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ENOA Jean Durel mercredi 29 janvier 2020

SI L3

Sujet : le débat sur l’âge majoritaire au Cameroun

La question fait de plus en plus débat. En réalité, ce débat ne date pas


d’aujourd’hui. Il ressurgit plutôt avec les mêmes passions et la même
interrogation de fond à savoir : « Faut-il revoir la majorité électorale, pénale,
civile, matrimoniale etc. au Cameroun ? » La question n’est pas sans objet
puisque la majorité électorale au Cameroun est de 20 ans, L’alinéa 3 de l’article
2 de la Constitution lié au titre premier relatif à l’Etat et à la souveraineté est
clair et sans équivoque : « Le vote est égal et secret. Y participent tous les
citoyens âgés d’au moins 20 ans », celle matrimoniale étant de 15ans pour
homme et de 18 ans pour la femme... Force est cependant de constater que ces
privilégiés ont une prérogative à côté d’autres Camerounais qui auraient
certainement souhaité se retrouver dans la même situation qu’eux. Il suffit
d’observer l’engouement suscité par la première inscription auprès de quelques
jeunes pour se rendre compte que le devoir de voter est un privilège auquel de
nombreux citoyens aspirent. C’est dans cette controverse que le débat sur l’âge
majoritaire au Cameroun prend son sens.

Les débats font rage au Cameroun depuis que le Conseil électoral d’Elections
Cameroon (Elecam), l’institution en charge de la gestion des scrutins et
opérations référendaires a publié la liste des candidats retenus à l´élection
présidentielle du 7 octobre2018.Depuis lors, les camerounais s´expriment
abondamment pour l´un ou l´autre candidat par rapport à leurs âges. Que n
´entend-on pas çà et là dans les médias et les réseaux sociaux, au sein de la
diaspora comme sur place au Cameroun ? Ici, « Paul Biya est vieux, il doit
partir", " il a 85 ans, il a échoué“. Là-bas, " Serge Espoir Matomba (39 ans),
Cabral Libii Li Ngue Ngué(38 ans), Ndifor Afanwi Franklin(37ans) et Joshua
Osih (49 ans) sont très jeunes pour diriger le Cameroun", " qui les connait ?", "
ils ont déjà prouvé quoi aux camerounais ?, alors qu´ils restent tranquilles". Des
morceaux choisis qui ne laissent pas chaque candidat indifférent.
Pour la défense du candidat-président, Jacques Fame Ndongo, secrétaire à la
communication du RDPC indique fière allure que « Paul Biya a une vision, son
âge n’importe pas ». A ceux qui soutiennent qu´il est jeune et qu´il devrait
laisser la place aux plus vieux que lui, le candidat Cabral Libii rappelle ceci qu´"
á 29 ans Paul Biya est chargé de mission à la présidence de la République dans
le gouvernement du président Ahmadou Ahidjo, à 35 ans, il est nommé ministre
secrétaire général à la Présidence de république et qu´á 42ans, il est nommé
premier ministre du Cameroun". Même reproche aux autres jeunes candidat,
probablement, même réponse.

Certes, tout le monde ne peut pas voter. Ni au Cameroun. Ni ailleurs.


Néanmoins, il convient d’intégrer certaines réalités. Parmi lesquelles la
responsabilité pénale. L’alinéa 4 de l’article 80 de la loi N° 2016/007 du 12
juillet 2016 portant Code pénal énonce : « Le majeur de 18 ans est pleinement
responsable ». C’est tout dire par rapport à la capacité d’assumer ses
responsabilités à cet âge-là. C’est pour cette raison que certains estiment qu’à
l’âge de 18 ans, le citoyen peut assumer toutes ses responsabilités y compris
celle de voter si la loi lui en donne la possibilité. La notion de responsabilité à
l’âge de 18 ans est d’autant plus évidente que l’alinéa 3 de l’article 80 reconnaît
que « Le mineur âgé de plus de 14 ans et de moins de 18 ans, pénalement
responsable, bénéficie de l’excuse atténuante ». De là à solliciter
l’harmonisation entre la majorité pénale et la majorité électorale, il n’y a qu’un
pas que beaucoup n’hésitent pas à franchir. La majorité électorale pourrait alors
être révisée et ramenée à 18 ans au même niveau que la majorité pénale. Tant il
est vrai qu’on ne peut pas être pénalement responsable est l’être moins au plan
civique. Ou alors, on ne peut pas être responsable au plan civique et l’être moins
au plan pénal. Quoique déterminant, cet argument ne saurait faire pencher la
balance pour ou contre la révision de la majorité électorale. Ce n’est pas l’objet
de cette tribune. Il s’agit plutôt d’ouvrir le débat.

La fille est autorisée à se marier dès l’âge de 15 ans, à 18 ans elle est pénalement
responsable et à 20 ans elle est politiquement mâture, et il faut attendre 21 pour être
civilement responsable. C’est-à-dire que dès 15 ans elle peut déjà décider de lier son
destin à celui d’un homme avec lequel elle passera le restant de sa vie quitte à faire
valider son choix par ses parents.

C’est à 18 ans qu’elle peut être condamnée pour un acte commis, ce qui suppose que c’est à
cet âge-là qu’on lui reconnait le discernement nécessaire pour faire la différence entre ce qui
est bien et ce qui ne l’est pas. Et c’est finalement à 20 ans que lui est laissée la possibilité de
participer à une élection, ou de choisir celui qui sera en charge de la commune, du
département, de la Région ou du pays. Enfin dès 21 ans, elle peut librement signer un contrat
et prendre des engagements dans la vie civile sans avoir à se référer à qui que ce soit. Elle,
c’est la fille camerounaise, qui s’est jointe à d’autres filles de la planète le 11 octobre pour
célébrer la journée internationale des droits des filles. Organisée chaque le 11 octobre et
proclamée par les Nations unies. Cette situation est souvent vu pour certaine comme un sujet
a réfuter, dans la région de l’extrême Nord par exemple la jeune fille se voit aller en mariage a
un âge plus tendre que celui de la législation.

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