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Objet

d’étude : Les Philosophes des Lumières et le combat contre l’injustice

Objectif : Comment travailler les écrits longs grâce à des écrits intermédiaires et des outils d’étayage ?

Séquence :
Regards critiques sur l’Homme et de la société du XVIIIème siècle : combats d’hier et
d’aujourd’hui.

Questionnements :
Une action juste l’est-elle pour tout le monde ? Qu’est-ce que l’injustice ? Quelles différences entre moral
et immoral ?

Les élèves auront la charge de trouver ce qui est dénoncé dans chacune des séances, c’est pour cela que la
fin du titre n’est pas donnée aux élèves. Cela les prépare à trouver le thème commun (4ème question au
BEP et 1ère question au BAC).

En parallèle à la séquence, les élèves auront chacun leur « journal de la séquence », un carnet personnel
non noté (le professeur ne sanctionne ni l’orthographe, ni la grammaire, ni la forme) qui reprendra les
idées fortes, les notions, les phrases retenues par chaque élève.

Le journal de séquence doit permettre à l’élève d’affiner progressivement son statut de lecteur et l’aider à
se constituer une culture générale. Il doit surtout lui donner le goût et la confiance dans l’écriture.
Le document ressource Baccalauréat Professionnel – Lire indique que le professeur veille à maintenir un
équilibre entre le souci de faire réagir les élèves, de les faire entrer dans le débat d’idées, le partage
d’émotions ; l’apport de connaissances sur l’époque et le milieu qui ont vu naître l’œuvre, la façon dont
l’œuvre a été reçue par les lecteurs de son époque ; la réflexion sur l’écriture de l’œuvre et ses effets sur le
lecteur d’aujourd’hui.

Pour l’aspect pratique, j’ai choisi comme support un paquet de feuilles A3. J’en distribue quelques-unes à
chaque élève : elles seront pliées en livret format A4 et ils auront pour la séance suivante à réaliser une
première de couverture de leur choix avec le titre de la séquence et, au dos de la première page, un
sommaire.
Séance d’ouverture sur les Philosophes des Lumières
Séance 1 : Dénoncer…
Séance 2 : Dénoncer …
Séance 3 : Dénoncer …
Séance 4 : Dénoncer …

A la grande question : « Est-ce que ce sera noté, Madame ? », je réponds que je ramasserai le journal de
séquence à la fin pour le lire et mettre une note d’investissement.










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Entrée dans l’objet d’étude : Séance inversée sur les Philosophes des Lumières

Philosophes des Lumières avec Entretiens sur un autre monde

Voyage de Cook
(5 avril 1769) Bibliothèque de Crespi (1715)
Le monde des Lumières
Séance dite « inversée » en donnant les documents aux élèves et qu’ils auront à travailler à la maison afin
de revenir avec une première approche de la séquence et une appropriation des connaissances.

Journal de séquence : Ce que j’ai retenu en choisissant une phrase des textes. Définition personnelle de «
Philosophes » et « les Lumières ». Illustrez les travaux.

1) Quels sont les deux philosophes que vous devez déjà connaître qui sont cités dans les documents ?
François-Marie AROUET dit VOLTAIRE (1694-1778) : auteur dramatique, historien, philosophe, poète.
L’œuvre de Voltaire est considérable, il a abordé tous les genres de la littérature : poète, il écrit La Henriade,
La Pucelle, très discutée, les Contes en vers ; auteur tragique, il fit jouer Eryphile en 1732, Œdipe, Zaïre etc. ;
historien, le Siècle de Louis XIV et l’Histoire de Charles XII sont des chefs-d’œuvre ; ses romans les meilleurs
sont Zadig et Candide : il a écrit de nombreux ouvrages philosophiques, des mémoires ou plaidoyers en
faveur de Calas, Sirven et autres victimes de l’absolutisme et de l’intolérance. Il a fait connaître, en France,
Shakespeare et le théâtre anglais. Il a été élu en 1746 à l’Académie française.

Denis DIDEROT (1713-1784) : philosophe et écrivain français.
Dans ses Pensées Philosophiques (1746), Diderot plaide pour une religion naturelle. Se montrant trop libéral
par rapport à la religion et aux "mystères", il est condamné par l'Eglise. En 1747, il est chargé par le libraire
Le Breton de diriger avec d'Alembert les travaux de l'Encyclopédie. La Lettre sur les aveugles et à l'usage de
ceux qui voient (1749) provoque son incarcération au château de Vincennes pendant trois mois. Après sa
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libération, Diderot se consacre entièrement et pendant plus de vingt ans à la réalisation de l'Encyclopédie,
véritable travail d'éditeur, qui lui assure la notoriété. Le premier volume est publié en 1751 et le dernier en
1772. En parallèle à l'Encyclopédie, Diderot poursuit son œuvre littéraire tout en menant une vie éclectique
et tumultueuse. Ses romans, ses critiques et ses essais philosophiques, dont une grande partie ne sera
publiée qu'après sa mort, montrent le souci de définir la véritable nature de l'homme et sa place dans le
monde

2) A partir de ces courtes biographies et des œuvres mentionnées, montrez ce qu’étaient les
philosophes.
- Esprits qui s’intéressent à beaucoup de domaines (science, religion, histoire, littérature étrangère et
donc voyages),
- Pratiquent diverses écritures : théâtre, essai, contes, poésie,
- Vie sociale importante,
- Ils luttent contre des injustices.

3) A partir des quatre illustrations, comment pourriez-vous résumer l’esprit du XVIIIème siècle ?
- Vie de salon où les gens aiment être invités, vus et où l’art de la conversation est essentiel,
- Goût pour la connaissance avec l’observation, le partage, la lecture et l’écriture.

4) Quelles pourraient être les injustices que vont dénoncer les philosophes ?
L’intolérance, le fanatisme, l’absolutisme etc.

5) Quelles sont, à l’heure actuelle, selon vous, les plus grandes injustices dans le monde ?

6) Pourquoi alors proposer un travail, en 1ère, sur les Philosophes des Lumières ?
Montrer que les combats des philosophes des Lumières, au XVIIIème siècle, sont toujours d’actualité.

Les Philosophes du XVIIIème siècle sont appelés les Philosophes des Lumières. Ce terme de « Lumières » ne
doit pas être pris au sens propre. C’est une métaphore qui représente avec optimisme le triomphe de la
pensée, de la raison et de la connaissance sur l’obscurité des superstitions et ignorances.

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Fiche élève : Séance d’ouverture sur les Philosophes des Lumières

Cette fiche est à coller et les réponses rédigées, à la maison, sur votre cahier.

Philosophes des Lumières avec Voltaire et Diderot au Café Le Procope


Entretiens sur un autre monde


Voyage de Cook (5 avril 1769) Bibliothèque de Crespi (1715)

1) Quels sont les deux philosophes que vous devez déjà connaître qui sont cités dans les documents ?
2) A partir de ces courtes biographies et des œuvres mentionnées, montrez ce qu’étaient les
philosophes.
3) A partir des quatre illustrations, comment pourriez-vous résumer l’esprit, les grandes idées du
XVIIIème siècle ?
4) Quelles pourraient être les injustices que vont dénoncer les philosophes ?
5) Quelles sont, à l’heure actuelle, selon vous, les plus grandes injustices dans le monde ?
6) Pourquoi alors proposer un travail, en 1ère, sur les Philosophes des Lumières ?




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François-Marie AROUET dit VOLTAIRE (1694-1778) : auteur dramatique, historien, philosophe, poète. L’œuvre de Voltaire
est considérable, il a abordé tous les genres de la littérature : poète, il écrit La Henriade, La Pucelle, très discutée, les Contes
en vers ; auteur tragique, il fit jouer Eryphile en 1732, Œdipe, Zaïre etc. ; historien, le Siècle de Louis XIV et l’Histoire de
Charles XII sont des chefs-d’œuvre ; ses romans les meilleurs sont Zadig et Candide : il a écrit de nombreux ouvrages
philosophiques, des mémoires ou plaidoyers en faveur de Calas, Sirven et autres victimes de l’absolutisme et de
l’intolérance. Il a fait connaître, en France, Shakespeare et le théâtre anglais. Il a été élu en 1746 à l’Académie française.

Denis DIDEROT (1713-1784) : philosophe et écrivain français.


Dans ses Pensées Philosophiques (1746), Diderot plaide pour une religion naturelle. Se montrant trop libéral par rapport à
la religion et aux "mystères", il est condamné par l'Eglise. En 1747, il est chargé par le libraire Le Breton de diriger avec
d'Alembert les travaux de l'Encyclopédie. La Lettre sur les aveugles et à l'usage de ceux qui voient (1749) provoque son
incarcération au château de Vincennes pendant trois mois. Après sa libération, Diderot se consacre entièrement et pendant
plus de vingt ans à la réalisation de l'Encyclopédie, véritable travail d'éditeur, qui lui assure la notoriété. Le premier volume
est publié en 1751 et le dernier en 1772. En parallèle à l'Encyclopédie, Diderot poursuit son œuvre littéraire tout en menant
une vie éclectique et tumultueuse. Ses romans, ses critiques et ses essais philosophiques, dont une grande partie ne sera
publiée qu'après sa mort, montrent le souci de définir la véritable nature de l'homme et sa place dans le monde.

François-Marie AROUET dit VOLTAIRE (1694-1778) : auteur dramatique, historien, philosophe, poète. L’œuvre de Voltaire
est considérable, il a abordé tous les genres de la littérature : poète, il écrit La Henriade, La Pucelle, très discutée, les Contes
en vers ; auteur tragique, il fit jouer Eryphile en 1732, Œdipe, Zaïre etc. ; historien, le Siècle de Louis XIV et l’Histoire de
Charles XII sont des chefs-d’œuvre ; ses romans les meilleurs sont Zadig et Candide : il a écrit de nombreux ouvrages
philosophiques, des mémoires ou plaidoyers en faveur de Calas, Sirven et autres victimes de l’absolutisme et de
l’intolérance. Il a fait connaître, en France, Shakespeare et le théâtre anglais. Il a été élu en 1746 à l’Académie française.

Denis DIDEROT (1713-1784) : philosophe et écrivain français.


Dans ses Pensées Philosophiques (1746), Diderot plaide pour une religion naturelle. Se montrant trop libéral par rapport à
la religion et aux "mystères", il est condamné par l'Eglise. En 1747, il est chargé par le libraire Le Breton de diriger avec
d'Alembert les travaux de l'Encyclopédie. La Lettre sur les aveugles et à l'usage de ceux qui voient (1749) provoque son
incarcération au château de Vincennes pendant trois mois. Après sa libération, Diderot se consacre entièrement et pendant
plus de vingt ans à la réalisation de l'Encyclopédie, véritable travail d'éditeur, qui lui assure la notoriété. Le premier volume
est publié en 1751 et le dernier en 1772. En parallèle à l'Encyclopédie, Diderot poursuit son œuvre littéraire tout en menant
une vie éclectique et tumultueuse. Ses romans, ses critiques et ses essais philosophiques, dont une grande partie ne sera
publiée qu'après sa mort, montrent le souci de définir la véritable nature de l'homme et sa place dans le monde.

François-Marie AROUET dit VOLTAIRE (1694-1778) : auteur dramatique, historien, philosophe, poète. L’œuvre de Voltaire
est considérable, il a abordé tous les genres de la littérature : poète, il écrit La Henriade, La Pucelle, très discutée, les Contes
en vers ; auteur tragique, il fit jouer Eryphile en 1732, Œdipe, Zaïre etc. ; historien, le Siècle de Louis XIV et l’Histoire de
Charles XII sont des chefs-d’œuvre ; ses romans les meilleurs sont Zadig et Candide : il a écrit de nombreux ouvrages
philosophiques, des mémoires ou plaidoyers en faveur de Calas, Sirven et autres victimes de l’absolutisme et de
l’intolérance. Il a fait connaître, en France, Shakespeare et le théâtre anglais. Il a été élu en 1746 à l’Académie française.

Denis DIDEROT (1713-1784) : philosophe et écrivain français.


Dans ses Pensées Philosophiques (1746), Diderot plaide pour une religion naturelle. Se montrant trop libéral par rapport à
la religion et aux "mystères", il est condamné par l'Eglise. En 1747, il est chargé par le libraire Le Breton de diriger avec
d'Alembert les travaux de l'Encyclopédie. La Lettre sur les aveugles et à l'usage de ceux qui voient (1749) provoque son
incarcération au château de Vincennes pendant trois mois. Après sa libération, Diderot se consacre entièrement et pendant
plus de vingt ans à la réalisation de l'Encyclopédie, véritable travail d'éditeur, qui lui assure la notoriété. Le premier volume
est publié en 1751 et le dernier en 1772. En parallèle à l'Encyclopédie, Diderot poursuit son œuvre littéraire tout en menant
une vie éclectique et tumultueuse. Ses romans, ses critiques et ses essais philosophiques, dont une grande partie ne sera
publiée qu'après sa mort, montrent le souci de définir la véritable nature de l'homme et sa place dans le monde.

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Séance 1 Dénoncer les inégalités sociales
A l’oral
Travail sur le lexique à partir du verbe d’action « juger » puis synonymes, antonymes, expressions, proverbes
etc. Mots de la même famille (juste, injuste, injustice…)
Quelle est la différence entre « moral » et « immoral » (expliquer la différence avec « amoral ») ?
Quelle est la différence entre ce qui est tolérable et intolérable ?

Supports :
Le mariage de Figaro de BEAUMARCHAIS (1784), Acte V, scène 3
Film documentaire réalisé par l’OMS, « Histoire de deux fillettes »

L’auteur, la pièce et la situation de l’extrait :


Beaumarchais est un célèbre dramaturge français auteur du Mariage de Figaro, second volet d'une trilogie.
Ecrite en 1778, elle est censurée et ne peut être jouée qu'en 1784.
Trois ans après le mariage du comte Almaviva et de Rosine, qui conclut Le Barbier de Séville, Figaro est
devenu concierge du château et va épouser Suzanne, camériste de la comtesse. Mais le comte, qui délaisse
maintenant sa femme, convoite la jolie Suzanne et entend satisfaire son caprice ou empêcher les noces.
Suzanne apprend à Figaro que le comte veut obtenir un rendez-vous de sa part.
Dans cette scène l'auteur nous livre ici le plus long monologue de toute l'histoire du théâtre français. Sur le
conseil de sa mère, Figaro se rend au jardin où ont lieu les rendez-vous, pensant que Suzanne l'a trahi.

Acte V, scène 3, Le mariage de Figaro de BEAUMARCHAIS (1784)


FIGARO, seul, se promenant dans l'obscurité, dit du ton le plus sombre.
(…) Non, monsieur le comte, vous ne l'aurez pas. Vous ne l'aurez pas. Parce que vous êtes un grand seigneur,
vous vous croyez un grand génie ! Noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier ! Qu'avez-
vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus : du reste, homme
assez ordinaire ! Tandis que moi, morbleu, perdu dans la foule obscure, il m'a fallu déployer plus de science
et de calculs pour subsister seulement, qu'on n'en a mis depuis cent ans à gouverner toutes les Espagnes ;
et vous voulez jouter ! On vient. C’est elle. Ce n'est personne. — La nuit est noire en diable, et me voilà
faisant le sot métier de mari, quoique je ne le sois qu'à moitié ! (Il s'assied sur un banc.) Est-il rien de plus
bizarre que ma destinée ! Fils de je ne sais pas qui ; volé par des bandits ; élevé dans leurs mœurs, je m'en
dégoûte et veux courir une carrière honnête ; et partout je suis repoussé ! J'apprends la chimie, la pharmacie,
la chirurgie ; et tout le crédit d'un grand seigneur peut à peine me mettre à la main une lancette vétérinaire
! (…) (Il se lève.) Que je voudrais bien tenir un de ces puissants de quatre jours, si légers sur le mal qu'ils
ordonnent, quand une bonne disgrâce a cuvé son orgueil ! Je lui dirais que les sottises imprimées n'ont
d'importance qu'aux lieux où l'on en gêne le cours ; que, sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge
flatteur ; et qu'il n'y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits. (Il se rassied.) (…)
Comment cela m'est-il arrivé ? Pourquoi ces choses et non pas d'autres ? Qui les a fixées sur ma tête ?
Forcé de parcourir la route où je suis entré sans le savoir, comme j'en sortirai sans le vouloir, je l'ai jonchée
d'autant de fleurs que ma gaieté me l'a permis ; encore je dis ma gaieté, sans savoir si elle est à moi plus que
le reste, ni même quel est ce moi dont je m'occupe : un assemblage informe de parties inconnues; puis un
chétif être imbécile, un petit animal folâtre, un jeune homme ardent au plaisir, ayant tous les goûts pour
jouir, faisant tous les métiers pour vivre, maître ici, valet là, selon qu'il plaît à la fortune ; ambitieux par
vanité, laborieux par nécessité, mais paresseux... avec délices ! orateur selon le danger, poète par
délassement ; musicien par occasion, amoureux par folles bouffées, j'ai tout vu, tout fait, tout usé. Puis
l'illusion s'est détruite, et, trop désabusé. Désabusé !... Suzon, Suzon, Suzon ! que tu me donnes de
tourments !... J'entends marcher ... on vient. Voici l'instant de la crise.

(Il se retire près de la première coulisse à sa droite.)

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A/ Rappels des règles théâtrales
Quels sont les termes qui vous reviennent en tête quand on parle de théâtre, hormis les noms des auteurs
vus au collège ou en seconde ?
1. Le découpage
Une pièce se découpe en Actes et en scènes.
Dans le théâtre classique, la pièce est composée de cinq actes.
On change d’acte quand on change de décor.
On change de scène quand un personnage entre ou sort de la scène.
2. Les différents types de réplique
Le dialogue : deux ou plus personnages sont sur scène et parlent ensemble.
Le monologue : un personnage seul en scène qui parle.
La tirade : plusieurs personnages sur scène et un prend longuement la parole.
L’aparté : un personnage prend la parole à part, à l’insu des autres personnages et seuls les spectateurs
sont susceptibles d’entendre ces paroles.
Les didascalies : indications scéniques non prononcées par les comédiens. Il s’agit d’informations données,
en italique ou entre parenthèses, par l’auteur ou le metteur en scène aux comédiens. Elles peuvent donner
quatre indications différentes : le décor, l’énonciation (ton, à qui le comédien parle, les silences), le geste
ou le mouvement.
La didascalie initiale se trouve à l’Acte I, scène 1 et permet de présenter le lieu, le décor.
3. Organisation d’une pièce classique
Une pièce classique est toujours construite ainsi :
- La ou les scènes d’exposition (comme la situation initiale dans les romans),
- Le nœud de l’action (comme l’élément perturbateur ou déclencheur dans les romans),
- Les péripéties,
- Le coup de théâtre (comme l’élément équilibrant dans les romans),
- Le dénouement (comme la situation finale dans les romans).

B/ Analyse du texte de Beaumarchais
Expliquer à l’oral la trilogie de Beaumarchais (Le Barbier de Séville, Le mariage de Figaro, La mère coupable).
Lire le texte et à l’oral, questionner les élèves sur leurs réactions subjectives : ressentez-vous l’émotion de
Figaro ? Si oui, laquelle ? Si non, pourquoi ?

1. A partir des documents, présentez l’extrait.
Il s’agit d’un extrait de pièce de théâtre tiré de l’Acte V, scène 3. C’est presque le dénouement. Figaro prend
la parole dans le plus long monologue de toute l’histoire du théâtre.
2. Quels sont les éléments qui rendent ce monologue plus vivant ? Relevez-les.
D’abord, le monologue se présente comme un récit entrecoupé par des passages de discours qui
interrompent la narration :
« Vous ne l’aurez pas » (vers 1 à 3) : il s’adresse au comte Almaviva qui veut lui voler sa femme,
- « Je lui dirais… » (vers 12) : présence d'un verbe introducteur comme s’il allait s’adresser à un des
puissants,
- « on se débat ; c'est vous, c'est lui, c'est moi, c'est toi… » (vers 36) : une mise en scène interne de la
scène.
- « Suzon, Suzon » (vers 46) : apostrophe à Suzanne avec le diminutif Suzon.
Beaumarchais procède ainsi afin de rendre le monologue moins lourd, le rendre plus vivant
Ensuite, les didascalies rendent le monologue plus vivant, moins monotone. Figaro se lève et se rassied au
fil de ce qu’il raconte.
3. Faites la biographie de Figaro.

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Orphelin, ne connaissant pas ses parents, élevé par des bandits. Ayant fait des études diverses et ayant
exercé plusieurs métiers : vétérinaire, auteur dramatique, auteur de traités économiques, journaliste,
banquier du pharaon, barbier. Désormais domestique du comte et va se marier à Suzanne.
4. Quel est l’état d’esprit de Figaro ? Justifiez votre réponse grâce à des éléments du texte.
Figaro est en proie au doute et à la colère. C’est un arrêt dans les péripéties, dans les actions et Figaro fait le
point sur sa vie en établissant un constat grâce à un retour en arrière et nous le voyons grâce aux temps
employés (imparfait, passé simple). Il s’interroge sur sa vie mais il élargit le discours philosophique à celle
des Hommes. On passe d’une situation particulière à une situation générale. Répétition de « non »,
nombreuses phrases exclamatives et interrogatives, didascalies de mouvements.
5. Expliquez cet extrait en travaillant la structure de la phrase mais aussi le lexique employé : "Je lui
dirais… que les sottises imprimées n'ont d'importance, qu'aux lieux où l'on en gène le cours ; que sans
la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur ; et qu'il n'y a que les petits hommes, qui redoutent
les petits écrits." Quel thème l’auteur met-il en avant ?
Nous avons le champ lexical de l’expression écrite et donc de l’opinion avec « sottises imprimées », « éloges
flatteurs », « petits écrits ». Anaphore de « que » comme une énumération. Antithèse entre le verbe
« blâmer » et le nom commun « éloge ». Parallélisme entre les groupes nominaux « les petits hommes » et
« les petits écrits. ». L’auteur met en avant le thème de la censure qui peut conduire à l’emprisonnement.
(Est-ce le cas aujourd’hui dans le monde ?)
6. Figaro est un simple domestique. Que reproche-t-il aux puissants ?
Il leur reproche d’être puissants car « bien nés », comme si la condition sociale était déjà établie (« Vous
vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus »). Les puissants ont des jugements arbitraires (qui dépend
de la seule volonté sans observation de règles) et Figaro l’a vécu quand il est allé puis sorti de prison. Figaro
leur reproche également d’être malhonnêtes. Il ne fut reçu dignement qu’au moment où il était banquier
du pharaon : « je me fais banquier du pharaon : alors bonnes gens ! je soupe en ville, et les personnes
dites comme il faut m'ouvrent poliment leur maison..."
7. Quel est le rôle ordinaire de Figaro dans la pièce ? Garde-t-il ici cette place et dans quel but ?
Ordinairement, Figaro, domestique du comte, revêt le rôle comique, celui du bouffon toujours gai et enjoué.
Mais ici, dans ce monologue, le ton est plus tragique et Figaro emploie d’abord le « je » puis le « on » afin
que sa réflexion soit plus générale. Un doute métaphysique est exprimé au travers de questions
rhétoriques :"Comment cela m'est-il arrivé ? Pourquoi ces choses et non pas d'autres ? …" Figaro se
rapproche de Hamlet, les deux personnages ont les mêmes questions métaphysiques.

C/ Visionnage du film de l’OMS « Histoire de deux fillettes »
Capture vidéo d’une animation flash proposée par l’Organisation Mondiale de la Santé en 2003.
https://www.youtube.com/watch?v=pbbcPE4hJew

Rédigez le résumé de cette vidéo.
Il s’agit de la mise en parallèle de la vie d’une petite Africaine et d’une petite Japonaise afin de montrer
qu’elles n’ont pas les mêmes chances dans la vie selon leurs origines.

Pour arriver à la synthèse ci-dessous, retour au journal de séquence :
- Dites ce qu’évoque pour vous le théâtre,
- Avec vos mots, rédigez le résumé de la pièce de théâtre Le mariage de Figaro,
- Illustrez votre page.





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Cette séance a montré que les inégalités sociales ne datent pas d’hier et qu’elles apparaissent toujours à travers la
planète. Le monologue de Figaro essaie de mettre en place l’idée de justice sociale. Mais qu’est-ce qui est juste ?
Pourtant, la lutte contre les injustices réelles montre qu’il n’est pas si simple de définir ce qu’est une action juste. Le
prix Nobel de l’économie Amaya Sen propose l’exemple suivant : « Imaginons trois enfants et une flûte. Anne affirme
que la flûte lui revient parce qu’elle est la seule qui sache en jouer ; Bob parce qu’il est pauvre au point de n’avoir
aucun jouet ; Carla parce qu’elle a passé des mois à la fabriquer. » Les trois revendications sont toutes aussi légitimes.
Une action juste dépend donc de la valeur qu’une société attache à la recherche de l’épanouissement humain, à
l’élimination de la pauvreté ou au droit de jouir de son travail.

D/ Exercices liés au lexique : Juste/Injuste – Tolérable/Intolérable (travail maison)
J’observe
Document 1
JUSTE (adjectif du latin justus « qui convient »)
I. 1. Nicolas est juste : dans les diverses actions de sa vie, il remplit exactement ses obligations
envers les autres et leur accorde ce à quoi ils ont droit. Il ne les trompe pas, ne les vole pas. Il
est honnête et droit. Ses actions sont justes. Il ne commet aucune injustice, ne fait pas de tort à
son entourage, ne nuit pas à la vie d’autrui, ne se comporte pas injustement.
1. Nicolas est impartial : il fait preuve d’impartialité : s’il doit faire un partage ou rendre un
jugement entre deux personnes, il ne se laisse pas influencer par ses sentiments, il ne
favorise personne. Prendre parti pour l’un ou pour l’autre serait injuste. Dans ce cas, il
serait partial, il ferait preuve de partialité.
2. Nicolas est équitable : il fait preuve d’équité, il agit équitablement : en effet, il attribue à
chacun ce à quoi il a droit, sans se montrer partial. S’il désavantageait l’un par rapport à
l’autre, il agirait de façon inique, il serait inéquitable, ferait preuve d’iniquité.
3. Nicola n’est pas un justicier car il ne se met pas à la place de la justice de son pays pour
punir les coupables de crimes ou délits. Il laisse aux juges le soin de rendre la justice dans
des tribunaux et d’établir la culpabilité ou l’innocence des justiciables.
II. 1. La voix de Sophie est juste : sa voix a de la justesse, elle ne chante pas faux. Sa voix est au bon
niveau.
2. Ton idée est juste, adéquate, exacte, pertinente.
3. Le résultat de ton addition est juste, il n’est pas faux, pas erroné, il est exact, correct.
4. Cette robe est un peu juste, un peu étroite, serrée, elle n’est pas large.


Document 2
1. TOLERABLE (adjectif du latin tolerara qui signifie « porter, supporter un fardeau physique ou moral »)
Synonymes de tolérable : acceptable, admissible, endurable, excusable, moyen, passable, possible,
suffisant, supportable, buvable, sortable.
2. INTOLERABLE (adjectif, de in-, tolérer)
Synonymes d’intolérable : accablant, aigu, atroce, cruel, désagréable, douloureux, ennuyeux, excédant,
excessif, fatigant, gênant, horrible, importun, inacceptable, inadmissible, infernal, insoutenable, invivable,
odieux, torturant.

Je mets en application
Exercice 1 : Indiquez à quel sens correspond l’adjectif juste dans les phrases suivantes. Recopiez la phrase en
soulignant le synonyme que vous avez choisi. (6 points / -2 points si synonymes non soulignés)
a. Cette porte est un peu juste pour y faire passer les meubles. (Étroite)
b. Ne t’inquiète pas pour ton bilan financier, tous les comptes sont justes. (Exacts)
c. Ce professeur a la réputation d’être sévère mais juste. (Partial)
d. Son analyse de la situation est assez juste, ses arguments sont intelligents. (Pertinente)
e. Autotune est un logiciel qui corrige la voix pour qu’elle soit juste. (Au bon niveau)

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f. Deux membres de cette famille contestent le testament de leur père car ils ne trouvent pas
l’héritage juste. (Equitable)

Exercice 2 : Associez l’adjectif à son synonyme et à son antonyme. (4 points)
Adjectif Synonyme Antonyme
Acceptable 1 Ennuyeux 3 Malhonnête 2
Honnête 2 Passable 1 Coupable 4
Gênant 3 Droit 2 Excusable 3
Innocent 4 Irréprochable 4 Inadmissible 1

Exercice 3 : Recopiez ce texte en remplaçant les mots en gras par un synonyme que vous soulignerez. (8
points pour le synonyme et 2 points pour la copie sans fautes / -2 points si synonymes non soulignés).

Fondée il y a juste (environ) trente ans par quatre journalistes, l’association Reporter sans frontières défend
la liberté d’expression et dénonce les conditions de travail impossibles (inacceptables) des journalistes dans
de nombreux pays. Le journaliste doit rendre compte de la réalité sans partialité (parti pris), il doit chercher
à être honnête (irréprochable) et droit (équitable). Rien ne doit l’empêcher de parler des pratiques qui ne
sont pas justes (tolérables) des événements extrêmement choquants (inadmissibles), ou des situations
d’iniquité intolérable (d’injustice extrême).


E/ Compétences d’écriture (en classe)
Ceci est un écrit pour aider les élèves à préparer l’objectif, le devoir de fin de séquence en l’occurrence.

Imaginez un des deux didascalies initiales : SOIT celle qui accompagnerait l’Acte I scène 1 d’une pièce ayant
pour héroïne Aïko SOIT celle qui accompagnerait l’Acte I scène 1 d’une pièce ayant pour héroïne Mariam.
Chacune de vos didascalies comptera 5 à 7 lignes et respectera les consignes suivantes :
- Vous construirez le décor grâce à vos connaissances sur le pays d’origine des héroïnes,
- Vous positionnerez votre héroïne dans un lieu clairement identifiable,
- Vos indications scéniques devront être en italique ou, plus vraisemblablement entre parenthèses,
- Vous devrez imaginer un titre à vos deux pièces,
- Vous n’oublierez pas de mentionner l’Acte I, scène 1 et le nom du ou des personnages qui sera (se
seront) présent(s) sur scène.

Barème conçu avec les élèves : (sur 15 points)
Présence d’un titre : /2
Présence de l’Acte, de la scène et des personnages : /2
Didascalie entre parenthèses : /1
Pays facilement identifiable : /2
Didascalie « jouable » : /6
Présentation/Orthographe/Lisibilité : /2








10
Fiche élève Séance 1 Dénoncer………………………………………………………………….

Supports :
Le mariage de Figaro de BEAUMARCHAIS (1784), Acte V, scène 3
Film documentaire réalisé par l’OMS, « Histoire de deux fillettes »

L’auteur, la pièce et la situation de l’extrait :


Beaumarchais est un célèbre dramaturge français auteur du Mariage de Figaro, second volet d'une trilogie.
Ecrite en 1778, elle est censurée et ne peut être jouée qu'en 1784.
Trois ans après le mariage du comte Almaviva et de Rosine, qui conclut Le Barbier de Séville, Figaro est
devenu concierge du château et va épouser Suzanne, camériste de la comtesse. Mais le comte, qui délaisse
maintenant sa femme, convoite la jolie Suzanne et entend satisfaire son caprice ou empêcher les noces.
Suzanne apprend à Figaro que le comte veut obtenir un rendez-vous de sa part.
Dans cette scène l'auteur nous livre ici le plus long monologue de toute l'histoire du théâtre français. Sur le
conseil de sa mère, Figaro se rend au jardin où ont lieu les rendez-vous, pensant que Suzanne l'a trahi.

Acte V, scène 3, Le mariage de Figaro de BEAUMARCHAIS (1784)


FIGARO, seul, se promenant dans l'obscurité, dit du ton le plus sombre.
(…) Non, monsieur le comte, vous ne l'aurez pas. Vous ne l'aurez pas. Parce que vous êtes un grand seigneur,
vous vous croyez un grand génie ! Noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier ! Qu'avez-
vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus : du reste, homme
assez ordinaire ! Tandis que moi, morbleu, perdu dans la foule obscure, il m'a fallu déployer plus de science
et de calculs pour subsister seulement, qu'on n'en a mis depuis cent ans à gouverner toutes les Espagnes ;
et vous voulez jouter ! On vient. C’est elle. Ce n'est personne. — La nuit est noire en diable, et me voilà
faisant le sot métier de mari, quoique je ne le sois qu'à moitié ! (Il s'assied sur un banc.) Est-il rien de plus
bizarre que ma destinée ! Fils de je ne sais pas qui ; volé par des bandits ; élevé dans leurs mœurs, je m'en
dégoûte et veux courir une carrière honnête ; et partout je suis repoussé ! J'apprends la chimie, la pharmacie,
la chirurgie ; et tout le crédit d'un grand seigneur peut à peine me mettre à la main une lancette vétérinaire
! (…) (Il se lève.) Que je voudrais bien tenir un de ces puissants de quatre jours, si légers sur le mal qu'ils
ordonnent, quand une bonne disgrâce a cuvé son orgueil ! Je lui dirais que les sottises imprimées n'ont
d'importance qu'aux lieux où l'on en gêne le cours ; que, sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge
flatteur ; et qu'il n'y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits. (Il se rassied.) (…)
Comment cela m'est-il arrivé ? Pourquoi ces choses et non pas d'autres ? Qui les a fixées sur ma tête ?
Forcé de parcourir la route où je suis entré sans le savoir, comme j'en sortirai sans le vouloir, je l'ai jonchée
d'autant de fleurs que ma gaieté me l'a permis ; encore je dis ma gaieté, sans savoir si elle est à moi plus que
le reste, ni même quel est ce moi dont je m'occupe : un assemblage informe de parties inconnues; puis un
chétif être imbécile, un petit animal folâtre, un jeune homme ardent au plaisir, ayant tous les goûts pour
jouir, faisant tous les métiers pour vivre, maître ici, valet là, selon qu'il plaît à la fortune ; ambitieux par
vanité, laborieux par nécessité, mais paresseux... avec délices ! orateur selon le danger, poète par
délassement ; musicien par occasion, amoureux par folles bouffées, j'ai tout vu, tout fait, tout usé. Puis
l'illusion s'est détruite, et, trop désabusé. Désabusé !... Suzon, Suzon, Suzon ! que tu me donnes de
tourments !... J'entends marcher ... on vient. Voici l'instant de la crise.

(Il se retire près de la première coulisse à sa droite.)





11
A/ Rappels des règles théâtrales
1. Le découpage
Une pièce se découpe en Actes et en scènes.
Dans le théâtre classique, la pièce est composée de cinq actes.
On change d’acte quand on change de décor.
On change de scène quand un personnage entre ou sort de la scène.
2. Les différents types de réplique
Le dialogue : deux ou plus personnages sont sur scène et parlent ensemble.
Le monologue : un personnage seul en scène qui parle.
La tirade : plusieurs personnages sur scène et un prend longuement la parole.
L’aparté : un personnage prend la parole à part, à l’insu des autres personnages et seuls les spectateurs
sont susceptibles d’entendre ces paroles.
Les didascalies : indications scéniques non prononcées par les comédiens. Il s’agit d’informations données,
en italique ou entre parenthèses, par l’auteur ou le metteur en scène aux comédiens. Elles peuvent donner
quatre indications différentes : le décor, l’énonciation (ton, à qui le comédien parle, les silences), le geste
ou le mouvement.
La didascalie initiale se trouve à l’Acte I, scène 1 et permet de présenter le lieu, le décor.
3. Organisation d’une pièce classique
Une pièce classique est toujours construite ainsi :
- La ou les scènes d’exposition (comme la situation initiale dans les romans),
- Le nœud de l’action (comme l’élément perturbateur ou déclencheur dans les romans),
- Les péripéties,
- Le coup de théâtre (comme l’élément équilibrant dans les romans),
- Le dénouement (comme la situation finale dans les romans).

B/ Analyse du texte de Beaumarchais
1. A partir des documents, présentez l’extrait.
2. Quels sont les éléments qui rendent ce monologue plus vivant ? Relevez-les.
3. Faites la biographie de Figaro.
4. Quel est l’état d’esprit de Figaro ? Justifiez votre réponse grâce à des éléments du texte.
5. Expliquez cet extrait en travaillant la structure de la phrase mais aussi le lexique employé : "Je lui
dirais… que les sottises imprimées n'ont d'importance, qu'aux lieux où l'on en gène le cours ; que
sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur ; et qu'il n'y a que les petits hommes, qui
redoutent les petits écrits." Quel thème l’auteur met-il en avant ?
6. Figaro est un simple domestique. Que reproche-t-il aux puissants ?
7. Quel est le rôle ordinaire de Figaro dans la pièce ? Garde-t-il ici cette place et dans quel but ?

C/ Visionnage du film de l’OMS « Histoire de deux fillettes »
Faites de le résumé de cette vidéo.

D/ Exercices liés au lexique : Juste/Injuste – Tolérable/Intolérable (travail maison)
J’observe
Document 1
JUSTE (adjectif du latin justus « qui convient »)
III. 1. Nicolas est juste : dans les diverses actions de sa vie, il remplit exactement ses obligations envers les
autres et leur accorde ce à quoi ils ont droit. Il ne les trompe pas, ne les vole pas. Il est honnête et droit. Ses
actions sont justes. Il ne commet aucune injustice, ne fait pas de tort à son entourage, ne nuit pas à la vie
d’autrui, ne se comporte pas injustement.
1. Nicolas est impartial : il fait preuve d’impartialité : s’il doit faire un partage ou rendre un jugement entre
deux personnes, il ne se laisse pas influencer par ses sentiments, il ne favorise personne. Prendre parti
pour l’un ou pour l’autre serait injuste. Dans ce cas, il serait partial, il ferait preuve de partialité.

12
2. Nicolas est équitable : il fait preuve d’équité, il agit équitablement : en effet, il attribue à chacun ce à
quoi il a droit, sans se montrer partial. S’il désavantageait l’un par rapport à l’autre, il agirait de façon
inique, il serait inéquitable, ferait preuve d’iniquité.
3. Nicola n’est pas un justicier car il ne se met pas à la place de la justice de son pays pour punir les
coupables de crimes ou délits. Il laisse aux juges le soin de rendre la justice dans des tribunaux et
d’établir la culpabilité ou l’innocence des justiciables.
IV. 1. La voix de Sophie est juste : sa voix a de la justesse, elle ne chante pas faux. Sa voix est au bon niveau.
2. Ton idée est juste, adéquate, exacte, pertinente.
3. Le résultat de ton addition est juste, il n’est pas faux, pas erroné, il est exact, correct.
4. Cette robe est un peu juste, un peu étroite, serrée, elle n’est pas large.


Document 2
3. TOLERABLE (adjectif du latin tolerara qui signifie « porter, supporter un fardeau physique ou moral »)
Synonymes de tolérable : acceptable, admissible, endurable, excusable, moyen, passable, possible, suffisant, supportable,
buvable, sortable.
4. INTOLERABLE (adjectif, de in-, tolérer)
Synonymes d’intolérable : accablant, aigu, atroce, cruel, désagréable, douloureux, ennuyeux, excédant, excessif, fatigant,
gênant, horrible, importun, inacceptable, inadmissible, infernal, insoutenable, invivable, odieux, torturant.

Je mets en application
Exercice 1 : Indiquez à quel sens correspond l’adjectif juste dans les phrases suivantes. Recopiez la phrase en soulignant le
synonyme que vous avez choisi. (6 points / -2 points si synonymes non soulignés)
a. Cette porte est un peu juste pour y faire passer les meubles.
b. Ne t’inquiète pas pour ton bilan financier, tous les comptes sont justes.
c. Ce professeur a la réputation d’être sévère mais juste.
d. Son analyse de la situation est assez juste, ses arguments sont intelligents.
e. Autotune est un logiciel qui corrige la voix pour qu’elle soit juste.
f. Deux membres de cette famille contestent le testament de leur père car ils ne trouvent pas l’héritage juste.

Exercice 2 : Associez l’adjectif à son synonyme et à son antonyme. (4 points)
Adjectif Synonyme Antonyme
Acceptable Ennuyeux Malhonnête
Honnête Passable Coupable
Gênant Droit Excusable
Innocent Irréprochable Inadmissible

Exercice 3 : Recopiez ce texte en remplaçant les mots en gras par un synonyme que vous soulignerez. (8 points pour le
synonyme et 2 points pour la copie sans fautes / -2 points si synonymes non soulignés).

Fondée il y a juste trente ans par quatre journalistes, l’association Reporter sans frontières défend la liberté d’expression et
dénonce les conditions de travail impossibles des journalistes dans de nombreux pays. Le journaliste doit rendre compte
de la réalité sans partialité, il doit chercher à être honnête et droit. Rien ne doit l’empêcher de parler des pratiques qui ne
sont pas justes des événements extrêmement choquants, ou des situations d’iniquité intolérable.


E/ Compétences d’écriture (en classe)
Imaginez l’une des deux didascalies initiales : SOIT celle qui accompagnerait l’Acte I scène 1 d’une pièce ayant
pour héroïne Aïko, SOIT celle qui accompagnerait l’Acte I scène 1 d’une pièce ayant pour héroïne Mariam.
Chacune de vos didascalies comptera 5 à 7 lignes et respectera les consignes suivantes :
- Vous construirez le décor grâce à vos connaissances sur le pays d’origine des héroïnes,
- Vous positionnerez votre héroïne dans un lieu clairement identifiable,
- Vos indications scéniques devront être en italique ou, plus vraisemblablement entre parenthèses,
- Vous devrez imaginer un titre à vos deux pièces,
- Vous n’oublierez pas de mentionner l’Acte I, scène 1 et le nom du ou des personnages qui sera (se seront)
présent(s) sur scène.

13
Séance 2 Dénoncer l’intolérance religieuse

Supports :
Montage réalisé à partir du film franco-suisse de 2007, Voltaire et l'Affaire Calas réalisé par
Francis Reusser et écrit par Alain Moreau.
Traité sur la tolérance à l’occasion de la mort de Jean Calas, Voltaire (1763)
Chanson « Roméo kiffe Juliette » tirée de l’album 3ème temps de Grand Corps Malade (2010)

Même principe que pour la séance d’ouverture : questionnement donné au préalable.
Répondre aux questions sur le cahier et inscrire en rouge une question que soulève cette
affaire (Où se situe l’injustice ? Pourquoi cette affaire est-elle devenue célèbre ? A quelle autre
affaire entre-t-elle en résonnance ?)

A/ Comprendre l’affaire Calas
https://www.youtube.com/watch?v=cDqb2pEJzjc : Voltaire et l’affaire Calas (8 minutes)
1) Pour quoi est appelée « la police » de l’époque ? La mort soudaine de Marc-Antoine.
2) Qui répond aux questions de la « police » ? Le père de Marc-Antoine, Jean Calas.
3) Qui était présent à la découverte du corps ? M. Lavaisse et Pierre, le frère du défunt.
4) Quelles sont les premières constatations après la mort ? Cou marqué, cravate
dénouée.
5) Quelle mort suppose-t-on ? Suicide par pendaison.
6) A la sortie du corps, un vent de protestation s’élève. On parle d’« ils », d’ « eux ». De
ceux qui font partie de la religion réformée, celle qui était interdite. De quelle religion
s’agit-il ? Le protestantisme.
7) Qui est la seule de la famille à ne pas être de la même religion ? La domestique est
catholique.
8) Au procès de la famille du défunt, tous les membres sont condamnés à la torture
jusqu’à ce qu’ils avouent. Qu’ils avouent quoi ? Qu’ils ont tué Marc-Antoine car il
voulait se convertir au catholicisme.
9) Sur la scène de théâtre, Voltaire prend la parole. Que raconte-t-il au public et de quelle
façon ? Le supplice, l’agonie de Jean Calas. Il le fait de façon exagérée pour montrer
l’horreur.
10) Ce fait divers reste-t-il en France ? Non, l’histoire est racontée à tous les puissants
européens grâce à des lettres envoyées par Voltaire.
11) Comment s’appelle le livre envoyé par Voltaire ? Traité sur l’intolérance.
12) Quand a eu lieu un nouveau procès sous les yeux de l’Europe entière ? 17 février 1765.
13) Jean Calas, même mort, ainsi que les membres de sa famille sont réhabilités. Qu’est-
ce que cela signifie ? Rendre à quelqu'un, en reconnaissant son innocence, sa situation
juridique, ses droits perdus et l'estime publique.
14) Grâce à qui ? Voltaire.

Journal de séquence : racontez ce que vous avez retenu de l’Affaire Calas.

B/ Analyse d’un extrait du Traité sur la tolérance de Voltaire

En 1761, on retrouve Marc-Antoine Calas pendu dans le magasin de son père, Jean
Calas, un protestant. Ce dernier est accusé de l’avoir tué pour l’empêcher de se convertir au

14
catholicisme, religion majoritaire en France à l’époque. Condamné à mort, il subit le supplice
de la roue. Voltaire pense pourtant que Jean Calas était innocent : il rédige alors Le traité
sur la tolérance pour réhabiliter sa mémoire.

Il paraissait impossible que Jean Calas, vieillard de soixante-huit ans, qui avait depuis
longtemps les jambes enflées et faibles, eut seul étranglé et pendu un fils âgé de vingt-huit
ans, qui était d’une force au-dessus de l’ordinaire ; il fallait absolument qu’il eut été assisté
dans cette exécution par sa femme, par son fils Pierre Calas, par Lavaisse, et par la servante.
Ils ne s’étaient pas quittés un seul moment le soir de cette fatale aventure. Mais cette
supposition était encore aussi absurde que l’autre : car comment une servante zélée
catholique1 aurait-elle pu souffrir que des huguenots2 assassinassent un jeune homme élevé
par elle pour le punir d’aimer la religion de cette servante ? Comment Lavaisse serait-il venu
exprès de Bordeaux pour étrangler son ami dont il ignorait la conversion3 prétendue ?
Comment une mère tendre aurait-elle mis les mains sur son fils ? Comment tous ensemble
auraient-ils pu étrangler un jeune homme aussi robuste qu’eux tous, sans un combat long et
violent, sans des cris affreux qui auraient appelé tout le voisinage, sans des coups réitérés,
sans des meurtrissures, sans des habits déchirés.

Il était évident que, si le parricide4 avait pu être commis, tous les accusés étaient également
coupables, parce qu’ils ne s’étaient pas quittés d’un moment ; il était évident qu’ils ne l’étaient
pas ; il était évident que le père seul ne pouvait l’être ; et cependant l’arrêt condamna ce père
seul à expirer sur la roue.

Le motif de l’arrêt était aussi inconcevable que tout le reste. Les juges qui étaient décidés
pour le supplice de Jean Calas persuadèrent aux autres que ce vieillard faible ne pourrait
résister aux tourments, et qu’il avouerait sous les coups des bourreaux son crime et celui de
ses complices. Ils furent confondus, quand ce vieillard, en mourant sur la roue, prit Dieu à
témoin de son innocence, et le conjura de pardonner à ses juges.

1) Ce texte pourrait être énoncé par qui et à quelle occasion ? Par un avocat lors d’un
procès.
2) Ce texte vous paraît-il convaincant ? Pourquoi ? Voltaire démonte, une à une, les pistes
qui ont condamné Jean Calas.
3) Relevez toutes les incohérences que relève Voltaire dans cette affaire. Qu’un vieillard
affaibli puisse seul étrangler et pendre son robuste fils (antithèse
« vieillard »/ « robuste ». Que la servante, fervente catholique aide au meurtre de
quelqu’un qui aurait eu envie de changer de religion, la sienne. Mobile de M. Lavaisse
inconnu. Aucun cri entendu par le voisinage.
4) Pourquoi Voltaire emploie-t-il une série de questions ? Il veut semer le doute dans
l’esprit de ses lecteurs, comme un avocat le ferait lors d’un procès devant les jurés. Ce
sont des questions rhétoriques, des questions qui n’attendent pas de réponses
puisqu’elles sont évidentes.

1
Zélée catholique : très pieuse, très pratiquante.
2
Huguenots : autre nom pour dire « protestants »
3
Conversion : changement de religion.
4
Parricide : meurtre d’un membre de la même famille.

15
5) Surlignez les principales répétitions du texte. Quel effet produisent-elles ?
« Comment » pour mettre le doute et « il était évident » pour faire entendre raison.
La répétition montre l’immense incohérence de ce jugement hâtif, sans preuve et sans
que le suspect n’ait avoué quoique ce soit malgré les tortures infligées.
6) Quelle image de la justice ce texte offre-t-il ? Image d’une justice inéquitable,
arbitraire.
7) Cette justice est intimement liée à quoi ? La religion catholique.

Ainsi, dans ce texte très célèbre, Voltaire dénonce le dysfonctionnement de la justice et
l'intolérance religieuse à partir d'un fait réel. Par un plaidoyer destiné en premier lieu à
réhabiliter Jean Calas, il combat le fanatisme qui aveugle les juges et leur fait prendre des
décisions précipitées. En mettant son écriture au service de la justice, il montre qu’il est un
écrivain engagé. Il a utilisé des outils de persuasion (VOIR MEMENTO - OUTILS DE
PERSUASION - sur lequel les élèves doivent trouver les trois procédés vus dans la séance).
Un siècle et demi plus tard, Zola s'empare de l'affaire Dreyfus pour en démontrer aussi
l'incohérence et obtenir la réhabilitation de Dreyfus.

C/ Analyse d’une chanson contemporaine
Analyse de la chanson « Roméo kiffe Juliette » tirée de l’album 3ème temps de Grand Corps
Malade (2010).

Ecoute de la chanson sans le texte d’abord. Demandez ensuite aux élèves : avez-vous aimé la
chanson ? Pourquoi ? Ce texte vous a-t-il évoqué une autre chanson ? Un film ? Un souvenir ?
Seconde écoute de la chanson avec le texte. Des passages que vous aimez ? Des passages que
vous ne comprenez pas ? Souhaiteriez-vous écouter d’autres chansons de Grand corps
malade ? Voudriez-vous me faire écouter une chanson qui vous « prend aux tripes » car elle
parle du même sujet ?

1) Le titre fait référence à quelle histoire ? Pouvez-vous la résumer ? Le titre fait
référence à la pièce de Shakespeare Roméo et Juliette, les deux amants de Vérone.
Roméo Montaigu et Juliette Capulet s’aiment d’un amour pur. Malheureusement,
leurs deux familles véronaises se vouent une haine aussi parfaite et immortelle que la
passion qu’ils éprouvent l’un pour l’autre. Dès le lendemain de leur rencontre à un
bal masqué, ils demandent à Frère Laurent de les marier secrètement, et
l’ecclésiastique accepte.
Mais le cousin de Juliette, Tybalt, provoque Roméo en duel. Celui-ci refuse, et se fait
remplacer par son ami Mercutio, qui payera la confrontation de sa vie. Roméo jure
de le venger, et après avoir tué Tybalt, se voit banni de la ville. Le père de Juliette se
résout alors à marier sa fille au comte Paris. Juliette cherche refuge auprès de Frère
Laurent, qui lui remet une potion lui permettant de feindre la mort pendant quarante
heures. Après avoir fait promettre à l’homme d’église de prévenir Roméo du
subterfuge, Juliette avale le breuvage.
Hélas, Roméo ne reçoit pas la nouvelle à temps, et fou de douleur, se rend au
tombeau de sa bien-aimée pour s’y donner la mort. Il y trouve Paris qu’il tue au
terme d’un duel, avant d’avaler lui-même un poison qui le tue dans l’instant. Juliette
se réveille alors et constatant la mort de son jeune époux, saisit la dague de celui-ci
et le rejoint dans l’autre monde.

16
2) Elément du titre qui fait partie du présent ? Le verbe « kiffer » qui signifie « aimer ».
3) Avant d’écouter la chanson, quel lien pourrait-il y avoir entre l’histoire de Calas et celle
des deux amants de Vérone ? Quels éléments de l’histoire de Shakespeare ont pu être
modifiés ? Ce n’est plus deux familles qui se haïssent pour des raisons ancestrales mais
pour des raisons de religion différente.

Roméo habite au rez-de-chaussée du bâtiment trois


Juliette dans l’immeuble d’en face au dernier étage
Ils ont 16 ans tous les deux et chaque jour quand ils se voient
Grandit dans leur regard une envie de partage
C’est au premier rendez-vous qu’ils franchissent le pas
Sous un triste ciel d’automne où il pleut sur leurs corps
Ils s’embrassent comme des fous sans peur du vent et du froid
Car l’amour a ses saisons que la raison ignore

Roméo kiffe Juliette et Juliette kiffe Roméo
Et si le ciel n’est pas clément tant pis pour la météo
Un amour dans l’orage, celui des dieux, celui des Hommes
Un amour, du courage et deux enfants hors des normes

Juliette et Roméo se voient souvent en cachette
Ce n’est pas qu’autour d’eux les gens pourraient se moquer
C’est que le père de Juliette a une kippa sur la tête
Et celui de Roméo va tous les jours à la mosquée
Alors ils mentent à leurs familles, ils s’organisent comme des pros
S’il n’y a pas de lieux pour leur amour, ils se fabriquent un décor
Ils s’aiment au cinéma, chez des amis, dans le métro
Car l’amour a ses maisons que les darons ignorent

Roméo kiffe Juliette et Juliette kiffe Roméo
Et si le ciel n’est pas clément tant pis pour la météo
Un amour dans l’orage, celui des dieux, celui des hommes
Un amour, du courage et deux enfants hors des normes

Le père de Roméo est vénèr, il a des soupçons
La famille de Juliette est juive, tu ne dois pas t’approcher d’elle
Mais Roméo argumente et résiste au coup de pression
On s’en fout papa qu’elle soit juive, regarde comme elle est belle
Alors l’amour reste clandé dès que son père tourne le dos
Il lui fait vivre la grande vie avec les moyens du bord
Pour elle c’est sandwich au grec et cheese au McDo
Car l’amour a ses liaisons que les biftons ignorent

Roméo kiffe Juliette et Juliette kiffe Roméo
Et si le ciel n’est pas clément tant pis pour la météo
Un amour dans l’orage, celui des dieux, celui des hommes
Un amour, du courage et deux enfants hors des normes

Mais les choses se compliquent quand le père de Juliette
Tombe sur des messages qu’il n’aurait pas dû lire
Un texto sur l’i-phone et un chat Internet
La sanction est tombée, elle ne peut plus sortir
Roméo galère dans le hall du bâtiment trois

17
Malgré son pote Mercutio, sa joie s’évapore
Sa princesse est tout près mais retenue sous son toit
Car l’amour a ses prisons que la raison déshonore
Mais Juliette et Roméo changent l’histoire et se tirent
A croire qu’ils s’aiment plus à la vie qu’à la mort
Pas de fiole de cyanure, n’en déplaise à Shakespeare
Car l’amour a ses horizons que les poisons ignorent

Roméo kiffe Juliette et Juliette kiffe Roméo
Et si le ciel n’est pas clément tant pis pour la météo
Un amour dans l’orage, celui des dieux, celui des hommes
Un amour, du courage et deux enfants hors des normes

Roméo kiffe Juliette et Juliette kiffe Roméo
Et si le ciel n’est pas clément tant pis pour la météo
Un amour dans un orage réactionnaire et insultant
Un amour et deux enfants en avance sur leur temps.

4) Quel est le thème de la chanson ? Interdiction de s’aimer car Roméo est musulman et
Juliette juive.
5) Quels sont les éléments qui font penser à l’histoire de Shakespeare ? Surligner en jaune
6) Quels sont les éléments contemporains ? Surligner en vert
7) Quelle est la différence entre la pièce de Shakespeare et la chanson ? Pas de mort à la
fin mais une fuite.
8) Quel lien unit les deux textes, celui de Voltaire et celui de Grand corps malade ?
L’intolérance religieuse conduit à des drames.

Journal de séquence :
Recopiez les phrases que vous avez aimées dans les deux textes.
Recopiez les mots ou expressions dans les textes que vous ne connaissiez pas et notez la
définition. Tentez d’employer au moins un de ces mots dans le cours prochain !
Illustrez votre journal par une chanson recopiée de votre choix qui évoquerait une histoire
d’amour qui se termine mal.

Exercice d’écriture
Deux personnes sortent du concert de Grand corps malade et parlent de cette chanson. L’un
pense que c’est un thème dépassé et l’autre que c’est très actuel. Rédigez leur dialogue qui
comptera une vingtaine de lignes en respectant ces consignes :
- Mentionnez dans une courte introduction les personnages, les lieux et le sujet de
conversation,
- Utilisez correctement des guillemets et des tirets,
- Avancez des arguments toujours illustrés d’exemples concrets,
- Finissez par une courte conclusion en mentionnant si l’un ou l’autre a changé d’avis.

Barème :
Introduction (personnages/lieu/thème) : /3 Respect des lignes : /2
Dialogue narratif bien construit : /5 P.O.L. : /2
Arguments : /6
Conclusion : /2

18
Fiche élève Séance 2 Dénoncer …………………………………………………


A/ Comprendre l’affaire Calas
Grâce la vidéo que vous trouverez sur youtube, répondez sur votre cahier à ces questions.

https://www.youtube.com/watch?v=cDqb2pEJzjc : Voltaire et l’affaire Calas (8 minutes) (Montage réalisé
à partir du film franco-suisse de 2007 intitulé Voltaire et l'Affaire Calas réalisé par Francis Reusser et écrit
par Alain Moreau).

1) Pour quoi est appelée « la police » de l’époque ?
2) Qui répond aux questions de la « police » ?
3) Qui était présent à la découverte du corps ?
4) Quelles sont les premières constatations après la mort ?
5) Quelle mort suppose-t-on ?
6) A la sortie du corps, un vent de protestation s’élève. On parle d’« ils », d’ « eux ». De ceux qui font partie de
la religion réformée, celle qui était interdite. De quelle religion s’agit-il ?
7) Qui est la seule de la famille à ne pas être de la même religion ?
8) Au procès de la famille du défunt, tous les membres sont condamnés à la torture jusqu’à ce qu’ils avouent.
Qu’ils avouent quoi ?
9) Sur la scène de théâtre, Voltaire prend la parole. Que raconte-t-il au public et de quelle façon ?
10) Ce fait divers reste-t-il en France ?
11) Comment s’appelle le livre envoyé par Voltaire ?
12) Quand a eu lieu un nouveau procès sous les yeux de l’Europe entière ?
13) Jean Calas, même mort, ainsi que les membres de sa famille sont réhabilités. Qu’est-ce que cela signifie ?
14) Grâce à qui ?

Fiche élève Séance 2 Dénoncer …………………………………………………


A/ Comprendre l’affaire Calas
Grâce la vidéo que vous trouverez sur youtube, répondez sur votre cahier à ces questions.

https://www.youtube.com/watch?v=cDqb2pEJzjc : Voltaire et l’affaire Calas (8 minutes) (Montage réalisé
à partir du film franco-suisse de 2007 intitulé Voltaire et l'Affaire Calas réalisé par Francis Reusser et écrit
par Alain Moreau).

1) Pour quoi est appelée « la police » de l’époque ?
2) Qui répond aux questions de la « police » ?
3) Qui était présent à la découverte du corps ?
4) Quelles sont les premières constatations après la mort ?
5) Quelle mort suppose-t-on ?
6) A la sortie du corps, un vent de protestation s’élève. On parle d’« ils », d’ « eux ». De ceux qui font partie
de la religion réformée, celle qui était interdite. De quelle religion s’agit-il ?
7) Qui est la seule de la famille à ne pas être de la même religion ?
8) Au procès de la famille du défunt, tous les membres sont condamnés à la torture jusqu’à ce qu’ils avouent.
Qu’ils avouent quoi ?
9) Sur la scène de théâtre, Voltaire prend la parole. Que raconte-t-il au public et de quelle façon ?
10) Ce fait divers reste-t-il en France ?
11) Comment s’appelle le livre envoyé par Voltaire ?
12) Quand a eu lieu un nouveau procès sous les yeux de l’Europe entière ?
13) Jean Calas, même mort, ainsi que les membres de sa famille sont réhabilités. Qu’est-ce que cela signifie ?
14) Grâce à qui ?

19
B/ Analyse d’un extrait du Traité sur la tolérance de Voltaire (1763)

En 1761, on retrouve Marc-Antoine Calas pendu dans le magasin de son père, Jean Calas, un
protestant. Ce dernier est accusé de l’avoir tué pour l’empêcher de se convertir au catholicisme, religion
majoritaire en France à l’époque. Condamné à mort, il subit le supplice de la roue. Voltaire pense pourtant
que Jean Calas était innocent : il rédige alors Le traité sur la tolérance pour réhabiliter sa mémoire.

Il paraissait impossible que Jean Calas, vieillard de soixante-huit ans, qui avait depuis longtemps les jambes
enflées et faibles, eut seul étranglé et pendu un fils âgé de vingt-huit ans, qui était d’une force au-dessus de
l’ordinaire ; il fallait absolument qu’il eut été assisté dans cette exécution par sa femme, par son fils Pierre
Calas, par Lavaisse, et par la servante. Ils ne s’étaient pas quittés un seul moment le soir de cette fatale
aventure. Mais cette supposition était encore aussi absurde que l’autre : car comment une servante zélée
5 6
catholique aurait-elle pu souffrir que des huguenots assassinassent un jeune homme élevé par elle pour le
punir d’aimer la religion de cette servante ? Comment Lavaisse serait-il venu exprès de Bordeaux pour
7
étrangler son ami dont il ignorait la conversion prétendue ? Comment une mère tendre aurait-elle mis les
mains sur son fils ? Comment tous ensemble auraient-ils pu étrangler un jeune homme aussi robuste qu’eux
tous, sans un combat long et violent, sans des cris affreux qui auraient appelé tout le voisinage, sans des coups
réitérés, sans des meurtrissures, sans des habits déchirés.

8
Il était évident que, si le parricide avait pu être commis, tous les accusés étaient également coupables, parce
qu’ils ne s’étaient pas quittés d’un moment ; il était évident qu’ils ne l’étaient pas ; il était évident que le père
seul ne pouvait l’être ; et cependant l’arrêt condamna ce père seul à expirer sur la roue.

Le motif de l’arrêt était aussi inconcevable que tout le reste. Les juges qui étaient décidés pour le supplice de
Jean Calas persuadèrent aux autres que ce vieillard faible ne pourrait résister aux tourments, et qu’il avouerait
sous les coups des bourreaux son crime et celui de ses complices. Ils furent confondus, quand ce vieillard, en
mourant sur la roue, prit Dieu à témoin de son innocence, et le conjura de pardonner à ses juges.

1) Le texte pourrait être énoncé par qui et à quelle occasion ?
2) Ce texte vous paraît-il convaincant ? Pourquoi ?
3) Relevez toutes les incohérences que relève Voltaire dans cette affaire.
4) Pourquoi Voltaire emploie-t-il une série de questions ?
5) Surlignez les principales répétitions du texte. Quel effet produisent-elles ?
6) Quelle image de la justice ce texte offre-t-il ?
7) Cette justice est intimement liée à quoi ?

C/ Analyse d’une chanson contemporaine
Analyse de la chanson « Roméo kiffe Juliette » tirée de l’album 3ème temps de Grand Corps
Malade (2010).

1) Le titre fait référence à quelle histoire ? Pouvez-vous la résumer ?
2) Elément du titre qui fait partie du présent ?
3) Avant d’écouter la chanson, quel lien pourrait-il y avoir entre l’histoire de Calas et celle
des deux amants de Vérone ? Quels éléments de l’histoire de Shakespeare ont pu être
modifiés ?

5
Zélée catholique : très pieuse, très pratiquante.
6
Huguenots : autre nom pour dire « protestants »
7
Conversion : changement de religion.
8
Parricide : meurtre d’un membre de la même famille.

20
Roméo habite au rez-de-chaussée du bâtiment trois
Juliette dans l’immeuble d’en face au dernier étage
Ils ont 16 ans tous les deux et chaque jour quand ils se voient
Grandit dans leur regard une envie de partage
C’est au premier rendez-vous qu’ils franchissent le pas
Sous un triste ciel d’automne où il pleut sur leurs corps
Ils s’embrassent comme des fous sans peur du vent et du froid
Car l’amour a ses saisons que la raison ignore

Roméo kiffe Juliette et Juliette kiffe Roméo
Et si le ciel n’est pas clément tant pis pour la météo
Un amour dans l’orage, celui des dieux, celui des Hommes
Un amour, du courage et deux enfants hors des normes

Juliette et Roméo se voient souvent en cachette
Ce n’est pas qu’autour d’eux les gens pourraient se moquer
C’est que le père de Juliette a une kippa sur la tête
Et celui de Roméo va tous les jours à la mosquée
Alors ils mentent à leurs familles, ils s’organisent comme des pros
S’il n’y a pas de lieux pour leur amour, ils se fabriquent un décor
Ils s’aiment au cinéma, chez des amis, dans le métro
Car l’amour a ses maisons que les darons ignorent

Roméo kiffe Juliette et Juliette kiffe Roméo
Et si le ciel n’est pas clément tant pis pour la météo
Un amour dans l’orage, celui des dieux, celui des hommes
Un amour, du courage et deux enfants hors des normes

Le père de Roméo est vénèr, il a des soupçons
La famille de Juliette est juive, tu ne dois pas t’approcher d’elle
Mais Roméo argumente et résiste au coup de pression
On s’en fout papa qu’elle soit juive, regarde comme elle est belle
Alors l’amour reste clandé dès que son père tourne le dos
Il lui fait vivre la grande vie avec les moyens du bord
Pour elle c’est sandwich au grec et cheese au McDo
Car l’amour a ses liaisons que les biftons ignorent

Roméo kiffe Juliette et Juliette kiffe Roméo
Et si le ciel n’est pas clément tant pis pour la météo
Un amour dans l’orage, celui des dieux, celui des hommes
Un amour, du courage et deux enfants hors des normes

Mais les choses se compliquent quand le père de Juliette
Tombe sur des messages qu’il n’aurait pas dû lire
Un texto sur l’i-phone et un chat Internet
La sanction est tombée, elle ne peut plus sortir
Roméo galère dans le hall du bâtiment trois
Malgré son pote Mercutio, sa joie s’évapore
Sa princesse est tout près mais retenue sous son toit
Car l’amour a ses prisons que la raison déshonore
Mais Juliette et Roméo changent l’histoire et se tirent
A croire qu’ils s’aiment plus à la vie qu’à la mort
Pas de fiole de cyanure, n’en déplaise à Shakespeare
Car l’amour a ses horizons que les poisons ignorent

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Roméo kiffe Juliette et Juliette kiffe Roméo
Et si le ciel n’est pas clément tant pis pour la météo
Un amour dans l’orage, celui des dieux, celui des hommes
Un amour, du courage et deux enfants hors des normes

Roméo kiffe Juliette et Juliette kiffe Roméo
Et si le ciel n’est pas clément tant pis pour la météo
Un amour dans un orage réactionnaire et insultant
Un amour et deux enfants en avance sur leur temps.

4) Quel est le thème de la chanson ?
5) Quels sont les éléments qui font penser à l’histoire de Shakespeare ?
6) Quels sont les éléments contemporains ?
7) Quelle est la différence entre la pièce de Shakespeare et la chanson ?
8) Quel lien unit les deux textes, celui de Voltaire et celui de Grand corps malade ?

(Prendre le journal de séquence)

Exercice d’écriture
Deux personnes sortent du concert de Grand corps malade et parlent de cette chanson. L’un
pense que c’est un thème très moderne, l’autre pense que c’est un thème très ancien qui a
toujours fait couler beaucoup d’encre. Rédigez leur dialogue qui comptera une vingtaine de
lignes en respectant ces consignes :
- Mentionnez dans une courte introduction les personnages, les lieux et le sujet de
conversation,
- Utilisez correctement des guillemets et des tirets,
- Avancez des arguments toujours illustrés d’exemples concrets,
- Finissez par une courte conclusion en mentionnant si l’un ou l’autre a changé d’avis.



















22
MEMENTO : PROCEDES DE PERSUASION

Dans un texte argumentatif, l'auteur vise à emporter l'adhésion du lecteur. Pour atteindre ce but, il cherche à le
convaincre et à le persuader.

L'art de persuader fait appel à l'émotion, à l'affectivité de l'interlocuteur. On cherche à le séduire, l'indigner, etc.

Pour cela, il existe divers procédés de style :

1- L'implication du lecteur dans le discours
L'apostrophe : L'auteur s'adresse directement au lecteur. Ex : "Parents, ne gâtez pas vos enfants."
La question rhétorique, ou oratoire : L'auteur pose une question à laquelle il ne répond pas.
Ce procédé suppose que la réponse est évidente, donc inutile à formuler. C'est une façon d'attirer l'interlocuteur.
e
L'usage des pronoms :"vous… votre…", ou de la 1 personne du pluriel "nous", ou du pronom indéfini "on", qui en
appellent à la complicité du lecteur.

2- L'insistance

La répétition : la répétition d’un mot ou d’une tournure de phrase donne du rythme au texte. Quand cette
répétition porte sur un mot en tête de phrase, on l’appelle une anaphore.

Le parallélisme : c’est la construction à l'identique de phrases, de propositions.


L'accumulation : c’est l’accumulation de termes synonymes, dans le cadre d’une gradation. Elle permet d'énoncer
une idée avec force.

3 - La mise en relief

L'utilisation d'un présentatif : " voici… " ; " voilà " ; " c'est…qui ".
Ex : C'est la liberté, et rien d'autre, qui m'importe le plus.
L'hyperbole : l'argumentateur exagère pour mieux frapper l'esprit du lecteur.
Ex 1 : « D’énormes, de gigantesques, de flamboyants monuments étaient dressés à l’entrée de la ville ».
Ex 2 : « Cette personne est encore plus ennuyeuse qu’un bonnet de nuit ! »

L'euphémisme : l'argumentateur atténue les éléments choquants, tristes, désagréables, gênants.


Ex 1 : « longue maladie » pour désigner un cancer.
Ex 2 : « Adam et Eve se sont connus » pour

4 - L'opposition

L'antithèse : elle oppose deux idées, souvent pour en mettre une en valeur.
Ex : « Les Etats-Unis sont le paradis de l’homme d’affaires. Ils sont aussi l’enfer de l’homme de lettres »
Le chiasme : cette figure de style se rapproche de l’antithèse et de l’inversion. Deux propositions sont construites
de façon croisée, symétrique et inverse.
Ex : « Avec Lucette tu batifoles ; tu t’ennuies avec Lucie ».
L'antiphrase : elle consiste à dire le contraire de ce que l'on pense pour ironiser.
Ex : « Ces vacances dans un camping sous la pluie et dans le froid, ce fut un vrai bonheur… »

5 - D’autres figures de style
L'auteur peut encore avoir recours à bien d'autres figures de style comme la métaphore, la gradation, l'ellipse, etc.
selon l'effet qu'il cherche à produire.


23
Séance 3 Dénoncer la cruauté des Hommes

Supports :
Dialogue du chapon et de la poularde, Voltaire (1763)
Faut-il manger les animaux ? Jonathan Safran Foer (2009)

Lecture du texte 1. Une phrase qui vous a fait sourire ? Un mot/une expression que vous
n’aviez jamais entendu(e) ? Quelles images vous viennent à l’esprit en découvrant ce texte ?
Si vous deviez résumer ce texte en un mot, lequel choisiriez-vous et pourquoi ?

LE CHAPON. - Eh, mon Dieu ! ma poule, te voilà bien triste, qu’as-tu ?
LA POULARDE. - Mon cher ami, demande-moi plutôt ce que je n’ai plus. Une maudite servante m’a prise
sur ses genoux, m’a plongé une longue aiguille dans le cul, a saisi ma matrice, l’a roulée autour de l’aiguille,
l’a arrachée et l’a donnée à manger à son chat. Me voilà incapable de recevoir les faveurs du chantre du
jour, et de pondre.
LE CHAPON. - Hélas ! ma bonne, j’ai perdu plus que vous ; ils m’ont fait une opération doublement cruelle
: ni vous ni moi n’aurons plus de consolation dans ce monde ; ils vous ont fait poularde, et moi chapon. La
seule idée qui adoucit mon état déplorable, c’est que j’entendis ces jours passés, près de mon poulailler,
raisonner deux abbés italiens à qui on avait fait le même outrage afin qu’ils pussent chanter devant le pape
avec une voix plus claire. Ils disaient que les hommes avaient commencé par circoncire leurs semblables, et
qu’ils finissaient par les châtrer : ils maudissaient la destinée et le genre humain.
LA POULARDE. - Quoi ! c’est donc pour que nous ayons une voix plus claire qu’on nous a privés de la plus
belle partie de nous-mêmes ?
LE CHAPON. - Hélas ! ma pauvre poularde, C’est pour nous engraisser, et pour nous rendre la chair plus
délicate.
LA POULARDE. - Eh bien ! quand nous serons plus gras, le seront-ils davantage ?
LE CHAPON. - Oui, car ils prétendent nous manger.
LA POULARDE. - Nous manger ! ah, les monstres !
LE CHAPON. - C’est leur coutume ; ils nous mettent en prison pendant quelques jours, nous font avaler une
pâtée dont ils ont le secret, nous crèvent les yeux pour que nous n’ayons point de distraction ; enfin, le jour
de la fête étant venu, ils nous arrachent les plumes, nous coupent la gorge, et nous font rôtir. On nous
apporte devant eux dans une large pièce d’argent ; chacun dit de nous ce qu’il pense ; on fait notre oraison
funèbre : l’un dit que nous sentons la noisette ; l’autre vante notre chair succulente ; on loue nos cuisses,
nos bras, notre croupion ; et voilà notre histoire dans ce bas monde finie pour jamais.
LA POULARDE. - Quels abominables coquins ! Je suis prête à m’évanouir. Quoi ! on m’arrachera les yeux !
on me coupera le cou ! Je serai rôtie et mangée ! Ces scélérats n’ont donc point de remords ?
LE CHAPON. - Non, m’amie ; les deux abbés dont je vous ai parlé disaient que les hommes n’ont jamais de
remords des choses qu’ils sont dans l’usage de faire.
LA POULARDE. - La détestable engeance ! Je parie qu’en nous dévorant ils se mettent encore à rire et à faire
des contes plaisants, comme si de rien n’était.
LE CHAPON. - Vous l’avez deviné ; mais sachez pour votre consolation (si c’en est une) que ces animaux, qui
sont bipèdes comme nous, et qui sont fort au-dessous de nous, puisqu’ils n’ont point de plumes, en ont usé
ainsi fort souvent avec leurs semblables. J’ai entendu dire à mes deux abbés que tous les empereurs
chrétiens et grecs ne manquaient jamais de crever les deux yeux à leurs cousins et à leurs frères ; que
même, dans le pays où nous sommes, il y avait eu un nommé Débonnaire qui fit arracher les yeux à son
neveu Bernard. Mais pour ce qui est de rôtir des hommes, rien n’a été plus commun parmi cette espèce.
Mes deux abbés disaient qu’on en avait rôti plus de vingt mille pour de certaines opinions qu’il serait difficile
à un chapon d’expliquer, et qui ne m’importent guère.
LA POULARDE. - C’était apparemment pour les manger qu’on les rôtissait.
LE CHAPON. - Je n’oserais pas l’assurer ; mais je me souviens bien d’avoir entendu clairement qu’il y a bien
des pays, et entre autres celui des Juifs, où les hommes se sont quelquefois mangés les uns les autres.

24
LA POULARDE. - Passe pour cela. Il est juste qu’une espèce si perverse se dévore elle-même, et que la terre
soit purgée de cette race. Mais moi qui suis paisible, moi qui n’ai jamais fait de mal, moi qui ai même nourri
ces monstres en leur donnant mes œufs, être châtrée, aveuglée, décollée, et rôtie ! Nous traite-t-on ainsi
dans le reste du monde ?
LE CHAPON. - Les deux abbés disent que non. Ils assurent que dans un pays nommé l’Inde, beaucoup plus
grand, plus beau, plus fertile que le nôtre, les hommes ont une loi sainte qui depuis des milliers de siècles
leur défend de nous manger ; que même un nommé Pythagore, ayant voyagé chez ces peuples justes, avait
rapporté en Europe cette loi humaine, qui fut suivie par tous ses disciples. Ces bons abbés lisaient Porphyre
le Pythagoricien, qui a écrit un beau livre contre les broches.
O le grand homme ! le divin homme que ce Porphyre ! Avec quelle sagesse, quelle force, quel respect tendre
pour la Divinité il prouve que nous sommes les alliés et les parents des hommes ; que Dieu nous donna les
mêmes organes, les mêmes sentiments, la même mémoire, le même germe inconnu d’entendement qui se
développe dans nous jusqu’au point déterminé par les lois éternelles, et que ni les hommes ni nous ne
passons jamais ! En effet, ma chère poularde, ne serait-ce pas un outrage à la Divinité de dire que nous
avons des sens pour ne point sentir, une cervelle pour ne point penser ? Cette imagination digne, à ce qu’ils
disaient, d’un fou nommé Descartes, ne serait-elle pas le comble du ridicule et la vaine excuse de la barbarie
?
Aussi les plus grands philosophes de l’antiquité ne nous mettaient jamais à la broche. Ils s’occupaient à
tâcher d’apprendre notre langage, et de découvrir nos propriétés si supérieures à celles de l’espèce
humaine. Nous étions en sûreté avec eux comme dans l’âge d’or. Les sages ne tuent point les animaux, dit
Porphyre ; il n’y a que les barbares et les prêtres qui les tuent et les mangent. Il fit cet admirable livre pour
convertir un de ses disciples qui s’était fait chrétien par gourmandise.
LA POULARDE. - Eh bien ! dressa-t-on des autels à ce grand homme qui enseignait la vertu au genre humain,
et qui sauvait la vie au genre animal ?
LE CHAPON. - Non, il fut en horreur aux chrétiens qui nous mangent, et qui détestent encore aujourd’hui
sa mémoire ; ils disent qu’il était impie, et que ses vertus étaient fausses, attendu qu’il était païen.
LA POULARDE. - Que la gourmandise a d’affreux préjugés ! J’entendais l’autre jour, dans cette espèce de
grange qui est près de notre poulailler, un homme qui parlait seul devant d’autres hommes qui ne parlaient
point ; Il s’écriait que « Dieu avait fait un pacte avec nous et avec ces autres animaux appelés hommes ; que
Dieu leur avait défendu de se nourrir de notre sang et de notre chair ». Comment peuvent-ils ajouter à cette
défense positive la permission de dévorer nos membres bouillis ou rôtis ? Il est impossible, quand ils nous
ont coupé le cou, qu’il ne reste beaucoup de sang dans nos veines ; ce sang se mêle nécessairement à notre
chair ; ils désobéissent donc visiblement à Dieu en nous mangeant. De plus, n’est-ce pas un sacrilège de
tuer et de dévorer des gens avec qui Dieu a fait un pacte ? Ce serait un étrange traité que celui dont la seule
clause serait de nous livrer à la mort. Ou notre créateur n’a point fait de pacte avec nous, ou c’est un crime
de nous tuer et de nous faire cuire il n’y a pas de milieu.
LE CHAPON. - Ce n’est pas la seule contradiction qui règne chez ces monstres, nos éternels ennemis. Il y a
longtemps qu’on leur reproche qu’ils ne sont d’accord en rien. Ils ne font des lois que pour les violer ; et, ce
qu’il y a de pis, c’est qu’ils les violent en conscience. Ils ont inventé cent subterfuges, cent sophismes pour
justifier leurs transgressions. Ils ne se servent de la pensée que pour autoriser leurs injustices, et
n’emploient les paroles que pour déguiser leurs pensées. Figure-toi que, dans le petit pays où nous vivons,
il est défendu de nous manger deux jours de la semaine : ils trouvent bien moyen d’éluder la loi ; d’ailleurs
cette loi, qui te paraît favorable, est très barbare ; elle ordonne que ces jours-là on mangera les habitants
des eaux ils vont chercher des victimes au fond des mers et des rivières. Ils dévorent des créatures dont
une seule coûte souvent plus de la valeur de cent chapons : ils appellent cela jeûner, se mortifier. Enfin je
ne crois pas qu’il soit possible d’imaginer une espèce plus ridicule à la fois et plus abominable, plus
extravagante et plus sanguinaire.
LA POULARDE. - Eh, mon Dieu ! ne vois-je pas venir ce vilain marmiton de cuisine avec son grand couteau ?
LE CHAPON. - C’en est fait, m’amie, notre dernière heure est venue ; recommandons notre âme à Dieu.
LA POULARDE. - Que ne puis-je donner au scélérat qui me mangera une indigestion qui le fasse crever !
Mais les petits se vengent des puissants par de vains souhaits, et les puissants s’en moquent.
LE CHAPON. - Aïe ! on me prend par le cou. Pardonnons à nos ennemis.
LA POULARDE. - Je ne puis ; on me serre, on m’emporte. Adieu, mon cher chapon.
LE CHAPON. - Adieu, pour toute l’éternité, ma chère poularde.

25
A/ Comprendre le dialogue de Voltaire

1) Pourquoi ce texte vous fait-il penser à une fable ? Les deux personnages principaux
sont des animaux, capables d’émotions et surtout doués de la parole.
2) Si vous aviez à résumer, quelle est la grande question qu’ils se posent ? Pourquoi les
Hommes sont-ils aussi cruels ?
3) De quelle façon Voltaire montre-t-il la cruauté des Hommes (travaillez le lexique) ? On
rencontre à plusieurs reprises des mots tels que : « sang », « mort », « crimes », «
victimes », « dévorent », « abominables » ; et des expressions comme « crèvent les
yeux », « arrachent les plumes », « coupent la gorge » qui décrivent les différentes
méthodes utilisées par les Hommes pour martyriser les animaux.
4) Les Hommes ne sont-ils cruels qu’avec les animaux ? Non, ils sont cruels avec leurs
semblables. Par appétit du pouvoir, les Hommes sont prêts à tout.
5) Dans ce dialogue, l’un des animaux semble en savoir plus que l’autre. Lequel ? Le
chapon semble être le disciple, le maître, celui qui en sait plus.
6) L’autre personnage en sait moins et comment cela apparaît dans le dialogue ? La
poularde pose plus de questions, semble plus naïve.
7) Dans ce dialogue, les personnages ont-ils des idées opposées ou sont-ils du même
avis ? Que pouvez-vous en déduire sur l’objectif de ce texte ? Les deux personnages
n’ont pas d’idées opposées, ce n’est donc pas un texte argumentatif. Voltaire tente ici
de faire réfléchir les lecteurs grâce à des outils de persuasion.
8) Grâce au memento, remplissez ce tableau, soit en donnant un exemple, soit en
nommant l’outil de persuasion utilisé :

OUTILS DE PERSUASION EXEMPLES TIRES DU TEXTE
Pronoms personnels utilisés. Les pronoms de la première personne (« je », « nous »)
mais aussi des pronoms de la deuxième personne
(« toi », « te ») et le pronom « on » généralisant, que les
interlocuteur utilisent afin d’imprimer chez leur(s)
destinataire(s) le sentiment d’être concerné(s).
Question rhétorique ou oratoire. « Comment peuvent-ils ajouter à cette défense positive
la permission de dévorer nos membres bouillis ou
rôtis ? », « N’est-ce pas un sacrilège de tuer et de dévorer
des gens avec qui Dieu a fait un pacte ? »
Une hyperbole « Ils ont inventé cent subterfuges, cent sophismes pour
justifier leurs transgressions »

Comme La Fontaine, Voltaire utilise un ton comique pour dénoncer la cruauté des Hommes
en dénonçant leurs pratiques et l’intolérance religieuse.

A quelle actualité récente, le texte de Voltaire pourrait-il être rapproché ? Le traitement des
animaux dans les abattoirs, la montée des Vegans etc.

Journal de séquence :
Choisir deux outils de persuasion et les expliquer avec vos mots.
Chercher des articles ou des images sur le mouvement « Végan » et coller/recopier cela.


26
B/ Analyser un texte contemporain

Lecture silencieuse du texte par les élèves. Quelles sont les premières réactions à la lecture
de ce texte ? Relever une phrase qui vous plaît.
Les porcs sont tout aussi intelligents et sensibles que les chiens, au sens le plus
raisonnable de ces adjectifs. Certes ils ne peuvent pas bondir sur la banquette arrière d’une
Volvo, mais ils sont capables d’aller chercher, de courir et de jouer, de se montrer espiègles
et de rendre l’affection qu’on leur donne. Alors pourquoi n’ont-ils pas le droit de se lover près
du feu ? Pourquoi ne leur épargne-t-on pas au moins de passer à la broche ?
Le tabou nous interdisant de manger les chiens révèle quelque chose à leur sujet, et
nous en apprend beaucoup sur nous.
Les Français, qui adorent leurs chiens, mangent parfois leurs chevaux.
Les Espagnols, qui adorent leurs chevaux, mangent parfois leurs vaches.
Les Indiens, qui adorent leurs vaches, mangent parfois leurs chiens.
Quoique écrits dans un contexte très différents, les mots de George Orwell dans La
Ferme des animaux peuvent s’appliquer ici : « Tous les animaux sont égaux, mais certains sont
plus égaux que d’autres. » La protection apportée à tel ou tel animal n’est pas une loi de la
nature ; elle découle des histoires que nous racontons sur la nature.
Alors qui est dans le vrai ? Quelles peuvent être les raisons conduisant à exclure la
viande canine de nos menus ? Le carnivore sélectif répondra sans doute : Ne mangez pas vos
animaux de compagnie. Mais les chiens ne sont pas considérés comme des compagnons dans
les endroits où on les mange. Et qu’en est-il de nos voisins qui n’ont pas d’animaux chez eux ?
Serions-nous en droit d’élever des objections s’ils mangeaient du chien au dîner ?
Entendu, alors dans ce cas : Ne mangez pas les animaux ayant des capacités mentales
significatives. Si par « capacités mentales significatives » nous entendons le genre de capacités
que possède un chien, alors c’est parfait pour les chiens. Mais une telle définition
s’appliquerait aussi aux porcs, vaches, poulets et à de nombreuses espèces d’animaux marins.

1) Quel est le thème de ce texte ? La légitimité de manger ou non tel ou tel animal.
2) Quand l’auteur emploie le pronom « nous », désigne-t-il une population particulière ?
Pourquoi ? Ce « nous » évoque tous les êtres humains. En effet, l’auteur prend
l’exemple des Français, des Espagnols, des Indiens.
3) Les questions posées dans le texte ont-elles leurs réponses ? Pourquoi ? Comme ce
sont des questions rhétoriques, qui n’attendent pas de réponses, ces tournures
interrogatives ont juste pour but de relancer l’argumentation, de faire réfléchir les
lecteurs quant au thème traité.
4) Que ce soit dans le texte de Voltaire ou dans celui de Foer, quelle serait l’explication la
plus simple quant à la cruauté des Hommes et leur choix de viande ? La coutume,
l’habitude.

Exercice d’écriture :
Imaginez un dialogue entre deux objets de la vie courante ayant la même utilité mais dont l’un
serait plus moderne. Votre texte comportera une douzaine de répliques et fera apparaître :
- Une courte phrase d’introduction qui montrera où se passe la scène,
- Des guillemets au début et à la fin du dialogue,
- Des tirets quand l’autre objet prendra la parole,
- Des arguments pour l’ancien objet et le nouvel objet.

27
Fiche élève Séance 3 Dénoncer …………………………………………………

Supports :
Dialogue du chapon et de la poularde, Voltaire (1763)
Faut-il manger les animaux ? Jonathan Safran Foer (2009)

LE CHAPON9. - Eh, mon Dieu ! ma poule, te voilà bien triste, qu’as-tu ?

LA POULARDE10. - Mon cher ami, demande-moi plutôt ce que je n’ai plus. Une maudite
servante m’a prise sur ses genoux, m’a plongé une longue aiguille dans le cul, a saisi ma
matrice11, l’a roulée autour de l’aiguille, l’a arrachée et l’a donnée à manger à son chat. Me
voilà incapable de recevoir les faveurs du chantre du jour, et de pondre.

LE CHAPON. - Hélas ! ma bonne, j’ai perdu plus que vous ; ils m’ont fait une opération
doublement cruelle : ni vous ni moi n’aurons plus de consolation dans ce monde ; ils vous ont
fait poularde, et moi chapon. La seule idée qui adoucit mon état déplorable, c’est que
j’entendis ces jours passés, près de mon poulailler, raisonner deux abbés italiens à qui on avait
fait le même outrage afin qu’ils pussent chanter devant le pape avec une voix plus claire12. Ils
disaient que les hommes avaient commencé par circoncire leurs semblables, et qu’ils
finissaient par les châtrer : ils maudissaient la destinée et le genre humain.

LA POULARDE. - Quoi ! c’est donc pour que nous ayons une voix plus claire qu’on nous a privés
de la plus belle partie de nous-mêmes ?

LE CHAPON. - Hélas ! ma pauvre poularde, C’est pour nous engraisser, et pour nous rendre la
chair plus délicate.

LA POULARDE. - Eh bien ! quand nous serons plus gras, le seront-ils davantage ?

LE CHAPON. - Oui, car ils prétendent nous manger.

LA POULARDE. - Nous manger ! ah, les monstres !

LE CHAPON. - C’est leur coutume ; ils nous mettent en prison pendant quelques jours, nous
font avaler une pâtée dont ils ont le secret, nous crèvent les yeux pour que nous n’ayons point
de distraction ; enfin, le jour de la fête étant venu, ils nous arrachent les plumes, nous coupent
la gorge, et nous font rôtir. On nous apporte devant eux dans une large pièce d’argent ; chacun
dit de nous ce qu’il pense ; on fait notre oraison funèbre13 : l’un dit que nous sentons la

9
Chapon : jeune coq châtré engraissé pour la table.
10
Poularde : jeune poule à qui on a enlevé les ovaires pour l’empêcher de pondre et
intensément engraissée.
11
Matrice : utérus.
12
Référence aux castrats, chanteurs émasculés dès l’enfance afin qu’ils gardent une voix de
soprano ou d’alto.
13
Oraison funèbre : discours prononcé à l’occasion des obsèques d’un personnage illustre.

28
noisette ; l’autre vante notre chair succulente ; on loue nos cuisses, nos bras, notre croupion
; et voilà notre histoire dans ce bas monde finie pour jamais.

LA POULARDE. - Quels abominables coquins ! Je suis prête à m’évanouir. Quoi ! on
m’arrachera les yeux ! on me coupera le cou ! Je serai rôtie et mangée ! Ces scélérats n’ont
donc point de remords ?

LE CHAPON. - Non, m’amie ; les deux abbés dont je vous ai parlé disaient que les hommes
n’ont jamais de remords des choses qu’ils sont dans l’usage de faire.

LA POULARDE. - La détestable engeance14 ! Je parie qu’en nous dévorant ils se mettent encore
à rire et à faire des contes plaisants, comme si de rien n’était.

LE CHAPON. - Vous l’avez deviné ; mais sachez pour votre consolation (si c’en est une) que ces
animaux, qui sont bipèdes comme nous, et qui sont fort au-dessous de nous, puisqu’ils n’ont
point de plumes, en ont usé ainsi fort souvent avec leurs semblables. J’ai entendu dire à mes
deux abbés que tous les empereurs chrétiens et grecs ne manquaient jamais de crever les
deux yeux à leurs cousins et à leurs frères ; que même, dans le pays où nous sommes, il y avait
eu un nommé Débonnaire qui fit arracher les yeux à son neveu Bernard. Mais pour ce qui est
de rôtir des hommes, rien n’a été plus commun parmi cette espèce. Mes deux abbés disaient
qu’on en avait rôti plus de vingt mille15 pour de certaines opinions qu’il serait difficile à un
chapon d’expliquer, et qui ne m’importent guère.

LA POULARDE. - C’était apparemment pour les manger qu’on les rôtissait.

LE CHAPON. - Je n’oserais pas l’assurer ; mais je me souviens bien d’avoir entendu clairement
qu’il y a bien des pays, et entre autres celui des Juifs, où les hommes se sont quelquefois
mangés les uns les autres.

LA POULARDE. - Passe pour cela. Il est juste qu’une espèce si perverse se dévore elle-même,
et que la terre soit purgée de cette race. Mais moi qui suis paisible, moi qui n’ai jamais fait de
mal, moi qui ai même nourri ces monstres en leur donnant mes œufs, être châtrée, aveuglée,
décollée, et rôtie ! Nous traite-t-on ainsi dans le reste du monde ?

LE CHAPON. - Les deux abbés disent que non. Ils assurent que dans un pays nommé l’Inde,
beaucoup plus grand, plus beau, plus fertile que le nôtre, les hommes ont une loi sainte qui
depuis des milliers de siècles leur défend de nous manger ; que même un nommé Pythagore,
ayant voyagé chez ces peuples justes, avait rapporté en Europe cette loi humaine, qui fut
suivie par tous ses disciples. Ces bons abbés lisaient Porphyre le Pythagoricien, qui a écrit un
beau livre contre les broches. O le grand homme ! le divin homme que ce Porphyre ! Avec
quelle sagesse, quelle force, quel respect tendre pour la Divinité il prouve que nous sommes
les alliés et les parents des hommes ; que Dieu nous donna les mêmes organes, les mêmes
sentiments, la même mémoire, le même germe inconnu d’entendement16 qui se développe
14
Engeance : catégorie de personnes détestables.
15
Ceux que l’Eglise considérait comme « hérétiques » pouvaient être condamnés à être brûlés
vifs sur le bûcher. Les athées et les protestants notamment.
16
Entendement : faculté de comprendre, intelligence.

29
dans nous jusqu’au point déterminé par les lois éternelles, et que ni les hommes ni nous ne
passons jamais ! En effet, ma chère poularde, ne serait-ce pas un outrage à la Divinité de dire
que nous avons des sens pour ne point sentir, une cervelle pour ne point penser ? Cette
imagination digne, à ce qu’ils disaient, d’un fou nommé Descartes, ne serait-elle pas le comble
du ridicule et la vaine excuse de la barbarie ? Aussi les plus grands philosophes de l’antiquité
ne nous mettaient jamais à la broche. Ils s’occupaient à tâcher d’apprendre notre langage, et
de découvrir nos propriétés si supérieures à celles de l’espèce humaine. Nous étions en sûreté
avec eux comme dans l’âge d’or. Les sages ne tuent point les animaux, dit Porphyre ; il n’y a
que les barbares et les prêtres qui les tuent et les mangent. Il fit cet admirable livre pour
convertir un de ses disciples qui s’était fait chrétien par gourmandise.

LA POULARDE. - Eh bien ! dressa-t-on des autels à ce grand homme qui enseignait la vertu au
genre humain, et qui sauvait la vie au genre animal ?

LE CHAPON. - Non, il fut en horreur aux chrétiens qui nous mangent, et qui détestent encore
aujourd’hui sa mémoire ; ils disent qu’il était impie17, et que ses vertus étaient fausses,
attendu qu’il était païen.

LA POULARDE. - Que la gourmandise a d’affreux préjugés ! J’entendais l’autre jour, dans cette
espèce de grange qui est près de notre poulailler, un homme qui parlait seul devant d’autres
hommes qui ne parlaient point ; Il s’écriait que « Dieu avait fait un pacte avec nous et avec ces
autres animaux appelés hommes ; que Dieu leur avait défendu de se nourrir de notre sang et
de notre chair ». Comment peuvent-ils ajouter à cette défense positive la permission de
dévorer nos membres bouillis ou rôtis ? Il est impossible, quand ils nous ont coupé le cou, qu’il
ne reste beaucoup de sang dans nos veines ; ce sang se mêle nécessairement à notre chair ;
ils désobéissent donc visiblement à Dieu en nous mangeant. De plus, n’est-ce pas un sacrilège
de tuer et de dévorer des gens avec qui Dieu a fait un pacte ? Ce serait un étrange traité que
celui dont la seule clause serait de nous livrer à la mort. Ou notre créateur n’a point fait de
pacte avec nous, ou c’est un crime de nous tuer et de nous faire cuire il n’y a pas de milieu.

LE CHAPON. - Ce n’est pas la seule contradiction qui règne chez ces monstres, nos éternels
ennemis. Il y a longtemps qu’on leur reproche qu’ils ne sont d’accord en rien. Ils ne font des
lois que pour les violer ; et, ce qu’il y a de pis, c’est qu’ils les violent en conscience. Ils ont
inventé cent subterfuges18, cent sophismes 19pour justifier leurs transgressions. Ils ne se
servent de la pensée que pour autoriser leurs injustices, et n’emploient les paroles que pour
déguiser leurs pensées. Figure-toi que, dans le petit pays où nous vivons, il est défendu de
nous manger deux jours de la semaine : ils trouvent bien moyen d’éluder la loi ; d’ailleurs cette
loi, qui te paraît favorable, est très barbare ; elle ordonne que ces jours-là on mangera les
habitants des eaux ils vont chercher des victimes au fond des mers et des rivières. Ils dévorent
des créatures dont une seule coûte souvent plus de la valeur de cent chapons : ils appellent
cela jeûner, se mortifier. Enfin je ne crois pas qu’il soit possible d’imaginer une espèce plus
ridicule à la fois et plus abominable, plus extravagante et plus sanguinaire.

17
Impie : athée.
18
Subterfuge : ruse, stratagème.
19
Sophisme : raisonnement logique en apparence mais en réalité totalement faux.

30
LA POULARDE. - Eh, mon Dieu ! ne vois-je pas venir ce vilain marmiton de cuisine avec son
grand couteau ?

LE CHAPON. - C’en est fait, m’amie, notre dernière heure est venue ; recommandons notre
âme à Dieu.

LA POULARDE. - Que ne puis-je donner au scélérat qui me mangera une indigestion qui le fasse
crever ! Mais les petits se vengent des puissants par de vains souhaits, et les puissants s’en
moquent.

LE CHAPON. - Aïe ! on me prend par le cou. Pardonnons à nos ennemis.

LA POULARDE. - Je ne puis ; on me serre, on m’emporte. Adieu, mon cher chapon.

LE CHAPON. - Adieu, pour toute l’éternité, ma chère poularde.

A/ Comprendre le dialogue de Voltaire
1) Pourquoi ce texte vous fait-il penser à une fable ?
2) Si vous aviez à résumer, quelle est la grande question qu’ils se posent ?
3) De quelle façon Voltaire montre-t-il la cruauté des Hommes (travaillez le lexique) ?
4) Les Hommes ne sont-ils cruels qu’avec les animaux
5) Dans ce dialogue, l’un des animaux semble en savoir plus que l’autre. Lequel ?
6) L’autre personnage en sait moins et comment cela apparaît dans le dialogue
7) Dans ce dialogue, les personnages ont-ils des idées opposées ou sont-ils du même
avis ? Que pouvez-vous en déduire sur l’objectif de ce texte ?
8) Grâce au memento, recopiez et remplissez ce tableau, soit en donnant un exemple,
soit en nommant l’outil de persuasion utilisé :

OUTILS DE PERSUASION EXEMPLES TIRES DU TEXTE
Pronoms personnels utilisés.


« Comment peuvent-ils ajouter à cette défense positive
la permission de dévorer nos membres bouillis ou
rôtis ? », « N’est-ce pas un sacrilège de tuer et de dévorer
des gens avec qui Dieu a fait un pacte ? »
« Ils ont inventé cent subterfuges, cent sophismes pour
justifier leurs transgressions »

(Prendre le journal de séquence)

B/ Analyser un texte contemporain

Les porcs sont tout aussi intelligents et sensibles que les chiens, au sens le plus
raisonnable de ces adjectifs. Certes ils ne peuvent pas bondir sur la banquette arrière d’une
Volvo, mais ils sont capables d’aller chercher, de courir et de jouer, de se montrer espiègles
et de rendre l’affection qu’on leur donne. Alors pourquoi n’ont-ils pas le droit de se lover près
du feu ? Pourquoi ne leur épargne-t-on pas au moins de passer à la broche ?

31
Le tabou nous interdisant de manger les chiens révèle quelque chose à leur sujet, et
nous en apprend beaucoup sur nous.
Les Français, qui adorent leurs chiens, mangent parfois leurs chevaux.
Les Espagnols, qui adorent leurs chevaux, mangent parfois leurs vaches.
Les Indiens, qui adorent leurs vaches, mangent parfois leurs chiens.
Quoique écrits dans un contexte très différents, les mots de George Orwell dans La
Ferme des animaux peuvent s’appliquer ici : « Tous les animaux sont égaux, mais certains sont
plus égaux que d’autres. » La protection apportée à tel ou tel animal n’est pas une loi de la
nature ; elle découle des histoires que nous racontons sur la nature.
Alors qui est dans le vrai ? Quelles peuvent être les raisons conduisant à exclure la
viande canine de nos menus ? Le carnivore sélectif répondra sans doute : Ne mangez pas vos
animaux de compagnie. Mais les chiens ne sont pas considérés comme des compagnons dans
les endroits où on les mange. Et qu’en est-il de nos voisins qui n’ont pas d’animaux chez eux ?
Serions-nous en droit d’élever des objections s’ils mangeaient du chien au dîner ?
Entendu, alors dans ce cas : Ne mangez pas les animaux ayant des capacités mentales
significatives. Si par « capacités mentales significatives » nous entendons le genre de capacités
que possède un chien, alors c’est parfait pour les chiens. Mais une telle définition
s’appliquerait aussi aux porcs, vaches, poulets et à de nombreuses espèces d’animaux marins.

1) Quel est le thème de ce texte ?
2) Quand l’auteur emploie le pronom « nous », désigne-t-il une population particulière ?
Pourquoi ?
3) Les questions posées dans le texte ont-elles leurs réponses ? Pourquoi ?
4) Que ce soit dans le texte de Voltaire ou dans celui de Foer, quelle serait l’explication la
plus simple quant à la cruauté des Hommes et leur choix de viande ?


Exercice d’écriture :
Imaginez un dialogue entre deux objets de la vie courante ayant la même utilité mais dont l’un
serait plus moderne. Votre texte comportera une douzaine de répliques et fera apparaître :
- Une courte phrase d’introduction qui montrera où se passe la scène,
- Des guillemets au début et à la fin du dialogue,
- Des tirets quand l’autre objet prendra la parole,
- Des arguments pour l’ancien objet et le nouvel objet.

Barème :
Introduction : /2
Maîtrise du dialogue narratif : /4
Arguments de l’ancien objet : /3
Arguments du nouvel objet : /3
P.O.L. : /3





32
Séance 4 Dénoncer l’esclavage

Supports :
Code noir (1718)
De l’esprit des lois, « De l’esclavage des nègres » (livre XV, chapitre VI), Montesquieu (1748).

A/ Analyse du document 1 : Le code noir

Le Code noir ou recueil d’édits, déclarations et arrêts concernant


les esclaves nègres de l’Amérique a été rédigé en 1685 à la
demande de Louis XIV.
On y trouve des articles parlant de punitions physiques
notamment.
Voici quelques articles :

« Article 38 : L’esclave fugitif qui aura été en fuite pendant un mois,
à compter du jour que son maître l’aura dénoncé en justice, aura les
oreilles coupées et sera marqué d’une fleur de lis une épaule ; s’il
récidive un autre mois pareillement du jour de la dénonciation, il aura
le jarret coupé, et il sera marqué d’une fleur de lis sur l’autre épaule
et la troisième fois, il sera puni de mort. »
« Article 42 : Pourront seulement les maîtres, lorsqu’ils croiront que
leurs esclaves l’auront mérité les faire enchaîner et les faire battre de
verges ou cordes. Leur défendons de leur donner la torture, ni le leur
faire aucune mutilation de membres, à peine de confiscation des
esclaves et d’être procédé contre les maîtres extraordinairement. »
« Article 44 : Déclarons les esclaves être meubles... »
Quelles sont vos impressions à la lecture de ce document ? Pourquoi ?

B/ Analyse du texte de Montesquieu

Si j’avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves, voici ce que je
dirais :
Les peuples d’Europe ayant exterminé ceux de l’Amérique, ils ont dû mettre en esclavage
ceux de l’Afrique, pour s’en servir à défricher tant de terres.
Le sucre serait trop cher, si l’on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves.
Ceux dont il s’agit sont noirs depuis les pieds jusqu’à la tête ; et ils ont le nez si écrasé qu’il
est presque impossible de les plaindre.
On ne peut se mettre dans l’idée que Dieu, qui est un être très sage ait mis une âme, surtout
une âme bonne, dans un corps tout noir,
Il est si naturel de penser que c’est la couleur qui constitue l’essence de l’humanité, que les
peuples d’Asie, qui font des eunuques20, privent toujours les noirs du rapport qu’ils ont avec
nous d’une façon plus marquée.

20
Eunuques : esclaves masculins dont on a coupé les parties génitales.

33
On peut juger de la couleur de la peau par celle des cheveux, qui, chez les Égyptiens, les
meilleurs philosophes du monde, étaient d’une si grande conséquence21, qu’ils faisaient
mourir tous les hommes roux qui leur tombaient entre les mains.
Une preuve que les nègres n’ont pas le sens commun, c’est qu’ils font plus de cas d’un
collier de verre que de l’or, qui, chez des nations policées22, est d’une si grande conséquence23.
Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes ; parce que, si
nous les supposions des hommes, on commencerait à croire que nous ne sommes pas nous-
mêmes chrétiens.
De petits esprits exagèrent trop l’injustice que l’on fait aux Africains. Car, si elle était telle
qu’ils le disent, ne serait-il pas venu dans la tête des princes d’Europe, qui font entre eux tant
de conventions24 inutiles, d’en faire une générale en faveur de la miséricorde et de la pitié ?

1. En quoi la première phrase est-elle extrêmement importante pour comprendre le
point de vue de Montesquieu ? Il débute par « si je devais » cela montre que c’est une
hypothèse. Le conditionnel pose la question : est-il ou non d’accord avec le thème ?
2. Quel est le thème de ce texte ? L’esclavage.
3. Quelle est la réaction que l’on peut avoir à la lecture du texte ? On peut être
légitimement choqué.
4. Pensez-vous alors que Montesquieu soit pour ou contre l’esclavage ? Déduisez-en le
ton du texte. Montesquieu est contre et il utilise l’ironie pour dénoncer l’esclavage qui
existe encore à son époque (il faudra attendre 1848 en France pour le voir disparaître).
5. Le texte comprend neuf arguments. Relevez et expliquez celui qui vous paraît le plus
absurde.

L’ironie est une forme d’expression qui consiste à dire l’inverse de ce que l’on pense. Dans la
littérature, l'ironie c'est l'art de se moquer de quelqu'un ou quelque chose. Son but peut être
de faire réagir, rire le lecteur ou bien de dénoncer, de critiquer. Cette forme d'expression
invite le lecteur à être actif et choisir une position.

Pensez-vous que l’esclavage soit toujours présent à l’heure actuelle dans le monde ?

Journal de séquence : sous la forme d’un acrostiche du nom commun « esclavage », notez
les termes qui vous ont marqué(e).

21
Grande conséquence : esprit logique.
22
Policées : civilisées.
23
Conséquence : importance.
24
Conventions : règles, accords.

34
Exercice à la maison
Après avoir lu ce texte, rédigez le vôtre qui aura pour titre « Comment être sûr de rater sa
scolarité ou les dix conseils d’un élève de 1ère ».

La direction de la police de Seattle (Washington) a publié ces douze conseils dans les années
1990.

« COMMENT FAIRE DE VOTRE ENFANT UN BON DELINQUANT » :

1) Dès l'enfance donnez-lui tout ce qu'il désire. Vous seriez mal vus et il grandira en pensant
que le monde entier lui doit tout.
2) S'il dit des grossièretés, riez, il se croira très malin.
3) Ne lui donnez aucune formation spirituelle. Quand il aura 18 ans, " il choisira lui-même ! ".
4) Ne lui dites jamais : " c'est mal ! ". Il pourrait faire un complexe de culpabilité. Ainsi, plus
tard, lorsqu'il sera arrêté pour vol de voitures, il sera persuadé que c'est la société qui le
persécute.
5) Ramassez tout ce qu'il laisse traîner. Ainsi, cela lui confirmera que ce sont toujours les
autres qui sont responsables.
6) Laissez-lui tout lire. Stérilisez sa vaisselle, mais laissez son esprit se nourrir d'ordure.
7) Disputez-vous toujours devant lui. Quand votre ménage craquera, il ne sera pas choqué.
8) Donnez-lui tout l'argent qu'il réclame. Qu'il n'ait pas à le gagner. Il ferait beau voir qu'il ait
les mêmes difficultés que vous.
9) Que tous ses désirs soient satisfaits : nourriture, boisson, confort, sinon il pourrait être
frustré.
10) Prenez toujours son parti. Les professeurs, la police lui en veulent à ce pauvre petit.
11) Quand il sera un voyou, proclamez vite que vous n'avez jamais rien pu en faire.
12) Préparez-vous une vie de douleur, vous l'aurez.













35
L’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises en 1848

Affiche pour la journée internationale pour l’abolition de l’esclavage (le 2 décembre)



1) Quel est le thème commun de ces deux documents ? (2 points)
2) Donnez la définition des deux termes importants relevés dans la question 1. (2 points)
3) Faites la description des deux documents de façon organisée. (5 points)
4) De quand date l’abolition de l’esclavage en France ? (1 point)
5) Quel est le lien entre ces deux documents et l’objet d’étude intitulé « Les philosophes des Lumières et le combat
contre l’injustice ? (3 points)
6) Pensez-vous que l’esclavage ait disparu totalement dans le monde ? Justifiez votre réponse. (5 points)
P.O.L. : /2

36
Fiche élève Séance 4 Dénoncer …………………………………………………

Supports :
Code noir (1718)
De l’esprit des lois, « De l’esclavage des nègres » (livre XV, chapitre VI), Montesquieu (1748).
Le Code noir ou recueil d’édits, déclarations et arrêts concernant
les esclaves nègres de l’Amérique a été rédigé en 1685 à la
demande de Louis XIV.
On y trouve des articles parlant de punitions physiques
notamment.
Voici quelques articles :
« Article 38 : L’esclave fugitif qui aura été en fuite pendant un mois, à
compter du jour que son maître l’aura dénoncé en justice, aura les
oreilles coupées et sera marqué d’une fleur de lis une épaule ; s’il
récidive un autre mois pareillement du jour de la dénonciation, il aura
le jarret coupé, et il sera marqué d’une fleur de lis sur l’autre épaule et
la troisième fois, il sera puni de mort. »
« Article 42 : Pourront seulement les maîtres, lorsqu’ils croiront que
leurs esclaves l’auront mérité les faire enchaîner et les faire battre de
verges ou cordes. Leur défendons de leur donner la torture, ni le leur
faire aucune mutilation de membres, à peine de confiscation des
esclaves et d’être procédé contre les maîtres extraordinairement. »
« Article 44 : Déclarons les esclaves être meubles... »


Si j’avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves, voici ce que je dirais :
Les peuples d’Europe ayant exterminé ceux de l’Amérique, ils ont dû mettre en esclavage ceux de
l’Afrique, pour s’en servir à défricher tant de terres.
Le sucre serait trop cher, si l’on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves.
Ceux dont il s’agit sont noirs depuis les pieds jusqu’à la tête ; et ils ont le nez si écrasé qu’il est
presque impossible de les plaindre.
On ne peut se mettre dans l’idée que Dieu, qui est un être très sage ait mis une âme, surtout une
âme bonne, dans un corps tout noir,
Il est si naturel de penser que c’est la couleur qui constitue l’essence de l’humanité, que les peuples
d’Asie, qui font des eunuques25, privent toujours les noirs du rapport qu’ils ont avec nous d’une façon
plus marquée.
On peut juger de la couleur de la peau par celle des cheveux, qui, chez les Égyptiens, les meilleurs
philosophes du monde, étaient d’une si grande conséquence26, qu’ils faisaient mourir tous les hommes
roux qui leur tombaient entre les mains.
Une preuve que les nègres n’ont pas le sens commun, c’est qu’ils font plus de cas d’un collier de
verre que de l’or, qui, chez des nations policées27, est d’une si grande conséquence28.
Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes ; parce que, si nous les
supposions des hommes, on commencerait à croire que nous ne sommes pas nous-mêmes chrétiens.

25
Eunuques : esclaves masculins dont on a coupé les parties génitales.
26
Grande conséquence : esprit logique.
27
Policées : civilisées.
28
Conséquence : importance.

37
De petits esprits exagèrent trop l’injustice que l’on fait aux Africains. Car, si elle était telle qu’ils le
disent, ne serait-il pas venu dans la tête des princes d’Europe, qui font entre eux tant de conventions29
inutiles, d’en faire une générale en faveur de la miséricorde et de la pitié ?

1. En quoi la première phrase est-elle extrêmement importante pour comprendre le
point de vue de Montesquieu ?
2. Quel est le thème de ce texte ?
3. Quelle est la réaction que l’on peut avoir à la lecture du texte ?
4. Pensez-vous alors que Montesquieu soit pour ou contre l’esclavage ? Déduisez-en le
ton du texte.
5. Le texte comprend neuf arguments. Relevez et expliquez celui qui vous paraît le plus
absurde.
6. Pensez-vous que l’esclavage soit toujours présent à l’heure actuelle dans le monde ?

(Prendre le Journal de séquence)

Exercice à la maison
Après avoir lu ce texte, rédigez le vôtre qui aura pour titre « Comment être sûr de rater sa
scolarité ou les dix conseils d’un élève de 1ère ».

La direction de la police de Seattle (Washington) a publié ces douze conseils dans les années 1990.

« COMMENT FAIRE DE VOTRE ENFANT UN BON DELINQUANT » :

1) Dès l'enfance donnez-lui tout ce qu'il désire. Vous seriez mal vus et il grandira en pensant que le
monde entier lui doit tout.
2) S'il dit des grossièretés, riez, il se croira très malin.
3) Ne lui donnez aucune formation spirituelle. Quand il aura 18 ans, " il choisira lui-même ! ".
4) Ne lui dites jamais : " c'est mal ! ". Il pourrait faire un complexe de culpabilité. Ainsi, plus tard,
lorsqu'il sera arrêté pour vol de voitures, il sera persuadé que c'est la société qui le persécute.
5) Ramassez tout ce qu'il laisse traîner. Ainsi, cela lui confirmera que ce sont toujours les autres qui
sont responsables.
6) Laissez-lui tout lire. Stérilisez sa vaisselle, mais laissez son esprit se nourrir d'ordure.
7) Disputez-vous toujours devant lui. Quand votre ménage craquera, il ne sera pas choqué.
8) Donnez-lui tout l'argent qu'il réclame. Qu'il n'ait pas à le gagner. Il ferait beau voir qu'il ait les
mêmes difficultés que vous.
9) Que tous ses désirs soient satisfaits : nourriture, boisson, confort, sinon il pourrait être frustré.
10) Prenez toujours son parti. Les professeurs, la police lui en veulent à ce pauvre petit.
11) Quand il sera un voyou, proclamez vite que vous n'avez jamais rien pu en faire.
12) Préparez-vous une vie de douleur, vous l'aurez.

Consignes :
- Votre texte sera numéroté de 1 à 10.
- La dernière phrase sera la conclusion des ces conseils.
- Tous vos conseils seront notés à l’impératif (mode de l’ordre : Rangez vos affaires ! Ne sortez
pas sans manteau !) et montreront toute votre ironie.

29
Conventions : règles, accords.

38
DEVOIR DE FIN DE SÉQUENCE
Objet d’étude : Les Philosophes des Lumières et le combat contre les
injustices

Texte 1 : « La fracture sexuelle »

Les 8 mars30 se suivent et se ressemblent, selon un rituel aussi immuable31 que
désolant. Chaque année, la Journée des femmes fournit l'occasion de mesurer, de déplorer,
de dénoncer les inégalités entre hommes et femmes, en particulier les inégalités
professionnelles d'autant plus criantes qu'elles sont formellement interdites par les lois Roudy
de 1983 et Génisson de 2001. Chaque année, les pétitions de principe se multiplient sur la
nécessité de réduire ou, mieux, d'effacer ces disparités. Chaque année enfin, l'on constate
qu'en dépit de ces engagements solennels, la situation n'évolue guère.
Le scénario est, à nouveau, parfaitement respecté. L'Insee vient de dresser un constat
sévère. Certes, l'univers du travail s'est fortement féminisé en l'espace d'une ou deux
générations : la France compte 12 millions de femmes actives (46 % de la population active),
soit 5,5 millions de plus qu'il y a quarante ans.
Mais les femmes restent victimes d'une triple inégalité.
Tout d'abord dans l'accès au travail : cela fait des années que le taux de chômage des
femmes est de 2 points supérieur à celui des hommes ; de même, près d'une femme sur trois
occupe un emploi à temps partiel (contre un homme sur vingt), le plus souvent subi et non
pas choisi ; enfin, elles sont particulièrement touchées par la précarité, puisque 80 % des
Français qui gagnent moins que le smic sont des femmes.
La deuxième inégalité se joue dans l'entreprise. Ainsi, l'écart moyen des salaires entre
hommes et femmes dans le secteur privé ou semi-public reste depuis deux décennies de 20
% (10 % chez les journalistes du Monde) et les fonctions hiérarchiques sont, pour les deux
tiers, occupées par des hommes (à cet égard, la rédaction du Monde n'est pas mieux lotie).
La troisième inégalité, enfin, porte sur la répartition du travail "invisible", mais
pourtant bien réel, des tâches domestiques. En dépit de l'évolution du couple, les hommes
continuent à y consacrer deux fois moins de temps que les femmes (2 h 13 contre 4 h 36 en
moyenne, selon l'Insee).
La situation est donc sans ambiguïté. Et le président de la République, Jacques Chirac, est
parfaitement fondé à vouloir faire de l'égalité professionnelle entre hommes et femmes
la "nouvelle frontière de la parité". Comme est parfaitement légitime la "mobilisation
générale" contre ces discriminations, décrétée par Nicole Ameline, la ministre déléguée à la
parité et à l'égalité professionnelle.
Reste à y parvenir, au-delà de l'incantation32. On en est loin. La parité politique entre les
hommes et les femmes, bien qu'inscrite dans la Constitution depuis quatre ans, peine
à entrer dans les faits quand elle n'est pas obligatoire. La parité professionnelle se heurte à
des inégalités plus subtiles et redoutables, tant elles sont intimes, enracinées dans les
mentalités, inscrites dans la vie quotidienne au travail comme à la maison. C'est pourtant bien
l'application aux femmes des droits de l'homme qui est en jeu. Il serait temps de l'admettre.
Article paru dans Le Monde, le 7 mars 2004.

30
8 mars : journée internationale de la femme.
31
Immuable : qui ne change pas.
32
Incantation : paroles, formules magiques.

39

Texte 2 : Postambule de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Olympe de
Gouges, 1791
Féministe française, femme politique et écrivain, Olympe de Gouges (1748, guillotinée en 1793), rédigea au
moment de la Révolution française une déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Cette
déclaration se terminait par cet appel aux femmes.
Femme, réveille-toi ; le tocsin33 de la raison se fait entendre dans tout l’univers ;
reconnais tes droits. Le puissant empire de la nature n’est plus environné de préjugés, de
fanatisme, de superstition et de mensonges. Le flambeau de la vérité a dissipé tous les nuages
de la sottise et de l’usurpation. L’homme esclave a multiplié ses forces, a eu besoin de recourir
aux tiennes pour briser ses fers. Devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne.
Ô femmes ! femmes, quand cesserez-vous d’être aveugles ? Quels sont les avantages
que vous avez recueillis dans la révolution ? Un mépris plus marqué, un dédain plus signalé.
Dans les siècles de corruption vous n’avez régné que sur la faiblesse des hommes. Votre
empire est détruit ; que vous reste-t-il donc ? La conviction des injustices de l’homme. La
réclamation de votre patrimoine, fondée sur les sages décrets de la nature ; qu’auriez-vous à
redouter pour une si belle entreprise ? le bon mot du Législateur des noces de Cana ? Craignez-
vous que nos Législateurs Français, correcteurs de cette morale, longtemps accrochée aux
branches de la politique, mais qui n’est plus de saison, ne vous répètent : femmes, qu’y a-t-il
de commun entre vous et nous ? Tout, auriez-vous à répondre. S’ils s’obstinaient, dans leur
faiblesse, à mettre cette inconséquence en contradiction avec leurs principes ; opposez
courageusement la force de la raison aux vaines prétentions de supériorité ; réunissez-vous
sous les étendards de la philosophie ; déployez toute l’énergie de votre caractère, et vous
verrez bientôt ces orgueilleux, non serviles adorateurs rampants à vos pieds, mais fiers de
partager avec vous les trésors de l’Être Suprême.
Quelles que soient les barrières que l’on vous oppose, il est en votre pouvoir de les
affranchir ; vous n’avez qu’à le vouloir.

A/ Compétences de lecture (10 points)


Question 1. Dans le texte 1, quelle injustice dénonce le journal Le Monde ? Dans quels domaines se
manifestent les inégalités ? (2 points)
Question 2. Dans le texte 2, selon Olympe de Gouges, quels sont les arguments mis en avant pour
convaincre les femmes de changer leurs droits ? (2 points)
Question 3. En analysant le lexique, l’utilisation des pronoms et les types de phrases, expliquez ce que
l’auteur attend de ses concitoyennes. (3 points)
Question 4. Quels points communs voyez-vous entre l’article du Monde, le texte d’Olympe de Gouges et le
combat des Philosophes des Lumières ? (3 points)

B/ Compétences d’écriture (10 points)
Imaginez un dialogue théâtral évoquant les combats d’hier et d’aujourd’hui dans lequel vous mettrez en
scène Olympe de Gouges et la femme dont vous vous sentez le plus proche (mère, grand-mère, tante, sœur,
cousine, amie, professeur etc.)
Votre scène respectera les consignes suivantes :
- Les combats évoqués dans la séquence devront apparaître,
- Chaque personnage aura chacun, au moins, dix répliques,
- Votre dialogue devra être vivant,
- Votre texte respectera l’organisation théâtrale,
- Votre vocabulaire sera adapté à chaque époque sans tomber dans les clichés (pas de registre
familier).

33
Tocsin : sonnerie de cloche répétée et prolongée.

40
TRAVAUX D’ECRITURE DE CHACUNE DES SEANCES

Dans cette partie, j’ai rédigé les devoirs d’écriture pour m’assurer de la faisabilité des
consignes en n’oubliant jamais que ce ne sont pas des modèles parfaits. A la suite, des travaux
d’élèves sont insérés, avant la correction.

Séance 1 : Dénoncer les inégalités sociales
Imaginez une des deux didascalies initiales : soit celle qui accompagnerait l’Acte I scène 1 d’une pièce
ayant pour héroïne Aïko, soit celle qui accompagnerait l’Acte I scène 1 d’une pièce ayant pour héroïne
Mariam.
Chacune de vos didascalies comptera 5 à 7 lignes et respectera les consignes suivantes :
- Vous construirez le décor grâce à vos connaissances sur le pays d’origine des héroïnes,
- Vous positionnerez votre héroïne dans un lieu clairement identifiable,
- Vos indications scéniques devront être en italique ou, plus vraisemblablement entre
parenthèses,
- Vous devrez imaginer un titre à vos deux pièces,
- Vous n’oublierez pas de mentionner l’Acte I, scène 1 et le nom du ou des personnages qui sera
(se seront) présent(s) sur scène.

La vie rêvée d’Aïko
Acte I, scène 1
AIKO, SON PERE

Aïko est une petite fille d’une dizaine d’années environ qui fait de la balançoire sous le regard attendri
de son père. Ils sont entourés de cerisiers en fleurs et on entend le bruit de la vie citadine. Aïko porte
une salopette rouge, un tee-shirt à l’effigie de son héroïne Luna et des chaussures qui s’illuminent à
chaque mouvement. Son père tient son portable à bout de bras pour filmer sa fille sous toutes les
coutures. On les voit rire. Le père regarde sa montre et fait signe à Aïko de le rejoindre alors qu’il sort
de son sac un pique-nique gargantuesque.

Les espoirs de Mariam
Acte I, scène 1
MARIAM, SA MERE
Mariam est une petite fille d’une dizaine d’années, assises à même le sol, près de sa mère. La terre
brûlée par le soleil est rougeâtre et des mouches volent autour d’elles, mouches qu’elles tentent sans
cesse d’écarter de leur visage. Les draps étendus qui flottent au vent derrière elles semblent les
rafraîchir un peu. Elles ne parlent pas. Elles trient consciencieusement des graines sans même les
regarder. Des bruits sourds débutent et ce sont des pillons en bois que l’on abat dans une calebasse
ouverte. La mère pose la main sur l’épaule de Mariam et d’un geste sec du menton lui indique d’aller
vers cette nouvelle tâche.

Séance 2 : Dénoncer l’intolérance religieuse
Deux personnes sortent du concert de Grand corps malade et parlent de cette chanson. L’un pense
que c’est un thème dépassé et l’autre que c’est très actuel. Rédigez leur dialogue qui comptera une
vingtaine de lignes en respectant ces consignes :
- Mentionnez dans une courte introduction les personnages, les lieux et le sujet de
conversation,
- Utilisez correctement des guillemets et des tirets,
- Avancez des arguments toujours illustrés d’exemples concrets,
- Finissez par une courte conclusion en mentionnant si l’un ou l’autre a changé d’avis.

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Des mois que les billets étaient commandés, des mois que chacune répétait les chansons dans sa
voiture, sous la douche. Et voilà que le concert de Grand Corps malade était passé. A la sortie de la
salle marseillaise, deux amies prennent le temps de discuter de la chanson qui a clos le concert dans
une chorégraphie surprenante. « Roméo kiffe Juliette » permet aux deux jeunes femmes de parler de
ce qu’elles ont entendu. Julie s’exclame de façon virulente :
« Je pense quand même que l’auteur exagère parce que ça n’arrive plus aussi souvent ! Les gens sont
vraiment plus ouverts et tolérants désormais.
- Tu plaisantes j’espère ? Parce que les histoires contemporaines d’histoire d’amour mal vues,
ça se trouve tout autour de toi. J’ai une élève qui a été gardée de force dans le village de sa
famille pour la marier de force avec un homme qui a été choisi pour elle.
- Un mariage forcé en 2018 ? Et quel rapport avec le fait que deux personnes ne peuvent s’aimer
à cause de différends familiaux ?
- Le poids des traditions… Mon élève sortait en cachette avec un Terminale et quand ses parents
l’ont appris, ils lui ont d’abord interdit de voir ce jeune et comme ce n’était pas suffisant, ils
ont profité des vacances pour l’envoyer au bled…
- Mais pourquoi, le garçon n’était pas fréquentable ?
- Son seul tort était qu’il s’appelle Paul et qu’il était catholique.
- Arrête, je suis certaine que c’était pour une autre raison.
- Que tu crois… Les gamins parlent en classe et les traditions sont bien plus fortes que tu ne
l’imagines. Et puis, ça vient de tous les côtés. Tu te souviens quand je t’ai parlé d’une élève de
2nde carrément séquestrée pendant un mois chez elle et que les parents m’ont appelée pour
que je vérifie bien que le mec avec qui elle traînait allait être viré. Julia d’un côté et Hamza de
l’autre. Les parents de Julia ne se sont pas cachés quant au fait les Arabes les dérangeaient.
- Mais on est au 21ème siècle… Je ne pensais pas que c’était aussi présent… »
Pensives et attristées, les deux amies prennent la route et continuent à chantonner malgré
tout « Roméo kiffe Juliette ».

Séance 3 : Dénoncer la cruauté des Hommes
Imaginez un dialogue entre deux objets de la vie courante ayant la même utilité mais dont l’un serait
plus moderne. Votre texte comportera une douzaine de répliques et fera apparaître :
- Une courte phrase d’introduction qui montrera où se passe la scène,
- Des guillemets au début et à la fin du dialogue,
- Des tirets quand l’autre objet prendra la parole,
- Des arguments pour l’ancien objet et le nouvel objet.

La maison sent le propre, on pourrait manger par terre et le silence se rompt avec l’arrivée du
facteur. Il a un colis, un gros colis. La maîtresse de maison n’a que quelques minutes avant de partir
travailler mais elle ne peut s’empêcher d’ouvrir le fameux paquet qu’elle attend depuis des jours. Elle
le pose sur le sol, près d’un autre appareil et ne peut s’empêcher de sourire. Elle se dit que l’un des
deux ne finira pas la semaine dans la maison. Son nouveau meilleur ami s’appelle Dyson V6. Une fois
le champ libre, il prend la parole en direction de Philips 3 :
« Bien le bonjour mon cher. Auriez-vous la gentillesse de me dire à qui j’ai l’honneur ?
- Philips 3, premier de sa catégorie. Aspirateur qui ne s’essouffle jamais, né en 2002, capacité
de 5 litres et sac changeable en un tour de main. Et vous êtes… ?
- Excusez-moi ? Vous avez parlé de sac ? Ce n’est pas possible, on m’avait parlé de cette légende
mais je ne peux le croire… Je me reprends, excusez-moi, je m’appelle V6, Dyson V6 pour vous
servir. Aspirateur nouvelle technologie, sans sac bien évidemment, sans fil également et pour
moins de deux kilos.
- Pardon ? Sans sac, sans fil ? Dites-moi que c’est une blague ?
- Je ne plaisante jamais avec mes fonctions.

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- Mais pourquoi me fait-elle cela ? Pourquoi faire appel à vous ? Je n’ai jamais failli, jamais faibli.
Pas une panne, rien. Bien sûr, juste un petit accrochage la semaine dernière quand elle a failli
chuter dans les escaliers à cause de ses pieds pris dans mon cordon. Mais on ne peut rompre
pour si peu…
- Euh, excusez du peu mais une telle chute peut être mortelle.
- Mais taisez-vous sale usurpateur, vous n’allez quand même pas me faire la morale. Je ne veux
pas partir à la déchetterie, je ne veux pas finir en pièces détachées. Par pitié, tombez-en panne
dès le premier essai. Par pitié, au nom de la fratrie des aspirants…
- Je suis garanti à vie mon pauvre… Et je suis anti-allergène.
- Je suis voué à partir alors que je ne suis même pas mort. Je tiendrais encore 4 à 5 ans si elle
me gardait.
- Détrompez-vous mon cher, obsolescence programmée. Je vous conseille de ne pas résister.
- Adieu, poussière, moutons sous le lit, poils de chien et autres céréales tombées le matin. Je
pars. Dignement. Longue aspiration à vous V6. »

Séance 4 : Dénoncer l’esclavage
Après avoir lu ce texte, rédigez le vôtre qui aura pour titre « Comment être sûr de rater sa scolarité ou
les dix conseils d’un élève de 1ère ». La dernière phrase sera la conclusion des ces conseils.

Comment être sûr de rater sa scolarité ou les dix conseils d’un élève de 1ère

1. Dès la rentrée, ne prenez pas en note les leçons. Vous n’allez pas vous surmener après deux mois de
fête.
2. Faites vous remarquer dès le premier jour en étant impoli. Là au moins, les profs se souviendront de
votre prénom.
3. N’apportez aucune fourniture scolaire. On dit que l’école est gratuite alors que ce soit à l’institution à
tout vous apporter.
4. Donnez un faux numéro de téléphone. Vos parents n’ont pas à être ennuyés par les plaintes des
professeurs.
5. Passez les heures de cours à pianoter sur votre portable au lieu d’écouter. Que vous n’ayez pas à payer
un forfait pour rien quand même !
6. Prenez toujours votre temps le matin et arrivez quand bon vous semble. Le repos est la clé de la
réussite alors il serait ridicule d’être ponctuel.
7. Ne rendez jamais les devoirs demandés aux professeurs. La forêt amazonienne vous remerciera et les
feuilles de copie seront de toute façon jetées à la fin de l’année.
8. Coupez toujours la parole à vos camarades ou à vos professeurs, que chacun sache que vous existez.
9. Battez-vous de temps à autre afin que vous ne soyez pas un simple anonyme pour le CPE et le
proviseur.
10. Préparez-vous à rater votre année, vous êtes sur la bonne voie.

Compétences d’écriture devoir de fin de séquence
Imaginez un dialogue théâtral évoquant les combats d’hier et d’aujourd’hui dans lequel vous mettrez
en scène Olympe de Gouges et la femme dont vous vous sentez le plus proche (mère, grand-mère,
tante, sœur, cousine, amie, professeur etc.)
Votre scène respectera les consignes suivantes :
- Les combats évoqués dans la séquence devront apparaître,
- Chaque personnage aura chacun, au moins, dix répliques,
- Votre dialogue devra être vivant,
- Votre texte respectera l’organisation théâtrale,
- Votre vocabulaire sera adapté à chaque époque sans tomber dans les clichés (pas de registre
familier).

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Le choc des générations
Acte II, scène 3
OLYMPE- MICHELE, ma mère

OLYMPE (soupirant) - Je ne peux comprendre que vous ne vous battiez pas plus.
MICHELE (levant les yeux au ciel) – Mais vous n’imaginez même pas tout ce qui a été fait.
OLYMPE (ouvrant les bras vers le ciel) – Mais à l’échelle de l’humanité, les combats ont été si faibles,
si lents, je ne peux pas croire que vous avanciez avec si peu de fougue, si peu de rage.
MICHELE (souriant et s’avançant vers Olympe pour mettre ses mains sur ses épaules) – Regardez-moi
Olympe, depuis votre époque, l’Homme dans son entité a certes peu évolué mais pour les femmes, les
choses ont changé. Elles peuvent choisir ou non d’être mères. Elles peuvent disposer de leur corps, de
leur vie…
OLYMPE (l’interrompant) - Vous trouvez ? Quand je regarde les journaux, je ne vois que des femmes
opprimées, des femmes vitriolées, des femmes excisées, des couples qui se déchirent lors des divorces.
Et vous parlez de progrès !
MICHELE (s’asseyant lourdement sur la chaise) – Certes, je ne peux vous contredire mais je peux vous
assurer que mes deux filles ont bien plus de libertés que je n’en ai eu.
OLYMPE (hurlant presque puis se reprenant) – Quoi ? Mais vos filles ont eu la chance de naître dans
un pays ouvert parce qu’ailleurs…(silence) j’ai parcouru le monde et je peux vous assurer qu’être
femmes en Inde, en Afrique ou en Syrie n’a pas le même goût. Mais je ne veux m’arrêter aux droits
des femmes. Qu’en est-il de l’esclavage à l’heure actuelle ?
MICHELE (baissant les yeux) – J’aimerai vous dire qu’il a disparu mais il a juste changé. Comme l’écrivait
Hobbes « L’Homme est un loup pour l’Homme » et l’appât du gain, la volonté de pouvoir ont permis
de développer toutes autres formes d’esclavage, comme l’esclavage des enfants, l’esclavage sexuel.
Des combats ont été menés mais d’autres injustices prennent la place. Comme si les Humains avaient,
pour conquérir le monde, le don de créer des choses insoutenables.
OLYMPE (faisant les cent pas) - Mais assurez-moi que les gens continuent à se battre ?
MICHELE (d’une voix faible) – Certains oui même si c’est au risque de mourir de leurs convictions. (Se
reprenant, se levant et s’exclamant) Mais je nous veux positives en pensant à tous les combats menés,
réussis et qu’il faut garder en tête. Les lanceurs d’alerte, les médias, les Hommes permettent de ne
pas être soumis, de se rebeller coûte que coûte. Je vous assure que nous ne sommes pas devenus des
moutons. Les combats sont nombreux et les injustices prennent des formes différentes mais la révolte
s’adapte.
OLYMPE (souriant) – Je veux croire en votre optimisme et je m’en vais rencontrer vos filles pour voir
leur vision de la vie. Merci d’avoir pris ce temps pour parler. (S’éloignant de Michèle).

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