Vous êtes sur la page 1sur 54

La Préhistoire vue à partir des sites

d’Afrique occidentale

Les premières traces de vie humaine


L’apparition de l’art

Les débuts de l’agriculture

La maîtrise du fer

Mandiomé THIAM
archéologie-préhistoire
Département d’Histoire
FLSH / UCAD
 Définition de la préhistoire
 L’apparition du genre Homo correspond au début de la
Préhistoire et au début de l’ère Quaternaire

 La Préhistoire de l’humanité commence avec l’apparition des


hominidés et se termine à des époques variables selon les
populations avec l’usage de l’écriture (3 300 av. notre ère)

En somme, c’est une période où l’on ignore encore l’usage du


document écrit et dont il ne subsiste aucune tradition orale

 Les témoins matériels constituent notre seul moyen d’étude


grâce à l’archéologie
La Préhistoire compte trois périodes :

 le Paléolithique

 le Mésolithique ou l’Épipaléolithique

 le Néolithique
 L’Afrique durant le Plio-Pléistocène : un milieu
bioclimatique favorable

Le Quaternaire (ou Pléistocène) est une courte ère (3 MA)


marquée par deux événements majeurs :

• biologique : épanouissement du genre humain

• climatique : époque des grandes glaciations

Durant le Quaternaire, le climat de l’Afrique oscillait entre les


périodes humides (pluviaux) et les périodes sèches (arides).

C’est pourquoi, le continent dispose d’un milieu bioclimatique


favorable à la naissance et à l’épanouissement des Hominidés,
conditions inconnues ailleurs.
• Et C.A. Diop (1988 : 27) d’expliquer qu’ « il n’y a
aucune gloire particulière à tirer de l’emplacement
du berceau de l’humanité en Afrique, car ce n’est
qu’un fait du hasard ; si les conditions physiques
de la planète eussent été autres, l’origine de
l’humanité eût été différente ».
CHRONOLOGIE DE LA PREHISTOIRE

 Paléolithique inférieur ou ancien (3MA – 125 000 ans)


appelé Pebble Culture ou Acheuléen

 Paléolithique moyen (125 000 ans – 40 000 ans) appelé


Moustérien (site éponyme Moustier en Dordogne)

 Paléolithique supérieur ou récent (40 000 ans – 12 000 ans)

 Mésolithique où Épipaléolithique (12 000 – 7500 ans)

 Néolithique (7500 – 2500 ans) appelé Préhistoire récente


Les premières traces de vie humaine
En Afrique, la Préhistoire est la plus longue en ce sens qu’elle a commencé
plus tôt et s’est terminée plus tard que celle des autres continents.

Du reste, nous savons que tous les progrès de l’humanité (l’art, la magie, les
rites funéraires, etc.) tout comme l’évolution de la conscience humaine, ont pris
origine dans le Paléolithique qui représente 99 % des temps préhistoriques.

Mais le Paléolithique, dans sa phase inférieure, n’a pas suivi partout le même
développement.

En l’état actuel de nos connaissances, on reconnaît trois grands schémas


évolutifs : le schéma africain qui a vu la naissance de l’humanité, le schéma
asiatique et le schéma européen. Le peuplement de l’Amérique et de l’Océanie
s’est effectué par migration.
Les débuts de l’aventure humaine se sont déroulés en Afrique avec les
Australopithèques (4.2 et 2.5 MA) apparus et disparus en Afrique.

Ils représentent le premier groupe connu de notre lignée évolutive.


La présence humaine en Afrique de l’Ouest
• Les découvertes de paléontologie humaine ont montré la haute
antiquité de l’homme dans le continent africain.

• En effet, le berceau de l’humanité se trouve toujours en Afrique.

• Cependant, les données sur l’ancienneté de la présence


humaine en Afrique de l’Ouest (SW Mauritanie, Sénégal, Mali
occidental, Guinée) restent limitées.

• Du fait de la mauvaise conservation des ossements (acidité des


sols, nature des sites), la paléontologie n’est d’aucun recours et
seules les industries lithiques peuvent nous donner des
indications sur les étapes du peuplement préhistorique.
• Les galets aménagés (Pebble Culture) caractéristiques de
l’Acheuléen ont été retrouvés dans tout l’Ouest africain tout
comme les outils du Paléolithique moyen tels que les bifaces et
les hachereaux.

• La station d'Ounjougou, atteste que le pays dogon, au Mali, en


particulier, a été occupé par les hommes du Paléolithique
depuis plus d'un million d'années grâce à l’industrie lithique.
Biface de FANN : CAP-VERT /Sénégal (1949)
Hachereau de Djita (Sénégal Oriental)
Galet aménagé de la région de Bamako
Hache polie : Néolithique du Cap-Manuel /Sénégal
 Fin des temps paléolithiques :
naissance de l’art
 Le Paléolithique supérieur correspond à la naissance
et au développement de l’art.

 Cet art a été réalisé sur :

des matières animales (os, bois de cervidé, dent,


ivoire)

des matières minérales, roches dures ou tendres


(argile crue ou cuite, schiste)

 les parois des grottes et des abris.


• Selon les supports, on distingue l’art mobilier et l’art
pariétal.

• L’art mobilier ou Portable Art selon les Anglo-Saxons


concerne les objets qui peuvent être déplacés ou
transportés

• Ce sont l’art des outils et des armes (sagaies, armes),


l’art des objets à suspendre (rondelles, éléments de
parure) et l’art religieux mobilier constitué de
statuettes et de plaquettes gravées

• L’art pariétal est par définition un art sur paroi. Situé


au plus profond des cavernes, il se compose des
œuvres peintes, gravées, sculptées en bas relief
Depuis la reconnaissance de l’art préhistorique en France, on a
pensé que le berceau de la floraison artistique se limitait
exclusivement à l’Europe occidentale.

En réalité, la création artistique n’est pas un phénomène


européen mais plutôt mondial.

Quelques dates attestent son ancienneté en Afrique :

Grotte d’Apollo 11, en Namibie : des dalles de pierres, peintes


selon un style naturaliste sont datées de 26 000 BC

En Tanzanie, des figurations rupestres très schématiques datent


de 35 000 ans
 L’art dans l’Ouest africain
 SENEGAL

La Vénus de Thiaroye, première statuette


préhistorique de l’Ouest africain

Art mobilier lithique d’époque néolithique

Objet lié au culte de la fécondité ?

Galet allongé de 82 mm de largeur et 25 mm


d’épaisseur.
Figurines en terre cuite (site de Sinthiou-Bara / vallée
du fleuve sénégal)
Les peintures rupestres
 MALI

Le massif des Iforas (NE du pays) le principal centre


d’art rupestre du Sahara malien.

Cet art dépeint des pratiques pastorales. Les animaux


sauvages et domestiques, des personnages (souvent
porteurs de javelots et de lances) et des chars sont
représentés
En outre, les peintures et gravures rupestres se rencontrent dans
de nombreux abris sous roche comme dans la Boucle du Baoulé
où plus d’une dizaine d’abris sous roche comporte décoration
rupestre.
 Burkina-Faso

Les représentations rupestres restent encore mal connues :


datations et relevés systématiques insuffisantes.

Cependant, on note une nette représentation de gravures par


rapport aux peintures

Les peintures sont localisées principalement à l’Ouest et au Sud-


Est : sites de Kawara et de Yobri).

Elles représentent des cavaliers en armes.

Les datations sont tardives : XV è –XVII è siècle.


Quant aux gravures, deux ensembles s’individualisent :

A l’Ouest les gravures sont exécutées sur les formations


gréseuses de la falaise qui s’étend de Bobo-Dioulasso à
Banfora. L’Abri de Borodougou (15 km à l’Est de la ville de
Bobo-Dioulasso) et Dokeri ont livré des gravures où
prédominent des figures géométriques d’inspiration religieuse
et cosmogonique.

Le second ensemble de gravure est nord-sahélien. Les gravures


sont exécutées sur les parois lisses de formations granitiques
représentant des cavaliers, des armes et des animaux.

Ces gravures sont datées de l’âge du fer du fait des nombreuses


représentations d’armes et d’outils en fer.

Les sites les plus spectaculaires sont : Pobe-Mengo, Aribinda et


Markoye.
 Mauritanie
• Les gravures et peintures rupestres sont fréquentes en
Mauritanie.

• Cependant, elles ne présentent ni l’ancienneté, ni la beauté


spectaculaire de celles du Sahara central où toutes les
époques sont représentées.

• Mais les chasseurs et éleveurs tant d’époque ‘pastorale’ que


plus tardive (étage des chars et étage ‘Libyco-berbère’ ont
largement pratiqué cet art.

Notons que le schématisme est la principale caractéristique de


cet art.
Les gravures qui représentent la grande faune sahélienne
(éléphants, rhinocéros, girafes, etc.) se localisent dans le Nord
de la Mauritanie.

La période dite ‘Libyco-berbère’, derniers arrivés dans un Sahara


en voie de désertification est marquée par un art rupestre
stéréotypé et répétitif représenté par des scènes de chasse.

L’art mobilier est visible sur la céramique notamment et les œufs


d’Autriche.

La parure en pierre est fréquente mais la statuaire est rarissime.

La culture de Tichitt a produit des statuettes en terre cuite : têtes,


membres et corps d’ovins ou de bovins.
 Niger

L’art rupestre se subdivise en plusieurs groupes :

 Un art lié aux Têtes Rondes qui date du début de


l’Holocène

 L’art bubalin caractérisé par des gravures aux traits larges


et profonds où les animaux sont bien représentés

 L’art bovidien dominé par le bœuf domestique

 La période caballine caractérisée par l’apparition du char


vers 3 500 BP

 La période caméline caractérisée par l’apparition du


chameau daté des derniers siècles précédant l’ère
chrétienne.
Gravure de chameau (Djado / Niger)
Deux gravures rupestres de l’Aïr (vallée de Kori-Tadek)
 Le Mésolithique ou l’Épipaléolithique

• Période de transition entre le Paléolithique et le Néolithique.

• Caractéristiques de l’industrie : développement des microlithes.

• Le microlithe est un instrument en pierre de très petites dimensions.

• Ils sont désignés d’après la figure géométrique dont ils ont la silhouette.

• On distingue : des triangles, des trapèzes, des rectangles, des demis


cercles (ou quartiers d’orange ou ½ lune), des lamelles à dos abattus, de
petits grattoirs, des micro burins.
 Le Néolithique
• Terme crée en 1865 par J. Lubbock pour désigner la pierre
polie par opposition à l’âge de la pierre taillée

• Période pendant laquelle, l’homme utilise les haches polies, la


poterie et pratique l’élevage, l’agriculture et l’urbanisation.

• A partir du Néolithique, l’élément culturel important qui apparaît


est la céramique.
• Du reste, les expressions de Néolithique ancien, moyen et
récent ne correspondent pas aux mêmes dates suivant les
pays.

• Les changements culturels ne sont pas intervenus au même


moment au Proche Orient, en Europe ou en Afrique.
C’est pourquoi, le Néolithique n’est pas une question de date
mais un état de civilisation.

Par ailleurs, Gordon Childe (1930) parle de « Révolution


néolithique » car d’immenses progrès techniques et culturels
attestent l’avènement de cette période.

Selon G. Bailloud (1977), nulle part, en Afrique, le Néolithique ne


semble avoir pris naissance de façon spontanée.

Il y apparaît vers – 5000, en Egypte et sur la côte libyenne,


comme le résultat d'influences culturelles en provenance du
Proche Orient.
L‘ancienneté des manifestations néolithiques en Afrique
de l'Ouest est aujourd’hui bien établie.

Les recherches actuelles tendent à prouver que


lorsqu’aux environs du IXème millénaire avant nos
jours, commencent à se manifester le Néolithique, le
Sahara n'était pas un désert tel qu’il est actuellement.

Le Sahara était parcouru par d'importants cours d'eau


qui alimentaient une série de lacs traversant le Sahara
méridional d'est en ouest, sur plus de 3 000 km,
depuis le Nil jusqu'aux rivages de l'Atlantique.
Les preuves de l'existence d'une agriculture
préhistorique sont rares.

Mises à part quelques impressions de graines


domestiques dans la pâte des poteries ou dans le pisé
des maisons des anciens agriculteurs reconnues sur
les gisements très récents du Dhar-Tichitt (3000 BP),
il n'a été signalé dans tout l'Ouest africain saharo-
soudanais qu'un grain de Pennisetum cultivé trouvé à
Méniet et deux à Amekni.
Empreintes de grains de mil sur un tesson de poterie (SE Mauritanie)
Cette lacune est accentuée par le fait que, dans la zone
concernée, (de vastes gisements de surface) la
faiblesse de la couche archéologique ne permet pas
d'affirmer que les pollens de plantes recueillis sont bien
néolithiques .

•A l'époque Holocène, l'Ouest africain saharien qui


abritait une faune dite éthiopienne ou tchado-
zambézienne composée de girafes, lions, éléphants,
hippopotames, etc., présentait des conditions
écologiques et bioclimatiques favorables à
l'épanouissement de civilisations sédentaires ou
pastorales .
Le gisement néolithique de Tagalagal situé dans la partie
septentrionale des Monts Bagzanes vers 1850 mètres
d’altitude, dans l’Aïr, au Niger, a livré l’une des plus vielles
céramiques dans le monde datées au radiocarbone : 9370
130 ans BP.

Dès cette période ancienne, cette technologie céramique était


suffisamment maîtrisée pour permettre une production
diversifiée dans ses formes et ses décors

Le gisement néolithique d’Ounjougou au Mali a livré des vestiges


contemporains à ceux de Tagalagal.

En effet, des tessons de poterie en association avec un matériel


de broyage, des armatures de flèches bifaciales ont été datés
des 9è et 8è millénaire AV JC.
 La Protohistoire où Âge des
métaux

 La Protohistoire désigne les civilisations sans écritures et


sur lesquelles nous ne disposons que de témoignages
indirects.

 L’apparition des métaux est retenue comme preuve


d’appartenance d’une culture à la Protohistoire.
La présence ou l’absence de fourneaux, de métaux, de scories ou
de poteries permet aux archéologues de distribuer les sites entre
le Néolithique et la Protohistoire

La métallurgie du fer ou sidérurgie « c’est l’art d’extraire les


métaux de leurs minerais, de les transformer en produits demis-
finis et de les mettre en forme pour leur utilisation sous forme
d’objets »
ORIGINES DE LA METALLURGIE EN AFRIQUE
OCCIDENTALE
En Afrique occidentale, l’origine de la métallurgie est
l’une des questions les plus controversées de
l’archéologie des précédentes décennies.

Quand, comment, par qui et par où l’Ouest Africain a


connu ces métaux ?

Il est aujourd’hui bien établi que l’Ouest africain a connu


très tôt la métallurgie.

L’abandon de la thèse diffusionniste au profit de la thèse


d’une production africaine autonome apparait bien
établie.
Produit en Afrique dès le IIè millénaire AV JC, l’origine
du fer dans nos régions fut, comme pour le cuivre, très
controversée.

Les premières hypothèses le faisait provenir d’abord de


Méroé, d’où il se serait répandu le long de la vallée du
Nil à travers le désert jusqu’au Tchad. De là, le fer
aurait gagné le reste de l’Afrique au Sud du Sahara.

La seconde hypothèse est celle de Carthage où le fer


introduit par les Phéniciens autour du VI è siècle AV
JC aurait gagné le reste de l’Afrique par diffusion.
Aujourd’hui, face aux nouvelles découvertes, tant au
Niger qu’au Nigéria, la thèse diffusionniste a été
abandonnée au profit d’une production locale et
autonome du fer en Afrique.

Au Niger, la métallurgie du fer fait son apparition


presque en même temps que le cuivre dans certaines
régions du Nord du pays. Les dates obtenues à Termit
montrent que le fer serait apparu il y a environ 1440
AV JC.

A Termit-Egara, on a obtenu une série de datations


anciennes qui atteignent 4000 BP soit le début du IIIè
millénaire AV JC.
Au Mali (région de Kayes, c'est-à-dire le long de la
vallée de la Kolimbiné ; affluent du Sénégal) les restes
d’un ancien fourneau associé à des scories de fer a
livré une date qui serait la plus haute qui soit relative à
des vestiges de métallurgie du fer.

La mesure a donné : 2520 ±70 BP (Gif. 9585)

Au Sénégal, la période couverte par la Protohistoire,


débute aux environs du premier siècle de notre ère.

Les plus anciens fourneaux proviennent de la vallée du


fleuve Sénégal : site de Dioudé-Diabé.
Au Burkina-Faso, les datations actuelles (Vè- IVè siècle
AV J.C), situent les débuts de la métallurgie du fer
dans les premiers âges connus en Afrique de l’Ouest.
(site de Douroula : 4000 AV J.C).

En Mauritanie, la métallurgie du fer est présente dans


plusieurs sites notamment dans le Dhar Tagant. Les
dates 14 C vont de 2140 ± 50 BP (LY-6215) à
1820±120 BP (LY- 4389).

Ces données traduisent l’ancienneté et l’autonomie de la


sidérurgie en Afrique Subsaharienne bien avant l’âge du
fer connu à Méroé, situé à 450 AV J.C
 Conclusion

L’Ouest africain occupe une place de choix dans la préhistoire


mondiale du fait notamment d’une présence humaine ancienne.

De même, elle abrite les plus vieilles cultures néolithiques dans le


monde à travers sa poterie.
Les manifestations artistiques sont bien représentées
contrairement à la domestication des végétaux du fait de la nature
des sites archéologiques.

L’avènement des métaux modifie progressivement le mode de vie,


l’économie et les structures sociales des populations dont les
technologies de base étaient dominées par le lithique et le
végétal.
MERCI DE VOTRE ATTENTION

Vous aimerez peut-être aussi