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Auto- immunité

Dr CHIKHI.Y
Caractéristiques fondamentales du système immunitaire
Le système immunitaire possède quatre grandes caractéristiques :

- la spécificité :
la capacité du système immunitaire de reconnaître et d'éliminer
certains micro-organismes ou molécules étrangères.
L'antigène est une substance étrangère qui provoque une réaction
immunitaire, c'est-à-dire la production de lymphocytes spécialisés et
de protéines spécifiques : les anticorps. A un antigène donné
correspond un anticorps donné : chaque réaction du système
immunitaire prend pour cible un agresseur spécifique et un seul.
- la diversité :
la capacité du système immunitaire de réagir contre des millions de
types d'agresseurs, en reconnaissant chacun d'eux à ses marqueurs
antigéniques.
Cela est dû au fait que le système immunitaire possède une variété
considérable de populations lymphocytaires, dont chacune peut
combattre un antigène particulier.
- la reconnaissance du soi et du non-soi :tolérance
la capacité du système immunitaire de faire la distinction entre
les molécules de l'organisme (le soi) et les molécules étrangères
(le non-soi).

- la mémoire :
la capacité du système immunitaire de se rappeler les antigènes
qu'il a déjà rencontrés et d'y réagir promptement et
efficacement lors d'expositions ultérieures. C'est l'immunité
acquise.
• La tolérance: absence de réponse immunitaire à un Ag
appartenant au soi dans le but d’éviter les maladies auto
immunes.

• tolérance centrale (thymus) ou les lymphocytes T auto- réactifs


sont délétés (sélection négative) et
• tolérance périphérique ou les lymphocytes T sont paralysés
(anergie) c à d incapables d’être activés.

• cellules suppressives (lymphocytes CD4 ou CD8) qui peuvent


induire l’apoptose ou l’anergie des lymphocytes T auto réactifs.
• Pour les lymphocytes B la tolérance est principalement assurée
par les lymphocytes T qui contrôlent leur activation

• Il existe des anticorps (Ac) anti- soi produits principalement par


les lymphocytes B CD5+. La tolérance chez les lymphocytes B
peut être aussi maintenue grâce à l’absence d’expression de
l’auto- Ac à la surface des lymphocytes B ou par délétion des
lymphocytes B.
Les lymphocytes
deux classes principales de lymphocytes :
- les lymphocytes B qui interviennent dans l'immunité humorale.
- les lymphocytes T qui interviennent dans l'immunité à médiation
cellulaire.
 Tous les lymphocytes proviennent des mêmes cellules de la moelle
osseuse que les autres globules sanguins. Suivant leur lieu de
maturation, on obtient
- lymphocytes B (moelle osseuse)
- lymphocytes T (thymus)
 Les lymphocytes B et les lymphocytes T portent des récepteurs
antigéniques spécifiques sur leurs membranes plasmiques.
La spécificité et la diversité du système immunitaire dépendent
donc de la présence sur chaque lymphocytes B ou lymphocytes T
de récepteurs qui leur confèrent la capacité de reconnaître un
antigène particulier et d'y réagir.
Quand un antigène se lie au récepteur de surface d'un lymphocyte, celui-ci se divise
et donne naissance à une population de lymphocytes effecteurs :

- immunité humorale : les lymphocytes B donnent des plasmocytes qui sécrètent


des anticorps qui contribuent à éliminer l'antigène.

- immunité à médiation cellulaire : les lymphocytes T donnent des lymphocytes T


cytotoxiques, qui détruisent les cellules infectées et les cellules cancéreuses, et des
lymphocytes T auxiliaires.
physiopathologie
Rôle des auto-anticorps
• Les auto anticorps peuvent être responsables des lésions de plusieurs façons:

• En fixant et en activant le système du complément sur la membrane de la cellule


portant l'antigène cible, provoquant la lyse de cette cellule (Anémie Hémolytique
Auto-immune).

• En opsonisant la cellule ou la structure portant l'auto antigène correspondant,


provoquant ainsi sa destruction par les macrophages (Purpura Thrombopénique
Idiopathique).

• En modifiant le signal transmis par un récepteur cellulaire, soit dans le sens de


l'activation, comme les anti-récepteurs de la TSH dans la maladie de Basedow, soit
dans celui de l'inhibition, comme les anti-récepteurs de l'acétylcholine dans la
Myasthénie

• En provoquant la formation durable de Complexes Immuns Circulants (CIC) qui


pourront se déposer dans les vaisseaux et entraîner des lésions de vascularite
dans divers organes, sans rapport avec la spécificité tissulaire des auto anticorps
(Lupus Erythémateux Disséminé).
Rôle des lymphocytes T :

• Des lymphocytes T peuvent de manière conjointe ou isolée, être directement


responsables des lésions de maladies auto-immunes.

• Cela est certain dans des maladies expérimentales comme l'Encéphalomyélite


Auto immune Expérimentale (EAE) et dans le Diabète Insulinodépendant
(DID) de la souris NOD, par exemple, où la maladie n'est pas transmissible par
le sérum, mais seulement par les lymphocytes T.

• C'est probable, mais moins facile à prouver, dans certaines maladies auto
immunes humaines comme la Polyarthrite Rhumatoïde (PR) et le DID de type
I. Il existe chez tous les individus des lymphocytes T auto réactifs et des auto
anticorps qui reconnaissent des auto antigènes, mais ceux-ci sont
normalement rendus tolérants par différents mécanismes.

La rupture de cette tolérance est à l’origine de MAI


conséquences

• Comme dans toutes les réactions immunitaires spécifiques, l’activation


de lymphocytes T CD4 auto réactifs peut conduire à deux types de
réponse grâce à leur coopération cellulaire:

• Avec les cellules cytotoxiques tels que les lymphocytes T CD8 et les NK
(réponse cellulaire)

• Avec les lymphocytes B qui, une fois activés, se différentient en


plasmocytes producteurs d’auto anticorps (réponse humorale).

• Ces deux types de réponse donnent lieu à deux types de MAI.


maladies auto immunes médiées par une réponse immunitaire humorale

• Présence d’auto anticorps au niveau des lésions


tissulaires.
• Transfert possible par injection de sérum de l’homme à
l’animal ou de la mère à l’enfant durant la grossesse.
• Amélioration par les plasmaphérèses (qui éliminent les
auto anticorps).

la présence d’auto anticorps dans le sérum ne suffit pas à


leur conférer une pathogénicité. Dans la plupart des
maladies auto immunes, les auto anticorps sériques sont
utilisés à des fins diagnostiques mais leur rôle
physiopathologique n’est pas prouvé.
maladies auto immunes médiées par une réponse immunitaire cellulaire

• – Ne remplissent pas les critères précédents.


• – Présence de lymphocytes T au niveau des lésions.
• – Prédisposition HLA de classe II.

La mise en évidence de clones lymphocytaires T


auto réactifs pourraient participer au diagnostic
de ces patients, mais cette technique n’est pas
réalisable en pratique courante.
maladies par auto anticorps ou avec auto anticorps ?

 il est plus correct de définir ces maladies comme des


maladies avec auto anticorps (avec des taux "
significatifs " de certains auto anticorps) plutôt que
comme des maladies par auto anticorps.
 La meilleure preuve de leur pathogénicité est donnée
par l'efficacité du transfert de la maladie, ou au moins
des symptômes, par le sérum d'un animal atteint à un
animal sain.
 Chez l'homme, ce type de preuve est apporté par la
constatation du transfert materno-fœtal transitoire de
la maladie ou de ses symptômes (Lupus néonatal,
thyréotoxicose néonatale,…).
• Maladies auto-immunes (MAI): maladies dans lesquelles les
lésions observées sont dues à la mise en jeu d'une réaction
immunitaire vis à vis des constituants du soi.

• La présence d'auto anticorps non pathogènes, généralement à


taux faible, est un phénomène normal chez un sujet sain.

• Les MAI ne peuvent donc être définies que sur un ensemble de


critères cliniques et biologiques déterminés ,parmi lesquels le titre
des auto anticorps est fondamental. Ces maladies peuvent être
schématiquement divisées en :

-MAI spécifiques d'organes ou de tissus (comme les thyroïdites


auto-immunes, la myasthénie et le pemphigus)
- MAI non spécifiques d'organes
Facteurs environnementaux éventuellement
déclenchants
Rayonnement UV
– Capable d’induire des poussées de lupus (mécanisme d’action inconnu).

Prise de médicaments ou de toxiques :


– L’induction de MAI par un médicament ou un toxique peut survenir suivant différents
mécanismes :
* Réactivité croisée avec un auto antigène.
* Modification d’un auto antigène.

Agents infectieux
– Leur implication dans la survenue de MAI est souvent suspectée mais rarement
prouvée.
– Un des exemples les plus convaincants est la myosite cardiaque post-
streptococcémie, survenant par mimétisme moléculaire entre la protéine M du
streptocoque et la myosine cardiaque.
Mise en évidence d'auto anticorps
Facteurs antinucléaires
• Auto anticorps dirigés contre les structures du noyau.
• – Présents dans certaines MAI systémiques comme le LED (presque 100 %), la
sclérodermie (60 %), le syndrome de Sjögren (30 %) et la polyarthrite rhumatoïde
(30 %) mais aussi dans certaines maladies infectieuses (MNI: 60 %, hépatite virale
aiguë: 50 %).

• –L’aspect de l’immunofluorescence oriente vers la nature de l’auto anticorps


• * Fluorescence périphérique : Ac anti-ADN natif (double brin) :
• ■ Positifs dans 70% des LED et très spécifiques.
• ■ Spécifiquement détectés par immunoprécipitation de l’ADN radioactif (test de
Farr), ou par IFI sur Crithidiae luciliae dont le kinecore est constitué d’ADN pur, ou
par ELISA.

• * Fluorescence homogène : Ac anti-nucloprotéines nucléosomales (antihistones) :


• ■ Positifs dans la majorité des lupus induits par des médicaments.

• * Fluorescence mouchetée : Ac anti-nucléaires solubles :


• ■ Positifs dans de nombreuses MAI systémiques
Anticorps antiphospholipides (APL)
– Leur détection se fait en pratique par 2 méthodes, correspondant à
2 types distincts d’anticorps :
Anticoagulant circulant de type lupique (LA) ou antiprothrombinase,
détecté par des tests fonctionnels d’hémostase :
TCA allongé non corrigeable par du sérum témoin, témoin d’un
activité anticoagulante in vitro

Anticorps anticardiolipide (aCL), détecté par des tests


immunologiques :
- Méthode ELISA détectant des anticorps de types IgG, IgM, ou IgA
dirigés contre des antigènes cardiolipidiques,
- Cette méthode permet aussi de mettre en évidence les anticorps
antiB2-GP1 (cofacteur des aCL) ou d’autres anticorps anti-
phospholipides anioniques.

une sérologie syphilitique dissociée (VDRL+ mais TPHA-) est aussi


évocatrice d’APL, car le VDRL reconnaît un phospholipide
cardiaque bovin.
Le syndrome des antiphospholipides (SAPL) :
Est défini par la survenue d’événements thrombotiques artériels ou veineux et/ou de
fausses couches récurrentes associés à la mise en évidence d’un ou plusieurs APL sériques.

* Un SAPL peut être :


■ Secondaire à d’autres MAI comme le LED.
■ Primitif en l’absence de maladie sous-jacente décelable.

– Des anticorps de type APL peuvent aussi être retrouvés :


* Au cours de certaines pathologies infectieuses (viroses aiguës, endocardite bactérienne,
infection à VIH, mycoplasme...) ou néoplasiques,
* Lors de la prise de médicaments (phénothiazines, procainamide,
hydralazine ,quinidiniques, phénytoïne, acide valproïque…)

Chez 1 à 5 % des sujets sains, sans pour autant avoir de signification pathologique
Facteurs rhumatoïdes (FR)
Auto anticorps dirigés contre les fragments Fc des immunoglobulines (Ig)
autologues. Le plus souvent, il s’agit d’isotypes IgM,

– Les FR d’isotypes IgM sont détectables par 2 réactions d’agglutination :


* Le test au Latex : agglutination de particules de latex recouvertes d’Ig humaines.
* La réaction de Waaler Rose: agglutination de globules rouges de mouton ou
humains recouverts d’Ig de lapin

– Ces auto anticorps sont observés dans :

70 % des polyarthrites rhumatoïdes (pourcentage augmentant avec l’ancienneté de


la maladie) mais également dans d’autres MAI systémiques comme le syndrome
de Gougerot Sjögren et le LED.

Certaines pathologies infectieuses: infections bactériennes dont les endocardites,


tuberculose, lèpre, syphilis, hépatites virales, MNI...).

Des syndromes lymphoprolifératifs B (Ig monoclonale à activité rhumatoïde):


maladie de Waldenström, cryoglobulinémie de type II, leucémie lymphoïde
chronique...
5 à 20 % des sujets sains, leur prévalence augmentant avec l’âge
Anticorps anticytoplasme des polynucléaires neutrophiles
(ANCA)
• Auto anticorps reconnaissant des enzymes caractéristiques des granules primaires ou
secondaires des polynucléaires neutrophiles ou des lysozomes des monocytes :
essentiellement la protéinase 3 et la myéloperoxydase.

• – Leur dépistage se fait par IFI sur frottis de PNN et pourra ensuite être confirmée par
méthode ELISA :
• * Fluorescence cytoplamique (classical ANCA ou cANCA) : protéinase 3.
• * Fluorescence périphérique (perinuclear ANCA ou pANCA) : myeloperoxydase.
• – Il existe également des ANCA dits atypiques, qui se rencontrent essentiellement dans
les vascularites médicamenteuses.

• – Les ANCA se rencontrent principalement dans certaines vascularites :


• * Maladie de Wegener (cANCA : 80 %, pANCA :10 %).
• * Syndrome de Churg et Strauss (cANCA : 10 %, pANCA : 50 %).
• * Micropolyangéite (cANCA : 20 %, pANCA : 70%).

• – Les pANCA sont peu spécifiques et se détectent également dans la polyarthrite


rhumatoïde, la rectocolite hémorragique, la malaide de Crohn, la cholangite scérosante
primitive...
Autres autoanticorps
– Les principaux anticorps associés aux MAI spécifiques
d’organes
Autres manifestations biologiques
fréquentes
a) Syndrome inflammatoire biologique en phase aiguë

b) Hypergammmaglobulinémie

– Polyclonale touchant tous les isotypes: se voit dans toutes les maladies
inflammatoires mais est particulièrement importante au cours des hépatites
aiguës autoimmunes, du syndrome de Sjögren, du LED et de la sarcoïdose.
– Polyclonale d’isotype IgM : oriente plutôt vers une cirrhose biliaire primitive (CBP).
– Monoclonale : doit faire rechercher un syndrome lymphoprolifératif qui peut se
compliquer d’une MAI.
Cryoglobulines
– Immunoglobulines sériques qui précipitent au froid mais se
redissolvent au chaud.
– Des précautions particulières s’imposent donc pour l’acheminement de
l’échantillon à analyser : rapide et à température proche de 37°C, avant leur
recherche à 4°C.
– Il existe 3 types de cryoglobulines :
* Type I : Ig monoclonale.
* Type II: Ig monoclonale (souvent un facteur rhumatoïde IgM ) et Ig
polyclonales.
* Type III (mixte): Ig polyclonales.
– Peuvent survenir lors des MAI (type III),
au cours de certaines infections dont l’hépatite C (types II ou III) ou au cours
d’hémopathies malignes (types I ou II).
– Peuvent se compliquer de manifestations de vascularite par dépôts de complexes
immuns.
Complément sérique

– Hypercomplémentémie :
S’inscrit dans le cadre du syndrome inflammatoire, se voit aussi dans la
cirrhose biliaire primitive.
– Hypocomplémentémie :
Les déficits congénitaux en fraction C2 ou C4 prédisposent au lupus
systémique (par exemple : 50% des sujets ayant un déficit homozygote en
C2 développent un LED).

Les déficits acquis par consommation des différents composants du


complément :
- Survenant au cours de certaines MAI (LED, vascularites,
cryoglobulinémies), ils régressent en dehors des poussées de la maladie.
- Peuvent aussi survenir dans d’autres circonstances: endocardite, infection
à méningocoque ou à E. coli, anémie hémolytique, glomérulonéphrite,
insuffisance hépatocellulaire sévère.
Principes du traitement :
● Globalement le traitement des MAI repose sur les médicaments
immunomodulateurs:
– Dans leur forme sévère aiguë, il s’appuie sur
corticoïdes intraveineux en bolus,
alkylants injectables,
immunoglobulines intraveineuses
ou les échanges plasmatiques

– Dans leur forme chronique, il utilise


les corticoides oraux, la ciclosporine, l’azathioprime, le mycophenolate mofetil
et le méthotrexate.

● De nouvelles molécules comme les anti-TNF (infliximab) ou les anti-CD20


(rituximab) sont en cours d’évaluation dans de nombreuses pathologies.
● Cependant, chaque MAI a ses indications thérapeutiques particulières
corticoïde
* Orale (prednisone ou méthylprednisolone le plus souvent) dans les formes
chroniques, à des doses variant de 7.5 mg (rhumatismes peu actifs) à 1
mg /kg/ jour (connectivite ou vascularite en poussée). Les doses sont
ensuite diminuées lentement sur plusieurs mois, pour tenter de parvenir à
des doses non toxiques (<10 mg/jour), voire à l’arrêt de la corticothérapie,
en s’aidant si nécessaire de l’introduction d’un immunosuppresseur
(cyclophosphamide, azathioprime, mycophénolate mofétyl,
méthotrexate…).

* Intraveineuse, de préférence en bolus (500 à 1000 mg de méthylprednisone,


3 jours consécutifs) en raison de leurs moindres effets secondaires, dans
les formes aiguës graves.
Echanges plasmatiques (EP)
● Les échanges plasmatiques ou plasmaphérèses consistent à épurer le sérum des
patients de ses anticorps, en les remplaçant progressivement par un soluté de
remplissage (albumine humaine, plasma frais, solutés macromoléculaires).
● Technique coûteuse, nécessitant une très bonne voie d’abord veineuse, de
durée prolongée (plusieurs heures par séance, plusieurs séances par semaines)
et souvent mal tolérée (troubles hémodynamiques, hypocalcémies sévères,
troubles de la coagulation..).
● Leur utilisation est réservée aux MAI graves pour lesquelles la présence d’un
anticorps pathogène est prouvée ou très fortement suspectée :
– Crises aiguës thyrotoxiques, myasthéniques.
– Certaines atteintes neurologiques périphériques : polyradiculonévrites aiguës,
vascularites cryoglobulinémiques.
– Purpura thrombotique thrombocytopénique (syndrome de Moschowitz)
– Parfois autres vascularites et connectivites en échappement thérapeutique.

Immunoglobulines intraveineuses (Ig IV)

● Administration intraveineuse d’immunoglobulines humaines , dans le but de neutraliser les


autoanticorps pathogènes. Leur mode d’action reste peu connu :

● Technique hospitalière très coûteuse, se réalisant en cures intraveineuses très lentes (environ 2 heures
pour 10 g) pour un total de 1g/kg sur 3 jours le plus souvent.
● Effets secondaires :
– Les Ig IV sont en règle générale bien tolérées, mais quelques complications peuvent survenir:
* Durant la perfusion (1-15%), transitoires : céphalées, bouffées de chaleur, nausées, fièvre, frissons, plus
rarement douleurs abdominales, osseuses, musculaires, thoracique.
* Rares réactions anaphylactiques peuvent survenir, essentiellement chez les patients ayant un déficit en
IgA, immunisés contre elles : toujours doser les IgA avant de débuter des IgIV et en cas de déficit,
utiliser des IgIV déplétées en IgA.
– Autres complications :
* Méningite aseptique, se résolvant spontanément en 3-5 jours.
* Insuffisance rénale souvent transitoire.
* Anémie et neutropénies immunes.

● Principales indications :
– Déficit congénitaux ou acquis en Ig, MAI avec autoanticorps pathogène (les mêmes que pour les EP),
PTI, maladie de Kawasaki, polymyosites et dermatomyosites...
Immunosuppresseurs
Ils constituent le traitement des MAI corticorésistantes ou corticodépendantes (à visée
d’épargne cortisonique) mais sont aussi parfois associés aux corticoïdes en première ligne
dans certaines MAI graves (EDX pour les vascularites, lupus avec atteinte rénale...) ou
pathologie articulaire (MTX dans les PR).
a) Cyclophosphamide (Endoxan®)
– Mode d’action : agent alkylant.
– Administration :
* En bolus intraveineux (750mg/m2) après hydratation intraveineuse de quelques heures .
* Plus rarement per os (50-100mg/j) dans les formes résistantes
– Effets secondaires principaux :
cystite hémorragique , amenorrhée, azoospermie, baisse de la fertilité, effet oncogène à long terme,
alopécie rare.

b) Méthotrexate (Methotrexate®)
– Mode d’action : inhibiteur du métabolisme des purines (inhibiteur compétitif de la dihydrofolate réductase).
– Administration : per os ou IM à faible doses (10-15 mg /semaine) avec supplémentation en acide folinique à
distance de la prise
– Effets secondaires (limités par l’acide folinique) :
toxicité digestive (dont mucite), cytopénie, hépatite cytolytique, pneumopathie interstitielle, troubles
neurologiques
c) Azathioprine (Imurel®)
– Mode d’action : bloque la formation des purines, essentiellement au niveau des lymphocytes T.
– Administration : per os 1,5 à 3 mg/kg.
– Effets secondaires :
macrocytose isolée, cytopénies, cytolyse hépatique, intolérance cutanée.

d) Mycophénolate mofétil (Cellcept®)


– Mode d’action : intervient également par le biais du métabolisme des purines et inhibe la
prolifération des lymphocytes et la synthèse des anticorps, et a un effet anti-inflammatoire direct
– Administration : per os 2 cp /jour (dose bien moindre que dans les greffes d’organes)
– Effets secondaires nombreux :
fatigue, fièvre, céphalées, douleurs, troubles digestifs, cytopénies, tremblements, insomnie, HTA,
hypercholestérolémie, dyskaliémie, hyperglycémie...

e) Ciclosporine
– Mode d’action : immunosuppression puissante inhibant l’activation lymphocytaire T mais non toxique
sur l’hématopoïèse
– Administration : per os ou IV 3-5 mg/kg par jour en 2 prises
– Effets secondaires nombreux : tremblements, hypertrichose, gingivopathie, insuffisance rénale
(vasculaire et tubulointerstitielle), HTA, cytolyse hépatique
Molécules recombinantes anti-TNF
Nouvelles molécules anti-inflammatoires puissantes agissant spécifiquement sur le TNF.
● Il en existe 2 types :

– Infliximab (Remicade®) :
* Anticorps anti-TNF(molécule chimérique associant un fragment constant
d’immunoglobuline humaine IgG1 et un domaine de liaison antigénique murin ) qui lie
le TNF soluble et membranaire.
* S’administre en perfusion intraveineuse toutes les 4 à 8 semaines, en association à un
immunosuppresseur en raison du risque d’immunisation.

– Etanercept (Embrel®) :
* Récepteur soluble du TNF (protéine de fusion associant portion du domaine de liaison
du récepteur au TNF de type 2 et fragment constant d’immunoglobuline humaine
IgG1)
* s’administre par voie sous cutanée 2 fois par semaine.
● Leur tolérance est bonne, en dehors de :
– Quelques accidents allergiques (urticaire, oedème de Quincke,
rash cutané).
– Céphalées, vertiges, tachycardie, hypotension, douleurs
abdominales.
– Une fréquence accrue d’infections, en particulier virales (herpes)
et bactériennes (bronchites, pneumonies, sinusites… et
tuberculose).
● Leur effet est bien démontré dans la polyarthrite rhumatoïde, les
spondylarthropathies et la maladie de Crohn (étanercept), où ils
sont maintenant largement utilisés. Leur intérêt est en cours
d’évaluation pour de nombreuses autres pathologies (maladie
de Behcet, vascularites…).
Anticorps monoclonal anti-CD20 (rituximab, Mabthera®)
a) Action immunomodulatrice
– Anticorps monoclonal chimérique (molécule chimérique associant un
fragment constant d’immunoglobuline humaine IgG1 et domaine de liaison
antigénique murin).
– Lie spécifiquement le CD20, molécule de surface spécifique des lymphocytes
pré B et B matures et provoquant la destruction des ces lymphocytes par
l’intermédiaire du segment Fc (cytotoxicité dépendante du complément ou de
type ADCC).
b) Mode d’administration
– Intraveineuse uniquement, en perfusion continue très lente après prémédication IV
antiallergique et antipyrétique (corticoïdes, antihistaminique, paracétamol)
– Sous surveillance rapprochée de la TA et du pouls.
– Généralement : 4 perfusions à 1 semaine d’intervalle chacune.
c) Effets secondaires
– Fréquents mais généralement bénins au cours de la perfusion, cédant le plus
souvent après ralentissement de la perfusion : tachycardie, hypotension,
céphalées, fièvre, myalgies, nausées,vomissements, vertiges, signes allergiques (prurit, rash
cutané, bronchospasme…).

– Bonne tolérance au long cours en dehors
* D’une immunodépression humorale (disparition des
lymphocytes B circulants durant plusieurs mois dans 80% des
cas mais peu de diminution des immunoglobulines sériques).

* D’une incidence accrue d’infections à pyogènes (bronchites,


infections urinaires, pneumonies..) et virales (herpes, zona...).
Nouvelles approches thérapeutiques :
• Au cours de la dernière décennie, le développement de biothérapies est venu enrichir
l’arsenal thérapeutique utilisé au cours des maladies auto-immunes systémiques (MAIS).
Ces immuno-interventions peuvent être dirigées contre tous les « acteurs » de la réponse
immunitaire et comprennent schématiquement :
• les inhibiteurs du lymphocyte B (LB). Du fait du rôle majeur des LB dans la pathogénie des
maladies auto-immunes, son inactivation par des inhibiteurs spécifiques a été envisagée.
Trois voies sont à l’étude : déplétion des LB par anticorps anti-CD20, inhibition du système
BLyS et tolérogènes spécifiques du LB ;
• les inhibiteurs de la co-stimulation. Les cellules présentatrices de l’antigène expriment
différentes molécules de co-stimulation qui interagissent avec des molécules à la surface
des lymphocytes T (LT). Ces co-stimuli sont nécessaires à l’activation des LT et constituent
de ce fait des cibles privilégiées. Plusieurs thérapeutiques sont en cours d’étude : anti-
CD40 ligand ou CTLA-4 Ig (abatecept) ;
• les inhibiteurs des LT qui permettent de bloquer les
lymphocytes autoréactifs, cellules clés dans l’émergence des
MAIS ;
• les immunomodulateurs cytokiniques ;
• les inhibiteurs des chémokines et des adhésines, molécules
impliquées dans le « routage » de cellules
immunocompétentes vers les organes.

Ces nouvelles approches, fondées sur une réflexion


immunologique, sont liées à l’identification de cibles
impliquées dans l’immunopathologie des MAIS. Ces nouveaux
traitements sont en cours de développement chez l’homme.

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