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Résumé. – Lors de la réalisation d’une arthroplastie totale de hanche, le chirurgien a pour but de
reconstruire l’architecture de l’articulation. Dans la majorité des cas, plusieurs voies d’abord lui sont offertes.
Celle que nous décrivons a été introduite par Robert Judet et dérivée de la voie de Hueter. Elle impose le plus
souvent l’utilisation d’une table orthopédique. Elle est très anatomique car elle respecte l’appareil musculaire
périarticulaire et apparaît comme l’abord privilégié pour une implantation prothétique selon un protocole
mini-invasif.
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Mots-clés : Prothèse de hanche ; Chirurgie mini-invasive ; Voie d’abord de la hanche ; Arthrose de la hanche
Introduction
Lors de la réalisation d’une arthroplastie totale de hanche, le
chirurgien a le choix entre plusieurs voies d’abord. Nous décrivons
celle introduite par Robert Judet [1] et dérivée de la voie de Hueter. [2]
Elle est réalisée le plus souvent sur table othopédique. [3] Très
anatomique car respectant l’appareil musculaire périarticulaire, elle
apparaît comme l’abord privilégié pour une implantation
prothétique selon un protocole mini-invasif. [4]
INSTALLATION DE L’OPÉRÉ
Le patient peut porter des chaussettes de contention ou des systèmes
dynamiques afin d’éviter la stase veineuse lors de l’intervention.
Celle-ci est menée en décubitus dorsal ; un appui périnéal s’oppose
à une légère traction axiale. Chaque pied est fixé dans son bottillon
orthopédique puis une légère traction est appliquée sur les membres
inférieurs afin que le bassin soit équilibré et horizontal. Le membre
supérieur homolatéral à la hanche opérée est posé sur la poitrine et
stabilisé par une bande collante ou mis sur un support.
Figure 2 Repères anatomiques selon le protocole mini-invasif. Figure 4 Exposition du tenseur du fascia lata et clivages entre ce dernier et le droit
antérieur.
INCISION CUTANÉE
Elle est longitudinale, d’environ 8 à 10 cm (Fig. 2). Elle est latéralisée
d’un travers de doigt par rapport au bord externe de l’épine iliaque
antérosupérieure, et descend oblique en bas et légèrement en dehors
vers le milieu du condyle externe (il est possible de palper
l’interstice du tenseur du fascia lata et du couturier).
ABORD INTERMUSCULAIRE
Après hémostase du tissu sous-cutané, on repère la gaine du tenseur
du fascia lata. Cette gaine est incisée longitudinalement (Fig. 3), Figure 6 Hémostase par ligature du pédicule circonflexe antérieur.
légèrement oblique en bas et en dehors. L’opérateur est guidé vers
l’espace entre le tenseur et le couturier tout en respectant la gaine artériole issue du pédicule circonflexe antérieur, l’aponévrose
de ce dernier afin de ne pas léser le nerf fémorocutané dont la profonde est ouverte au bistouri, puis le pédicule circonflexe est
branche fessière est le plus souvent sectionnée sans que cela visualisé à la rugine de Lambotte, disséqué et enfin lié (Fig. 6). Plus
constitue un inconvénient. Afin de faciliter la réparation de cette haut, on repère le tendon réfléchi droit antérieur (Fig. 7) en le
gaine, nous conseillons de mettre deux ou trois points repères sur la suivant d’avant en arrière à la rugine de Lambotte. Une fois mis sur
berge médiale. Dès lors, l’espace intermusculaire est abordé à la une pince chevalet, il est sectionné au bistouri électrique (Fig. 8). Le
pointe des ciseaux. Les écarteurs sont mis en place. Le clivage de cet tendon réfléchi du droit antérieur et le pédicule circonflexe
espace fait apparaître l’aponévrose superficielle du muscle droit constituent les extrémités de cette voie dans sa forme mini-invasive.
antérieur (Fig. 4). Celle-ci est incisée longitudinalement, le corps Le dernier plan musculaire avant l’abord capsulaire est constitué du
charnu est récliné en dedans et l’on met au jour le plan muscle psoas iliaque. Le plan de clivage d’élection impose
aponévrotique profond (Fig. 5). Après l’hémostase d’une petite l’ouverture de sa gaine. Elle se fait selon une courbe allant du bord
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44-667-B Arthroplastie totale de hanche par voie antérieure et son évolution mini-invasive Techniques chirurgicales
PRÉPARATION DU COTYLE
Tout d’abord, la table orthopédique doit être réglée afin que le
membre inférieur soit légèrement ascendant et en rotation externe Figure 14 Insert acétabulaire en place (ici, couple de friction céramique-
afin de détendre le psoas iliaque et de pouvoir parfaitement céramique).
positionner l’écarteur autostatique, le sourcil acétabulaire devant être
visible ou palpé sur toute sa circonférence. Si la paroi antérieure du
cotyle reste difficile à visualiser, il est possible de mettre un écarteur
de Homann coudé au pied de l’épine iliaque antéro-inférieure.
L’ensemble du croissant articulaire doit être observé, le bourrelet et
le ligament rond sont excisés, l’arrière-fond repéré et le ligament
transverse de l’acétabulum sectionné. En effet, lors de la réalisation
d’un abord mini-invasif, les implants cotyloïdiens utilisés sont le
plus souvent sans ciment et impactés. Il est donc impératif que les
cornes ischiatique et pubienne puissent s’écarter à l’impaction du
cotyle prothétique. Dès lors, le fraisage peut être initié (Fig. 12A) si
la section du col a été suffisante ; une fraise circulaire, qui est
indispensable, est facilement insérée dans le cotyle ; son support
peut être en baïonnette (Fig. 12B) afin d’éviter d’une part tout conflit
avec l’extrémité distale de l’incision, qui aurait pour effet d’abîmer
les téguments, et d’autre part un effet levier qui viendrait fraiser de
façon excessive la paroi antérieure du cotyle. Comme à l’habitude, Figure 15 L’extension maximale de hanche est obtenue en mettant le bras de la ta-
le fraisage doit respecter l’os sous-chondral et si certaines zones ble orthopédique au sol.
apparaissent peu avivées il est préférable de les faire saigner à l’aide
d’une curette agressive plutôt que d’exagérer le fraisage au risque capsule postérieure rend la luxation postérieure impossible. [6] Le
d’implanter un cotyle sur un support trop spongieux. Une fois le temps cotyloïdien terminé, une compresse vient protéger l’insert.
cotyle préparé, les cornes respectées et avivées jusqu’à la proximité
de l’arrière-fond acétabulaire, un cotyle d’essai est mis en place, tout
en sachant que par cette voie d’abord, et notamment dans les PRÉPARATION FÉMORALE
protocoles mini-invasifs, il faut veiller à ni verticaliser ni trop Tout d’abord, la table orthopédique doit être réglée. Dans un
antéverser l’implant, qui doit être en tout état de cause sous le premier temps, il faut déverrouiller toute traction afin de ne pas
sourcil acétabulaire afin de ne pas entraîner de conflit avec le psoas. étirer le nerf crural, appliquer prudemment au bottillon une rotation
Le cotyle définitif est impacté (Fig. 13) et soumis à une manœuvre externe supérieure à 90°, et enfin descendre le bras de cette table
d’arrachement. L’insert acétabulaire est placé (Fig. 14) en privilégiant vers le sol et sous le membre inférieur controlatéral (Fig. 15). Dès
un couple de friction céramique. [5] En effet, la conservation de la lors, le plan de section du col fémoral est horizontalisé. La jonction
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Conclusion
Références
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