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M I S E A U P O I N T

Les autoanticorps : comment les rechercher,


et quelle est leur valeur diagnostique ?
Autoantibodies : how to detect them and what is their diagnostic value ?
" J. Sibilia*, J. Goetz**

P o i n t s f o r t s I. Autoanticorps :
comment les rechercher ?
# Les autoanticorps sont des marqueurs dia-
gnostiques et pronostiques très utiles, mais la
présence d’un autoanticorps ne signifie pas for-
cément l’existence d’une maladie auto-immune.
Il peut s’agir d’une infection chronique (VHC...)
ou d’une affection néoplasique.
COMMENT FAIRE LE DIAGNOSTIC
DE MALADIE AUTO-IMMUNE ?
# Les autoanticorps sont des marqueurs dia-
gnostiques, mais aussi parfois des acteurs Les premières étapes, qui sont l’interrogatoire et l’examen
pathogéniques, surtout dans certaines affec- clinique, permettent de détecter les maladies auto-immunes
tions auto-immunes spécifiques d’organes spécifiques et non spécifiques d’organes. La plupart des mala-
(myasthénie, neuropathie). dies auto-immunes se caractérisent par des critères clinico-
biologiques de classification, dont l’avantage est de définir des
# La détection des autoanticorps justifie une groupes d’affections assez homogènes, mais ces critères ont
stratégie en deux étapes : dépistage en immu- l’inconvénient de ne pas être suffisamment sensibles au début
nofluorescence (sur cellule Hep) puis identifica-
de la maladie.
tion par une technique immunologique (ELISA,
RIA, immunodiffusion).
Les signes biologiques sont des arguments diagnostiques
importants, mais il faut différencier différents types d’ano-
# Les autoanticorps sont utiles pour le diagnos- malies.
tic dans cinq situations cliniques : ! Les signes biologiques non spécifiques peuvent être utiles
– une maladie systémique présumée auto-immune, Certaines anomalies comme les cytopénies périphériques ou
– une maladie spécifique d’organes présumée l’hypergammaglobulinémie polyclonale sont assez fréquentes
auto-immune, au cours des maladies auto-immunes systémiques (surtout au
– une polyarthrite débutante, cours du Gougerot-Sjögren et du lupus systémique), à condi-
– une vascularite systémique, tion d’avoir éliminé les étiologies toxiques ou infectieuses.
– un syndrome des antiphospholipides.
Dans certains cas, la découverte d’une myolyse (polymyosite)
ou de perturbations du bilan hépatique (hépatopathie chro-
# Certains autoanticorps sont très spécifiques
des maladies auto-immunes (anti-Sm, anti-Ro/SSA, nique auto-immune) permet aussi d’orienter le diagnostic.
anti-Scl 70), mais certains le sont beaucoup ! Les signes biologique spécifiques sont essentiellement les
moins (facteur rhumatoïde, antithyroïdien). autoanticorps
Ces autoanticorps sont très nombreux, puisqu’il existe plus de
Mots-clés : Autoanticorps - Maladies auto-immunes. 200 spécimens antigéniques différents, qu’il n’est pas possible
Keywords : Autoantibodies - Autoimmune diseases. de décrire de façon exhaustive.
Nous décrirons :
– les principes d’interprétation des autoanticorps,
* Service de rhumatologie, hôpital de Hautepierre, HUS, Strasbourg. – les méthodes et la stratégie diagnostique,
** Laboratoire d’immunologie, hôpital de Hautepierre, HUS, Strasbourg. – les principales spécificités et leur signification clinique.

La Lettre du Rhumatologue - n° 291 - avril 2003 15


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LES AUTOANTICORPS : CARACTÉRISATION virus de l’hépatite C induit des phénomènes d’auto-immuni-


sation qui se traduisent par l’apparition d’une cryoglobuline
ET MÉTHODES DE DÉTECTION mixte (dite de type II), dont le composé monoclonal est une
ET D’IDENTIFICATION IgM qui a une activité facteur rhumatoïde.
" Certains syndromes lymphoprolifératifs B, en particulier la

La découverte d’autoanticorps sériques suffit-elle à leucémie lymphoïde chronique, se caractérisent par la syn-
thèse d’autoanticorps monoclonaux (anti-cytosquelette, anti-
poser le diagnostic de maladie auto-immune ?
globule rouge, facteur rhumatoïde, anti-myéline), le plus sou-
L’origine auto-immune d’une affection ne peut être démon-
vent de type autoanticorps “naturel”. Ces autoanticorps
trée de façon absolue que dans des conditions expérimentales :
peuvent avoir parfois un rôle pathogène (ex. : neuropathie péri-
– si l’on reproduit la maladie par l’immunisation avec un
phérique liée à une IgM monoclonale anti-myéline).
autoantigène,
– si l’on reproduit la maladie par l’injection d’un autoanti-
2. L’autre situation, est l’apparition d’autoanticorps
corps,
induite par différentes drogues (tableau I). Ces autoanti-
– si l’on transfère une maladie auto-immune à un sujet sain
corps sont habituellement des antinucléaires (sans spécificité
avec les lymphocytes T et/ou B autoréactifs d’un sujet malade.
antigénique), des antihistones, des antiphospholipides. Ils
n’ont habituellement pas de signification pathologique, car les
Bien sûr, il n’est pas possible d’obtenir cette confirmation en
lupus induits qui s’expriment cliniquement sont rares.
pratique médicale quotidienne ; c’est pourquoi, en cas de sus-
picion de maladies auto-immunes, on utilise des marqueurs Tableau I. Liste des médicaments inducteurs de lupus.
diagnostiques simples qui ont habituellement des autoanti- Médicaments Risques
corps.
Antiarythmiques
Procaïnamide* ++++
Les autoanticorps sont-ils toujours la conséquence Quinine (Quinine®) ++
de phénomènes d’auto-immunisation pathologiques ? Quinidine (Cardioquine®, Longacor®) +
En fait, la découverte d’autoanticorps ne signifie pas forcé- Disopyramide (Isorythm®, Rythmodan®) ±
ment maladie auto-immune, pour deux raisons essentielles. Propafénone (Rythmol®) ±

Antihypertenseurs
1. Une autoréactivité “physiologique” est présente chez tous Hydralazine* ++++
les individus et se traduit par la production d’autoanticorps Cilazapril (Justor®) +
“naturels”. Ces autoanticorps “naturels” sont souvent de faible Méthyldopa (Aldomet®) +
affinité et multispécifiques. Ils participent à la régulation du Acébutolol (Sectral®) ++
Alprénolol* ±
réseau idiotypique et à l’élimination des antigènes endogènes Aténolol (Ténormine®) ±
et exogènes. Ils sont produits contre des autoantigènes cellu- Bétaxolol (Kerlone®) ±
laires comme le cytosquelette (vimentine), les phospholipides, Labétalol (Trandate®) ±
les immunoglobulines ou d’autres autoantigènes communs. Métoprolol (Lopressor®, Seloken®) ±
Oxprénolol (Trassipressol®) +
Cette autoréactivité “physiologique” s’oppose à l’auto-immu- Pindolol (Visken®) ±
nité “pathologique”, appelée aussi “autoagressivité”, qui se Practolol • ++
caractérise par la présence d’autoanticorps “pathogènes”. Ces Propranolol (Avlocardyl®) ±
autoanticorps sont le plus souvent des IgG de forte affinité, Sotalol (Sotalex®) ±
souvent monospécifiques. Tertatolol (Artex®) ±
Captopril (Lopril®) +
L’auto-immunisation physiologique peut expliquer l’appari- Énalapril (Renitec®) ±
tion d’autoanticorps dans des situations cliniques, sans rap- Clonidine (Catapressan®) ±
port avec une maladie auto-immune. Plusieurs exemples peu- Minoxidil (Lonoten®) ±
vent être décrits : Prazosine (Minipress®) ±
" Chez un sujet âgé sain, des facteurs rhumatoïdes ou d’autres
Psychotropes
anticorps sont détectables chez près de 20 % des individus. Chlorpromazine (Largactil®) +
" Lors d’une réaction inflammatoire chronique, différents Clobazam (Urbanyl®) ±
autoanticorps, sans signification pathologique, peuvent aussi Perphénazine (Trilifan retard®) ±
être observés. Il s’agit le plus souvent de facteurs rhumatoïdes, Phénelzine* ±
d’antiphospholipides ou d’anticorps antithyroïdiens. À titre Chlorprotixène* ±
Lithium (Théralite®) ±
d’exemple, dans une endocardite bactérienne (maladie d’Os-
ler) ou dans une parasitose chronique (paludisme, leishma- Anticonvulsifs
niose), des facteurs rhumatoïdes sont détectés dans près de Phénytoïne (Dyhydan®) ±
30 % des cas. L’hépatite C chronique est un cas particulier. Le Carbamazépine (Tégrétol®) +
.../...
16 La Lettre du Rhumatologue - n° 291 - avril 2003
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.../... Quel est le rôle pathogène des autoanticorps ?


Les lésions tissulaires dans les maladies auto-immunes peu-
Triméthadione • +
Primidone (Mysoline®) +
vent être liées à différents mécanismes :
Valproate (Dépakine®) ± – des lésions cytotoxiques liées à des lymphocytes T spéci-
Éthosuximide (Zarontin®) + fiques,
– des lésions induites par des autoanticorps produits par des
Antithyroïdiens
Propylthiouracile (Propylthiouracile®) + lymphocytes B autoréactifs.
Antibiotiques Les mécanismes avec lesquels ces anticorps vont agir sont
Acide nalidixique (Négram®) ±
Isoniazide (Rimifon®) +
multiples :
Nitrofurantoïne (Furadantine®) ± 1. Des actions directes sur les cellules cibles :
Minocycline (Mestacine®, Minolis®, Mynocine®) ± – fixation directe sur un récepteur “antigénique” exprimé par
Griséofulvine (Griséfuline®) ± la membrane cellulaire qui peut être activateur (exemple : AC
Rifampicine (Rifadine®, Rimactan®) ± antirécepteur de la TSH inducteur de l’hyperthyroïdie de la
Rifabutine (Ansatipine®) ±
maladie de Basedow) ou inhibiteur (exemple : AC antirécep-
Anti-inflammatoires et immunomodulateurs teur de l’acétylcholine dans la myasthénie) ;
Pénicillamine (Trolovol®) ++ – destruction de la cible par une cytotoxicité directe dépen-
Sulfasalazine (Salazopyrine®) +
Mésalazine (Pentasa®) ±
dante des anticorps (ADCC) ;
Olsalazine (Dipentum®) ± – formation de complexes immuns in situ, puis cytolyse par
Phénylbutazone (Butazolidine®) ± activation du complément ;
Infliximab (Remicade®), etanercept (Enbrel®) ± - neutralisation de l’activité ou des fonctions d’une protéine
Interleukine 2 (Proleukin®) + fonctionnelle (enzymes).
Alpha-interféron (Ropheron®, Introna®, Laroféron®) ±
Interféron gamma (Imukin®) ±
2. Des lésions liées à des immuns-complexes circulants :
Diurétiques – formation d’immuns-complexes solubles avec l’antigène
Chlortalidone (Logroton®, Tenoretic®, Trasitensine®) ± “cible” puis activation du complément ;
Hydrochlorothiazide (Esidrex®) ±
– dépôt des immuns-complexes sur la cellule cible, puis cyto-
Divers lyse par activation du complément in situ.
Simvastatine (Lodalès®, Zocor®) +
Lovastatine* ±
L-Dopa (Modopar®, Sinemet®) ±
Aminoglutéthimide (Orimétène®) ± Tous les autoanticorps n’ont pas forcément un rôle pathogène,
Timolol gouttes (Timoptol®) ± mais certains ont des actions pathogènes caractéristiques.
Défériprone (Ferriprox®) - Dextran ferreux (Promit®) ± Les meilleurs exemples sont probablement les anticorps
Oméprazole (Mopral®) ± capables de reconnaître leur cible spécifique et d’entraîner
* Non commercialisé en France. • Retiré du marché. leur destruction, comme les anticorps anti-globules rouges
dans les anomalies hémolytiques auto-immunes, ou les anti-
corps antirécepteurs de l’acétylcholine dans la myasthénie.
Les autoantigènes “cibles”
Presque toutes les molécules de l’organisme présentent une Un autre exemple célèbre est le lupus néonatal, induit par les
taille suffisante pour être des autoantigènes. Ces autoantigènes anticorps anti-Ro/SSA de la mère. Différents arguments plai-
sont surtout des protéines (glycoprotéines, enzymes) et des dent en faveur du rôle pathogène direct de ces autoanticorps :
acides nucléiques. Ils peuvent être spécifiques d’organes ou – Dans le lupus néonatal, les IgG anti-Ro/SSA maternels tra-
présents dans de nombreux tissus. Les différents autoantigènes versent le placenta et se déposent dans le tissu myocardique
recensés sont : fœtal entre la 17e et la 24e semaine. C’est pendant cette période
– des protéines structurales (histone, laminine, myosine, col- que le myocarde exprime la plus grande quantité d’antigène
lagène), Ro/SSA. Le dépôt d’autoanticorps anti-Ro/SSA va provoquer
– des protéines fonctionnelles (facteur intrinsèque, récepteur une myocardite, dont les séquelles irréversibles vont entraî-
de la THS, immunoglobuline), ner des troubles de la conduction myocardique (bloc auriculo-
– des hormones (insuline), ventriculaire congénital).
– des enzymes (myéloperoxydase, thyroperoxydase, topo-iso- – Ces troubles de la conduction peuvent être produits expéri-
mérase, pyruvate déshydrogénase), mentalement sur des cœurs de lapin par la perfusion ex vivo
– des acides nucléiques (ADN, ARN) ou des ribonucléopro- d’anti-Ro/SSA immunopurifiés.
téines (Ro, La, Sm, RNP), – Dans ce modèle, le rôle pathogène des anti-Ro/SSA est bien
– d’autres structures comme les phospholipides et les gan- établi, mais les mécanismes lésionnels sont mal connus. Seule
gliosides. une fraction limitée des anti-Ro est réellement pathogène,

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puisque seule une femme sur vingt avec anti-Ro donne nais- Les substrats les plus utilisés sont les cellules Hep-2 (cellules
sance à un enfant atteint de lupus néonatal. D’autres facteurs de carcinome laryngé humain), qui ont l’avantage de possé-
(facteur environnement, terrain génétique) expliquent proba- der des gros noyaux activés comprenant de nombreux anti-
blement l’effet pathogène inconstant de ces anti-Ro/SSA. gènes nucléaires, mais aussi cytoplasmiques. Ces cellules sont
fixées sur des lames commercialisées. Cette immunofluores-
Comment détecter en pratique des autoanticorps ? cence peut également être effectuée sur d’autres substances,
Par définition, la recherche des autoanticorps nécessite tou- en particulier sur des coupes tissulaires, différents organes,
jours une technique immunologique reposant sur une réaction notamment de rein, de foie et d’estomac. Les figures 1 à 14
antigène-anticorps (tableau II). illustrent les principaux aspects en immunofluorescence des
autoanticorps nucléocytoplasmiques.
Tableau II. Dépistage des anticorps antinucléaires (AAN).
2. L’étape d’identification
La détection d’autoanticorps antinucléaires en immunofluo-
rescence justifie une identification qui peut se faire de diffé-
rentes façons (tableau III et figures 15 A, B, C, D) :
– Dès l’étape d’immunofluorescence, car la localisation cel-
lulaire ou tissulaire peut parfois être spécifique. À titre
d’exemple, les anticorps anticentromères (marqueurs du
CREST syndrome) ont un aspect très caractéristique en immu-
nofluorescence.
– D’autres techniques comme l’immunoprécipitation, les
méthodes immunoenzymatiques, la radio-immunologie, les
techniques d’immunoempreinte (Western-Blot) permettent
d’identifier la cible moléculaire de ces autoanticorps.

Comment interpréter la recherche des autoanticorps ?


Cette recherche va être confiée à un laboratoire capable de
mettre en œuvre différentes techniques nécessaires à la détec-
tion et à l’identification. Il existe différents pièges techniques
et diagnostiques.
Les pièges
1. Les pièges techniques sont liés aux limites des méthodes uti-
lisées :
! L’immunofluorescence est une technique simple, mais cer-
tains fixateurs peuvent modifier les antigènes, comme par
exemple l’anti-Ro/SSA. Ainsi, avec les préparations com-
merciales de cellules Hep-2, 1 à 5 % des anticorps anti-Ro ne
sont pas détectés en immunofluorescence. Pour améliorer la
sensibilité, il a été proposé d’utiliser des substrats cellulaires
transfectés avec le gène de la protéine cible. À titre d’exemple,
il existe des cellules Hep-2 transfectées avec le gène Ro/SSA,
distribuées dans le commerce.
! L’immunodiffusion en gel permet la détection d’autoanti-
corps dirigés contre des antigènes solubles. Leur identifica-
tion s’effectue grâce à un sérum de référence. L’un des incon-
vénients de cette méthode est son manque de sensibilité.
1. L’étape de dépistage ! Les techniques immunoenzymatiques sont les plus répan-
La recherche d’autoanticorps nécessite une technique globale dues, mais les résultats sont très dépendants de la qualité des
de dépistage sensible et spécifique. L’immunofluorescence est antigènes utilisés (pureté, qualité de la fixation de l’antigène
la technique la plus utilisée, car elle permet de détecter aisé- sur son support, accessibilité des épitopes de l’antigène).
ment un gros nombre d’autoanticorps, et cela avec plusieurs ! Les antigènes extraits de tissus humains sont vraisembla-
avantages : facilité d’exécution, sensibilité, possibilité de blement les antigènes les plus natifs, mais ils peuvent être
détecter plusieurs autoanticorps à la fois. dénaturés par des agents physiques ou chimiques.

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Figures 1 à 5. Les principaux autoanticorps détectés en immunofluorescence.

LES AUTOANTIGÈNES

A Figures 1 A et B. Les autoantigènes nucléocytoplasmiques : (A) Cellule ; (B) Noyau. B

LES AUTOANTICORPS DU LUPUS ET DU SYNDROME DE GOUGEROT-SJÖGREN

Figure 2. Anti-Ro/SSA et anti-La/SSB. Figure 3. Anti U1-RNP.

A B

Figures 4A et B.
Le complexe Sm/RNP.

A Figures 5A et B.
Anti-ADN natif [IFI Hep-2 (A) .../...
et IFI crithidia (B)]. B
19
.../... Figures 6 à 14. Les principaux autoanticorps détectés en immunofluorescence.

LES AUTOANTICORPS DES MYOSITES

Figure 7. Anti-Mi2.

Figure 6. Anti-J01.

LES AUTOANTICORPS DES SCLÉRODERMIES

Figure 8. Anticentromères. Figure 9. Anti-Scl 70. Figure 10. Antinucléolaires.

LES AUTOANTICORPS DES SYNDROMES LES AUTOANTICORPS


DE CHEVAUCHEMENT (SCLÉRODERMATOMYOSITE) DE LA POLYARTHRITE RHUMATOÏDE

Figure 11.
Anti Pm-Scl.

Figure 12.
Antifilagrine
(“antikératine”).

LES ANCA

Figure 14.
Anticytoplasme
des polynucléaires de type P
(p-ANCA).

Figure 13.
Anticytoplasme
des polynucléaires de type C
(c-ANCA).

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Figures 15. Techniques d’identification des autoanticorps.

A. Immunofluorescence indirecte. B. Méthode immunoenzymatique.

C. Immunodiffusion radiale. D. Immunoblot.

! Des antigènes recombinants peuvent être utilisés car ils ont L’analyse des résultats
l’avantage d’être standardisables. Selon les laboratoires, il peut y avoir quelques différences liées
! L’utilisation de peptides de synthèse est possible, mais doit aux lots de lames de cellules Hep-2 utilisées et à la qualité du
être évitée car beaucoup d’autoanticorps sont plutôt dirigés matériel (microscope à fluorescence). Les résultats du dépis-
contre des déterminants conformationnels exprimés unique- tage sont rendus en résultats positifs à la dilution qui semble
ment par les antigènes natifs. significative. Dans la plupart des laboratoires, le dépistage est
! L’immunotransfert est parfois utilisé, mais l’interprétation considéré comme positif si la dilution de 1/80 ou 1/160 est
du résultat peut être difficile quand plusieurs antigènes pos- positive. Ce seuil de positivité doit être discuté en fonction de
sèdent le même poids moléculaire ou lorsque l’autoanticorps chaque laboratoire et de l’âge du patient. Les résultats de
est dirigé contre un déterminant conformationnel détruit par l’identification sont plus précis, car, selon la technique, le
les agents dénaturants lors de l’électrophorèse. résultat est rendu positif de façon quantitative (U/ml) ou sim-
plement qualitative (présent ou non).
2. Les pièges diagnostiques
L’absence d’autoanticorps n’exclut pas le diagnostic de mala-
die auto-immune pour différentes raisons : Faut-il chercher des autoanticorps dans les liquides
– au début d’une affection, les anticorps peuvent manquer et biologiques autres que le sang ?
apparaître par la suite ; Il a été proposé de rechercher des autoanticorps dans des
– les autoanticorps ne sont pas constants au cours d’une mala- liquides comme le liquide synovial, le liquide pleural
die auto-immune ; ou d’autres sites, mais aucune étude utilisée en pratique
– chez un malade avec un déficit en immunoglobuline, les anti- diagnostique n’a validé cette attitude. À ce jour, les autoanti-
corps peuvent ne pas être détectables. corps sont isolés dans le sérum.

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Tableau III. Principaux autoanticorps/techniques de recherche/maladies associées.

Autoanticorps Technique Technique Affections associées


de dépistage de confirmation

Antinucléaires anti-ENA
anti-Ro(SSA) IFID, IP IP, ELISA, dot LED, Gougerot-Sjögren, SCLE, BAVC
anti-La (SSB) IFID, IP IP, ELISA, dot Gougerot-Sjögren, LED, BAVC
anti-Sm IFID, IP IP, ELISA, dot LED
anti-RNP IFID, IP IP, ELISA, dot LED, connectivite mixte
anti-Scl-70 IFID, IP IP, ELISA, dot Sclérodermie systémique
anti-Jo1 IFID, IP IP, ELISA, dot Polymyosite
anti-PL7, PL12 IFID, IP IP Polymyosite
anti-Mi2 IFID, IP IP Dermatopolymyosite
anti-Pm-Scl et anti-KU IFID, IP IP Polymyosite - sclérodermie

Anti-ADN natif IFID, ELISA, RIA – LED

Anticentromères IFID (ELISA) CREST syndrome

Antimitochondries (M2) IFID (ELISA-blot) Cirrhose biliaire primitive

Antiactine IFID IP Hépatite auto-immune type 1


Anti-LKM1 et LC1 IFID Hépatite auto-immune type 2

Antithyroglobuline IFID, ELISA, RIA – Thyroïdite de Hashimoto


Antithyroperoxydase IFID, ELISA, RIA Hashimoto-Basedow
Antirécepteur de la TSH RIA Maladie de Basedow

Anti-îlots de Langerhans IFID – Diabète insulinodépendant


Anti-Gad ELISA, RIA

Antisurrénale IFID – Maladie d’Addison

Antigliadine IFID, ELISA – Maladie cœliaque


Antiendomysium IFID

Anticytoplasme des PNN


p-ANCA IFID ELISA (MPO) Polyangéite microscopique
c-ANCA IFID ELISA (PR3) Maladie de Wegener
ANCA atypiques ou x-ANCA IFID Rectocolite ulcéro-hémorragique, cholangite

Antiphospholipides :
anticoagulant circulant Test d’hémostase – Syndrome des antiphospholipides
anticardiolipides ELISA
anti-ß2GPI ELISA

Anti-“kératine” (antifilagrine) IFID – Polyarthrite rhumatoïde


Facteurs rhumatoïdes Agglutination, ELISA

Anti-cellules pariétales gastriques IFID (ELISA) Maladie de Biermer


Anti-facteur intrinsèque ELISA, RIA

Anti-membrane basale cutanée IFID Pemphigoïde bulleuse


Anti-substance interstitielle cutanée IFID Pemphigus vulgaire, paranéoplasique

Antineurones (Hu, Ri) IFID – Neuropathie paranéoplasique


Anti-cellules de Purkinje IFID – Neuropathie avec IgM monoclonale
Antimyéline IFID ELISA (MAG) Neuropathies motrices
Antigangliosides ELISA, blot – Myasthénie
Antirécepteurs de l’acétylcholine RIA –

IFID : immunofluorescence indirecte ;


IP : immunoprécipitation ; RIA : technique radio-immunologique ;
LE : lupus systémique ;
BAVC : bloc auriculo-ventriculaire congénital ; SCLE : lupus cutané subaigu.

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La plupart de ces maladies auto-immunes systémiques sont


II. Autoanticorps : caractérisées par des autoanticorps dont la valeur diagnos-
tique (sensibilité et spécificité) est variable. Tous les anticorps
quelle est leur valeur diagnostique ? antinucléocytoplasmiques n’ont pas de valeur diagnostique
absolue, mais certains d’entre eux, comme les anti-Sm ou les
anti-ADN natifs, sont très spécifiques du lupus systémique.
Actuellement, il existe plus de 200 spécificités d’autoanti- Certains d’entre eux ont aussi une valeur pronostique, comme
corps, mais la plupart n’ont pas d’intérêt diagnostique réel les anti-ADN natifs et les antinucléosomes, associés le plus
(tableau III). On peut schématiquement classer les autoanti- souvent à des formes sévères de lupus avec atteinte rénale, les
corps en cinq grandes catégories. anti-Scl-70, observés généralement dans des sclérodermies
1. Les autoanticorps antinucléaires et anticytoplasmiques compliquées de fibrose pulmonaire, ou les anti-J01, marqueurs
dirigés contre des structures cellulaires, le plus souvent des atteintes pulmonaires interstitielles des polymyosites.
identifiables en immunofluorescence. Les principaux autoanticorps caractéristiques du lupus, du syn-
2. Les anticorps antitissus et anti-organes dirigés contre un drome de Gougerot-Sjögren, des myopathies inflammatoires,
constituant d’un tissu (enzymes, récepteur, cytosquelette), des sclérodermies sont décrits dans des tableaux spécifiques
habituellement détectés en immunofluorescence sur des (tableaux IV, V, VI). La prévalence globale dans une pratique
coupes du tissu correspondant. quotidienne démontre que l’anticorps anti-antigène nucléaire
3. Les anticorps anticytoplasme des polynucléaires dirigés soluble le plus fréquent est l’anti-Ro/SSA (tableau III).
contre des enzymes cytoplasmiques détectés en immuno-
fluorescence. Tableau IV. Fréquence des principaux anticorps antinucléaires au cours du lupus
4. Les anticorps dirigés contre le fragment Fc des IgG, appe- systémique.
lés facteurs rhumatoïdes, détectés par une technique immu-
noenzymatique (ou néphélométrie). Anticorps spécifique Anticorps fréquents Anticorps rares
(%) mais non spécifiques (%) (%)
5. Les anticorps antiphospholipides et antiprotéines de la coa-
gulation, détectés par des tests d’hémostase ou des tests Anti-ADN natifs : 60-95 Antihistones : 30-70 Anti-Ku : 2-10
immunoenzymatiques.
Anti-Sm Caucasiens : 5-10 Anti-U1nRNP : 20-40 Anti-SL (Ki)
Anti-Sm Noirs américains : 20-30 (souvent en association
Anti-Sm Japonais : 20-30 avec un anti-Sm)
CINQ SITUATIONS CLINIQUES
Antinucléosome : 40-75 Anti-SSA (Ro) : 20-40 Antiribosome
Ces autoanticorps sont utiles dans cinq situations cliniques Anti-SSB (La) : 10-20
qui correspondent à la majorité des situations auxquelles on Anti-PCNA : 5-10 Anti-Su
est confronté :
Anti-Me
1. une maladie systémique présumée auto-immune,
2. une maladie spécifique d’organes présumée auto- Tableau V. Principaux anticorps trouvés dans les polymyosites et la dermatomyosite.
immune,
3. une polyarthrite débutante, Anticorps Fréquence (%) Manifestations cliniques
4. une vascularite systémique,
5. un syndrome des antiphospholipides. Polyomyosite

Fibrose pulmonaire interstitielle  tRNA synthetase syndrome


Jo1* 30 Polymyosite > dermatomyosite
1. Une suspicion de maladie systémique auto-
immune Raynaud 
Cette situation est l’une des plus fréquentes et l’une Rhagade (mechanic’s hand) 
PL7* 3 idem
des plus difficiles à cerner, puisque de nombreuses PLI2* 3 idem
affections systémiques peuvent se caractériser par des OJ* 1 idem
complications viscérales parfois sévères. Il s’agit d’at- EJ* 1 idem
teintes rénales, pulmonaires, neurologiques ou car- SRP* 4 Polymyosite sévère
KJ* rare Fibrose pulmonaire interstitielle,
diovasculaires. Ces complications peuvent être liées à Raynaud
un lupus, une sclérodermie ou une myopathie inflam- Fer* très rare Myosite nodulaire
matoire ou, plus rarement, à un syndrome de Sharp ou Mas* très rare Rhabdomyolyse
une polychondrite atrophiante. Il y a des affections
exceptionnelles comme le syndrome de Goodpasture, Dermatomyosite
qui est responsable de lésions pneumo-rénales débu- Mi2 5 à 10 Manifestations cutanées
tant par une hémorragie alvéolaire ou une néphropa-
thie extracapillaire. * Anticorps anticytoplasmiques.

La Lettre du Rhumatologue - n° 291 - avril 2003 23


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Tableau VI. Principaux autoantigènes nucléolaires et nucléaires dans les différentes le récepteur de la TSH et la thyroperoxydase et/ou la thyro-
formes de sclérodermie. globuline respectivement.
2. Le diabète insulinodépendant se caractérise par des anti-
Sclérodermies
corps anti-îlots de Langerhans et des anticorps anti-insuline.
limitée diffuse On peut aussi observer la présence très précoce (avant l’ap-
parition du diabète), d’anticorps anti-GAD (glutamate décar-
Centromère (CREST) Scl 70 (topo-isomérase 1) Fibrillarine* boxylase). Dans le diabète, ils sont dirigés contre la GAD de
Nucléoline* type II (GAD 65 kDa), alors que dans le stiff-man syndrome,
ARN-polymérase III*
To (Th)* ils sont dirigés contre la GAD I.
Protéine B23 (phosphoprotéine)* 3. La maladie de Biermer se caractérise par des anticorps anti-
NOR cellules pariétales gastriques, qui ne sont pas très spécifiques,
Pm-Scl mais surtout par des anticorps anti-facteur intrinsèque présents
* Autoantigènes nucléolaires. chez 70 à 80 % des patients souffrant d’anémie de Biermer et
absents dans les autres formes d’anémie macrocytaire.
Signification clinique des autoanticorps dans les sclérodermies 4. La maladie cœliaque se caractérise par des anticorps anti-
gliadine d’isotype IgG ou IgA qui ne sont pas absolument spé-
Anticentromères : sclérodermie limitée de type CREST cifiques, et des anticorps antiendomysium de type IgA, qui
Anti-Scl70 : sclérodermie diffuse avec atteinte pulmonaire interstitielle représentent des marqueurs assez sensibles et spécifiques de
Anti-ARN polymérase : sclérodermie systémique avec atteinte rénale
Anti-B23 : sclérodermie systémique avec HTA pulmonaire cette maladie. Il faut être attentif à la possibilité, chez ces
Antifibrillarine : sclérodermie systémique avec atteinte musculaire patients, d’un déficit complet en IgA qui rend l’interprétation
et cardiopulmonaire plus difficile.
Anti-Pm-Scl : sclérodermie systémique avec atteinte musculaire 5. Les maladies bulleuses de la peau se définissent par diffé-
rents autoanticorps dirigés contre des structures spécifiques à
chaque forme.
2. Une suspicion de maladie auto-immune spécifique 6. Des neuropathies périphériques peuvent être liées à des
d’organe anticorps antimyéline, en particulier anti-MAG (myeline asso-
Dans ce cas particulier, l’examen clinique peut être assez ciated glycoprotein) ou antiganglioside.
pauvre, caractérisé par “une défaillance isolée” de l’organe 7. La myasthénie est liée à l’action d’autoanticorps antirécep-
cible. Il existe parfois un contexte auto-immun (personnel ou teurs de l’acétylcholine, qui sont présents chez 75 % des sujets.
familial) ou des signes généraux. Par exemple, dans une hépa- Cette liste n’est pas exhaustive ; il s’agit de quelques exemples
tite chronique auto-immune ou une cirrhose biliaire primitive, qui illustrent l’intérêt de ces autoanticorps spécifiques des
il existe assez souvent une asthénie, parfois de la fièvre, et sur- maladies auto-immunes d’organe.
tout des manifestations articulaires ou d’autres manifestations
extrahépatiques. Quel que soit le contexte clinique, la plupart
de ces maladies auto-immunes spécifiques d’organes se carac- 3. Une polyarthrite débutante
térisent par l’apparition d’autoanticorps dirigés contre une Une polyarthrite débutante est l’expression de différentes
structure cellulaire (tableau III). Souvent, ces autoanticorps maladies rhumatologiques, mais, dans la plupart des cas, il
ne sont pas seulement des marqueurs diagnostiques, mais éga- s’agit d’affections dysimmunitaires. Schématiquement, il
lement des facteurs pathogènes (exemple : anticorps antiré- existe quatre situations, que l’on peut intepréter de façon dif-
cepteurs de l’acétylcholine de la myasthénie). férente :
! Parfois, une affection spécifique d’organe peut être défi- 1. Une polyarthrite caractérisée par une importante synovite
nie par des autoanticorps non spécifiques d’organes, comme est souvent une forme débutante de polyarthrite rhumatoïde
par exemple : 2. Une polyarthrite associée à des enthésites axiales et péri-
– les anticorps anti-mitochondries (le plus souvent dirigés contre phériques évoque une spondylarthropathie, en particulier un
la pyruvate déshydrogénase) spécifiques de la cirrhose biliaire rhumatisme psoriasique à manifestations périphériques.
primitive quand ils sont présents à titre élevé (supérieur à 1/100) ; 3. Une polyarthrite non destructrice peut être l’expression
– les antimuscles lisses de type anti-actine caractéristiques de d’une affection auto-immune systémique (lupus, Gougerot-
l’hépatite chronique auto-immune de type I ; Sjögren, sclérodermie, polymyosite...) ou d’une vascularite.
– les anticorps anti-microsomes de rein et de foie ou anti-LKM 4. Une polyarthrite peut rester isolée et inclassable, pendant
et anti-LC1 (liver cytosol 1) dans l’hépatite auto-immune de plusieurs mois ou plusieurs années.
type II. Dans la stratégie d’exploration d’une polyarthrite, on peut
! Dans la plupart des cas, ces maladies spécifiques d’organes distinguer deux situations :
sont caractérisées par des anticorps spécifiques d’organes : 1. Dans une polyarthrite débutante, la recherche d’autoanti-
1. Les dysthyroïdies (maladie de Basedow et thyroïdite de corps vient compléter l’interrogatoire et l’examen clinique.
Hashimoto) sont caractérisées par des anticorps dirigés contre L’objectif est d’avoir un marqueur sensible et spécifique, qui

24 La Lettre du Rhumatologue - n° 291 - avril 2003


M I S E A U P O I N T

permet d’éliminer une affection auto-immune ou une vascu- ! Les facteurs rhumatoïdes sont considérés comme un critère
larite et de s’orienter le plus rapidement possible vers une diagnostique de la polyarthrite rhumatoïde. Leur prévalence
oligoarthrite rhumatoïde. La stratégie recommandée est donc varie en fonction des techniques utilisées. Près de 75 % de
de faire une recherche d’autoanticorps antinucléaires (et polyarthrites sont séropositives la première année, mais ces
éventuellement d’anticytoplasme des polynucléaires) ainsi marqueurs manquent de spécificité, car ils sont aussi présents
qu’une recherche de facteurs rhumatoïdes et d’antifilagrine dans d’autres affections auto-immunes (lupus, syndrome de
(tableau VII). Gougerot-Sjögren), dans les affections chroniques (hépatite C)
2. Dans une polyarthrite évoluée, il peut exister des compli- et dans certains syndromes lymphoprolifératifs (tableau VIII).
cations extra-articulaires chez 20 à 30 % des patients, en par- Les facteurs rhumatoïdes restent des marqueurs intéressants
ticulier dans les formes sévères. Ces complications vasculaires de la polyarthrite rhumatoïde s’ils sont détectés à des titres
(vascularites rhumatoïdes), hématologiques (cytopénie, syn- significatifs (> 20 UI/ml lors du bilan d’une polyarthrite
drome de Felty) ou viscérales (atteinte pulmonaire, cardiaque récente). Néanmoins, il faut rester prudent, car l’association
ou rénale) peuvent être associées à l’apparition de différents de polyarthrite et de facteurs rhumatoïdes ne signifie par for-
autoanticorps. À titre d’exemple, l’apparition d’un syndrome cément polyarthrite rhumatoïde.
sec et de lésions cutanées peut être liée à la présence d’anti- Tableau VIII. Prévalence des facteurs rhumatoïdes dans différentes
corps anti-Ro (1 à 3 % des polyarthrites rhumatoïdes), l’ap- affections et chez le sujet sain âgé.
parition d’une vascularite ou d’une néphropathie pouvant être
liée à une affection caractérisée par la présence d’ANCA. Polyarthrite rhumatoïde
– débutante 75 %
– avérée 85 %
Les autoanticorps qui ont un intérêt particulier dans le
diagnostic précoce de la polyarthrite rhumatoïde sont les Syndrome de Gougerot-Sjögren 70 %
facteurs rhumatoïdes et les antifilaggrines (tableau VII).
Lupus systémique 30-50 %

Sclérodermie 20-30 %
Tableau VII. Les autoanticorps “spécifiques” de la polyarthrite rhumatoide :
valeurs diagnostiques et pronostiques. Rhumatisme psoriasique 15-20 %
Autoanticorps Prévalence Valeur diagnostique Valeur Infection par VHC 25-40 %
“non spécifiques” dans la pronostique
de la PR population Sensibilité (%) Spécificité (%) Endocardite chronique 30 %
générale (%)
Parasitoses chroniques 30 %
FR IgM 5-10 70-85 65-85 Oui
FR IgA 5-10 60-80 60-80 Oui Lymphoproliférations B 10-15 %
APF 3 40-90 73-90 Oui Sujet sain âgé (> 75 ans) 10 %
AKA 1 36-55 90-99 Oui

Anti-Sa 0 43-68,5 78-97 Oui

Anticalpastatine 3,5 7-57 62-95 Oui (?) ! Les antifilaggrines regroupent les anticorps anti-stratum cor-
neum appelés autrefois “antikératines” et facteurs antipérinu-
Anti-RA 33 0-7 6-40 30-85 Non cléaires. De nombreux travaux ont été consacrés à l’étude du
Anti-68 kDa 0 64 99 NP système antigénique contre lequel ils sont dirigés. En fait, ces
anticorps reconnaissent la filagrine, qui se localise dans les cel-
Anti-“FRP” NP 30 NP NP lules de stratum corneum, où elle permet l’agrégation des fila-
ments de kératine en macrofibrille, ce qui facilite accessoire-
Anti-“MTOC” 0,1 68 NP NP ment le maintien de l’hydratation cutanée. Cette fonction est à
Antialdolase A 0 10 100 Oui ( ?) l’origine de son appellation anglaise (filagrine = filament aggre-
gating protein). Cette filagrine subit d’importantes modifica-
Anti-Ta 0 30 NP Oui ( ?) tions par une peptydylarginine déiminase (PAD) qui confère
un caractère plus acide à la molécule transformant les résidus
Anti-Hat-1 0 20 100 NP
arginine basiques en citrulline neutre. De nombreux travaux
Anti-RASF-p1 NP 45 45 NP ont démontré que les antifilagrines sont dirigés contre des rési-
dus citrullinés de cette filagrine. L’intérêt majeur de ces autoan-
Anti-p105-p42 NP rare NP NP ticorps est leur spécificité (95 à 98 %). Ils peuvent être détec-
AKA : antikératine. APN : facteurs antipérinucléaires. FR : facteurs rhumatoïdes. FRP : follistatine related tés dans 10 à 30 % des polyarthrites rhumatoïdes sans facteur
protein. MTOC : major microtubule organizing center. Sa, Ta, Hat-1 : initiales des patients. NP : non précisé. rhumatoïde, parfois assez précocement. La principale faiblesse

La Lettre du Rhumatologue - n° 291 - avril 2003 25


M I S E A U P O I N T

est certainement leur faible sensibilité (30 à 50 %), mais de il est vraisemblable qu’à terme les anti-ß2GP1 seront aussi
nouvelles méthodes de détection ELISA vont permettre de utilisés, quand leurs techniques de détection seront standardi-
l’améliorer, avec une sensibilité de l’ordre de 60 à 70 %. Ces sées. Actuellement, la recherche des antiphospholipides s’ef-
nouveaux tests commercialisés vont permettre de détecter les fectue en trois étapes.
antifilagrines dirigées contre des peptides cycliques citrullinés, ! La première étape est la recherche d’un anticoagulant cir-
et prochainement contre la filagrine native ou recombinante. culant (test d’hémostase) et d’anticardiolipines (test immu-
! Les nombreux autres anticorps qui ont été détectés dans la noenzymatique).
polyarthrite rhumatoïde n’ont pas d’intérêt majeur. Seuls les ! La deuxième étape est justifiée si la première n’a pas iden-
anti-Sa (initiale du premier patient) peuvent avoir un intérêt tifié d’antiphospholipide. Cette étape est la recherche d’anti-
diagnostique, mais cela reste à démontrer. ß2GP1 (test immunoenzymatique). Cette recherche est effec-
tuée d’emblée dans certains centres, car les anti-ß2GP1 sont
4. Un syndrome thrombotique inexpliqué évoquant considérés, à juste titre, comme un marqueur plus spécifique
un syndrome des antiphospholipides des thromboses du syndrome des antiphospholipides.
Un syndrome thrombotique peut être lié à une microangiopa- ! La troisième étape est justifiée quand la recherche de tous
thie, à des troubles de l’hémostase ou à une affection auto- les autres antiphospholipides est négative. Elle se fera par des
immune originale appelée syndrome des antiphospholipides. techniques propres à certains laboratoires et recherchera des
Cette affection, qui se caractérise par des thromboses et/ou des antiphosphatidyléthanolamines, des antiprothrombines et des
complications obstétricales (fausses couches répétées) a été antiannexines V.
définie par des critères diagnostiques récents. Il existe deux Au total, la présence d’antiphospholipides est nécessaire, mais
formes, l’une dite primaire, isolée, l’autre secondaire, asso- pas suffisante pour poser le diagnostic de syndrome des anti-
ciée à une autre maladie auto-immune, généralement un lupus. phospholipides. Le risque de thrombose est élevé chez les
Le diagnostic peut être évoqué dans de multiples situations en sujets qui combinent plusieurs spécificités, notamment ceux
raison de l’étonnant polymorphisme de manifestations cli- qui ont un anticoagulant circulant et des anti-ß2GP1, surtout
niques liées à des thromboses veineuses, mais aussi artérielles. quand il s’agit d’IgG dont les titres sont élevés et persistants.
Ce syndrome peut parfois se compliquer de manifestations
apparemment non thrombotiques comme l’hypertension arté-
rielle pulmonaire, une thrombopénie ou une athéromatose
accélérée.
5. Une suspicion de vascularite systémique
Le terme anticorps antiphospholipide regroupe une large Les vascularites sont des affections caractérisées par une
famille d’anticorps reconnaissant des phospholipides anio- inflammation des parois artérielles, et parfois veineuses. Leur
niques et neutres mais aussi des protéines plasmatiques qui symptomatologie dépend directement du type des vaisseaux
peuvent se fixer à des phospholipides. Actuellement, on en touchés, ce qui explique le polymorphisme et la difficulté à
distingue plusieurs sortes. poser le diagnostic.
1. Les anticoagulants lupiques, appelés également anticoa- Ce diagnostic repose sur la biopsie d’une lésion et/ou la
gulants circulants, sont des anticorps reconnaissant des phos- recherche d’autoanticorps, en particulier d’anticytoplasme des
pholipides anioniques liés à des cofacteurs protidiques, qui polynucléaires (ANCA).
sont la prothrombine et la ß2-glycoprotéine 1 (ß2GP1). Ces
anticorps sont définis par leur capacité à prolonger les tests de La stratégie d’exploration immunologique d’une vascula-
coagulation dépendant des phospholipides. Cela explique rite est la suivante :
qu’ils soient recherchés par de simples tests d’hémostase ! La recherche d’anticorps antinucléaires (anti-ADN natifs,
(allongement spontané du temps de céphaline activé). antinucléosome, anti-antigène nucléaire soluble) est néces-
2. Les anticorps anticardiolipides reconnaissent la cardio- saire afin d’éliminer une vascularite associée à une maladie
lipine généralement couplée à leur principal cofacteur, qui est auto-immune.
aussi la ß2-glycoprotéine 1. ! La recherche d’anticorps anticytoplasmes des polynucléaires
3. Les anticorps antiphosphatidyléthanolamine reconnaissent (ANCA) est justifiée pour identifier certaines vascularites pri-
un phospholipide neutre, parfois couplé à un cofacteur plas- mitives. L’intérêt pratique des ANCA est important. Ces
matique (kininogène, prékallicréine). ANCA sont dirigés contre des constituants antigéniques prin-
4. Les anticorps dirigés contre des facteurs protéiques recon- cipalement présents dans les granules des polynucléaires neu-
naissent ces derniers directement. Ces protéines cofacteurs trophiles et dans les lysosomes des monocytes. Ce sont de bons
sont en particulier la ß2GP1, la prothrombine, mais aussi l’an- marqueurs de certaines vascularites, en particulier de la gra-
nexine-V et la protéine S. nulomatose de Wegener (tableau IX).
À ce jour, seuls les anticoagulants circulants et les anticar- ! La recherche d’une cryoglobulinémie et, éventuellement,
diolipines sont considérés comme des marqueurs diagnos- une exploration du complément sont aussi utiles en cas de sus-
tiques reconnus par les critères de Sapporo (1999). Néanmoins, picion de vascularite.

26 La Lettre du Rhumatologue - n° 291 - avril 2003


M I S E A U P O I N T

Tableau IX. Associations cliniques avec les différents types d’anticorps anticytoplasmes des
polynucléaires (ANCA).
Les x-ANCA sont dirigés contre les antigènes des poly-
Aspect en IF Spécificités antigéniques Affections nucléaires qui ne sont pas la MPO ou la PR3. Il s’agit
d’enzymes comme l’élastase, la cathepsine ou la lac-
c-ANCA Protéinase 3 (PR3) ! Maladie de Wegener toferrine. Ces anticorps sont observés dans différentes
! Rarement autres vascularites maladies inflammatoires sans spécificité particulière.
(polyangéite microscopique,
Churg et Strauss)
La seule situation dans laquelle ils ont un intérêt dia-
BPI (CAP57) ! Mucoviscidose gnostique sont les maladies inflammatoires digestives
! Infections pulmonaires (rectocolite) et la cholangite sclérosante. Dans 50 à
60 % des rectocolites hémorragiques, il existe des
p-ANCA Myéloperoxydase (MPO) ! Polyangéite microscopique ANCA plus souvent dirigés contre des constituants
! Rarement autres vascularites
(Wegener, Churg et Strauss)
nucléaires appelés NANA (nuclear associated neutro-
! Néphropathie rapidement progressive phil antibodies). Ces anticorps ne sont pratiquement
(extracapillaire) jamais détectés dans la maladie de Crohn (< 10 %).
Les ANCA sont d’excellents marqueurs diagnostiques
p-ANCA Lactoferrine ! Polyarthrite rhumatoïde et parfois pronostiques de certaines vascularites systé-
ou x-ANCA ! Lupus érythémateux disséminé
miques, en particulier de la granulomatose de Wegener
Élastase ! Lupus érythémateux disséminé et de la polyangéite microscopique. Néanmoins, leur
spécificité n’est pas absolue, car ils peuvent être induits
Cathepsine G ! Colites inflammatoires par des médicaments (minocycline), par une exposition
toxique (silice) ou par une infection (endocardite).
Antigènes nucléaires (NANA) ! Rectocolite ulcéro-hémorragique
! Cholangite sclérosante

Inconnu ! Diverses affections (non spécifiques)

c-ANCA: aspect cytoplasmique de la fluorescence. p-ANCA : aspect périnucléaire de la fluorescence.


6. D’autres situations d’urgence justifient la
x-ANCA: aspect de la fluorescence ne correspondant ni aux c-ANCA, ni aux p-ANCA. recherche d’autoanticorps
NANA: nuclear associated neutrophil antibodies.
CAP 57 : protéine cathionique appelée BPI (bactericidal permeability-increasing protein). 1. Une néphropathie extracapillaire rapidement
progressive
Ces néphropathies sont des atteintes glomérulaires particuliè-
Comment s’effectue la recherche d’ANCA ? rement sévères, car elles évoluent souvent rapidement vers
1. Le dépistage se fait en immunofluorescence sur des frottis l’insuffisance rénale. Elles sont souvent découvertes dans des
de polynucléaires humains fixés sur des lames par l’éthanol. circonstances particulières, par exemple au cours d’une vas-
La présence d’ANCA se traduit par une fluorescence cyto- cularite (polyangéite microscopique, maladie de Wegener) ou
plasmique diffuse (c-ANCA), périnucléaire (p-ANCA) ou non du syndrome de Goodpasture. Certaines formes évoluent vers
définie (x-ANCA). un syndrome pneumo-rénal caractérisé par une hémorragie
2. Les techniques immunoenzymatiques permettent d’identi- alvéolaire. Il existe toutefois des formes apparemment primi-
fier la spécificité antigénique. En pratique quotidienne, seule tives que l’on peut classer en trois groupes, définies par dif-
l’identification des antiprotéinases 3 (PR3) et des antimyélo- férents autoanticorps (tableau X).
peroxydases (MPO) a un intérêt.
Les c-ANCA sont généralement des anti-PR3. Ces anticorps Tableau X. Différentes formes de néphropathies glomérulaires extra-
capillaires primitives et leurs marqueurs biologiques.
sont des marqueurs très spécifiques de la maladie de Wegener
et sont parfois corrélés à l’évolutivité de la maladie. Ces Néphropathies glomérulaires extracapillaires primitives
autoanticorps peuvent avoir un rôle pathogène en facilitant
l’activation des cellules endothéliales, induisant ainsi la libé- Formes Marqueurs biologiques
ration de cytokines et l’hyperexpression de molécules d’ad- Type 1* ! Ac anti-membrane basale
hésion. Ils permettent aussi la libération de radicaux oxygé- Forme idiopathique sans hémorragie glomérulaire
nés et d’enzymes entraînant l’amplification de la réaction alvéolaire (dépôts linéaires d’IgG
inflammatoire et la formation de granulomes. Les anti-PR3 ne sur la membrane basale)
sont presque jamais détectés dans d’autres vascularites, en
Type 2 ! Immuns-complexes
dehors de la maladie de Churg et Strauss. Forme à immuns-complexes ! Consommation du C3 et C4
Les p-ANCA sont dirigés dans 40 % des cas contre la MPO. (dépôts granulaires d’Ig ! Parfois cryoglobulinémie
Ces anti-MPO, rares dans la maladie de Wegener, sont surtout sur la membrane basale)
des marqueurs des vascularites des petits vaisseaux. Il s’agit
essentiellement de la polyangéite microscopique. Il arrive que Type 3** ! p-ANCA
Forme pauci-immune
les anti-MPO soient des marqueurs de glomérulonéphrite microangiopathique (sans dépôt d’Ig)
extracapillaire isolés.
* Cette forme est comparable à celle du syndrome de Goodpasture.
** Cette forme est comparable à celle de la polyangéite microscopique et de la maladie
La Lettre du Rhumatologue - n° 291 - avril 2003 de Wegener.
M I S E A U P O I N T

2. Les hémorragies alvéolaires Tableau XII. Principaux syndromes neurologiques associés à des autoanticorps.
Ces complications sévères peuvent être inaugurales de diffé-
Affections neurologiques Autoanticorps
rentes affections, en particulier une vascularite (maladie de
Wegener, micropolyangéite, maladie de Churg et Strauss), Affections neurologiques périphériques
mais aussi d’un syndrome de Goodpasture, d’un lupus ou, plus Polyneuropathie chronique Antigangliosides (GDlb, GD2, GD3, GTlb)
rarement, d’un syndrome des antiphospholipides. C’est la monoclonaux (IgM)
détection de différents anticorps marqueurs de ces maladies Antimyélines (MAG : myelin associated
qui permet une orientation étiologique rapide (tableau XI). protein) monoclonaux (IgM)
Certains associent atteinte rénale et pulmonaire ; ce sont des Polyradiculonévrite aiguë Antigangliosides (a Ml, GDla, GDlb)
syndromes pneumo-rénaux, dont les différentes formes sont Syndrome de Guillain-Barré polyclonaux (IgG)
aussi caractérisées par leur autoanticorps. Syndrome de Miller-Fischer Antigangliosides (GQlb) polyclonaux (IgG)
Tableau XI. Différentes formes étiologiques d’hémorragies alvéolaires
et leurs marqueurs diagnostiques. Polyradiculonévrite chronique Antigangliosides (a Ml, asidoGMl)
polyclonaux (IgG)
Hémorragies alvéolaires isolées
Neuropathie à bloc de conduction Antigangliosides (GMl, GDla, GM2)
Étiologies Marqueurs biologiques multiple polyclonaux ou monoclonaux (IgG)

Maladie de Goodpasture ! Antimembrane basale Affections neurologiques centrales


glomérulaire et alvéolaire Encéphalite limbique et du tronc cérébral* Anti-Hu
(ou alvéolaire isolée) Opsoclonies – myoclonies* Anti-Ri
Dégénérescence cérébelleuse aiguë* Anti-Yo
Maladie de Wegener ! c-ANCA (PR3) Encéphalite de Rasmussen (épilepsie) Antirécepteur Glu R3 de l’acide glutamique
Polyangéite microscopique ! p-ANCA (MPO) Syndromes myotoniques
Syndrome de Churg et Strauss ! Hyperéosinophilie Stiff-man syndrome** Antiglutamate décarboxylase I (GAD)
! p- ou c-ANCA (rares) Myotonie vélopalatine Antiglutamate décarboxylase I (GAD)

Lupus systémique ! Anti-ADN natif Syndromes myasthéniques


! Anti-Sm Myasthénie Antirécepteur de l’acétylcholine
! Antinucléosome Syndrome de Lambert-Eaton** Anticanaux calciques

Syndrome des antiphospholipides ! Antiphospholipides * Formes paranéoplasiques.


** Formes parfois paranéoplasiques.

3. Une cytopénie sévère


Différentes cytopénies périphériques ou centrales se compli- CONCLUSION
quent parfois d’un syndrome hémorragique (thrombopénie),
d’une infection sévère (neutropénie, lymphopénie) ou, par- Le diagnostic des maladies auto-immunes spécifiques ou non
fois, d’une anémie rebelle (anémie hémolytique, érythroblas- spécifiques d’organes ou d’autres affections peut parfois être
topénie). Il est important de déterminer la nature auto-immune difficile, en particulier dans des situations d’urgence. Les
de ces manifestations afin d’adapter le traitement. Le autoanticorps sont alors des outils diagnostiques extrêmement
diagnostic retenu repose sur la détection d’anticorps anti- utiles pour la prise en charge des patients qui en souffrent.
plaquettes, antiglobules rouges et, parfois, sur la recherche Le maniement de ces outils doit se faire en collaboration étroite
d’un facteur sérique inhibiteur qui peut inhiber la croissance avec un centre de référence afin de disposer rapidement des
des progéniteurs médullaires de ces cellules sanguines. marqueurs qui doivent être détectés par des méthodes validées
4. Des manifestations neurologiques centrales ou périphé- et interprétées avec pertinence. #
riques sévères
Différentes affections neurologiques auto-immunes centrales Bibliographie
ou périphériques peuvent se compliquer de manifestations
sévères, notamment respiratoires (syndrome de Guillain-Baré, 1. Peter JB, Shoenfed Y. Autoantibodies. Ed Elsevier, Amsterdam, 1996, pp 1-873.
myasthénie). Des affections plus rares (encéphalite, syndrome 2. Humbel RL. Autoanticorps et maladies auto-immunes. Ed Elsevier, 2 édition,
e

myotonique, dégénération cérébelleuse) sont liées à des méca- Amsterdam, 1997, pp 1-275.
nismes d’auto-immunisation permettant la production d’auto- 3. Sibilia J, Goetz J. Système antigénique Ro/SSA et les anticorps anti-Ro/SSA en
1997. Rev Rhum 1998 ; 65 : 49-61.
anticorps dirigés contre des structures spécifiques du système
4. Sibilia J. Stratégie diagnostique dans les maladies auto-immunes : intérêt des
nerveux. Certaines d’entres elles sont des affections auto- autoanticorps. Feuillets de Biologie 1998 ; XXXIX : 221.
immunes paranéoplasiques s’expliquant par l’expression 5. Sibilia J. Les autoanticorps, marqueurs diagnostiques et pronostiques de la
tumorale d’antigènes du système nerveux (tableau XII). polyarthrite rhumatoïde. Presse Med 2000 ; 29 : 1723-30.

28 La Lettre du Rhumatologue - n° 291 - avril 2003


M I S E A U P O I N T

C
AUTOQUESTIONNAIRE FM
1. Le dépistage des anticorps antinucléaires s’effectue le c. les anti-RNP
plus souvent en routine : d. les anti-Ro/SSA
a. en immunofluorescence sur cellules Hep-2 e. les anti-La/SSB

RÉPONSES FMC
b. en radio-immunologie
c. en Western-Blot

1. a ; 2. a, b ; 3. a, d.
d. en immunodiffusion 3. Les deux autoanticorps les plus caractéristiques du
e. en néphélométrie syndrome de Gougerot-Sjögren primaire sont :
a. les anti-Ro/SSA
2. Les deux autoanticorps les plus spécifiques du lupus b. les anti-RNP
sont : c. les anti-PCNA
a. les anti-Sm d. les facteurs rhumatoïdes
b. les anti-ADN natif e. les anti-Scl 70

R e m e r c i e m e n t s
Les auteurs, membres du GEAI (Groupe d’Étude Auto-immunité), remercient
l’ensemble des autres membres du groupe pour leurs contributions,
et tout particulièrement le Pr R.L. Humbel pour sa grande compétence et sa fidèle amitié.

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