brasseurs en Europe (Mer Noire-bassin danubien, rivages
méditerranéens, Afrique du Nord-Espagne).
?
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D – L’Europe il y a 3000 ans
Par ailleurs, ces premières bières datées sur un sol européen de la fin du second
millénaire ruine l’hypothèse de techniques de brassage transmises aux peuples
européens depuis le Proche-Orient par le truchement du monde gréco-romain
classique. Pour autant qu'on crédite ces mécanismes de diffusion, il faudra pour
enquêter sur la brasserie pratiquée par les peuples européens remonter aux 4 et
3ème millénaires, quand les premières agricultures voient le jour en Europe.
A leur grande surprise, les chercheurs ne détectent des modifications du régime alimentaire des
indiens d’Amérique centrale que 2000 ans après les débuts de la domestication du maïs.
L'une des explications d'un tel décalage résiderait dans l'utilisation exclusif du maïs sous forme
de boisson fermentée, et non de farines bouillies ou galettes cuites. Une explication alternative
propose que la sève fermentescible du maïs, très abondante avant maturation des grains, ait
motivé sa domestication plutôt que la récolte des grains mûrs.
Dans les deux cas, la consommation de boissons fermentées serait à l'origine du maïs
domestiqué et de la base alimentaire qui servira le développement culturel et matériel des
grandes civilisations mésoaméricaines et andines. 46
E – L’Amérique du Sud il y a 4000 ans
Examinons la situation une fois le maïs domestiqué et bien établi comme base alimentaire. Une
brasserie découverte en 2001 au Pérou appartient à l'empire Wari qui domine le Nord du pays
entre 1000 et 600 av. n. ère. Il précède de 4 siècles la fondation de l'empire Inca.
La brasserie fait partie d'un vaste complexe cultuel bâti au sommet du Cerro Baul à 600 m au-
dessus de la vallée. Etablie sur un plan trapézoïdal, elle comprend des meules pour le malt de
maïs (jora), 12 grandes cuves de 100-150 litres pour chauffer le moût, des restes de Shinus
Molle, une variété de baies rouges à mucilage sucré. Nous sommes là encore en présence
d'une boisson mixte, moitié bière de maïs, moitié vin de Shinus molle. 47
E – L’Amérique du Sud il y a 4000 ans
La bière à Cerro Baul était produite à grande échelle (1500 à
1800 litres / brassin) mais pour une élite Wari. De nombreuses
épingles tupu trouvées sur place et typiques des femmes de
l'aristocratie Wari laissent penser qu'elles composaient le
personnel de la brasserie. A 15 m de celle-ci, un bâtiment
équipé pour les banquets cérémoniels a livré 28 keros de 0,35
à 1,8 litres, des gobelets d'argile rouge ornés et dédiés au
service de la bière de maïs.
Cette situation ne signifie pas absence de brassage de la bière de maïs dans les villages, mais
seulement absence de traces archéologiques. Ces villages étaient bâtis en matériaux
périssables d'origine végétale, contrairement aux centres de pouvoir construits en pierre pour
des élites qui pouvaient mobiliser les moyens humains et matériels.
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E – L’Amérique du Sud il y a 3000 ans
Le site rural de Manchan dans le Nord du Pérou a heureusement conservé les traces de
différents types d'habitat. Manchan était un centre régional du pouvoir Chimu (900-1470)
contrôlant la vallée côtière de la Casma à 400 km au Nord de Lima, cœur de l'expansion Inca.
Les résidences des élites construites en adobe (briques séchées d'argile et de paille hachée) y
côtoient des groupes de constructions modestes en jonc habitées par les paysans et artisans
de la ville et regroupées en barrio. Cette situation a permis de mieux connaître le brassage de
la bière pratiqué par les indiens les plus modestes.
Et surtout, Manchan offre une opportunité exceptionnelle de comprendre les échanges entre
ces deux classes de la population, échanges et trocs dont le vecteur matériel est souvent la
bière de maïs. Les élites Chimu ne se contentent pas de patronner des fêtes dans laquelle la
bière coule à flot. Tout au long de l'année, elles échangent des corvées plus ou moins librement
consenties (culture des terres, fabrication d'ustensiles courants ou de poteries, …) contre la
fourniture de bière. Pour cela, ces élites puisent dans leurs réserves de maïs, greniers qui ont
été remplis par le travail des mêmes paysans.
La clé du pouvoir, on l'aura compris, c'est le contrôle ou la détention des terres agricoles.
Comment les archéologues ont-ils pu tirer toutes ces conclusions des vestiges de Manchan ?
49
E – L’Amérique du Sud il y a 3000 ans
D'abord en analysant des résidus végétaux retrouvés dans des puits au milieu du barrio. Il s'agit
des drêches (alfrecho) et de résidus de malt de maïs (jora). Les coupes fines de certains puits
montrent que des couches de dépôts ont été remplies en une fois (absence d'autres débris
culinaires intercalaires), ce qui laisse penser qu'elles correspondent à un seul brassin. Le poids
moyen d'une couche de drêches (307 kg) correspond à 424 kg de malt, c'est-à-dire 513 litres
de chicha selon une estimation moyenne de densité basée sur un brassage traditionnel actuel
et les sources anciennes (Bernabe Cobo, Historia del Nuevo Mundo). A raison de 3 litres / jour,
ces brassins abreuvaient 170 personnes. Cette bière de maïs de faible densité se gardait très
mal.
Il devient clair que ces brassins ne visent pas une consommation domestique mais collective.
De quelle nature ? Sans entrer dans le détail, le recoupement avec les traces des autres
activités domestiques (pêche, culture, tissage, travail du bois, cuisine) et la structure de l'habitat
de Manchan montrent que le brassage est une activité artisanale parmi d'autres du point de vue
technique.
Mais son importance sociale trouve sa source dans le rôle joué par les céréales dans la survie
de sociétés agricoles sédentarisées et engagées dans la voie d'une hiérarchisation sociale.
C'est une des clés pour comprendre le renforcement des activités brassicoles dans ces
premières sociétés agraires dotées de mécanismes sociaux déjà complexes.
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E – L’Amérique du Sud il y a 3000 ans
Récoltes Travaux
avec agricoles avec
distribution Champs distribution de
de bière
de maïs bière
Greniers
de maïs
Bière de
maïs
Semences
Maltage
Contrôle Distribuer
Brassage de la bière
social des pour le
stocks brassage ?
Affectation et redistribution Boissons
Fêtes/rituels des réserves annuelles de maïs
= bière Alimentation
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F – Dans quels contextes sont brassées les 1ères bières ?
D'après les témoignages que j'ai sommairement évoqués ici, les contextes régionaux
favorables à l'éclosion de la brasserie se résument à ce triptyque :
Ce développement avancé n'exclut pas qu'avant et après lui des petites communautés
agricoles autosuffisantes aient brassé de la bière avec des techniques éprouvées. Mais
nous n'en savons rien. Ni traces, ni documents.
Nous ne pouvons pas non plus prétendre que les techniques et contextes de brassage
observés au sein de groupes ethniques en Afrique, en Amazonie ou ailleurs soient l'image
fidèle d'un brassage primitif. Au lieu d'être les vestiges d'une préhistoire humaine, ces
scènes de brassage pourraient n'être que les résidus de techniques appauvries par les
bouleversements historiques et autrefois maîtrisées au sein de confédérations et
structures politiques beaucoup plus puissantes.
L'accumulation des données archéologiques et scientifiques permet d'affiner le passé de
la bière et de différencier chaque aire culturelle. Une brasseuse africaine ou amazonienne
n'est pas une préfiguration rudimentaire de la brasserie industrielle. Ses techniques, ses
motivations sociales, ses croyances sont le fruit d'une histoire longue, parfois
mouvementée et qui se poursuit. Une brasseuse africaine n'illustre en rien une
quelconque préhistoire de la bière dont on ignore presque tout.
C'est pourquoi je vais dans la deuxième partie de mon exposé faire l'inventaire des principales
options techniques de la brasserie à l’échelle de la planète. Nous constaterons qu’une richesse
technologique précoce nourrit un véritable foisonnement des schémas de brassage.
53
F – Dans quels contextes sont brassées les 1ères bières ?
Ce survol rapide des grandes aires culturelles de la planète ignore délibérément les régions
dévolues aux modes de vie "chasseur-cueilleur".
Vous avez remarqué que je n’aborde pas la question des origines de la bière sous l'angle des
besoins physiologiques (gestion de la soif, besoin d'une boisson hygiénique, enrichissement
en vitamines et acides aminés) ni psychologiques (effets positifs ou négatifs de l'ivresse,
comportements collectifs, etc.). Deux raisons majeures empêchent de recourir à ce type
d'arguments pour comprendre l'origine de la bière :
1) avant les périodes néolithiques dont les débuts varient selon les aires culturelles,
nous n'avons aucun fait ou document pour étayer des hypothèses. Dès lors, l'origine
d'une hypothétique bière paléolithique suscite les scénarii parfois farfelus qu'on ne
peut ni prouver ni réfuter.
2) les peuples qui vivaient ou suivent de nos jours un mode de vie "chasse-cueillette-
ramassage" ne produisent pas de boissons fermentées. Même s’ils ont accès aux
fruits spontanément fermentés quand ils vivent dans les régions chaudes du globe.
Ils privilégient les substances végétales aux effets psychotropes, et non la
fermentation alcoolique. Le contre-exemple souvent cité des nomades-éleveurs
(Mongols, Peuls, Indiens d'Amérique du Nord) n'est pas pertinent. Ces peuples sont
entrés tardivement dans un mode de vie spécialisé basé sur l'élevage et sont restés
en contact avec des agriculteurs. Ils représentent un faux modèle du chasseur-
cueilleur paléolithique.
54
F – Dans quels contextes sont brassées les 1ères bières ?
Déesse-mère ?
Divinité de fécondité ?
Matriarche callipyge ?
Vénus paléolithique stéatopyge ?
Simple figuration ?
Autres ?
On ne sait en général même pas à quoi
servait ces objets et ces
représentations.
v la saccharification de l'amidon
v la fermentation alcoolique
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A - Savoir cultiver-stocker-préparer la matière première
La préparation des substrats amylacés varie selon les matières premières
Pouvoir enzymatique fort ou Nettoyer, battre Orge, blé, maïs, sorgho,
Céréales
moyen
Pouvoir enzymatique faible ou Décortiquer, polir (riz), moudre Riz, millet, seigle,
Céréales
nul
Pouvoir enzymatique faible ou Rôtir, décortiquer, moudre Teff (Ethiopie), fonio (Digitaria, Afrique Ouest)
nul Bromus Mango (Chili)
Graminées
Bourgou du Mali (g. Echinochloa)
Eleusine coracan (Indes, Afrique orientale)
Inoffensifs Eplucher, sécher, broyer, tamiser Taro, igname, patate douce, pomme de terre
Tubercules
1. L’insalivation
4. L’hydrolyse acide
5. Le sur-mûrissement
Insalivation des boulettes cuites de pâte amylacée (maïs, riz, millet, manioc, Amazonie/Guyane (manioc)
patate, taro) Sud-Est asiatique : riz
Germination Hydratation des grains, germination contrôlée, séchage, Proche-Orient ancien, Europe, Afrique,
rôtissage facultatif. Méthode appliquée aux céréales Andes (maïs)
des grains
Moisissures cultivées sur amidon cuit (Aspergillus, Mucor, Voie préférée des brasseurs asiatiques. Bière de
Rhizopus, Monascus, Amylomyces rouxii) séché en boulettes riz : Chine, Corée, Japon. Bières de
Champignons
conservées = concentré enzymatique. Compensation du pouvoir blé-millet (Bengale, Népal, Tibet, Bouthan).
amylolytiques
Riz aux Philippines, Thaïlande
enzymatique endogène absent (riz poli) ou faible (blé, millet).
Les bactéries lactiques libèrent des sucres. Elle coopère avec Bières acidulées europe : kvas russe ou estonien,
d'autres techniques traditionnelles de confection de pâtes acides Kiesiel ou zur de Russie et Europe centrale
séchées. Après cuisson de pain-galettes et réhydratation, cette (seigle + avoine), braga d’Europe centrale
Hydrolyse acide méthode permet de brasser des bières acidulées Afrique (doknou malien)
Asie : saké (riz/Japon) Berliner Weisse (blé-orge)
: phase acide, généralement lactique
Kaffir beer (sorgho/Afrique du Sud)
Lambic (blé-orge/Belgique)
Certaines techniques traditionnelles provoquent le sur- Afrique tropicale
Sur- mûrissement de fruits (banane plantain) et tubercules amylacés Amazonie, Guyane (manioc)
Zone Pacifique (taro)
mûrissement (manioc, igname).
Paraguay (igname)
Curculigo pilosa, bulbes de Gladiolus klattianus, feuilles de Afrique de l'Ouest.
Plantes à
Boscia senegalensis stockent des enzymes saccharifiants. Bières "munkoyo" aux frontières du Zaïre et
complexes
Racines séchées riches en amylases de certains arbuste de la Zambie 59
amylolytiques
B - Savoir convertir l'amidon en sucres fermentescibles
1. L’insalivation
60
B - Savoir convertir l'amidon en sucres fermentescibles
4. L’hydrolyse acide
63
B - Savoir convertir l'amidon en sucres fermentescibles
5. Le sur-mûrissement
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B - Savoir convertir l'amidon en sucres fermentescibles
7. Enzymes de synthèse ?
La brasserie n’a pas qu’une histoire, elle a aussi un avenir. Je signale la
technologie industrielle des enzymes de synthèse, fixées sur un substrat
perméable lentement traversé par un extrait d'amidon. La même technique a déjà
été éprouvée en faisant traverser un moût à travers membranes poreuses fixant
des levures fixées pour opérer une fermentation en continue. On pourrait inscrire
ces procédés en n° 7 de notre répertoire des techniques d’hydrolyse.
65
C - Savoir convertir les sucres en alcool
66
Bureau des grains Malteur
Schéma stockage Exemples de
Magasin o blé tremper
babylonien schémas de
des r moudre laisser germer
ingrédients g brassage
e empâter sécher ?
blé sécher/cuire résidus dégermer
Atelier du brasseur
moudre émietter concasser
moudre broyer
gruau malt concassé Parfumeurs
empâter
édulcorant plantes mouler ?
maturation tremper
cuire au four
(natte)
mouler trempes/narÿabu
broyer refroidir sur
cuire au four natte Bureau
de la bière
filtrer TITAB ou des grains
pain BAPPIR
billatu-moût billatu-maische Cycle du TITAB
Cycle du BAPPIR
fermenter
levain
drêche billatu fermenté maische
sécher agarinnu
Humide kaš.ú.sa fermentée
Eleveurs = duhu sédiments
collecter sécher suršummu
Engraisseurs pihu,
sécher Cycle du namharu
brassage diluer filtrer
67
KAŠ mettre en jarres
Sorgho
D - Exemples de schémas de brassage
5% malt de
germination sorgho
La merissa 95%
mouture broyage
soudanaise
farine fine malt concassé
1/3 1/3
1/3
eau fermentation acide :
cuisson cuisson ajin
torréfaction
porridge à porridge
moitié cuit bien cuit Granules
futtara naya futtara torréfiés urij
refroidir refroidir
najida refroidir
5%
mélanger 10%
merissa
futtara 7% eau
5%
produit fermenté
pétrir deboba
début fermentation
merissa
10%
33%
eau
filtrer/passer filtrer avec un linge
D’après Hamid A. Dirar,
The Indigenous
Fermented Foods of the résidu résidu
Soudan Dagga mushuk Mahoj mushuk
Merissa Merissa 68
1993 CAB International
D - Exemples de schémas de brassage Schéma chinois
D’après H. T. Huang
Fermentation and Food Science
Dans J . Needham Science and
Civilisation in China vol 6 part V
69
E – Que nous apprennent les anciens schémas de brassage
La diversité des techniques cohabitant dans les mêmes aires culturelles montre que les
multiples voies du brassage ont été explorées aux temps les plus anciens.
Ancienneté relative
Bassins brassicoles Techniques de brassage
(années / présent)
Maltage 6000
Mésopotamie Pain Bappir auto-amylolyse 6000 Les premières bières
Pains à bière 6000 décrites par
Maltage 5000 l'archéologie dénotent
Egypte prédynastique une grande inventivité
Pains à bière 5000
technique. C'est un
maltage 4000
Chine argument de poids en
Ferments amylolytiques 3000
faveur d'une origine
Europe centrale Pains à bière / brassage acide 2 à 3000 industrieuse de la bière.
Maltage 2000 Dès lors, il vaudrait
Europe nordique
Insalivation ? ? mieux parler
Maltage ? d'émergence de la
Sur-mûrissement ? brasserie en tant
qu'activité humaine
Afrique Pains à bière / brassage acide ?
plutôt que de
Sur-mûrissement ?
naissance de la bière.
Plantes à complexes amylolytiques ?
Maltage 3000
Andes
Insalivation 2000 ?
Amazonie Insalivation ? 70
3 – Définition technique de la bière
Comment définir la boisson nommée Bière qui traverse les
millénaires et les cultures ? Désigne-t-elle un breuvage
générique ou une famille disparate de boissons fermentées ?
Un même jus coule-t-il des antiques boissons mésopotamiennes ou chinoises vers la bière
moderne ? Sont-elles cousines d'une vaste famille réunissant la shikaru des Babyloniens, la
heket des Egyptiens, la chicha péruvienne, le dolo de Ouagadougou, la merissa soudanaise,
la cervoise gallo-romaine, le kvas russe, le jiu chinois ou le sake japonais, la sahti finlandaise
ou le lambic bruxellois ? Quel lien unit l'ale médiévale non houblonnée des îles britanniques
et la bière actuelle ? Est-on fondé à parler de "bière" pour les temps néolithiques ?
Tous ces breuvages aux noms chatoyants pourraient cacher plus de différences
qu'ils n'ont de points communs. L'objet bière serait alors une pure fiction
linguistique.
Les historiens de la bière qualifient ces boissons anciennes, avec une gêne à
peine voilée, de sortes de bière, bière primitive, liqueur de grain, brouet fermenté,
ou encore simili-bières (beerlike beverages des anglo-saxons) voire vin d'orge.
Nous cherchons un moyen d'échapper à ces tautologies qui définissent la bière
sur la seule base des bières industrielles occidentales à base de malt, de grains
crus et de houblon. Bref, définir la bière à partir de ce que nous avons l'habitude
de boire dans nos bars à bière !
71
3 – Définition technique de la bière
Un secours de côté des définitions légales? Les législations promues par les états
occidentaux servent leurs politiques fiscales. Elles excluent la quasi-totalité des bières
brassées en Europe avant le XIXème siècle, divergent d'un pays à l'autre même si
convergence au sein de l’EBC, et ne visent aucune sorte de validité historique.
Ensuite vient un second âge au cours duquel ce noyau primitif donne naissance à trois
rameaux de boissons spécialisés : hydromel, vin et bière.
Chaque type de boisson acquiert son autonomie sous l'effet de contraintes sociales et
techniques très puissantes. Pour la bière, le rôle clé des substrats amylacés dans la survie
alimentaire des collectivités humaines structure de nouvelles formes d'organisation sociale.
Je rappelle le triptyque des sociétés brassicoles les plus anciennes :
une production agricole centrée sur le rendement des plantes à amidon
des pouvoirs sociaux appuyés sur le contrôle des stocks et des surplus
des rites de fertilité qui mobilisent des communautés humaines de plus en plus grandes
Dès lors, il n'est plus question de boissons produites occasionnellement mais de techniques
brassicoles parfaitement maîtrisées et orientées vers la production régulière de gros volumes.
La fabuleuse diversité des anciens schémas de brassage à travers le monde démontre que
la naissance de la brasserie est à la fois irréversible et qu'elle répond aux nécessités d'un
développement social régional.
74
CONCLUSION PROVISOIRE
Notre question initiale était : "La bière est-elle née spontanément au hasard des
accidents naturels ou sa naissance coïncide-t-elle avec l'évolution économique et
sociale des communautés humaines ?"
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Merci de votre écoute.
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