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Très bonne réflexion, une question sans équivoque, une approche didactique pour y répondre qui

inspire le respect. Cet article devrait être présenté aux instances de gouvernance de notre pays afin
que cela leur serve de miroir.

Pour ma part, je voudrais soulever une objection.

Elle concerne le point 1 de la gouvernance. Parmi les 3 conditions sine qua none à remplir par les
élites qui aspirent à bien gouverner, je ne pense pas que les compétences techniques soient
nécessaires. Les compétences techniques relèvent plutôt de la gestion. Par exemple, on n’a pas
besoin d’être bon médecin pour donner des directives relatives à la santé publique, par contre, pour
gérer un hôpital, on a besoin d’avoir des compétences dans le domaine de gestion ou pour soigner
un malade, d’avoir des compétences en médecine. Pour gouverner, ce sont les compétences
holistiques et relationnelles, notamment les « soft skill » pour faire mode qui sont nécessaires.
Illustrons par l’allégorie du gouvernail d’où est tiré le mot gouvernance.

La fonction du gouvernail est de diriger le bateau. ET ce rôle du pilote du gouvernail est dévolu au
capitaine. C’est lui qui assure la fonction de gouvernance. Cependant, plusieurs compétences
techniques sont nécessaires pour amener le bateau à bon port. Dans un bateau, on rencontre entre
autres le charpentier, le cuisinier, le mousse, le moussaillon, le maître d’équipage, le quartier-
maître…qui sont autant des fonctions de gestion qui requièrent des compétences techniques. Le
capitaine même s’il doit savoir exactement qui fait quoi, et est garant de faire travailler toutes ces
compétences ensemble pour la même finalité, il n’a pas nécessairement besoin d’avoir les
compétences techniques du charpentier ou du maître d’équipage pour diriger son bateau dans la
direction voulue.

Quant à la relation entre gouvernance et gestion, j’aimerais ajouter qu’on peut bien avoir indiqué la
bonne direction mais finir par faire couler le bateau quand-même si les fonctions de gestion ne sont
pas correctement mises en œuvre. Par exemple, le charpentier qui ne colmate pas bien une brèche
dans le bateau lors de la traversée expose le bateau à la submersion. Par ailleurs, la fonction de
gouvernance est une délégation reçue des parties prenantes de l’entreprise. Elle crée de la valeur
ajoutée pour les parties prenantes en optimisant les risques et en priorisant les ressources. Donc, qui
dit délégation, dit compte rendu. Par conséquent, pour qu’il y ait une bonne gouvernance qui
influence positivement la gestion et atteindre l’optimum, deux interactions sont nécessaires : la
gouvernance doit surveiller la gestion et la gouvernance doit rendre compte aux partie prenantes.

L’Etat est une entreprise particulière car sa valeur ajoutée, ce sont les services qu’il met à la
disposition de sa population, qui est à la fois propriétaire et client de l’entreprise l’Etat. La fonction
de gouvernance est assurée par le président de la république qui reçoit cette délégation de sa
population lors des élections. Le président donne les directives de l’action gouvernemental, les
membres du gouvernement assurent la fonction de gestion au quotidien en s’alignant derrière les
directives reçues de la gouvernance.

Mal gouverné et mal géré, le Tchad l’est.

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