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Principes de base
par François de DARDEL
Ingénieur-chimiste de l’École Polytechnique Fédérale de Zürich
Rohm and Haas France SA
L ‘échange d’ions est un procédé dans lequel les ions d’une certaine charge
contenus dans une solution (par exemple des cations) sont éliminés de cette
solution par adsorption sur un matériau solide (l’échangeur d’ions), pour être
remplacés par une quantité équivalente d’autres ions de même charge émis par
le solide. Les ions de charge opposée ne sont pas affectés.
L’échangeur d’ions est un sel, un acide ou une base, solide et insoluble dans
l’eau, mais hydraté, c’est-à-dire gonflé d’eau comme une éponge. La teneur en
eau d’un matériau apparemment sec peut être de plus de 50 % de sa masse
totale et les réactions d’échange se déroulent dans cette eau, dite eau de gonfle-
ment ou d’hydratation, à l’intérieur de l’échangeur.
L’échange d’ions est à la base d’un grand nombre de procédés chimiques qui
peuvent se classer en trois catégories principales : substitution, séparation et éli-
mination.
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1. Structure des divers types Dans ce dernier cas, on obtient directement un échangeur
d’anions en une seule étape.
d’échangeurs d’ions
1.2 Groupes fonctionnels
Définitions
1.1 Squelettes
S S S Polystyrène réticulé
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Historique
■ Les précurseurs Aujourd’hui encore, l’échange d’ions est le seul procédé capable
La découverte de l’échange d’ions date du milieu du XIXe siècle : de produire la qualité d’eau requise pour les chaudières à haute
Thompson [1] et Way [2] remarquèrent que du sulfate d’ammo- pression et pour la fabrication des semi-conducteurs.
nium, après percolation à travers un tube rempli de terre, se trans-
formait en sulfate de calcium. ■ La troisième génération : résines macroporeuses
En 1905, Gans [4] adoucit de l’eau pour la première fois en la fai- Pour faire face à deux problèmes d’exploitation, l’empoisonne-
sant passer sur un aluminosilicate de sodium. Celui-ci pouvait être ment des résines par les acides organiques naturels présents dans
régénéré avec une solution de chlorure de sodium. En 1935, les eaux de surface et les contraintes mécaniques provenant des
Liebknecht [4] et Smit [5] découvrirent que certains charbons pou- débits de plus en plus élevés des installations, trois producteurs
vaient être sulfonés pour donner un échangeur de cations chimique- indépendants [9], [10], [11]inventèrent des résines plus fortement
ment et mécaniquement stable. Par ailleurs, Adams et Holmes [6] réticulées mais contenant des pores artificiels ouverts, sortes de
inventèrent les premiers échangeurs de cations et d’anions synthé- canaux d’un diamètre allant jusqu’à 150 nm, qui permettaient
tiques, produits de la polycondensation du phénol avec du formal- l’adsorption de molécules de grande taille. Par convention, on
déhyde d’une part, avec une polyamine d’autre part. La appelle résines macroporeuses celles où le polymère est gonflé arti-
déminéralisation devenait alors possible. ficiellement par addition d’une substance dite porogène, qui est
Aujourd’hui, les silicoaluminates et les résines formophénoliques soluble dans le monomère mais ne polymérise pas (§ 2.1.4). Les
sont réservés à des cas particuliers et le charbon sulfoné a été rem- autres résines sont dites de type gel.
placé par le polystyrène sulfoné.
■ La deuxième génération : résines polystyréniques ■ La quatrième génération : échangeurs d’anions polyacryliques
C’est en 1944 que d’Alelio inventa la première résine à base de Entre 1970 et 1972, un nouveau type de résines échangeuses
polystyrène [7], fabriquée selon le procédé décrit dans le para- d’anions à squelette polyacrylique apparut sur le marché. Ces pro-
graphe 1. Deux ans plus tard, Mc Burney [8] produisait les échan- duits ont une résistance exceptionnelle à l’empoisonnement orga-
geurs d’anions correspondants, par chlorométhylation et amination nique et une très bonne stabilité mécanique due à l’élasticité du
du même type de squelette. polymère, et leur utilisation va en augmentant.
Les échangeurs d’anions connus jusqu’alors étaient faiblement
basiques et ne fixaient que les acides minéraux. Les nouvelles rési- ■ Nouveaux développements
nes produites selon le procédé de Mc Burney, de plus forte basicité, La technologie de fabrication des résines a atteint une certaine
permirent l’adsorption des acides faibles tels que le dioxyde de car- maturité ; l’effort des fabricants porte aujourd’hui davantage sur la
bone ou la silice. On pouvait maintenant déminéraliser totalement stabilité des résines et sur l’uniformité de leur distribution granulo-
l’eau et produire une pureté que l’on n’obtenait précédemment que métrique (§ 2.5) que sur la recherche de nouveaux polymères ou de
par distillation multiple dans du platine. groupes fonctionnels inédits.
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CH2 Exemples
CH
−
CH3 Cl
+ N(CH3)3
+ Duolite
Triméthylamine
CH2 N CH3 A 101
CH3 (type 1)
CH2
CH
−
CH3 Cl
+ N(CH3)2CH2CH2OH
+ Duolite
Diméthyléthanolamine CH2 N CH2CH2OH A 102
CH3
(type 2)
CH2
CH2 CH
CH
+ NH(CH3)2
CH3
Diméthylamine Duolite
CH2 N
CH3 A 378
CH2 Cl
(tertiaire)
CH2
CH
+ NH2CH3
Méthylamine
CH2 NHCH3
(secondaire)
CH2
CH
+ NH3
Duolite
Ammoniac A 365
CH2 NH2
(primaire)
une variété bien plus grande existe pour les échangeurs d’anions, Les résines faiblement basiques les plus utilisées sont celles à
dont la basicité peut être choisie sur mesure en raison du grand fonction amine tertiaire. Elles fixent les acides forts présents dans la
nombre d’amines disponibles. Les échangeurs d’anions représentés solution à traiter mais ni les sels neutres, ni les acides faibles.
dans les réactions de la figure 6 sont classés par ordre de basicité
décroissante. Les fabricants n’indiquent pas toujours la structure chimique dans
leur documentation, même détaillée. Il faut donc se garder de consi-
Les résines ayant des groupes ammonium quaternaire sont tou- dérer comme chimiquement identiques des résines ayant simple-
tes fortement basiques. Par convention, on appelle : ment des caractéristiques générales voisines.
— type 2, les benzyldiméthyléthanolammonium, dont la basicité Leur fabrication, représentée sur la figure 7, est analogue à celle
est légèrement plus faible. des résines polystyréniques : on prépare des billes à partir d’un
ester acrylique et de divinylbenzène copolymérisés en suspension
Les résines de type 1 sont utilisées là où l’élimination totale de avec un catalyseur d’activation par radical libre. Le polyester acryli-
tous les anions, même ceux d’acides faibles (silice), est que ainsi formé est alors activé par réaction avec une polyamine
indispensable ; celles de type 2, de basicité légèrement plus faible, contenant au moins une amine primaire et une amine secondaire ou
sont toutefois assez basiques pour éliminer tous les anions et se plus fréquemment tertiaire. L’amine primaire produit une aminolyse
régénèrent plus facilement à la soude caustique ; elles donnent de l’ester du polymère et le transforme en amide, tandis que l’autre
donc une capacité d’échange élevée avec un meilleur rendement de extrémité de la polyamine ainsi fixée au squelette forme le groupe
régénération (§ 3.6.1) ; en contrepartie, elles sont moins stables chi- actif de l’échangeur d’anions. On obtient toujours par cette méthode
miquement et produisent une fuite en silice plus élevée que les rési- un échangeur faiblement basique que l’on peut, par la suite, rendre
nes de type 1. quaternaire au moyen de chlorure de méthyle ou de sulfate de dimé-
thyle pour obtenir un échangeur fortement basique.
On appelle généralement faiblement basiques les résines dont le
groupe actif est une amine. Cependant, leur basicité peut varier En principe, on peut obtenir une gamme très étendue d’échan-
considérablement : les amines tertiaires sont parfois appelées geurs d’anions en faisant varier l’ester choisi au départ et la polya-
moyennement basiques, alors que les amines primaires, d’ailleurs mine utilisée pour l’activation. En pratique, la disponibilité et le coût
rarement utilisées, ont une basicité très faible. des matières premières disponibles tend à limiter cette variété.
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CH2 CH2
CH + CH3Cl CH −
CH3 Cl
C CH3 [ou (CH3)2SO4] C +
O NHCH2CH2N O NHCH2CH2N CH3
n n
CH3
CH3
Amine tertiaire Ammonium quaternaire
faiblement basique fortement basique
Exemples : Amberlite IRA 67, Duolite A 375 Amberlite IRA 458, Duolite A 132
Pour simplification, le divinylbenzène n'a pas été représenté.
Bien que ces résines ne soient pas à proprement parler des échan-
geurs d’ions, elles s’y apparentent de si près qu’il est indispensable
CH2
de les mentionner ici. On peut les classer par polarité décroissante :
CH
Aminophosphonique Duolite C 467 — adsorbants ionisés, en fait échangeurs fortement basiques uti-
lisés sous la forme de chlorures, par exemple : Amberlite IRA900 ;
CH2CH2PO3H
CH2NH — adsorbants phénoliques, à fonction phénol ou faiblement basi-
ques, par exemple : Duolite XAD761, A561 ;
— adsorbants inertes, copolymères macroporeux de styrène et
de DVB à très haute réticulation et forte porosité, par exemple :
CH2 Amberlite XAD4, XAD16.
CH
N OH
C
Amidoxime Duolite ES 346 1.4 Résines inertes
NH2
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2. Propriétés générales
des résines
En augmentant le taux de réticulation (pourcentage de DVB dans On peut, par exemple, utiliser comme agent porogène :
le monomère, en masse), on obtient une résine de plus en plus dure,
donc de moins en moins élastique. Les résines plus réticulées résis- — l’heptane ;
tent mieux aux milieux oxydants qui ont tendance à déréticuler le — des acides gras saturés ;
polymère. Toutefois, au-delà de 10 à 12 % de DVB, la structure — des alcools ou polyalcools en C4 à C10 ;
devient trop rigide et compacte. L’activation devient difficile car — des oligomères linéaires du styrène.
l’accès au cœur de la bille est entravé par la densité du squelette. L’agent porogène forme au sein de la bille des canaux qui consti-
Par ailleurs, les tensions osmotiques, dues à des forces de gonfle- tuent une porosité artificielle. On appelle donc macroporeuses les
ment très élevées, ne peuvent plus être absorbées par l’élasticité du résines qui contiennent ces canaux ; les autres résines dont la poro-
squelette et font éclater la bille. Enfin, la vitesse d’échange est sité est naturelle sont dites de type gel (figure 9).
d’autant plus grande que les ions peuvent circuler à l’intérieur de la En pratique, les résines macroporeuses sont plus fortement réti-
bille d’échangeur ; une structure trop dense ralentit le mouvement culées que les résines de type gel, afin de compenser par une soli-
des ions et diminue donc la capacité utile de la résine (§ 2.2.2). dité accrue du squelette les vides laissés par l’agent porogène. En
Pour les résines sulfoniques, on obtient ainsi une capacité totale agissant sur deux paramètres :
(§ 2.2.1) maximale vers 8 % de DVB. — le taux de réticulation ;
— la quantité d’agent porogène ;
on peut ajuster la porosité et la résistance physique de la résine.
2.1.2 Réticulation et affinité
Les pores d’une résine macroporeuse ont un diamètre de l’ordre
Plus grande est la mobilité des ions dans la structure, moins la de 100 nm alors que ceux d’une résine de type gel sont de l’ordre du
résine aura tendance à privilégier une espèce ionique par rapport à nanomètre. Ces macropores forment des sortes de canaux remplis
une autre de même charge. Lorsqu’on veut accroître la différence d’eau libre. Les grandes molécules pénètrent donc facilement à
d’affinité entre plusieurs ions, il est donc nécessaire d’augmenter la l’intérieur des résines macroporeuses jusqu’au cœur de la bille. Les
réticulation de la résine. ions, en général, ont un chemin bien plus court à parcourir pour
atteindre un groupe actif, une fois qu’ils ont pénétré la structure. Ce
En traitement d’eau, les résines de type polystyrène sulfoné ont chemin est de l’ordre de 0,1 µm pour les résines macroporeuses,
presque toujours un taux de DVB aux alentours de 8 %. Des résines tandis qu’il peut atteindre 250 µm pour les résines de type gel.
légèrement plus réticulées (10 à 12 %) sont parfois utilisées pour L’échange est donc rapide pour une résine macroporeuse.
augmenter la rétention des ions minéraux dans la production d’eau
de très haute pureté. Par contre, des résines légèrement moins réti- Les résines macroporeuses ont une résistance élevée aux con-
culées (5 à 7 %) peuvent être choisies lorsque l’on veut avoir une traintes physiques. Elles ont aussi, dans l’ensemble, un très bon
désorption plus facile, donc une meilleure régénérabilité, particuliè- comportement à l’égard des chocs osmotiques qu’elles absorbent
rement en adoucissement d’eau. bien. Elles sont donc utilisées dans les systèmes où des contraintes
mécaniques et osmotiques soumettraient les résines de type gel à
une dégradation rapide :
2.1.3 Irrégularités du squelette — systèmes continus à circulation de résine ;
— lits fluidisés ;
Nous verrons dans le paragraphe 2.6 que la réticulation des poly- — débits élevés (par exemple en traitement de condensats) ;
mères réduit la rétention d’eau des résines échangeuses d’ions. On — milieux oxydants ;
convient d’appeler porosité le volume rempli par cette eau à l’inté- — températures élevées (de 70 à 120 oC).
rieur du squelette. La réticulation des résines par du DVB est irrégu- Enfin, on se sert de résines macroporeuses lorsque l’on veut
lière, parce que la réaction de polymérisation DVB + DVB est plus adsorber réversiblement des molécules de grande taille sans empoi-
rapide que la réaction DVB + styrène. Le début de la polymérisation sonner la résine. Les adsorbants décrits dans le paragraphe 1.3 ont
a lieu autour des molécules de catalyseur. La croissance du poly- une macroporosité sur mesure pour fixer sélectivement certains
mère se fait à partir de sites qui s’enrichissent en DVB plus vite types de molécules.
qu’en styrène. Il s’ensuit qu’un matériau à 8 % de DVB en moyenne
contient des régions microscopiques contenant plus de 20 % de
DVB alors que d’autres régions en ont moins de 4 %.
2.2 Capacité d’échange
2.1.4 Résines macroporeuses
2.2.1 Capacité totale
Dans l’historique, nous avons mentionné ces résines dites de la
troisième génération. Au moment de la polymérisation, on ajoute au La capacité totale d’échange d’une résine, exprimée en équiva-
mélange de monomères une substance porogène qui se mélange lents par unité de masse (ou de volume), représente le nombre de
intimement avec eux, mais ne polymérise pas (c’est donc un solvant sites actifs disponibles. Dans le cas d’un échangeur polystyrénique,
des monomères dans lequel le polymère insoluble précipite). le maximum de sites actifs correspond à la greffe d’un groupe actif
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CH2 CH2
CH CH
−
CH3 OH Par chauffage
+ CH3
CH2 N CH3 CH2 N + CH3OH
CH3
CH3
a Type 1
CH2 CH2
CH CH
−
CH3 OH Par chauffage
+ CH3 CH2OH
CH2 N CH2CH2OH CH2 N +
CH3 CH2OH
CH3
Figure 11 – Réactions de dégradation
b Type 2
d’Hoffmann
pension, sont des sphères parfaites et peuvent être utilisées dans Par exemple, l’échangeur carboxylique de type gel décrit précé-
des installations d’échange d’ions en continu avec circulation de demment ne sera jamais utilisé en échange H—Na : les billes se cas-
résine, sans trop de dommage. Cependant, la résistance mécanique seraient en morceaux après deux ou trois cycles. Par contre, en
peut varier considérablement d’un produit à l’autre et les billes de échange H—Ca, le gonflement est bien moindre et la résine peut
résines qui, au microscope, révèlent de nombreuses fissures inté- effectuer des centaines de cycles sans dommage. Les meilleures
rieures sont plus sujettes à se casser en cas de contraintes mécani- résistances mécanique et osmotique sont obtenues avec des résines
ques que celles qui ne sont pas fêlées. dont le squelette est suffisamment solide pour résister aux chocs
Les résines échangeuses d’anions de type gel sont généralement physiques (attrition) et suffisamment souple et poreux pour se
moins résistantes que les résines échangeuses de cations et, en par- déformer sans se briser sous l’effet de chocs osmotiques. Certaines
ticulier, résistent mal aux forces de compression. En conséquence, il résines macroporeuses réunissent ces deux qualités.
est important de conserver le lit propre car la pression exercée par
l’eau sur une couche de fins débris peut être de plusieurs dixièmes La connaissance précise du gonflement des résines est
de bar. aujourd’hui importante lorsqu’il s’agit de construire des installa-
Les résines acryliques sont plus élastiques que les résines poly- tions dites à lit compact, c’est-à-dire à colonnes pleines, sans espace
styréniques et résistent généralement à toutes les contraintes méca- libre pour détasser la résine par soulèvement.
niques que l’on trouve en pratique.
Les valeurs courantes de gonflement sont les suivantes : de ces
Les résines macroporeuses sont souvent les plus solides et sont résines sont données dans le tableau 1.
utilisées de manière générale dans les conditions les plus dures.
Les résines les moins élastiques, c’est-à-dire les plus réticulées
(type gel à plus de 8 % de DVB, résines macroporeuses à plus de 2.3.5 Résistance au séchage
15 % de DVB) ont l’inconvénient, lorsqu’elles finissent par se casser,
d’exploser littéralement en miettes, alors que les autres résines se
cassent en deux ou trois morceaux qui peuvent continuer à fonc- Le séchage et la réhydratation répétés conduisent à des tensions
tionner. (analogues à celles dues aux chocs osmotiques) et à la rupture de la
plupart des résines de type gel. Il y a donc lieu de toujours conserver
les résines à l’état humide.
2.3.4 Gonflement et stabilité osmotique
Au cours de l’échange d’ions, la configuration autour de chaque Tableau 1 – Valeurs courantes de gonflement
groupe actif de la résine se modifie. des résines (1)
L’ion fixé n’a, en général, ni la même taille ni surtout la même cou-
Type d’échangeur Gonflement Ions échangés
che d’hydratation que l’ion déplacé. La bille de résine peut donc
(%)
gonfler ou se contracter considérablement au cours de la réaction
(certains échangeurs carboxyliques doublent de volume entre la
Cations fortement acides 6 à 10 Na+—H+
forme —COOH et la forme —COONa). Les tensions que subit la
résine au moment de ces changements de volume sont appelées Cations faiblement acides 15 à 20 H+—Ca++
forces osmotiques. Ces tensions sont extrêmement fortes et peu-
vent conduire localement à une pression de plusieurs dizaines de 50 à 100 H+—Na+
bars, voire plusieurs centaines, soit bien plus que les forces pure-
ment mécaniques auxquelles les billes peuvent être soumises. Anions fortement basiques 15 à 30 Cl−—OH−
Pour être utilisables industriellement, les résines doivent pouvoir Anions faiblement basiques 10 à 40 base libre—Cl−
résister à des centaines de cycles de saturation et de régénération.
La nature et donc la force des chocs osmotiques varient selon les (1) Ces valeurs s’entendent pour conversion complète d’une forme ionique
espèces ioniques en solution et concentration. à l’autre.
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3. Réactions d’échange d’ions
60
Une fois activées, les résines portent des ions fixes et des ions 3.1.2 Résines fortement acides :
mobiles. Ces ions sont toujours environnés de molécules d’eau au échange d’hydrogène
sein même des billes de résine. Cette capacité de rétention d’humi-
dité des résines est une grandeur essentielle pour la compréhension
des propriétés d’une résine échangeuse d’ions : cinétique, capacité Dans ce procédé, il n’y a pas de changement fondamental de prin-
d’échange et solidité de la résine en dépendent étroitement. cipe, mais une différence majeure du résultat : le remplacement
d’un ion métallique par un ion hydrogène provoque une réduction
On définit la rétention d’humidité h comme le rapport : du total des solides en solution et, en même temps, la production
d’acide libre :
masse résine hydratée Ð masse résine séchée
h = --------------------------------------------------------------------------------------------------------
- R −H+ + Na+Cl− £ R −Na+ + HCl (3)
masse résine hydratée
Cette réaction est utilisée comme première étape de la déminéra-
lisation de l’eau et d’autres solutions. La régénération se fait au
La teneur en eau d’une résine échangeuse d’ions est une fonction moyen d’un acide minéral, par réaction inverse de (3) qui est parfois
inverse du taux de réticulation, à moins que l’on n’augmente artifi- appelée coupure de sels, bien que cette expression ne soit pas très
ciellement la porosité ou la réticulation du polymère (résines macro- heureuse car un sel est toujours dissocié en solution.
poreuses).
La figure 13 montre la variation de la rétention d’eau en fonction 3.1.3 Résines faiblement acides :
du taux de DVB pour les résines sulfoniques polystyréniques de échange d’hydrogène
type gel.
Une autre valeur utile est la matière sèche (exprimée générale- Les résines carboxyliques sont des acides faibles donc très peu
ment en g/L), définie par : ionisés en milieu acide. Par ailleurs, ces résines ont une si forte affi-
nité pour les métaux divalents qu’en leur présence elles sont obli-
masse résine séchée gées de se dissocier et demeurent donc actives en milieu
MS = -----------------------------------------------------
- légèrement acide jusqu’à un pH d’environ 4,5.
volume résine hydratée
Cependant, les résines carboxyliques sous forme H+ ne peuvent
pas fixer des quantités importantes de métaux dans des solutions
Matière sèche et rétention d’humidité, bien qu’étroitement liées, de sels neutres, car les acides minéraux produits abaissent rapide-
n’ont pas entre elles de relation arithmétique simple. ment le pH et empêchent l’échange de se poursuivre.
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En fait, c’est la basicité de l’anion en solution qui conditionne 3.2.2 Fixation d’acides : résines fortement
l’échange dans ce cas. Un anion fortement nucléophile arrachera basiques
l’hydrogène du groupe carboxylique. Lequel fixera en échange le
cation associé, tandis qu’un anion stable ne produira aucune réac-
tion significative : C’est la forme la plus courante d’échange anionique ; cet échange
a lieu en aval d’un échange d’hydrogène (§ 3.1.2) pour compléter le
2R COOH + Mg(OH)2 (R COO)2 Mg + 2H2O (4) processus de déminéralisation :
2 R COOH + Na2CO3 2 R COONa + H2O + CO2 (5)
R +OH− + H+Cl− → R +Cl− + H2O (16)
R COOH + NaCl pas de réaction (6)
2 R COOH + CaCl2 (R COO)2 Ca + 2HCl (7) + – + =
2 R OH + CO 2 → ( R ) 2 CO 3 + H 2 O (17)
En ce qui concerne les hydrogénocarbonates, comme l’affinité de
la résine est très bonne pour les ions divalents (effet de complexa- Le produit de la réaction étant ici de l’eau, cette réaction n’est pas
tion), mais médiocre pour les ions monovalents, on aura une bonne directement réversible.
capacité pour la fixation du calcium et du magnésium, mais une
capacité faible pour la fixation du sodium à partir d’une solution
d’hydrogénocarbonate. En effet, la formation d’acide carbonique
suffit à empêcher l’échange d’ions monovalents :
3.2.3 Fixation d’acides : résines faiblement
basiques
R COOH + NaHCO3 R COONa + H2O + CO2 (8)
2 R COOH + Ca(HCO3)2 (R COO)2Ca + 2H2O + 2CO2 (9) Les résines faiblement basiques, dont les groupes actifs sont
généralement des amines, n’ont pas de forme hydroxyde propre-
Les échangeurs carboxyliques (faiblement acides) sont sélectifs : ment dite. Elles ne sont ionisées qu’en milieu acide :
ils fixent de préférence les cations divalents ou trivalents et, cela,
jusqu’à concurrence des anions alcalins présents dans la solution.
RN(CH3)2 + HCl £ R N+H(CH3)2Cl− (18)
3.1.4 Résines faiblement acides et complexantes : Sous forme alcaline, elles existent en tant que bases libres. Elles
échange sélectif fixent donc les acides sous forme d’hydrates d’amine (chlorhydra-
tes, sulfhydrates, etc.). Le chlorhydrate d’amine peut être considéré
comme le chlorure de l’ammonium correspondant. Dans la prati-
Comme les résines carboxyliques fixent bien mieux les cations que, on parle généralement de la forme chlorure. Les résines faible-
polyvalents que les cations monovalents et qu’elles se régénèrent ment basiques ne peuvent fixer que les acides forts [réaction (18)].
très bien, on peut les utiliser pour fixer sélectivement des métaux En effet, les sels neutres ne sont pas coupés :
divalents ou trivalents, même en présence concentrée de cations
alcalins. Pour ce faire, on met d’abord l’échangeur sous forme R N(CH3)2 + NaCl pas de réaction (19)
monovalente :
R COOH + NaOH → R COONa + H2O (10) car, dans ce cas, la base nucléophile n’a pas d’ion H+ à qui donner
ses électrons comme dans la réaction (18) pour équilibrer l’anion.
Sous cette forme, l’échange de sels neutres est possible, par
exemple : De même, les acides faibles, qui n’ont pas non plus de proton dis-
socié, ne sont pas ou très peu fixés :
2 R COONa + ZnSO4 → (R COO)2 Zn + Na2SO4 (11)
En fin de cycle, on régénère la résine normalement, avec l’acide : R N(CH3)2 + SiO2 pas de réaction (20)
(R COO)2 Zn + H2SO4 → 2 R COOH + ZnSO4 (12)
R N(CH3)2 + CO2 + H2O R N+H(CH3)2 + HCO3− (21)
Les résines sont régénérées dans chaque cas, en inversant les Les éléments de l’analyse d’eau sont décrits dans les articles qui
réactions au moyen de chlorure de sodium. suivent.
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[ Na ] γ Na
+
[ Na ] γ Na
+
CF HCO3 ---------------- ----------- = K --------------
- --------- (25)
[H ] γ H [H ] γ H
+ +
Na+
Cl-
Na+ - où [Na+] et [H+] sont les concentrations équivalentes des ions dans
NO3
- le liquide, tandis que γ Na et γ H sont les coefficients d’activité corres-
SO4 pondants. Les termes surlignés représentent les grandeurs considé-
SiO2 rées dans la phase solide.
Acides organiques
Donc :
CM CO2 γ Na γ H +
[ Na ] [ H ]
+
+ + K --------- --------- = ---------------- --------------- (26)
H+ Ca+ Mg+ γ H γ Na +
[ H ] [ Na ]
+
Cl-
-
NO3
Na+ -
En première approximation, on considère que les coefficients
SO4 d’activité sont constants, d’où :
SiO2
Acides organiques [ Na ] Na [ Na ]
------------ = K H ------------ (27)
[H] [H]
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______________________________________________________________________________________________________________________ ÉCHANGE D’IONS
Tableau 2 – Sélectivités relatives des résines sulfoniques Tableau 3 – Sélectivités relatives des échangeurs
pour divers cations ammonium quaternaire pour divers anions monovalents.
Taux de réticulation Résines
(% DVB) Anion considéré
type 1 type 2
4 8 12 16
OH− Hydroxyde (1) 1,0 1,0
H (1) 1,0 1,0 1,0 1,0 C6 H5—SO3− Benzénesulfonate >500 75
Li 0,90 0,85 0,81 0,74 HO—C6H4—COO− Salicylate 450 65
Na 1,3 1,5 1,7 1,9 I− Iodure 175 17
NH4 1,6 1,95 2,3 2,5 C6H5O− Phénate 110 27
Cations
monovalents K 1,75 2,5 3,05 3,5 HSO4− Hydrogénosulfate 85 15
Rb 1,9 2,6 3,1 3,4 ClO3− Chlorate 74 12
Cs 2,0 2,7 3,2 3,45 NO3− Nitrate 65 8
Cu 3,2 5,3 9,5 14,5 Br− Bromure 50 6
Ag 6,0 7,6 12,0 17,0 CN− Cyanure 28 3
Mn 2,2 2,35 2,5 2,7 HSO3− Hydrogénosulfite 27 3
Mg 2,4 2,5 2,6 2,8 BrO3− Bromate 27 3
Fe 2,4 2,55 2,7 2,9 NO2− Nitrite 24 3
Zn 2,6 2,7 2,8 3,0 Cl− Chlorure 22 2,3
Co 2,65 2,8 2,9 3,05 HCO3− Hydrogénocarbonate 6,0 1,2
Cu 2,7 2,9 3,1 3,6 IO3− Iodate 5,5 0,5
Cations
divalents Cd 2,8 2,95 3,3 3,95 HCOO− Formate 4,6 0,5
Ni 2,85 3,0 3,1 3,25 CH3—COO− Acétate 3,2 0,5
Ca 3,4 3,9 4,6 5,8 CH3—CH2—COO− Propionate 2,6 0,3
Sr 3,85 4,95 6,25 8,1 F− Fluorure 1,6 0,3
Hg 5,1 7,2 9,7 14,0 (1) Référence.
Pb 5,4 7,5 10,1 14,5
Ba 6,15 8,7 11,6 16,5
(1) Référence. Dans le cas d’un échange ne faisant intervenir que deux ions, par
exemple :
ou encore
[ Ca ] γ Ca [ Ca ] γ Ca
- = K --------------- --------
--------------- -------- - (29)
2 2 2 2
[ Na ] γ Na [ Na ] γ Na XNa + XCa = 1 (34)
Donc, en considérant que les coefficients d’activité sont cons- et la même chose dans la résine.
tants, il vient :
L’équation (30) devient donc :
[ Ca ] Ca [ Ca ]
--------------- = K Na --------------- (30)
2
[ Na ]
2 X Ca [ T ] X Ca
[ Na ] -------------------------- Ca --------------------------------
- = K Na - (35)
2 2
( 1 Ð X Ca ) [ T ] ( 1 Ð X Ca )
On définit la fraction équivalente Xi , d’un ion i dans une solution
de concentration ionique totale T par : Na
[ T ] est constant, K H est approximativement constant pour de fai-
[i] bles concentrations. L’expression (35) montre que plus la solution
X i = -------- (31) est diluée (T faible) pour une proportion constante de calcium (XCa
[T]
constant, plus le membre de gauche, donc X Ca est grand : la résine
fixe d’autant mieux le calcium que la concentration totale de la solu-
De même, la fraction équivalente de cet ion i dans la résine :
tion en cations est faible. Ce phénomène est illustré par la figure 15
qui représente les courbes d’équilibre pour une résine donnée, à
[i] diverses concentrations totales de la solution.
X i = -------- (32)
[T]
Chaque point de la courbe considérée représente la fraction équi-
À noter que [ T ] , la concentration totale d’ions dans la résine (en valente en calcium de la résine à l’équilibre, c’est-à-dire la propor-
éq/L), n’est autre que la capacité totale de cette résine définie dans tion des sites actifs de la résine sous forme Ca++, en fonction de la
le paragraphe 2.2.1. proportion de calcium dans la solution.‘
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ÉCHANGE D’IONS ______________________________________________________________________________________________________________________
XCa 1
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______________________________________________________________________________________________________________________ ÉCHANGE D’IONS
Na+ H+
Na+ Na+
H+
Na+ Na+
H+
H+
Fuite maximale H G F
M
admissible
Diffusion à O C B A
travers un film Volume percolé
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10-1
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NaCl
0,70
Haut de colonne
40 %
30 %
25 %
5%
Capacité utile
R – – Na+ R – – H+ + NaCl
20 %
(éq/L)
17,
0,65
%
15
–
R – H+
R – – Na+ + HCl
=1
0,55
R
ρ
0,50
R – – H+ + NaCl
R – – Na+
Bas de colonne
0,45
HCl + NaCl
0,40 0 XNa 1
80 100 120 140 160 180 200
60
NaOH (g/L résine) Ceci est l'image de la colonne en début de phase de production, la résine
ρR = Rendement de régénération
ayant été régénérée à co-courant, le bas de la colonne contient encore
beaucoup de sodium.
Figure 21 – Capacité utile d’une résine fortement basique de type 1,
en fonction de la quantité de régénérant utilisée (soude) Figure 22 – Fuite ionique due à l’autorégénération
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P
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Échange d’ions R
Principes de base E
par François de DARDEL N
Ingénieur-chimiste de l’École Polytechnique Fédérale de Zürich
Rohm and Haas France SA
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