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M. Abdellatif HAMZANE
Doctorant-chercheur, ENCG Settat, Université Hassan 1er
Mme Nezha BAGHAR
Professeur à l’ENCG Settat, Université Hassan 1er
M. Said EL MEZOUARI
Professeur à l’ENCG Settat, Université Hassan 1er
Résumé :
Le développement des marchés financiers, l’importance de la transparence des informations
financières divulguées, les conséquences de la mondialisation ont fait évoluer la science
comptable, notamment au niveau de sa dimension relative à l’information financière. Pour le
cas du Maroc, le référentiel comptable marocain est resté figé face aux changements induits
par les normes IFRS. Le processus de convergence de normes comptables avec les référentiels
internationaux (IFRS) s’est pour l’instant limité aux groupes du secteur financier et aux
sociétés cotées.
Notre article aborde l’impact de l’introduction des normes IFRS au Maroc à travers l’analyse
des avantages et des contraintes d’application au secteur de la promotion immobilière à la
lumière de l’actuel projet de convergence du Code général de la normalisation comptable –
CGNC- vers les normes IFRS.
Mots clefs :
Harmonisation comptable, IFRS, cadre conceptuel, juste valeur, code général de la normalisation comptable,
référentiel comptable marocain.
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Introduction Générale :
2
Notre article tente de présenter les premiers impacts de l’introduction des normes IFRS au
Maroc à travers l’analyse des avantages et des contraintes d’application au secteur de la
promotion immobilière à la lumière de l’actuel projet de convergence du Code général de la
normalisation comptable –CGNC- vers les normes IFRS.
1. APERÇU SUR LE CONTEXTE D’AVANCEMENT DANS
L’ADOPTION DES NORMES IFRS AU MAROC :
Les normes comptables internationales IFRS on introduit une véritable révolution culturelle
en Europe et dans le monde en prônant des comptabilités plus réelles au lieu et place des
comptabilités actuelles basées sur des informations plus juridiques et fiscales et le coût
historique, ainsi a-t-il déclaré le grand expert-comptable Pierre Gatet lors d’une conférence
tenue à l’ISCAEi, Casablanca en novembre 2007.
M. Gatet a déclaré que ce référentiel comptable constitue une opportunité d’optimisation des
processus financiers, de la production des comptes au pilotage de la performance et à la
communication financière externe et interne.
1.1 RAPPEL DU CONTEXTE DE L’ADOPTION DES NORMES IFRS AU MAROC
Dans un contexte marqué par l’ouverture des économies à l’échelle internationale et la
prolifération des échanges internationaux, le référentiel comptable marocain ne peut plus
répondre aux besoins de l’ensemble des partenaires (nationaux et étrangers). De ce fait, le
maintien de son adoption constitue une entrave au développement des économies. En effet,
plus une économie est ouverte sur l’international plus elle est appelée à parler le langage en
vigueur au plan international. Ce qui explique la logique de l’harmonisation du système
comptable permettant aux Etats d’intégrer la dimension internationale et les exigences des
investisseurs étrangers et des marchés financiers en général.
L’adoption des normes comptables internationales IFRS au MAROC a constitué :
- Une réponse au contexte international eu égard au degré d’ouverture de l’économie
marocaine à l’échelle internationale,
- Une réponse aux recommandations émises par des instances nationales (Comité de rédaction
du Code Marocain de Bonnes Pratiques de Gouvernance d’Entreprise) et internationales (la
Banque Mondiale).
- Une réponse aux exigences du contexte international
Au Maroc, l’adoption des normes comptables internationales IFRS a été motivée par les
exigences du contexte international. En effet, une étudeii qui a été réalisée dans le cadre d’une
thèse doctorale, a porté sur 43 entreprises marocaines et a été centrée sur la connaissance des
facteurs qui expliquent le choix d’adoption des normes internationales par les entreprises
marocaines cotées. Les réponses collectées ont permis de conclure que la taille de l’entreprise,
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la présence d’actionnaires institutionnels ainsi que l’appartenance à un secteur financier
incitent davantage les sociétés marocaines à effectuer la transition aux standards comptables
internationaux.
Ainsi, il a été conclu que le choix de la transition aux normes IFRS est en relation directe avec
la nature de l’entreprise et l’environnement dans lequel elle se développe et développe ses
relations. Plus l’entreprise est grande ou appartient au secteur financier, plus elle a des
partenaires étrangers et a tendance à placer ses fonds sur les marchés financiers
internationaux.
De surcroit, nous pouvons dire que pour le cas des entreprises marocaines, qu’elles soient
cotées ou non cotées, l’adoption des normes comptables internationales IFRS constituent,
essentiellement, une réponse aux exigences d’adopter le langage comptables adopté par leurs
partenaires internationaux. En effet, l’existence d’un référentiel de normes uniques facilite la
lisibilité et la comparabilité des comptes et par conséquent constitue un facteur de confiance
additionnel pour l’investisseur permettant de renforcer la confiance, de stimuler
l’investissement et favoriser le développement et la croissance des entreprises.
- Une réponse aux recommandations émises par des instances nationales et
internationales
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Ainsi, afin de tenir compte de ces recommandations, les instances marocaines se sont
engagées dans des mesures importantes visant l’amélioration et le renforcement du dispositif
comptable.
Ceci a été traduit par l’instauration de l’obligation de présenter des comptes consolidés, selon
la législation en vigueur ou selon les normes comptables internationales IAS/IFRS, pour tous
les établissements de crédit, entreprises d’assurances et sociétés faisant appel public à
l’épargne.
Ainsi, il est démontré que cette adoption des normes comptables internationales constitue une
réponse directe aux recommandations émises afin de réaliser l’objectif de transparence et de
répondre au mieux aux besoins informationnels des investisseurs.
o Recommandations émises dans le cadre du Code Marocain de Bonnes
Pratiques de Gouvernance d’Entreprise:
L’analyse du cadre comptable marocain démontre bien que largement inspirée des
dispositions de la quatrième Directive européenne, la réglementation comptable marocaine
s’éloigne du cadre approuvé par l’IASC en 1989.
Les premières études (par exemple, Price Waterhouse International, 1973, 1975,1979)
considèrent les différences comptables à l’échelle internationale comme étant le résultat de
différentes options adoptées par différents pays pour traiter la même opération. Aussi, l’étude
réalisée par Ding et al. (2001) permet d’affirmer que les normes IAS sont comme des normes
de référence pour les pays émergents qui s’en inspirent largement en vue d’améliorer leur
système comptable.
Ainsi, les différences entre leur référentiel comptable national et celui international ne sont
pas considérablesviii.
• Différences au niveau de la qualité des destinataires des informations comptables :
Alors que l’IASBixaffiche clairement que l’élaboration des normes comptables internationales
vienne pour répondre d’abord aux besoins informationnels des investisseurs, destinataires
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privilégiés de la comptabilité, le CGNC, dans ses dispositions ne fait pas cette distinction
entre les utilisateurs des informations comptables.
• Vision prééminence de la réalité économique vs forme juridique
Le principe fondamental sur lequel se base les normes internationales IFRS consiste en :
« Substance over form». Selon cette vision, les traitements comptables doivent traduire le plus
fidèlement possible les opérations de l’entreprise tout en tenant compte des conséquences des
droits et obligations issus des contrats sans s’attacher, forcément, à la forme juridique.
Au Maroc, le Code Général de la Normalisation Comptable est fondé sur une approche
juridique et fiscale marquée par l’influence des formes et par le souci d'une stricte traduction
de la forme juridique des transactions.
Dans ce sens, lors des dernières assises x organisées en 2013 par le Conseil national des
experts-comptables, le président du conseil, M. Mohamed Hdid, a insisté sur les difficultés et
les lacunes du plan comptable marocain actuel et a déclaré que « le souci fiscal prime encore
sur celui purement comptable chez les opérateurs. Les deux sont entremêlés actuellement dans
la vie courante des entreprises, ce qui réduit leur efficience économique».
• Juste valeur vs cout historique
Parmi les différences majeures entre le CGNC et les normes comptables internationales, on
note le principe de « L’évaluation à la juste valeur ».
En vertu de ce principe, la valeur d'entrée d'un élément inscrite en comptabilité pour son
montant exprimé en unités monétaires courantes à la date d'entrée reste intangible quelle que
soit l'évolution ultérieure du pouvoir d'achat de la monnaie ou de la valeur actuelle de
l'élément, sous réserve de l'application du principe de prudence. Le problème de l'évaluation
se pose donc en particulier à chaque fois que l'entreprise élabore son bilan.
• Primauté du bilan sur le compte du résultat
Tandis que les normes internationales accordent une importance particulière au bilan en
fournissant des informations claires et détaillées sur la définition, la comptabilisation ainsi que
l’évaluation des actifs et passifs. Les charges et produits ne résultant que des variations de ces
actifs et passifs.
De surcroit, ces normes marquent une rupture avec un principe fondamental de la
comptabilité marocaine, celui de l’intangibilité du bilan qui impose que le bilan d’ouverture
doit correspondre au bilan de clôture de l’exercice précédent.
Ainsi, selon les IFRS des changements peuvent affectés le bilan de clôture d’un exercice après
sa publication. Dans ce cas, le bilan d’ouverture de l’exercice suivant sera produit en prenant
en charge tous les changements effectués.
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2. ADOPTION DES NORMES IFRS DANS LE SECTEUR IMMOBILIER AU
MAROC :
2.1 PRESENTATION DES PARTICULARITES DU SECTEUR IMMOBILIER AU
MAROC
• Au plan économique et financier :
Créateur d’emplois par excellence, le secteur de l’immobilier est, sans doute, l’un des secteurs
les plus dynamiques du pays. Aujourd’hui, ce secteur qui fait partie de l’une des grandes
priorités du Maroc, présente un fort potentiel, offrant plusieurs opportunités de croissance.
L'influence d'un tel secteur sur l'économie du Maroc est incontestable, de par l'effet
d'entraînement exercé sur d'autres secteurs et de par sa contribution aux recettes IDE
(Investissements Directs Etrangers) réalisées.
En effet, l’analyse des recettes des IDE par pays et par secteurximontre que le secteur de
l’immobilier (30% du total des IDE) a été le secteur le plus attractif en 2014, en enregistrant
10,8 milliards de dirhams, soit une hausse de 42% par rapport à 2013.
Les pays du Golfe convoitent davantage la région en termes d’investissements, avec pour
cible les projets immobiliers, touristiques et bancaires.
Les principales caractéristiques du secteur de l’immobilier au Maroc peuvent être synthétisées
comme suit :
▪ Un secteur dominé par les opérateurs privés :
La plupart des entreprises opérant dans la promotion immobilière sont privées, de création
récente et d'une taille modeste. En dépit du grand nombre des intervenants dans le secteur,
celui-ci reste dominé par quelques sociétés qui bénéficient d'une longue expérience dans le
domaine telles qu’ADDOHA, Groupe JAMAÏ, Groupe CHAÄBI, la CGI…etc.
En outre, les entreprises publiques opérant dans le secteur se sont restructurées au cours de
ces dernières années. En effet, l'Etat a décidé de regrouper trois organismes publics à savoir
l'Agence Nationale de lutte contre l'Habitat Insalubre (ANHI), la Société Nationale
d'Equipement et de Construction (SNEC) et la société Attacharouk en une seule entreprise,
Al Omrane qui a fusionné avec les établissements ERAC. Ceci permettrait une meilleure
compétitivité des entreprises marocaines et de faire face aux entreprises étrangères qui
commencent à s'implanter au Maroc.
▪ Introductions spectaculaires en bourse : Un secteur voué à la transparence
Le secteur a connu l’introduction en bourse d’importants opérateurs de l’immobilier au Maroc
ADDOHA, la COMPAGNIE GENERALE IMMOBILIERE, ALLIANCES et récemment
RESIDENCE DAR SAADA le dotant ainsi d’une image de transparence. D’ailleurs,
l’introduction en bourse des sociétés opérant dans le secteur immobilier ne va pas se limiter à
ces sociétés, d’autres puissantes sociétés nationales de la place ayant un savoir-faire et une
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qualité de prestations reconnus se préparent elles aussi à l’introduction en bourse dont,
principalement, Groupe Al Omrane….
Ainsi, l’engouement des sociétés marocaines du secteur immobilier pour l’introduction en
bourse témoigne de la naissance d’une nouvelle ère pour ce secteur : un secteur qui se
structure et s’organise en tendant de plus en plus vers la transparence tout en abolissant sa
principale caractéristique qui n’est autre que la pratique du noir.
▪ Attractivité pour les investisseurs : d’importantes arrivées des investisseurs étrangers
de taille
Le Maroc attire, au titre des IDE, 38% dans l’Immobilier et 14% dans le tourisme. Les pays
du Golfe convoitent davantage la région en termes d’investissements, avec pour cible les
projets immobiliers, touristiques et bancaires. En effet, le Maroc se situe dans les 10 premiers
pays au monde présentant le moins de risques pour investir dans l’immobilier.
Vu les opportunités offertes par le secteur immobilier et profitant du grand essor connu par ce
dernier, d’importants groupes étrangers leaders mondiaux du secteur de la promotion
immobilière tels que la société Maroco-Saaoudienne ASMA INVEST, la société immobilière
émiratie EMAAR Properties, les holdings émiratis DUBAI Properties et AL QUDRA
Holding, le consortium Koweitien CMKD, BOUIGUES IMMOBILIER…etc. ont choisi
d’investir au Maroc. Ceci permettra au secteur de profiter du savoir faire et de l’expérience de
ces grands groupes.
▪ Un secteur aux perspectives prometteuses :
Le changement démographique de la population marocaine aura des retombées positives
certaines sur le secteur immobilier. Le taux d'urbanisation enregistré a atteint près de 60%, et
il est prévu que ce taux atteigne près de 70% à l'horizon 2025. Cette évolution est en
corrélation avec la croissance démographique. Elle profitera au secteur de l'habitat dans le
sens où le nombre de foyers connaîtra une hausse liée à l'accroissement de la population
marocaine, entraînant le renforcement du nombre de logements. Les prévisions des besoins
cumulés en logements à l’horizon 2020 ont été estimées à 3 667 610xiicomme détaillé dans le
tableau ci après :
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• Tranche supérieure : Logement de standing moyen ou supérieur
• Tranche moyenne : Logement de standing moyen à économique
• Tranche inférieure : Logement économique à social
• Au plan règlementaire :
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dénommée « Ijar » ayant pour objectif de promouvoir l’offre locative en vue d’accompagner
la mobilité des ménages et de garantir une meilleure structuration du marché immobilier.
Cette stratégie envisage la mise en œuvre d’un ensemble de mesures visant, en particulier, la
sécurisation des loyers et la promotion du parc logement locatif.
- La mise en place du référentiel des prix comme premier pas vers une régulation du
marché de l’immobilier. La Direction Générale des Impôts a élaboré et publié au cours de
cette année 12 référentiels des prix des biens immobiliers dans les villes de Casablanca, Fès,
Marrakech, Oujda, Meknès, Settat, Agadir, El Jadida, Kenitra, Mohammedia, Nador et Béni
Mellal. Certes, la mise en œuvre de cet outil, qui est de nature à améliorer la relation de
confiance entre l’administration et le contribuable, éviterait à terme les redressements
systématiques sur les prix et favoriserait un marché de l’immobilier plus transparent.
- L’opérationnalisation des orientations relatives à la politique de la ville : Des avancées
ont été réalisées en matière de mise en œuvre des orientations des premières assises de la
politique de la ville de 2012. Du coté institutionnel et juridique, il s’agit, en particulier, de la
tenue de la première réunion de la commission interministérielle permanente de la politique
de la ville en octobre 2014, de la création d’une direction dédiée au sein du Ministère de
tutelle, de la préparation d’un projet de guide relatif à la politique de la ville et de la
conception d’un programme de formation des compétences dans ce domaine. Dans le même
sillage, il est à souligner le démarrage effectif des travaux de mise en œuvre des programmes
urbains de grande envergure qui ont été inaugurés, récemment, dans les grandes villes du
Royaume.
• Au plan comptablexiv
Le secteur immobilier présente des caractéristiques qui lui sont propres, ce qui justifie la mise
en place d’un plan comptable propre au secteur immobilier. Cette décision a été motivée par
les particularités propres au secteur immobilier dont les opérations se distinguent par :
- Un cycle de production qui s’étale en général sur plusieurs exercices : les opérations
de lotissement et de constructions sont des opérations particulièrement longues ;
- L’importance de leurs stocks étant donné le poids de la charge foncière, les travaux de
viabilisation et de construction ainsi que les charges financières relatives aux
financements mobilisés (l’immobilier étant un secteur très consommateur de fonds)
- La spécificité d’évaluation des stocks à l’achèvement (certaines dépenses restent à
prendre en charge alors que les opérations de construction sont achevées et les
réceptions techniques prononcées).
Le Plan Comptable du Secteur Immobilier (PCSI) est conçu de façon à satisfaire les objectifs
primordiaux de la normalisation comptable, à savoir :
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- uniformiser les modes de comptabilisation des opérations et assurer une lecture
uniforme des états financiers ;
- permettre la transparence et éviter les problèmes de divergence dans les interprétations ;
- se mettre en harmonie avec le cycle de production qui dépasse généralement les 2
années.
Le champ d’application du PCSI couvre :
- Les entreprises qui produisent ou achètent des locaux à usage professionnel ou des
unités de logements ou des lots de terrains nus ou équipés, en vue notamment de leur
vente ou de leur location.
- Les entreprises du secteur immobilier sont soumises à la loi n° 9.88 du 30 décembre
1992 relative aux obligations comptables des commerçants telle que promulguée par le
Dahir n° 1.92.138 du 30 Joumada II 1413 (25 décembre 1992) et aux prescriptions du
Code Général de la Normalisation Comptable (CGNC).
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Les principales spécificités comptables relatives au secteur immobilier sont liées
principalement aux problématiques suivantes :
▪ L’évaluation et la comptabilisation du chiffre d’affaires ;
• Le fait générateur de la vente est constitué par l’un des éléments suivants pris dans
l’ordre :
- Le contrat,
- L’établissement de la facture,
- La remise des clés ou des plans aux clients (si elle est préalable au contrat)
accompagnée d’un compromis de vente et appuyée par un P.V de réception signé par
le client.
• L’écriture devrait être enregistrée au fur et à mesure des ventes, soit attributaire par
attributaire, soit sur la base d’états récapitulatifs avec une analyse régulière des soldes.
• Si le client se désiste après la remise des clés, l’écriture de la vente sera contre-passée.
▪ L’évaluation des stocks des encours (lotissements et constructions) :
• Le PCSI prévoit la possibilité, pour les entreprises dont le cycle normal de production
est supérieur à 12 mois, d'inclure dans le coût de production les charges financières
courues pendant la période de production et relatives à des dettes contractées pour le
financement spécifique des dites productions.
• Dans le cas où des emprunts financent plusieurs projets, les charges financières sont
affectées, par répartition entre les différents projets en justifiant, au niveau de l'ETIC
(Etat des informations complémentaires, les modalités de répartition.
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▪ Provisions pour travaux restant à effectuer :
- Il arrive souvent que dans des opérations immobilières d’une certaine taille, la
réalisation par tranche s’impose et les entreprises sont amenées à réclamer des
réceptions provisoires des travaux afin de pouvoir céder les biens vendus sur la tranche
et encaisser les reliquats restant dus sur ces ventes pour alléger les besoins de trésorerie.
Ainsi, le calcul du prix de revient devant servir de base aux déstockages doit inclure
tous les coûts relatifs à cette tranche en tenant compte même des dépenses à venir dont
la réalisation immédiate est décalée dans le temps et la quote-part de la tranche dans les
équipements communs.
- Afin d’éviter de constater ces montants futurs en charges impactant les résultats des
exercices à venir, la société devra procéder au provisionnement des travaux restant à
réaliser, calculer le prix de revient en tenant compte de ces éléments prévisionnels et
maintenir ce dernier identique jusqu’aux dernières sorties.
- Ces provisions correspondent au coût des travaux à effectuer postérieurement à la
constatation de l’achèvement d’un programme pour permettre d’arrêter le coût total
d’un projet.
- Les travaux qui restent à effectuer doivent faire l’objet de notes détaillées permettant
d’apprécier la réalité et le montant de la provision constituée. La détermination du
montant de la provision pourrait être basée sur les données statistiques fondées sur les
dépenses engagées dans le passé et rapportées au coût définitif des projets achevés ou
estimations faites par le bureau d’études, consultants ou encore devis établis par les
entreprises.
▪ Opérations en maîtrise d'ouvrage déléguée (MOD) :
Conformément à la convention entre le mandataire et le mandant, les travaux ne sont engagés
sur ces opérations que si les financements propres à ces opérations sont disponibles.
Un programme MOD ne pourra supporter de charges financières que si la convention entre le
mandataire et le mandant le stipule expressément.
Dans ce cadre, des comptes spécifiques doivent être ouverts afin de suivre l’ensemble des
opérations traitées. En effet, les travaux en cours ne peuvent être classés parmi les stocks car
ils ne sont pas la propriété de l’entreprise.
Les comptes 348811 et 348812 serviront à enregistrer les coûts engagés pour les différentes
opérations où l’entreprise intervient en tant que mandataire. Ils seront subdivisés, à l’instar
des comptes de stocks pour les opérations afin de permettre de suivre les coûts engagés par
nature. Ces comptes enregistrent au débit les coûts engagés.
13
Le compte 4488 sert à enregistrer les « Avances programmes MOD ». Il est crédité par les
recettes liées aux programmes MOD par le débit des comptes de trésorerie.
2.2 PRESENTATION SYNTHETIQUE DES NORMES IFRS A VOCATION IMMOBILIERE
Dans cette partie, nous allons rappeler les principes normatifs des normes IFRS traitant
particulièrement des spécificités du secteur immobilier, à savoir :
▪ La norme IAS 2 « Stocks » :
L’objectif de la norme IAS 2 est d’établir les principes de comptabilisation et d’évaluation des
actifs financiers, des passifs financiers et de certains contrats d’achat ou de vente d’éléments
non financiers.
La norme IAS 2 définit la valorisation des actifs destinés à être vendus dans le cours normal
de l’activité. Elle précise :
• Les coûts à inclure dans les stocks.
• Les coûts à reconnaître en charges.
• L’évaluation des provisions sur stocks.
• Les méthodes de valorisation des stocks.
Son objectif est de s’assurer qu’une entreprise ne va pas surévaluer ses stocks pour
améliorer son résultat, ni les sous-évaluer pour constituer des réserves.
La norme IAS 2 traite des stocks qu’elle définit comme des actifs destinés à être vendus dans
le cours normal de l’activité et En cours de production Ou présents sous forme de matières ou
de fournitures devant être consommées au cours du processus.
▪ La nouvelle norme IFRS 15xvi « Comptabilisation du chiffre d’affaires » :
La nouvelle norme IFRS 15 a introduit des clarifications quant à la comptabilisation des
transactions complexes (comprenant plusieurs biens et/ou services). Cette norme est venue
remplacer la norme IAS 18 relative aux produits des activités ordinaires et la norme IAS 11
traitant les contrats de construction, ainsi que toutes les interprétations liées (IFRIC 13, IFRIC
15, IFRIC 18 et SIC 31). Cette norme s’applique à tous les types de contrats conclus avec les
clients et à tous les secteurs d’activité.
Pour ce qui est de l’apport de cette norme pour le secteur de la promotion immobilière,
certains contrats sont actuellement regroupés pour être suivis comme un contrat unique. Les
critères de regroupement fournis dans IFRS 15 ne devraient pas changer les pratiques
actuelles de manière significative. Toutefois puisqu’IFRS 15 n’envisage le regroupement de
contrats que dans le cas où ceux-ci ont été signés avec un même client ou des parties liées à ce
dernier et de manière concomitante ou rapprochée dans le tempsxvii.
14
▪ La norme IAS 23 « Coûts d’emprunt » :
La norme IAS 23 « Coûts d’emprunt » précise que les coûts d’emprunt, c’est-à- dire les
intérêts et autres coûts supportés par une entreprise dans le cadre d’un emprunt de fonds,
doivent être comptabilisés en charges dans l’exercice au cours duquel ils sont encourus.
Cependant, depuis les exercices à compter du 1er janvier 2009, les coûts d’emprunt
directement attribuables à la construction ou la production d’un actif qualifié (actif qui exige
une longue période de préparation avant de pouvoir être utilisé ou vendu) doivent être
incorporés dans le coût de cet actif, alors qu’il s’agissait d’une option comptable avant cette
date.
Les frais financiers incorporables sont ceux de la période de développement, c’est à dire:
• début de la période : à l’initiation des dépenses sur le projet ;
• fin de la période : à l’achèvement de la construction (délivrée par le constructeur ou
quasi-achevée) que le bien soit loué ou non et que le taux d’occupation soit atteint ou
non. La période de location de la construction n’en fait pas partie.
▪ La norme IAS 40 « Immeubles de placement » :
La norme IAS 40 précise le traitement des immeubles de placement qui représente la quasi-
totalité du patrimoine des sociétés foncières construisant des actifs en vue de la location ;
• Selon la norme IAS 40, un immeuble de placement doit être évalué, lors de
l’acquisition, au prix d’achat incluant les coûts de transaction (honoraires juridiques,
droits de mutation…) ;
• La société doit ensuite choisir comme méthode comptable de valorisation des
immeubles de placement soit le modèle de la juste valeur, soit le modèle du coût amorti.
Elle doit appliquer cette méthode de façon homogène à tous ses immeubles de
placement.
2.3 CONVERGENCE DU PCSI VERS LES NORMES IFRS : ESSAI D’ANALYSE DES
ENJEUX ET DES CONTRAINTES DE MISE EN ŒUVRE :
15
L’introduction des normes IAS/IFRS a souvent été décrite comme entraînant une révolution
de l’information financière. En effet, l’ambition du référentiel IFRS est de refléter la situation
économique d’une entité.
L’évaluation des actifs selon la juste valeur est une notion fondamentale en IFRS. Elles sont
en cela très différentes des normes comptables marocaines basées sur les coûts historiques. Il
pourra en résulter une plus grande volatilité des résultats des entreprises, en particulier pour
celles détenant d’importants actifs immobiliers dont la valeur est susceptible de varier en
fonction des cycles immobiliers.
Ainsi, l’adoption des normes IAS/IFRS constituera sans doute un géant chantier comptable.
En effet, les changements de méthodes comptables requis pour la conversion aux normes
internationales, ainsi que la masse d’informations rendue obligatoire en annexe aux comptes,
vont au-delà d’un simple jeu d’écritures comptables puisque ces normes font apparaître une
nouvelle manière d’appréhender la réalité comptable.
Le passage aux normes IFRS doit donc être clairement positionné comme un vrai projet
d’entreprise, impliquant les directions générales et l’ensemble des métiers piloté par les
directions financières et informatiques, et de longue haleine, mais avec des étapes
primordiales de choix, simulation et validation des options retenues où l’appel aux experts
comptables, aux conseillers externes et à des experts métiers s’avérera décisif.
En conséquence, à l’intérieur de l’entreprise, des automatismes, des réflexes professionnels
anciens sont remis en question. Une coordination nouvelle doit s’instaurer entre les
responsables comptables et différents acteurs – les responsables opérationnels, les directeurs
techniques, les contrôleurs de gestion.
• Enjeux de la convergence du PCSI vers les normes comptables internationales IFRS :
- La convergence vers les normes IFRS est un vrai projet d’entreprise nécessitant un réel
investissement dans le temps et dans les compétences :
Devant être qualifiée en tant qu’un vrai projet d’entreprise, la convergence du PCSI vers les
normes comptables internationales présente d’importants enjeux pour les entreprises. En effet,
Selon Gilbert Gélard ancien membre de l’IASB, et afin de ne pas s’exposer aux risques et aux
erreurs à ne pas commettre dans la réflexion sur le modèle de convergence adapté au cas
marocain, « Il vaut mieux prendre son temps et essayer d’écarter les obstacles qui empêchent
l’adoption définitive. Il ne faut pas croire qu’on va se rapprocher du système IFRS car les
normes évoluent très vite. Il faut également garder à l’esprit que ces normes, si elles sont
adoptées, seront inscrites dans la loi et seront, par la suite, difficiles à changer».
De même, l’adoption des normes comptables internationales IFRS engendre de nombreux
enjeux de taille auxquels devraient faire face les entreprises marocaines. Il est donc fortement
16
recommandé que ces dernières soient fortement sensibilisées et guidées afin de ne pas se voir
écartées des évolutions internationales qui, aujourd’hui, sont irréversibles.
- La convergence vers les normes IFRS est un chantier technique complexe:
17
Quelle que soit la voie adoptée, il en ressort une nécessite d’inscrire l’application des IFRS
dans une approche comportementale et organisationnelle. De ce fait, la mise en œuvre des
IFRS s’inscrit dans une relation d’agence, dans une interaction entre structures et
comportements des acteurs et dans des registres tels que la confiance, l’engagement
interpersonnel, le respect des règles tacites et le partage des connaissances formelles et
informelles. Les IFRS sont ainsi analysées comme vecteurs d’innovations managériales dans
les services comptables des entités.
Ainsi, l'implantation des normes IFRS comporte une redistribution des taches et des
responsabilités entre la fonction comptable et financière et les autres directions
opérationnelles.
• Principales contraintes de mise en œuvre des normes comptables internationales
IFRS :
L’application de ces normes n’est pas sans difficultés, du fait du nombre des divergences
qu’elles présentent avec les dispositions du CGNC et PCSI tant au niveau de la source du
droit, des principes comptables fondamentaux retenus, des règles d’évaluation, qu’au niveau
des règles de présentation. Nous citons à titre d’exemple l’utilisation de la juste valeur
(principale révolution des IAS/IFRS) qui vient se substituer à la notion du coût historique.
Toutes les personnes qui s’occupent de l’immobilier et parmi elles les administrateurs des
sociétés, les juristes, les experts comptables, les auditeurs externes ainsi que les investisseurs
doivent être conscientes des répercussions de ces nouvelles règles. Dans de nombreux cas, ces
normes internationales pourraient radicalement modifier les chiffres que les sociétés publient
comme actifs nets, bénéfices et taux de rendement du capital investi. Les changements vont
donc bien au-delà d’une question technique de comptabilité. Ils pourraient sensiblement
modifier la manière dont sont perçues les sociétés qui opèrent dans le secteur immobilier.
A titre d’exemple, les normes IFRS imposent une différenciation entre les immeubles de
placement (soumis à la norme IAS 40) et les autres immobilisations corporelles. La quasi-
totalité du patrimoine des sociétés immobilières construisant des actifs en vue de la location
(communément appelées sociétés foncières1) sera classé en immeubles de placement à
l’exception notamment des immeubles utilisés par le groupe et les immeubles en cours de
construction. Ces derniers seront valorisés au coût selon une approche par composants
(conformément à la norme IAS 16). Cette norme a peu de conséquences pour la plupart des
sociétés pour lesquelles la présence des immeubles de placement à leur bilan résulte de
raisons historiques et est en général temporaire.
18
CONCLUSION :
Les sociétés œuvrant dans le secteur immobilier au Maroc ne forment pas une classe
homogène. Elles se différencient aux niveaux de leur taille, de leur culture, de leurs ressources
financières et de leur capacité à s’internationaliser. Les utilisateurs de leurs états financiers
sont essentiellement leurs propriétaires/dirigeants, les banques et le fisc. Ces parties prenantes
ont des besoins d’informations différents.
Le projet de mise en place des normes IFRS est un projet d’entreprise, en effet, ces normes
apportent des modifications plus profondes au système d’information de l’entreprise,.
Ainsi, les entreprises doivent s’entourer de ressources humaines adaptées pour non seulement,
l’accompagner dans cette conversion, mais aussi l’aider à choisir les meilleures options
comptables pour le groupe. De ce fait, il semble tout d’abord important de former le personnel
comptable aux normes IFRS pour que ce dernier comprenne la philosophie de ces normes,
intègre les grands changements comptables et soit opérationnel au moment de la conversion
aux normes IFRS. Ceci est d’autant plus crucial que les entreprises ont souvent peu de temps
pour établir leurs états financiers.
La mobilisation des énergies est donc vitale à la réussite du projet de conversion en normes
IFRS qui doit conduire tous les acteurs de l’entreprise à anticiper le changement plutôt que de
le subir.
Enfin, nos travaux sur l’analyse des enjeux et des contraintes qui accompagnent la migration
du dispositif comptable marocain applicable au secteur immobilier au Maroc (Le Plan
Comptable du Secteur Immobilier – PCSI) vers le référentiel comptable international IFRS
continuent dans le cadre de nos différentes missions que nous réalisons auprès des sociétés
relevant du secteur immobilier. L’orientation de nos travaux vers d’autres aspects (financiers,
fiscaux…) va nous permettre de mettre l’accent sur le potentiel, l’opportunité et les enjeux
d’une éventuelle transition vers les normes internationales IFRS. Ainsi, nous suggérons de
suivre l’aboutissement de ce travail de terrain pour caractériser concrètement les attentes des
dirigeants et des cadres des entreprises du secteur immobilier au Maroc.
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