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Introduction
Dans le cadre de cet exposé sur la théorie des coûts de transaction, on a choisi, en guise
d’introduction de parler brièvement sur la théorie néoclassique de la firme pour bien
comprendre quel était l’apport de Coase et de Williamson en termes de « théories de la
firme »
Comme on le sait tous, les économistes s’intéressent depuis longtemps au comportement des
firmes sur le marché ou à leur organisation, Par exemple, Adam Smith avait fait une analyse
de la répartition des tâches dans une manufacture d’épingles dans son ouvrage : Recherches
sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776), mais la théorie économique ne
s’est dotée d’une analyse explicite de la firme que récemment, dans les années 1970 avec la
redécouverte de l’article de R.Coase (1937).
1. La firme dans l’analyse néoclassique standard (la firme en tant que boite noire)
De façon synthétique nous pouvons dire que la théorie standard, ou encore la théorie
néoclassique, ces termes sont d’ailleurs synonymes, cherche à expliquer les phénomènes
économiques à partir d’une analyse des comportements des agents individuels (consommateur
ou entreprise), hypothèse faite que ces agents sont parfaitement rationnels et possèdent
l’information parfaite. Cette théorie qui insiste sur le rôle des marchés et des prix, définis par
l’équilibre entre offre et demande sur le marché a pour objet l’étude des marchés et des
mécanismes de prix.
La firme ne joue donc pas un rôle central dans ce cadre théorique, les seules choses qui
importent sont :
La quantité de ressources qui « entre » dans la firme c’est à dire les inputs (capital,
travail, matières premières…)
La quantité de biens qui en « sort », les outputs, directement vendus sur le marché.
Cette représentation identifie la firme à une « boîte noire », un automate, c’est à dire un
dispositif reproduisant une séquence d'actions prédéterminées de façon mécanique.
Ainsi, dans la théorie standard, l’entreprise est représentée à partir de ses courbes de coûts
puisqu’elle elle est assimilée à une fonction de production, elle transforme des inputs en
outputs, selon une technologie donnée et en fonction des facteurs de production dont elle
dispose. La firme écoule ensuite ces biens ou services sur le marché.
Dans ce cadre théorique, la firme est également assimilée à un « point», puisqu’elle est définie
comme un agent économique individuel, représenté par son propriétaire, sans que soient pris
en compte les différents individus ou groupes d’individus qui la composent (salariés,
actionnaires…). Cet agent individuel a :
La théorie standard propose ainsi un modèle global d’allocation des ressources par le marché,
elle ne vise pas à rendre compte du comportement de la firme individuelle. Ainsi, pour M.
Jensen (1983), je cite, «malheureusement, toute la littérature économique qui évolue sous le
label «théorie de la firme» n’est pas une théorie positive de la firme, mais plutôt une théorie
des marchés»
Ce modèle de l’approche néoclassique est basé sur six hypothèses principales qui ont déjà été
évoqué par nos camarades dans le cadre des deux exposés précédents. Je ne vais donc pas
m’attarder à les expliquer.
Avant d’aller plus loin, il faut parler du corpus théorique ou paradigme qui a influencé
Williamson et l’a amené à développer sa théorie des contrats. Il s’agit de la théorie des
couts de transaction.
O. Williamson occupe une place très particulière parmi les grands auteurs du management. Il
est le seul ayant à la fois :
- Construit les fondements de la théorie des couts de transaction, basé sur le principe normatif
qu’économiser sur les couts de transaction est préférable au gaspillage résultant de choix
guidés par le hasard ou l’intuition managériale.
- Déduit des principes normatifs concernant le choix ex ante par les agents économiques des
modes de gouvernance, qui serviront d’institutions pour leurs transactions réalisées ex post.s
Parmi les fondateurs de l’économie néo-institutionnelle, Williamson occupe une place unique,
parce qu’il a été le seul à s’intéresser au management interne de l’entreprise au même titre
qu’aux autres institutions de l’économie. Puisque les transactions peuvent être véhiculées par
des modes des gouvernances comme le marché parlant du système des prix, la forme
d’hybride qui est le contrat ou bien l’entreprise au sein même de l’organisation. Donc chaque
mode doit être analysé avec les mêmes concepts, pour pouvoir être comparé à d’autres avec
les mêmes instruments de mesure. Son intérêt pour le management et son insistance à mesure
les dimensions de transaction et des modes de gouvernances le distinguent de Coase, North ou
Akerlof.
Brièvement, pour bien le situer de la pensée néo-institutionnelle, il est utile de résumer les
travaux des prix Nobel d’économie de cette obédience qui sont : Coase 1991, North 1993 et
Akerlof 2002 (pour l’asymétrie de l’information et la sélection adverse).
-Coase : (1937 ,1984 ,1997) : En 1937, Ronald Coase (prix Nobel d’économie, 1991), écrit un
article retentissant sur « la nature de la firme ». Celle-ci se caractérise par une coordination
hiérarchique alternative à la coordination par les prix et donc par un autre type d’allocation des
ressources que celui résultant des « transactions d’échange ». Or, que la firme soit un lieu de
répartition des ressources par le propriétaire et non un marché de « facteurs de production »
Alors Coase se pose la question de savoir : « Pourquoi existe-t-il une firme ? » (Coase, 1937). Dans
son article il essaye de montrer que le recours au marché n'est pas gratuit. Dans l'esprit de Coase, il
s'agit de se demander pourquoi il existe quelque chose comme des firmes. Si comme le soutien
l'analyse économique classique, le recours au marché est toujours ce qu'il y a de plus efficace,
comment expliquer qu'il existe des firmes qui s'organisent en interne pour ne pas avoir à recourir au
marché ? Sa réponse est qu'il existe un coût lié au marché et qu'il s'agit là d'un mode de coordination
comme un autre. Par conséquent, pour limiter les coûts de transaction, les firmes ont intérêt à
internaliser une partie de leur production. En donnant à l'entrepreneur la décision d'allouer les
ressources au lieu de s'en remettre au marché, on économise du temps pour chercher le bon prix, on
limite les coûts liés au contrat et on restreint l'incertitude. Ainsi Coase affirme que si la firme existe,
c'est justement parce qu'elle permet d'économiser les coûts de transaction nécessaire sur un marché.
-Demsetz 1967 ironisait en faisant référence au marché comme un état idéal de Nirvana. Pour
Coase, si la firme existe, c’est que, dans certaines circonstances, mais pas dans toutes, elle
permet l’exécution de transaction à des couts inférieurs à ceux du marché. Ce qui caractérise
la firme, c’est l’absence d’un système de prix, remplacé par un mécanisme interne de
coordination. La main invisible des prix cède la place à celle, bien visible, des propriétaires et
dirigeants. La qualité des dirigeants, des consultants et des professeurs de management ne
sont plus variables négligeables.
-North (1981, 1990,1994) est un historien des institutions de l’économie dont la contribution
principale est d’avoir expliqué pourquoi la croissance économique existe dans certains pays et
pas dans les autres. L’environnement institutionnel formel (pouvoir politique, légal et
administratif) et informel (culture, normes, valeurs) détermine les règles du jeu économique,
qui servent d’incitations pour les entrepreneurs. Lorsque l’environnement institutionnel est
crédible, les incitations sont positives, les transactions entre agents économiques
s’intensifient, leur coût unitaire baisse, l’investissement et la croissance sont au rendez-vous.
Lorsque les incitations sont peu crédibles, lorsque le politique est dictatorial et s’approprie par
la force, la rente des entrepreneurs, c’est l’inverse qui se produit avec son cortège de sous-
développement et de pauvreté. Chez North, comme pour la plupart des néo-institutionnalistes,
c’est le politique qui définit les règles du jeu économique, à l’inverse des libéraux et des
marxistes.
-Akerlof, prix Nobel 2002, est très cité pour son article de 1970 sur les « citrons » (en
anglais : « lemons », terme argotique signifiant « nanard » ou rebut). Il démontre que dans un
système de prix, l’asymétrie d’information entre vendeurs et acheteurs amène les premiers à
garder les bons produits et à sélectionner les mauvais pour les vendre. Le vendeur est en effet
souvent le seul à posséder l’information lui permettant de faire la distinction entre ses qualités
de produits. Il peut vendre ainsi les mauvais au même prix que les bons. Le « marché » fait
donc une sélection adverse, ou de façon plus imagée « la main invisible se met le doigt dans
l’œil ».
-O. Williamson intègre bien les apports de North, Coase et Akerlof : C’est l’environnement
institutionnel qui détermine les règles du jeu pour le choix des modes de gouvernances
(W.1998).
La firme et le marché sont les deux institutions de l’économie qu’il analyse en premier 1975
avant d’y rajouter les formes hybrides 1985 et 1994. L’asymétrie d’information est l’une des
formes de l’opportunisme ex-ante 1985 et 1994.
ce stade, l’idée centrale dans la théorie des coûts de transaction c’est d’éviter les
tribunaux et le règlement judiciaire. Anticiper les sources de conflits potentielles pour
minimiser les coûts.
1) Par coûts ex post, il est fait allusion aux coûts de mise en place et de bonne marche du
système ;
3) Les coûts survenant assurent le respect des obligations prises par les parties au préalable
(De fait, elles se trouvent liées par le contrat initial et par la nécessité de trouver une solution
commune aux coûts ex post survenant en dépit de leur volonté).
il faut remarquer donc que les coûts ex ante et ex post sont interdépendants. Des coûts
signifieront que la négociation du contrat fut âpre mais à la fin cela réduira
logiquement les coûts ex post car l’accord trouvé été à la satisfaction des deux parties.
-Toutefois, il se peut que les couts ex post apparaissent, parce que la conclusion du
contrat fut laborieuse et que des points de litiges initialement présents sont encore
présents à la conclusion du contrat. Il n’existe pas une solution prête.
B : Postulats comportementaux :
Supposant la conclusion d’un contrat, voila l’arbitrage qu’il faut faire dans la
production d’un bien parlant de la firme ou marché.
Selon Williamson, il faut tenir compte à des autres variables dans l’évolution de la
situation, le postulat comportemental des individus au sein de la firme et sur le
marché. Reprenant les idées de Thomas Hobbes et d’Herbert Simon, et Williamson
dit que les individus sont :
1. Dotés d’une rationalité limitée (bounded rationality);
2. Sujets à l’opportunisme.
1 : La rationalité limitée :
C’est Simon 1947, qui a développé le concept de rationalité limitée, cela veut dire
l’incapacité à être totalement informé, prévoir et comprendre les réactions des
fournisseurs, des clients, des employeurs ou bien des concurrents. Ainsi, qu’eux même
ne savent pas de ce qu’ils vont faire forcément. Williamson à repris ce concept en
donnant hommage à Simon.
2 : L’opportunisme :
Parlant du deuxième axiome behavioriste qui est apporté par Alchian et Demsetz 1972
c’est l’opportunisme, qui s’est repris par Williamson 1975.
L’opportunisme c’est la volonté des individus d’agir dans leur intérêt personnel en
trompant l’autrui volontairement.
Le concept d’opportunisme a été critiqué violemment par Gochal et Moran 1996 qu’ils
cherchent à établir une théorie économique sur la base de la notion de la confiance.
Williamson 1996 ,1999 a répondu patiemment et dans le détail dans une grande
réplique était déjà inclut dans une digression de trois pages sur l’opportunisme
(Williamson 1985), mais probablement mal comprise ou non lue par ses détracteurs.
Ghertman 2000, il a souligné de façon humoristique et partiellement sarcastique en
ajoutant que Ghoshal et Moral 1996 auraient critiqué Alchian et Demsetz 1972, parce
qu’ils sont les créateurs du concept, repris ensuite dans les nombreux travaux de
Williamson.
Certes, ce n’est pas parce-que l’on affirme que l’opportunisme existe, que l’on
partisan de son développement. La confiance existe aussi. La confiance n’est pas un
concept opérationnel pour choisir entre des modes de gouvernances. Il faut bien se
prémunir contre le risque de l’opportunisme. En effet, si la confiance existait vraiment
entre nous, donc pourquoi il existe l’écriture du contrat ou avoir tant d’avocats. Chez
Williamson, les contrats existent pour définir clairement quelles sont les obligations de
Principal et les agents. Alors le point principal de la théorie des contrats est que pour
enrayer l’opportunisme et la rationalité limitée de l’agent. C’est pour cela il faut avoir
un contrat clair entre eux pour atteindre au résultat escompté en minimisant les coûts
de transaction.
Grosso modo, un bon contrat c’est une question importante, si le contrat est clair, il y
aura moins de risque de friction entre les parties et tous seront satisfaits du résultat.
C : Les Attributs des transactions :
Williamson parvient à une typologie de l'environnement selon trois critères : la spécificité des
actifs, le degré d'incertitude et la fréquence des transactions.
1. La spécificité des actifs
a. Qu’est-ce qu’un actif spécifique ?
On dit qu’un actif est spécifique lorsque sa valeur d’usage est d’autant plus supérieur que sa
valeur d’échange. Qu’il soit tangible ou pas, un actif spécifique a une valeur particulière
exclusivement dans le cadre de la relation pour laquelle il a été réalisé.
Ainsi, (Williamson en 1994, a écrit :"Des actifs spécialisés ne peuvent pas être redéployés
sans perte de valeur productive en cas d'interruption ou d'achèvement prématuré des contrats"
(Williamson, 1994, p. 77).
Ainsi, dans le cas d'actifs spécifiques, la continuité (plutôt que la cessation) de la relation est
recherchée par le partenaire ayant réalisé de tels investissements.
Donc, afin de sécuriser ces investissements, il est souvent nécessaire de mettre en place des
garanties contractuelles et organisationnelles lors de la signature du contrat liant les deux
parties.
C’est pour cela que l’économie des coûts de transaction développée par Williamson repose
sur un principe fondamental : « En situation de spécificité des actifs, la forme
organisationnelle hiérarchique c’est à dire « la firme » comme le conçoit Coase, apparaît
comme la solution optimale, c’est à dire qui permet grâce à la « propriété unifiée » de
neutraliser les risque opportunistes associés à l’échange
On peut ainsi déduire que les solutions contractuelles perdent leurs efficacités et accroissent
les coûts de transaction rapidement, que ce soit les coûts ex ante (coûts sont associés à la
rédaction, la négociation et la garantie d'un accord c’est à dire liés à l’élaboration du contrat)
et ex post (les coûts d’évaluation et de contrôle du bien ou service fourni, les couts de recours
à une deuxième opinion, les couts d’établissement d’engagement surs… etc.
C’est ce besoin de protéger ses actifs spécifiques et de minimiser ces coûts engendrés par la
contractualisation de ces derniers qui pourrait provoquer éventuellement cette décision
d’intégration
Cependant, ça va de soi qu’il n’existe pas un seul type de spécificité d’actifs puisqu’il n ya
pas qu’un seul type d’actifs.
Williamson distingue entre 6 spécificités d’actifs que nous allons voir tout de suite, cependant
nous allons nous attarder d’avantage sut l’analyse des 2 premières qui sont La spécificité du
site et La spécificité physique.
Cette spécificité est liée à la localisation de l’actif, c’est-à-dire l’endroit de ces actifs dans un
processus de production localisé. Quand les deux partenaires d'installer leurs unités de
production proches les unes des autres. Le coût serait donc celui de leur relocalisation,
néanmoins ce phénomène entraîne une réduction des coûts de transport, des coûts de stockage
et d’inventaire (un seul stock commun suffit, le fournisseur y entreposera ses propres produits
intermédiaires qui serviront d'inputs à l'entreprise cliente). Mais, une fois l'investissement
réalisé, apparaît une situation de « lock-in » (Boissin, 1999, p. 10)
En d’autre termes « Si un fournisseur s’installe près de son client, il minimise des coûts de
transport et de stockage, cependant il limite aussi les possibilités de redéployer cet
investissement dans le local vers d’autres clients.
Donc on comprend tout de suite que cette spécifié concerne les situations d’immobilisation
d’actif ex ante ou en amont
Spiller a pris la distance géographique entre les entités observées comme indicateur de
spécificité de site dans le cas de fusions-acquisitions verticale (en amont ?), et a ainsi constaté
une forte corrélation inverse entre distance géographique et performance des firmes intégrées.
Plus la distance augmente plus, moins les performances sont élevées.
Ce résultat confirme l’impact de cette spécificité et les hypothèses sur sur les avantages de la
coordination verticale hiérarchique
conclusion : L’intégration verticale en amont s’avère plus fréquente empiriquement lorsque
s’accroissent les économies d’échelles, les coûts de transport, mais surtout la spécificité
d’actifs
Leur impact émerge plus fréquemment dans les décisions de « faire » ou de « faire faire » les
diverses composantes d’un ensemble, en ce sens, ces choix ont été beaucoup étudiés dans
l’industrie automobile qui sont fortement utilisatrices de la sous-traitance
Elle peut aussi concerner l’intégration en amont lorsqu’il est nécessaire d’élaborer des
équipements spécialisés de production que nécessite la fabrication d'un bien particulier
La première s’appuie sur le jugement d’expert pour évaluer le degré de spécificité des
actifs physiques en mesurant le degré de contenu d’ingénierie incorporé dans sa
fabrication (Montever de et Teece 1982)
Une autre mesure est le degré de spécialisation de l’investissement en tant que tel, càd
l’intensité concurrentielle qui caractérise l’offre du composant.
En effet l’article de Anderson et Schmitten 1984 étudie les choix organisationnels de réseau
commercial : ainsi ce dernier peut soit être confié au personnel de la firme et on parlera dans
ce cas-là de l’intégration verticale, soit à des agents commerciaux indépendants, et on parlera
ici de contractualisation de la transaction. Leurs analyse dans cette articles s’est porté sur le
type d’organisation des territoires commerciaux de producteurs américains de composants
électroniques.
John et Weitz 1998 proposent une mesure de la spécificité de l’actif humain, celui-ci sera
mesuré par le temps nécessaire à un nouvel agent expérimenté pour se familiariser avec les
caractéristiques du produit
Là aussi la principale conclusion avec laquelle ils se sont trouvés est que l’augmentation de la
spécificité des actifs élèves la probabilité d’intégration verticale.
Les actifs dédiés sont des investissements physiques ponctuels dans des sites généralistes
effectués à la requête d’un client particulier.
C’est-à-dire la possession d’une marque reconnue comme telle par les acheteurs ou, si l’on
préfère l’image de marque, constitue un actif spécifique.
La spécificité temporelle
La spécificité temporelle peut être analysée comme une spécificité de site dans laquelle le
besoin de réponse en temps réel d’actifs humain sur place est nécessaire. Cette catégorie,
développée dans leur étude des chantiers navals par Masten, Meehan, et Snyder (1991),
renvoie aux contraintes de logistiques afférentes à l’enchaînement des opérations de
construction des navires. Plus largement, elle désigne tout besoin de coordination temporelle
ou de « réponse simultanée » dans un processus de production.
Cc/ Même s’il existe une multiplicité des sources de la spécificité des actifs, la conséquence
principale de cette spécificité sera toujours la même : la dépendance bilatérale des
cocontractants à ce type de transaction. Williamson insiste particulièrement, parmi les
attributs de la transaction, sur la spécificité des actifs parce qu’elle pose un problème
particulier dans le cadre d’une analyse en termes de coûts de transaction. En effet les
partenaires gagnent à maintenir leur relation. Mais, simultanément, cette relation occasionne
l’émergence d’opportunisme. L’un des partenaires peut avoir intérêt à exproprier la quasi-
rente créée lors de la relation et/ou les investissements effectués par le cocontractant, comme
le démontre Klein, Crawford&Alchian, 1978 dans leur étude de General Motors et Fisher
body que nous allons exposer par la suite dans la partie étude empirique.
2. L’incertitude
Le modèle de base exposé par WILLIAMSON ne prend en compte que l’incertitude de type
comportemental, cependant de nombreux travaux empirique ont fait surgir le besoin de
compléter cette notion d’incertitude aussi complexe qu’elle le soit par une incertitude externe
décomposé en 2 aspects ; l’environnement sociopolitique et les évolutions du marché.
L’incertitude comportementale
L’incertitude est liée à la prise en compte de la rationalité limitée et à l’opportunisme des
agents. Pour Williamson, le facteur essentiel d’incertitude repose sur l’opportunisme des
agents : « l’incertitude comportementale, en particulier, a une importance spéciale pour
comprendre les sujets étudiés par l’économie des coûts de transaction ». Cette incertitude est
qualifiée de stratégique ou comportementale car elle liée à la volonté de certains agents de ne
pas divulguer des informations, ou de divulguer une information incomplète et/ou trompeuse.
L’incertitude est élevée dès lors que le nombre d’agents est faible. Plus généralement,
l’incertitude comportementale n’est pas un problème en soi dès lors qu’il y a suffisamment
d’agents substituables entre eux, c’est-à-dire une situation de marché de grand nombre.
L’incertitude devient problématique dès lors qu’il y a peu d’agents en mesure de contracter, et
c’est très souvent le cas lorsque les actifs sont spécifiques.
Dans l’étude déjà mentionné, Anderson et Schmitten ont intégré dans leur modèle
économétrique la dimension de l’incertitude interne. Celle-ci a été mesurée dans ce modèle
comme la difficulté de mesurer la performance réelle des agents commerciaux, étant donné
que cet actif spécifique est HUMAIN et sa relation avec l’incertitude comportemental est
étroite comme a précisé Liebenstein (1982)
En revanche l’impact de l’incertitude est plus clair et dissocié de la notion de spécificité dans
le contexte international là où différentes différences socioculturelles entrent en jeu, comme le
montre Shane en 1992 et 1995 dans son étude sur l’influence des différence culturelles sur les
formes d’investissement à l’étranger , plus le centre de décision est loin, plus les
multinationales américaines préfèrent l’investissement direct (qui peut être assimilé à
l’intégration) au détriment à la licence, c’est-à-dire la contractualisation de la transaction.
L’incertitude environnementale
L'impact de' l'incertitude environnementale sur les choix d'organisation a été particulièrement
étudié dans le cadre du développement international de la firme. L'incorporation à l'analyse de
la diversité de ces environnements constitue l'originalité de l'approche, en effet la principale
spécificité du champ international vis à vis de l'analyse nationale réside dans une altération de
la nature de l'incertitude externe: qui émane à présent de la technologie des différences
sociales, l'écart culturel, la stabilité politique, etc.... qui créent un niveau d'incertitude pour
l'investisseur.
Davidson et McFetridge [1984, 1985] analysent les circonstances dans lesquelles il est plus
avantageux d'internaliser les transactions à contenu technologique.
Donc l'internalisation est plus probable lorsque les technologies sont innovantes et lorsqu'elles
impliquent un niveau élevé de R&D car la transmission en interne de la maison-mère vers une
filiale étrangère est donc un moyen de protection des technologies et des savoirs innovants,
beaucoup plus que la joint-venture ou la licence.
C'est ce que confirment également Gatignon et Anderson [1988] qui testent les choix
organisationnels des multinationales américaines lorsqu'elles s'implantent à l'étranger.
Ces deux auteurs ont également démontré que dans les pays à fort risque politique, les firmes
évitent effectivement de posséder entièrement la filiale.
D'autres travaux comme ceux de Gomes-Casseres [1989] démontrent que les multinationales
choisissent plus volontiers d'entrer dans un pays via une joint-venture c’est-à-dire une co-
entreprise plutôt que l’acquisition de la firme d’accueillons qu'elles ont une faible
connaissance des marchés locaux.
Il est donc logique de constater que les filiales implantées dans les industries mobilisant
d'importantes ressources en marketing utilisent plus que les autres industries la solution de la
joint-venture quand elles ont besoin de connaissances sur les modes de distribution, les
comportements de consommation et les attentes spécifiques d'un marché local.
Les facteurs politiques et socioculturels influent donc nettement sur les choix d'organisation à
l'international.
c/c : Ces travaux soulignent dans leur ensemble trois dimensions importantes.
D'une part, l'incertitude apparaît comme un concept complexe en économie des coûts de
transaction dont il faut préciser le contenu. Bon nombre des apparentes contradictions que l'on
peut relever proviennent d'un manque de définition explicite des termes. D'autre part,
l'incertitude joue un rôle déterminant dans les choix d'intégration.
En dépit des problèmes de mesure, les travaux empiriques tendent à apporter des conclusions
cohérentes lorsqu'ils prennent en compte la spécificité des actifs
En revanche, les résultats semblent beaucoup plus contradictoires lorsque cette dimension est
absente. Il paraît donc se confirmer que spécificité des actifs et incertitude forment deux
dimensions fortement liées l'une à l'autre.
Les transactions peuvent être fréquentes comme lors des approvisionnements d’un restaurant
ou peu fréquent ou même uniques comme dans le cas de la construction d’un barrage ou
d’une université. Plus les biens échangés sont standards, c’est-à-dire ayant un très faible
niveau de spécificité des actifs, et d’incertitude interne, plus les transactions seront fréquentes,
plus le marché sera le mode de gouvernance choisi. Par contre, plus la spécificité des actifs et
l’incertitude interne seront élevées et la fréquence des transactions sera faible, plus on aura
affaire à un contrat ou à une opération interne au sein d’une hiérarchie.
La fréquence n’est pas forcément l’attribut des transactions le plus important lors du choix
d’un mode de gouvernance.
Walker et Weber [1984] ont été certainement parmi les premiers à tenter de considérer à la
fois coûts de transaction et coûts de production. Avec un terrain d'enquête proche de celui de
Monteverdi et Teece, Walker et Weberétudient un échantillon de soixante décisions prises
dans une division d'un grand constructeur automobile américain en charge des composants sur
une période de trois ans. Trois dimensions principales sont prises en compte: l'incertitude, les
coûts de production et la spécificité des actifs.
Walker et Weber, pour un composant donné, comparent les différences de coûts de production
en interne et en externe. Ils attribuent l'essentiel du pouvoir explicatif aux coûts de production
comparés bien plus qu'à la spécificité et l'incertitude d'origine technologique.
Le critère définissant la forme qui doit être adoptée est évidemment un critère d’efficacité
(efficient gouvernance). L’arrangement institutionnel qui minimise les coûts, c’est-à dire les
coûts de réalisation du contrat ainsi que les coûts de transaction seront choisi.
1. Contrat classique
Ce type de contrat correspond à l'échange tel que pratiqué traditionnellement dans un
mécanisme de marché, C'est-à-dire une transaction ponctuelle dont l'objet est parfaitement
délimité et, où toutes les éventualités sont prévues. L'identité des parties importe peu et la
relation contractuelle est impersonnelle ;
2. Contrat néoclassique
Les deux faits marquants dans ce cas-ci sont le type de relation (long-terme) et le fort degré
d'incertitude.
Dans ce cas, il n'est pas possible de prévoir à l'avance l'ensemble des éventualités et les
adaptations qui seront nécessaires, il y a donc possibilité de comportements opportunistes,
pouvant occasionner des conflits dans la mise en place du contrat. Une solution consiste à s'en
remettre à l'arbitrage d'un tiers. Ce type de contrat implique deux éléments, une certaine
flexibilité et un certain degré de confiance entre les parties ;
Le marché : son concept enchaine plusieurs malentendus parce qu’il a des sens variés
et parfois divergeant. Cela veut dire parlant des partenaires signant des contrats, ils
concluent au marché. Pour une entreprise soumissionnant à une offre publique d’achat
si elle a réussi c’est parce qu’elle a obtenu un marché c'est-à-dire dans ce cas là le
client. En marketing un marché représente un ensemble de clients. En stratégie un
marché est soit un couple produit-client ou une triade technologie-produit-client ou
bien le terrain sur lequel les entreprises s’affrontent pour obtenir des clients ou des
ressources.
- À-propos la théorie des coûts de transaction, elle n’utilise aucun des sens cités ci-
dessus, parce qu’elle tient au concept de marché de l’économie néo-classique, c'est-à-
dire le marché c’est un système de prix dans lequel la firme est une fonction de
production.
Les firmes : elles de font concurrence pour les clients ou des ressources. Estimer que
la concurrence entres des firmes qu’ils ont un niveau de spécificité des actifs
conséquents et d’un marché qui a un système des prix avec l’inexistence de la
spécificité des actifs ne peut engendre une confusion conceptuelle. Ainsi, lorsque
deux entreprises se vendent des produits, elles peuvent utiliser le marché si les
produits sont standard soit une forme hybrides comme le contrat récurent ou évolutif,
en cas de transaction répétitives pour la sous-traitance.
Les formes hybrides : Le premier effort de Williamson a été d’isoler les deux formes
extrêmes : la hiérarchie et le marché. Il a analysé les formes hybrides entre les deux
formes plus tard (Williamson, 1985). Les formes hybrides sont plus complexes à
étudier et nombreuses ils existent : contrat de fourniture ou de vente à court terme,
contrat récurrent à plus long terme, accord de licence de fabrication de sous-traitance
de franchise ou de marque. Les alliances sont des formes composites de contrats,
éventuellement nombreux, et de hiérarchies conjointes (filiales communes).
o Pour donner plus d’explication, la hiérarchie est le concept utilisé par Williamson
(1975, 1985,1995) pour parler de ce que l’on appelle la firme ou autrement dit
l’entreprise. Le concept d’hiérarchie se distingue de celui de marché pat le Fiat c'est-
à-dire l’acte d’autorité ou d’ordre qui tient lieu de mécanisme interne de coordination
pour Williamson.
o Les théoriciens de l’organisation : Bernard 1938, Simon 1947/1991 ou Mintzberg
1986, considèrent l’organisation comme un lieu peuplé d’acteurs ayant un objectif
commun avec des objectifs individuels différents et réunis par des mécanismes de
coordination.
o Donc ce qui vient de Simon 1947 c’est la décision de participer ou son contraire et la
possibilité de rester à son poste de travail en faisant le moins possible. La coordination
vient de Coase 1937 et Bernard 1938.
o Puis North 1990 qui a cité plusieurs auteurs pour expliquer le rôle de l’organisation :
Marglin 1974 qui y voit un instrument pour exploiter les travailleurs, Williamson
1975/1985 qui s’en sert comme d’un outil pour résoudre les problèmes de spécificité
des actifs et d’opportunisme et Barzel 1982 pour réduire les coûts de mesure et de
contrôle de l’activité économique.
o Les théoriciens de l’organisation et les économistes y voient donc des objets multiples
et variés. En plus pour Ghertman 1994, l’organisation peut difficilement être réduite à
une seule variable.
o La description de la hiérarchie comme un lieu d’exercice du Fiat ne correspond plus
aux prescriptions du management moderne (Hammer et Champy 1993/ Smith et
Ostroff 1993), mais plutôt à celles de Fayol 1916. Toutefois, selon Williamson 1985,
elle est nécessaire pour distinguer les formes de gouvernance discrètes que sont le
marché, la hiérarchie et les formes hybrides. L’utilisation d’autres mécanismes de
coordination, comme une identité commune avec des processus consensuels, toujours
sous contraintes de décision de recrutement ou de licenciement pris par la hiérarchie
ne change rien à la nature discrète (au sens algébrique) des modes de gouvernance.
Elles se composent des types de droit de référence, des modes d’adaptation et des instruments
de management.
-De ce fait, il peut être économiquement intéressant de passer par la firme plutôt que par le
marché afin d'économiser sur les coûts de transaction. L'utilisation de la firme est cependant
elle-même couteuse: Plus l'entreprise est grande, complexe, plus il est difficile de la
coordonner efficacement, par l'autorité et par les activités.
- Le choix entre marché et firme dépendra donc de la comparaison entre les coûts de
transaction et les coûts d'organisation interne. C’est cette raison, WILLIAMSON part de l'idée
qu'il faudrait maitriser et comprendre les formes de gouvernance des transactions pour cerner
les facteurs qui agissent sur les coûts. Le marché traditionnellement considéré comme
l'institution économique qui régit les transactions entre les différents agents économiques, est
retenu par plusieurs économistes classiques comme étant l'unique "mode de gouvernance" qui
détermine fondamentalement les couts des transactions.
Tableau : Comment distinguer les attributs des modes de gouvernance
L’intensité des incitations varie de forte pour le marché (++) à faible pour la firme (0).
C’est l’inverse pour le contrôle bureaucratique.
L’intensité de l’adaptabilité (A) varie de forte à faible du marché à la firme. C’est
l’inverse pour l’adaptabilité (B).
La possibilité d’intervention d’un tribunal varie de forte pour le marché à faible pour
la firme.
Toutes les intensités adoptent une valeur intermédiaire pour les formes hybrides,
quelle que soit la caractéristique du mode de gouvernance examiné.
L’analyse comparative des formes de gouvernance discrètes établit bien à la fois la
supériorité du « marché » sur la firme en cas de spécificité des actifs nulle et
l’infériorité marginale du marché pour tout accroissement du niveau de spécificité des
actifs.
Où :
Conclusion :
Cet exposé aura eu pour principal objectif de montrer l’importance des coûts de transaction en
évoquant l’objet qu’ils visent, tout en se basant sur les approches de COASE et
WILLIAMSON. Les transactions possèdent des attributs dont l’intensité, mesurée en coûts de
transaction, varie selon les modes de gouvernance, ou institutions de l’économie, utilisés
comme supports permettant de s’adapter aux variations de paramètres de l’environnement
institutionnel. L’objectif normatif est d’économiser sur les coûts de transaction, en choisissant
le mode de gouvernance approprié. Le choix se fait entre plusieurs modes discrets avec un
classement ordinal de chacun des attributs.
Les transactions sont l’objet et l’unité d’analyse, ce qui permet une amélioration des
connaissances sur les formes hybrides qui représentent la plus grande partie des transactions
(Hennart, 1993), dont les alliances qui continuent de croître.
Pas étonnant que les barrières à l’entrée de ce champ théorique soient élevées et que certains
(Ghoshal et Moran, 1996) se concentrent à critiquer, de façon souvent maladroite ou peu
sérieuse, une seule variable, pour éviter de faire l’effort d’apprendre et de tout comprendre
avant de pouvoir critiquer de façon constructive.
Pourtant l’enjeu est de taille. Sans Williamson, difficile de comprendre les formidables
vagues de fusions-acquisitions ou le développement accéléré et mondial des franchisés du
fastfood de l’hôtellerie ou des salons de coiffure. En effet, il a joué un rôle charnière pour le
changement de doctrine des tribunaux, prenant en compte la spécificité des actifs comme
moyen d’économie. Son influence sur le management s’accroît grâce au développement
d’outils pratiques et de leur enseignement par la méthode des cas. L’horizon est encore vaste :
tester les propositions sur les attributs des modes de gouvernance, faire des travaux théoriques
et empiriques sur les changements des modes de gouvernance. Les bases établies par
Williamson en font un grand classique du management, mais aussi de l’économie et du droit,
dont l’influence se fera certainement sentir pendant plusieurs générations.
Bibliographie :
Ouvrage :
BERTRAND Q., Les frontières de la firme, 2002.
CHABAUD D., GLACHANT JM ., PARTHENAY C., Les grands auteurs en
économie des organisations , EMS édition, 2008.
MAGALI CH ., ANALYSE ECONOMIQUE DE LA FIRME , 2014.
Revues :
BERTRAN Q., l’économie des couts de transaction : un bilan des études empirique
sur l’intégration verticale, Revue de l’économie politique, 1997.
Articles :
BONET L., érudit « Proudhon – Coase : la propriété de la firme », Revue
internationale de l'économie sociale : Recma, n° 317, 2010.
CHASSAGNON V ., Qu’est-ce qu’une firme (-réseau) ?, 9 Avril 2009.
COASE RH., La nature de la firme, 1937.
Thèses et mémoires :
HADJAR A., Gouvernance et Performance des PME dans les Pays en Transition,
2015.
LAVASTRE O., Les Coûts de Transaction et Olivier E.Williamson : Retour sur les
fondements.
JOST S., La théorie des coûts de transaction de Williamson et la surveillance des
banques dans l’UE, 2004.
TANGUY L ., De la théorie des coûts de transaction à une économie des coûts de
traduction, 27 Février 2012.
Webographie :