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■ Nicole GUGLIELMACCI*, Olivier LEDIGARCHER*,

technique pratique Hafida MEZIANE*, Hélène POINOT*, Maura SELEME*,


Anne-Laure SULTAN-BATAVE*, Maryvonne PAUGAM**,
Omar TIBOURTINE***, Olivier ROUILLON****,
Rémy NIZARD *****, Pascal BIZOT*****,
Laurent SEDEL*****

Protocole de rééducation
postopératoire immédiate
après prothèse totale du genou

MOTS CLES ▼
Genou

Postopératoire
A PRES chirurgie prothé-
tique totale du genou, la
récupération de la force
du quadriceps, ainsi que de la
flexion du genou (de 90 à 120°)
de J + 1 jusqu’au jour du départ en
centre de rééducation et de
réadaptation fonctionnelle.

En préambule, rappelons que la


reste la préoccupation majeure rééducation ne saurait s’envisa-
Prothèse totale de genou du rééducateur. En effet, stabilité ger sans tenir compte de la prise
Rééducation et mobilité sont les garantes de la en charge de la douleur.
réussite fonctionnelle.
La prescription analgésique post-
Bien souvent, à un an de la pose opératoire faite par les anesthé-
d’une prothèse totale du genou, sistes à la sortie du bloc opératoire
on constate un flessum résiduel tient compte des antécédents du
d’environ 5° avec une mobilité en patient, du choix du type d’anes-
flexion de 100 à 110°. Au même thésie fait par celui-ci lors de la
recul 60 à 70 % des patients ont consultation d’anesthésie.
une déambulation alternative
sans canne, et 8 patients sur 10 Les pratiques les plus courantes
n’ont plus aucune douleur. dans le service font appel à diffé-
rentes techniques :
C’est pourquoi, plus la rééducation
sera précoce, meilleures seront – l’analgésie intraveineuse et/ou
la prévention des complica- per os est systématique pendant
tions et la réussite finale. les 48 heures postopératoires et
Ainsi, dans le cadre du comporte des antalgiques péri-
service de chirurgie phériques :
Comme dans toute prise
orthopédique et trau- - du paracétamol (Prodafalgan®,
en charge kinésithérapique,
matologique de Dafalgan®) ;
la collaboration et la confiance
établie entre le patient l’Hôpital Lariboisière, - un anti-inflammatoire non
et le kinésithérapeute l’équipe de mas- stéroïdien (kétoprofène =
permettent d’atteindre seurs-kinésithéra- Profénid®) en fonction de
les objectifs fixés peutes (MK) a mis l’âge du patient et des contre-
en commun à J + 1. en place un proto- indications ;
cole de rééducation - ± néfopam (Acupan®) ;

* Kinésithérapeute. Service de rééducation et réadaptation fonctionnelles du


Dr Yelnik. Hôpital Lariboisière – Fernand Widal –, Paris.
** Infirmière anesthésiste. Département d’anesthésie et réanimation.
*** Médecin anesthésiste réanimateur. Département d’anesthésie et réanimation.
**** Médecin. CRRF, Villiers-sur-Marne (94). Attaché des hôpitaux.
***** Chirurgien orthopédiste. Service de chirurgie orthopédique et traumatologique.
Hôpital Lariboisière, Paris.

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– la morphine en injection sous- un relais par des antalgiques de – installation du patient ;


cutanée (l’action maximale est type opioïde faible (paracétamol – massage.
à 1 h de l’injection) ; + codéine, Dafalgan codéiné® ou
– l’analgésie locorégionale péri- Di-antalvic®) est alors prescrit. Comme nous le préciserons lors
durale ou périnerveuse : de la description du protocole ci-
L’évaluation de la douleur, préa- après, la mobilisation continue
- l’analgésie péridurale est obte-
lable à tout geste rééducatif, s’ef- sur arthromoteur fait l’objet d’une
nue par l’injection continue
fectue à l’aide d’une échelle réflexion de l’ensemble de
d’anesthésique local. Le plus
visuelle analogique (EVA), ou une l’équipe quant à ses effets antal-
souvent utilisé actuellement
échelle numérique (EN). giques (cf. bibliographie), en plus
est le Naropeine® car il permet
d’obtenir un bon bloc sensitif et du gain d’amplitude articulaire.
Elle est systématique à J + 1
peu de bloc moteur. Elle est en (avant et pendant la rééducation)
général laissée en place 48 h et le jour de la sortie dans le
avec une surveillance pluriquo- cadre du bilan informatisé du A la sortie du bloc
tidienne du point de ponction patient. Elle se répète bien évi-
(recherche de signes d’infec- La première séance est program-
demment en cas de nécessité
tions ou de déplacement) et mée à J + 1. Les objectifs sont
afin de pouvoir argumenter une
l’absence d’effet secondaire ; d’atteindre 90° de flexion à J + 10.
modification du traitement antal-
- pour l’analgésie périnerveuse gique médical auprès des prati- • Nous travaillons à distance, à
(le plus souvent il s’agit d’un ciens spécialisés dans la prise en partir du pied, avec une sollici-
bloc ilio-facial), le patient charge de la douleur. tation en travail actif des rele-
remonte de la salle de réveil veurs, des extenseurs, des
avec un cathéter dans lequel La retranscription de la cotation inverseurs, et des éverseurs.
des réinjections de Naro- de la douleur par l’EVA ou l’EN • Nous retirons le pansement
peine® sont pratiquées systé- est effectuée par les kinésithéra- compressif.
matiquement toutes les 6 ou peutes : • Nous faisons pratiquer un tra-
8 h (le bloc sensitif apparaît – sur le dossier : vail statique du quadriceps et
15 mn après l’injection). Il
- feuille de suivi kinésithérapi- des ischio-jambiers en ver-
peut être laissé en place jus-
que ; rouillage à 0° (fig. 1).
qu’à 5 jours en fonction de
l’aspect du point de ponction - si possible sur le formulaire • Nous effectuons des mobilisa-
et l’absence de déplacement. infirmier de surveillance de la tions manuelles de la rotule.
douleur ; • Nous mettons en place un tra-
La séance de rééducation com- – sur la feuille de surveillance post- vail de mobilisation du genou
mence en tenant compte des opératoire pendant les 48 pre- en flexion, en actif aidé soit en
horaires d’injection d’antalgique - mières heures ; manuel, soit avec sangle, ce qui
ce qui nécessite une collabora- – sur la feuille de bilan de sortie n’est pas toujours la règle (fig. 2
tion avec les équipes infirmières masso-kinésithérapique (cf. page et 3).
et une bonne coordination. 22). • Nous plaçons le patient demi-
assis sur arthromoteur pour
Après 48 heures, l’injection de Parallèlement à cette thérapeu- une mobilisation passive conti-
morphine sous-cutanée peut être tique médicamenteuse, sont nue, d’une durée d’une heure
poursuivie selon le souhait du associées des techniques antal- par jour, sauf consigne particu-
patient et après l’évaluation de sa giques non pharmacologiques à lière. Les amplitudes sont
douleur afin de faciliter la prise type de : réglées au départ sur la base
en charge kinésithérapique. Ces
– déclive ; de ce qui est obtenu en manuel
injections sont maintenues aussi
– cryothérapie : en regard de la avec une douleur acceptable.
longtemps que nécessaire en
littérature, la cryothérapie la L’objectif est là aussi d’obtenir
fonction de chaque patient.
plus efficace serait celle utili- au minimum 90° à J + 10.
Le plus souvent, elles ne sont sant l’application en continu de Ce travail sur arthromoteur s’ef-
plus utiles au-delà de 10 jours et bandes réfrigérantes. fectue le plus souvent en passif

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– Figure 2 – – Figure 3 –
Le talon glisse sur le lit

– Figure 1 –
Cocontraction du quadriceps et des ischio-jambiers

pur, puis, à partir de J + 2-J + 3,


nous essayons d’induire un tra- – Figure 4 – – Figure 5 –
vail activo-passif, ceci par la mise
en place d’une pose de 10 secon-
des en extension de l’arthromo-
teur permettant d’effectuer un
travail isométrique du quadriceps. – Figure 6 –
NB : si la mise en place de l’ar-
thromoteur n’est pas tolérée
par le patient, un travail avec
sangle d’une heure peut le
remplacer à J + 1 (fig. 3).
• Chaque séance se termine par
un glaçage systématique. un premier lever avec mise au
• Nous recommandons au fauteuil. Le travail du quadriceps
patient d’effectuer 10 mouve- est aussi induit en dynamique
ments de flexion/extension concentrique sur coussin placé au
complète de la tibio-tarsienne niveau du creux poplité, en course
toutes les heures, dans une interne entre 20 et 0° (fig. 4 et 5).
optique de prévention des trou- • En fonction de ce qui est possible,
bles thrombo-emboliques [16]. nous cherchons à obtenir un
transfert lit-fauteuil (fig. 6), et/ou
la marche qui, à ce stade, s’effec-
AJ+2
tue avec un déambulateur*.
Nous reprenons les mêmes axes • Il est nécessaire d’obtenir 50 à
de travail qu’à J+1 et y ajoutons 70° de flexion à J + 2.

* Déambulation avec ou sans attelle postérieure ?


Les habitudes du service sont de privilégier une déambulation sans attelle postérieure :
– si le geste chirurgical le permet (pas de transposition de TTA, ni de laxité frontale) ;
– si le verrouillage du quadriceps est acquis ou en phase d’acquisition.

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AJ+3 Ce document suscite une discus-


sion entre le patient et le kinési-
Nous reprenons les mêmes axes thérapeute (cf. page 23).
de travail et, dans tous les cas de
figure, la marche est débutée
avec un déambulateur et parfois A J + 8, J + 9 et J + 10
avec des cannes béquilles si le
patient a déjà été éduqué en pré- Nous reprenons les mêmes élé-
opératoire. ments avec un objectif de 90° de
• Nous mettons en place des flexion et un travail en charge
postures d’extension, patient avec cocontraction ischio-jam-
assis, genou tendu, hanche en biers-quadriceps : sujet debout
flexion, pied sur le tabouret, la en appui bipodal, mains sur la
posture s’effectuant par le poids barre du lit, et triple flexion de 0 à
du membre inférieur (fig. 7 et 30° (fig. 9 et 9 bis).
7 bis). • Quand la flexion atteint 90 à
• L’objectif est d’obtenir à J + 3 95°, nous arrêtons l’utilisation
entre 60 et 70, voire 75° de de l’arthromoteur.
flexion. • Nous complétons les exercices
en charge : transfert d’appui
– Figure 7 – genou tendu, élévation sur la
A J + 4 et J + 5 pointe des pieds, travail du pas
Posture d’extension au fauteuil
postérieur.
Le même programme est pour-
• Le travail proprioceptif est dé-
suivi, et de plus, nous induisons
buté : sujet assis, pied en appui,
un travail au fauteuil permettant
genou à 70° de flexion, par des
d’obtenir 70 à 75° de flexion à ce
stabilisations rythmiques.
stade (fig. 8). Nous commençons
un travail en chaîne fermée avec • La sortie du service a lieu au
charge partielle, sujet assis sur le mieux à J + 10, le plus souvent
bord du lit ou au fauteuil, avec autour de J + 14-J + 15, vers un
flexion-extension en actif du centre de rééducation et de
genou, les deux pieds posés au réadaptation fonctionnelle. A ce
sol “geste de cirer le parquet”. moment est effectué un bilan
kinésithérapique de sortie dont
La marche se réalise avec des un exemplaire est laissé dans le
cannes béquilles, le déambula- dossier d’hospitalisation ; un
teur n’étant plus utilisé. double est remis au patient, ou
au centre de rééducation fonc-
tionnelle.
A J + 6 et J + 7 Avant d’être inséré dans le dos-
sier, les informations sont sai-
Les exercices précédents sont sies sur un logiciel gestionnaire
repris avec un objectif de 75 à de bases de données, File
80° de flexion. Nous abordons Maker Pro (lequel présente
parallèlement le travail d’autono- l’avantage d’être multiplate-
mie dans les escaliers. Les kiné- forme, les bases générées étant
sithérapeutes remettent alors au exportables en Intranet ou sur
patient un tryptique intitulé “Vous le Web).
venez d’être opéré d’une PTG.
– Figure 7 bis – Voici, quelques conseils...”, Ci-après, tableau récapitulatif
Posture d’extension + cryothérapie concernant la prophylaxie. des progrès de la flexion du

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– Figure 9 – – Figure 9 bis –

J1 J2 J3 J4-J5 J6-J7 J8-J9-J10


50° 50/70° 60/70° 70/75° 75/80° 80/85/90°
– Figure 8 –

genou : cette progression modu- – 25 contractions flash isomé- ischio-jambiers, des étirements à
lée en fonction de la tolérance du triques en symétrique des qua- type de tenu-relâché.
patient (douleur) s’effectuera de driceps [17] ;
10 en 10° de J + 1 à J + 3, puis de – 10 contractions isométriques,
5 en 5°. maintenues 6 secondes. Les Que faire en cas
ischio-jambiers (rôle de coap- de difficulté
tateur du genou lorsque celui-
Consignes particulières de flexion du genou ?
ci est en extension) facilitent ici
dans le cadre la contractilité musculaire par Nous proposons :
de la polyarthrite rhumatoïde débordement d’énergie ;
– pour le patient, si nécessaire de
– nous demandons au patient de revoir le traitement antalgique
Les implants prothétiques mis en
répéter ces deux exercices avec l’ensemble de l’équipe ;
place sont de façon systématique
toutes les heures.
des prothèses postéro-stabili- – en chaîne ouverte :
sées (type Wallaby 2). De ce fait, En chaîne fermée au fauteuil : le - en position de flexion maxi-
les limites de mobilité tolérées travail actif de la flexion vers l’ex- male, celle-ci maintenue par
par la prothèse sont 0-120°. tension du genou contre légère le patient et le kinésithéra-
résistance au niveau de l’extré- peute, nous demandons 10
Si la flexion progresse “trop”
mité supérieure du tibia. flexions dorsales de la tibio-
rapidement (par exemple > 70° à
tarsienne, talon posé sur le lit,
J + 1 ou > 100° à J + 3), il
provoquant un glissement du
convient de mettre en place une Que faire en cas tibia sous le fémur permettant
attelle postérieure pour éviter d’attitude permanente d’augmenter la flexion du
toute flexion en dehors des de flexion du genou genou de 5 à 10° (fig. 10 et 10
séances de rééducation. * à 10° ? bis) [18] ;
Dans ce cadre, pas d’utilisation, à - dans ce nouveau secteur,
Nous proposons :
priori, de l’arthromoteur. De même, nous fléchissons le genou 10
si la flexion progresse rapidement, – la mise en place d’une attelle fois de suite puis nous effec-
pas de travail “à la sangle”. postérieure lors des phases de tuons un “débattement” arti-
repos (assis et la nuit). culaire dans l’ensemble du
– dès le deuxième jour, il est mouvement de l’extension
Que faire en cas demandé impérativement au vers la flexion ;
de difficulté patient d’effectuer des postures - nous intensifions le travail
de contractilité d’extension d’une durée de 30 avec sangle (l’exercice expli-
quadricipitale ? minutes (cf. fig. 7 et 7 bis) après qué précédemment peut être
chaque repas ; utilisé) soit 30 minutes avant
Nous proposons, en chaîne – nous effectuons, en fonction des arthromoteur par série de 20
ouverte, patient en décubitus hypo-extensibilités et/ou contrac- mouvements, soit deux fois
dorsal, genou en extension : tures du triceps sural et/ou des par jour pendant 30 minutes ;

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consommation d’antalgiques,
quelle que soit la voie d’adminis-
tration de ces derniers [1].

Pour certains auteurs, la mobili-


sation passive continue (MPC)
diminue le volume liquidien
donné par les drains en post-
opératoire [2] et l’augmente pour
d’autres [7].

La MPC diminue l’œdème et per-


– Figure 10 – – Figure 10 bis – met une récupération de la mobi-
lité en flexion plus rapide, mais
sans qu’une différence significa-
tive apparaisse sur ce dernier
point à la sortie du service et à un
an ou plus de recul [4, 9, 2, 14].
- mise en place sur avis chirur- Nous avons donc effectué une La MPC n’influence pas le score
gical de l’arthromoteur deux recherche Medline en utilisant fonctionnel du genou opéré à un
fois par jour. les mots clés “Total Knee recul de deux semaines [5].
– en chaîne fermée : Arthroplasty” et “Continuous
- au fauteuil, l’exercice décrit Passive Motion”, en éliminant les Pour certains auteurs, la MPC
au lit peut être réalisé (fig. 10 références antérieures à 1991. entraîne une diminution de la
et 10 bis) ; durée moyenne de séjour en ser-
L’analyse de la littérature de ces vice de chirurgie [3], mais d’au-
- dès le huitième jour : peut
dix dernières années permet de tres auteurs retrouvent un résul-
être débuté debout le travail
dégager un certain nombre tat inverse [14].
en cocontraction quadriceps/
d’éléments concernant l’intérêt
ischio-jambiers lors du mou-
de cette procédure en phase La MPC utilisée à la sortie du
vement de triple flexion, sans
postopératoire immédiate. service de chirurgie (à domicile)
ou avec un guidage manuel
versus une rééducation effectuée
(en alternance : creux En premier lieu, la mobilisation par un praticien, entraîne une
poplité/face antérieure du passive continue diminue pour minimalisation des coûts de cette
genou). Ce travail en appui certains auteurs la consomma- séquence de la prise en charge
bipodal stimule et facilite la tion totale d’antalgiques, qu’ils d’environ 50 % sur une période
kinesthésie de la flexion. soient administrés par voie per os de deux semaines [6].
ou par voie sous-cutanée [1, 3].
D’autres auteurs retrouvent des
Pour d’autres auteurs, au résultats assez similaires en sou-
Revue de littérature contraire, la mobilisation passive lignant que la MPC permet de
continue augmenterait cette diminuer la nécessité d’une prise
La rééducation des prothèses consommation d’antalgiques [7]. en charge rééducative avec un
totales du genou repose encore, praticien pour la récupération de
pour une part non négligeable, L’association de la mobilisation la flexion et n’entraîne pas d’aug-
sur des bases empiriques. passive continue et du froid mentation des coûts [8].
L’utilisation de la mobilisation appliqué de façon continue
passive continue (MPC) sur (CCP) permet la diminution de la La MPC présente un intérêt plus
arthromoteur constitue un des consommation d’antalgiques per important après prothèse totale
éléments du protocole en post- os [1]. Par contre, l’association du du genou bilatérale en un temps
opératoire immédiat, dont les TENS à la mobilisation passive qu’après une séquence unilaté-
bases scientifiques restent floues. continue ne modifie pas la rale [10]. Pour certains auteurs,

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après chirurgie prothétique uni- Pour des raisons pratiques et de
latérale, il n’y a pas de bénéfice à contraintes temporelles nous
l’utilisation de la MPC pendant la mettons en œuvre la MPC pour
phase d’hospitalisation [11]. une durée de 60 minutes une fois
par jour. Si nous considérons
Un travail récent [12] précise les utile d’augmenter l’amplitude de
indications de la MPC en post- la flexion sous MPC, en regard de
opératoire immédiat après pro- nos habitudes de travail, ceci ne
thèse du genou en soulignant doit intervenir en moyenne
qu’elles sont liées à ses effets sur : qu’après 30 minutes de mobilisa-
– la diminution de l’œdème ; tion sous arthromoteur.
– la diminution de l’hémarthrose ;
– le maintien de la compliance ;
des tissus périarticulaires.
Conclusion
Un autre travail récent effectué
au travers d’une approche biblio- Comme dans toute prise en
graphique [15] tente de préciser charge kinésithérapique, la colla- ▼ BIBLIOGRAPHIE
les modalités pratiques de la boration et la confiance établie 1. WALKER R.H., MORRIS B.A., ANGULO D.L., SCHNEIDER J., COLWELL Jr. Postoperative
MPC, sans qu’un protocole uni- entre le patient et le kinésithéra- use of continuous passive motion, transcutaneous electrical nerve stimulation, and conti-
nuous cooling pad following total knee arthroplasty. J. Arthroplasty 1991;6(2):151-6.
voque puisse être dégagé. peute permettent d’atteindre les 2. AUBRIOT J.H., GUINCESTRE J.Y., GRANDBASTIEN B. Value of continuous passive
motion in the early rehabilitation of total knee arthroplasty. Prospective study apropos of
objectifs fixés en commun à J + 1. 120 medical records. Rev. Chir. Orthop. Réparatrice. App. Mot. 1993;79(7):586-90.
Il est donc bien difficile de trancher, 3. COLWELL C.W., MORRIS B.A. The influence of continuous passive motion on the results
of total knee arthroplasty. Clin. Orthop. 1992;(276):225-8.
en regard de la littérature, le débat Idéalement, il nous semble impor- 4. MONTGOMERY F., ELIASSON M. Continuous passive motion compared to active physi-
tant que le patient bénéficie de cal therapy after knee arthroplasty : similar hospitalization times in a randomized study
rééducation avec MPC et sans of 68 patients. Acta Orthop. Scand. 1996;67(1):7-9.
MPC, en phase postopératoire façon systématique d’une séance 5. SOSIN P., DUTKA J., STABACH M. A comparison of kinesitherapy with and without conti-
nuous passive motion (CPM) after the entire allograft surgery of the knee. Chir. Narzadow
immédiate après prothèse totale du de rééducation préopératoire, au Ruchu Ortop. Pol. 2000;65(1):47-53.
6. WORLAND R.L., ARREDONDO J., ANGLES F., LOPEZ-JIMENEZ F., JESSUP D.E. Home
genou. Toutefois, il semble possible cours de laquelle sont exposés les continuous passive motion machine versus professional physical therapy following total
de conclure que cette technique protocoles de rééducation et d’an- knee replacement. J. Arthroplasty 1998;13(7):784-7.
7. POPE R.O., CORCORAN S., MCCAUL K., HOWIE D.W. Continuous passive motion after
permet une récupération plus talgie et sont réalisés les appren- primary total knee arthroplasty. Does it offer any benefits ? J. Bone Joint Surg. Br. 1997;
79(6):914-7.
rapide de la mobilité en flexion tissages du verrouillage actif du 8. VERVERELI P.A., SUTTON D.C., HEARN S.L., BOOTH R.E. Jr, HOZACK W.J., ROTHMAN
quadriceps, du mouvement de R.R., Continuous passive motion after total knee arthroplasty. Analysis of cost and bene-
pendant la phase d’hospitalisation, fits. Clin. Orthop. 1995;(321):208-15.
étant entendu que cette différence flexion du genou, du béquillage. 9. YASHAR A.A., VENN-WATSON E., WELSH T., COLWELL C.W. Jr, LOTKE P. Continuous
passive motion with accelerated flexion after total knee arthroplasty. Clin. Orthop. 1997;
n’est plus significative à la sortie du Tout ceci faciliterait les premières 345:38-43.
10. NADLER S.F., MALANGA G.A., ZIMMERMAN J.R. Continuous passive motion in the
service de chirurgie, quel que soit le séances de rééducation qui sont rehabilitation setting. A retrospective study. Am. J. Phys. Med. Rehab. 1993;72(3):162-5.
délai de révision. les plus douloureuses. 11. CHEN B., ZIMMERMAN J.R., SOULEN L., DeLISA J.A., Continuous passive motion after
total knee arthroplasty : a prospective study. Am. J. Phys. Med. Rehab. 2000;79(5):421-6.
12. O’DRISCOLL S.W., GIORI N.J. Continuous passive motion (CPM) : theory and principles
Il paraît donc évident, qu’une éva- La rééducation que nous prati- of clinical application. J. Rehab. Res. Dev. 2000;37(2):179-88.
13. NAVARRO COLLADO M.J., PEIRO S., TRENOR GOMIS C., RUIZ JANERO L., PEREZ
luation rigoureuse de la mobilisa- quons selon le protocole exposé IGUALADA A., GUEROLA SOLER N. Factors related to functional outcomes and quality
of life after knee arthroplasty. Med. Clin. (Barc) 2000;26;114(7):250-4.
tion passive continue est indispen- ci-dessus s’inscrit dans une 14. KUMAR P.J., Mc PHERSON E.J. DORR L.D., WAN Z., BALDWIN K. Rehabilitation after
démarche globale de rééducation total knee arthroplasty : a comparison of 2 rehabilitation techniques. Clin. Orthop. 1996;
sable dans ce cadre pathologique, 331:93-101.
afin de déterminer, si possible, les de J + 1 au retour à domicile. La 15. CROCE M., PETITDANT B. Comment mettre en œuvre la mobilisation passive continue
du genou après arthroplastie ? Ann. Kinésithér. 2001;t.28;n°2:49-56.
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Conférences d’enseignement n°46:207-18. Expansion Scientifique Française, 1994.
sa mise en œuvre. rééducative associée au relais 17. RACHET O., QUELARD B., CHAMBAT P., DUBERNARD F. Rééducation après plastie du
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Suivant notre expérience, nous et/ou libéraux constitue un des culaires du genou. Ann. Kinésithér. 1992;t.19:219-23.
considérons que le réglage de la éléments fondamentaux pour
Indexation Internet :
flexion de l’arthromoteur doit cor- atteindre les deux objectifs de
Genou – Orthèses-Prothèses
respondre aux amplitudes trouvées cette procédure chirurgicale, que Rééducation
lors de la rééducation manuelle, sont l’indolence et l’amélioration
pour que la MPC soit tolérée voire des capacités fonctionnelles du Bilan kinésithérapique de sortie
non douloureuse pour le patient. patient.■ et tryptique pages 22 et 23

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Bilan kinésithérapique de sortie du service après prothèse totale du genou
N° de dossier : _________________
NOM DU MK AYANT REALISE LE BILAN : __________________________________________ TELEPHONE : 01 49 95 ... ...
DATE DE REALISATION DU BILAN : _________________
NOM : __________________________________________________ PRENOM : _______________________________________
DATE DE NAISSANCE : _________________ AGE : _________________
NOM DU CHIRURGIEN : ❑ Sedel ❑ Nizard ❑ Bizot ❑ Autre DATE DE L’INTERVENTION : _________________
VOIE D’ABORD : ❑ VOIE PARA-PATELLAIRE INTERNE
❑ VOIE PARA-PATELLAIRE EXTERNE COTE OPERE : ❑ DROIT ❑ GAUCHE
❑ Autre
TYPE DE PROTHESE : ✎ ❑ PTG ✎ ❑ WALLABY 1 ✎ ❑ WALLABY 3 ✎ ❑ Autre
✎ ❑ PUC ✎ ❑ WALLABY 2 ✎ ❑ TRI-CC ✎ ❑ OXFORD ✎ ❑ Autre
ASSISTANCE INFORMATIQUE A LA CHIRURGIE : ❑ OUI ❑ NON
MODALITES DE SORTIE DU SERVICE : ❑ CRRF ❑ DOMICILE + AUTOREEDUCATION
❑ DOMICILE + KINESITHERAPIE AMBULATOIRE ❑ DOMICILE SANS REEDUCATION
AUTONOMIE TOTALE SI RETOUR A DOMICILE : ❑ OUI ❑ NON
PATHOLOGIES ASSOCIEES : ❑ OUI ❑ NON ❑ SI OUI :
............................................................................................
............................................................................................
............................................................................................

1. DOULEUR :
SPONTANEE COTATION A J + 1 ■ PENDANT LA REEDUCATION COTATION A J + 1 ■
SPONTANEE COTATION A LA SORTIE ■ PENDANT LA REEDUCATION COTATION A LA SORTIE ■
LOCALISATION : ✎ ❑ FACE INTERNE DU GENOU QUAND ? : ✎ ❑ DIURNE ✎ ❑ CONTINUE
✎ ❑ GLOBALE ✎ ❑ NOCTURNE ✎ ❑ SPONTANEE
✎ ❑ Autre ✎ ❑ INTERMITTENTE ✎ ❑ PROVOQUEE

2. CONTRACTILITE MUSCULAIRE : ✎ ❑ QUADRICEPS ✎ ❑ ISCHIO-JAMBIER

3. MOBILITE : PASSIVE ACTIVE


– EXTENSION .............. DEGRES – EXTENSION .............. DEGRES
– FLEXION .............. DEGRES – FLEXION .............. DEGRES

4. STABILITE DU GENOU EN EXTENSION : EN INTERNE : ❑ OUI ❑ NON ❑ NR


EN EXTERNE : ❑ OUI ❑ NON ❑ NR

5. MOBILITE DE LA ROTULE : TRANSVERSALEMENT : ❑ OUI ❑ NON ❑ NR / DE HAUT EN BAS : ❑ OUI ❑ NON ❑ NR


REMARQUES
.....................................................................................................................................................................................................................
.....................................................................................................................................................................................................................

6. CIRCONFERENCE DU GENOU (BASE DE LA ROTULE) :


COTE SAIN .............. CENTIMETRES / COTE OPERE .............. CENTIMETRES

7. PERIMETRE DE CUISSE (15 CM AU-DESSUS DE LA BASE DE LA ROTULE) :


COTE SAIN .............. CENTIMETRES / COTE OPERE .............. CENTIMETRES

8. MARCHE :
CANNES ANGLAISES ❑0 ❑1 ❑2 APPUIS ❑ COMPLET ❑ PARTIEL ❑ SANS
ATTELLE POSTERIEURE ❑ OUI ❑ NON AUTONOMIE DANS LES ESCALIERS ❑ OUI ❑ NON
PERIMETRE DE MARCHE (en mètres) ..............

9. REMARQUES : .....................................................................................................................................................................................................................
.....................................................................................................................................................................................................................
.....................................................................................................................................................................................................................
– Tryptique –

Le bilan (page 22) cité en référence dans ce travail est réalisé à la sortie du patient du service et ceci dans une triple optique :
– mettre à disposition des praticiens prenant en charge la suite de la rééducation, les principaux éléments permettant de déter-
miner les objectifs restant à atteindre ;
– constituer une base de données informatisée des patients pris en charge en postopératoire immédiat (dans un but de travail
prospectif) ;
– répondre aux sollicitations des patients quant à la nécessité de transmettre des infos objectives aux divers praticiens de ville.

n° 425
KS septembre 2002

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