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Imagerie radiologique du rachis

cervical
Rt Arous Aymen
Service de radiologie HB sfax
Considérations techniques
• Le bilan radiographique se fait, sauf traumatisme ou
handicap locomoteur, en position debout.

• Une investigation complète comprend obligatoirement


quatre prises de vues décalées de 45 degrés.

• Tous ces clichés sont réalisés le plus souvent sur table


télécommandée, en plaçant une cassette 24 x 30 en
hauteur dans le Potter, avec une distance foyer-film de
1,50 m au moins, et un petit foyer.

• On recommande de débuter l’examen par une


incidence de profil gauche, rayon directeur horizontal,
en position indifférente, le regard fixant l’horizon.

• La position du patient, l’inclinaison du rayon directeur,


et le centrage seront affinés par un minimum de
scopie. Il suffit alors de demander au patient de
pivoter progressivement de 45 degrés dans le sens des
aiguilles d’une montre pour obtenir respectivement
une incidence oblique gauche, une incidence de face,
enfin une incidence oblique droite.
• Si le bilan radiographique doit être fait couché,
on utilise de préférence une table d’os équipée
d’une suspension plafonnière. Le bilan se limite
alors aux seules incidences de face et de profil,
les incidences obliques étant peu reproductibles
ou déformées par une projection oblique.

• Le patient étant en décubitus dorsal, le regard


fixé au plafond, on réalise dans l’ordre, sans
changement de position, l’incidence de profil
avec un rayon directeur horizontal, puis
l’incidence de face avec un rayon directeur
vertical ou légèrement ascendant pour enfiler
les disques.
Base d’interprétation des
incidences
radiologiques
Radiographie de face
Deux incidences sont nécessaires:
- bouche ouverte pour C1 C2
- face basse pour C3 à C7
• Position du patient : incidence antéro-
postérieure ; assis (ou debout), tête
légèrement défléchie, épaules tombantes,
menton relevé.

• Point de centrage : sur la fourchette


sternale,le rayon étant horizontal.

• Rayon directeur : l'incliner ensuite vers le haut


de 10 à 20deg. pour enfiler au mieux les
disques.

Critères de réussite :

-Position médiane de la trachée et des


épineuses

-Bonne visibilité des disques de C3-C4 à


C7-T1.
• L’emboîtement des corps vertébraux donne
un bel aperçu des «articulations»
uncovertébrales de Luschka, une vue idéale
pour le diagnostic d’uncodiscarthrose
débutante.

• Les processus épineux peuvent être difficiles à


décrypter, en raison du caractère bifide de
leurs bords libres.

• Dans cette incidence, on note le parallélisme


des cinq lignes fondamentales obtenues par
alignements du bord externe des processus
articulaires droit et gauche, du sommet des
processus semi-lunaires droit et gauche, des
processus épineux dont l’axe théorique est
dans le prolongement des processus épineux
thoraciques, plus faciles à identifier.

• Ces cinq lignes sont sensiblement


équidistantes, dans la mesure où la largeur
du corps vertébral est le double de celle des
massifs articulaires.
Radiographie du rachis
cervical: cliché de face.

1, Clavicule.
2, 1ère côte.
3, Trachée.
4, Apophyse épineuse de C7.
5, Corps vertébral de C5.
6, Uncus.
Sur ce rachis se projettent des
structures anatomiques du cou, à
savoir :

• l’os hyoïde, sur le corps vertébral de


C3 ;

• la clarté trachéo-bronchique et
notamment le défilé glottique qui
peut simuler une fracture, sur les
corps vertébraux en dessous de C4 ;

• les opacités des cartilages


thyroïdiens calcifiés sur les massifs
articulaires.
Détection de luxations cervicales antérieures
par la mesure de la distance inter-épineuse sur
la radiographie de face en décubitus
Incidence de face du rachis cervical
supérieur (bouche ouverte)
• Position du patient : assis, tête droite ;
bouche ouverte au maximum, pour libérer
C1, C2, voire C3 de la superposition de la
mandibule (incidence antéro-postérieure).

• Point de centrage : au bord inférieur des


incisives supérieures.

• Rayon directeur : horizontal.

Critères de réussite :

-l'odontoïde et l'épineuse de l'axis sont sur la ligne


médiane.

-Le bord inférieur des incisives supérieures et la


face inférieure de l'occipital sont superposés.
Cliché centré sur l'odontoïde (bouche
ouverte).

1, Apophyse transverse de C1.


2, Masse latérale de C1.
3, Odontoïde.
4, Apophyse articulaire inférieure de C1.
5, Apophyse articulaire supérieure de C2.

•L’apophyse odontoïde est parfaitement centrée entre les 2 masses latérales de C1.

•Sa corticale est régulière et se prolonge harmonieusement avec le sillon odonto-


articulaire bilatéral et symétrique ( sauf fracture de l’odontoïde).
Radiographie de profil
Indispensable quelque soit le contexte traumatique ou rhumatologique.
• La radiographie de profil doit obligatoirement visualiser les charnières :
-Cervico-occipitale en haut avec ses repères (ligne de Chamberlain,
ligne de Wackenheim),
-Cervicothoracique (le plateau supérieur de T1) en bas.

Critères de réussite :
-superposition des angles mandibulaires, des apophyses articulaires
droites et gauches.

-Absence de dédoublement des murs postérieurs.

-Dégagement de tous les interlignes discaux et articulaires postérieurs.

-Visualisation de tout le rachis cervical jusqu'en C7-T1.


Les étapes à suivre dans l’interprétation
d’une radiographie cervicale de profil
• Etude de la courbure rachidienne.

• Structure et morphologie des corps


vertébraux.

• Alignement des murs postérieurs.

• Hauteur des espaces intervertébraux.

• Position et morphologie des arcs


postérieurs.

• Ligne spino-laminaire.

• Diamètre antéro-postérieur du canal


cervical.

• Epaisseur des parties molles pré-vertébrales.


• Dans un premier temps, on vérifie le
parallélisme des cinq lignes
fondamentales suivantes : ligne des
murs antérieurs, ligne des murs
postérieurs, ligne des apophyses
articulaires supérieures, ligne des
apophyses articulaires inférieures,
ligne spinolamaire.

• À ces lignes on devrait ajouter la ligne


aérique limitant en avant les parties
molles prévertébrales dont
l’épaisseur varie de 7 mm en regard
de C3 à respectivement 14 mm chez
l’enfant et 21 mm chez l’adulte en
dessous de C4. Chez le nourrisson,
cette ligne est sans importance car les
parties molles trop lâches ne sont pas
encore « fixées » au rachis.
L’incidence de profil donne une approche indirecte du segment
mobile rachidien.
Radiographie du rachis
cervical: cliché de profil.

1, Corps vertébral (TH1).


2, Apophyse épineuse de C7.
3, Lame.
4, Apophyse articulaire inférieure.
5, Apophyse articulaire supérieure.
6, Apophyse épineuse de C2.
7, Apophyse odontoïde.
8, Arc antérieur de C1 (Atlas).
9, Trachée.
Normes cervicales de profil:

• La lordose cervicale totale est d’environ 40 degrés

• le diamètre canalaire antéropostérieur: varie entre 12 et 17 mm, Une valeur


absolue inférieure à 12 mm est un signe de canal cervical étroit constitutionnel

• Pour s’affranchir des problèmes


d’agrandissement radiologique, on fait appel
au rapport des grandeurs: le rapport de Torg
ou rapport (R) de la taille du canal (a) sur
celle du corps vertébral (b) : R = a/b. Ce
rapport est normalement égal à 1. Une valeur
inférieure à 0,80 serait signe de canal étroit.

• La distance maximale entre le bord antérieur de la dent et le bord


postérieur de l’arc antérieur de C1 est de 4 à 5 mm chez l’enfant de moins de
9 ans et de 3mm au delà.
• L’espace atloïdo-odontoïdien n’excède pas 3 mm chez l’adulte et
5mm chez l’enfant.

• En flexion-extension il est fixe chez l’adulte et variable chez l’enfant.


Diastasis C1 C2
Espace lamaire :

• Espace entre le bord postérieur de


l’articulaire [1] et la ligne des lames
[2].

• Il est régulier le long des 7 vertèbres


sur un cliché de profil strict.

• Son irrégularité signe une lésion en


rotation du rachis cervical.
• La ligne joignant les lames de C1 et C3 doit passer par celles de C2

• Un déplacement de plus de 2 mm est pathologique.


• [ C2 ] = [ C3 ] en largeur.

• Cette largeur augmente en faveur de C2 en cas de fracture.

• C’est le « Fat C2 sign ».


Ligne de Chamberlain:

• C’est une ligne virtuelle


(imaginaire) qui unit le bord
postérieur du palais osseux au
bord postérieur du trou occipital,
ceci sur une radiographie de profil
du crâne ou une tomographie
dans les mêmes conditions.

• Normalement l’atlas et l’axis, dont


l’apophyse odontoide, restent
sous la ligne (en moyenne 1 mm
au dessous)
Ligne de Wachenheim

Mesure:

Prolonger par une ligne le plan basilaire du


clivus

Résultat:

Chez le sujet normal, cette ligne est


tangente au versant postérieur du sommet
de l’odontoide. Ces rapports ne subissent
pas de modification en flexion ou en
extension. Une luxation antérieure ou
postérieure de l’odontoide peut donc être
reconnue quelle que soit la position de la
tête. Il existe aussi des modifications en cas
de malformations de la charnière, plus nette
en hyperflexion.
Incidences obliques

• Elles ont pour but principal l’étude des foramens


intervertébraux ou trous de conjugaison.

• L’oblique antérieure droite et/ou postérieure gauche dégage


le foramen droit. L’oblique antérieure gauche et/ou
postérieure droite (que nous prendrons pour description)
dégage le foramen gauche.
• Position du patient : assis ou debout, épaules tombantes, en
oblique postérieure de 45deg. environ par rapport au plan
de la table, de façon à dégager les trous de conjugaison.

• Point de centrage : pomme d'Adam.

• Rayon directeur : ascendant de 10 à 20deg. comme pour la


face.

Critères de réussite :
Bon dégagement de tous les trous de conjugaison et des
pédicules.
• Dans un premier temps, on retrouve le
parallélisme de nos cinq lignes
fondamentales constituées par
l’alignement des bords antérieurs des
corps vertébraux, des pédicules opposés,
des sommets des processus semi-lunaires ,
des faces antérieures puis postérieures
des processus articulaires.

• Le foramen intervertébral est ovalaire à


grand axe vertical. Ses parois osseuses sont
en avant l’uncus et le corps vertébral sous-
jacent, en haut et en bas les pédicules, en
arrière la facette articulaire de la vertèbre
sous-jacente.

• Les zones de conflits sont en avant et en


bas l’articulation uncovertébrale de
Luschka, en haut et en arrière l’interligne
articulaire postérieur.
Radiographie du rachis
cervical, 3/4 (Trous gauches).

1, Côte.
2, Clavicule.
3, Trou de conjugaison.
4, Pédicule.
5, Trachée.
Incidences complémentaires
Profil en décubitus:

• Le rachis apparaît délordosé,


raison pour laquelle l’incidence de
face réalisée dans la même
position enfile systématiquement
tous les disques intervertébraux.

• Dans un contexte de cervicalgie, il


ne faut surtout pas interpréter
cette rectitude comme une raideur

• En cas de traumatisme, cette


incidence peut s’avérer faussement
négative, par réduction spontanée
des déplacements fracturaires
et/ou intervertébraux
Profil du nageur:

• Ce profil réalisé en décalant


les épaules, un bras le long
du corps, l’autre au-dessus
de la tête, s’adresse au
patient très corpulent .

• Son seul intérêt en


pathologie traumatique est
de vérifier la position du
corps vertébral de C7 par
rapport à celui de T1.
Incidence de Dorland:

• C’est une incidence de face à


rayon descendant. Pour
améliorer sa lecture, on
demande au patient de tourner
la tête du côté opposé à la
lésion, pour éliminer la
projection du maxillaire inférieur
sur le rachis.

• En principe, l’angle d’inclinaison


cranio-caudal n’est pas le même
pour tous les massifs. Sa valeur
est déterminée sur l’incidence de
profil
Faux profil selon Bieth ou
Roy-Camille:

• Partant d’une incidence de


profil strict, on demande au
patient une rotation sur lui-
même d’une quinzaine de
degrés.

• Ceci a pour effet de projeter


une des « colonnes » des
massifs articulaires en plein
canal vertébral. Une rotation
vers l’avant explore les massifs
les plus proches de la cassette,
une rotation vers l’arrière les
massifs les plus éloignés.
Incidence double
oblique descendante

• Le patient est positionné


comme pour une incidence
oblique classique . La
radiographie est faite avec
un rayon directeur
descendant à la manière
d’une incidence de Dorland.

• L’incidence double oblique


descendante dégage de
préférence les versants
supérieur et inférieur de
l’interligne, contrairement à
l’incidence de Dorland qui en
montre les versants interne
et externe.
Radiologie fonctionnelle

Les indications idéales sont le dépistage de bloc fonctionnel


(discopathie) ou de segment hypermobile (entorse grave).
• Ces clichés doivent être réalisés avec la plus grande prudence chez
un patient conscient et coopérant.

• Les clichés sont réalisés sur grand format incluant, en haut la ligne
de Chamberlain, en bas le plateau vertébral supérieur de T1.

• On réalise dans un premier temps un profil en position indifférente,


le regard fixé à l’infini (ligne de Chamberlain horizontale).

• Dans un second temps, on demande au patient de se positionner


alternativement en flexion puis en extension, sans bouger pour
autant le tronc et le bassin.

• L’amplitude des mouvements ne doit pas dépasser le seuil


douloureux ressenti par le patient.
Des précautions supplémentaires s’imposent si ce bilan est
réalisé dans un contexte traumatique à la recherche d’une
entorse grave :

• Proscrire tout mouvement passif

• Interdire les clichés dynamiques en urgence chez les patients désorientés

• Réaliser ces clichés en présence et sous la responsabilité du médecin radiologue

• Disposer d’un bilan radiographique récent

• S’assurer de l’absence de fracture occulte, en particulier si le bilan initial a été


réalisé en décubitus, et le compléter systématiquement par un bilan complet
debout

• Ne pas hésiter à faire, en cas de doute, un complément scanographique.


Mobilité segmentaire
• La mobilité, assimilée à une rotation, se
décompose en mouvements de
translation et de bascule. Normalement,
la translation n’excède pas 3 mm et
l’angulation reste inférieure à 20 degrés.

• Ces mouvements varient en fonction de


l’âge, du sexe et selon le niveau vertébral
.Ils sont maximaux en C4-C5 et C5-C6.

• Le centre de rotation théorique se situe


approximativement sous le milieu du
plateau vertébral supérieur de la
Représentation schématique de la mobilité vertébrale de
vertèbre sous-jacente. Ce centre se profil.
déplacerait en avant et en haut en cas Les mobilités se mesurent par rapport aux vertèbres sous-
d’instabilité traumatique, en avant et en jacentes. Elles se
bas dans les discopathies dégénératives. décomposent en un mouvement de translation et de
bascule, de type antérieur en flexion (A), de type
postérieur en extension (B).
Mobilité globale

• La mobilité globale en flexion-extension, mesurée entre


la ligne de Chamberlain et le plateau supérieur de T1,
est de 120 degrés.

• Cette mobilité globale ne rend pas compte des


anomalies segmentaires, un bloc pouvant être
compensé par une hypermobilité réactionnelle.
Conclusion
• La radiographie standard est un élément-clé de l’imagerie du rachis.

• Peu irradiante, peu coûteuse et facile d’accès, elle reste


incontournable en pathologie traumatique.

• Son premier atout réside dans l’approche de la statique et de la


dynamique vertébrale, par opposition aux autres méthodes
d’imagerie moderne en décubitus (scanner et imagerie par résonance
magnétique) encore cantonnées aux seuls aspects morphologiques.

• Son deuxième atout est dans le suivi et la surveillance des lésions


osseuses. Sa grande faiblesse reste le manque de sensibilité, toute
pathologie confondue, et cela malgré tout le soin dispensé à
décrypter les superpositions d’image sur nos incidences.

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