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UNIVERSITE D’ALGER 1 BENYOUCEF BENKHEDDA

FACULTE DE MEDECINE ET DE PHARMACIE D’ALGER

ENZYME ET COENZYME

ENZYME ALLOSTERIQUE

 Professeur responsable : Pr Yargui .L

 Résidente : Dr Yahia Cherif Amina


Plan
I-Introduction

1.Définition
2.Structure
3.Propriétés des enzymes allostériques
a- effet allostérique
b-effet de coopérativité
c- effet de désensiblité
4-Mécanisme d’action
Transition allostérique R <---> T
II-Rôle des enzymes allostérique dans la régulation
4.coopérativité
2.Retro-inhibition
3.Notion de cycle futile

III- Cinétique allostérique


1- Cinétique non Michaelis-Menten
2-Les modèles théoriques des enzymes allostériques
a - Modèle symétrique ou concerté
b-Modèle séquentiel
Conclusion
Introduction

Les organismes doivent être capables de moduler l'activité enzymatique


cellulaire de façon à pouvoir s'adapter aux changements métaboliques.
De cette façon, les enzymes peuvent coordonner les voies métaboliques, en
réponse à l'environnement.

Parmi ces enzyme régulatrices, les plus importantes sont les enzymes
allostériques, dont l’activité est modulée par la liaison non covalente
réversible d’un ou de plusieurs autres composés sur des sites différents du site
catalytique selon une cinétique différente de la cinétique michaelienne
1- DÉFINITION

• Le terme allostérie vient du grec « Allos » pour autre et « stéros » pour espace
ou site, c’est-à- dire autre site que le site catalytique.

• les enzymes allostériques présentent un ou plusieurs sites en dehors de site


catalytique entrainant le changement de la conformation spatiale de site
catalytique permettant un changement d’activité.
2-STRUCTURE D’UNE ENZYME ALLOSTÉRIQUE
Les enzymes allostériques sont protéines de structure quaternaire , et nécessite
la présence de plusieurs sous unités (forme oligomérique) appelées:
Des protomères, associés entre eux par des liaisons faibles, avec un axe de
symétrie.
 Chaque protomère contient deux sites fonctionnels :
- Site actif : fixation du substrat
- Site allostérique : fixation d’effecteur allostérique.

 Donc une enzyme allostérique possède plusieurs sites actifs et plusieurs sites
allostériques.
 Cette effet la conformation quaternaire est responsable de l’activité
régulatrice allostérique car une fois ces enzymes désensibilisé ils deviennent
des enzymes michaelienne

REMARQUE
l’hexokinase est une enzyme allostérique monomérique régulé de façon
allostérique par glucose 6 phosphate.
3-PROPRIÉTÉS DES ENZYMES ALLOSTÉRIQUES

A- Effet allostérique
-La liaison de l'effecteur sur son site allostérique entraine un changement réversible de
conformation de l'enzyme et il en résulte une modification de l'aptitude catalytique de
l'enzyme ( modification d'affinité pour les substrats et ou modification du coefficient
catalytique).
-L'effet allostérique peut être inhibiteur ou activateur.

B- Effet de coopérativité

la coopérativité traduit le fait que la fixation sur l'enzyme d'une molécule d'un
effecteur allostérique (exemples: activateur allostérique (A) et inhibiteur allostérique
(I)) influe sur la fixation des molécules suivantes.
C-Effet de désensibilisation

A concentration saturante en activateur, toutes les sous-unités de l’enzyme sont déplacées


sous la forme relâchée : le comportement de l ’enzyme devient Michaelien (c’est une perte
de la sensibilité de l'enzyme aux effecteurs allostériques (désensibilisation)). Cependant,
l'activité enzymatique persiste. Seul, le site allostérique est détruit. Il en résulte une perte
du phénomène de coopérativité et la cinétique devient hyperbolique.
4- Mécanisme d’action
Transition allostérique R <---> T
la molécule de l’enzyme apparait dans deux états qui diffèrent par leur affinité au substrat :
un état Tendu (T) :forme inactive, à faible affinité pour le substrat, conformation compacte
adoptée en l’absence du substrat
un état relâché (R) :forme active, à forte affinité pour le substrat, conformation plus
relâchée adopté en présence du substrat

Les deux formes sont évidemment en équilibre, ce qui explique que des effecteurs
puissent déplacer l'équilibre dans un sens ou dans un autre.

Une transition allostérique est un changement conformationnel de la forme T→R ou R→T


déclenché par le substrat ou un effecteur.

 La fixation de ces derniers peut faciliter la transition allostérique dans le sens T→R, ce
qui active l’enzyme. Dans ce cas, l’effecteur est nommé activateur allostérique.

 À l’inverse, la fixation peut faciliter la transition allostérique dans le sens R→T, ce qui
inactive l’enzyme. Dans ce cas, l’effecteur est nommé inhibiteur allostérique.
II-Rôle des enzymes allostériques dans la
régulation
1-La coopérativité
1- L’effet homotrope:
Changement conformationnel de l’enzyme suite à la fixation du substrat lui-même sur le
site allostérique :
on parle de modulation homotrope:
-si il y a augmentation de l’affinité pour le substrat (transition T→R) , la fixation du
substrat va entrainer la fixation d’autre molécules de substrat. substrat on parle d’effet
homotrope positif.
-S’il y a diminution de l’affinité (transition R→ T) on parle d’effet homotrope négatif
2- L’effet hétérotrope:
Modification de l’affinité de l’enzyme pour son substrat suite à la fixation sur le site
allostérique de molécules sans apparenté structurale avec le substrat.
on parle de modulation hétérotrope.

-Lorsque ces effecteurs favorisent la fixation du substrat (T→R) :


On parle d’effecteurs hétérotropes positifs ou activateurs allostériques.

-Lorsque ces effecteurs inhibent la fixation du substrat (maintiennent la conformation T ou


R→T ) :
On parle effecteurs hétérotropes négatifs ou inhibiteurs allostériques
A-Effet homotrpe : Enzyme allostérique , modèle de coopérativité positive en
présence du substrat

Les enzyme allostérique homotropes ont en général plusieurs sous –unité, le même site
de liaison sur chaque sous unité joue à la fois le rôle de site actif et de site modulateur .
Le substrat peut fonctionner en tant que modulateur positive ( activateur) ; sa fixation au
site de liaison modifier la conformation de l’enzyme et facilite la liaison des autre
molécules de subtrat
B- Effet hétérotrope : Modèle de régulation des enzymes allostériques ,
en présence des effecteurs hétérotropes
Exemple
L’aspartate transcarbamylase (ATCase) :

-l'aspartate transcarbamylase catalysant la première réaction de la voie de biosynthèse


des nucléotides pyrimidiques.
-Elle catalyse le transfert d’un résidu carbamoyle du carbamoyle phosphate sur le
groupement aminé de L-aspartate pour donner le N carbamoyle –L-aspartate
Changement conformationel de l’ATCase :
-L’ATCase est formée de 12 sous unité ; 6 sous unités catalytiques organisées en 2 série de
trimères (2C3) et 6 sous unités régulatrices organisées en 3 série de dimères ( 3R2).
-Les effecteurs allostériques CTP et ATP se fixent sur le même site allostérique au niveau des
sous unités régulatrices ; la fixation de ces effecteurs sur le site allostérique entraine des
modifications conformationnelles dans les sous unités régulatrices et en conséquence dans les
sous unité catalytiques .
*La fixation de l’ATP sur les sous unités régulatrices provoque une séparation des trimères
catalytiques ( 0,4 A°) et le rapprochement des deux domaines des sous unités catalytique ce
qui permet la fixation des substrats et la formation de produit .
*par contre ,La fixation de CTP sur les sous unités régulatrice cause un rapprochement des
trimères catalytiques ce qui empêche la catalyse
le CTP « cytidine triphosphate » (inhibiteur allostérique)

-L’ATCase est inhibée par le CTP (inhibiteur allostérique),


*Lorsque la vitesse de synthèse de CTP dépasse sa vitesse d’utilisation par les cellules, l’excès de
CTP qui en résulte inhibe l’ATCase qui à son tour réduit la vitesse de synthèse de CTP
*Inversement, si la concentration intracellulaire de CTP est abaissée, le CTP se dissocie de l’
ATCase et lève l’inhibition de l’enzyme

l’ATP (activateur allostérique)

-L’ATCase est activée par l’ATP (activateur allostérique) permet de coordonner la vitesse
de synthèse de nucléotides puriques et pyrimidiques pour la biosynthèse des acides
nucléiques (si la concentration en CTP et en ATP sont déséquilibrée en faveur d’ATP.
l’ATCase est activée par l’ATP pour la synthèse des pyrimidines jusqu'à ce que l’équilibre
soit rétabli).
Par contre si la concentration de CTP est supérieur à celle de l’ATP , l’inhibition de
l’ATCase par le CTP permet à la biosynthèse des purines de rétablir l’équilibre entre les
bases puriques et pyrimidiques
2-Retro-inhibition

La rétro-inhibition fait référence à l’inhibition de l’activité d’une enzyme d’une voie


biosynthétique par le produit final de cette voie.
Dans l’exemple que suit, pour la biosynthèse de F (métabolite essentiel n’ayant
aucune similarité structurale avec A) à partir de A catalysée par les enzyme ENZ1 à
ENZ 4

Une concentration élevée de F inhibe la conversion de A en B .


Ceci reflète le pouvoir de F de se fixer à ENZ1 au site allostérique éloigné du site
catalytique et de l’inhiber.

Exemple
-L’ATCase est inhibée par le produit final de la voie métabolique « le CTP »
exerçant une rétro inhibition sur l’ATCase afin d’éviter une surproduction
3.Notion de cycle futile

Il s’agit de cycles formés par 2 réactions antagonistes , et non inverses l’une


de l’autre catalysées par des enzymes allostérique dont l’une consomme de
l’énergie , ceci permet de contrôler la direction du flux pour la production
d’énergie ou de métabolites.

Un faible changement de l’activité de l'une des enzymes suite à une réponse


allostérique à un effecteur permet de diriger la réaction vers l'une ou l'autre des
directions.

Exemple glycolyse/néoglucogenèse
-Le cycle futile le plus célèbre est celui de la glycolyse au niveau de la phosphofructokinase
et la réaction inverse est catalysée par la fructose biphosphate phosphatase, lors de la
néoglucogenèse, cette dernière ne consomme pas d'énergie.

-La régulation allostérique permet de contrôler la direction du flux pour la production


d’énergie ou de métabolites.

Les deux activités enzymatiques de la protéine bifonctionnelle sont donc régulées


allostériquement par les mêmes effecteurs
Elles sont portées par des sites distincts. L'activation de l'un accompagne l'inhibition de
l'autre et vice versa
-On a indiqué par + et - les effecteurs positifs et négatifs, respectivement.. Vous voyez que la
PFK est activée par l'AMP et inhibée par le citrate, l'inverse étant vrai pour l'activité
phosphatase antagoniste
-Ce genre de régulation est utile surtout pour certains tissus tels que le foie qui assure à la fois
la glycolyse et la néoglucogenèse

-Remarquons aussi au passage l'inhibition par l'ATP, qui est substrat de la


phosphofructokinase. L'enzyme a naturellement des sites catalytiques qui fixent l'ATP,
puisque c'est un substrat, mais cette fixation se fait avec une forte affinité, ce qui permet à
l'enzyme de fonctionner avec de faibles teneurs en ATP. Par contre à plus forte
concentration c'est sur des sites régulateurs distincts que l'ATP exerce son action
d'inhibiteur allostérique,.
III- CINÉTIQUE ALLOSTÉRIQUE
1- Cinétique non Michaelis-Menten :

Les enzymes allostériques se distinguent des autres enzymes (michaeliens) par leur
courbe v=f(S) qui n’est pas une hyperbole correspond à l’équation Michaelis Menten ,
mais une courbe sigmoïde .

Une cinétique sigmoïde reflète des interactions coopératives entre plusieurs sous unités
protéiques
Courbe sigmoïde (Présentation de Hill)

-Cette cinétique est plus lente que la cinétique michaelienne pour les petites concentrations
du substrat et devient plus rapide au-delà.

-Courbe caractéristique de la coopérativité qui se fait entre les protomères.

Soit donc la réaction :


dont la constante d'équilibres‘ écrit kH pour constante de Hill.

Comme cette constante correspond à la concentration en substrat pour laquelle la moitié


de l'enzyme est saturée, certains auteurs parlent de k0,5 ou k1/2.

On obtient la vitesse de fonctionnement de l'enzyme allostérique comme étant égale à :


n : représente le nombre de Hill ou indice de coopérativité .
C’est le nombre de site de liaison de substrat
L'intérêt de ce graphique est de permettre de déterminer le type de coopération grâce à la
pente n
❑ Si n = 1, la coopérativité est nulle, la cinétique de l’enzyme est michaelienne
❑ Si n > 1, la coopérativité est positive ; dans ce cas 1 < n< N (N étant le nombre de sous
unités)
Ce nombre est supérieur à 1 et inferieur ou égale au nombre de sous unités
❑ Si n < 1, la coopérativité est négative.
- On distingue :
les enzymes de système K : l’effecteur ne modifie que l’affinité Km de l’enzyme pour
le substrat

Les enzymes de système V: l’effecteur modifie la vitesse maximale Vmax

Les enzymes de systèmes mixte : l’effecteur modifie la Vmax et le Km

La modification du Km ou de la Vmax résultent de changements de conformation au


site catlytique , induit par la liaison des effecteur au site allostérique
A- les enzymes de système K
les changements conformationnels dus à la liaison des effecteurs allostériques
modifient l'affinité des différentes sous-unités pour le substrat .
Les formes R et T ont une même vitesse maximale. Sur le plan cinétique, ce sont des
enzymes où l'effecteur ne peut modifier que l'affinité apparente (relative à Km) de
l'enzyme pour le substrat.
L'affinité pour le substrat (S) diminue en présence d'un inhibiteur allostérique (I). Elle
augmente en présence d'un activateur allostérique (A).
B- Les enzymes du système V
Les enzymes allostériques du système V sont caractérisées par le fait que le substrat
(S) a la même affinité pour les deux formes d'enzyme R et T, avec une activité
catalytique différente.
Tout se passe comme s'il y'a une seule forme d'enzyme. Il en résulte une fixation
hyperbolique de S. La coopérativité homotrope est absente.
L’effecteur ne peut modifie que la vitesse maximale (Vmax)
de la réaction, sans modifier l’affinité :
- La Vmax diminue en présence d’inhibiteur allostérique
- Elle augmente en présence d’un activateur allostérique
2-Les modèles théoriques des enzymes allostériques
Deux modèles sont décrits pour expliquer le comportement cinétique des
enzymes allostériques :

 Modèle symétrique ou concerté :


en 1965, Monod et ces collaborateurs

 Modèle séquentiel :
en 1966,Koshland
A - Modèle symétrique ou concerté :

-Supposons pour simplifier qu’il n’y ait que deux états possibles des protomères :
l’état T (basse affinité, inactive) O , et l’état R (haute affinité, active) □ .
-Ces 2 formes sont en équilibre et coexistent même en absence de substrat .
-Les sous- unités auxquelles S est lié sont
colorées en jaune
-Dans une protéine à 4 sous-unités à l’état T
(qui est la forme favorisé en absence de
substrat) ; si l’un d’entre eux se lie au substrat,
favorisant ainsi sa transition à l’état R, elle
imposera aux trois autres sous-unités de
prendre cette structure (R), ce qui entraînera
l’augmentation de leur affinité vis à vis du
substrat et activera la réaction.
B-Modèle séquentiel

- KOSHLAND a étendu ce modèle à des oligomères non symétriques dans la structure


desquels chacun des protomères peut être tendu ou relâché.

-Chaque sous unité passe individuellement d'un état à un autre. Cependant, la fixation
de la molécule de substrat induit la transition de la première ce qui facilite la transition
des autres sous unités et ainsi de suite.

- Dans un tel modèle, la symétrie de l'enzyme n'est plus conservée, et les possibilités de
formes intermédiaires sont beaucoup plus nombreuses.
Aspects du modèle à retenir

a) En l'absence de ligand, la protéine existe dans un seul état conformationnel plutôt qu’un
équilibre entre deux états.
b) Le changement conformationnel est séquentiel.
• Les sous-unités changent leur conformation en fonction de la liaison des ligands à
chacune des sous-unités plutôt que de façon concertée.
c) Les interactions entre les sous-unités peuvent être positives ou négatives.
• Donc, la liaison d’un ligand peut démontrer de la coopérativité positive ou négative par
rapport à la liaison du ligand précédent.
Conclusion
Les enzymes allostériques régulent la vitesse des vois métaboliques dans les
cellules .
L’activité de ces enzymes , est contrôlée par la liaison réversible , non
covalente d’un effecteur à un site régulateur ou allostérique .
Ces effecteurs peuvent activer ou inhiber l’enzyme et peuvent être soit le
substrat lui même soit un autre métabolite .
En cas de rétrocontrôle , le produit terminal d’une voie métabolique inhibe le
premier enzyme de cette vois .
La cinétique des enzymes allostériques n'obéit pas à la cinétique de Michaelis-
Menten, elle reflété une interaction coopérative entre les sous unités de
l’enzyme.
Bibliographie
-Lehninger AL... Principes de Biochimie. Flammarion Médecine Sciences, Paris, le éd
1970, 2e éd 1982.

-Pelmont J. Enzymes. OPU Alger, 1993, p603

-Collectif de boeck . Biochimie de harper 4 éme édition

-Serge Weinman . Toute la biochimie. Dunod paris ,2004

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