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TOXICOLOGIE CELLULAIRE

Dr Lariche Nesrine
Laboratoire de Toxicologie Moléculaire
Université de Jijel, Algérie
Programme et axes de recherches
1- Mort cellulaire et toxicité

2- Mécanismes impliqués dans les processus toxiques

3- Le stress oxydatif cellulaire


 Bioactivation et formation des radicaux libres
 Stress et toxicité.
 Méthodes d’évaluation du stress oxydatif.

4- Les mécanismes moléculaires de l’apoptose


 L’apoptose mitochondriale
 L’apoptose nucléaire
 Les protéines de morts
 Les protéines antiapoptotiques
 Les Hsp.
Axes de recherches
Stress Oxydatif
et
Apoptose

Cellule normale Cellule cancéreuse


Au cours de traitements Anticancéreux

Prévention Et Traitement
Etude et Evaluation

S
Substances Bio
Actives Végétales
Chapitre 1
Mort cellulaire et toxicité
Mécanismes impliqués dans les processus toxiques
La Mort Cellulaire
• les organismes vivants sont constitués de cellules et
l'importance de la mort cellulaire dans le
développement d'un être vivant est aujourd’hui
démontrée.

• La mort cellulaire normale a d'abord été observée


durant la métamorphose des amphibiens, puis dans
plusieurs tissus en développement tant chez les
invertébrés que chez les vertébrés.
• Ensuite il y a eu la description d’une mort cellulaire qui
survient à des endroits prévisibles et à des moments
précis.

• Les cellules mourantes durant ce processus


démontraient des caractéristiques morphologiques
communes, mais cependant distinctes de celles observées
dans les cellules mourant accidentellement par nécrose.

• Les auteurs de ce processus ont suggéré que ces


caractéristiques morphologiques communes puissent être
le résultat d'un programme endogène sous-jacent de mort
cellulaire. Ils ont donné le nom d’apoptose à ce processus.
L'organisme humain, comme celui de la plupart des animaux, comporte deux catégories de
cellules différant par leur capacité de prolifération : le soma, qui est mortel, et le germen, qui est
immortel, tout au moins
potentiellement
Le soma comporte une gamme de cellules différentes par leur
capacité de prolifération. On trouve des cellules souches, qui
continuent à se diviser jusqu'à la fin de la vie, et des cellules
différenciées qui ne peuvent plus se diviser.
Selon la théorie formulée par August Weismann en 1892

* les cellules germinales (spermatozoïdes, ovules et


leurs précurseurs), qui sont en quelque sorte
immortelles, se chargent de la reproduction

* et les cellules somatiques, qui sont condamnées à


vieillir et à mourir, assurent la nutrition, la mobilité, la
défense et la coordination de l'ensemble
D'où vient cette différence ?

Les cellules germinales possèdent une enzyme, la télomérase,


dont les cellules somatiques sont dépourvues.

Chez les mammifères, la télomérase est active dans l'oeuf et


dans l'embryon, jusqu'à un stade difficile à préciser.

Par la suite, les cellules somatiques cessent de synthétiser


l'enzyme, tandis que les cellules germinales continuent à le
faire (H. Denis et J.C. Lacroix, Médecine Sciences , 8 , 695,
1992). Par conséquent, les chromosomes des cellules
somatiques se raccourcissent à chaque division. En revanche,
les chromosomes des cellules germinales conservent une
longueur constante.
Comment les cellules germinales échappent-elles à la sénescence réplicative
et aux dommages oxydatifs susceptibles d'altérer leur fonctionnement ?

* La sénescence est due au fait que les chromosomes se raccourcissent


chaque fois qu'ils se répliquent.
* Au niveau des extrémités des chromosomes, appelées télomères, l'un des
deux brins constitutifs de l'ADN ne peut pas être copié jusqu'au bout. Il en
résulte une perte progressive de matériel génétique, appelée télotomie.
* Dans l'espèce humaine, on estime que le raccourcissement est d'environ
cent paires de bases (pb) par chromosome et par division.
* L'érosion des télomères doit être compensée d'une façon ou d'une autre,
faute de quoi les chromosomes ne peuvent plus fonctionner correctement.
* Un mécanisme de compensation très largement utilisé par les eucaryotes
fait appel à une enzyme particulière, appelée télomérase, qui rallonge
l'ADN chromosomique.
MANIFESTATIONS DE LA SÉNESCENCE CHEZ LES
ANIMAUX
Aucun être humain ni animal ne peut vivre indéfiniment.
Dans la nature, il mourra tôt ou tard, victime d'une
toxicité, de maladie, de faim, de soif ou de froid, et de
vieillesse.

La durée de la vie est donc un caractère phénotypique, qui


dépend à la fois de l’environnement et du génotype.

Les tissus et les organes dont les cellules se renouvellent en


permanence sont affectés tout autant que ceux dont les
cellules se renouvellent rarement, ou pas du tout
* La peau se creuse de rides,
* Les cheveux blanchissent et tombent,
* Le cerveau fonctionne de moins en moins bien,
parce que beaucoup de neurones meurent sans être
remplacés.
Deux formes de Sénescence
Les travaux conduits sur les cellules humaines et sur
celles de divers animaux ont montré que deux formes
de sénescence affectent la survie des cellules

* La première affecte les cellules qui


continuent à se diviser chez l'adulte en particulier les
cellules souches (SÉNESCENCE RÉPLICATIVE
ou MITOTIQUE)

*La seconde affecte les cellules qui renoncent


à se multiplier quand elles se différencient
(SÉNESCENCE MÉTABOLIQUE)
Les cellules qui ne se divisent plus sont en quelque sorte
empoisonnées par les sous-produits de leur métabolisme,
et notamment par les dérivés très réactifs de l'oxygène,
qui se fixent sur certains de leurs constituants et perturbent
leurs fonctions.

Ces dérivés apparaissent dans les mitochondries, qui


utilisent l’oxygène pour produire l’essentiel de l’énergie
dont les cellules ont besoin.
LA NÉCROSE ET L’APOPTOSE
La sénescence réplicative et la sénescence métabolique font
mourir lentement les cellules.
Deux autres formes de mort conduisent beaucoup plus rapidement
les cellules à leur perte :
* la nécrose
* l'apoptose.

Longtemps confondus, ces deux phénomènes ont en réalité peu de


choses en commun.

La nécrose résulte de traumatismes divers, pouvant survenir aussi


bien chez l'embryon que chez l'adulte. Elle se traduit dans le noyau
par la formation de petits agrégats de chromatine. Dans le
cytoplasme, elle se manifeste par l’apparition de vacuoles et la
dilatation des mitochondries. Le processus se termine par la rupture
de la membrane plasmique et la libération du contenu de la cellule,
ce qui déclenche une réaction inflammatoire, tout au moins chez les
mammifères.
Mort cellulaire programmée, apoptose, nécrose ?
Chez l'adulte, la naissance de nouvelles cellules et
la mort d'autres cellules se compensent selon un
état stationnaire dynamique.
Certaines cellules se renouvellent rapidement alors
que d'autres ne survivent que quelques jours avant
d'être remplacées.
Les cellules du foie sont pratiquement immortelles
alors que les cellules nerveuses sont
progressivement détruites.
L'apoptose peut se définir comme une mort « volontaire
» des cellules, une sorte de suicide, souvent appelé « mort
cellulaire programmée », parce qu'elle nécessite la mise
en activité d’un certain nombre de gènes.

Dans le cytoplasme, l’apoptose se manifeste par une sorte


de bouillonnement de la membrane plasmique. Mais elle
n'entraîne pas de modification immédiate des
mitochondries.

L'apoptose est donc une mort qui ne déclenche pas de


réponse inflammatoire.
• Pour certains auteurs, il n’y a pas de différence entre mort cellulaire
programmée et apoptose (chez les cellules animales, les cas les plus
étudiés présentent des caractéristiques classiques de l’apoptose )

• Par contre, il est maintenant clair, particulièrement chez les


végétaux, que certaines formes de mort cellulaire n’exhibent pas
nécessairement les caractéristiques décrites pour l’apoptose des
cellules animales (Bursch et al., 2000). Ainsi, plusieurs auteurs
emploient « mort cellulaire programmée » comme terme général
pour désigner le concept fonctionnel impliquant tout processus de
mort cellulaire actif et limitent « apoptose » à une forme particulière
de PCD qui passe par des modifications morphologiques et
biochimiques précises.

• A l’opposé de la PCD, la nécrose est définie comme une mort


incontrôlée, violente et rapide, causée par un stress physique ou
chimique extrême et se manifeste souvent comme un éclatement
immédiat de la cellule et des organelles.
FONCTIONS DE L’APOPTOSE
L'apoptose contribue à modeler la forme de l'embryon, en éliminant des
cellules surnuméraires. Elle entretient aussi la santé de l'adulte, en le
débarrassant de cellules devenues inutiles, non fonctionnelles ou
dangereuses pour lui.

FONCTIONS AU COURS DU DÉVELOPPEMENT

Dans l'embryon et le foetus humains, l'apoptose provoque la formation de


cavités dans des masses de cellules.

Elle découpe les doigts à l'extrémité des membres, qui ont à l'origine la
forme de palettes. Dans les espaces interdigitaux, des e cellules meurent par
apoptose, ce qui contribue à sculpter la main et le pied.

L'apoptose participe également à la formation du système nerveux. Un


grand nombre de neurones cérébraux se suicident au cours de la vie fœtale.
FONCTIONS DE L’APOPTOSE
FONCTIONS CHEZ L'ADULTE

* Chez les femmes, l'apoptose réduit la taille de l'utérus et


des seins après la grossesse et l'allaitement.

* Chez tous les individus, elle maintient l'homéostasie des


tissus et des organes.

* Le phénomène a une grande importance. On estime que


le corps humain produit ± 105 cellules par seconde et en
détruit tout autant, si bien qu’au terme d’une vie normale,
plus de 99 % des cellules apparues depuis la naissance
sont mortes.

* L'apoptose a donc un effet bénéfique. Elle n'a des


conséquences que si des facteurs externes perturbent son
Comment agissent les agents toxiques ?
• Vieillissement cellulaire, accidents “géniques”, substances toxiques
(tabac, médicaments, pesticides… et autres polluants), ou d'agents
physiques (rayonnements ultraviolets, ionisants, champs
électromagnétiques) peuvent engendrer ces altérations géniques.

Exemple 1: cancérisation
• Chacune de nos cellules possède environ 30 000 gènes. … les
facteurs cancérigènes sont nombreux et peuvent entraîner une
prolifération incontrôlée et permanente des cellules..

• L'origine de cette prolifération anormale est la conjugaison de


plusieurs “accidents” géniques dans l'ADN des cellules.

• Un cancer survient lorsque ces altérations touchent des gènes


spécifiques, ceux contrôlant les processus de multiplication. En cas
de cancérisation, une cascade d'événements biologiques
intracellulaires va se déclencher et perturber le fonctionnement
normal de la cellule.
Les cellules normales ont un protéine p53 normale et
vont en cas de l’atteinte de leur DNA s’arrêter de
proliférer. A l’inverse, les cellules cancéreuses non
résistantes vont continuer à proliférer.
• Mais, un cancer ne se développe pas si facilement.
Notamment parce que nos cellules sont dotées de
systèmes de vérification et de correction permettant
d'identifier d'éventuelles anomalies géniques et de les
réparer ou par le système de défense immunitaire qui peut
aussi agir sur les cellules cancéreuses.

• La particularité des cellules cancéreuses est donc de ne


pas mourir ! De nombreuses recherches sont menées pour
justement tenter de remettre ces cellules anormales “dans
le droit chemin”, en intervenant grâce à des médicaments,
pour qu'elles retrouvent un cycle cellulaire normal et
meurent.
Exemple 2, Un système de défense immunitaire dépassé

 Les cellules cancéreuses se multiplient localement dans un organe ou


dans un tissu. Autour de ces quelques cellules anormales, les tissus
avoisinants des réactions du système de défense immunitaire
surviennent. Les macrophages, lymphocytes… se mettent en place et
des interleukines sont alors libérées. En effet, le système de défense
immunitaire peut reconnaître les cellules cancéreuses anormales
pour mettre en route une série d'événements capables de les
attaquer.

 Mais cette “veille immunologique” peut être dépassée. Un amas de


cellules cancéreuses se forme alors pour constituer une tumeur
primitive. Aujourd'hui beaucoup de recherches en cancérologie se
concentrent sur ces réactions immunitaires. Leurs objectifs : mieux
comprendre le développement du cancer, et bien sûr trouver de
nouveaux traitements.
Exemple 3, Maladie d'Alzheimer

La maladie d'Alzheimer est la première cause de


démence chez l'adulte et la personne âgée.
Elle se caractérise par la formation dans le cerveau
des malades, de plaques séniles contenant des formes
insolubles du peptide β-amyloïde (Aβ), dérivé du
précurseur APP (Aβ-containing precursor protein).

La présence du peptide Aβ serait neurotoxique,


déclenchant des mécanismes de mort neuronale
progressivement sur l'ensemble du cerveau et plus
particulièrement dans deux régions impliquées dans
les processus d'apprentissage et de mémorisation : le
cortex entorhinal et l'hippocampe.
* Un des symptômes les plus précoces de la maladie
d'Alzheimer est le déficit de mémoire à court terme.
C'est justement dans l'hippocampe qu'ont récemment
été découvertes des cellules progénitrices, c'est-à-
dire capables de se diviser pour donner naissance à
de nouvelles cellules nerveuses qui se différencient
en neurones ou en cellules gliales.

* De précédentes études ont montré que la présence


du peptide Aβ inhibe la différenciation des nouvelles
cellules in vitro en déclenchant des mécanismes de
mort cellulaires au sein des cellules progénitrices,
suggérant ainsi que l'accumulation de ce peptide
constitue un facteur défavorable à cette
différenciation.
Exemple 4, Cytotoxicité de Helicobacter pylori
• H.pylori est la seule bactérie classée comme agent carcinogène de
type 1.
• Sept millions de nouveaux cas de cancers gastriques apparaissent
chaque année dans le monde, causant le décès de plusieurs centaines
de milliers de personnes. H.pylori entraîne, chez tous les patients
infectés, une gastrite qui évolue vers l'ulcère duodénal et l'ulcère
gastrique, mais surtout, des adénocarcinomes gastriques.

• Dans l'estomac, H.pylori s'adapte grâce à de puissants facteurs de


virulence comme l'uréase, la protéine CagA et la cytotoxine VacA.

• Le gène de VacA, présent dans toutes les souches, est variable. Les
régions de plus grande diversité sont localisées près de la région 5'
du gène (allèles, s1a, s1b, s1c ou s2) et dans sa région médiane
(allèles m1 ou m2) .
• Ainsi les souches d' H-pylori s1/m1, sont les souches les plus
virulentes pour un risque de survenue de cancers gastriques.
Rôle de la Mitochondrie
Les mitochondries occupent le cytoplasme des cellules
eucaryotes.

En utilisant l'oxygène elles participent à la formation de


dérivés agressifs, qui attaquent divers éléments constitutifs
de leurs hôtes.

Elles peuvent aussi fournir aux cellules des facteurs de


suicide, des protéines capables de déclencher l'apoptose
comme l’apoptosome*.
Chez les mammifères, plusieurs protéines, dont Ku70 et
BCL2, veillent à ce que les mitochondries restent bien
protégées.

Les mitochondries n’ont pas seulement un rapport avec la


sénescence métabolique et l’apoptose mais aussi avec
l’autophagie.

La protéine BCL2, qui empêche l’apparition de divers


facteurs pro-apoptotiques dans le cytoplasme, peut aussi
moduler l’autophagie, en interagissant avec une proteine
appelée bécline. Celle-ci fait partie du mécanisme qui
contrôle l’évolution de la sénescence métabolique chez
certains animaux.
Merci pour votre attention

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