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dossier pilote
des tunnels
génie civil
section 3
conception et dimensionnement
Juillet 1998
I.S.B.N. 2-11-084743-3
SOMMAIRE
Chapitre 1 Préambule . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.1 Facteurs à prendre en compte .......................................7
1.1.1 Parti fonctionnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.1.2 Environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.1.3 Terrain. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.2 Choix de la section . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.2.1 Profils en travers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.2.2 Division de la section . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.3 Rôle du soutènement et du revêtement ..............................9
1.3.1 Rôle du soutènement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.3.2 Fonction mécanique du revêtement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.4 Profils-types de soutènement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.5 Creusement au tunnelier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
Chapitre 2 Conception du soutènement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.1 Fonctionnement du soutènement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.1.1 Principes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.1.2 Importance du phasage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.1.3 Incidence de l’eau souterraine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.2 Critères de choix du soutènement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.2.1 Classifications de BIENIAWSKI et de BARTON . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.2.2 Classification de l'A.F.T.E.S. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
2.2.3 Limite d'emploi des classifications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.3 Pré-soutènement et renforcement du front de taille ................. 17
2.3.1 Principaux facteurs influant sur la déformation
et la stabilité du front de taille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.3.2 Procédés de pré-soutènement et de renforcement. . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.4 Récapitulation - Choix principaux de conception . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
Chapitre 3 Dimensionnement du soutènement et
évaluation des mouvements du terrain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
3.1 Méthodes usuelles de dimensionnement du soutènement ........... 21
3.1.1 Approche empirique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
3.1.2 Méthodes d'analyse et de calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
3.2 Méthodes de calcul par éléments finis .............................. 23
3.2.1 Apport de la méthode des éléments finis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
3.2.2 Domaine d'utilisation du calcul aux éléments finis . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
3.3 Stabilité du front de taille. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
3.3.1 Méthodes d'analyse de la stabilité du front de taille . . . . . . . . . . . . . . . . 25
3.3.2 Soutènement du front de taille. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
3.3.3 Déformation du front de taille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
3.4 Estimation des tassements ......................................... 27
Chapitre 4 Conception et dimensionnement du revêtement .............. 29
4.1 Règles de conception du revêtement ............................... 29
4.1.1 Constat des règles de l'art . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
4.1.2 Différents types de revêtement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
4.2 Actions à prendre en compte et calcul des sollicitations. . . . . . . . . . . . . . 30
4.2.1 Charges à reprendre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
4.2.2 Principales combinaisons de charges. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
4.2.3 Méthodes de détermination des sollicitations dans le revêtement . . . . . 32
4.3 Vérification du revêtement ......................................... 33
4.3.1 Pondération des charges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
4.3.2 Démarche de vérification. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
Préambule
•7•
1.2 - Choix de la section
•8•
Les recommandations développées ci-après tiennent Lorsqu'on ne met pas en oeuvre de revêtement, la
compte implicitement de cette hypothèse. La réalisa- pérennité de l'action du soutènement doit être assu-
tion d'ouvrages spéciaux avec un fractionnement rée : protection contre la corrosion ou contre un
multiple du soutènement et du revêtement, sort du vieillissement prématuré, vérification de la non-évolu-
cadre de ces recommandations. Un aperçu du creu- tion des caractéristiques du terrain à long terme.
sement en section divisée est simplement donné en
annexe 4.5 de la section 4.
Pour ce qui concerne le choix de la méthode d'excava- 1.3.2 - Fonction mécanique du
tion, on se reportera à la section 4 du Dossier Pilote. revêtement
La mise en place d'un revêtement définitif dans un
tunnel routier peut être justifiée par d'autres considé-
rations que celle de sa fonction mécanique vis-à-vis
de la stabilité de l'excavation. Celles-ci sont dévelop-
pées en section 5 du Dossier Pilote ("Etanchement et
1.3 - Rôle du soutènement revêtement").
et du revêtement Les cas où le revêtement peut être appelé à jouer un
rôle important dans la stabilité à long terme de l'ex-
cavation sont les suivants :
• lorsque le revêtement est mis en place rapidement
1.3.1 - Rôle du soutènement à l'avancement, derrière un bouclier par exemple ou
avant qu'un équilibre se soit instauré entre terrain et
Le creusement d'une galerie nécessite généralement soutènement ;
la mise en place d'un soutènement d'importance • lorsque le massif encaissant est affecté par un com-
variable selon la nature du terrain, la dimension de portement différé très actif résultant du fluage, de
l'excavation et la méthode utilisée. contraintes d'origine tectonique ou du gonflement
Celui-ci peut être inexistant dans les cas les plus favo- par exemple ;
rables (galerie forée dans une roche résistante homo- • lorsque l'action du soutènement est supposée dimi-
gène et peu fracturée) ou aller jusqu'à l'exécution nuer dans le temps en raison d'une dégradation de
d'un présoutènement en avant du front de taille, voire ses constituants : corrosion des boulons, altération
jusqu'à l'utilisation d'un bouclier à front pressurisé en des scellements, délavage du béton projeté, etc... ;
très mauvais terrain. • lorsque le tunnel est implanté dans une zone sis-
Le soutènement a pour but : mique active ;
• de garantir la sécurité du personnel travaillant dans • lorsque la charge hydraulique susceptible de s'exer-
la galerie, cer sur l'ouvrage définitif est très importante.
• d'assurer la stabilité des parois de celle-ci dès la
phase d'abattage du terrain et, si nécessaire, d'en
limiter les déformations,
• de protéger le terrain dans le cas où celui-ci est sus-
ceptible de subir une évolution défavorable (altéra-
tion, déconsolidation, etc...) après ouverture, condui- 1.4 - Profils-types de
sant à une diminution inacceptable de ses caractéris-
tiques.
soutènement
Les méthodes courantes d'exécution conduisent à
l’utilisation d'un soutènement métallique (boulons,
cintres métalliques, voussoirs en fonte) ou en béton Le profil en travers et les méthodes de creusement et
(béton projeté, prévoûte bétonnée avec ou sans de soutènement étant choisis, le projet se matérialise
incorporation de cintres, voussoirs en béton armé) et par l'établissement de profils-types qui définissent les
à son maintien en place lors du bétonnage du revête- soutènements et revêtements d'une section transver-
ment définitif éventuel. sale de tunnel, ceci pour chaque zone pouvant être
Le soutènement assure la stabilité de la galerie pen- considérée comme homogène vis-à-vis des
dant l'exécution des travaux, mais participe aussi à la contraintes de terrain et d'environnement.
stabilité définitive de l’ouvrage en réduisant les Sont précisés suivant le niveau d'étude :
efforts supportés par le revêtement qui est mis ensui-
• la forme et le volume de terrain excavé,
te à l'intérieur. La conception du soutènement a le
plus souvent une influence directe sur l'importance et • l'avancement unitaire, c'est-à-dire la longueur exca-
la répartition des efforts que devra supporter le revê- vée avant mise en place du soutènement,
tement définitif. (cf. 4.2) • le phasage du terrassement,
•9•
• les soutènements (géométrie, nature et qualité des Dans un tel cas, on cherche la plupart du temps à rédui-
matériaux), re le plus possible les mouvements du terrain engen-
• le phasage de leur mise en oeuvre, drés par le creusement (cf. 3.4 Estimation des tasse-
ments) en appliquant une pression de confinement au
• le revêtement (nature, qualité des matériaux, joints
front de taille (cf. 3.3 Stabilité du front de taille) et en
de reprises),
assurant un parfait remplissage du vide annulaire entre
• le système d'étanchement et de drainage. les voussoirs de revêtement et le terrain.
Les soutènements doivent être définis avec une Corrélativement, les pressions qui se développent sur
précision suffisante pour garantir leur efficacité. ces voussoirs peuvent être élevées, mais la forme cir-
Il faut porter une attention particulière aux élé- culaire de ceux-ci autorise la reprise d'efforts impor-
ments suivants : tants (quelques indications sont données en 4.2).
• capacité d'adaptation à la forme de la Quelques indications sur les paramètres significatifs
section ; et caractéristiques d'une solution comportant l'em-
• continuité des soutènements, jonction entre ploi d'un bouclier sont données en section 2
("Géologie-Hydrogéologie-Géotechnique").
éléments mis en place lors de phases succes-
sives ;
• contact soutènement-terrain, possibilité de Des développements plus substantiels sur le creuse-
conserver un soutènement de forme régulière ment au tunnelier peuvent être trouvés dans les
bien plaqué au terrain malgré les irrégularités publications suivantes :
de l'excavation ;
• possibilité de renforcement rapide du soutè- • A.F.T.E.S. Recommandations sur le choix d’un type
nement. de tunnelier ou de bouclier mécanisé (Tunnels et
Ouvrages Souterrains n° spécial - Mai 1988).
Des exemples de profils-types sont donnés en • A.F.T.E.S. La conception, le dimensionnement et
Annexe 3.3. l’exécution des revêtements en voussoirs préfabri-
qués en béton armé installés à l’arrière d’un tunnelier
(TOS n°147 - Mai-Juin 1998).
• A.F.T.E.S. Rapport de synthèse du projet national
TUNNEL 85-90 (24 Avril 1991).
• A.F.T.E.S. Recueil de fiches signalétiques de chan-
1.5 - Creusement au tiers mécanisés.
tunnelier • Tunnels et Ouvrages Souterrains (n° 119 - Septembre-
Octobre 1993).
• Tunnels et Ouvrages Souterrains (n° 128 - Mars-Avril
1995).
Les considérations développées dans les chapitres
Spécial Journée d'Etudes de l'A.B.T.U.S. (8 Novembre
suivants s'appliquent essentiellement au cas des tun-
1994).
nels creusés de manière "séquentielle", c'est-à-dire
où l'on peut séparer les opérations de creusement et • C. RAYNAUD - Les Tunneliers (FAURE et Associés -
de pose du soutènement ou du revêtement. Paris 1992).
• B. MAIDL, M. HERRENKNECHT, L. ANHEUSER -
Lorsqu'on utilise un tunnelier, des éléments spé-
Mechanised Shield Tunneling (Ernst & Sohn - 1996).
cifiques au procédé utilisé sont à prendre en
compte, tout particulièrement lorsqu'on doit
avoir recours à un tunnelier comportant un bou-
clier (cf. Annexe 4.12 de la section 4 "Procédés
de creusement et de soutènement"), c'est-à-
dire dans des terrains particulièrement difficiles
et/ou avec des contraintes d'environnement
très sévères.
• 10 •
Tunnelier
Un tunnelier est une machine réalisant en continu le creusement d'un tunnel et, si nécessaire, la
mise en place d'un revêtement à faible distance du front de taille.
Sauf exception, le tunnelier réalise un tunnel de forme circulaire :
• Dans le rocher, l'excavation peut ainsi se faire par attaque globale à l'aide d'une machine foreu-
se pleine section qui prend généralement appui directement au terrain par l'intermédiaire de grip-
pers ou patins d'ancrage latéraux.
• En terrain tendre nécessitant un soutènement important, la forme circulaire est la mieux adaptée
à la reprise des efforts. Le tunnelier comporte alors un bouclier et le front peut être pressurisé (*).
En grand diamètre, l'excavation se fait par attaque globale à l'aide d'une roue de coupe à l'avant
de la machine avec un procédé de marinage adapté au mode de confinement. La machine pro-
gresse en s'appuyant contre le revêtement mis en place au fur et à mesure de l'avancement par
l'intermédiaire de vérins.
Le revêtement mis en place est généralement le revêtement définitif. Dans certains cas il peut être
complété par un anneau intérieur qui assure d'autres fonctions que la seule fonction de résistance
mécanique.
Coupe de la machine
Tête de
coupe
(*) Bouclier à air comprimé, à pression de boue, à pression de terre, à boue lourde.
• 11 •
Chapitre 2
Conception du soutènement
(1) Dans un tel cas, l’approche de type convergence-confinement, développée plus loin, n’est pas nécessaire.
• 13 •
P
pression de
confinement
A
courbe de convergence du terrain
E
Ps
D
C C C
O
convergence
▲ Fig. 2.1
Graphique confinement-convergence
L'interaction entre le terrain et le soutènement peut être représentée sur le graphique pression de
confinement-convergence. Le comportement du terrain est représenté par la courbe de conver-
gence AED, celui du soutènement par la courbe de confinement CEF, la valeur de Co corres-
pondant à la convergence qui se produit avant que le soutènement soit effectivement sollicité.
L'équilibre est réalisé à l'intersection des deux courbes en E.
Pour l'utilisation de ce concept, on peut se référer à fonction des résultats de mesures de contrôle
la recommandation de l'AFTES portant sur l'emploi (convergences, contraintes... ).
de la méthode convergence-confinement (cf. annexe
En cas de creusement en demi-section ou en section
3.1) et à l'ouvrage de M. PANET cité en bibliographie.
divisée, le soutènement est nécessairement posé en
Cette méthode permet, d'autre part, de prendre en
différentes phases, qui peuvent être assez éloignées
compte, de manière simple, la présence du front de les unes des autres. Il faut alors tenir compte pas à pas
taille, qui joue un rôle essentiel en établissant à son de la redistribution des efforts et de l'évolution éven-
voisinage un état de contrainte et de déformation tuelle des caractéristiques du terrain induites par les
temporaire stable et acceptable, dans l'attente de la phases de creusement et de soutènement successives.
mise en place du soutènement.
Dans le cas où le front de taille, dans son état naturel, D'une manière générale, le facteur temps est un
s'avère insuffisant pour jouer ce rôle, une intervention élément important qu'il ne faut jamais négliger.
de renforcement du terrain au front de taille ou en De nombreuses natures de terrain ont un com-
avant du front de taille est nécessaire. Quelques indi- portement dépendant du temps : les déforma-
cations à ce sujet sont données en 2.3. (Pré-soutène- tions et les charges qu'elles entraînent sur les
ment et renforcement du front de taille). soutènements sont dues non seulement à
l'avancement de l'excavation mais aussi à la
rhéologie du massif. Une modification des
2.1.2 - Importance du phasage conditions d'avancement des travaux peut
nécessiter une adaptation du soutènement, par
La mise en place du soutènement se fait souvent par exemple un renforcement en cas d'arrêt.
étapes, non seulement pour faciliter l'avancement
des travaux, mais aussi pour ajuster progressivement Enfin, la sécurité même du chantier peut nécessiter un
l'action de confinement nécessaire à l'obtention de phasage : par exemple, mise en place de premiers
l'équilibre désiré. La nouvelle méthode autrichienne éléments de soutènement (boulons à action immédia-
(cf. annexe 4.11. de la section 4 "Procédés de creu- te notamment) ayant davantage une fonction de sup-
sement et de soutènement") a même posé comme portage que de confinement, puis soutènement sys-
principe l'adaptation du soutènement mis en place en tématique plus en arrière du front.
• 14 •
2.1.3 - Incidence de l’eau stratifié ou non, de la fracturation, de la nature des
joints, de la déformabilité, de l'altération et (ou) du
souterraine gonflement de la roche. Pour chaque classe, TERZA-
L’eau souterraine est toujours une source de difficultés GHI propose un type de soutènement et une estima-
importantes pour la réalisation des ouvrages. Les problè- tion de la charge rocheuse s'exerçant sur ce soutène-
mes posés par l’eau sont rappelés en section 2 "Géolo- ment, mais l'analyse des critères et l'attribution d'une
gie - Hydrogéologie - Géotechnique" : classe restent essentiellement qualitatives.
• problèmes liés à la circulation de l'eau engendrée LAUFFER (1958) propose de classer les terrains en
par le creusement (érosion, altération, imbibition de fonction de deux paramètres expérimentaux caracté-
terrains sensibles à l'eau), ristiques du comportement en souterrain : l la longueur
• problèmes liés à la pression de l'eau et à sa dissipa- d'excavation stable sans soutènement et t la durée de
tion (pressions interstitielles dans les sols fins, renards, cette stabilité. En fonction des valeurs de ce couple de
débourrages), paramètres, LAUFFER distingue 7 classes de terrains
pour chacune desquelles est préconisé un type de sou-
• problèmes liés à la modification de l'équilibre
tènement. Bien que d'une mise en pratique très diffici-
hydrogéologique (dénoyage, consolidation engen-
le parce que, a priori, les valeurs des paramètres l et t
drant des tassements).
ne sont pas connues, cette classification est très inté-
L'eau peut donc modifier fondamentalement la réaction ressante parce que LAUFFER introduit pour la premiè-
du terrain au creusement, notamment en aggravant re fois le principe de l'interaction terrain-soutènement
considérablement les risques d'instabilité à court terme. dans la stabilité de l'excavation au voisinage du front et
En outre, l'irruption d'eau avec des débits importants l'importance de la longueur découverte.
est susceptible dans certains cas de poser des pro-
blèmes d'exhaure ou même de noyer le chantier.
2.2.1 - Classifications de
BIENIAWSKI et de
BARTON
Plus récemment, 1973, BIENIAWSKI, et 1974, BAR-
2.2 - Critères de choix TON, ont proposé deux classifications géoméca-
niques : le R.M.R. (Rock Mass Rating) pour le premier
du soutènement et le Q.System pour le second dont le principe est de
décrire de manière détaillée le massif au sein duquel
est creusé l'ouvrage et de déterminer à partir de
cette description la classe de soutènement adéquate.
L'art des tunnels est demeuré jusqu'à ces vingt der-
nières années une science essentiellement empirique
dont les spécialistes se constituaient un savoir-faire au a) Pour le R.M.R. (BIENIAWSKI) (1), les
travers d'expériences passées, la transmission des paramètres descriptifs du massif sont les
enseignements tirés de ces expériences étant soit suivants :
directe pour les spécialistes suivant eux-mêmes le
• la qualité rocheuse caractérisée par le R.Q.D. ;
déroulement des travaux, soit assurée par l'intermé-
diaire de relations écrites : comptes-rendus, rapports, • l'altération ;
communications... etc... • la résistance de la matrice rocheuse caractérisée par
la résistance à la compression simple ;
Pour essayer de structurer ce savoir et surtout fournir
aux projeteurs des outils d'aide à la conception, certains • la distance entre les discontinuités ;
auteurs ont très tôt (1909 - PROTODIAKONOV, 1946 - • l'ouverture des discontinuités ;
TERZAGHI) proposé, sous forme de classifications, des • la persistance des discontinuités ;
synthèses dont l'objectif était de déterminer le soutè-
• l'orientation des discontinuités ;
nement en fonction de critères géomécaniques.
• et le débit de percolation.
La première classification élaborée par PROTODIA-
Pour chacun de ces paramètres, il est distingué, sui-
KONOV en 1909 distinguait 10 classes de terrains
vant la valeur, cinq classes et à chaque classe est attri-
caractérisées par la valeur de la résistance à la com-
buée une valeur numérique. La classe de soutène-
pression simple.
ment est déterminée par la valeur du total des huit
TERZAGHI (1946) distingue 9 classes de terrains en valeurs numériques correspondant aux huit classes
fonction de leur comportement en souterrain, com- résultant de la description du massif selon les huit
portement dépendant de la résistance, du caractère paramètres.
(1) BIENIAWSKI Z.T. The geomechanics classification in rock engineering application (4ème congrès ISRM Montreux 1979).
BIENIAWSKI Z.T. Classification of Rock Masses for Engineering : The RMR System and Future Trends. Comprehensive Rock Engineering
Volume 3 “Rock testing and Site Characterisation”, pp 553-573.
• 15 •
b) Pour le Q.System (BARTON) (1) les para- Très souvent, les terrains où il est nécessaire d'appor-
mètres descriptifs du massif sont les suivants : ter un confinement important sont des terrains mar-
neux ou argileux déformables mais aussi imper-
• la fracturation caractérisée par le R.Q.D. (R.Q.D.) ; méables et surtout incompétents au sens géologique
• le nombre de familles de discontinuités (Jn) ; c'est-à-dire qu'ils se déforment mais ne cassent pas
lors de leur histoire géologique ; ces deux derniers
• la rugosité des discontinuités (Jr) ;
caractères : imperméabilité et non-fracturation, font
• l'altération des discontinuités (Ja) ; que du point de vue des discontinuités et de l'effet de
• l'effet de l'eau (Jw) ; l'eau, le classement de ces matériaux dans les classifi-
• et le facteur de contrainte SRF (Stress Reduction cations géomécaniques conduit à une estimation abu-
Factor) dont la valeur est déterminée : sivement optimiste de la stabilité parce que ces clas-
- soit en fonction de l’importance des zones d’altéra- sifications admettent implicitement que l'eau et la
tion (ou de cisaillement) et de la profondeur, fracturation sont des facteurs très défavorables et leur
confèrent un poids très lourd dans la détermination
- soit en fonction du rapport de la résistance de la
roche à la contrainte initiale pour les roches compé- du besoin en soutènement.
tentes, c’est à dire, plus aptes à se rompre qu’à se
déformer.
- soit en fonction de la déformabilité de la roche si 2.2.2 - Classification de
celle-ci est importante, l'A.F.T.E.S.
- soit en fonction de la pression de gonflement pour
les roches gonflantes. L'A.F.T.E.S. a établi en 1976 des recommandations
"relatives au choix du type de soutènement en gale-
Comme pour le R.M.R., en fonction des valeurs prises rie" (cf. annexe 3.1).
par chacun de ces paramètres, il est distingué des
classes et pour chacune des classes, il est attribué une La définition des critères et paramètres retenus pour
valeur numérique au facteur R.Q.D., Jn, Jr , Ja , Jw ou caractériser les terrains se base, pour ce qui concerne
SRF représentatif du paramètre considéré. le cas des galeries exécutées à l'intérieur de massifs
rocheux, sur d'autres recommandations de
La valeur du coefficient Q, caractérisant la qualité du l'A.F.T.E.S., "pour une description des massifs
massif du point de vue des travaux en souterrain est rocheux utile à l'étude de la stabilité des ouvrages
obtenue par une combinaison des valeurs des six fac- souterrains" (cf. section 2 - "Géologie - Hydro-
teurs représentatifs : géologie - Géotechnique").
R.Q.D. Jr Jw Les critères plus spécialement retenus pour le choix
Q = ________.___._____ du soutènement sont :
Jn Ja SRF
• la résistance de la roche,
Le soutènement est ensuite déterminé (parmi 38 pos-
sibles) en fonction de la valeur Q, du type d'ouvrage • les discontinuités,
souterrain (facteur ESR, Excavation Support Ratio, qui • l'altérabilité,
joue le rôle d'un coefficient de sécurité) et de son plus • les conditions hydrologiques,
grand diamètre (vertical ou horizontal). • les contraintes naturelles.
Ces deux classifications R.M.R. et Q.System se Pour chacun de ces critères, une classification du ter-
révèlent à l'expérience être très bien adaptées au rain est opérée et des indications sont données pour
cas de tunnels creusés dans des terrains résis- orienter le choix du type de soutènement.
tants, plus ou moins fracturés et où l'eau peut On tient compte également des dimensions de la
avoir une très forte importance. cavité, du procédé de creusement et de la sensibilité
C'est-à-dire que le domaine d'emploi de ces clas- aux tassements.
sifications correspond aux cas de tunnels où la
On distingue quatre classes principales de soutène-
fonction de "supportage" du soutènement est
ment suivant leur mode d'action par rapport au ter-
prépondérante pour s'opposer aux effets de la rain :
gravité qui apparaît alors comme le facteur essen-
tiel dans la définition de la stabilité de l'excavation.
a) Les soutènements agissant par confinement
En revanche, ces classifications géomécaniques du terrain encaissant, ce sont essentiellement :
ne prennent pas (ou imparfaitement) en compte
l'effet de redistribution des contraintes autour de • le béton projeté seul,
la cavité et le besoin de confinement.
• le béton projeté associé à des cintres légers.
(1) BARTON N., LOSET F., LIEN R., LUNDE S. Application of Q-System in design decisions concerning dimensions and appropriate sup-
port for underground installations (Rockstore 80 - Stockolm - Juin 1980).
BARTON N., GRIMSTAD E. The Q-System following twenty years of application in NMT Support Selections - FELSBAU 12 n°6 - 1994.
• 16 •
b) Les soutènements agissant à la fois par En conclusion, il faut retenir que le principal intérêt
confinement et comme armature du terrain des classifications est de contraindre le projeteur à
encaissant ; il s'agit du boulonnage sous ses une description exhaustive et quantitative du massif
diverses formes, qu'il soit ou non associé au béton encaissant, mais que, pour la détermination du soutè-
nement, il faut savoir les utiliser avec discernement,
projeté, aux cintres légers ou aux deux dispositifs
notamment lorsque le soutènement est appelé à
simultanément : jouer un rôle actif de confinement.
• boulons à ancrage ponctuel (à coquille ou à la résine), On notera également que le choix d'un type de sou-
• boulons à ancrage réparti (scellés à la résine ou au tènement peut rester assez largement ouvert après
mortier), analyse des critères purement techniques et faire ainsi
• barres foncées. largement intervenir des considérations économiques
ainsi que les autres sujétions et contraintes imposées
par l'ensemble du chantier de creusement : site, envi-
c) Les soutènements agissant par ronnement, techniques employées sur d'autres tron-
supportage : çons, phasage des travaux, etc...
• cintres lourds,
• cintres légers,
• plaques métalliques assemblées,
• voussoirs en béton,
• tubes préforés (voûte parapluie),
• boucliers. 2.3 - Pré-soutènement et
d) Les soutènements agissant par consolida-
renforcement du front
tion du terrain et modification de ses caracté- de taille
ristiques géotechniques ou hydrologiques :
• injection de consolidation, Les déformations engendrées par le creusement d'un
• air comprimé, tunnel prennent naissance en avant du front de taille.
• congélation La nécessité de limiter l'ampleur des mouvements du
terrain ou la maîtrise de la stabilité de l'excavation
Quelques indications concernant les principaux pro- peuvent, de ce fait, nécessiter une intervention de
cédés de soutènement et les recommandations qui renforcement du terrain au front de taille ou en avant
leur sont applicables sont données dans les annexes du front de taille.
de la section 4 "Procédés de creusement et de sou-
tènement".
2.3.1 - Principaux facteurs
2.2.3 - Limite d'emploi des influant sur la déforma-
classifications tion et la stabilité du
front de taille
Comme les classifications de BIENIAWSKI et de BAR-
TON, la classification de l'A.F.T.E.S. trouve ses limites
• caractéristiques du terrain : déformabilité, résistan-
dans les cas où les critères de déformabilité jouent un
ce, hétérogénéité, singularités (fractures, .....),
grand rôle. Elle n'intègre d'ailleurs pas les dévelop-
pements récents des procédés de pré-soutènement • taille et forme de la section excavée : à ce sujet, on
et de renforcement du front de taille (pré-voûte, doit signaler que le recours au creusement en demi-
voûte parapluie, boulonnage du front, jet grouting...). section pour limiter la hauteur du front de taille n'est
pas forcément bénéfique pour ce qui est de la limita-
Lorsqu'on attend du soutènement essentiellement un tion globale des déplacements, la reprise du terrasse-
rôle de confinement, il est indispensable d'appréhen- ment dans un terrain ayant commencé à se déformer
der l'état de contrainte et de déformation du terrain pouvant s'avérer délicate ; on peut avoir intérêt à pré-
autour de la cavité et le recours au calcul - même s'il férer un creusement en pleine section avec renforce-
est simplifié : utilisation d'une courbe de convergen- ment du front,
ce par exemple - est nécessaire pour vérifier que le
soutènement envisagé convient. • profondeur du tunnel, état de contrainte,
Il y a lieu d'insister sur la nécessité pour le pro- • présence d'eau : effet du gradient hydraulique,
jeteur de se donner les moyens par des recon- aggravation d'instabilités dues à des singularités,
naissances géologiques et géotechniques suffi- dégradation du terrain, gêne au bon déroulement
samment approfondies de disposer des valeurs des travaux,
des paramètres géomécaniques intervenant • méthode d'excavation, longueur sans soutènement,
dans la méthode de calcul qu'il a choisie. confinement ou renforcement du front.
• 17 •
2.3.2 - Procédés de En cas de mise en oeuvre d'un soutènement rigide
très proche du front et, à plus forte raison, d'un pré-
pré-soutènement et soutènement, on doit tenir compte du fait que le sou-
de renforcement tènement interfère sur la distribution des efforts due
à la proximité du front de taille. Il est fondamental de
Les procédés auxquels on peut avoir recours com- bien apprécier le mode de travail du pré-soutène-
prennent : ment, qui, selon la technique utilisée pourra entraîner
a) les procédés d'amélioration du terrain ; un report longitudinal ou transversal des charges plus
ou moins important (cf. figure 2.2).
b) les procédés de confinement du terrain ;
On doit donc être particulièrement attentif à la justifi-
c) les procédés de pré-soutènement et de cation de la modélisation adoptée et des paramètres
renforcement du front de taille. pris en compte dans les calculs.
σv
σv
▲ Fig. 2.2
Le creusement d'un tunnel entraîne, déjà en amont du front de taille, une modification de l'état de
contrainte et de déformation du massif. La compréhension du comportement mécanique de celui-
ci est nécessaire.
A partir de cette analyse et de celle des contraintes liées aux caractéristiques fonctionnelles du pro-
jet et à son environnement, le projeteur est à même de définir le principe des interventions à effec-
tuer pour maîtriser les effets du creusement. En premier lieu, il convient d'examiner s'il est néces-
saire de procéder à une intervention de préservation du terrain avant excavation, c'est-à-dire :
• la nécessité ou non d'une amélioration des caractéristiques du terrain;
• la nécessité ou non d'un soutènement actif au front de taille ou en amont de celui-ci,
• la nécessité ou non d'un confinement du front.
Une attention particulière doit également être apportée aux problèmes liés à la présence d'eau.
Le choix des procédés de creusement et de soutènement peut ensuite être guidé par le recours à
des classifications géomécaniques telles que celle de l'A.F.T.E.S., à condition de bien rester
conscient des limites d'emploi de ces classifications.
Il convient de porter une grande attention au choix des phases d'exécution des travaux. En terrain
difficile, le choix du creusement en pleine section ou demi-section se pose dès le début de la
conception du projet.
Il faut avoir présent à l'esprit que les caractéristiques géométriques des tunnels - dans la mesure
où elles sont définies en priorité par d'autres critères que le procédé de construction - peuvent
imposer des contraintes très lourdes pour le choix de celui-ci.
Le projeteur doit en tout état de cause avoir une bonne connaissance des conséquences de ses
choix sur les méthodes de construction et les dispositions à prendre dans le projet.
• 19 •
Chapitre 3
Dimensionnement du soutènement
et évaluation des mouvements
du terrain
• 21 •
c) la représentation des interactions • Les méthodes analytiques, qui moyennant un cer-
terrain-soutènement : tain nombre de simplifications dans la forme du sou-
tènement, les modèles de comportement et les types
L'étude et le dimensionnement du soutènement ne de chargement donnent directement des résultats en
peuvent être dissociés d'une approche mécanique du termes de déplacements et d'efforts sont beaucoup
terrain encaissant, d'abord parce que celui-ci inter- moins utilisées maintenant compte tenu du dévelop-
vient directement par poussée ou par butée, mais pement des méthodes de résolution numérique.
aussi par le fait que les caractéristiques du terrain et
leur évolution dépendent beaucoup de la marge de • Les méthodes de modélisation par blocs peuvent
convergence qu'autorise le soutènement. donner des résultats intéressants dans le cas des mas-
sifs rocheux fracturés.
d) la représentation du déroulement réel En examinant ces différentes méthodes sur la base
du chantier : des quatre principaux critères énoncés ci-dessus, il
Le creusement du tunnel se traduit par une diminu- apparaît principalement que :
tion progressive des efforts jusqu'alors exercés dans 1 - les méthodes aux réactions hyperstatiques privilé-
la direction perpendiculaire à la surface d'excavation. gient très nettement les structures au détriment du
Ce processus entraîne une redistribution continue des rôle fondamental joué par le terrain encaissant.
contraintes dans le terrain encaissant et dans les élé-
Ces approches peuvent être utilisées pour une vérifi-
ments de structure déjà mis en place.
cation à la rupture du soutènement, mais ne donnent
L'effet du temps dans cette redistribution, le phasage pas une représentation précise de la réalité. De plus
des travaux, l'excavation par sections successives, leur emploi doit être réservé à l'analyse des soutène-
l'évolution des déplacements au cours du laps de ments épais ou de forte rigidité relative par rapport
temps séparant chaque phase sont des facteurs au terrain encaissant (et surtout à l'analyse des revê-
importants ; à ce sujet, il est sans doute préférable tements définitifs cf. 4.2.3.).
d'utiliser des méthodes simplifiées prenant en comp-
2 - la méthode convergence-confinement peut fournir
te ce phasage, plutôt que des méthodes très com-
des résultats de prédimensionnement intéressants, en
plexes mais également trop lourdes pour permettre
tenant compte d'un comportement élastoplastique
un calcul par phase.
du terrain. La principale difficulté réside dans l'esti-
mation de l'allure de l'évolution du déconfinement,
e) Les différentes méthodes : qui se relève être un paramètre à la fois très impor-
Très schématiquement on peut distinguer les tant, mais difficile à estimer.
méthodes de calcul suivantes : 3 - les méthodes de solide-composite faisant appel à
• Les méthodes aux réactions hyperstatiques (1) une modélisation par éléments finis (ou différences
dans lesquelles est étudié l'équilibre de la structure finies) semblent les mieux à même de répondre aux
de soutènement sous l'effet de forces extérieures quatre critères de classement. Cet aspect est détaillé
fixes pour certaines charges "actives" résultant d'ac- en 3.2.
tions extérieures indépendantes de la déformation de En conclusion, il est important de noter que lorsque l'ou-
la structure), et variables pour d'autres en fonction du vrage apparaît d'une complexité faible à moyenne, les
déplacement de la structure (charges "passives" méthodes d'analyse simples suffisent bien souvent pour
constituées par les réactions du terrain). De telles appréhender le problème. Pour les ouvrages plus com-
méthodes fournissent les sollicitations dans la structu- plexes, les méthodes simples fournissent des ordres de
re quelle que soit sa forme, mais ne prennent en grandeurs, qui permettront au concepteur d'encadrer
compte que de façon extrêmement simplifiée le rôle les calculs plus détaillés qui seront faits ultérieurement ;
du terrain encaissant. en même temps, il n'est pas toujours possible de dispo-
• Les méthodes du solide composite (1) dans les- ser des données géomécaniques nécessaires pour
quelles à la fois le terrain et les structures sont modé- entreprendre les approches les plus complexes.
lisées. Les principales approches de ce type reposent
En outre, la vérification du dimensionnement du
sur l'utilisation de calculs aux éléments finis ou aux
soutènement par un calcul ne constitue qu’un
différences définies (cf. sous-chapitre suivant). élément d’appréciation parmis d’autres de l’ap-
• La méthode convergence-confinement (cf. annexe titude du soutènement à remplir son rôle.
3.1) n'est pas véritablement une méthode de calcul, Il faut tenir compte des éléments donnés en 1.4
mais plutôt une approche du déconfinement progres- et, d’une manière générale, de la capacité, plus
sif du terrain capable de fournir des données pour les ou moins grande, du soutènement à s’adapter à
méthodes ci-dessus, ainsi que des résultats dans un des évolutions ou à des singularités qui ne sont
certain nombre de cas simplifiés. pas prises en compte dans le calcul.
(1) On peut se référer notamment aux recommandations de l’A.F.T.E.S. portant sur les “méthodes usuelles de calcul du revêtement des sou-
terrains”, republiées dans le supplément au n°117 (mai-juin 1993) de la revue Tunnels et Ouvrages Souterrains (cf. annexe n° 3.1.)
• 22 •
3.2 - Méthodes de calcul 2 - le calcul par éléments finis permet de représenter
la géométrie exacte des soutènements, d'utiliser leurs
par éléments finis caractéristiques mécaniques précises tout en les fai-
sant éventuellement varier au cours du temps.
Il est possible de considérer aussi bien les éléments
surfaciques que les éléments linéaires et ponctuels
La méthode des éléments finis (ou différences finies) tels les cintres ou les boulons. Le programme déter-
est employée de façon quasi-systématique lorsque le mine alors les sollicitations dans chacun de ces élé-
projet est complexe et impose une bonne connais- ments de structure.
sance des déplacements du terrain et des efforts dans
les structures ; elle permet de valider les choix effec- La procédure complète nécessite une bonne connais-
tués ou de comparer entre elles des méthodes de sance des caractéristiques mécaniques des soutène-
creusement différentes. ments ; pour certains types de soutènement, ces
paramètres sont bien maîtrisés, tandis que pour
d'autres, ils sont difficiles à appréhender, comme par
exemple l'évolution de la déformabilité du béton pro-
3.2.1 - Apport de la méthode jeté au cours de sa prise.
des éléments finis
La manière de modéliser l'effet du boulonnage par la
Le calcul par éléments finis peut être réalisé en 2 ou 3 prise en compte, autour du tunnel, d'une zone homo-
dimensions. Dans le cas d'un calcul 2D, il est usuel gène mais de caractéristiques plus élevées, reste à
d'utiliser le taux de déconfinement, issu de la métho- améliorer.
de convergence-confinement pour tenter de simuler Il est également fréquent, lorsque les cintres sont
l'effet tridimensionnel. associés à une coque de béton projeté, de considérer
Très schématiquement, les observations suivantes directement un matériau homogène dont les capaci-
peuvent être faites : tés de résistance en compression ou en flexion sont
équivalentes à la somme des capacités de chacun des
1 - le terrain peut être finement modélisé. Les pro- composants ;
grammes disponibles offrent un choix très large de
3 - les interactions entre terrain et structures peuvent
lois de comportement, avec en particulier, l'élasticité
être assez bien modélisées. En représentant l'ouvrage
linéaire ou non, l'élastoplasticité avec ou sans écrouis-
par un solide composite, à la fois le terrain et les sou-
sage, les modèles radoucissants, la viscoélasticité
tènements sont pris en compte avec leur géométrie
etc...
réelle et leurs caractéristiques propres.
Les calculs sont effectués en contraintes totales ou en
A l'interface entre les matériaux, certains pro-
contraintes effectives et de plus en plus les possibili-
grammes sont capables de considérer aussi bien l'ad-
tés de couplage hydromécanique sont accessibles.
hérence parfaite, le glissement parfait, le frottement
Pour les matériaux évolutifs, le problème du calcul de Coulomb, le décollement, ... Cependant, de telles
des effets différés ne peut être traité de manière vrai- procédures s'avèrent souvent très gourmandes en
ment satisfaisante qu'à partir de modèles élaborés nombre d'éléments et très coûteuses en temps de
difficilement utilisables pour des applications cou- calcul ;
rantes dans l'état actuel des développements.
4 - il est possible, surtout en tridimensionnel, de
Il a été mis au point également des programmes représenter de façon satisfaisante le déroulement du
adaptés aux milieux discontinus. Ces programmes chantier, et les phases successives de creusement et
sont orientés principalement vers la modélisation des de soutènement. En bidimensionnel, et c'est le cas le
discontinuités et font l'hypothèse que le milieu est plus fréquent, l'effet du front de taille est modélisé
constitué d'un assemblage de blocs déformables ou par l'utilisation du taux de déconfinement tiré de la
non. méthode convergence-confinement.
Il est bien évident que plus une loi est complexe, plus Le calcul 3D est la solution la plus adaptée pour tenir
elle nécessite un nombre important de paramètres à compte du caractère véritablement tridimensionnel
évaluer et à introduire ; ceci constitue une des princi- des tunnels. Dans le cas d'ouvrage très difficile, il
pales difficultés compte tenu de l'hétérogénéité des convient de soutenir au plus près du front de taille,
terrains, et de la dispersion fréquente mais inévitable tout en consolidant celui-ci par des techniques appro-
des résultats d'essais de laboratoire. Il est également priées, et seule une approche tridimensionnelle peut
souvent ardu de remonter des essais aux paramètres véritablement retraduire les phénomènes observés
de la loi. dans cette zone-là.
Dans bien des cas, une approche simplifiée du com- Cependant, lorsque les phases de construction sont
portement du terrain (élastoplastique parfait) est suf- nombreuses et que les éléments de soutènement
fisante pour mener à bien le dimensionnement d'un sont multiples, le calcul 3D est susceptible de prendre
ouvrage ; une taille considérable et le risque principal serait de
• 23 •
simplifier, à outrance, d'autres aspects qui pourraient initiales, un calcul par éléments finis peut être intéres-
s'avérer tout aussi importants. sant. Pour le mener à bien, et obtenir des indications
sur les convergences et les moyens de soutènement à
La détermination des taux de déconfinement à utiliser
prévoir, on peut utiliser un module global équivalent
dans les calculs 2D n'est pas toujours aisée, particu-
calé sur des mesures ou des hypothèses de déforma-
lièrement lorsqu'on veut modéliser des actions de
bilité en grand du massif.
pré-confinement (exercées en avant du front de
taille). Le calage sur des calculs 3D - ou tout au moins
axisymétriques - peut s'avérer nécessaire. b) En milieu continu ou très faiblement dis-
continu (RQD > 75 %) :
En conclusion, la méthode des éléments finis est
un outil performant et bien adapté pour prendre Le milieu continu ou très faiblement discontinu peut
être assez précisément modélisé par éléments finis.
en compte tout le processus de creusement et
Remarquons cependant :
de soutènement ; les difficultés de mise en
oeuvre tiennent essentiellement à l'évaluation • Si la matrice est résistante en regard des contraintes
des hypothèses et en particulier des caractéris- initiales (classe CN1 au sens de l'AFTES), une
tiques du terrain et du soutènement. Dans bien approche simplifiée est suffisante.
des cas, il est souhaitable de recourir à des Dans le cas de profondeurs plus importantes, la roche
approches paramétriques pour juger plus préci- est susceptible de se conduire comme une roche
sément de l'influence d'une variation des don- incompétente, plus déformable et une étude
nées introduites. détaillée s'impose.
• Si la matrice est de résistance moyenne à faible, un
3.2.2 - Domaine d'utilisation du certain nombre de vérifications sont indispensables et
un calcul complet peut s'avérer nécessaire. Il offre
calcul aux éléments finis également la possibilité de comparer entre elles dif-
férentes méthodes de réalisation de l'ouvrage.
Si la mise en œuvre de calculs aux éléments finis est
susceptible de fournir un grand nombre d'informa- Dans un tel cas, il est important de connaître le mieux
tions fort utiles tant au stade de la conception que possible les caractéristiques mécaniques du terrain et
durant celui de la réalisation de l'ouvrage, il convient de procéder par recalage permanent avec des obser-
cependant d'être prudent, et de n'engager la procé- vations de mesures faites in situ.
dure que si elle est adaptée au cas étudié. Afin d'en
Si la roche présente un caractère évolutif, une
juger, les deux caractéristiques à examiner sont prin-
approche du comportement différé est possible en
cipalement la continuité du milieu et la résistance de
viscoélasticité ou en viscoplasticité par exemple. Il
la matrice.
faut cependant prendre garde aux effets d'échelle et
aux différences d'évolution entre les échantillons du
a) En milieu moyennement à fortement dis- laboratoire et le massif en place.
continu (RQD < 75 %) :
Les milieux moyennement à fortement discontinus se c) Dans les sols (classes R5b ou R6 au sens
prêtent mal, a priori, à un calcul par éléments finis. de l'AFTES)
Deux observations peuvent être faites.
Dans les sols, le calcul par éléments finis fournit des
• Un ouvrage réalisé dans un milieu rocheux dont la résultats très intéressants. En l'absence de données
matrice est résistante (classe R1 ou R2 de l'AFTES), suffisantes sur le comportement du terrain, ou s'il
mais moyennement à fortement fracturé pose avant s'avère, comme c'est souvent le cas, impossible de les
tout un problème de stabilité des blocs autour de déterminer avec précision, il est souhaitable de
l'excavation ; la taille des blocs dépendant du mailla- recourir à des études paramétriques pour évaluer l'in-
ge de la fracturation. Des outils numériques spéci- fluence d'une variation des hypothèses de base.
fiques sont en développement pour traiter de ces
Ajoutons également que les programmes disponibles
questions et pourront éventuellement être mis en
offrent une gamme de choix de plus en plus large de
oeuvre sous réserve que les reconnaissances permet-
modèles mathématiques de comportement issus des
tent effectivement de bien connaître le réseau des
recherches menées sur la rhéologie des matériaux.
discontinuités (nombres de familles, orientation,
Ces outils encore du domaine de la recherche, ne doi-
espacement... ).
vent cependant pas, par une précision illusoire, mas-
Dans un tel cas, une approche par éléments finis ne quer l'incertitude sur les valeurs des paramètres de
prenant pas en compte le caractère discontinu du base.
milieu est totalement inadaptée pour évaluer l'effet
Au-delà de la décomposition schématique faite ci-
du creusement.
dessus, il peut être nécessaire, dans certains cas,
• A grande profondeur, ou encore si la matrice a une d'utiliser le calcul par éléments finis pour connaître
résistance moyenne à faible en regard des contraintes précisément les déplacements autour de l'excavation,
• 24 •
les tassements provoqués en surface par la progres- l'autre. Les différentes approches mettent notam-
sion du creusement souterrain (cf. 3.4), l'évolution des ment en évidence la forte incidence de la prise en
contraintes dans le soutènement... l'essentiel étant de compte de la géométrie tridimensionnelle de l'ouvra-
toujours prendre la mesure des hypothèses faites et ge et l'influence prépondérante de la cohésion du
d'interpréter les résultats en ayant à l'esprit les sim- terrain, qu'il faut préserver.
plifications inhérentes à la modélisation.
En cas de pressurisation du front (emploi d'un bou-
clier notamment), l'étude de stabilité du front de taille
doit donner la valeur de la pression de confinement à
appliquer au front et évaluer les risques d'instabilité
qui pourraient résulter d'une chute brutale de cette
pression.
3.3 - Stabilité du front
a) Tunnels en terrains cohérents
de taille
Dans ce cas, l'expérience montre que les ruptures au
front de taille peuvent mobiliser des volumes de ter-
rain importants (figure 3.1).
Les éléments donnés ci-après s'appliquent aux tun-
nels creusés à faible profondeur dans les sols ou dans
des roches déformables à faible résistance. Les insta-
bilités pouvant survenir dans les roches compétentes
à grande profondeur sont exclues de cette analyse
(cf. annexe 3.2).
• 25 •
Pour N>2, des déformations plastiques au front peu- La présence d'eau peut bien sûr aggraver considéra-
vent commencer à engendrer des déplacements blement les instabilités. S'il y a lieu, on doit introduire
notables, se répercutant en surface. l'effet d'un gradient hydraulique dans les calculs de
stabilité, en tenant compte de l'amélioration que
Les résultats ci-dessus peuvent, avec précaution, être
peut apporter un drainage éventuel.
étendus aux roches de faible résistance déformables
σc On ne dispose pas d'approche très simplifiée, du
en remplaçant Cu par ____ , σc étant la résistance à type de celle décrite ci-dessus pour les terrains
2 cohérents.
la compression simple représentative du massif Certains terrains granulaires peuvent présenter à
rocheux. court terme des conditions de stabilité satisfaisantes
si le déroulement des travaux est bien maîtrisé : avan-
cement régulier, protection rapide du front, mise en
b) Tunnels en terrains frottants
place du soutènement près du front. Il faut toutefois
Les essais en centrifugeuse ont montré que la zone prendre garde aux aléas dans le déroulement des tra-
mise en rupture est plus restreinte que pour les ter- vaux et aux hétérogénéités possibles du terrain.
rains cohérents (figure 3.2).
▲ Fig. 3.2
3.3.2 - Soutènement du front Dans tous les cas il convient de vérifier que le schéma
de boulonnage utilisé est bien adapté au terrain :
de taille résistance unitaire des boulons, espacement, scelle-
La protection du front de taille par béton projeté est un ment au terrain ....
élément de sécurité important, mais ne peut pas être On peut se reférer pour certains aspects aux recom-
prise en compte dans un calcul de dimensionnement. mandations CLOUTERRE 1991 (Presses de l'ENPC).
Les méthodes de calcul de la stabilité du front de (en gardant en mémoire que ces recommandations
taille citées précédemment permettent de prendre s'appliquent au clouage des talus et non au boulon-
en compte le renforcement par boulonnage. nage des fronts de taille).
L'effet de ce renforcement peut également être intro- En cas de mise en place d'un pré-soutènement, les
duit dans les calculs (calculs aux éléments finis par méthodes de calcul doivent être adaptées pour tenir
exemple) sous forme d'une amélioration des caracté- compte des particularités géométriques de l'ouvrage
ristiques de la zone de terrain renforcée devant le (existence d'une structure porteuse en avant du front
front (homogénéisation). de taille).
• 26 •
3.3.3 - Déformation du front • calcul de la profondeur de cette cuvette pour
retrouver en surface un volume égal à celui des pertes
de taille prises en compte.
Dans certains cas, l'objectif de la maîtrise de la stabi- Ces méthodes, à caractère empirique ou semi-empi-
lité du front de taille est doublé d'un objectif plus rique, sont très utiles lors des phases d'études préli-
contraignant de limitation de la déformation du ter- minaires et donnent des ordres de grandeur que l'on
rain se produisant en avant du front, de façon à main- peut ensuite confronter à des résultats de calculs plus
tenir à un niveau admissible les déplacements autour complets des déplacements autour du tunnel, utili-
de l'excavation - et notamment les tassements en sur- sant notamment la méthode des éléments finis.
face.
Il faut toutefois être attentif au fait que la méthode
En tout état de cause, il est souhaitable d'éviter les des éléments finis, utilisée avec des lois classiques de
déformations excessives du terrain qui pourraient comportement élasto-plastique des terrains, conduit
conduire à des désordres générateurs d'instabilité : souvent à des cuvettes de tassement éloignées de la
annulation d'une cohésion fragile, désolidarisation de réalité : cuvettes trop larges et trop peu profondes.
blocs, ouverture de fissures, venues d'eau.
On peut se référer notamment aux recommandations
En cas de mise en oeuvre d'un confinement ou d'un de l'AFTES portant sur les "tassements liés au creu-
renforcement du front de taille, on cherche donc en sement des ouvrages en souterrain” (Revue Tunnels
général à obtenir une amélioration des conditions de et Ouvrages souterrains n° 132 Nov./Dec. 1995.
stabilité telle qu'elle se traduise également par une cf.annexe 3.1)
limitation substantielle des déformations.
Les méthodes évoquées ci-dessus s'appliquent à la
Ce résultat est souvent simplement traduit de maniè- détermination des tassements dits "immédiats"
re empirique par une augmentation du coefficient de générés simultanément à l'avancement du front (mais
sécurité par rapport à la rupture. qui peuvent se répercuter en surface avec un certain
étalement dans le temps). Dans certains cas des tas-
sements différés peuvent apparaître bien après la fin
des travaux, notamment dans les sols fins où des phé-
nomènes de consolidation peuvent être engendrés
par le creusement de l'ouvrage.
3.4 - Estimation des L'impact des tassements sur les constructions ou
ouvrages de surface est examiné en section 9.
tassements
(1) Cette hypothèse n’est en toute rigueur licite que pour les tassements immédiats en terrains argileux ( déformation à volume
constant) ; dans les autres cas, il peut y avoir diminution (dilatance) ou amplification (contractance) du volume de tassement entre le
tunnel et la surface.
• 27 •
Cuvette de tassement
Lc
point d'inflexion
Smax
Lc = demi-largeur de cuvette
i = distance du point d'inflexion au centre de la cuvette
Smax = tassement maximal
Vc = volume de la cuvette (pour une tranche de 1 mètre)
(
S(x) = Smax exp
x2
- ____
(
2i2
De nombreux auteurs ont donné des formules empiriques permettant de déterminer i à partir de
la profondeur du tunnel et des caractéristiques du terrain (cf. bibliographie annexée à la recom-
mandation AFTES en annexe 3.1).
• 28 •
Chapitre 4
Conception et dimensionnement
du revêtement
Le revêtement définitif d'un tunnel routier peut avoir, 4.1.1 - Constat des règles
selon les cas, à remplir des fonctions de nature diffé-
rente. Les fonctions autres que celle de participation de l'art
à la stabilité de l'excavation sont détaillées en section
5 "Etanchement et revêtement", tandis que la fonc- Les revêtements de tunnel sont réalisés, dans
tion mécanique, dépendant du contexte géologique, la grande majorité des cas, en béton coffré non armé.
géotechnique et hydrogéologique du tunnel ainsi que Les tunnels anciens comportent un revêtement en
de la méthode de creusement choisie, a été abordée maçonnerie ou briques appareillées. Ces différentes
au chapitre 1 de la présente section. structures ont montré qu'elles se comportaient de
façon satisfaisante, et assuraient une bonne stabilité
de l'ouvrage au cours du temps par le fait qu'elles tra-
vaillent en voûte et de manière interactive avec le ter-
rain. Ce mode de fonctionnement s'articule autour de
plusieurs facteurs :
4.1 - Règles de conception 1 - Un contact terrain / revêtement quasi continu :
• 30 •
L'interaction entre le terrain et le revêtement se tra- ◆ Les charges de surface
duit différemment le long du périmètre d'une section. (fondations, charges routières...)
En effet, dans certaines zones, le terrain exerce des Ces charges sont susceptibles de se diffuser en pro-
poussées radiales voire tangentielles sur le revête- fondeur, jusqu'au tunnel éventuellement.
ment ; dans d'autres zones, c'est l'inverse, en fonction
de la déformation relative terrain/revêtement et de ◆ Les effets thermiques
l'état de plasticité du terrain. Les effets thermiques sont variables au cours du
Le modèle de comportement du terrain doit tenir temps et peuvent provoquer des contraintes notables
compte, le cas échéant, de l'hétérogénéité, de l'anis- dans les structures bloquées au massif encaissant.
tropie et du comportement différé qui peut traduire
différents phénomènes : ◆ Les effets liés au retrait ou au fluage
Le retrait est principalement de nature thermique à
• fluage, court terme, puis lié au séchage du béton à plus long
• radoucissement, terme. Le fluage du revêtement peut se produire en
cas de fortes poussées du terrain.
• endommagement,
• gonflement. ◆ Les charges accidentelles
Citons à titre d'exemple, le modèle simplifié appli- Les charges accidentelles peuvent être principale-
cable à une couche de terrain supposée homogène, ment provoquées par :
isotrope, viscoélastique ; ce modèle peut dans cer- • Le choc d'un véhicule en piédroit.
tains cas, représenter avec un degré d'exactitude suf-
fisant son comportement différé. • Une forte montée en température en cas d'incendie.
Les hypothèses à considérer sont explicitées en sec-
La loi de déformation du terrain considérée est une tion 6 "Génie Civil lié aux Equipements et à
fonction de la forme suivante : l'Exploitation" du Dossier Pilote Génie Civil.
• Un séisme.
σ Il est cependant admis que les ouvrages souterrains
ε(t) = __ (1 + x(t)) d'où : Ε(t) = Ei / (1 + x(t))
Ei sont assez peu sensibles à ce type d'effets, hors zone
de traversée de faille.
où Ei est le module d'élasticité instantané du terrain
◆ Les charges temporaires, liées à la construction :
mesuré en laboratoire et in situ au cours d'essais
Ce sont les efforts de poussée des boucliers et tun-
cycliques de chargement/déchargement et x(t) est
neliers sur les voussoirs et la charge induite par leur
un paramètre représentant l'importance de la défor-
manutention.
mation du terrain en fonction du temps dans des
conditions de sollicitations constantes. Le plus sou- Pour progresser, les tunneliers prennent appui longi-
vent on se contentera de connaître x (∞). tudinalement sur les anneaux installés. Les efforts à
retenir sont :
Pour le revêtement mis en place derrière les bou-
cliers, la déformation du terrain entre le front de taille • les efforts à pleine poussée,
et la pose du revêtement est calculée en tenant • les efforts à la mise en place des voussoirs, qui sont
compte des caractéristiques de la machine, de la dissymétriques.
vitesse d'avancement et de la pressurisation du front.
Le taux de déconfinement sera déterminé à partir de Le dimensionnement et la vérification des sections de
ces paramètres, et apprécié en fonction des résultats béton sont à réaliser vis à vis de :
d'études paramétriques. • la résistance au poinçonnement des appuis de
L'effet des tunnels adjacents est à prendre en comp- vérins et à l'éclatement du béton,
te dans le calcul des revêtements. • la résistance au cisaillement dans le cas d'appuis
dissymétriques.
◆ Les charges dues à l'eau
En fonction de la perméabilité relative du terrain et L'importance relative de chacun de ces types de
du revêtement, avec son système éventuel de draina- chargement dépend énormément de la nature du
ge, deux sortes d'actions exercées par l'eau peuvent terrain encaissant ; dans le cas où le terrain pré-
être envisagées : sente des caractéristiques géotechniques médio-
cres, les charges dues au terrain pourront être lar-
• avec un revêtement moins perméable que le terrain, gement prépondérantes tandis que, pour les
ou dans le cas où un complexe d'étanchéité a été mis ouvrages creusés dans un massif rocheux sain, le
en place, la hauteur d'eau au-dessus du tunnel agira sur poids propre du revêtement et les effets ther-
le revêtement sous forme d'une pression hydrostatique. miques et de retrait constituent l'essentiel des
• avec un revêtement plus perméable que le sol, les efforts à considérer pour expliquer le comporte-
pressions de l'eau seront transmises au revêtement ment de l'ouvrage, et en particulier le dévelop-
sous la forme de poussées du terrain. pement et l'évolution de la fissuration.
• 31 •
4.2.2. - Principales par le calcul, et on adoptera en première approxima-
tion une épaisseur du revêtement variant entre 30 et
combinaisons de 40 cm.
charges • Les études de dimensionnement seront par contre
La stabilité de l'ouvrage doit être vérifiée, non seule- indispensables pour analyser et justifier les revête-
ment en phase définitive, mais également en phase ments de forme inhabituelle (grande taille, voûte sur-
d'exécution ou dans les cas d'événements acciden- baissée...), ainsi que les ouvrages soumis à des pous-
tels. sées de la part du terrain.
Les combinaisons de charges sont de trois types : Les méthodes de calcul des sollicitations dans le revê-
tement peuvent être classées en deux types :
a) phase de construction,
a) Les méthodes aux réactions hyperstatiques qui
b) phase d'exploitation, mettent l'accent sur le revêtement lui même en limi-
c) combinaison accidentelle. tant considérablement le rôle du terrain encaissant.
Sur le revêtement, usuellement modélisé par une
a) Pour les tunnels revêtus en béton non armé, la poutre d'inertie variable, sont appliquées des charges
phase de construction concerne principalement actives déduites de méthodes empiriques ou d'analy-
l'étude du décoffrage (temps de durcissement et se à la rupture, la déformation du revêtement sous
résistance minimale) sous l'effet du poids propre et ces charges mobilisant ensuite localement la butée du
dans certains cas particuliers, de charges appliquées terrain introduite sous la forme de ressorts de réac-
immédiatement sur le revêtement et qui sont dues à tion.
l'eau voire au terrain, ou encore à des charges super- Dans ce type d'approche, le revêtement est toujours
ficielles. considéré comme élastique.
Pour les tunnels creusés au bouclier revêtus de vous- Pour avoir des informations complémentaires à ce
soirs, les charges variables de construction dues à la sujet, on peut se référer à la recommandation de
progression du tunnelier s'ajoutent aux charges d'eau l'AFTES portant sur les méthodes usuelles de calcul
et de terrain (à court terme). du revêtement des souterrains (cf. annexe 3.1).
b) Les charges à retenir dans la phase d'exploitation Le calcul fournit directement les sollicitations (effort
concernent principalement : normal, effort tranchant et moment fléchissant) dans
chacune des sections du revêtement.
• Les charges gravitaires permanentes (revêtement,
eau et terrain) prises en compte à long terme ainsi Cette procédure de calcul permet de tenir compte
que les charges du génie civil de second œuvre et les non seulement des charges dues au terrain, mais éga-
charges de surface. lement de l'ensemble des autres types de charge-
ment prévus au 4.2.1, sous réserve bien entendu que
• Les charges d'exploitation éventuelles.
l'algorithme de résolution ait été conçu en ce sens.
• Les effets thermiques et de retrait par séchage.
b) Les méthodes dites du solide composite, s'ap-
c) Les combinaisons accidentelles sont la somme des puyant sur l'analyse par éléments finis et qui permet-
charges permanentes à long terme et des différentes tent de modéliser à la fois le terrain et le revêtement,
charges accidentelles énumérées en 4.2.1. ainsi que les interactions entre eux.
Dans cette approche les lois de comportement des
matériaux peuvent être plus complexes, et l'ouvrage
est construit progressivement phase après phase.
4.2.3. - Méthodes de Le revêtement constitue généralement la phase ulti-
détermination des me du processus de calcul et le chargement est pro-
voqué par un radoucissement, d'une part des carac-
sollicitations dans le téristiques du matériau encaissant, et d'autre part des
revêtement capacités du soutènement provisoire mis en place lors
du creusement.
Le procédé habituel de conception du revêtement
consiste à proposer tout d'abord une première Il paraît tout à fait acceptable de ne tenir compte de
esquisse satisfaisant aux règles de l'art rappelées en la participation à long terme du soutènement provi-
4.1.1. soire abandonné que dans la mesure où sa pérennité
est assurée (ancrages scellés sur toute leur longueur,
• Dans bien des cas, lorsque le terrain encaissant est
béton projeté, cintres, voussoirs...).
de qualité, que le comportement dans le temps du
massif ne laisse aucune crainte, et que la taille du tun- Le choix d'une méthode de calcul appropriée est
nel ne dépasse pas les dimensions habituelles, le important ; il faut savoir que les deux types de métho-
revêtement ne nécessite aucune justification détaillée de peuvent conduire dans un même cas à des résul-
• 32 •
tats nettement différents. Ce n'est pas surprenant en 4.3.1 - Pondération des charges
ce sens que les méthodes du type 1 proposent un cas
de charge à partir d'une hypothèse de rupture, esti- Dans la mesure où le calcul du revêtement va tenter
mé quasi indépendamment des phases de creuse- d'approcher le processus réel d'interaction revête-
ment, tandis que les méthodes de types 2 étudient ment/terrain, la pondération des charges pour le cal-
l'évolution du comportement de l'ensemble cul aux états limites ultimes n'a que peu de sens.
terrain/structure au cours des phases de construction.
La procédure usuelle consiste à appliquer des charges
Les méthodes aux réactions hyperstatiques vont trou- explicites ou implicites sans pondération.
ver leur champ d'application privilégié dans les cas
suivants : Lorsque le calcul est conduit phase après phase par la
méthode des éléments finis, la configuration réelle
• en rocher sain ou peu à moyennement fracturé, où est simulée, et les déplacements véritables sont
seuls quelques blocs isolés, découpés par le réseau recherchés ; dans ce contexte la pondération des
de discontinuités, sont susceptibles de venir, à long charges est un artifice difficile à introduire et il paraît
terme, peser sur le revêtement ; le chargement préférable de ne pas chercher à la faire, mais plutôt
constitué par ces blocs instables devra être détermi- d'appliquer des coefficients de sécurité supplémen-
né après analyse de la fracturation. taires aux sollicitations admissibles.
• à faible couverture ; en effet, c'est dans les ouvrages
de faible couverture que les hypothèses faites sur le
chargement correspondent le mieux à la réalité. 4.3.2 - Démarche de vérification
• les ouvrages pour lesquels le revêtement joue un D'une manière générale, la démarche de vérification
rôle déterminant de par sa forte rigidité ; plus le ter- s'articule autour de plusieurs étapes :
rain encaissant sera amené à intervenir dans la stabili-
• le calcul des sollicitations exercées : moment M,
té de l'ensemble, plus les méthodes aux réactions
effort normal N et effort tranchant V dans chaque sec-
hyperstatiques deviendront inadaptées.
tion de béton. Le calcul est conduit selon une des
Dans les autres cas, les méthodes du solide composi- méthodes de calcul présentées en 4.2.3.
te offrent davantage de possibilités en faisant tra-
vailler de manière beaucoup plus équilibrée le revê- M
tement et le terrain. L'excentricité ____ est également déterminée
N
Notons cependant, que les méthodes reposant sur la
mécanique des milieux continus peuvent se révéler • L'estimation des sollicitations admissibles à partir
inappropriées si le comportement du massif est prin- des caractéristiques du béton et de l'excentricité e.
cipalement régi par le réseau des discontinuités.
Les sollicitations admissibles dans une section de
En conclusion, les valeurs des sollicitations calculées à béton non armé sont calculées en supposant que la
partir des différents types de chargement énoncés en section peut se fissurer en partie, mais reste compri-
4.2.1., sont étroitement liées à la méthode de calcul mée sur au moins la moitié de son épaisseur.
choisie, et il convient donc, en permanence, de mesu-
rer le bien fondé des hypothèses faites, ainsi que Cette méthode, inspirée des voûtes en maçonnerie,
d'apprécier la marge de sécurité dont on dispose. s'appuie sur le constat d'une fissuration thermique ou
de retrait d'espacement aléatoire.
• Lorsque les sollicitations de calcul sont supérieures
aux sollicitations admissibles, ou encore si plus de la
moitié de la section du béton se révèle en extension,
le dimensionnement du revêtement doit être revu et
selon les cas, il est envisageable :
4.3 - Vérification du - d'augmenter l'épaisseur,
revêtement - de revoir la forme du revêtement,
- de ferrailler les zones à problème.
Il est des cas où le revêtement peut une avoir une fonc-
La vérification du revêtement consiste à comparer les tion d'étanchéité à remplir et pour lesquels, par consé-
sollicitations calculées (paragraphe 4.2.3) aux sollicita- quent, la fissuration doit être pleinement maîtrisée.
tions admissibles. Il s'agit d'une vérification à l'état
On se reportera aux recommandations de l'AFTES
limite ultime.
relatives à l’utilisation du béton non armé en tunnel
Les revêtements étant de manière générale réalisés (parution au deuxième semestre 1998) pour un expo-
en béton non armé, le processus de vérification expo- sé plus complet de la méthode de vérification des
sé ci-après s’applique à ce type de revêtements. sections en béton non armé.
• 33 •
Bibliographie
◆ M. PANET
Le calcul des tunnels par la méthode convergence - confinement (Presses de l'ENPC 1995).
◆ R. SINHA.
Underground Structures (2 volumes, Elsevier 1989 - 1991).
◆ J. A. HUDSON
Comprehensive Rock Engineering (5 volumes, Pergamon Press 1993).
◆ Soil and Rock improvement in underground works (Società Italiana Gallerie, Milano mars 1991).
• 34 •
1 - Présentation de recommandations
AFTES
•3•
1.2 - Choix d’un type de soutènement en galerie
◆ (G.T. 7. Tunnels et Ouvrages Souterrains. Supplément n° 117 Mai/Juin 1993)
Ces recommandations énumèrent les principaux critères (relatifs au terrain encaissant, à l'ouvrage et à son mode
d'exécution ainsi qu'à son environnement) qui doivent être pris en compte pour effectuer le choix des soutène-
ments.
Pour chaque critère, un tableau indique, pour chaque type de soutènement, en fonction de la valeur du paramètre
qui caractérise le critère en question, si le soutènement considéré est :
soit possible à condition que d'autres critères soient particulièrement favorables (plutôt favorable),
Discontinuités
(cas où l’excavation est faite à l’explosif
barres foncées
tubes préforés
plaques métal
béton projeté
air comprimé
pousse tube
avec découpage)
congélation
bouclier ou
assemblées
coulissants
à ancrage
à ancrage
ponctuel
injection
1 - Matériaux rocheux (R1 à R4)
réparti
lourds
béton
légers
Nombre Espacement
de Orientation
familles (1)
N1 • X X X XXXXX
N2 Or2 ou Or3 S1 à S3 • X X X XX X XX
S1 • X X X XX X XX
N2
N3
S2 • • X X X XX X XX
ou
Quelconque S3 • • Gr Gr X X XX X X
N4 S4 X • • Gr ou Bp Gr ou Bp X• • Bl ou Bp Bl ou Bp X XX
S5 X• X Bp X• • Bl ou Bp Bl ou Bp X XX
N5 X•X Bp X• • • Bl ou Bp Bl ou Bp X • X X
2 - Sols (R5 et R6)
sans objet
•4•
1.3 - Emploi de la méthode convergence-confinement
◆ (G.T. 7. Tunnels et Ouvrages Souterrains. Supplément au n° 117. Mai/Juin 1993)
Les déplacements des parois de l'excavation qui sont En cas de mise en place d'un soutènement, une pres-
engendrés par le creusement d'un tunnel peuvent sion réelle se développe au contact terrain/soutène-
être décomposés selon trois directions : longitudina- ment jusqu'à atteindre un état d'équilibre (figure
le, radiale et tangentielle. En arrière du front de taille, 3.1.2).
on a l'habitude de caractériser le mouvement par sa pression de
composante radiale qui est la plus significative. La confinement
grandeur que l'on mesure généralement est la
convergence qui est la variation de la distance entre courbe de convergence
deux points situés sur la paroi du tunnel (voir à ce du terrain
sujet le Chapitre 3 "Auscultation pendant les travaux" σ0 A
de la section 4). courbe de confinement
La modélisation d'un tunnel doit prendre en compte du soutènement
deux éléments essentiels : (1- λ) σ 0 F
- il s'agit d'un problème tridimensionnel, en raison de E
Ps
la présence du front de taille, D
C0 C
- il s'agit d'un problème d'interaction pour lequel le convergence
couplage entre le terrain et les structures de soutène-
ment est important. ▲ Fig. 3.1.2
0,73
0,5
2 1 0 1 2 x/r
Front de taille
•5•
La recommandation de l'AFTES donne également des Dans le cas des travaux réalisés au tunnelier en terrain
éléments de calcul dans le cas d'un comportement meuble, le taux de déconfinement n'a pas la même
élasto-plastique du terrain ainsi que pour la raideur signification : il ne modélise pas la diminution de l'ef-
des principaux types de soutènement, dont la fet tridimensionnel due à l'éloignement du front de
connaissance est nécessaire pour déterminer la cour- taille, mais la décompression du terrain permise par le
be caractéristique Co E F du soutènement. procédé utilisé, que celle-ci soit liée à la machine elle-
même (conicité de la jupe, surcoupe...) ou à la qualité
Des éléments complémentaires peuvent être trouvés de l'exécution (confinement du front, remplissage du
dans l'ouvrage de Marc PANET : le calcul des tunnels vide annulaire...). Le taux de déconfinement qui per-
par la méthode convergence-confinement (Presses de met de calculer les déplacements du massif peut
l'ENPC). donc avoir des valeurs variables selon les chantiers,
On peut se référer également aux publications de D. même si la maîtrise de l'utilisation des tunneliers
BERNAUD et G. ROUSSET qui se sont attaché à ana- conduit maintenant à des déconfinements générale-
lyser l'influence de la raideur du soutènement sur la ment faibles.
convergence atteinte avant la pose de celui-ci (La L'extension de la méthode convergence-confinement
"nouvelle méthode implicite" pour l'étude du dimen- aux tunnels réalisés avec présoutènement nécessite
sionnement des tunnels. Revue Française de de grandes précautions - et notamment un calage sur
Géotechnique n° 60 Juillet 92 et n° 68. 1994). des calculs tridimensionnels.
Selon les auteurs, il s'agit davantage de "réflexions" à leurs domaines préférentiels d'emploi (à ce sujet, on
propos des méthodes de calcul que de recommanda- peut se reporter également au chapitre 3 de la présen-
tions. On trouve dans ce document : te section du dossier pilote Génie Civil),
- la liste et la définition des différents paramètres dont - un essai de comparaison des méthodes à partir de leur
il est possible de tenir compte dans les différentes application à deux cas-types,
méthodes de calcul ainsi que des paramètres dont la - les principaux critères habituels de choix d'une métho-
prise en compte ne peut être en général qu'indicative de de calcul.
et qualitative, Des éléments concernant la détermination des charges
- un essai de classification des différentes méthodes de actives et passives à prendre en compte dans la métho-
calcul pratiquement utilisables assorti d'une étude cri- de des réactions hyperstatiques sont donnés en annexe.
tique de chacune d'elles et de quelques indications sur Ce texte doit faire l’objet d’une révision.
Ce document donne des indications sur : et les dommages, seuils utilisables en première analy-
- les déplacements du terrain liés au creusement : se, cas des réseaux enterrés,
effet du front de taille, transmission des déplace- - la limitation des tassements : amélioration du com-
ments vers la surface, paramètres importants de la portement du terrain, améliorations en creusement
stabilité au creusement, par méthode séquentielle et en creusement au tun-
- les sources de tassement liées aux travaux, qu'il nelier,
s'agisse de travaux réalisés en creusement séquentiel - l'instrumentation,
ou de travaux réalisés au tunnelier,
- les aspects contractuels : rôle du maître d'ouvrage,
- l'évaluation des déplacements du massif : rappel des
du maître d'œuvre et de l'entrepreneur.
méthodes utilisables,
- les incidences des déplacements du massif sur les Le document ne fournit pas de recettes de calcul de
constructions : qualification des dommages aux tassements prévisionnels, chaque cas nécessitant une
constructions courantes, relation entre les mouve- forte part d'appréciation et d'expérience, mais définit
ments du terrain, les déformations des constructions une méthodologie d'étude.
•6•
2 - Mécanismes de rupture
et champ de déplacements autour des tunnels
Le creusement d'un tunnel ou d'une excavation souterraine induit dans le terrain situé à son voisinage une
modification du champ de contraintes initiales qui s'accompagne d'un champ de déplacements fonction de
l'état des contraintes initiales, des caractéristiques mécaniques du terrain et des soutènements mis en œuvre.
σ0 :
contrainte initiale
2σ 0
σr :
σθ contrainte radiale
σ0 σθ :
contrainte
σr orthoradiale
R 0 1 2 3 r/R
▲ Fig. 3.2.1 a
Cas élastique
2σ 0
σθ
σ0
σr
R 1 Rp/R r/R
Rp
▲ Fig. 3.2.1 b
▲ Fig. 3.2.2
▲ Fig. 3.2.3
•4•
Les déplacements peuvent alors se répercuter large-
ment dans le massif, jusqu'en surface dans le cas des
tunnels à faible profondeur.
▲ Fig. 3.2.4
▲ Fig. 3.2.6
Temps (jours)
▲ Fig. 3.2.5
S116 S118 S119
Déformation du profil longitudinal de la galerie.
•5•
Enfin, il ne faut pas oublier que les propriétés du mas-
sif peuvent s'affaiblir avec le développement des
déformations. En particulier, la cohésion peut dimi-
nuer dans des proportions considérables et peut
tendre vers zéro dans certains cas (notamment le cas
de rupture fragile).
2.3 - Mécanismes de
a - Instabilités de blocs à la paroi d'un tunnel.
rupture
(1) cf. Annexe n°7 aux commentaires du fascicule n°69 du C.C.T.G. “Travaux en souterrain”
•6•
3 - Exemples de profils-types
de soutènement et de revêtement
Les profils donnés ci-après ne constituent que des exemples. Une adaptation à chaque projet est
évidemment nécessaire.
Boulons L = 3m.
voûte, piédroits
0,1
Béton projeté
0,
5
10
11 cm sur pointes
0,4
0,18
23 cm réglé
0
Etanchéité
Béton de revêtement
épaisseur nominale = 40 cm
Treillis soudé
0,15
10,30 1m.
▲ Fig. 3.3.1
Feuille d'étanchéité +
protection
Cintre réticulé =
170 mm
Béton de revêtemnet
Béton projeté ép nominale = 40 cm
ép mini = 15 cm
Chaussée ép = 23 cm
Caniveau de •
•
récupération des •
eaux de drainage
Béton de radier
ep = 25 cm mini
12,20 1 m.
▲ Fig. 3.3.2
Demi-section supérieure
Rocher
Béton de remplissage
5,30
Cintre HEB 180 mm
Blindage intrados
r = 5,34 m
Feuille d'étanchéité
▲ Fig. 3.3.3
▲ Fig. 3.3.4
Profil-type de soutènement avec boulonnage du front de taille et cintres lourds (pleine section)
(d’après P. Lunardi)
•6•
3.2.2 - Pré-soutènement prévoûte boulonnage de front de taille
prévoûte N-1
prévoûte N
AXE
HAVEUSE
▲ Fig. 3.3.5
voûtes-parapluie emboîtées
▲ Fig. 3.3.6
Vue frontale
▲ Fig. 3.3.7
V1 à V9 : voussoirs
préfabriqués en B.A.
Suspentes et chevilles
V2 à verrouillage de forme
Espacement longitudinal : 4 m.
V1 Gaine air V4
vicié Désenfumage
Joint étanche
à 300° C.
1,5
Trémie 1m x 1m
tous les 50m. m.
4,91
r= .
,35m
V3 r=5 V6
Joint
étanche
,26
à l'eau et à l'air
,20
Joint CF 1 heure
Joint 3 cm étanche à l'eau
Galerie
technique
Gaine
V5 air frais
V8
V7 V9
1m.
▲ Fig. 3.3.8
0,28
.
3m
= 5,1
r
1,80
1m.
▲ Fig. 3.3.9
Exemple de revêtement
par voussoirs en béton
Profil de soutènement
avec cintres lourds
Exemple de soutènement
par prédécoupage
(LA GALAURE)
• 11 •