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La presque totalité des réactions chimiques dans la matière vivante ont lieu
en solution dans l’eau et impliquent des échanges acido-basiques à divers stades,
notamment dans la majorité des processus enzymatiques, et ce n’est d’ailleurs
pas par hasard qu’un grand nombre des premières études fondamentales en
catalyse acide-base sont issues du Laboratoire Carlsberg de Copenhague dont,
entre autres, le travail classique de Sörensen sur le pH paru sous le titre Études
enzymatiques.
Les premières recherches en catalyse homogène, datant du début du siècle,
sont étroitement associées à celles sur la catalyse acido-basique. Ces travaux,
portant essentiellement sur l’étude de la catalyse et des schémas réactionnels
en phase aqueuse et auxquels sont associés les noms d’Arrhenius, Ostwald,
Franklin, Brönsted et Lewis, ont conduit Brönsted à établir des relations per-
mettant de distinguer une catalyse « spécifique » d’une catalyse « générale »,
et Lewis à donner à la notion d’acidité une nouvelle définition, beaucoup plus
générale et toujours en vigueur de nos jours.
L’évolution au cours des années quarante à soixante s’est effectuée en fonction
d’événements nécessitant l’étude et la définition de catalyseurs plus actifs et
mieux adaptés à l’industrie. De ce point de vue, l’industrie pétrolière a beaucoup
contribué au développement d’études devant conduire à la mise au point de nou-
veaux catalyseurs acides, nécessaires au raffinage des coupes pétrolières et
à leurs transformations en produits chimiques. En particulier, le développement
impératif du craquage catalytique a provoqué une évolution considérable des
catalyseurs acides depuis les silico-alumines amorphes utilisées par Houdry en
1930 jusqu’aux zéolithes, beaucoup plus acides et plus sélectives. De même, la
nécessité de produire des essences pour l’aviation et l’automobile a entraîné une
évolution dans le domaine des catalyseurs d’alkylation et d’isomérisation. Dans
les unités d’alkylation, on utilise de l’acide sulfurique ainsi que de l’acide fluor-
hydrique anhydre. Les catalyseurs d’isomérisation d’essences ont été marqués
également par le remplacement progressif des solutions de chlorure d’aluminium
activé par l’acide chlorhydrique, par des catalyseurs solides où des espèces
acides proches de AlCl3 sont greffées sur des supports constitués d’alumine.
Plus récemment, les recherches sur les milieux superacides ont été initiées
dans le but d’activer, à basse température, des composés particulièrement peu
réactifs tels que les paraffines ou les xylènes.
Des interactions entre des acides ou des bases de Lewis et des atomes métal-
liques, pour lesquelles des règles ont été élaborées, sont également présentes
dans les complexes organométalliques utilisés en catalyse de coordination.
L’évolution des connaissances sur les interactions acide-base montre que les
frontières entre la catalyse acido-basique et la catalyse de coordination tendent
à s’estomper si l’on considère les réactions au niveau électronique et les
complexations au niveau des interactions des orbitales des molécules donneur
ou accepteur d’électrons.
L’évolution des notions d’acidité et de basicité depuis les théories anciennes
jusqu’aux conceptions les plus modernes permet de mieux saisir l’impact des
concepts acido-basiques sur la catalyse.
1. Rappel des notions appliquée à des milieux non aqueux a d’abord conduit Brönsted et
Lowry à une première généralisation ne considérant que le proton
sur l’acidité et son transfert au cours d’une réaction acido-basique. Simulta-
nément, Lewis a donné une définition plus générale, ne considérant
l’interaction acido-basique qu’au niveau électronique. Les imperfec-
tions de cette théorie ont plus récemment contribué à l’élaboration
Sans retracer l’historique de la notion d’acide et de base, il est
de nouveaux concepts, règles ou équations qui, bien que n’étant pas
bon de rappeler que, dès la fin du siècle dernier, Arrhenius et Ostwald
universels, permettent d’éclaircir non seulement les phénomènes en
montraient qu’en solution aqueuse les propriétés acides étaient
catalyse acide-base classique, mais aussi les interactions intervenant
engendrées par les composés qui donnaient naissance à des
en catalyse de coordination (cf. article Catalyse de coordination
protons H+ tandis que les propriétés basiques étaient reliées à la for-
[J 1 220]).
mation d’ions hydroxyle OH–. Cette représentation des phénomènes
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1.1 Théorie d’Arrhenius et les bases, celles qui sont aptes à le fixer :
–– –– – – –
Selon Arrhenius, les acides sont des composés qui, en solution SO 4 , CO 3 , OH , CH 3 COO , Cl , NH 3 , H2 O, CH 3 OH, C 2 H5 OC 2 H5 , etc.
dans l’eau, donnent naissance à l’ion hydrogène, comme l’acide
Certains de ces composés tels que H2O, CO3H– ou SO4H–, qui sont
chlorhydrique :
capables de jouer les rôles d’acide ou de base en cédant ou en fixant
CIH → Cl– + H+ un proton, sont appelés amphotères. Du fait de son caractère amphi-
et les bases des composés qui donnent naissance à des ions protique, l’eau donne lieu à un équilibre acide-base d’autoprotolyse :
hydroxyle, comme la soude :
H2 O + H2 O £ H3 O + + OH–
NaOH → Na+ + OH–
caractérisé par la constante d’autoprotolyse :
Quand un acide et une base se neutralisent, il se forme un sel et
de l’eau qui est le solvant : Kw = [H3O+] [OH–] = 1 × 10–14 mol · L–1 à 25 oC
CIH + NaOH → CINa + H2O [ ] désignant les concentrations des espèces considérées.
Sous une forme généralisée, la réaction acide-base consiste en Il existe de nombreux exemples du même type dont quelques-uns
une recombinaison favorable entre les ions pour former le solvant : sont rassemblés dans le tableau 1.
H+ + OH– → H2O
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BH + + CH 3 Hg ( OH 2 ) + £ CH2 HgB + + H3 O +
les bases B sont classées dures ou molles selon leur complexation 2. Catalyseurs acido-basiques
préférentielle vis-à-vis de deux acides particuliers, l’un typiquement
dur, le proton H+, l’autre typiquement mou, le cation CH3Hg+. Partant
et leurs forces respectives
du fait que les interactions entre les espèces dures sont essentiel-
lement ioniques et que celles entre les espèces molles sont essen- 2.1 Importance de l’activité protonique
tiellement covalentes, Pearson établit le principe HSAB (Hard and
Soft Acids and Bases) : les acides durs préfèrent s’associer aux bases
Une transformation à laquelle les molécules neutres de coréactifs
dures et les acides mous aux bases molles.
ne peuvent donner lieu qu’avec difficulté, par suite de la répulsion
Une sélection d’acides et de bases, classés selon leur caractère de leurs nuages électroniques, se trouvera facilitée si l’on arrive à
dur ou mou, est donnée dans le tableau 2. Si l’on examine la modifier de manière convenable cette interaction électrique. Ce but
nature des acides durs, on peut constater que le caractère dur est peut être atteint par une polarisation ou, mieux encore, par une ioni-
présenté par des espèces de petite dimension, dont l’état d’oxyda- sation de l’un ou des deux coréactifs.
tion est élevé et qui ne possèdent pas de doublet d’électrons libres
L’ionisation peut être provoquée par la présence d’acides de Lewis
dans leur couronne de valence, caractéristiques leur conférant une
tels que le chlorure d’aluminium, qui ont trouvé de nombreuses
forte électronégativité et une faible polarisabilité. Par contre, les
applications dans toutes les réactions de Friedel et Crafts [8]. Mais
espèces à caractère mou sont des molécules de grosse dimension,
il faut reconnaître le rôle privilégié que peut avoir le proton, parce
dont l’état d’oxydation est faible ou nul et qui sont fortement
qu’il est en effet le seul cation univalent à se réduire au noyau
polarisables.
atomique dont les dimensions sont, en ordre de grandeur, cent mille
(0) fois plus petites que celles des autres ions. Il en résulte que, lorsqu’il
s’approche d’une molécule, il ne met pas en jeu la répulsion entre
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les nuages électroniques et qu’il exerce à son voisinage un champ La force relative de divers acides dans un même solvant se
électrique et par suite une action polarisante particulièrement trouve donc mesurée par la constante d’acidité. Il est commode de
puissants [9]. L’individualité très affirmée du proton donne donc aux considérer dans la théorie de Brönsted, outre le pH introduit par la
interventions des acides et des bases une unité fondamentale qui théorie d’Arrhenius :
se traduit par l’existence de lois quantitatives dont l’utilité va de pair pH = – lg [H3O+]
avec la généralité. En catalyse acide-base, l’activité catalytique des
acides ou des bases est reliée à leurs forces et, d’une manière plus le logarithme de l’inverse de la constante d’acidité :
générale, à l’activité protonique. Mais, du fait de ses propriétés
pKa = – lg K a
particulières, le proton n’existe pas à l’état libre. Il est soit associé
à la base conjuguée du composé porteur d’hydrogène qui peut lui La relation entre le pH et le pKa est donnée par l’expression :
donner naissance, soit associé au solvant S dans lequel s’effectue
la réaction : [ AH ]
pK a = pH + lg ------------
-
AH + S £ –
A + SH
– [ A– ]
La mobilité de l’hydrogène d’un acide selon Brönsted n’est pas En fait, le pKa d’un acide ne sera directement accessible à la
systématique. Elle dépend de la structure de la molécule, en parti- mesure que si l’équilibre acide-base auquel il donne lieu dans l’eau
culier de la différence d’électronégativité entre l’hydrogène et l’élé- n’est pas trop déplacé. Ainsi l’acide acétique en solution dans l’eau
ment auquel il est lié (halogène, oxygène, azote, carbone) et des n’étant que partiellement dissocié, on a coutume de la considérer
effets inductifs, mais aussi de la stabilité des espèces qui sont for- comme un acide faible et l’on peut déterminer son pK a (4,75). Par
mées, due en particulier à la basicité du solvant dans lequel l’équi- contre, l’acide perchlorique est tel que la fraction non dissociée
libre acido-basique s’établit. Ainsi, en solution aqueuse , l’eau n’est pas mesurable. Il en est de même de la première fonction
agissant comme une base vis-à-vis des composés porteurs d’hydro- acide de l’acide sulfurique ainsi que d’autres acides minéraux que
gène, les acides perchlorique ou sulfurique sont complètement l’on appelle acides forts. On traduit souvent le fait qu’au-delà d’une
dissociés du fait de la basicité relative faible des anions certaine force les acides ne se distinguent plus par leur degré de
– dissociation dans un solvant donné, en disant que ce dernier
ClO –4 et SO 4 H . L’acide acétique n’y est que partiellement dissocié exerce un effet de nivellement d’autant plus prononcé qu’il est
parce que la basicité de l’anion CH3COO– est du même ordre que plus basique.
celle de l’eau. L’acide chlorhydrique, qui est un acide fort en solution Le tableau 3 donne la valeur du pKa d’un certain nombre d’acides,
aqueuse, se comporte comme un acide faible dans des solvants tels minéraux et organiques, qui croît de 0 à 16 correspondant à des
que l’acide formique, l’acétone ou le nitrométhane qui sont moins forces acides décroissantes, d’après [10].
basiques que l’eau. Par contre, dans l’ammoniac liquide, plus
Symétriquement, il y aura un effet de nivellement pour les bases
basique que l’eau, l’acide acétique est complètement dissocié et
que l’on peut partager en bases faibles et bases fortes. Pour mesurer
devient un acide fort.
la force d’une base, on prend comme référence la molécule d’eau
Pratiquement, en catalyse, il importe de connaître certes l’acidité solvant :
des composés porteurs d’hydrogène mais, bien plus, l’ activité
protonique des solutions dans lesquelles ces composés ont été H2 O + B £ OH – + BH +
introduits. Il s’avère donc utile de connaître la force relative des [ BH + ] [ OH – ]
composés porteurs d’hydrogène, ce qui a pu être fait en solution K b = ---------------------------------
[B]
aqueuse diluée, mais également de pouvoir comparer entre elles les
solutions acides ou basiques, depuis les solutions aqueuses pour En général, on compare les bases par l’acidité de leur acide
lesquelles il existe un grand nombre de données jusqu’aux milieux conjugué BH+, soit :
superacides ou superbasiques, ainsi que pour des solutions dans
des solvants organiques. Une telle comparaison peut être effectuée [B]
K a = ---------------------------------
correctement par l’intermédiaire des fonctions d’acidité. [ BH + ] [ OH – ]
une base forte aura un pKa supérieur à 14 et l’intervalle de pKa
mesurable dans l’eau va donc, dans ces conditions de 0 à 14.
2.2 Acides protoniques Le tableau 4 donne les valeurs de pKa pour un certain nombre
en milieu aqueux dilué de bases faibles, d’après [10].
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Tableau 3 – Valeurs du pKa d’acides (couple AH/A–) Tableau 4 – Valeurs du pKa de bases (couple BH+/B)
Acide picrique (I) .............. 0,3 Acideβ-naphtoïque ......... 4,2 Acétamide ..................... – 0,5 Pyridine ................................... 5,23
(II) ........... ........ 15 Acide benzoïque................ 4,2 Diméthylformamide ... 0,0 méthyl-3 (picoline γ)....... ........ 5,68
Acide oxalique (I) ............. 1,3 trinitro-2,4,6 ............ ........ 0,65 Urée.................................. 0,4 méthyl-2 (picoline β)...... ........ 5,97
(II) ........... ........ 4,3 dinitro-2,4 ................ ........ 1,4 Acétanilide..................... 0,4 Hydroxylamine ..................... 6,0
Acide maléique (I)............ 1,9 o-nitro ....................... ........ 2,2 Diphénylamine ............. 0,8 N-Diéthylaniline.................... 6,5
(II).......... ........ 6,2 o-chloro ................... ........ 2,9 Acétoxime ..................... 1,8 Éthylènediamine (I)............. 6,8
Acide phosphorique (I)... 2,1 p-nitro ....................... ........ 3,4 Proline (1)...................... 1,9 I(I) ........... ........ 9,9
(II) ........ 7,2 p-cyano .................... ........ 3,5 α-Naphtylamine.......... 4,0 Hydrazine (II)......................... 8,0
(III) ........ 12,4 m-bromo .................. ........ 3,8 β-Napthylamine .......... 4,1 Diéthanolamine .................... 9,0
Glycine (1) .......................... 2,3 o-méthyl ................... ........ 3,9 Aniline.............................. 4,6 Ammoniac.............................. 9,25
Acide isophtalique (I)...... 2,3 o-méthoxy ............... ........ 4,1 p-nitro......................... ........... 1,02 Benzylamine.......................... 9,4
(II) ... ........ 4,7 p-méthyl................... ........ 4,3 dichloro-2,5 .............. ........... 1,2 Éthanolamine ........................ 9,5
Acide malonique (I) ......... 2,8 p-amino.................... ........ 4,9 dichloro-2,4 .............. ........... 2,1 Hexaméthylènediamine (I) 9,8
(II) ....... ........ 5,7 Acide acétique................... 4,75 o-chloro..................... ........... 2,64 II)
( ........ 10,9
Acide tartrique (I) ............. 3,0 trifluoro .................... ........ 0,23 m-méthoxy................ ........... 4,2 tert-Butylamine .................... 10,5
(II)........... ........ 4,2 trichloro ................... ........ 0,66 o-méthyl .................... ........... 4,4 Méthylamine......................... 10,6
Acide salicylique (I)......... 3,0 chloro ....................... ........ 2,9 p-méthyl .................... ........... 5,1 Cyclohexylamine................. 10,6
(II)....... ........ 13,4 acétyl........................ ........ 3,6 N-Méthylaniline........... 4,85 Triéthylamine ........................ 10,9
Acide fumarique (I).......... 3,0 phényl....................... ........ 4,3 Quinoléine ...................... 5,0 Pipéridine................................ 11,1
(II)........ ........ 4,4 triméthyl................... ........ 5,0 N-Diméthylaniline ....... 5,1 Di(n-butyl)amine.................. 11,3
Acide o-phtalique (I)....... 3,1 Acide propionique............. 4,9 Guanidine (2)......................... 13,5
(II) .... ........ 5,4 Acide carbonique (I)........ 6,4 (1) Acide pyrrolidine-carboxylique-2.
Acide citrique (I) ............... 3,1 (II) ..... ........ 10,2 (2) Imino-urée ou carbamide.
(II)............. ........ 4,8 Nitroéthane......................... 8,6 Les bases sont ici classées dans l’ordre croissant de leur pKa ; les valeurs de
(III)........... ........ 6,4 Hydroquinone..................... 9,1 première basicité notée (I) sont indiquées dans la première colonne. Dans la
(IV)........... ........ 16,0 β-Naphtol ............................ 9,6 seconde colonne se trouvent les valeurs du pKa de la seconde basicité éven-
Acide fluorhydrique ......... 3,2 Phénol................................... 9,9 tuelle (II) ou bien celles des dérivés subsititués indiqués en italique.
Acide sulfanilique............. 3,2 p-nitro....................... ........ 7,2
β-Alanine (2)...................... 3,6 p-chloro ................... ........ 9,4
L’équilibre auquel donne lieu une base B en présence d’un pro-
Acide formique.................. 3,75 p-méthyl................... ........ 10,1 ton répond à l’équation stœchiométrique :
Acide glycolique ............... 3,8 Éthylmercaptan................. 10,5
Acide lactique.................... 3,9 Trinitrotoluène.................... 14,4 B + H+ £ BH +
Acide succinique (I) ........ 4,2 Éthylèneglycol ................... 15,1
(II) ...... ........ 5,6 Méthanol ............................. 16,0 et il est caractérisé par la constante thermodynamique :
(1) Acide aminoéthanoïque.
(2) Acide amino-3 propanoïque.
aB aH+ [B] fB
- = ---------------
K BH + = --------------- - a + ---------
-
Les acides sont ici classés dans l’ordre croissant du pKa de leur première aci- a BH + [ BH + ] H f BH +
dité notée (I), dont les valeurs sont indiquées dans la première colonne de
chiffres. Dans la seconde colonne se trouvent les valeurs des pKa des acidi- où a représente l’activité et f le coefficient d’activité, et encore par
tés suivantes, notées (II, III ou IV) ou celles des dérivés substitués indiqués l’expression :
en italique.
[ BH + ] 1 fB
---------------- = ------------ a H + ----------
[B] K BH + f BH +
des solutions d’acide fort s’identifie à la concentration en acide ou
à celle en ions hydronium H3O+, exprimée par le pH. Lorsqu’il dans laquelle le premier membre représente le taux de transforma-
s’agit de transformer des substances peu réactives, la tion de la base en son acide conjugué et le second le produit de la
concentration de l’acide et même celle du réactif peuvent être tendance de la base à fixer un proton (1/KBH+) par la tendance du
grandes. Dans ces conditions, la définition de l’acidité par le pH milieu à le céder.
cesse d’être utilisable. Par exemple, dans le système H2O – H2SO4 , Hammett et Deyrup [11] ont défini en conséquence la fonction
lorsque l’on augmente la concentration en acide, la concentration d’acidité h0 de la manière suivante :
en H3O+ passe par un maximum au voisinage d’une composition
équimolaire, tandis que l’acidité, qui est mesurée par la tendance fB
de la solution à céder des protons à une base, continue à augmen- h 0 = a H + ----------
f BH +
ter. En fait, les ions H3O+ sont alors remplacés par des molécules
H2SO4 encore plus acides. On conçoit qu’il soit alors nécessaire de plus souvent représentée sous sa forme logarithmique, par analo-
s’exprimer en termes d’activité et en particulier de considérer que gie avec le pH :
la véritable grandeur caractéristique de l’acidité est alors l’activité
du proton (aH+). (0)
= pK [ BH + ]
fB
H 0 = – lg h 0 = – lg a H + ---------- – lg ----------------
Toutefois, la détermination de cette activité protonique dans une f BH + BH + [B]
solution quelconque est d’une part sujette à caution et d’autre part
ne donne que peu de renseignements sur les équilibres acide-base Ainsi définie, l’acidité du milieu peut être exploitable en catalyse.
susceptibles de s’établir, du fait que ces derniers dépendent aussi Par ailleurs, elle est mesurable expérimentalement à condition de
de la force de la base et de son activité en solution. pouvoir déterminer le rapport des concentrations de la base et de
son acide conjugué.
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[ BH + ]
pK BH + = lim [ acide ] → 0 lg ---------------- – lg [ H + ]
[B]
mais, avec les indicateurs faiblement basiques utilisés pour que
leur virage soit observable en solution très acide, cette méthode
n’est plus utilisable. On procède alors par la méthode de chevau-
chement qui consiste à écrire pour deux indicateurs B et C dont les
intervalles de virage s’effectuent dans le même domaine d’acidité :
[ BH + ] [ CH + ]
H 0 = pK BH + – lg ---------------- = p K CH + – lg ----------------
[B] [C]
[ CH + ] [ BH + ]
soit pK CH + – pK BH + = lg ---------------- – lg ----------------
[C] [B]
Cette technique permet de vérifier en même temps la validité de
la définition de la fonction d’acidité par le fait que les courbes
[ BH + ] [ CH + ]
représentatives de lg ---------------- ou de lg ---------------- en fonction de la
[B] [C]
concentration de l’acide sont parallèles ; ce qui revient à dire que,
pour une même activité protonique, les rapports des coefficients Figure 1 – Valeurs de la fonction d’acidité H 0′
d’activité sont égaux : pour divers systèmes acide-eau
fB fC
--------- - = ...
- = ---------
f BH + f CH + (0)
Les indicateurs utilisés par Hammett, anilines primaires, secon- Tableau 5 – Valeurs de H 0′
daires et tertiaires, ainsi que diverses autres bases de nature diffé- pour certains systèmes acide-eau
rente, ne répondaient pas parfaitement à cette condition. Et il s’est
avéré par la suite qu’il était souhaitable de n’associer des valeurs Acide
de fonction d’acidité qu’à une famille d’indicateurs possédant la % en
même structure chimique. C’est ainsi qu’a été définie une fonction masse HClO4 H2SO4 HCl HNO3 H3PO4 HF
d’acidité H 0′ , mesurée avec une famille d’indicateurs constitués [14] [15] [16] [13] [17] [13] [18] [19]
d’anilines primaires portant différents substituants sur le noyau
aromatique et pour laquelle la condition de validité de la fonction 1 .............. + 0,81 + 0,52 .............. + 1,53
d’acidité est respectée. D’autres fonctions d’acidité ont également 2 .............. + 0,53 + 0,16 + 0,33 + 1,29
5 – 0,02 + 0,11 – 0,39 – 0,20 + 0,97 + 0,80
pu être établies [12], comme par exemple la fonction H 0′′′ , obte-
10 – 0,35 – 0,31 – 1,01 – 0,64 + 0,63 + 0,15
nue pour une famille d’anilines tertiaires [13]. 15 – 0,67 – 0,66 – 1,57 – 0,97 + 0,37 – 0,37
Comme on peut s’y attendre, les valeurs des fonctions d’acidité, 20 – 0,98 – 1,01 – 2,12 – 1,28 + 0,15 – 0,55
par exemple les valeurs de H 0′ , varient, pour une même 25 – 1,28 – 1,37 – 2,67 – 1,57 – 0,05 – 1,02
concentration d’acide, avec la nature de l’acide, comme cela apparaît 30 – 1,60 – 1,72 – 3,33 – 1,85 – 0,26 – 1,25
dans le tableau 5 et est illustré par la figure 1. Ces valeurs montrent 35 – 1,94 – 2,06 – 3,98 – 2,10 – 0,48 – 1,60
40 – 2,40 – 2,41 – 4,63 – 2,36 – 0,72 – 2,05
en particulier que l’acide sulfurique à 100 % est environ 1012 fois plus
acide qu’une solution molaire dans l’eau. Si les acidités relatives de 45 – 2,86 – 2,85 .............. – 2,62 – 0,93 – 2,50
ces milieux sont qualitativement les mêmes que les forces relatives 50 – 3,48 – 3,38 .............. – 2,88 – 1,17 – 3,00
de ces acides en solution diluée, il faut toutefois remarquer que 55 – 4,26 – 3,91 .............. – 3,13 – 1,42 – 3,74
l’acide fluorhydrique se distingue par le fait qu’étant un acide faible 60 – 5,27 – 4,46 .............. – 3,42 – 1,66 – 4,30
en solution diluée il devient, lorsqu’il est anhydre, un acide presque 65 – 6,46 – 5,05 .............. – 3,72 – 1,97 – 5,05
aussi fort que H2SO4 à 100 %. En effet, des mesures expérimentales 70 – 7,74 – 5,80 .............. – 3,99 – 2,29 – 5,78
récentes [20] placent la valeur de H0 aux environs de – 11 pour HF 75 – 9,26 – 6,58 .............. – 4,30 – 2,63 – 6,55
anhydre. Des valeurs de H0 pour différents acides fluorobenzène- 80 – 10,8 – 7,34 .............. – 4,62 – 3,05 – 6,85
85 .............. – 8,14 .............. – 4,96 – 3,48 – 7,30
sulfoniques ont également été déterminées [21].
90 .............. – 8,92 .............. – 5,31 .............. – 7,70
95 .............. – 9,85 .............. – 5,77 .............. – 8,26
98 .............. – 10,41 .............. .............. .............. – 9,25
99 .............. – 10,71 .............. .............. .............. – 9,50
99,4 .............. – 11,05 .............. .............. .............. – 9,60
100 .............. – 12,0 .............. .............. ..............
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La fixation d’un proton sur un réactif sujet à transformation cata- Les différences entre les fonctions d’acidité sont attribuables à un
lytique ne se fait pas toujours sur des atomes d’azote mais peut, dans certain nombre de facteurs parmi lesquels il faut prendre en compte
bien des cas, conduire à des espèces chargées positivement sur un toutes les caractéristiques chimiques et structurales de la base et
atome de carbone du type ion carbonium (ou carbocation ). Deux de son acide conjugué avec, en premier lieu, le degré de solvation
autres grandes classes d’équilibres acide-base sont alors impor- par l’eau des différentes espèces impliquées, ce qui a pour résultat
tantes, l’une dans laquelle la fixation du proton sur un groupe qu’une quantité d’eau variable avec le type de base est fixée ou libé-
hydroxyle conduit à la formation d’un ion carbonium avec libération rée dans l’équilibre :
d’eau :
B ( H2 O )b + H + ( H2 O )h £ BH + ( H2 O )a + ( b + h – a ) H2 O
ROH + H + £ R + + H2 O
l’autre qui représente l’addition du proton sur une double liaison Comme la fixation ou la libération d’eau influent sur la thermo-
oléfinique pour donner également un ion carbonium : dynamique de la réaction, la position de l’équilibre dépend de la
quantité d’eau fixée ou libérée. D’une manière formellement plus
R′ + H + £ R ′ H+ rigoureuse, il faut faire intervenir l’activité de l’eau au lieu de sa
concentration. Même si la vérification conserve un caractère formel,
Pour le premier de ces équilibres, une fonction d’acidité, appelée cela est bien illustré par la figure 3 d’après [24] où l’on voit que les
H R , a été établie en utilisant comme indicateurs des diphényl- fonctions d’acidité H 0′ pour les acides perchlorique, sulfurique,
carbinols et des triphénylcarbinols substitués sur le groupe chlorhydrique et nitrique aqueux se disposent de manière régulière
phényle [22]. sur une courbe unique.
Hammett avait également défini une fonction d’acidité H– qui se
a H + f ROH [ R+ ]
H R = – lg h R = – lg ---------------------- = p K R – lg ----------------- rapporte à un équilibre dans lequel la base porte une charge
a H2 O f R + [ ROH ] négative :
– +
Pour le deuxième équilibre, on définit également une fonction A +H £ AH
H R’ : fA– [ AH ]
fR ′ [ R ′ H+ ] H – = – lg a H + -------
- = p K AH – lg ------------
-
- = p K R ′ H + – lg ------------------
H R′ = – lg h R ′ = – lg a H + + ----------- f AH [ A– ]
fR ′ H+ [R′]
Cet équilibre peut caractériser également l’ionisation d’un acide
que l’on détermine avec des phényl-1 ou diphényl-1 alcènes-1 faible utilisé comme indicateur. Les milieux basiques concernent en
substitués sur le groupe phényle [23]. Ces deux fonctions d’acidité premier lieu les solutions aqueuses de bases fortes comme les
sont apparentées car elles impliquent des cations qui sont similai- hydroxydes alcalins ou les hydroxydes d’ammonium quaternaire.
res et il existe entre elles la relation : Des mesures ont été effectuées pour ces solutions en utilisant
H R ′ = H R – lg a H 2O comme indicateurs une série d’indoles substitués. Le tableau 6
donne les valeur de H– pour des solutions aqueuses de différents
L’allure de la variation de ces fonctions d’acidité avec la hydroxydes alcalins et de l’hydroxyde de benzyltriméthyl-
concentration en acide sulfurique est illustrée sur la figure 2 où ont ammonium.
été portées également pour comparaison les fonctions d’acidité
H′0 et H ′′′
0 .
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Tableau 6 – Valeurs de H– à 25 oC dans différentes solutions Tableau 7 – Valeurs de H– pour des mélanges
aqueuses d’hydroxydes eau-bases organiques
Base
[Hydroxyde] LiOH NaOH KOH C6H5CH2(CH3)3N+OH–
(mol · L–1) [25] [25] [26] [25] [27] % en masse Éthylène-
Hydrazine Éthanolamine
diamine
0,01 .............. 12,01 .............. 12,02 [28] [31]
[29] [30]
0,02 .............. 12,31 .............. 12,32
0,05 .............. 12,71 .............. 12,72 5 11,18 12,03 12,05
0,1 .............. 13,0 13,0 13,02 10 11,55 12,50 12,22
0,5 13,68 13,71 13,75 13,75 20 12,20 13,30 12,60
1 13,96 14,02 14,11 14,26 30 13,10 14,05 13,00
2 14,26 14,37 14,51 15,27 40 13,95 14,90 13,45
2,5 14,36 14,54 14,69 16,38 50 14,70 15,80 13,85
3 14,45 14,65 14,85 60 15,38 16,60 14,25
4 14,58 14,95 15,15 70 15,65 17,35 14,58
5 14,71 15,20 15,44 80 .......................... 17,90 14,89
8 .............. 15,75 16,33 90 .......................... 16,30 15,10
10 .............. 16,20 16,90 100 .......................... 15,50 15,35
12 .............. 16,58 17,39
15 .............. 17,10 18,23
16 .............. 17,30
2.4 Solvants aquo-organiques
et organiques
Bien que la plupart des bases organiques soient faibles si l’on
considère les valeurs de pK données dans le tableau 4, leur mélange
avec de l’eau conduit à des solutions relativement basiques. C’est En milieu organique anhydre, les fonctions d’acidité sont éga-
le cas en particulier pour l’hydrazine, l’éthylènediamine et l’étha- lement mesurables et permettent donc aussi de chiffrer le degré de
nolamine dont les valeurs de H– sont données dans le tableau 7. Il transformation d’une base B en son acide conjugué BH+. Pour la
faut remarquer que l’éthylènediamine est le composé qui donne les comparaison des échelles d’acidité d’un milieu à l’autre, on utilise
valeurs de H– les plus fortes avec, en particulier, un maximum pour l’eau pure comme solvant de référence, c’est-à-dire que les pK BH +
une solution contenant 80 % de base, dont la valeur de H– égale à des indicateurs utilisés en milieu organique sont les mêmes que ceux
17,90 est aussi élevée que celle des solutions concentrées d’hydro- mesurés en milieu aqueux. D’une manière générale, on constate que
xydes alcalins. Ces milieux présentent par ailleurs l’avantage d’être la tendance de la solution à céder des protons, mesurée par la fonc-
de bons solvants pour de nombreux composés organiques, contrai-
rement aux solutions d’hydroxydes alcalins. tion H 0′ , est d’autant plus marquée que le solvant a un caractère
basique moins prononcé, comme le montre la figure 4. Il ressort des
Les catalyseurs basiques sont beaucoup moins utilisés industriel- courbes représentées que l’acide sulfurique possède une activité
lement que les catalyseurs acides. Ils interviennent néanmoins dans protonique beaucoup plus grande dans le nitrométhane que dans
la fabrication de certains copolymères, comme par exemple sous l’eau. En effet, pour des solutions d’acide sulfurique à 5 % en masse,
forme d’amines dans la fabrication de mousses de polyuréthannes
à partir d’isocyanates ou encore dans la formation de certaines le rapport des activités protoniques est d’environ 106 entre le nitro-
résines phénolformaldéhyde. méthane et l’eau, et de 10 4 entre le sulfolane et l’eau. Plus
concrètement, on peut dire qu’une solution à 5 % en masse d’acide
Ils sont utilisés également dans la polymérisation de diènes ou
dans le nitrométhane équivaut du point de vue acidité à une solution
de monooléfines. La réactivité des oléfines en présence de cataly-
à 75 % dans l’eau.
seurs basiques est l’inverse de celle obtenue en catalyse acide, à
savoir : Les acides forts, qui sont équivalents en milieu aqueux dilué par
suite d’un effet de nivellement, se différencient dans les solvants
éthylène > propylène > butène-1 > butène-2 > isobutène organiques peu basiques et présentent donc des fonctions d’acidité
Il faut par ailleurs remarquer qu’en catalyse basique les produits différentes [35]. C’est ce que montrent les données de la figure 5 rela-
de réaction sont souvent différents de ceux obtenus en catalyse tive aux acides perchlorique, sulfurique et chlorhydrique, employés
acide. En particulier, l’éthylène s’alkyle sur le noyau aromatique du en faible concentration dans l’acide acétique anhydre. D’un acide au
toluène en catalyse acide tandis qu’il s’additionne au groupement suivant, la fonction d’acidité H0 diffère d’environ une unité, pour une
méthyle en catalyse basique : même concentration d’acide ; l’acide perchlorique apparaît donc
dans l’acide acétique cent fois plus fort que l’acide chlorhydrique.
Dans les milieux constitués de mélanges d’eau et de solvant orga-
nique permettant d’effectuer des transformations de réactifs qui sont
impossibles dans l’eau pure ou dans un solvant pur pour des raisons
de solubilité, la fonction d’acidité reste très utile, tout d’abord pour
situer l’activité protonique de la solution et également comme
instrument pour l’étude des schémas et des mécanismes réac-
tionnels. Dans les mélanges eau + p-dioxanne [36], la détermination
des fonctions d’acidité montre que les acides forts se différencient,
comme ils le font dans l’acide acétique.
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2.5 Milieux superacides Des mesures de la fonction d’acidité H0 pour des solutions de ces
acides de Lewis dans FSO3H ont été effectuées par la méthode des
indicateurs colorés de Hammett [51] et leur valeurs sont présentées
Dans les années soixante-dix s’est manifestée une recrudescence sur la figure 6b. Contrairement à l’augmentation considérable
d’intérêt pour les milieux fortement acides, depuis la mise en évi- d’acidité que SO3 entraîne en solution dans SO4H2 , il ne modifie que
dence que certains de ces milieux sont de un million à un milliard faiblement l’acidité de FSO3H. Par contre, l’introduction de penta-
de fois plus acides que les acides minéraux à l’état concentré et que fluorure d’arsenic et surtout de pentafluorure d’antimoine conduit
l’on peut y préparer de nouvelles entités, jusqu’alors inconnues, à des milieux de très forte acidité (H0 = – 19) qui peut d’ailleurs être
chargées positivement et très réactives [40] [41] [42]. Outre que ces
milieux sont particulièrement adaptés à la formation et à l’étude des encore renforcée par l’introduction de SO3 . Il se forme alors des
ions carbonium puisque ces derniers peuvent s’y retrouver à des fluorures-fluorosulfonates d’antimoine tels que SbF 4 SO 3 F ou
concentrations pouvant atteindre 2 mol/L [43], de nouvelles espèces SbF2(SO3F)3 dont l’acidité de Lewis est donc plus forte que celle
électrophiles polyatomiques, où la charge positive se trouve loca- de SbF5 .
lisée sur des atomes autres que le carbone, ont été découvertes. Les
hétéroatomes peuvent être O, S, Se, Te, N, Cl, Br, I, H, Xe, Kr. Ainsi D’autres déterminations de H0 ont été effectuées pour les acides
+ + + + perfluoroalcanesufoniques et leurs mélanges avec SbF5 [52]. Ces
ont pu être mises en évidence les espèces I2 , I3 , Br 3 [44], H3 O2 [45] composés sont moins acides que FSO3H. En effet, la valeur de H0
+ de l’acide trifluorométhanesulfonique, CF3SO3H, est égale à – 14,1
ou NO 2 ...
et l’acidité diminue lorsque le nombre d’atomes de carbone aug-
Dans de tels milieux, on observe des réactions inhabituelles mente pour atteindre la valeur H0 = – 12,3 pour C6F13SO3H. Toute-
comme l’activation des paraffines à basse température [40] [41] [42]
fois, l’augmentation de – H0 pour les mélanges avec SbF5 est
avec formation d’hydrogène [46] ou la formation de carbocations tels
+ + relativement plus importante pour les acides à nombre d’atomes
que CH 3 et CH 5 par activation du méthane [47]. La réactivité des de carbone élevé (figure 6b ).
composés organiques y est telle qu’on peut y effectuer de façon La détermination de H0 par la méthode des indicateurs de
sélective des réactions difficiles telles que l’isomérisation « phénol- Hammet reste limitée à des valeurs de – 19 du fait qu’il n’existe pas
diénone » en série stéroïde [48], et que ces diénones peuvent être de composés de basicité suffisamment faible pour pouvoir détecter
réduites sous pression d’hydrogène [49]. un équilibre d’ionisation.
Les oléums sulfuriques sont sans doute, avec les catalyseurs de Une autre méthode, utilisant la mesure des déplacements
Friedel et Crafts AlCl3 + HCl, les premiers milieux superacides qui chimiques en RMN [53] [54] [55], a permis d’étudier des milieux
aient été utilisés. d’acidité plus forte (H0 = – 20,5). Des mesures [56], effectuées pour
En fait, un milieu est appelé arbitrairement superacide lorsque des concentrations plus élevées en SbF5 , montrent que H0 atteint
son acidité est plus élevée que celle de l’acide sulfurique à 100 % une valeur égale à – 26,5 lorsque la fraction molaire en SbF5 est
(H0 = – 11,9). égale à 90 %. Cette méthode a permis de constater également que
SbF5 —FH est plus acide que SbF5 —FSO3H, bien que l’acide
L’acide sulfurique à 100 % peut donc constituer un solvant à par-
fluorhydrique soit un acide moins fort que l’acide fluorosulfurique.
tir duquel il est possible d’obtenir des milieux superacides [50]. En
En effet, un mélange contenant 1 % en moles de SbF5 est mille fois
y dissolvant SO3 , il est connu que l’on obtient, par suite des réac-
plus acide dans FH (H0 = – 20,5) que dans FSO3H (figure 6b ). Cette
tions équilibrées, l’acide disulfurique S2 O7 H2 et des acides polysul- acidité particulièrement élevée des mélanges SbF5 —FH doit être
furiques tels que S3 O10 H2 et S4O13H2 qui peuvent s’ioniser en due au déplacement très prononcé de l’équilibre d’autoprotolyse
–
solution selon des équilibres dans lesquels SO4H2 joue le rôle de de FH par suite de la formation, en plus de SbF 6 , d’anions
– –
base : polymériques très stables tels que Sb 2 F 11 et Sb 3 F 16 .
S 2 O 7 H 2 + SO 4 H 2 £ HS2 O–7 + SO4 H+3 Ce déplacement de l’équilibre d’autoprotolyse peut être provoqué
par d’autres acides de Lewis et le classement d’un certain nombre
Les valeurs des fonctions d’acidité de ces mélanges, d’après [50] de ces acides a pu être obtenu dans l’acide fluorhydrique par une
présentées sur la figure 6a montrent que l’introduction de SO3 méthode électrochimique [57] [58] conduisant à des valeurs expri-
augmente fortement l’acidité de la solution, puisqu’un oléum mées dans l’échelle rédox R (H). Pour une solution contenant 2 %
contenant 75 % en mole de SO3 et dont la valeur de H0 est égale en moles de SbF5 dans FH, R (H) = – 27,9. À partir de cette valeur
à – 14,9 est mille fois plus acide que l’acide sulfurique. Un autre et de celle obtenue pour une solution molaire de KF dans FH
acide fort, HB(SO4H)4 , peut être obtenu en dissolvant l’acide bori- [R (H) = – 14,2], le niveau d’acidité des solutions de divers acides de
que dans l’oléum. Les acides chloro- et fluorosulfuriques n’aug- Lewis dans l’acide fluorhydrique a pu être situé dans cette échelle
mentent que faiblement l’acidité de l’acide sulfurique. Par contre, selon le classement suivant :
lorsque la composition tend vers 100 % dans le cas de FSO3 H, SbF5 > AsF5 > TaF5 > BF3 > NbF5 > PF5
l’acidité augmente fortement jusqu’à atteindre une valeur
H 0 = – 15, indiquant que l’acide fluorosulfurique est mille fois plus R (H) = – 27,9 – 25,8 – 23,3 – 21,3 – 20,9 – 18,2
acide que l’acide sulfurique. De même que des traces d’eau dimi-
nuent fortement l’acidité de SO4H2 , des traces de ce dernier font Ces résultats sont en accord avec les déterminations de H0 effec-
chuter celle de FSO3 H. On conçoit donc qu’aucun autre acide miné- tuées dans ces milieux [20].
ral puisse renforcer l’acidité de FSO3H.
Par contre, un certain nombre d’acides de Lewis tels que SO3 ,
AsF5 , SbF5 se comportent comme des accepteurs d’anions et
+
contribuent à augmenter la concentration en FSO 3 H 2 en
déplaçant l’équilibre d’autoprotolyse vers la droite.
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3.2.1 Catalyses spécifique et générale l’équation de vitesse s’exprime donc de la manière suivante :
en milieu dilué
k2
v = --------------- [ H 3 O + ] [ HS ]
La manière la plus courante d’étudier les processus de catalyse K +
HSH
acido-basique est de mettre en œuvre les réactifs et l’acide en faible
concentration dans un solvant qui, dans la plupart des études, est L’apparence cinétique de la réaction est alors celle d’une catalyse
l’eau. Il est alors possible de procéder à une analyse des principaux par les ions hydronium seuls, quels que soient la nature et le nombre
schémas simples et des cinétiques correspondants [59]. des acides réellement présents, et l’on parle de « catalyse
spécifique » par ces ions.
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Un exemple de réaction de ce type est celui de l’hydrolyse des acide et basique, à l’établissement des schémas réactionnels
acétals conduisant à une molécule d’aldéhyde et deux molécules suivants :
d’alcool :
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v k0 f HS
k′ = ------------- = --------------- a H + --------
[ HS ] K HSH + f*
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dans laquelle on peut introduire la fonction d’acidité h0 , détermi- l’état de transition et de constater une différence de comportement
née avec un indicateur B : à l’égard de l’acidité, compatible avec les idées actuelles, à savoir
que plus la réaction implique d’eau, moins elle est sensible à l’acidité.
k0 f BH + f HS
k ′ = --------------- h 0 --------------------- ■ L’hydrolyse des esters constitue un exemple très instructif pour
K HSH + fB f *
l’étude de l’influence de la participation de l’eau dans l’étape lente de
f BH + f HS la réaction, mais également pour la mise en évidence des change-
d’où lg k ′ = – H 0 + lg --------------------
- + constante ments de mécanisme possibles en fonction de la nature des
fB f *
composés ou de la composition du milieu.
La corrélation expérimentale de pente 1 équivaut alors à l’égalité : L’hydrolyse des esters présente, ainsi que sa réaction inverse :
l’estérification des acides carboxyliques par les alcools, un grand
f HS fB intérêt industriel. Ainsi la production de polyéthylènetéréphtalate,
- = p ----------
-------
f* f BH + obtenue par estérification d’acide téréphtalique par l’éthylèneglycol,
ou par transestérification du diméthyltéréphtalate par l’éthylène-
avec p égal à 1, ce qui revient à dire que le saccharose se comporte glycol, est le procédé d’estérification le plus important si l’on
en tant que base comme un indicateur de mesure de H0 . Un grand considère qu’en 1987, 6,9 millions de tonnes d’acide téréphtalique
nombre de réactions, présentées dans une revue générale sur le ont été consommées dans le monde pour la production de ce poly-
sujet [62], donnent lieu à une corrélation linéaire avec H0 . ester (cf. article spécialisé dans la rubrique Procédés industriels et
fiches produit de ce traité). Parmi les autres esters produits en quan-
■ D’autres réactions voient leur vitesse dépendre non plus de H0 tité importante, on peut citer les phtalates utilisés comme plasti-
mais de la concentration en acide. L’exemple le plus classique est fiants, les acétates pour leur pouvoir solvant ainsi que les acrylates
celui de l’ioduration de l’acétophénone en milieu acide dont l’étape et les méthacrylates.
lente est, comme on l’a déjà signalé, l’énolisation du substrat pro-
toné par enlèvement d’un proton par une base, en l’occurrence L’hydrolyse des esters trouve son application la plus importante
l’eau. Cette réaction, qui implique l’eau dans l’étape cinétique et industriellement dans la fabrication des savons par saponification
dont le schéma est appelé A2, présente une corrélation linéaire de des corps gras. Alors que l’hydrolyse des esters peut être catalysée
pente 1 entre le logarithme de la constante de vitesse et le loga- à la fois par les acides et les bases, l’estérification catalysée par les
rithme de la concentration d’acide. bases n’est pas connue et elle s’effectue donc exclusivement en
présence d’acide.
■ Zucker et Hammett, en généralisant les constatations obtenues En catalyse basique, les esters sont hydrolysés suivant le
pour ces réactions, ont proposé l’hypothèse de l’alternative simple schéma réactionnel type présenté sur la figure 9. Dans la plupart
qui consiste à distinguer deux groupes de réactions sur la base de la des cas, la formation de l’alcool s’effectue par coupure de la liaison
dépendance de leur vitesse vis-à-vis de H0 ou vis-à-vis de la entre le carbone et le groupement OR’ et non entre l’oxygène et le
concentration en acide : les réactions obéissant à un schéma de type groupement R’. Ainsi l’alcool n-amylique produit par hydrolyse
A1 et celles obéissant à un schéma de type A2 où intervient l’eau
dans l’étape cinétique. basique de l’acétate de n -amyle en présence d’eau enrichie en O18
ne contient pas d’O18. De même, en catalyse acide, l’acide acétoxy-
Bien que cette hypothèse soit apparue rapidement comme
succinique donne l’acide hydroxysuccinique avec rétention de
simpliste du fait des nombreux cas où elle tombait en défaut, elle
configuration.
a permis de mettre en évidence l’importance du rôle de l’eau dans
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d[E] k 1 K 1 [ E ] [ H 2 O ] [ H + ] k 2 K 2 [ A ] [ R ′ OH ] [ H + ]
– ------------ = ---------------------------------------------------
- – -------------------------------------------------------
dt 1+α 1 + 1/ α
où α dépend des constantes de vitesse dont les valeurs sont sup-
posées être élevées.
Ce schéma réactionnel, considéré comme le plus classique, est
appelé, dans les notations d’Ingold, schéma AAc 2, c’est-à-dire
schéma où l’étape lente est une réaction bimoléculaire entre l’acide
conjugué de l’ester et l’eau.
D’autres schémas réactionnels sont également possibles, dans
certains cas particuliers :
— le schéma AAc1 où l’étape lente est la dissociation mono-
moléculaire de l’acide conjugué de l’ester en un ion acylium et en
une molécule d’alcool :
lg k + H 0 = ω lg a H2 O + Cte
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D’une manière générale, l’activation des hydrocarbures est une d’isobutène [76]. Il constitue également une source d’obtention
réaction difficile qui nécessite des catalyseurs ou des milieux acides d’isobutène de grande pureté par craquage.
différents des milieux aqueux et dont l’activité protonique soit suf- La réaction peut s’effectuer en présence d’acide sulfurique, mais
fisamment forte pour que le proton puisse être transféré sur un elle est, en fait, mise en œuvre industriellement en utilisant comme
atome de carbone. D’autre part, les schémas réactionnels des trans- catalyseur des résines sulfoniques qui ont un comportement
formations d’hydrocarbures se différencient nettement des schémas homogène du fait des conditions opératoires [77] :
classiques de catalyse acide-base définis en milieu aqueux. En effet,
si dans ces derniers, le catalyseur est le proton, puisqu’il est régénéré — température inférieure à 100 oC ;
lorsque les produits sont formés, dans le cas des hydrocarbures, le — pression de 0,4 à 0,5 MPa.
proton est transféré au cours d’une première étape, mais c’est en La production industrielle d’éthers supérieurs a démarré en 1987
fait l’ion carbonium formé dans cette étape qui, dans la plupart des en ce qui concerne le tert-amylméthyléther (TAME) obtenu par
cas, devient le catalyseur puisque la formation des produits s’effec- réaction du méthanol sur les isoamylènes [78], et il est question de
tue avec régénération d’un ion carbonium qui peut d’ailleurs être produire l’éthyl tert-butyléther (ETBE) par réaction de l’éthanol sur
différent de celui qui a provoqué la réaction. Le proton n’intervient l’isobutène.
qu’au cours d’une étape d’initiation pour produire ces ions carbo-
nium jusqu’à une concentration stationnaire dépendant de l’activité
protonique de la solution. Si ce transfert de proton est certes difficile 4.2.3 Polymérisation cationique de l’isobutène
puisqu’il s’effectue sur un atome de carbone, il ne constitue pas en
général l’étape limitative de la réaction qui est le plus souvent, selon Le produit industriel le plus important obtenu par polymérisation
les cas, le réarrangement des ions carbonium, le réarrangement de cationique [79] est le caoutchouc butyle, un copolymère d’isobu-
complexes π en complexes σ ou un transfert d’hydrure. tène et d’isoprène. La polymérisation de l’isobutène contenant de 1
Comme, par ailleurs, les hydrocarbures présentent des réactivités à 5 % en volume d’isoprène s’effectue à – 100 oC en présence de
différentes selon le type de liaison qui doit être activée, liaison π dans AlCl3 dissous dans le chlorure de méthylène (0,2 % en masse).
le cas des oléfines et des composés aromatiques, liaison σ carbone- Une autre application importante de la polymérisation cationique
hydrogène ou carbone-carbone dans le cas des paraffines (ou est la production de polyisobutylènes élastomères obtenus par poly-
alcanes), leurs transformations nécessitent des milieux très diffé- mérisation à basse température de l’isobutène en présence de BF3
rents et s’effectuent selon des schémas réactionnels présentant des ou de AlCl3 .
particularités propres à chaque réaction et, de ce fait, difficilement L’isobutène anhydre ne polymérise pas en présence de BF3 et la
classifiables comme dans le cas des milieux aqueux. Il est donc présence d’eau est nécessaire pour engendrer un initiateur proto-
préférable de les présenter de manière indépendante et selon le type nique. La polymérisation de l’isobutène s’effectue en plusieurs
de liaison qui doit être activée. étapes (figure 12). L’initiation se produit dans une première étape
par formation de cation tertiobutylique qui réagit ensuite avec une
autre molécule d’isobutène dans une étape de propagation
4.2 Activation de la liaison conduisant à un autre ion carbonium. La polymérisation peut cesser
par transfert de proton à partir de cet ion carbonium sur une molécule
d’une oléfine d’isobutène ou par un transfert d’hydrure se trouvant en position
allylique d’une α-oléfine, vers le cation propageant la chaîne,
4.2.1 Réactivité des oléfines conduisant à un cation allylique très stable.
La réactivité particulièrement élevée des oléfines, due à la pré- La masse moléculaire du polyisobutylène, qui peut être de
sence des électrons de liaison π, a conduit les pétrochimistes à l’ordre de 106, dépend de la présence de ces composés, qui pro-
transformer, dans les vapocraqueurs, l’éthane, le propane ou le voquent soit des transferts de proton, soit des transferts d’hydrure.
naphta (constitué de pentanes et d’hexanes) en hydrocarbures insa- Les agents de transfert de proton, tels les halogénures d’alkyle,
turés, plus particulièrement en éthylène mais également en une réduisent la masse moléculaire sans affecter le rendement, tandis
gamme d’autres oléfines et dioléfines supérieures. L’affinité des olé- que les agents de transfert d’hydrure, telles les α-oléfines,
fines pour le proton ou pour des espèces électrophiles telles que réduisent le rendement sans modification de la masse moléculaire.
les ions carbonium augmente avec l’accroissement de la densité Cette dernière est également d’autant plus élevée que la tempéra-
électronique de la double liaison par des radicaux donneurs d’élec- ture est plus basse. En passant de – 100 à – 30 oC, elle peut être
trons et donc par exemple selon la séquence : divisée par 100. Le transfert de proton, à partir de l’ion qui entre-
tient la propagation de la chaîne, est donc plus fortement influencé
éthylène < n-butènes ≈ propylène < isobutène par la température que ne l’est l’addition de cet ion sur la double
liaison de l’isobutène.
Ces oléfines sont transformées industriellement en présence de
catalyseurs acides soit par polymérisation, soit par addition élec- Il est ainsi possible, à condition d’opérer à plus haute température,
d’obtenir des oligomères d’isobutène, composants d’essences à
trophile d’eau, d’alcool, de formol... Par exemple, l’addition du
formol à l’isobutène en présence d’acide sulfurique, appelée réaction haut indice d’octane. Cette oligomérisation s’effectue industriel-
de Prins [75], conduit au diméthylmétadioxanne-1, 3 qui, par cra- lement en présence d’acide sulfurique, d’acide phosphorique, de
résine sulfonique, de silicoalumine, comme dans le procédé
quage, donne de l’isoprène dont la polymérisation stéréospécifique
Polynaphta de l’IFP.
permet d’obtenir un élastomère identique au caoutchouc naturel.
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Elle peut s’effectuer avec des oléfines, des alcools ou des halogé- Quatre procédés sont exploités industriellement pour produire
nures d’alkyle mais, le plus souvent, on utilise des oléfines telles l’éthylbenzène par alkylation du benzène par l’éthylène en présence
que l’éthylène, le propylène, l’isobutène, le tétramère du propylène de catalyseurs acides.
ou des oléfines linéaires à nombre d’atomes de carbone compris
entre 10 et 18. ■ Dans le procédé Alkar d’UOP, BF3 est utilisé comme activateur
d’un support solide constitué d’alumine.
La réaction d’une oléfine sur un noyau aromatique s’effectue en
présence de catalyseurs acides, selon un schéma de substitution ■ Un procédé d’alkylation, utilisant les zéolithes ZSM5, a été indus-
électrophile présenté sur la figure 13. Elle procède en plusieurs trialisé par Mobil Badger.
étapes dont la première, considérée comme une étape d’initiation,
est la formation d’ions carbonium obtenus soit par protonation de ■ Dans les deux autres procédés ci-après, le catalyseur est le chlo-
l’oléfine, soit par ionisation d’un chlorure d’alkyle par complexation rure d’aluminium mis en œuvre en phase liquide :
avec un acide de Lewis tel que AlCl3 . Dans une deuxième étape, — dans le procédé d’Orkem-Technip, où l’alkylation s’effectue
ces ions carbonium se complexent avec les électrons π du noyau en système liquide-liquide, cette phase catalytique contient en
aromatique pour donner transitoirement un complexe qui se régime stationnaire 27 % de AlCl3 , 25 % de polyéthylbenzènes
transforme en complexe σ. L’alkylbenzène est finalement obtenu par et 48 % de benzène et d’éthylbenzène ; l’alkylation s’effectue entre
transfert du proton vers l’anion avec passage par un complexe π. 100 et 110 oC en opérant avec un rapport molaire benzène/éthylène
égal à 2, de manière à limiter la formation de polyéthylbenzènes
La formation des ions carbonium dépend de la réactivité de l’olé-
qui sont néanmoins séparés et recyclés au réacteur pour être trans-
fine et de l’activité du catalyseur. L’alkylation d’une oléfine peu
formés en éthylbenzène par transalkylation avec le benzène ;
réactive telle que l’éthylène ne se fait pas en présence d’acide sul-
— dans un procédé développé plus récemment par Monsanto
furique ou d’acide fluorhydrique mais en présence de chlorure
[80], la quantité de chlorure d’aluminium injectée en continu dans
d’aluminium et d’activateurs protoniques (par exemple HCl).
le réacteur est ajustée pour que AlCl3 reste en solution dans les
L’ion carbonium se fixe sur le noyau aromatique en des positions hydrocarbures, évitant ainsi la formation d’une deuxième phase
où la densité électronique est la plus forte. En conséquence, la pré- liquide ; la réaction est alors effectuée à plus haute température
sence d’un substituant peut modifier par effet inductif non seulement (140 à 200 oC) et la formation de polyéthylbenzène est moins impor-
la densité électronique globale mais aussi celle sur les différentes tante, ainsi que la consommation de catalyseur (0,001 9 kg/kg
positions du noyau. En particulier, la présence d’un groupe alkyle d’éthylbenzène).
favorise la substitution en ortho ou en para. Ainsi, dans l’alkylation
du benzène, la fixation d’un premier groupement alkyle facilite la
substitution d’un autre alkyle entraînant la formation de di- et 4.3.3 Obtention d’alkylats détergents
trialkylbenzènes. Pour inhiber ces réactions secondaires, il est néces-
saire d’opérer avec des rapports molaires benzène/oléfine compris Le marché mondial des alkylats détergents reste dominé par le
entre 2 et 10. dodécylbenzènesulfonate de sodium qui est progressivement
Les polyalkylbenzènes étant des composés beaucoup plus remplacé par les n-alkylbenzènesulfonates de sodium beaucoup
basiques que les dérivés monoalkylés, les complexes σ qu’ils plus biodégradables. Tous deux sont produits à partir d’un inter-
forment avec le catalyseur sont, de ce fait, beaucoup plus stables médiaire obtenu par alkylation du benzène, le premier avec le tétra-
et contribuent à sa désactivation. mère de propylène, le second avec des chlorures de paraffines
linéaires ou avec des coupes d’oléfines linéaires à nombre d’atomes
de carbone compris entre 10 et 18, obtenues par craquage de cires
de paraffines, par oligomérisation de l’éthylène ou par déshydro-
génation de paraffines normales. La position du groupe phényle sur
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la chaîne alkyle a beaucoup d’influence sur les propriétés mous- et à de nombreux travaux pour la transformation des hydro-
santes et tensioactives ainsi que sur la biodégradabilité du détergent. carbures. En particulier, en leur présence, les paraffines sont
De ce fait, le contrôle de la quantité de phényl-2-alcane est particu- activées à très basse température et la réaction d’isomérisation
lièrement important lors de la synthèse. peut s’effectuer à des températures comprises entre – 10 et 20 oC.
Cette alkylation est en majeure partie effectuée industriellement Cette isomérisation s’accompagne de craquage, particulièrement
en présence d’acide fluorhydrique ou de chlorure d’aluminium à lorsque le nombre d’atomes de carbone est supérieur à 6 [82].
une température comprise entre 20 et 50 oC et conduit dans les deux Les études effectuées dans ces milieux superacides ont permis
cas à un mélange de tous les isomères des phénylalcanes, dont la de mieux comprendre les mécanismes des réactions de transfor-
proportion varie toutefois suivant la nature du catalyseur. En partant mation des hydrocarbures s’effectuant par l’intermédiaire des ions
de dodécène-1, les teneurs en phényl-2 dodécane sont respecti- carbonium. Ces réactions sont très importantes dans le raffinage
vement égales à 35 et 20 % en masse selon que l’on utilise comme du pétrole puisqu’elles s’appliquent par exemple à l’isomérisation
catalyseur le chlorure d’aluminium ou l’acide fluorhydrique [81]. des essences légères, à l’alkylation aliphatique, au craquage cata-
La réaction principale est accompagnée de réactions secondaires lytique ou à l’isomérisation des xylènes (cf. articles spécialisés
dont la principale est la formation de dialkylats qui ne sont pas dans la rubrique Opérations unitaires de ce traité).
recyclés au réacteur et dont on limite la quantité (5 à 15 %) en met-
tant en œuvre des rapports molaires benzène/oléfine égaux à 10.
4.4.2 Isomérisation des paraffines
4.4 Activation d’une liaison L’isomérisation des paraffines constitue une réaction importante
du raffinage du pétrole puisqu’elle est mise en œuvre pour trans-
carbone-hydrogène former le n-butane en isobutane, nécessaire pour l’alkylation du
ou carbone-carbone propylène et des butènes, également pour accroître l’indice
d’octane des essences légères pour automobiles, constituées de
paraffines en C5 et C6 , en augmentant leur teneur en paraffines
4.4.1 Évolution des catalyseurs d’isomérisation ramifiées, et qu’elle intervient dans les grands procédés tel le
craquage catalytique ou le reformage.
L’activation d’une liaison σ carbone-hydrogène ou carbone-
carbone est un processus qui nécessite des catalyseurs très actifs, Bien que, dans les nouvelles unités industrielles d’isomérisation,
en particulier dans la transformation des paraffines, réputées être on ne mette en œuvre que des catalyseurs hétérogènes constitués
peu réactives (du latin para affinum ). Ainsi le craquage catalytique, d’un support acide d’alumine chlorée ou de zéolithe et d’un métal
l’un des procédés pour l’obtention d’essences à haut indice noble, le platine, des catalyseurs liquides à base d’AlCl3—HCl ou
d’octane à partir de coupes pétrolières et qui s’effectue en pré- d’AlCl3—SbCl3 sont encore utilisés. Les milieux superacides tels
sence de catalyseurs solides acides, silico-alumines amorphes ou que SbF5—HF ont été testés dans des unités pilotes mais n’ont pas
cristallisées, doit être mis en œuvre à des températures comprises encore été développés à l’échelle industrielle.
entre 450 et 500 oC. L’isomérisation d’une paraffine s’effectue par une succession
De même l’évolution des catalyseurs d’isomérisation des paraf- d’un grand nombre de réactions qui peuvent être regroupées en
fines illustre bien la difficulté de cette activation. Les catalyseurs de trois étapes.
première génération du type monofonctionnel étaient constitués de
■ Une première étape correspondant à la formation d’ions carbo-
l’association d’un acide de Lewis, AlCl3 ou BF3 , avec un acide de
nium à partir de la paraffine peut se produire de deux manières dif-
Brönsted, HCl ou HF. En présence de ces catalyseurs très acides
férentes selon que l’on est en présence ou non de métal noble. En
utilisés en phase liquide, l’isomérisation avait lieu entre 60 et 120 oC.
présence de platine, la paraffine est déshydrogénée en oléfine qui
Ils ont été remplacés par des catalyseurs bifonctionnels asso- est alors transformée en ion carbonium par protonation. L’activation
ciant un solide acide, du type zéolithe ou alumine chlorée, à une de cette liaison σ carbone-hydrogène peut également être effectuée
fonction déshydrogénante apportée par le platine travaillant à plus sans métal noble lorsque l’activité protonique du catalyseur est suf-
haute température (150-250 oC). fisamment forte. En particulier, avec SbF5—HF, elle se produit par
L’exceptionnelle stabilité des ions carbonium dans les milieux activation protonique avec dégagement d’hydrogène. Cette réaction
superacides tels que les solutions de pentafluorure d’antimoine est en général plus lente que l’isomérisation proprement dite [46],
dans l’acide fluorhydrique ou dans l’acide fluorosulfonique a été mais elle n’est pas l’étape limitative de l’isomérisation car elle se
mise en évidence par Olah et a conduit au succès de ces milieux produit au cours de cette période d’initiation conduisant à une
concentration stationnaire en ions carbonium.
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(*) L’indice d’octane (ou nombre d’octane) d’un carburant est, par définition, le nombre
entier le plus proche du pourcentage en volume d’isooctane dans un mélange d’isooctane
et de n-heptane, dont les caractéristiques antidétonantes équivalent à celles du carburant
étudié, lorsqu’on les compare suivant une méthode standard appelée « méthode
recherche » et donnant le nombre d’octane recherche (NOR).
La production mondiale d’alkylats a été en 1988 égale à 50 millions
de tonnes.
Ces réactions nécessitent l’activation non seulement de la liaison
π de l’oléfine mais aussi de la liaison σ carbone-hydrogène de la
paraffine. Lorsque l’oléfine est peu réactive comme l’éthylène,
l’alkylation doit être effectuée en présence de chlorure d’aluminium
Figure 14 – Isomérisation de l’hexane : réarrangement
activé par l’acide chlorhydrique. L’activation du propylène ou des
des ions carbonium
butènes pourrait se faire avec des milieux beaucoup moins acides,
mais c’est alors l’activation de l’isobutane qui requiert l’utilisation
d’acide sulfurique à 95-98 % (en masse), ou d’acide fluorhydrique
à 98 %. Du fait de la très faible solubilité des hydrocarbures dans
ces milieux, la réaction s’effectue en système liquide-liquide, les
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transferts de masse étant assurés par agitation des deux phases du cation tertiobutylique sur l’oléfine. Dans le cas du propylène, il
liquides, soit dans des réacteurs munis d’agitateurs spéciaux, soit ne se forme pas de diméthyl-2,2 pentane mais uniquement les
dans des réacteurs tubulaires où l’émulsion est obtenue en réglant diméthyl-2,3 et -2,4 pentanes à raison respectivement de 70 et
la vitesse linéaire d’injection de la charge. 30 %. L’alkylation des butènes s’effectue avec des réarrangements
Un schéma réactionnel typique de l’alkylation est présenté sur la intermédiaires beaucoup plus nombreux.
figure 15. La réaction principale ne s’effectue de façon sélective
qu’après une période d’initiation conduisant à la formation de
cations tertiobutyliques, obtenus par transfert d’hydrure entre l’iso- 4.4.4 Isomérisation des xylènes
butane et les ions carbonium formés par protonation de l’oléfine.
L’alkylation proprement dite se produit en plusieurs étapes. L’addi- Le m-xylène, n’ayant pratiquement pas d’utilisation industrielle,
tion rapide du cation tertiobutylique sur la double liaison de est le plus souvent transformé par isomérisation en o- et p-xylène,
l’oléfine donne un ion carbonium secondaire dont la vitesse de intermédiaire pour la fabrication d’anhydride phtalique et d’acide
réarrangement en ions carbonium tertiaires plus stables est plus téréphtalique (cf. articles spécialisés dans ce traité). Cette isoméri-
grande que celle de la réaction de transfert d’hydrure de l’isobu- sation s’effectue en présence de catalyseurs acides solides ou
tane. Le cation tertiobutylique qui est régénéré au cours de cette liquides. Les catalyseurs hétérogènes [86], constitués d’un solide
dernière étape lente constitue le catalyseur de la réaction. Les ions acide, alumine ou silico-alumine, supportant un métal noble ou
carbonium pouvant se réarranger très rapidement, les alkylats non noble, isomérisent les xylènes à des températures comprises
obtenus ne sont pas uniquement ceux obtenus par simple addition entre 400 et 500 oC.
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L’isomérisation des xylènes peut être effectuée à température peut aussi être utilisée directement pour isomériser le m-xylène :
beaucoup plus basse en présence de milieux superacides tels que l’isomérisation se produit à basse température (inférieure à 100 oC)
les solutions de BF3 dans HF liquide. Un procédé d’extraction et par activation des liaisons carbone-hydrogène et carbone-carbone
d’isomérisation du m-xylène a été industrialisé en 1970 par avec déplacements d’hydrure et de groupe méthyle avec passage
Mitsubishi Gas and Chemical Co. [87]. Ce procédé repose essentiel- par un complexe π.
lement sur l’extraction sélective du m-xylène qui, du fait de sa Des xylènes peuvent être obtenus également par dismutation du
basicité de Lewis très différente de celle des autres isomères, toluène avec production simultanée de benzène. Celle-ci peut être
s’effectue à basse température (25 oC) par complexation avec effectuée en phase vapeur ou en phase liquide en présence de
BF3—HF sous forme de complexe σ. Cette solution est facilement catalyseurs solides tels que les silicoalumines du type mordenite.
séparée des autres composés aromatiques qui se retrouvent Il s’avère nécessaire d’effectuer le recyclage des triméthylbenzènes
exempts de m-xylène et peuvent être plus aisément séparés par qui se forment également et d’éliminer les aromatiques plus
des techniques physiques. Du m-xylène à 99 % de pureté peut être lourds.
obtenu par simple vaporisation de BF3—HF à 69 oC. La solution
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