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Doubles consonnes : d’où viennent-elles, à


quoi servent-elles ?

Publié le 27 juin 2016 par Sandrine Campese

Autres articles

Origine des mots

Doubler ou ne pas doubler ? Tell e


est la question. Une question qui prend parfois des allures de dilemme, avec
deux « m ». Ces doubles consonnes, situées en milieu de mots, se font rarement
entendre dans la prononciation courante. Dommage : les distinguer à l’oral nous
aiderait à bien les écrire. Faute de mieux, il ne nous reste qu’à mémoriser l’
orthographe des principaux intéressés, avec deux « s ». Après les consonnes
finales muettes, préparez-vous, ce mois-ci, à voir double !

accalmie
Ce nom a été formé à partir de l’adjectif calme, auquel on a ajouté le préfixe latin ad-, équivalent du
français « re- ». Placé devant le « c » de calme, ad- est devenu ac-. Voilà pourquoi accalmie s’écrit
avec deux « c ». Littéralement, donc, l’accalmie est le « retour au calme ». Mais pour combien de
temps ?
appeler

Les deux « p » d’appeler étaient déjà présents dans la racine latine appellare. Quant au nombre de
« l », il suffit de tendre l’oreille. Il y a deux « l » quand on entend le son [è] : « je rappelle », « nous
rappellerons », etc. Il n’y a qu’un « l » quand on entend le son [eu] : « tu appelais », « ils ont rappelé
», etc.

dilemme

C’est assez rare pour être souligné, dilemme s’est toujours écrit « dilemme ». Certes, les langues
antiques le faisaient finir par un « a », mais les deux « m » ont toujours été là. Il n’y a donc aucune
raison d’écrire « dilemne » sur le modèle d’indemne (sans dommage), lequel a donné « indemnité »
et « indemniser ».

échappatoire

Pourquoi y a-t-il deux « p » à échappatoire ? En référence au verbe latin excappare, littéralement «


sortir de la chape (cappa) » c’est-à-dire « laisser seulement son manteau aux mains du poursuivant ».
Notons que le nom est de genre féminin : une échappatoire.

intéressant
Il ne vous viendrait pas à l’idée de mettre deux « r » à « intérêt », n’est-ce pas ? Eh bien, c’est la
même chose pour l’adjectif intéressant. L’accent (aigu) sur le « e » qui précède le « r » doit vous
mettre sur la voie : il est allergique aux consonnes doubles ! Désormais, vous n’hésiterez plus avant
d’écrire des mots à rallonge comme « désintéressement ».

occurrence

Ce nom se rencontre surtout dans l’expression en l’occurrence. Pour vous rappeler son orthographe,
dites-vous qu’une occurrence favorable (un heureux hasard) justifie tous les excès y compris deux «
c » et deux « r » !

parallèle

L’orthographe de parallèle est directement tirée de ses racines grecque (parallêlos) et latine
(parallelus). Bien sûr, l’orthographe de parallèle se retrouve dans ses dérivés : parallèlement,
parallélisme, parallélogramme, parallélépipède, etc.
tranquillité

Le nom tranquillité vient du latin tranquillitas, dérivé de tranquillus (tranquille). D’origine


obscure, le terme pourrait venir de quies, quietis (repos, calme) qui a donné « quiétude ». À noter la
présence des deux « l » dans tous les dérivés : tranquilliser, tranquillement, tranquillisant (calmant),
tranquillisation (plus rare), tranquillos et tranquillou (bilou).

Sandrine Campese

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Doubles consonnes : d’où viennent-elles, à


quoi servent-elles ? (suite)

Publié le 6 juillet 2016 par Sandrine Campese

Autres articles

Origine des mots

Faut-il deux « z » à bizarre ? S

urtout pas ! En revanche, ils sont nécessaires dans le nom « blizzard », qui
lui ne prend qu’un « r » et un « d » final. Comment é
crire confetti et graffiti ? Ces deux noms d’origine italienne ont une
orthographe bien capricieuse ! Qui prend deux
« c » : oculaire ou occulte ? Pour tenter d’y voir plus clair, voici le
deuxième volet de notre série sur les doubles consonnes.

accueil
Accueil ne s’est pas toujours écrit avec deux « c » ! Au XIIIe siècle, l’acueil désignait une
assemblée, un lieu de réunion. Par la suite, il a pris le sens actuel que l’on retrouve dans l’expression
« faire bon accueil », éliminant au passage la forme « accueillance » qui était alors en usage. Outre
les deux « c », la faute courante porte sur la terminaison -ueil et (non -euil).

aggraver

Les deux « g » d’aggraver étaient déjà contenus dans le verbe latin aggravare, composé du
préfixe ad-(devenu ag- devant un mot commençant par « g ») et de gravis, « lourd ». Ce dernier a
donné l’adjectif graveet le nom gravité. Littéralement, aggraver, c’est rendre plus grave, plus
difficile à supporter.

blizzard

Au sens strict, le nom blizzard désigne un vent glacial accompagné de tempêtes de neige. Le mot,
emprunté tel quel à l’anglais américain, pourrait venir de l’allemand blitz (éclair). Sous l’influence
de « blizzard » on est parfois tenté de mal orthographier l’adjectif bizarre, qui prend un seul « z »,
deux « r » et un « e » final.

colloque

Les deux « l » de colloque étaient déjà présents dans le verbe latin colloqui composé
de cum (devenu col-) et de loqui (parler) qui a donné « loquace ». Plus récent, le nom coloc ou
(coloc’) est l’apocope de « colocation », composé du préfixe co- et du nom location (du
latin locare, « louer »). Il n’y a donc aucune raison d’écrire « colloc » avec deux « l » !

confetti

Le nom confetti est emprunté à l’italien confetti, pluriel de confetto signifiant « bonbon ». Passé en
français, il s’est éloigné de son étymologie pour devenir une « mince rondelle de papier coloré
qu’on lance par poignées lors de certaines festivités ». À l’inverse de confetti, on notera que graffiti
prend deux « f » et un « t ».
libellule

Le nom libellule a été attesté en 1758, sous la forme scientifique libellula, puis par Cuvier en 1798
dans sa graphie actuelle. Le double « l » est hérité du latin libella, qui signifie « niveau », par
allusion au vol plané horizontal de l’insecte.

occulte

Les deux « c » d’occulte étaient déjà présents dans la racine latine occultus (caché), formée à partir
du préfixe ob-, devenu oc- devant le « c » du verbe celare, qui a donné « celer ». À ne pas confondre
avec oculaire, qui ne prend qu’un « c » parce qu’il vient du latin oculus (œil).

sabbatique

Les deux « b » de sabbatique étaient déjà présents dans l’hébreu sabbat (repos), qui a donné
« shabbat ». De nos jours, en France, le nom désigne un congé non rémunéré dont bénéficient les
salariés sous certaines conditions. L’année sabbatique ? Elle est généralement… sympathique !

Sandrine Campese

Crédit photo

https://www.projet-voltaire.fr/question-orthographe/doubles-consonnes-orthographe-origine-3/

Doubles consonnes : d’où


viennent-elles, à quoi servent-elles ?
(fin)

Publié le 29 mai 2017 par Sandrine Campese

Autres articles
Origine des mots

Question orthographe

Jamais deux sans trois ! Voici le dernier volet

d e notre série sur les doubles consonnes :


sept nouveaux mots qui doublent leur « d », leur « g » ou encore leur « n ». Et pour vous aider
à les mémoriser, on vous explique, étymologie à l’appui, la raison de ce doublement.

addition
Généralement, les mots commençant par ad- ne prennent qu’un
« d » : adapter, aduler, adhésion, adoption… Mais alors, d’où viennent les deux « d » du
nom addition ? Du verbe latin addere (ajouter), lui-même composé de la préposition latine ad et du
verbe dare (donner). Bien sûr, tous les mots de la même famille qu’additionprennent deux
« d » : additionner, additionnel, additif, etc.

agglomération
Le nom agglomération est formé sur le verbe agglomérer. Le premier « g », déjà présent dans le
latin agglomerare, est apporté par la préposition ad devenue ag- devant le second « g » du
nom glomus (pelote, boule). En français, deux autres verbes commencent
par agg- : aggraver et agglutiner, réunion de la préposition latine ad, devenue ag- devant le « g »
de gluten (colle).

appétit
L’appétit vient en mangeant et du latin appetitus (deux « p »), signifiant « désir ». C’est pourquoi il
s’applique autant aux plaisirs de la chère qu’à ceux de la chair ! À ne pas confondre avec l’apéritif,
issu du verbe latin aperire (un seul « p ») qui a donné « ouvrir » (les voies d’élimination).
bissextil
Les deux « s » de bissextil sont directement hérités de son étymologie latine : bis + sextus, soit
« deux fois sixième ». L’année bissextile est celle où l’on rencontre le bissexte, jour ajouté tous les
quatre ans au moins de février, lequel est alors de 29 jours.

C’est peut-être par confusion avec bisexuel (bi + sexuel) que certains font l’économie d’un « s ».
L’année bissextile se distingue également de la ligne bissectrice, demi-droite partant du sommet
d’un angle et le divisant en deux parties égales.

commodité
Commodité vient de l’adjectif commode (avec deux « m ») qui qualifie une chose qui se prête bien
à l’usage qu’on veut en faire, autrement dit « pratique ». Au pluriel, les commodités désignaient
jadis les cabinets – les « chaises de commodité » étaient des chaises percées – puis les équipements
apportant confort et hygiène à un logement.

développement
Le nom développement est tiré du verbe développer, composé du préfixe dé- et de l’ancien
français voloper (envelopper). Au sens strict, « dé-velopper » est le contraire de « en-velopper ».
Par conséquent, le développement est avant tout l’action de dérouler ce qui est enveloppé sur
soi-même. C’est ce qui se produit lorsqu’on développe une pellicule photo : on la déroule ! De
même, lorsqu’on fait un développement, c’est-à-dire qu’on expose un sujet dans le détail, on
« déroule » son raisonnement, ses arguments, de manière progressive et logique.

personnel
Une fois n’est pas coutume, les deux « n » de personnel n’étaient pas présents dans la racine
latine persona, qui signifie « masque de théâtre ». C’est au XIIIe siècle que persone est
devenu personne. Selon l’Académie française, le « n » a été doublé par analogie avec des formes
comme « bonne » et pour maintenir le degré d’ouverture du « o ». Outre personnel, les deux « n »
sont de mise dans tous les
dérivés : personnalité, personnage, personnaliser, personnifier, personnellement…

À lire également :

http://www.projet-voltaire.fr/origines/doubles-consonnes-origine-sens-orthographe/

http://www.projet-voltaire.fr/origines/doubles-consonnes-origine-sens-orthographe-2/
Sandrine Campese

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