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ECOLES DES AFFAIRES MARITIMES

CENTRE D'INSTRUCTION ET DE DOCUMENTATION


ADMINISTRATIVE MARITIME

REGIME DISCIPLINAIRE ET PENAL

DE LA MARINE MARCHANDE

GMd

Edition Février 1996


Mise à jour : septembre 2001
67, rue Frère 1
67, rue Frère-33081 BORDEAUX Cedex - ! 05 56 01 81 01 - Télécopie 05 56.01.81.19 - e-mail : gecidam @ equipement.gouv.fr
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PREAMBULE :

La réglementation qui est étudiée dans le présent cours a un caractère


essentiellement répressif et vise à assurer:

"#
le maintien de l'ordre à bord des navires français autres que les navires de
guerre,

"#
le respect des règles relatives à la circulation des navires dans les eaux
maritimes,

"# le respect des obligations particulières qui incombent aux titulaires de brevets
de la Marine Marchande.

Elle comporte deux parties distinctes :

$#la partie disciplinaire, qui définit les "manquements" dans l'accomplissement


des devoirs professionnels imposés au marin, qui constituent des fautes sanctionnées par
l'autorité administrative ou le capitaine du navire,

$# la partie pénale, qui énonce les "infractions" à la réglementation maritime


édictée en certains domaines: titres de navigation, travail maritime, règles de navigation,
maintien de l'ordre à bord, infractions sanctionnées par des juridictions pénales.

L'ensemble de cette réglementation répressive a donc un caractère maritime


affirmé mais ne couvre pas tous les aspects de la vie maritime ; ainsi les infractions aux textes
relatifs à la pêche maritime, à la sauvegarde de la vie humaine en mer, etc, ne sont pas traitées
dans le présent cours.
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LE PARTICULARISME DU DROIT DISCIPLINAIRE ET PENAL


DE LA MARINE MARCHANDE :

Le particularisme de la Marine marchande se manifeste d'une façon traditionnelle


sur le plan pénal et sur le plan disciplinaire. Il répond à un besoin certain.

En effet, les personnes embarquées sur un navire forment une société particulière
qui est soustraite, d'une manière plus ou moins prolongée à l'autorité des pouvoirs
administratifs et judiciaires.
Dans cette société, l'unité d'action, la hiérarchie, le respect de l'autorité et de la
discipline, la sécurité des biens et des personnes constituent néanmoins des nécessités d'ordre
public et doivent être assurés par une réglementation particulière qui se différencie du droit
commun sur les principaux points suivants :

"#
spécificité des infractions :
La loi pénale de droit commun ne peut définir les infractions qui ne peuvent être
commises que sur les navires ou dont les éléments constitutifs ont un caractère spécifiquement
maritime.

De plus, alors que les manquements dans l’accomplissement des obligations


professionnelles ne constituent, dans le droit commun, que des fautes civiles susceptibles
seulement d'amener la résiliation du contrat de travail et l'allocation de dommages-intérêts au
profit de la partie lésée ;

ils peuvent, en matière maritime, dans certaines circonstances, revêtir un


caractère délictueux motivant une sanction soit sur le plan disciplinaire dans le cadre de
l'organisation de la profession de marin, soit sur le plan pénal.

"#
Répression des infractions :
La nécessité d'une discipline effective et les circonstances inhérentes à la vie
maritime confèrent à certaines infractions un caractère plus grave que si elles avaient été
commises à terre et peuvent exiger que ces infractions, bien que déjà prévues par les lois
pénales de droit commun, soient réprimées, quand elles sont commises à bord, par des
sanctions plus sévères.

"#
Juridiction maritime :
Le particularisme des Gens de mer et de leurs mœurs, le droit spécial qui les régit,
la technicité particulière requise pour conduire le navire ont conduit le législateur à créer une
juridiction d'exception, composée de juges connaissant parfaitement le milieu auquel
appartient l'inculpé et présentant des garanties indiscutables de compétence technique lorsque
cela est nécessaire pour juger de certaines infractions.

Cependant, des tendances en sens contraire ont parfois conduit à donner aux
tribunaux de droit commun compétence pour juger des infractions spécifiquement
maritimes.

Ces tendances alternées sont mises en lumière par l'historique du droit maritime
en matière disciplinaire et pénale.
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HISTORIQUE
DU DROIT DISCIPLINAIRE ET PENAL MARITIME :

I : ANCIEN REGIME, LEGISLATION SPECIALE ET JURIDICTION


D'EXCEPTION :

a)-Le capitaine a la responsabilité de conduire le navire au terme de l'expédition


maritime, et, depuis les temps les plus anciens, la loi lui a donné les moyens de remplir sa
mission en imposant à ses subordonnés des règles strictes d'obéissance et de discipline.
Parmi les textes nés d'institutions ou de coutumes parfois très anciennes, nous
citerons la charte de 1246 du roi St-Louis à la ville d'Aigues-Mortes, les dispositions d'ordre
maritime des assises du royaume de Jérusalem, l'Ordonnance de Charles V pour l'investiture
du grand amiral de France, l'Ordonnance de Henri III sur l'Amirauté, et enfin les rôles
d'Oléron et Consulat de la mer. Ce sont ces textes que codifiera par la suite l'Ordonnance de
1681.
En vertu de cette Ordonnance, l'exercice du pouvoir disciplinaire appartient
désormais au capitaine(1) et aux commissaires des classes.

b)-Mais les infractions pénales (crimes et délits) sont réprimées par les juges
d'Amirauté(2).

II : REVOLUTION, EMPIRE, RESTAURATION, MONARCHIE DE


JUILLET ; ASSUJETTISSEMENT A LA LEGISLATION ET AUX JURIDICTIONS
DE DROIT COMMUN :

La législation disciplinaire et pénale maritime de l'Ancien Régime constituait un


régime d'exception que devaient fatalement condamner les tendances unificatrices de la
Révolution.
L'Amirauté fut supprimée en 1791 et la connaissance des infractions maritimes
attribuées aux tribunaux de droit commun - (tribunaux de commerce, juges de paix,
tribunaux ordinaires).

Aucune disposition légale ne vînt maintenir la répression des fautes disciplinaires ;


les décrets de 1790 relatifs aux pouvoirs disciplinaires des commandants des vaisseaux de
l'Etat, n'étaient pas applicables, en droit, aux navires marchands, et les mesures de fait prises
par le Département de la Marine pour assurer la police de la discipline à bord des navires de
commerce(3) manquaient de base légale.

(
1) – « le capitaine peut faire donner la cale, mettre à la boucle et punir de peines similaires les mutins, les ivrognes, ceux qui
désobéissent et ceux qui maltraitent leurs camarades » (art.22)
(2) - les juges étaient nommés par l'Amiral qui détenait la plénitude de la juridiction civile et criminelle. Le territoire du royaume
était divisé en circonscriptions dénommées amirautés, à l'intérieur desquelles se trouvaient deux catégories de tribunaux : les sièges
généraux (dans les villes du Parlement) et les sièges particuliers dans les autres villes. Dans l'Amirauté de Bretagne, le siège général
était à Rennes, les sièges particuliers à Saint- Malo, Saint-Brieuc, Morlaix, Brest, Quimper, Vannes, Nantes.
(3) - Notamment l'Arrêté. du 11.03.1816, compilation d'anciens textes considérés comme demeurés en vigueur et principalement de
l'art.22 de l'Ordonnance d'août 1681.
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Une telle situation eut des conséquences graves pour le maintien de l'ordre et de la discipline
à bord.

Aussi, lorsque après les guerres de la Révolution et de l'Empire, le commerce


maritime français put reprendre ses activités, il apparut opportun

$# de rétablir la juridiction disciplinaire des capitaines et des autorités


maritimes d'une part,

$# et d'autre part, de confier la répression des infractions purement maritimes à des


tribunaux d'exception.
Mais, il faudra attendre le décret-loi du 24 mars 1852 pour voir renaître la
spécialité de juridiction.

III : SECOND EMPIRE ET TROISIEME REPUBLIQUE, RETOUR A UNE


LEGISLATION SPECIALE ET A DES JURIDICTIONS D'EXCEPTION :

A)- Le décret-loi de 1852 constitua, sur le fond, un retour aux traditions


particularistes du droit pénal maritime et, en la forme, une nouveauté avec une codification
plus parfaite que celle de 1681.

Ce décret-loi revêtit une importance particulière en ce sens qu'il préfigurait le


régime disciplinaire et pénal actuel de la Marine Marchande.

Il classait les incriminations en trois catégories :

$# Les fautes de discipline, punies de peines disciplinaires infligées selon leur


gravité par le capitaine ou par l'autorité maritime ;

$# Les délits maritimes, de la compétence des tribunaux maritimes commerciaux,


juridiction d'exception présidée par un commissaire de l'Inscription Maritime, un commandant
de navire de guerre ou un consul ;

$# Les crimes maritimes, relevant des juridictions de droit commun, c'est-à-dire


des cours d'assises.

B)- Mais le décret-loi de 1852 ignorait les fautes nautiques.

En cas de naufrage ou d'échouement, les Commissaires de l'Inscription Maritime


et les Consuls faisaient bien une enquête en application d'une Ordonnance de 1833, mais si
l'accident était dû à l'imprudence ou à l'impéritie, le capitaine n'était passible que de peines
disciplinaires .

Ce n'est que si cette imprudence ou impéritie paraissait avoir été cause de mort ou
de blessures que le capitaine était remis au procureur pour être déféré, s'il y avait lieu, aux
tribunaux correctionnels aux fins d'application des articles 319 et 320 du code pénal(4),
l'instruction étant alors faite par un juge d'instruction.

C)- La multiplicité des abordages due en particulier au développement de la


navigation à vapeur, la conclusion d'accords internationaux sur les feux des navires et les
règles de route à suivre pour éviter les abordages, amenèrent l'adoption de la loi sur les
accidents et collisions en mer du 10 mars 1891

(4) - Homicide et blessure par imprudence.


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Ce texte prévoyait des délits que nous appellerons délits nautiques (pour les
différencier de ceux prévus par le décret-loi de 1852) et qui pouvaient être classés en 2
catégories :

1)- les infractions (non suivies d'abordage) aux règles sur les feux et sur les
signaux à faire en cas de brume et les infractions aux règles de route, etc., qui étaient de la
compétence des tribunaux maritimes commerciaux du décret-loi. de 1852 : rien n'était changé
dans la procédure de l'enquête, telle qu'elle résultait de l'ordonnance de 1833.

2)- les abordages ou naufrages ayant pour cause une infraction visée ci-dessus ou
un défaut de vigilance et le défaut d'assistance après abordage, qui étaient de la compétence
d'un tribunal commercial dont la composition avait été modifiée (en particulier il était
présidé par capitaine de vaisseau ou de frégate).

C'était en fait un nouveau tribunal : le tribunal maritime commercial


"spécial".
Par ailleurs, la procédure de l'enquête était ici entièrement changée.

En effet, l'autorité maritime (commissaire maritime, commandant de bâtiment de


l'Etat, consul) restait tenue d'effectuer une enquête dans les formes prévues par la circulaire
ministérielle du 24 mai 1860 qui faisait application de l'Ordonnance de 1833.
Mais il s'agissait là, d'une enquête administrative dont les résultats étaient
transmis au ministre de la Marine, qui, s'il le jugeait opportun

$#
ordonnait la réunion du Tribunal Maritime Commercial "spécial",

$# et transmettait le dossier au commissaire-rapporteur (officier de marine


désigné par le ministre) à qui était confié le soin d'effectuer l'instruction et qui remplissait
auprès de ce tribunal les fonctions de Ministère Public.

L'autorité maritime effectuait donc une enquête administrative au cours de


laquelle elle allait s'efforcer, (étudiant les rapports de mer, les déclarations du capitaine, des
marins et des passagers), de déterminer s'il y avait (ou non) présomption de faute.

C'est le commissaire- rapporteur qui, investi des pouvoirs de juge


d'instruction, allait effectuer "l'enquête nautique", qui aboutirait

$#
soit à une ordonnance de non-lieu,

$#
soit à une ordonnance de renvoi devant le Tribunal.

C'était un système compliqué et lourd qui, par suite du pouvoir limité dont était
investie l'autorité administrative et des pertes de temps dues aux deux enquêtes successives
rendait difficile la recherche des responsabilités.

D)- Malgré les retouches apportées, le régime du décret-loi du 24 mars 1852


restait l'objet de vives critiques.

Les inscrits maritimes demandaient la suppression des tribunaux maritimes


commerciaux auxquels ils reprochaient, en raison de la présence d'un juge-armateur, de servir
les intérêts de l'armement.
De plus, contrairement à ce qui a pu être dit, les tribunaux maritimes
commerciaux étaient très sévères.
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(Six mois fermes de prison étaient fréquents pour s'être absenté du bord "plus de 3 fois 24
heures" ou pour avoir dit au capitaine - en langage peu diplomatique il est vrai : « que le lard
était trop salé »).
Il ne s'agissait donc nullement de justice paternelle à moins d'appliquer l'adage :
"qui aime bien, châtie bien".

Enfin, les marins voulaient avant tout être considérés comme des ouvriers
ordinaires et de pouvoir ainsi à leur guise rompre leur contrat d'engagement ; ils
revendiquaient en outre le droit de grève.

Soutenus d'ailleurs par des parlementaires peu enclins au respect strict et


traditionnel d'une discipline à base militaire, et même par un ministre de la Marine
marchande (Camille PELLETAN) qui lançait l'anathème contre :
"ce vieux droit barbare dans lequel il est temps de porter la lumière et la hache"

les inscrits multiplièrent les grèves.

Il fallait donc rénover le droit pénal maritime et en 1905 une commission


parlementaire fut chargée d'étudier une telle réforme.

Un projet, arrêté en 1912, fut déposé sur le Bureau de la Chambre des Députés en
1913, mais il devint caduc du fait de la 1ère guerre mondiale (1914-1918).
Un second projet fut établi en 1921 en tenant compte d'un projet de Code du
Travail Maritime en cours d'élaboration.
Ce projet devint la loi du 17 décembre 1926 portant code disciplinaire et pénal
de la Marine Marchande, qui présentait les caractéristiques générales suivantes :

$#
unité à peu près totale de la législation disciplinaire et pénale maritime,

$# réorganisation du pouvoir disciplinaire en offrant toutes les garanties


nécessaires à la défense,

$# qualification et sanction des fautes variant selon les circonstances qui les
accompagnent,

$# suppression des juridictions d'exception (mais l'Administrateur de l'Inscription


Maritime est associé à la pour suite des infractions maritimes),

$#
Révision de l'échelle des peines.

L'une des innovations les plus marquantes de la loi du 17.12.26 était le retour à
la compétence juridictionnelle de droit commun par la suppression des tribunaux
maritimes commerciaux.
E)- Ce retour aux juridictions de droit commun si vivement réclamé par les
inscrits ne leur donne pas longtemps satisfaction et le décret-loi. du 29 juillet 1939 et le
décret du 2.11.1939 rétabliront un tribunal d'exception : le tribunal maritime commercial
(T.M.C.).

L'expérience avait, en effet, démontré que la procédure de la loi du 17.12.1926, en


laissant à la connaissance des tribunaux de droit commun tous les délits maritimes, ne
permettait pas à l'Administration de la Marine Marchande d'assurer d'une façon effective
l'ordre et la discipline des bords
- 11 -

.
- 13 -

Armateurs et marins se rendirent vite compte que l'intervention du juge


d'instruction, la présence d'experts, en particulier pour les délits nautiques, ne facilitaient pas
les choses.

(le doyen Ripert lui-même dans son traité de Droit maritime - 4ème édition -
reconnaît que :

« l'intervention des tribunaux correctionnels en matière maritime et nautique fut jugée


mauvaise »).
De plus, le tribunal correctionnel statuant au pénal pouvait se prononcer au civil ;
dès lors, il pouvait y avoir partage de responsabilité alors que la faute pénale n'est pas
divisible : ou elle existe ou elle n'existe pas.

F)- Le tribunal maritime commercial fut donc rétabli en 1939 mais avec une
conception différente de celle de 1852 / 1891 :

$# sa compétence fut limitée à la connaissance des délits d'ordre maritime


concernant les accidents de mer et de certains délits intéressant plus particulièrement l'ordre à
bord et la police de la navigation ;

$#le tribunal fut composé de juges ayant une compétence certaine pour juger des
fautes techniques maritimes et parfaitement aptes à comprendre la mentalité particulière des
gens de mer ;

$#le représentant de l'armement fut remplacé par un juge professionnel dont la


présence donnait au prévenu toute garantie d'impartialité;

$# l'Administrateur fut compétent pour effectuer les en quêtes, et ce, avec les
pouvoirs d'un juge d'instruction ;

$# si la compétence des tribunaux de droit commun en matière pénale est


maintenue pour les infractions ne présentant pas un caractère maritime affirmé, la procédure
relative à l'exercice des poursuites prévoyait néanmoins l'intervention de l'Administrateur de
l'Inscription Maritime.

1960 :
Une évolution libérale s'est poursuivie dans le sens d'une atténuation de la rigueur
du régime disciplinaire des marins : ainsi en 1960, la peine de débarquement disciplinaire
disparaît de la liste des sanctions pouvant frapper les hommes coupables de fautes contre la
discipline.

Cette réforme s'est accompagnée d'une modification de forme (disjonction des


dispositions disciplinaires, des dispositions pénales et leur transfert du domaine législatif au
domaine réglementaire).

1993 :
La loi n° 93 1013 du 24 août 1993 (modifiant la loi n° 93.2 du 4 janvier 1993
portant réforme de la procédure pénale) introduit une modification d'importance en
enlevant à l'Administrateur des Affaires maritimes la présidence du TMC (article 45) -
présidence qu'il détenait depuis le décret du 24 mars 1852 pour la confier à un juge
judiciaire
Cette nouvelle réforme amorce, à la fois :
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"#la fin de l’aspect le plus facilement contesté de ce tribunal (la présidence de ce


tribunal d'exception par des militaires).

"# et son possible renouveau sous la forme d’une juridiction pénale maritime
pratiquant l’échevinage, sous la présidence d’un juge judiciaire, président, entouré d’autres
juges (civils et militaires), capables de lui apporter le concours de leur expérience
professionnelle .

Sans remettre en cause l'existence du TMC, maintenue par le législateur de 1993,


il apparaît toutefois souhaitable de procéder à une véritable refonte des textes en vigueur.

Les modifications successives apportées à la loi de 1926 ont fait que le texte pénal
n'est plus toujours très cohérent; certaines infractions et peines doivent être revues ; de même,
le développement de la navigation de plaisance pose des problèmes nouveaux.

On peut donc raisonnablement penser que ce droit pénal et disciplinaire doit


évoluer encore, en se débarrassant de ses aspects désuets, mais aussi, par exemple, en
aggravant les sanctions pénales que le T.M.C doit prononcer en matière de délits commis par
les plaisanciers qui ne sont pas , en général, les Gens de mer pour lesquels au fil des siècles
ce droit pénal et disciplinaire maritime avait été successivement établi, supprimé, rétabli,
réformé puis maintenu...
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LIVRE .1 :

LE REGIME DISCIPLINAIRE DE LA MARINE MARCHANDE :

SOMMAIRE :

CHAMP D'APPLICATION DU REGIME DISCIPLINAIRE DE LA MARINE


MARCHANDE :

LES FAUTES CONTRE LA DISCIPLINE,REGIME DISCIPLINAIRE


PARTICULIER APPLICABLE AUX MARINS BREVETES :

TITRE.1 : CHAMP D'APPLICATION DU REGIME DISCIPLINAIRE :

I.- OBJET DE LA REGLEMENTATION :

1. La réglementation disciplinaire a pour objet de définir les "manquements" dans


l'accomplissement des devoirs d'ordre essentiellement professionnel imposés au marin et qui
sont sanctionnés par le capitaine du navire ou l'autorité administrative(1).
2. Cette réglementation édictée par le décret du 7 novembre 1960 comprend
deux parties distinctes :

"#La première est relative aux infractions aux règles de discipline applicables à
toute personne à bord de tout navire français, navires de guerre exceptés.

"# La seconde concerne la réglementation disciplinaire particulière applicable aux


marins français titulaires de brevets, diplômes ou certificats de la Marine Marchande.

II : CHAMP D'APPLICATION DE LA REGLEMENTATION RELATIVE


A LA DISCIPLINE A BORD DES NAVIRES FRANÇAIS :

1)- ces règles de discipline qui, lorsqu'elles ne sont pas respectées se traduisent en
fautes légères ou graves passibles de sanctions, sont applicables à bord de tout navire(2)
français, autre qu'un navire de guerre, immatriculé en métropole ou outre-mer (département ou
territoire).

2)- sont donc exclus du champ d'application de cette réglementation les bâtiments
fluviaux, ainsi que les installations et dispositifs d'exploration ou d'exploitation du plateau
continental (plate-formes, engins d'exploration, etc...).

(1) - Alors qu'en matière pénale, la sanction est de la compétence des tribunaux de l'ordre pénal.
(2) - Y compris les aéroglisseurs.
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3)- Toute personne présente à bord d'un navire français, quelles que soient sa
nationalité et sa situation, (membre de l'équipage, passager, clandestin) est soumise à la
réglementation disciplinaire et est, s'il y a lieu, passible des sanctions qu'elle prévoit. Des
dispositions particulières ont toutefois été prévues en ce qui concerne les militaires présents à
bord (voir titre V).

III : LE CHAMP D'APPLICATION DE LA REGLEMENTATION


DISCIPLINAIRE PARTICULIERE APPLICABLE AUX MARINS FRANCAIS
TITULAIRES DE BREVETS, DIPLOMES OU CERTIFICATS DE LA MARINE
MARCHANDE :

Le décret du 17.11.1960 prévoit la possibilité de prononcer le retrait partiel ou


total, temporaire ou définitif, des prérogatives attachées à un brevet, diplôme ou certificat de
la marine marchande :

$#
soit en cas de faute grave contre l'honneur,

$#
soit en cas de faute grave dans l'exercice de la profession,

$# soit en cas d'infraction à la loi du 17.12.1926 fixant le régime pénal de la


marine marchande et à la loi sur la sauvegarde de la vie humaine en mer ainsi qu'à ses
textes d'application.

Il faut souligner que :

$# cette réglementation ne concerne que les marins français titulaires de brevets,


diplômes ou certificats de la marine marchande,

$#les fautes contre l'honneur peuvent avoir été commises en dehors des périodes
d'embarquement,

$# les fautes graves dans l'exercice de la profession peuvent avoir été commises
sur un navire étranger.
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TITRE .2 : LES FAUTES CONTRE LA DISCIPLINE :

Décret du 7 novembre 1960 (art.1 à 19 inclus)

1 – GENERALITES :

A - Objet de la réglementation :

1)- Cette partie de la réglementation disciplinaire définit les manquements aux


règles de discipline applicables à bord des navires français qui peuvent être commis par toute
personne présente à bord.

Elle vise à conférer au capitaine l'autorité et les pouvoirs nécessaires pour


maintenir l'ordre à bord, assurer la sécurité des personnes embarquées, du navire et de la
cargaison, en bref assurer la bonne exécution de l'expédition maritime.

A cette fin, le capitaine peut employer tout moyen de coercition utile et requérir
les personnes embarquées de lui prêter main forte pour le maintien de l'ordre à bord.

2)- Les manquements à la discipline sont sanctionnés soit par le capitaine pour les
fautes légères, soit par l'autorité maritime pour les fautes graves. Dans tous les cas, ces faits
sont d'une gravité assez faible ne justifiant pas le renvoi du prévenu devant un tribunal pénal ;
les sanctions prononcées ne sont pas inscrites au casier judiciaire et elles restent une affaire
interne à l'administration des affaires maritimes.

B - Livre de discipline (tenu par le capitaine) :

Le pouvoir du capitaine peut affecter la liberté des personnes embarquées. C'est là


un pouvoir important dont il ne doit pas user avec arbitraire et dont l'emploi doit être contrôlé,
au moins a postériorité par les autorités administratives et judiciaires.

Aussi est-il fait obligation au capitaine, sauf pour les bateaux armés à la
navigation côtière, à la pêche côtière et à la petite pêche, de suivre sur un document de
bord spécial, le "livre de discipline", les manifestations de l'exercice de son pouvoir
disciplinaire.

Le capitaine mentionne au livre de discipline la nature des fautes contre la


discipline commises à bord, les résultats des enquêtes effectuées ainsi que les punitions
infligées ou les mesures ordonnées.

Il doit le présenter au visa de l'Administrateur des Affaires Maritimes toutes les


fois qu'une faute de discipline a été commise dans l'intervalle compris entre le dernier départ
et l'arrivée ou la relâche du navire ; il lui remet en même temps le dossier de l'enquête
effectuée sur la faute commise.

C - Livre de punitions (tenu par l'A.A.M.) (devenu désuet en pratique) :

1- Dans le même souci d'ordre et de respect des droits des assujettis,


l'Administrateur des Affaires maritimes est astreint à tenir un livre spécial dit "livre de
punitions" sur lequel il mentionne, au vu des livres de discipline, les sanctions infligées par les
capitaines ainsi que celles qu'il est amené à prononcer lui-même.
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Les capitaines des navires où le livre de discipline n'est pas obligatoire sont tenus
de déclarer à l'A.A.M. dans les deux jours de l'arrivée de leur bâtiment au port, les sanctions
qu'ils ont pu prendre au cours de leur dernier voyage et qui sont alors inscrites au "Livre de
punitions".

2- Le "livre de punitions" ouvert dans chaque Quartier sert également à


l'enregistrement de toutes les enquêtes relatives à des infractions prévues et réprimées par la
loi du 17 décembre 1926 relative au régime pénal de la Marine Marchande, par le décret du
2.8.1960 sur l'obligation du titre de navigation, et par le décret du 7 novembre 1960 sur le
régime disciplinaire de la marine marchande.

Le « livre de punitions » doit porter mention de la suite donnée à ces enquêtes,


des tribunaux saisis et des jugements rendus.

D - Notification des sanctions au quartier d'identification du marin -

Enfin, toute sanction portée, tant au livre de discipline qu'au livre de punitions,
est, avec l'indication de la faute commise, notifiée au quartier de rattachement du marin pour
être inscrite à son article matriculaire(3).

2 - LES FAUTES LEGERES :

A - Enumération des fautes légères :

Les fautes légères constituent des manquements de faible gravité à la discipline et


à l'ordre du bord ; ce sont :

$# la désobéissance simple à tout ordre concernant le service, sans résistance à


une sommation formelle faite, devant témoins, par un supérieur,

$#l'ivresse à bord sans désordre et en dehors du service à condition qu'elle soit


accidentelle,

$# l'absence irrégulière du bord n'excédant pas quatre heures, dans un port de


métropole ou d'un département d'outre-mer :

• pour un marin qui n'est pas de service,

• pour un marin qui est de service au port dans un poste autre que de garde ou de
sécurité.

$#
les querelles et disputes sans voies de fait,

$#
et généralement toute faute non qualifiée faute grave.
Soulignons le caractère particulier de cette infraction dont les éléments constitutifs
ne sont pas définis ; cette disposition permet, en sanctionnant de façon légère un manquement
de peu de gravité au bon ordre du bord, de mettre en garde l'intéressé contre le renouvellement
des faits qui lui sont reprochés.

(3) - En aucun cas, les sanctions disciplinaires ne peuvent être inscrites sur le livret professionnel maritime, ni portées à la
connaissance de tiers.
- 19 -

B – Punitions :

Le capitaine peut infliger, en cas de faute légère, l'une des punitions suivantes, ou
une combinaison de ces punitions :

1.- le blâme :

2.- la consigne à bord :

Elle est exécutée dans les ports d'attache, tête de ligne ou retour habituel. Elle ne
peut excéder 4 jours et consiste en l'interdiction de quitter le navire, la liberté de circulation à
bord étant maintenue.
Elle ne peut être infligée aux passagers.

3.- Les arrêts :

Exécutés en mer et dans les ports d'escale, les arrêts consistent dans l'interdiction,
pour 4 jours au plus, faite à la personne punie -membre de l'équipage ou passager- de quitter
le local d'hébergement qui lui est affecté (chambre, cabine ou poste) sauf pour les repas,
l'exécution du service à bord ou les "promenades" sur le pont (1 heure, deux fois par jour)(4).

NB :

"# Consigne ou arrêts ne peuvent entraîner ni l'interruption du service ni la


suspension des salaires ;

"# L'obligation pour le capitaine d'entendre le prévenu dans les vingt- quatre
heures suivant l'accomplissement de la faute et le fait que la sanction doit être exécutée à bord
font qu'aucune disposition en matière de prescription des fautes légères ne figure dans le
texte du décret de 1960.

C - Compétence et procédure :

Dans les vingt-quatre heures suivant l'accomplissement de la faute, le capitaine


interroge l'intéressé sur les faits qui lui sont reprochés ainsi que les témoins à charge ou à
décharge ; il prononce s'il y a lieu, en tenant compte des regrets exprimés par l'intéressé, l'une
des punitions prévues ci-dessus.

Le capitaine mentionne immédiatement, sur le livre de discipline, la nature de


l'infraction relevée, les noms et les déclarations des témoins, les explications, et, le cas
échéant, les regrets de l'intéressé et la punition infligée. Puis l'intéressé procède lui-même à la
lecture de ces énonciations et il est requis de signer, à défaut de quoi son refus de signer est
enregistré. Les sanctions pour faute légère ne sont pas susceptibles d'appel.

(4) - A noter que le Décret du 7/11/60 prévoit toujours l'existence à bord d'un poste de discipline pour les maîtres n'ayant pas de
chambre personnelle et pour les hommes d'équipage mais un tel poste existe rarement à bord des navires actuels.
- 20 -

3 - LES FAUTES GRAVES :

Manquements et peines présentent ici un caractère de gravité plus affirmé que


pour les fautes légères, ce qui justifie la compétence de l'autorité maritime à sanctionner les
manquements à la discipline.

A - Enumération des fautes graves :

Sont réputées fautes graves contre la discipline :

$#toute récidive de faute légère, au cours d'un même embarquement et dans le


délai d'un (homme d'équipage) ou deux (officiers, maître ou passager) mois,

$#
toute faute professionnelle de nature à nuire à la sécurité du bâtiment,

$# le refus d'obéir ou la résistance à un ordre de service, après sommation formelle


faite par un supérieur ou par le seul capitaine, s'il s'agit d'un passager (à condition en outre,
pour les membres de l'équipage, que le navire soit dans un port métropolitain et que la non
exécution ne puisse entraîner des conséquences dommageables),

$# l'ivresse à bord avec désordre (sauf si le coupable est le capitaine et, pour les
autres membres de l'équipage, à condition que l'ivresse ne se soit pas produite pendant le quart
et qu'elle n'ait pas un caractère habituel),

$# le manque de respect envers un supérieur ou les insultes directement adressées


à un inférieur à bord ou à terre,

$# la négligence dans un service de quart ou de garde, notamment le fait de s'être


endormi à la barre, en vigie ou au bossoir, de service dans la machine ou de garde dans les
aménagements,

$#
le fait d'avoir allumé du feu sans permission ou d'avoir fumé dans un endroit
interdit,

$#
l'emploi non autorisé, sans perte, dégradation ou abandon, d'une embarcation
du navire,

$#
l'absence irrégulière :

• dont se rend coupable dans un port de la métropole ou d'un département


d'outre-mer,

1) soit un marin qui n'est pas de service lorsque son absence excède 4 heures,

2) soit un marin affecté au port à un poste autre que de garde ou de sécurité


lorsque son absence excède quatre heures,

3) soit un marin affecté à un poste de garde ou de sécurité lorsque son absence


n'est pas de nature à entraîner des conséquences dommageables,

4) soit, lorsque le service à la mer est pris, un marin affecté à un poste autre que
de garde ou de sécurité,
- 21 -

• dont se rend coupable, hors d'un port de métropole ou d'un département d'outre-
mer un marin, qui n'étant pas de service, a pu reprendre son service à bord,

1) les larcins et les filouteries, dont l'importance ne justifie pas le dépôt d'une
plainte pour vol (il faut souligner que le droit de porter plainte appartient à la victime du vol et
non au capitaine ou à l'A.A.M.) ;

2) la dégradation volontaire de matériel (autre que le matériel de navigation) ;

3) la rupture d'arrêts ou de consigne.

B – Punitions :

Toute faute grave contre la discipline - à l'exception de la troisième faute grave et


des fautes graves subséquentes commises au cours d'un même embarquement, qui sont
considérées comme des délits - peut être sanctionnée par l'une des punitions suivantes :

1.- Pour les membres de l'équipage :

"#
consigne à bord pendant huit jours au plus :

"# arrêts dans la limite de 15 jours, sans suspension de salaires et avec


continuation du service.

Toutefois, en mer et dans les ports où ne se trouve aucune autorité française, le


capitaine peut infliger, à titre préventif, une peine de un à quatre jours d'arrêts avec ou sans
continuation du service ; les officiers et marins punis d'arrêts sans continuation du service
perdent tout droit à salaire pendant la durée de leur peine ; (la peine ainsi infligée par le
capitaine est à déduire de celle que l'A.A.M. sera amené par la suite à infliger).

"# amende de 20 à 300 F pour les officiers et de 5 à 100 F, pour les maîtres et
hommes d'équipage(5).

2.- Pour les passagers :

"#
arrêts dans la limite de quinze jours.

Arrêts et consigne sont subis comme en matière de fautes légères.

Les amendes disciplinaires sont versées à l'Etablissement National des Invalides


de la Marine sur titre de recette émis par l'A.A.M. Le recouvrement est au besoin différé
jusqu'au paiement des salaires et même jusqu'au désarmement du rôle.

C.- Compétence :

Si elle a investi le capitaine du pouvoir de punir les fautes légères contre la


discipline, la puissance publique a réservé les fautes graves à la compétence de ses
représentants :

(5) - Lorsque le montant des amendes pénales vient à être modifié, les majorations prévues pour le calcul du taux de ces amendes ne
sont pas applicables aux amendes disciplinaires ; un texte particulier est nécessaire qui n’est jamais intervenu à ce jour !
(Septembre 2001.
- 22 -

"#
en métropole et dans les départements d'outre-mer : l'administrateur des affaires
maritimes ;

"# dans les T.O.M., l'administrateur ou le fonctionnaire chargé du service des


affaires maritimes ;

"#à l'étranger, le commandant du bâtiment de l'Etat présent sur les lieux ou, à son
défaut, le consul de France (à l'exclusion des agents consulaires).

Ce n'est qu'en mer et dans les ports où ne se trouve aucune autorité française, que
le capitaine peut sanctionner une faute grave, à titre préventif, par une peine de un à quatre
jours d'arrêts (voir ci-dessus B).

D.- Procédure :

Dès qu'il a connaissance d'une faute grave, le capitaine effectue une enquête dont
il consigne les résultats dans un procès-verbal signé des témoins. L'inculpé procède lui-même
à la lecture de ce procès-verbal qu'il est requis de signer (à défaut, son refus de signer est
enregistré).

La mention de ce procès-verbal est portée au livre de discipline du navire : le


dossier d'enquête est ensuite remis à l'autorité maritime compétente qui entend l'intéressé
(assisté éventuellement du conseil de son choix) les témoins et le capitaine et inflige s'il y a
lieu l'une des sanctions prévues en cas de faute grave.

Si l'autorité saisie juge que le manquement rentre dans la catégorie des fautes
légères contre la discipline, elle inflige à l'intéressé l'une des punitions prévues pour ces
fautes.

La sanction est reportée au livre de discipline du navire et, au livre de punition ;


elle est ensuite notifiée au quartier de rattachement du marin pour apostille à la matricule.

E.- Prescription :

Les délais de prescription des fautes graves contre la discipline sont ceux prévus
pour les contraventions de police, c'est-à-dire un an pour la prescription de l'action publique
et deux ans pour la prescription de la peine.

Ces délais ne commencent à courir qu'à partir du jour où, après la faute commise,
le navire a touché un port de la France métropolitaine ou d'un département d'outre-mer.

F.- Ordre d'amener le coupable :

Il n'est pas possible, en matière disciplinaire, de délivrer d'ordre d'amener contre le


marin prévenu de faute grave.

Or, le décret du 7 novembre 1960 prévoit que l'autorité saisie doit interroger
l'intéressé sur les faits qui lui sont reprochés et il est muet sur le cas de défaut.

Dans la pratique, et en l'absence de mandat, les gendarmes maritimes doivent


user de persuasion, sans jamais recourir à la contrainte.

G.- Recours :

La décision de l'autorité qualifiée pour connaître de la plainte du capitaine est une


décision administrative susceptible de recours de la part de la personne punie.
- 23 -

En France métropolitaine, ce recours est adressé dans un délai de deux jours


francs au directeur régional des Affaires maritimes (DRAM) dont relève l'administrateur
intéressé.

Le directeur régional des Affaires Maritimes (DRAM) provoque sans délai les
explications de l' administrateur, celles du prévenu et tous les témoignages supplémentaires
qu'il juge utiles, puis il statue par décision motivée(6).

Hors de France métropolitaine, le recours est porté directement devant le ministre


chargé de la marine marchande qui statue comme il est dit à l'alinéa précédent.

De tels recours ne sont jamais suspensifs.


Les décisions du ministre chargé de la marine marchande et des directeurs
régionaux des affaires maritimes sont susceptibles de recours devant la juridiction
administrative.

4 - DISPOSITIONS COMMUNES -
1.- Il n'est jamais accordé de sursis aux officiers et aux passagers.

$#
En revanche, les maîtres et hommes d'équipages peuvent en bénéficier.

En principe, le sursis est accordé d'office pour une faute légère, lorsque l'intéressé n'a été
l'objet d'aucune punition depuis son embarquement ou depuis moins de six mois.

Dans le cas de faute grave, l'autorité compétente décide dans chaque cas d'espèce s'il convient
ou non d'accorder le sursis.

$# La punition infligée avec sursis est comme non avenue si l'intéressé n'est l'objet
d'aucune punition dans les six mois qui suivent.

En cas de récidive, la punition est effectivement subie sans se confondre avec la seconde.
Les punitions infligées avec sursis sont inscrites au livre de discipline, au livre de
punitions et à l'article matriculaire du marin.
Si au reçu d'un avis de punition, l'administrateur du quartier de rattachement du
marin constate que cette punition révoque le sursis dont une précédente sanction avait été
assortie, il en informe aussitôt l'administrateur qui a expédié l’ avis en question.

2.- L'application des "circonstances atténuantes" de l'art. 463 du code pénal n'est
pas prévue expressément ; cette question, très controversée en matière disciplinaire, ne se pose
pas dans les faits en matière maritime en raison d'une part, de la faible gravité des sanctions
les moins importantes et d'autre part, de la possibilité d'appliquer le sursis.

3.- L'enquête et la sanction ne sont pas soumises aux formalités du code de


procédure pénale ; ainsi les témoins ne sont pas tenus de prêter serment mais les droits
essentiels de la défense doivent être respectés.

(6)- Il n'est pas prévu que l'A.A.M. pourra former un appel incident, le directeur ne peut donc statuer que sur la requête du
prévenu. A défaut de précision dans le texte du décret du 7 novembre 1960, et si l'on admet que les règles du droit pénal peuvent,
par analogie, être appliquées en matière disciplinaire, le D.RA.M. ne peut, semble-t-il, infliger une sanction plus grave que celle
décidée par l'A.A.M.
- 24 -

TITRE 3: REGIME DISCIPLINAIRE APPLICABLE


AUX MARINS BREVETES :

Décret du 7 novembre 1960 (art. 20 à 38)

1 – GENERALITES :
1.- Comme tous les autres marins, les titulaires de brevets de la marine marchande
sont soumis au pouvoir disciplinaire du capitaine et de l'administrateur des Affaires maritimes
pour toutes les fautes contre la discipline relevées à leur encontre ;

2.- Le décret du 7 novembre 1960 soumet en outre les brevetés de la marine


marchande à un régime disciplinaire particulier qui peut se résumer comme suit:

Toute faute contre l'honneur, toute faute grave dans l'exercice de la profession ou
toute condamnation pour infractions à la loi du 5 juillet 1983 sur la sauvegarde de la vie
humaine en mer et à ses textes d'application ou pour infraction à la loi du 17.12.1926 fixant le
régime pénal de la marine marchande peut motiver le retrait temporaire ou définitif, partiel ou
total, des droits et prérogatives attachées au brevet dont l'intéressé est titulaire.
Cette sanction est prononcée (35) soit par le ministre chargé de la marine
marchande s'il s'agit d'une mesure prise à titre définitif soit s'il s'agit d'une mesure prise à titre
conservatoire par le directeur régional des Affaires maritimes (DRAM) (lorsque les faits
pouvant la justifier ont fait l'objet d'une enquête par un administrateur des affaires maritimes
en service en France métropolitaine) ou par le ministre (dans les autres cas).

Les caractères principaux de ce régime disciplinaire particulier aux brevetés de la


marine marchande sont donc les suivants :

$# les sanctions consistent dans le retrait de tout ou partie des prérogatives


attachées au brevet ; elles sont consécutives à des manquements dans l'exercice de la
profession apportant la preuve que le titulaire du brevet ne sait pas utiliser toutes les
connaissances professionnelles acquises ou à des faits démontrant que l'intéressé est indigne
d'exercer les fonctions afférentes à son brevet ;

$# les sanctions prévues par ce régime particulier peuvent être prononcées pour
des faits déjà sanctionnés pénalement (ce qui n'est pas le cas pour les fautes de discipline qui,
sanctionnées sur le plan disciplinaire par le capitaine ou l'A.A.M. ne peuvent faire en outre
l'objet de poursuites pénales) ;

$# alors que les fautes de discipline sont définies de façon précise(7) , certains
faits pouvant motiver un retrait ou une suspension de brevet sont définis de façon très large :
faute contre l'honneur ou faute grave dans l'exercice de la profession.

(Cette particularité n'est pas propre au régime disciplinaire des marins brevetés ; on la
retrouve dans d'autres régimes disciplinaires : avocats, magistrats, fonctionnaires,
médecins, etc... et plus généralement pour toutes les personnes astreintes de par leur
profession à une certaine dignité de vie et à une certaine compétence professionnelle).

(7)- A l'exception de la faute légère définie comme étant "toute faute non qualifiée faute grave".
- 25 -

2 - MARINS JUSTICIABLES :
Tout marin titulaire d'un titre auquel peut être attaché l'exercice d'une certaine
autorité à bord ou habilité en vertu de ce titre à exercer certaines fonctions sur un navire en
mer est justifiable de ce pouvoir disciplinaire.

Il s'agit donc non seulement des brevets, diplômes ou certificats de la Marine


marchande mais également de simples permis (permis de conduire les moteurs, permis de
transporter les passagers(8).)

En ce qui concerne les pilotes, le régime disciplinaire auquel ils sont soumis
présente certaines particularités qui sont définies au cours "Pilotage".

3 - FAITS JUSTICIABLES :
Peut motiver une mesure disciplinaire, touchant aux droits et prérogatives
attachées à un brevet :

1.- une faute contre l'honneur (délit de moeurs par ex. ou toute faute permettant
de conclure à l'indignité d'exercer une certaine fonction à bord) ;

2.- une faute grave dans l'exercice de la profession : par exemple :

• faute d'ordre nautique (y compris les accidents de mer non qualifiés


délits : collisions sans avarie grave par exemple) ;

• fautes d'ordre administratif (manquements du capitaine à ses obligations


générales de service en tant que représentant de l'Etat, officier public ou mandataire chargé de
la gestion des intérêts des tiers) ;

• infractions à des réglementations de natures diverses : fraudes


douanières, trafic de stupéfiants, fraude en matière de visite médicale, actions de pêche dans
les eaux territoriales étrangères, etc...

3.- une condamnation, devenue définitive, pour infraction à la réglementation


relative à la sauvegarde de la vie humaine en mer ou à la loi de 1926 sur le régime pénal de la
Marine Marchande.

4 - ECHELLE DES PEINES :


L'échelle des peines est la suivante :

1.- le retrait temporaire pour trois ans au plus - partiel ou total - des droits et
prérogatives afférents au titre dont le marin est titulaire (fonctions de commandement, de
second, de lieutenant) ;

2.- le retrait définitif partiel ou total des mêmes droits et prérogatives mais
seulement dans les cas :

(8)- Ces dispositions concernent-elles également les titulaires des permis particuliers à la navigation de plaisance ? Il semble que l'on
puisse répondre affirmativement à cette question, le seul problème à résoudre étant celui de la composition du conseil de discipline.
Comment en effet s'assurer que le "pair du prévenu" membre du conseil de discipline justifie de quatre ans de "fonction" ?).
- 26 -

• de condamnation à une peine afflictive ou infamante,

• de perte totale de navire,

• ou si le marin a déjà été l'objet d'une sanction de retrait temporaire prévue au §1


ci-dessus.

5 : PROCEDURE :
La sanction est prononcée après avis d'un conseil de discipline saisi par une
décision du directeur des Affaires maritimes (ou du ministre) prise après qu'une enquête
contradictoire ait été effectuée par l'Administrateur des Affaires maritimes.

5.1. - L'ENQUETE CONTRADICTOIRE :


Aucune forme particulière n'est imposée pour cette enquête ; mais elle est
obligatoire et doit être contradictoire(9).

a)-Si les faits reprochés au prévenu motivent uniquement l'ouverture de la


procédure disciplinaire, l'éventualité de poursuites pénales étant exclue, l'A.A.M. enquêteur
peut procéder comme en matière d'enquête préliminaire (réserve faite qu'aucune mesure
coercitive ne peut être prise à l'encontre du prévenu) ou comme en matière d'enquête
nautique (sous la même réserve et, en outre, sans faire prêter serment au prévenu ou aux
témoins et sans que l'enquêteur ne soit secondé par des assistants techniques).

Toutefois, le dossier complet de l'enquête devra toujours être communiqué à


l'intéressé (sans déplacement de pièces, au bureau des affaires maritimes) qui disposera d'un
délai de 4 jours francs pour présenter ses observations et demander tout complément
d'information jugé utile à son intérêt(10).

b)-Si les faits motivant des poursuites disciplinaires motivent également des
poursuites pénales, l'enquête au terme de laquelle la juridiction pénale sera saisie, constituera
également l'enquête prévue en matière disciplinaire, mais toujours sous condition de revêtir un
caractère contradictoire.

Or, si ce caractère contradictoire est assuré dans l'enquête nautique effectuée à


l'occasion de délits nautiques de la compétence du tribunal maritime commercial, il ne l'est
pas pour les enquêtes effectuées à l'occasion d'infractions n'ayant pas un caractère nautique
relevant de la compétence du T.M.C. ou d'infractions relevant des tribunaux de droit commun

Dans ces deux derniers cas, l'A.A.M. enquêteur devra donc communiquer au
prévenu le rapport d'enquête et l'ensemble du dossier et recueillir ses observations dans le
délai de quatre jours francs mentionné ci-dessus.

Nous verrons ultérieurement qu'il n'est en fait décidé du renvoi devant le conseil
de discipline qu'une fois connue la sentence de la juridiction pénale.

5.2.- AVIS DE L'ADMINISTRATEUR DES AFFAIRES MARITIMES -


La communication du dossier à l'intéressé ayant été effectuée, l'A.A.M. formule
l'avis sur la suite à donner à l'enquête qu'il a effectuée.

(9)- L'absence d'enquête contradictoire constituerait un vice de forme susceptible d'entraîner l'annulation de la décision
ministérielle par voie contentieuse (13).
(10)- cas du marin refusant de se présenter devant un conseil de discipline (4).
- 27 -

Cet avis, (qui n'a pas à être porté à la connaissance du prévenu), établi sous la
forme prévue par la C.M. du 20 septembre 1963 modifiée, doit faire ressortir les
propositions de l'A.A.M. sur les deux points suivants :

$#
Y a-t-il lieu de renvoyer l'intéressé devant le conseil de discipline ?

$# Y a-t-il lieu de maintenir l'intéressé dans la jouissance partielle ou totale des


droits et prérogatives dont il peut se prévaloir de par son brevet, jusqu'au moment où, le
conseil de discipline ayant formulé son avis, il sera statué de façon définitive sur la sanction
éventuelle à appliquer.

1.- renvoi de l'intéressé devant le conseil de discipline -


a)- l'enquête a-t-elle mis en évidence des faits justifiant le renvoi de l'intéressé
devant le conseil de discipline en vue d'une décision éventuelle de retrait des droits et
prérogatives du brevet dont l'intéressé est titulaire?

L'A.A.M. formulera donc son avis sur ce point, et ce, dès la clôture de l'enquête ;

b)- mais des mêmes faits peuvent motiver à la fois une action disciplinaire et des
poursuites pénales.

Dans ce cas, l'A.A.M. ne doit pas attendre que la juridiction pénale ait statué de
façon définitive avant de formuler un avis sur le renvoi de l'intéressé devant le Conseil de
discipline(11).

2.- Le problème de la suspension temporaire des droits et prérogatives


afférents au brevet du marin renvoyé devant le conseil de discipline -
a)- Règle générale au moment de la clôture de l'enquête -

La mise en oeuvre de la procédure disciplinaire suppose que l'intéressé n'est plus


digne ou capable, au moins temporairement, d'exercer dans leur plénitude les prérogatives que
lui confère le brevet dont il est titulaire.

Pendant le délai prévu pour l'accomplissement de la procédure disciplinaire et, s'il


y a lieu, de la procédure pénale conduisant au jugement pénal - il peut y avoir des
inconvénients, et peut être même du danger, à laisser le marin mis en cause en possession de
ces prérogatives.

C'est pourquoi, le décret du 7 novembre 1960 (art 21) dispose que tout marin
breveté renvoyé devant un conseil de discipline perd de ce fait, et jusqu'à ce qu'il ait été statué
à son égard, l'exercice des droits et prérogatives afférents à son brevet ;

Toutefois, le directeur régional des Affaires Maritimes (dés lors que l'A.A.M.
enquêteur est en service en métropole) ou le ministre (dans les autres cas) peut, par décision
spéciale, en attendant l'avis du conseil de discipline, maintenir l'intéressé à titre provisoire
dans la jouissance partielle ou totale de ses droits et prérogatives.

L'A.A.M. enquêteur devra donc formuler ses propositions sur ce point lorsque, à
la clôture de l'enquête, il proposera de renvoyer l'intéressé devant le conseil de discipline ;

b)- Règle particulière à certaines infractions nautiques avant la clôture de


l'enquête.

(11)- Voir note n 3793 GM.2 du 19 août 1977.


- 28 -

Certaines infractions de caractère nautique peuvent mettre en évidence des faits


particulièrement graves justifiant la suspension de certains droits et prérogatives afférents au
brevet dont le marin est titulaire, sans attendre la fin de l'enquête ou la décision des sanctions
disciplinaires.

Ces faits sont ceux rentrant dans le cadre de l'art. 81 2e alinéa de la loi 17.12.26 :
l'in navigabilité ou perte du navire ou de la cargaison, blessures graves ou mort d'une ou
plusieurs personnes, consécutive à une infraction au règlement pour prévenir les abordages ou
à une négligence ayant occasionné un abordage, un échouement, etc...

Dès que ces faits ont été suffisamment établis, et sans qu'il soit nécessaire
d'attendre la clôture de l'enquête nautique, l'A.A.M. enquêteur peut proposer la suspension du
droit de commander(12), ou s'il s'agit d'un pilote, du droit de piloter.

Le D.R.A.M. ou le ministre selon la distinction mentionnée ci-dessus, statue sur


cette proposition.

A la clôture de l'enquête nautique, l'A.A.M. enquêteur formulera un avis


concluant ou non au renvoi de l'intéressé devant le conseil de discipline et il formulera ses
propositions :

%#quant au maintien ou au retrait de la décision de suspension du droit de


commander (ou de piloter) déjà prise ;

%#quant à l'opportunité de réduire ou d'augmenter les droits et prérogatives dont


l'intéressé sera autorisé à se prévaloir jusqu'au moment où le DRAM. (ou le ministre) se
prononcera, de façon définitive, après l'avis du conseil de discipline sur la sanction à
appliquer.

5.3.- SAISINE ET CONSTITUTION DU CONSEIL DE DISCIPLINE-


1.- L'A.A.M. enquêteur transmet le dossier d'enquête, accompagné de son avis
sur les points évoqués ci-dessus, au directeur des Affaires maritimes s'il est en service en
métropole, ou au ministre dans les autres cas (35), qui décide, s'il y a lieu, le renvoi devant le
conseil de discipline ; cette décision fixe le lieu de réunion du conseil et résume les faits
reprochés à l'intéressé, les seuls sur lesquels le conseil sera amené à se prononcer.

2.- Dans les dix jours qui suivent, le DRAM. désigne le président et les membres
du conseil (ainsi que des suppléants(13) et l'agent qui remplira les fonctions de secrétaire).

3.- Le conseil de discipline comprend :

$#
un administrateur général ou en chef, président,

$#
un officier supérieur du corps des administrateurs,

$#
un inspecteur de la navigation ou un inspecteur mécanicien de la marine
marchande,

$# un capitaine au long cours ayant accompli en cette qualité au moins 4 ans de


commandement,

(12)- Mais non la suspension du droit d'exercer les autres fonctions (second, lieutenant).
(13)- Bien qu'aucune disposition réglementaire ne l'exige, il convient de désigner des suppléants (Conférence des DAM octobre 1959,
question n°46).
- 29 -

$#
un titulaire du brevet en cause ayant 4 ans de fonctions en cette qualité.
- 30 -

Si le conseil se réunit pour statuer sur le cas d'un pilote, le capitaine au long cours
et le titulaire du brevet en cause sont remplacés par deux pilotes dont l'un au moins doit faire
partie de la station à laquelle appartient le pilote déféré au conseil.

En cas d'impossibilité absolue de composer le conseil de la manière prévue ci-


dessus, le ministre chargé de la marine marchande(14) peut autoriser le remplacement de
certains membres par des personnes qualifiées.

Les membres des conseils de discipline sont choisis sur des listes de brevetés,
diplômés, certifiés et pilotes, dressées par le directeur des Affaires maritimes au début de
chaque année, sur propositions des chefs de quartier.

Ne peuvent faire partie du conseil de discipline :


1) les parents ou alliés jusqu'au 4ème degré, du marin traduit devant le conseil,

2) les auteurs de la plainte qui a motivé le renvoi du marin devant le conseil ;

3) lorsqu'il a été procédé à une enquête, l'administrateur enquêteur (et ses


assistants techniques dans le cas d'une enquête nautique).
Bien que le texte ne le précise pas, il va de soi que le président et les membres du
tribunal maritime commercial qui auraient eu à connaître de l'affaire, ne peuvent faire partie
du conseil devant lequel serait renvoyé le ou les mêmes marins.

4.- Notification de la composition du conseil :


La composition du conseil est notifiée à l'intéressé, lequel, dans le délai de dix
jours, peut faire valoir le droit de récusation sur lequel le directeur statue dans le délai de
quatre jours.

Les personnes désignées peuvent être récusées lorsqu'en raison de leurs fonctions,
des emplois qu'elles ont exercées, ou pour toute autre cause, elles seraient susceptibles de ne
pas formuler leur avis dans une entière indépendance d'esprit.

5.4.- DESIGNATION D'UN RAPPORTEUR -


Le président du Conseil de discipline désigne un rapporteur.

Le rapporteur convoque l'intéressé, lui donne communication du dossier, entend


ses explications et reçoit de lui les pièces qu'il peut avoir à présenter pour sa défense.
Il entend toute personne qu'il juge utile, soit d'office soit sur la demande du marin
intéressé.
Ce dernier indique les personnes qu'ils se propose de faire entendre à sa décharge
et le défenseur qu'il a choisi(15) pour l'assister devant le conseil
Le rapporteur communique à l'intéressé les nouvelles pièces du dossier et dresse
un procès-verbal de son enquête qu'il signe ainsi que l'intéressé(16).

Le rapporteur adresse le dossier au président avec un rapport exposant les faits tels
qu'ils résultent de l'enquête.

(14)- Mais non le directeur régional des Affaires maritimes (35).


(15)- Si le défenseur n'est pas avocat, sa désignation est soumise à l'agrément du président.
(16)- Lorsque le conseil est saisi à la suite d'une infraction nautique, les formalités imposées au rapporteur constitue une deuxième
enquête qui ne présente aucun intérêt puisque toute la lumière sur les faits reprochés au prévenu a déjà été faite lors de l'enquête
nautique. On ne peut que regretter cette procédure inutile.
- 31 -

5.5. - REUNION DU CONSEIL DE DISCIPLINE -


1.- Le président fixe la date de réunion du conseil : il convoque, soit d'office, soit
sur la demande du marin intéressé, les personnes qu'il lui paraît utile d'entendre pour éclairer
le conseil. Huit jours au moins avant la réunion du conseil, il notifie au marin la date de
cette réunion et les noms des témoins. Le marin peut, à ses frais, faire citer d'autres personnes.

2.- Le conseil se réunit à huit clos. Si l'intéressé ne se présente pas sans qu'il fasse
valoir d'empêchement légitime, il est passé outre.

3.- Le rapporteur donne lecture de la décision ministérielle le traduisant devant le


conseil, des pièces du dossier et de son rapport.

Le conseil entend ensuite les personnes citées par le président ou par l'intéressé ; il
ordonne toutes confrontations utiles. Les membres du conseil, le marin ou son défenseur
peuvent adresser, par l'intermédiaire du président, aux personnes citées, les questions qu'ils
jugent convenables.

Le marin présente ensuite ses observations par lui-même ou par son défenseur.

L'intéressé entendu dans sa défense, le président consulte les membres du conseil


pour savoir s'ils sont suffisamment éclairés puis il fait retirer l'intéressé et son défenseur pour
permettre au conseil de délibérer.

4.- A l'issue de la délibération, le président appelle le conseil à formuler son avis


sur l'application de l'une des sanctions prévues à l'article 20 du décret du 7 novembre 1960.

Il demande au conseil s'il est d'avis de proposer la sanction la plus grave : en cas
de réponse négative, il pose la même question touchant l'application de la sanction
immédiatement inférieure, et ainsi de suite, en cas de réponses négatives, en descendant
l'échelle des peines.

L'ordre des questions sera :


1) retrait définitif et total des droits et prérogatives attachés au brevet ;

2) retrait définitif et partiel des droits et prérogatives attachés au brevet ;

3) retrait temporaire et total des droits et prérogatives attachés au brevet ;

4) retrait temporaire et partiel des droits et prérogatives attachés au brevet ;

Les votes sont émis au scrutin secret ; la majorité forme l'avis du conseil.
Si la sanction proposée à la suite des votes implique, soit une fixation de durée,
soit un choix à exercer sur les droits ou prérogatives dont l'exercice doit être retirée, le conseil
procède, sans désemparer à une nouvelle délibération pendant laquelle les membres expriment
ouvertement leur opinion dans l'ordre inverse des préséances, le président intervenant le
dernier.

Cet avis complémentaire, émis à la majorité, doit être sommairement motivé.


- 32 -

L'avis du conseil doit être immédiatement rédigé et lu par le président aux


membres du conseil, une fois son texte définitivement arrêté en séance, mais cette lecture doit
se faire hors de la présence de l'intéressé, et de son défenseur(17).

(17)- Le marin inculpé et son défenseur ne peuvent être informés de l'avis formulé par le conseil. Il s'agit ici que d'un avis et non
d'un jugement.
- 33 -

Le procès-verbal contenant les réponses aux questions posées, et, éventuellement,


l'avis motivé subséquent, est immédiatement rédigé, signé par les membres et adressé avec le
dossier, par la voie hiérarchique, au ministre pour décision (59).

5.6.- DECISION ET EXECUTION DE LA SANCTION -


1.- Le ministre statue dans les vingt jours de la réception de l'avis du conseil de
discipline.

2.- La décision qui ne peut prononcer une sanction plus sévère que celle proposée
par le conseil, est

3.- aussitôt notifiée à l'intéressé (qui peut se pourvoir devant la juridiction


administrative) et

4.- inscrite à son article matriculaire(18).


5.- La durée de la suspension provisoire qui a pu être prise est imputée sur la durée
totale de la peine.

APPENDICE:

RETRAIT DES DROITS ET PREROGATIVES


ATTACHES AUX BREVETS EN CAS D'INAPTITUDE PHYSIQUE :
1.- Si l'autorité administrative est fondée à interdire à un marin breveté qui a fait
preuve d'incapacité professionnelle, l'exercice de tout ou partie des prérogatives attachées à
son brevet, il va également de soi que le breveté qui devient physiquement inapte à assurer les
devoirs de son état, ne peut plus se prévaloir d'un brevet dont l'utilisation mettrait alors
gravement en cause la sécurité du navire et de son équipage (insuffisance d'acuité visuelle par
exemple)(19).

Aussi, le décret du 7 novembre 1960 permet-il de prononcer le retrait des


prérogatives attachées à un brevet, diplôme ou certificat détenu par un marin tombé dans
l'incapacité physique de les exercer.

Mais, alors que la décision de retrait de prérogatives pour incapacité


professionnelle constitue une sanction disciplinaire professionnelle, éventuellement
amnistiable, la décision de retrait de prérogatives pour inaptitude physique ne présente
absolument aucun caractère punitif et échappe par là-même à toute application des lois
d'amnistie.

2.- L'incapacité physique du breveté doit être constatée par un médecin des gens
de mer ou un médecin désigné par l'autorité maritime.
La décision est du ressort du directeur régional des Affaires maritimes ou, lors
que les constatations médicales ont été faites outre-mer, du ressort du ministre (35).

(18)- Les interdictions d'exercer une fonction, prononcée par le ministre ou le DAM, ne doivent pas être mentionnées sur le livret de
l'intéressé (ce serait contraire à l'article 14 du CTM). Mais si un marin embarque dans une fonction qu'il n'est plus autorisé à
remplir, il s'expose à être poursuivi, en application de la loi du 17.12.1926 art.70 pour exercice de fonctions dans des conditions
irrégulières. Par ailleurs, si l'administration est tenue de communiquer aux tribunaux appelés à connaître de l'action civile les
dossiers des conseils de discipline, elle ne doit pas faire connaître à des tiers les renseignements contenus dans les dossiers d'enquête
disciplinaire.
(19)- Ce texte est inséré pour mémoire car, si les dispositions relatives aux droit et prérogatives attachées à un brevet auxquelles
nous nous référons sont bien insérées dans le décret du 7 novembre 1960 sur la discipline elles n'ont cependant aucun caractère
"disciplinaire". Nous renvoyons donc au cours Profession de marin - constatation de l'inaptitude physique des marins.
- 34 -

LIVRE 2 : LE REGIME PENAL DE LA MARINE MARCHANDE :

SOMMAIRE:

Champ d'application du régime pénal de la Marine Marchande :

Les infractions pénales :

Liaisons entre le pénal et le disciplinaire :


Constatation des infractions, poursuites :

Saisine du tribunal, jugement :

TITRE 1: CHAMP D'APPLICATION DU REGIME PENAL :

1.- Nous avons déjà vu que, dans le régime disciplinaire, les sanctions prévues
pour manquement aux règles imposées au marin dans l'exercice de sa profession sont
prononcées par le capitaine du navire ou l'autorité administrative compétente (A.A.M.,
D.R.A.M., Ministre) ;

dans le régime pénal en revanche, les sanctions sont prononcées par des
juridictions pénales, qu'elles soient de droit commun ou d'exception.
2.- Par ailleurs, alors que les sanctions disciplinaires ne peuvent être prononcées
qu'à l'encontre des seules personnes embarquées sur des navires français ou des titulaires de
brevets français,

les sanctions pénales peuvent être infligées, dans certains cas, à des personnes
même étrangères se trouvant à bord des navires étrangers.
Le problème de la définition du champ d'application du régime pénal français de
la marine marchande peut donc revêtir un aspect international

et pour le résoudre

il est nécessaire de faire appel non seulement aux dispositions des lois et
règlements français mais également au droit international (54).
- 35 -

1 - LES SOURCES DU DROIT :

A.- Législation et réglementation françaises -

Le premier élément du droit applicable en la matière est bien en tendu constitué


par la législation et la règlementation française.

1.- Loi du 17.12.1926 portant code disciplinaire et pénal de la marine


marchande(20) et ses règlements d'application.

2.- décret du 2.8.1960 relatif au défaut de titre de navigation.

Ces textes définissent les infractions, punissables par les juridictions pénales, qui
peuvent être commises en matière de police intérieure du navire, de police de la navigation ou
à l'occasion d'accidents de la navigation(21).
3.- Nous ajouterons à ces textes, en les étudiant dans un chapitre spécial, certaines
dispositions du code de justice militaire relatives à des infractions pouvant être commises par
des marins de la marine marchande et sanctionnées par les tribunaux permanents des forces
armées et ferons mention également des textes réprimant la piraterie, la traite des noirs ou
des esclaves.

B.- Le droit international :


Les textes cités ci-dessus ne permettent de définir que certains éléments du champ
d'application de la législation française et il est nécessaire, pour résoudre tous les problèmes
qui se posent de faire appel, en complément, au droit international.

En droit international, plusieurs éléments sont à considérer :

1.- Les conventions internationales multilatérales -


Elles ne couvrent qu'un domaine très limité et en matière de droit pénal maritime ;
seule la convention internationale de Bruxelles du 10.5.1952 relative à la compétence
pénale en matière d'abordage et autres événements de navigation fournit quelques précisions
susceptibles de nous intéresser.

Elle précise en effet que l'Etat dont le navire porte le pavillon est compétent
chaque fois qu'un abordage ou autre événement de navigation peut engager la responsabilité
pénale ou disciplinaire du capitaine ou de toute autre personne au service du navire, mais en
apportant deux réserves :

$# la convention ne s'applique pas aux abordages et événements de navigation


survenus dans les ports et rades et dans les eaux intérieures(22) ;

$# un Etat peut se réserver le droit de poursuivre les infractions commises par un


navire étranger dans ses eaux territoriales. La France, en ratifiant la convention(23) s'est
réservée ce droit.

(20)- Ce titre ne correspond plus, il faut le souligner, au contenu actuel de la loi qui ne traite que des questions pénales ; en effet les
questions disciplinaires qui ne relèvent plus, en application de l'art. 37 de la constitution, du domaine législatif mais du domaine
réglementaire sont désormais réglées par le décret du 7 novembre 1960.
(21)- On pourra consulter avec profit l'instruction du 12/12/1972 pour l'application du régime pénal de la marine marchande.
(22)-C'est-à-dire en fait en deçà des lignes de base des eaux territoriales.
(23)- Convention promulguée par décret du 28 juin 1955 (BM 529) ; pour le texte de la convention, voir B.Méth. 12 p.178.1
- 36 -

2.- Les conventions bilatérales (B.M 23 "Navires et marins étrangers") -


La France a passé avec certains Etats maritimes des conventions consulaires, de
navigation et de commerce - qui permettent de préciser la situation des navires de chaque Etat
contractant dans les eaux de l'autre signataire de la convention ; les dispositions de ces
conventions respectent d'une part les principes posés par la convention de Bruxelles et d'autre
part les principes coutumiers du droit international que nous devons désormais étudier.

En effet, législation nationale française et conventions internationales ne


permettent pas de résoudre toutes les questions qui peuvent se poser en matière d'application
du droit pénal maritime français.

3.- Cette coutume internationale repose sur deux principes :

"# application de la loi du pavillon : le navire est soumis à la loi de l'Etat dont il
relève de par sa nationalité,

"# compétence de l'Etat riverain sur ses eaux territoriales ; un Etat possède sur les
eaux qui bordent son littoral, des droits de police et de sûreté similaires à ceux qu'il exerce sur
son territoire terrestre. Tout navire, de quelque nationalité qu'il soit, est donc soumis à la
compétence de l'Etat riverain dès lors qu'il se trouve dans ses "eaux territoriales".

Ces deux principes s'opposent lorsqu'un navire se trouve dans les eaux relevant
d'un Etat étranger ; aussi, a-t-il fallu leur apporter certains aménagements pour éviter, dans
toute la mesure du possible, une double compétence, la première : celle de l'Etat du pavillon,
la seconde : celle de l'Etat riverain.

C'est ce problème que nous allons examiner pour ce qui concerne l'application de
la législation pénale française applicable à la marine marchande, la situation juridique du
navire n'étant qu'un préliminaire qui permettra de préciser les personnes qui seront finalement
assujetties aux prescriptions du droit français.

2 - APPLICATION DE LA LOI FRANCAISE EN TANT QUE LOI DU


PAVILLON :

2.1.- application de la loi française aux navires français :

La loi et le règlement français s'appliquent à tout navire français, quelque soit le


lieu où il se trouve (même s'il se trouve dans des eaux territoriales étrangères) (41) mais dans
des conditions différentes selon qu'il s'agit de la loi du 17 décembre 1926 ou du décret du
2.08.1960.

A.- Décret du 2.08.1960 -


Ce décret sanctionne d'une part le défaut de titre de navigation maritime et d'autre
part l'obligation, pour le capitaine d'un navire français sur rade étrangère, de se rendre à bord
d'un bâtiment de guerre français lorsqu'il y a été convoqué pour motif de service.

L'infraction est une contravention sanctionnée par le tribunal de police.

Le décret du 2.08.1960 est applicable à tous les navires français qu'ils soient
exploités à partir d'un port de métropole, d'un département ou d'un territoire d'outre-mer.
- 37 -

B.- Loi du 17.12.1926 portant CDPMM -

1.- Principes :
Cette loi fixe le régime pénal de la marine marchande applicable aux navires
français, autres que les navires de guerre, immatriculés en métropole et dans les départements
d'outre-mer ; elle a été rendue applicable aux navires immatriculés dans les territoires d'outre-
mer (Dt du 17.10.1923).

Cette loi soulève plusieurs problèmes en ce qui concerne l'étendue de son


application aux navires français.

2.- Navires totalement assujettis :


2.1.- Définition du navire

a)- La loi du 17.12.1926 ne donne pas la définition du navire assujetti. En fait, il


convient de retenir celle qui est donnée à l'occasion de l'étude du "titre de navigation", tout
bâtiment ou engin qui effectue une navigation maritime, c'est-à-dire qui se déplace en mer et
dans les eaux maritimes qui s'y rattachent (24.

b)- Par navire ou bord, il faut entendre non seulement le navire principal mais
aussi ses embarcations et ses moyens de communication fixes avec la terre (art. 2 de la loi).

c)- En ce qui concerne le cas particulier des installations et dispositifs


d'exploration du plateau continental et d'exploitation de ses ressources naturelles, voir ci-après
le point 5.

2.2.- Navire français muni d'un rôle d'équipage

Des termes de l'article 1 de la loi du 17.12.1926, il ressort que l'ensemble des


dispositions de cette loi s'applique au navire français, muni d'un rôle d'équipage, "en quelque
lieu que se trouve le navire".

Il s'agit donc des navires armés au commerce, à la pêche ou à la plaisance. (avec


un rôle d'équipage).

3.- Navires partiellement assujettis -


3.1.- Navires munis d'une "carte de circulation" -

Les navires de plaisance, possédant une carte de circulation, ne sont pas soumis à
toutes les dispositions de la loi du 17.12.1926.

Les seules infractions, prévues et réprimées par cette loi qui peuvent être
commises à bord de ces navires sont celles qui figurent aux articles ci-après (voir art. 87
CDPMM) :

$#art. 63 : infraction aux règlements et ordres des autorités maritimes relatifs à la


police des eaux et rades et à la police de la navigation maritime.

$# art. 78 : infractions aux dispositions fixées par décret sur les marques
extérieures d'identité ;

(24) Y compris les aéroglisseurs (25).


- 38 -

$# art. 80 à 83 et 87 : infraction aux règles sur les feux, les signaux, les routes à
suivre, négligences imputables au capitaine, au pilote, aux chefs de quart ou à l'équipage ayant
occasionné un accident de mer, défaut d'assistance après abordage.
- 39 -

A bord de tels navires, sont considérés comme capitaines les personnes exerçant
en fait la direction des navires ou engins.

3.2. Navires munis d'un "permis de circulation"

Il s'agit des navires ou embarcations visés à l'article 6 de la loi du 1er avril 1942
sur les titres de navigation maritime (embarcations affectées à l'exploitation de parcelles
concédées sur le domaine public maritime lorsque la navigation n'atteint pas trois milles ;
embarcations affectées à un service public armées par des agents de l'Etat : Douanes, Affaires
Maritimes, Ponts et Chausses, etc).

Ces navires sont assujettis à la loi du 17.12.1926 de la même façon que les navires
munis d'une carte de circulation.

4.- Navires non assujettis :


4.1.- Navires de guerre :

Les navires de guerre français sont exclus expressément du champ d'application de


la loi du 17.12.1926, qui cependant ne donne pas la définition du navire de guerre. Il faut
donc s'en tenir à la définition habituellement retenue en matière internationale, à savoir :

1) tout navire figurant sur la liste officielle de la flotte de guerre,

2) commandée par un officier de marine ou un officier marinier,

3) armé par un équipage soumis à la discipline militaire,

et :

4) portant le signalement extérieur des navires de guerre (définition par ailleurs


admise par la réglementation sur la sauvegarde de la vie humaine en mer).

Il y a lieu d'assimiler à ces navires les vedettes de la Gendarmerie qui


appartiennent aux Forces Armées.

4.2.- Bâtiments fluviaux :

Les bâtiments fluviaux sont dispensés de tout titre de navigation maritime et de ce


fait ne sont pas soumis à la loi.

Il en résulte les conséquences suivantes :

$# en cas d'accident de mer survenant à des bâtiments fluviaux navigant en eaux


maritimes, les capitaines de ces bâtiments ne sont pas justiciables du tribunal maritime
commercial

mais seulement de la juridiction pénale de droit commun,

• sous condition que soient relevées des infractions aux art. 319, 320 et R.40 4
du code pénal (homicide involontaire ou blessures involontaires ayant entraîné une incapacité
de travail)
• ou à l'article R.26 15 du code pénal (qui permet de poursuivre devant le
tribunal de police les contraventions aux décrets et arrêtés légalement faits par l'autorité
administrative, en l'espèce le règlement général et les réglements locaux pour prévenir les
abordages).
- 40 -

$# de plus, si un abordage se produit entre un bâtiment dispensé de titre de


navigation maritime et un bâtiment pourvu d'un tel titre, le fait que le capitaine du bâtiment
dispensé de titre soit justiciable de la juridiction pénale de droit commun entraîne,

de par l'application des règles applicables en matière de connexité,

la compétence de cette juridiction et non du tribunal maritime commercial,pour l'infraction


nautique, éventuellement commise par le capitaine du navire pourvu d'un titre de navigation.

4.3.- Navires désarmés :

Ces navires ne sont pas couverts par un titre de navigation(25).

Les marins qui effectuent à bord des navires des périodes de séjour antérieures à
l'ouverture du rôle d'équipage ou postérieures à sa clôture et qui sont employés à la garde, aux
réparations, etc... ne doivent pas être assimilés à des marins embarqués. En effet, pendant ces
périodes de désarmement, la société du bord n'est ni complète ni hiérarchisée et le
C.D.P.M.M. ne saurait être applicable comme à bord des navires armés.
4.4.- Navires qui étant soumis au titre de navigation en sont cependant
dépourvus :
Les navires de mer en infraction avec les règlements relatifs à l'obligation du titre
de navigation ne sont pas soumis aux dispositions du C.D.P.M.M. du seul fait qu'ils sont en
infraction.

C'est là une situation assez paradoxale.


Ils peuvent seulement être poursuivis devant les juridictions pénales de droit
commun dans les mêmes conditions que celles des bâtiments "dispensés" de titre de
navigation.

2.2.- application de la loi française quant aux personnes


Après avoir précisé les navires français assujettis à la législation française relative
au régime pénal de la marine marchande, il y a lieu de voir quelles personnes, se trouvant à
bord de ces navires ou ayant un lien juridique ou de fait avec ces navires, sont passibles de
sanctions en cas d'infraction à cette législation.

Chaque texte - loi du 17.12.1926 et décret du 7.08.60 -précise, pour chaque


infraction la qualité des personnes punissables. Ces personnes peuvent être :

A)- embarquées -

B)- non embarquées -

A.- Les personnes embarquées :


1.- Les marins portés au rôle d'équipage d'un navire français, quelle que soit leur
nationalité, sont soumis à la loi de 1926 à partir du jour de leur embarquement administratif
jusque et y compris le jour de leur débarquement administratif.

(25) Les services des marins sont couverts par une "feuille de présence" et non par un "rôle d'équipage".
- 41 -

2.- De plus, toute personne, quelle que soit sa nationalité, qui se trouve en fait à
bord d'un navire français assujetti à la législation française relative au régime pénal de la
marine marchande, soit comme passager, soit en vue d'effectuer le voyage(26) est soumise,
pendant tout le temps de sa présence à bord, aux dispositions de cette législation(27).

Il n'est donc fait aucune discrimination de principe, basée sur la nationalité des
personnes présentes à bord, sur leur situation régulière (équipage, passager) ou non (passagers
clandestins).

B.- Personnes ne se trouvant pas à bord :


Le champ d'application de la législation s'étend, dans certains cas, à des personnes
qui ne se trouvent pas ou ne se trouvent plus à bord. Il en est ainsi pour :

1.- les membres de l'équipage, qui ont quitté le bord sans autorisation ou ont
manqué l'appareillage (absence irrégulière) ;

2.- les membres de l'équipage (et les marins qui à la suite d'un naufrage, d'une
absence irrégulière ou d'un délaissement ont été embarqués pour être rapatrié) qui continent
d'être assujettis, en cas de perte du navire, aux dispositions de la loi de 1926 jusqu'à ce qu'ils
aient pu être remis soit à une autorité française, soit à l'autorité étrangère locale.

Il en est de même pour toutes les autres personnes embarquées si elles ont
demandé "à suivre la fortune de l'équipage".

3.- l'armateur, pour certaines infractions à la loi du 17.12.1926, à savoir :

%#embarquer, faire embarquer ou autoriser l'embarquement d'alcool et spiritueux


destinés à l'équipage en quantité supérieure aux quantités réglementaires (art. 55) ;

%#infractions aux prescriptions du code du travail maritime et de ses règlements


d'application relatives à la réglementation du travail, la nourriture ou le couchage à bord (art.
69) ou à l'interdiction d'exploiter des économats dans le but de vendre des marchandises aux
marins que l'armateur emploie (art. 68).

%#complicité d'usurpation de commandement (art. 45).


4.- certaines personnes pouvant n'avoir aucun lien juridique avec le navire :

&#marin ayant perçu des avances sur salaires et qui, n'ayant pas embarqué, ne
rembourse pas les avances perçues (art. 54) ;

&#personne utilisant de fausses pièces d'identité en vue de contracter un


engagement maritime (art. 73) ;

&#personnes étrangères au service du navire qui s'introduisent à bord sans


autorisation (art. 74) ;

&#personnes favorisant l'embarquement, la vie à bord ou le débarquement de


passagers clandestins (art. 74) ;

(26)- Ainsi, le docker, en opération de manutention au port, est exclu du champ d'application de la loi.
(27)- Mais toute personne embarquée n'est pas pour autant soumise à toutes les dispositions de la législation ; ainsi certaines
infractions ne peuvent être commises que par le capitaine ; les personnes embarquées sur un navire muni d'une carte de circulation
ne sont soumises qu'aux dispositions des art.63, 78, 80 à 83.
- 42 -

&#provocation par parole ou écrit à commettre un crime ou délit prévu par la loi
de 1926 (art. 87 bis).

5.- des personnes reconnues complices de crimes ou délits(28) prévus par la loi de
1926 (par application des art. 59 et 60 du code pénal).

3 - Application de la loi française dans les eaux territoriales françaises :

A.- Les eaux territoriales - leurs limites :


1.-Jusqu'à la loi du 24 décembre 1971, aucun texte de portée générale ne
définissait la largeur des eaux territoriales sur laquelle la France entendait faire valoir la
totalité de ses droits souverains.

Par contre, différents textes précisaient, chacun dans un domaine particulier


(réglementation douanière, réglementation des pêches, mouillage des navires de guerre
étrangers, règles de neutralité en cas de guerre maritime...) la zone sur laquelle la France
exerçait ses droits de contrôle et de police.
2.- La loi du 24 décembre 1971, précise :

"les eaux territoriales françaises s'étendent jusqu'à une limite fixée à 12 milles
marins à partir des lignes de base.

les lignes de base sont la laisse de basse mer ainsi que les lignes de base droites
et les lignes de fermeture des baies qui sont déterminées par décret.

la souveraineté de l'Etat français s'étend à l'espace aérien ainsi qu'au lit et au


sous-sol de la mer dans la limite des eaux territoriales".
L'étude du régime des eaux territoriales française est faite dans le cours traitant du
régime juridique des eaux maritimes.

B.- Principe : application des lois pénales françaises aux navires étrangers dans les eaux
territoriales françaises :
Tout navire se trouvant dans les eaux territoriales françaises est soumis aux lois et
règlements pénaux français.

Ce droit de police sur les navires étrangers se trouvent dans les eaux territoriales a
toujours été affirmé par la France.

D'une part la loi du 17 décembre 1926 le rappelle expressément. D'autre part, en


ratifiant la convention de Bruxelles de 1952 sur la compétence pénale en matière d'accidents
de la navigation, la France s'est réservée conformément aux dispositions de l'article 4 de cette
convention, le droit de poursuivre les infractions commises dans ses eaux territoriales, alors
que la convention n'attribue compétence pénale à l'Etat riverain que sur les navires étrangers
se trouvant seulement dans ses eaux intérieures.

C.- Exceptions au principe :


La France cependant respecte la pratique internationale suivie par la plupart des
Etats maritimes et admet en fait les exceptions suivantes :

(28)- Mais non de contraventions.


- 43 -

1.-Navires de guerre :

a)- les bâtiments de guerre étrangers ne sont pas soumis à la loi territoriale
française mais seulement à la loi de l'Etat dont ils portent le pavillon ; on considère, en effet,
qu'ils portent à bord une partie de l'armée de cet Etat qui en représente la souveraineté ;

b)- toutefois, les marins étrangers répondent devant les tribunaux français des
infractions commises à terre(29).

2.-Navires de commerce, de pêche et de plaisance :

Aux termes de l'avis du conseil d'Etat du 20 novembre 1806 (BM Méth 23 p


165) et de l'arrêt de la cour de cassation du 25.2.1859 (BM Méth 23 p 183), reprenant les
principes établis par la coutume internationale, les navires étrangers de commerce, de pêche et
de plaisance se trouvant dans les eaux territoriales française sont soumis à la loi de leur
pavillon, sauf dans les trois cas suivants où ils relèvent de la juridiction pénale française.

a)- lorsque l'infraction a été commise à bord, par une personne, ou contre une
personne, ne faisant pas partie de l'équipage ;
b)- lorsque l'infraction a troublé la tranquillité du port ;

c)- lorsque l'intervention des autorités locales a été réclamée.


Ces principes sont d'ailleurs repris dans les conventions consulaires ou de
navigation conclues par la France avec certains Etats étrangers, conventions auxquelles il y a
lieu de se reporter pour connaître le régime précis applicable aux navires relevant de chacun
de ces Etats.

D.- Applications pratiques aux personnes embarquées sur navires étrangers


se trouvant dans les eaux territoriales françaises :
1.- Toute personne, quelle que soit sa nationalité ou sa situation juridique
(équipage, passager, clandestin), embarquée sur un navire étranger se trouvant dans les eaux
territoriales françaises et rentrant dans le champ d'application de la loi, est en principe
assujettie au régime pénal de la marine marchande.

2.- Mais il faut noter que les infractions à cette législation pénale maritime qui
peuvent faire l'objet de pour suites devant les tribunaux français sont peu nombreuses, ce sont
:

&#art. 63 : infractions - dans les eaux territoriales - aux règlements ou ordres des
autorités maritimes relatives à la police des eaux et rades ou de la navigation maritime (53) ;

&#art. 80 à 83 et 87 : infractions nautiques commises dans les eaux territoriales, à


savoir : infractions aux règlements sur les feux et signaux, aux règles de route, négligence
ayant entraîné un abordage, échouement contre un obstacle connu, une avarie grave du navire
ou de la cargaison, défaut d'assistance après abordage.

Dans ces conditions, seuls les membres de l'équipage du navire étranger peuvent,
en fait, être poursuivis devant les tribunaux français pour infraction à la législation pénale
"maritime".

(29)- Voir également la convention de Bruxelles du 24 mai 1934, ratifiée par la France (Décret 28.09.1955) pour l'unification de
certaines règles concernant les immunités des navires de l'Etat.
- 44 -

4.- Conflits de compétence entre Etats :


1.- L'application de la loi du pavillon d'une part, la compétence de l'Etat riverain
sur ses eaux territoriales d'autre part peuvent, malgré les aménagements dont il a été fait
mention précédemment, ne pas empêcher deux Etats différents de se prononcer sur une même
affaire.
Afin d'éviter à une personne une double condamnation, l'article 7 de la loi du 17
décembre 1926 prévoit qu'aucune poursuite ne peut être exercée en application de cette loi à
l'encontre d'une personne jugée définitivement à l'étranger pour le même fait sous réserve, en
cas de condamnation, qu'elle ait subi sa peine ou obtenu sa grâce.

Ce principe résulte également de l'article 692 du code de procédure pénale.

2.- Ainsi, en cas d'accident de mer survenu dans les eaux étrangères à un navire
français, l'administrateur compétent sera amené à ouvrir une enquête, mais dans ses
conclusions il devra tenir compte éventuellement des jugements susceptibles d'être intervenus
à l'étranger.

3.- La disposition de l'article 7 du code disciplinaire et pénal de la marine


marchande ne concerne pas le domaine disciplinaire ; les sanctions disciplinaires prévues à
l'encontre des brevetés de la marine marchande peuvent être prononcées pour des faits ayant
déjà fait l'objet d'une condamnation pénale, que ce soit en France ou à l'étranger.

5.- Cas particulier des engins d'exploitation du plateau continental


A.- Aux termes de la loi du 30.12.1968 art. 5, et sauf les exceptions qu'elle
prévoit, les lois et règlements français s'appliquent aux "installations et dispositifs"
d'exploration et d'exploitation du plateau continental bordant le territoire français comme s'ils
se trouvaient en territoire français métropolitain (34).

Ces mêmes lois et règlements s'appliquent à l'intérieur de la zone de sécurité de


500 m qui peut être établie autour de ces installations ; sont donc assimilées aux eaux
territoriales les espaces où sont implantées ces installations et dispositifs ainsi que les zones
de sécurité établies autour d'eux.

B.- La législation de caractère maritime n'est en général applicable qu'aux navires ;


en droit et dans les faits, elle ne peut donc s'appliquer à toutes les installations et dispositifs
d'exploration et d'exploitation du plateau continental. La loi du 30.12.1968 précise d'ailleurs
que l'expression "installations et dispositifs" désigne d'une part les bâtiments de mer, d'autre
part les plates-formes et autres engins.

Du seul fait de cette distinction, nous pouvons déjà conclure que plates-formes et
engins ne sont pas des navires et comme tels sont exclus du champ d'application de la
réglementation disciplinaire et pénale de la marine marchande sous réserve toutefois :

$# du régime particulier applicable aux brevetés de la marine marchande dont


l'application n'est pas liée obligatoirement à la présence des intéressés sur un navire,

$#
des dispositions particulières prévues par la loi du 30.12.1968.

C.- Dans ces conditions, la situation des "installations et dispositifs" d'exploration


et d'exploitation du plateau continental est la suivante du point de vue disciplinaire et pénal :
- 45 -

1.- Bâtiments de mer(30).


Le régime disciplinaire et pénal de la marine marchande est applicable aux navires
français affectés aux travaux sus énoncés dans les mêmes conditions qu'aux navires français.

Quant aux navires étrangers, le régime disciplinaire n'est évidemment pas


applicable et le régime pénal s'applique dans les conditions prévues pour tout navire étranger
se trouvant dans les eaux territoriales françaises en tenant compte toutefois du caractère
"territorial" de la zone de sécurité entourant la plate-forme de travail.

2.- Plates-formes et autres engins -


a)- Bien que n'étant pas considérées comme "navires", ces plate formes et autres
engins sont soumis dans tous les cas à la réglementation sur la sauvegarde de la vie humaine
en mer.
b)- En outre, lorsqu'ils sont susceptibles de flotter, ils sont soumis aux lois et
règlements concernant l'immatriculation dans les quartiers des affaires maritimes et le permis
de circulation.

Ils sont également soumis, pendant tout le temps où ils flottent, au règlement pour
prévenir les abordages(31).

c)- Pour toutes les infractions(32) énoncées aux a et b ci-dessus, la juridiction


compétente est la juridiction pénale de droit commun. La loi de 1968 renvoie aux textes en la
matière pour déterminer les sanctions applicables.

Cependant, le problème des sanctions applicables en cas d'inobservation du


règlement pour prévenir les abordages n'est pas résolu ; doit-on appliquer les sanctions des art.
80 ou 81 de la loi du 17.12.1926 ou celles de l'art.R.26.15 du code pénal (infractions aux
règlements légalement faits) ?

La loi ne donne aucune précision sur ce point mais il semble logique d'appliquer
les sanctions prévues par les art. 80 et 81 de la loi de 1926 puisqu'elles sont, nous allons le
voir, applicables pour les fautes commises en matière de signalisation maritime des plate
formes prenant appui sur le fond.

d)- Lorsque les plate-formes prennent appui sur le fond, le propriétaire,


l'exploitant ou la personne assurant la conduite des travaux d'exploration ou d'exploitation
sont, chacun en ce qui les concerne, responsables de l'installation et du bon fonctionnement de
la signalisation maritime prescrite et, en cas d'infractions, passibles des peines de l'art. 80 et 81
de la loi de 1926.

La loi ne précisant pas la juridiction compétente pour ces infractions, elles


relèvent en conséquence de la juridiction pénale de droit commun (tribunal
correctionnel)(33).

(30)- Il y a lieu d'appliquer les règles normales fixées pour définir le tribunal pénal compétent (lieu de l'infraction, résidence du
prévenu, lieu d'arrestation, pour les tribunaux de droit commun : voir art.382 et 522 du code de procédure pénale ; résidence du
prévenu, port de débarquement, lieu d'arrestation, port d'immatriculation du navire pour les TMC) étant précisé que le tribunal du
lieu d'infraction est celui dans le ressort duquel se trouve le point de la côte la plus rapprochée des installations (10)(40)(46.
(31)- Voir également l'obligation d'éviter toute confusion dans les marques de signalisation (47).
(32)- La personne assurant la conduite des travaux d'exploitation et d'exploration est considérée comme étant le capitaine au sens
prévu par les textes prévoyant ces infractions.
(33)- Il paraît d'ailleurs difficile d'envisager un renvoi devant le T.M.C. du propriétaire, de l'exploitant ou du chef des travaux d'une
plate-forme fixée au sol alors que le chef de travaux (assimilé à un capitaine en fonction sur une plate-forme en déplacement) est
renvoyé devant la juridiction pénale de droit commun.
- 46 -

La loi du 30.12.1968 ne donnant aucune précision sur ce point, le régime


disciplinaire de la marine marchande ne s'applique pas aux plates-formes et autres engins du
seul fait que ce ne sont pas des navires, le régime particulier aux brevetés de la marine
marchande dont l'application n'est pas liée à la présence obligatoire des intéressés sur un
navire pouvant, s'il y a lieu, toujours être mis en oeuvre.

TITRE 2: LES INFRACTIONS PENALES :


- Classification -
- Infractions de la compétence des tribunaux de droit commun -
- Infractions de la compétence des tribunaux maritimes commerciaux -

1.- Classification :

1.- La classification des infractions en crimes, délits et contraventions, telle


qu'elle résulte du droit pénal commun, est également applicable au régime pénal de la
marine marchande(34).

2.- Il s'y ajoute une classification des infractions en fonction:


a)- de la compétence juridictionnelle :

"#
juridictions de droit commun : tribunal de police, tribunal correctionnel, cour
d'assises ;
"#
juridictions d'exception : tribunal maritime commercial,

b)- des règles de procédure de saisine des tribunaux : les poursuites pouvant
être engagées selon les cas ;

$#par le Ministère public,


• sur avis conforme de l'A.A.M.,

• après avis de l'A.A.M.,

• sans intervention de l'A.A.M.

$# par l'Administrateur des Affaires Maritimes,

c)- de leur objet : la loi du 17.12.1926 retient le classement suivant :

• absences irrégulières et abandons de poste,

• police intérieure du navire,

• police de la navigation,

(34) Rappelons qu'en droit pénal commun, la classification des incriminations est fonction de la classification des peines, telle qu'elle
est donnée par le code pénal (art. L. 6 à L. 9 et L. 464), et partant, de la compétence juridictionnelle.

A savoir :

a) crimes : compétence de la cour d'assises. Peines afflictives et infamantes (réclusion et détention criminelles à perpétuité
ou à temps) ou simplement infamantes (bannissement et dégradation civique),

B) délits : Compétence des tribunaux correctionnels. Peines correctionnelles (emprisonnement de 2 mois à 5 ans; interdiction
à temps de certains droits civiques, civils ou de famille, amende de plus de 10.000 F).

C) contraventions : Compétence des tribunaux de police. Peine de police (emprisonnement de 1 jour à 2 mois amende de 30
F à 10.000 F, confiscation).
- 47 -

• infractions nautiques;
- 48 -

mais ce classement n'a pas d'autre intérêt que de faciliter la consultation du texte de la
loi.

3 Quel est le tribunal compétent ? tribunal de droit commun ou d'exception ?


Quelle est l'autorité compétente pour engager les poursuites ?
(Ministère public, administration des affaires maritimes) ?
Les réponses à ces questions constituent, à notre sens, les deux éléments
importants à retenir pour établir un classement des déférentes infractions que nous allons
étudier.

2.- Infractions de la compétence des tribunaux de droit commun :

2.1.- Délits et contraventions :


Les délits et contraventions dont nous allons donner la liste(35) ont un certain
caractère maritime qui justifie l'intervention de l'administrateur des affaires maritimes dans la
procédure d'engagement des poursuites, mais ce caractère maritime n'est pas suffisamment
marqué pour justifier le renvoi des prévenus devant un tribunal d'exception. Des modèles
d'"avis" et de "conclusions" figurent à l'instruction du 12.12.1972 sur le C.D.P.M.M.

1.- Délits et contraventions pour lesquels les poursuites ne peuvent être


engagées par le Ministère public que sur avis conforme de l'administrateur des affaires
maritimes -
Ces infractions présentent un certain caractère maritime, ce qui a conduit à donner
à l'administrateur des affaires maritimes un véritable droit de veto qui lui permet de s'opposer
aux poursuites.

Le ministère public ne peut en effet saisir le tribunal correctionnel ou le tribunal


de police que sur avis conforme de l'A.A.M. qui est donné ou refusé en tenant compte de la
nature de l'infraction, de son importance, des conséquences d'une condamnation pour le
prévenu, des circonstances atténuantes qui peuvent être invoquées, etc...

L'A.A.M. dispose d'un véritable pouvoir discrétionnaire et il est entièrement libre


de sa décision.

&#art.46 -fraude ou contrebande de nature à entraîner condamnation pénale pour


l'armement(36).

&#art.51 -( 1er)- altération volontaire de vivres ou boissons par substances non


malfaisantes .

&#art.52 -détournement ou détérioration volontaire d'objets utiles à la navigation,


à la manœuvre ou à la sécurité du bord ; vente de vivres du bord .

&#art.69 -infractions aux prescriptions du code du travail maritime relatives à la


réglementation du travail, de la nourriture ou du couchage, commises par l'armateur, le
propriétaire ou le capitaine du navire.

&#art.70 -exercice du commandement ou de toute autre fonction du bord sans


satisfaire aux conditions réglementaires .

(35)- les numéros des articles qui seront cités sont ceux de la loi du 17.12.1926.
(36)- Même en cas de non-lieu, l'A.A.M. est tenu de fournir à la douane toutes indications sur la fraude possible ou présumée
(art.343bis code des douanes).
- 49 -

&#art.72 -équipage non conforme au rôle ;

&#art.74 -( 1er) - accès sans autorisation aux bords ;

&# art.74 -( 3) - passage clandestin pour un voyage de long cours ou de cabotage


international ou monter frauduleusement à bord en vue d'effectuer ce passage ;

&# art.75 -embarquement clandestin de marchandises ;

&# art.76 -non-présentation du rôle et du livre de discipline au visa de l'A.A.M. ou


consulat;

&#art.78 -infraction aux règlements sur les marques extérieures d'identité des
navires.

2.- Délits pour lesquels le ministère public ne peut engager des poursuites
sans avoir sollicité l'avis de l'A.A.M.(37).

Pour ces délits, le pouvoir de s'opposer aux poursuites n'a pas été conféré à
l'A.A.M., vraisemblablement parce qu'il a été estimé qu'il s'agissait d'infractions présentant
une certaine analogie avec des infractions du droit commun et n'ayant pas un caractère
maritime suffisamment marqué.

Le ministère public est tenu néanmoins de prendre avis de l'A.A.M., et il ne peut


engager les poursuites qu'au vu des conclusions de l'A.A.M. ou à l'expiration du délai de 8
jours après qu'il aura réclamé des conclusions par lettre recommandée.

&#art. 49 - suppression ou ouverture de lettres destinées à être remises à une


personne embarquée ;

&#art. 50 - altération volontaire des vivres ou boissons par substances


malfaisantes ;

&#art. 53 - vols commis à bord (voir également : fautes de discipline : larcins et


filouteries).

En cas de vols commis à bord, l'obligation pour le procureur d'obtenir l'avis de l'A.A.M. n'est
applicable qu'aux membres de l'équipage et aux passagers ou clandestins ; les autres personnes
étrangères au bord (dockers...) peuvent être poursuivies sans qu'il soit nécessaire d'obtenir
l'avis de l'A.A.M.

&#art. 58 - voies de fait sur le capitaine ;

&#art. 68 - violation par l'armateur des dispositions de l'art. 77 du code du travail


maritime (exploitation d'un économat) ;

&#art. 73 - usage de fausses pièces d'identité dans le but de se procurer un


engagement maritime.

(37)- Il n'existe dans cette catégorie d'infractions que des délits (exception voir art.58).
- 50 -

3.- Délits et contraventions pour lesquels le ministère public peut engager des
poursuites sans consulter l'A.A.M.
a)- il n'existe dans la loi du 17.12.1926 aucun délit ou contravention pour lequel le
ministère public peut engager des poursuites sans consulter l'administrateur des affaires
maritimes.

b)- en revanche, le ministère public est seul habilité, sans que la consultation de
l'administrateur des affaires maritimes soit imposée, à intenter des pour suites pour infraction
au décret du 2.8.1960 relatif au défaut de titre de navigation et à l'obligation faite au capitaine
de répondre à toute convocation pour raison de service, que lui adresse sur rade étrangère le
commandant d'un navire de guerre français(38).

(Rappelons enfin que l'A.A.M. est compétent pour constater toute infraction
commise à bord d'un navire et effectuer l'enquête préliminaire) quelle que soit la nature de
cette infraction et le texte qui la prévoit ; réf. art. 26 du C.D.P.M.M.).

2.2. Crimes :
Jugées par la cour d'assises, les crimes définis par la loi du 17.12.1926 sont
poursuivis par le ministère public sans que soit prévue l'obligation de consultation de l'A.A.M.

&#art. 44 - inscriptions frauduleuses sur les papiers de bord de faits altérés ou


contraires à la vérité -

&#art. 47 - détournement du navire par le capitaine ; fausse route intentionnelle ;


destruction de la cargaison, des vivres ou effets de bord par le capitaine -

&#art. 48 - vente illicite du navire par le capitaine -

&#art. 51 - altération volontaire de vivres ou boissons par substances malfaisantes


ayant entraîné une maladie grave ou la mort-

&#art. 58 - voies de fait sur le capitaine ayant entraîné une infirmité permanente
ou la mort-

&#art. 60 - violences ou rebellions contre le capitaine, si elles présentent un


caractère collectif -

&#art. 61 - complot (caractère collectif de l'infraction) ou attentat (caractère


individuel de l'infraction) contre la liberté ou l'autorité du capitaine -

&#art. 79 - échouement, perte ou destruction volontaire du navire.

(38)- Il est à noter que pour ces infractions, précédemment sanctionnées par les articles 71 et 77 de la loi de 1926, le ministère public
dispose seul du droit de décider les poursuites, au besoin sans l'avis de l'A.A.M.
- 51 -

3.- Infractions de la compétence du tribunal maritime commercial :


Nous avons vu que le caractère spécifique de certaines infractions commises à
bord, qu'elles concernent la discipline du bord ou la sécurité de l'expédition maritime, a
conduit le législateur à créer une juridiction d'exception composée de juges connaissant bien
le milieu auquel appartient le marin et présentant des garanties indiscutables de compétence
lorsqu'il s'agit de juger des fautes techniques commises dans l'exercice de la navigation.

Les infractions, que nous allons étudier et qui relèvent de la compétence du


tribunal maritime commercial, se classent en 2 catégories, selon les procédures d'enquête ou
de jugement qui sont suivies(39).

Pour toutes ces infractions, les poursuites sont en gagées par l'administrateur des
affaires maritimes sans intervention du parquet.

3.1.- Infractions dites "nautiques"


Les infractions sont soumises à une procédure particulière d'instruction (enquête
nautique) et de jugement (commissaire rapporteur tenant le siège du ministère public) par le
TMC (art. 36 bis et 86 du CDPMM).

"#
infractions imputables au capitaine, chef de quart ou pilote :

&#art. 80 : infraction, sans conséquence dommageable, aux règles sur les feux à
allumer la nuit, les signaux à faire en temps de brume, la route à suivre, les manœuvres à
exécuter en cas de rencontre d'un bâtiment.

&#art. 81 : infraction aux règles visées à l'art. 80 et négligences ayant entraîné un


abordage, un échouement, un choc contre un obstacle visible ou connu, ou une avarie grave du
navire ou de la cargaison.

"# infractions imputables à un membre de l'équipage autre que le capitaine,


chef de quart ou pilote :

&#art. 82 : négligence sans excuse, défaut de vigilance, manquement aux


obligations de service ayant entraîné un abordage, un échouement, un choc contre un obstacle
visible ou connu, une avarie grave d'un navire ou de sa cargaison.

"# infractions imputables au capitaine :


&#art. 83 : défaut d'assistance à l'équipage et aux passagers du navire qu'il a
abordé ;

&#après abordage, quitter les lieux sans faire connaître l'identité de son navire.

&#art. 84 : abandon du navire sans l'avis des principaux de l'équipage ;

&#négligence dans l'organisation du sauvetage des passagers et de l'équipage de


son navire, des papiers de bord, dépêches postales et marchandises précieuses de la cargaison ;

&#ne pas abandonner son navire le dernier.

&#art. 85 : défaut d'assistance à toute personne même ennemie trouvée en mer en


danger de se perdre.

(39)- Toutefois, il n'existe de T.M.C. qu'en France métropolitaine. Dans les D.O.M. ces délits sont poursuivis devant les tribunaux de
droit commun.
- 52 -

&#art. 87 : application des infractions des articles 80 à 83 à toutes personnes qui


se trouvent sur un navire étranger dans les eaux territoriales et aux personnes qui se trouvent
sur un navire français muni de carte ou de permis de circulation.

&#aggravation des peines prévues aux art. 80, 81, 83 et 85 lorsque le délinquant
exerce le commandement dans des conditions irrégulières.

3.2. Infractions autres :


L'instruction est effectuée par l'administrateur des affaires maritimes dans des
conditions analogues à celles du droit pénal normal. Lors de l'audience du tribunal maritime
commercial, aucune autorité ne tient le rôle du ministère public (voir art.36 bis du
C.D.P.M.M.).

&#art. 39 : délit d'absence irrégulière du bord et d'abandon de poste -

&#art. 40 : abandon du navire par le capitaine sans avoir été remplacé -

&#art. 41 : fait par le capitaine de ne pas se tenir en personne sur son navire à
l'entrée des ports, havres ou rivières -

&#art. 42 : abus d'autorité, outrages envers un inférieur ; violences exercées sur un


inférieur -

&#art. 43 : inexécution par le capitaine de ses obligations en matière de police


judiciaire, d'état civil, de la tenue du journal de bord, du livre de discipline et autres
documents réglementaires –

&#art. 45 : usurpation de commandement (sont punissables le capitaine qui


favorise par son consentement l'usurpation de commandement, celui qui prend indûment le
commandement et l'armateur complice de l'infraction) -

&#art. 54 : dissipation d'avances par un marin qui n'embarque pas -

&#art. 55 : introduction irrégulière d'alcool à bord -

&#art. 56 : ivresse à bord de la part du capitaine quel que soit le moment ; ivresse
habituelle ou ivresse pendant le quart de tout officier, maître ou homme d'équipage -

&#art. 57 : outrage par paroles, geste ou menace envers un supérieur -

&#art. 59 : refus formel d'obéissance après sommation du capitaine ou d'un


officier désigné par lui à cet effet -

&#art. 62 : réitération de fautes graves contre la discipline commises au cours du


même embarquement (la troisième faute grave est un délit sauf s'il s'agit de faute légère
réputée grave à la suite de récidive) -

&#art. 63 : "toute personne, même étrangère, embarquée sur un navire français


ou étranger, qui, dans les eaux maritimes et jusqu'à la limite des eaux territoriales
françaises, ne se conforme pas aux règlements ou aux ordres émanant des autorités
maritimes et relatifs soit à la police des eaux et rades soit à la police de la navigation
maritime est punie" (d'une peine correctionnelle d'amende ou d'emprisonnement).
- 53 -

&#"La même peine est encourue par toute personne embarquée sur un navire
français qui, hors des eaux territoriales françaises, ne se conforme pas aux ordres
régulièrement donnés par une autorité maritime qualifiée, consul ou commandant d'un
bâtiment de guerre français".

&#Nous appelons l'attention sur l'importance des dispositions de l'art. 63.

"# Si en vertu des dispositions des décrets des 1er février 1930 et 9 mars 1978
les préfets maritimes ont pouvoir de réglementer la circulation des navires dans les eaux
territoriales (fixation à 5 nœuds, en vue d'assurer la sécurité des baigneurs, de la vitesse des
navires dans la bande de 300 m comptés du bord des eaux à l'instant considéré - délimitation
au départ de la côte de chenaux réservés aux pratiquants de ski nautique - mesures de sécurité
prises à l'occasion de manifestations nautiques, avec délégation de pouvoirs aux A.A.M.),

l'article 63 sanctionne pénalement les contrevenants à ces arrêtés plus


efficacement que l'article R 26 du code pénal(40).

"# Si cet article permet la répression des infractions aux arrêtés des préfets
maritimes visés ci-dessus, il permet également la répression des infractions aux ordres écrits
ou verbaux des A.A.M. prescrivant aux navires de pavoiser en certaines circonstances, de
même que les refus d'obtempérer aux ordres donnés par les commandants des unités garde
pêche.

- Les navires étrangers sont soumis sans contestation possible aux dispositions
de l'art. 63.
En ce qui concerne les navires français, il semble bien que le caractère très
général de la rédaction de cet article implique que ses dispositions soient applicables à tous les
navires, qu'ils soient ou non munis d'un titre de navigation.

Lorsque la personne ayant commis une infraction à l'art. 63 est embarquée sur un
navire étranger qui se trouve ou vient à se trouver dans un port, rade ou mouillage de
métropole ou d'un département d'outre-mer, ce navire peut être retenu jusqu'au dépôt à la
caisse des gens de mer du mon tant présumé de l'amende encourue par le délinquant ou jusqu'à
la constitution d'une caution solvable.

En cas de condamnation définitive et non exécutée, le cautionnement est acquis à


l'E.N.I.M. déduction faite des frais et réparations civiles.

Pour assurer l'exécution de ses décisions, l'A.A.M. peut requérir les autorités du
port de s'opposer à la libre sortie du navire (Art. 38 et 63), après avoir pris soin de prévenir le
consul de la nation dont le navire en cause porte le pavillon.

A la suite de l'accident de l'Amoco-Cadiz, l'article 63 a été complété en 1979 et


1986 :

$#par un troisième alinéa qui sanctionne les infractions commises dans les eaux
territoriales aux règles de circulation prévues par COLREG 1972 (dispositifs de séparation de
trafic) ou par les préfets maritimes (distances minimales de passage le long des côtes) avec
aggravation des peines si le navire transporte des hydrocarbures ou des substances
dangereuses.

$# La loi 86-1271 du 15 décembre 1986 a complété cet alinéa en permet tant de


réprimer une infraction commise par un navire français dans un dispositif de séparation de
trafic situé hors des eaux territoriales ou intérieures françaises.

(40)- Les infractions aux arrêtés du Préfet Maritime peuvent être sanctionnées sur la base de l'art.63 (compétence du T.M.C.) et
également sur la base de l'art.R 26-15° du code pénal (contraventions aux arrêtés légalement faits par l'autorité administrative).
- 54 -

$# par un article 63 bis sanctionnant les infractions aux règles prévues par les
préfets maritimes à l'égard de ces derniers navires, en matière d'obligation de signalement à
l'entrée dans les eaux territoriales ou en cas d'avaries.

art. 64 : refus par le capitaine de se charger d'un dossier d'enquête ou du transport


d'un prévenu ;

art. 65 : refus par le capitaine de rapatrier des français sur réquisition des autorités
maritimes ;

art. 66 : refus par le capitaine de répondre à l'appel d'un bâtiment de guerre


français ;

art. 67 : abandon à terre, par le capitaine, sans en aviser l'autorité française, d'un
membre de l'équipage ou d'un passager malade ou blessé ;

art. 87 bis : provocation par parole ou écrit d'un homme d'équipage ou de


l'équipage à commettre un délit prévu par la loi de 1926.

TITRE 3: LIAISONS ENTRE LE PENAL ET LE DISCIPLINAIRE

La loi du 17 décembre 1926 et le décret du 7 novembre 1960 prévoient une


répression soigneusement graduée des fautes et infractions ; une infraction déterminée
pouvant être classée faute légère, faute grave ou même délit selon les circonstances dans
lesquelles cette infraction s'est produite ou s'est renouvelée.

I.- DESOBEISSANCE -

• faute légère contre la discipline : désobéissance simple à tout ordre concernant


le service sans résistance à une sommation formelle, faite devant témoins, par un supérieur.

• faute grave contre la discipline, : refus d'obéir ou résistance à tout ordre


concernant le service, après sommation formelle faite par un supérieur dans un port
métropolitain, pour un service autre que de sécurité ou de garde,

• délit : refus d'obéir ou résistance à tout ordre concernant le service, après


sommation formelle du capitaine ou d'un officier spécialement délégué, en mer, dans un port
non métropolitain, ou même, si l'ordre intéresse la garde ou la sécurité et si sa non-exécution
peut entraîner des conséquences dommageables, dans un port métropolitain.

Dépôt de plaintes à la suite de grèves dans les ports étrangers (51)(41).

II.- IVRESSE -

• faute légère contre la discipline : ivresse à bord sans désordre et en dehors de


service,

• faute grave contre la discipline : ivresse à bord avec désordre (une seule fois),

(41)- Aux termes d'une D.M. du 10 novembre 1971, il n'est pas évident que l'art.59 CDPMM permette d'intenter une action en
justice contre les marins en grève dans un port étranger. Le département a entrepris des consultations à ce sujet.
- 55 -

• délit : ivresse à bord de la part du capitaine ; ivresse habituelle ou ivresse


pendant le quart.

III.- ABSENCE IRREGULIERE DU BORD -


L'absence irrégulière du bord est une faute légère, une faute grave ou un délit
selon les conséquences qui en ont résulté. Cette qualification de faute légère ou grave ou de
délit dépend de multiples éléments :

• absence de plus ou moins de 4 heures,

• absence dans un port de la métropole, d'un département d'outre-mer ou d'un


territoire d'outre-mer ou dans un port étranger,

• absence ayant eu pour conséquence de faire manquer l'appareillage,

• absence du marin affecté ou non à un poste de garde ou de sécurité,

• absence constatée lorsque le service par quarts en vue de l'appareillage a été


repris ou lorsque le service est organisé suivant les règles du service à la mer,

• absence du capitaine.

IV.- QUERELLES, DISPUTES et VOIES DE FAIT :

• Faute légère contre la discipline : querelles et disputes sans voies de fait ;

• délit : les coups, violences ou voies de fait ne font pas l'objet de dispositions
particulières de la loi du 17.12.1926 (réserve faite de ce qui est dit au V ci-après et son
réprimés dans les conditions du droit commun (art. 309 et suivants du code pénal).

V.- OUTRAGES ET VOIES DE FAIT DANS LES RELATIONS


HIERARCHIQUES

• faute grave contre la discipline : manque de respect envers un supérieur ou


insultes directement adressées à un inférieur, à bord ou à terre ;

• délit : outrages envers un inférieur, voies de fait contre le capitaine, outrages


envers un inférieur, voies de fait exercées sur un inférieur ;

• crime : voies de fait graves contre le capitaine ; violences contre le capitaine,


rebellions.

VI.- NEGLIGENCE -

• faute grave contre la discipline : négligence dans un service de quart ou de


garde ;
• délit : abordages, échouements, etc... par négligence ; perte ou in navigabilité
absolue du navire ou perte de la cargaison par négligence défaut de vigilance du chef de quart
ou du pilote.
- 56 -

VII.- VOLS -

• faute grave contre la discipline : larcins et filouteries dont l'importance ne


justifie pas, aux yeux du capitaine ou de l'autorité maritime, le dépôt d'une plainte pour vol :

• délit : vols commis à bord ne rentrant pas dans le cadre prévu pour les larcins
et filouteries.

VIII.- DEGRADATION DE MATERIEL -

• faute grave contre la discipline : dégradation simple du matériel,

• délit: altération des marchandises ; altération des vivres ou boissons,


détérioration de vivres ou objets utiles à la navigation.

IX - INCRIMINATION NON SPECIFIEES -

• faute légère contre la discipline : toute faute non spécifiée par le décret du 7
nov. 1960 ;

• faute grave contre la discipline : toute nouvelle faute légère qui est commise
au cours d'un même embarquement dans le délai de deux (officiers maîtres et passagers) ou
d'un mois (hommes d'équipage) ;

• délit : troisième faute grave et fautes graves subséquentes commises au cours


d'un même embarquement (mais la récidive de fautes légères ne peut en aucun cas constituer
un délit).
- 57 -

ABSENCES IRREGULIERES DU BORD

Organisation Situation du Durée de Nature de Pénalités


Lieu de du service à marin l'absence l'infraction
l'infraction bord Texte

Port service au marin non de < 4h Faute légère Sanction


métropolitain port service art. 7 § 3 disciplinaire
ou d'un
Département - marin de >4 h Faute grave id
d'Outre Mer service art. 11 § 9

. poste non de < 4 h Faute légère id


garde ou sécu

.poste de > 4 h Faute grave id


garde ou sécu.

Quel que soit Délit art 39 6 j/6 m.


durée CPMM(1)
Port service à la - marin non <4 h faute légère Sanction
métropolitain mer de service disciplinaire
ou d'un
Département - marin de > 4 h faute grave id
d'Outre Mer service

. poste non de quelque soit faute grave id


garde ou sécu durée

.poste de quelque soit délit id


garde ou durée
sécu.

. après quelque soit délit id


reprise du durée
service par
quarts en vue
de
l'appareillage
Autre port service au - marin non
port ou à la de service
mer
-a pu repren- faute grave sanction
dre.son disciplinaire
service en
temps utile

n'a pu repren- délit 6 j/6 mois


dre son
service en
temps utile

-marin de ser-
vice id id

(1) faute grave si l'absence n'a pas entraîné de conséquences dommageables.


- 59 -

TITRE 4: CONSTATATION DES INFRACTIONS, POURSUITES.

PREAMBULE :

1.Phases de la répression pénale :

Les différentes phases de la répression pénale sont :

1. recherche et constatation de l'infraction,

2. enquête préliminaire,

3. instruction préparatoire,

4. classement ou saisine du tribunal,

5. instruction définitive et jugement,


6. exécution du jugement.

2.- Autorités compétentes.


a)- Administrateur des affaires maritimes.

La loi attribue à l'Administrateur des Affaires Maritimes le pouvoir de rechercher


et de constater toute infraction commise à bord et, en outre, d'effectuer l'enquête préliminaire
pour toutes les infractions définies par d'autres textes que la loi de 1926 sous la seule réserve
qu'elles aient été commises à bord.

Il appartient ensuite à l'Administrateur des Affaires Maritimes de saisir le


procureur de la République qui décide des poursuites à intenter.

b)- Capitaine.

La loi attribue au capitaine le pouvoir de rechercher toute infraction pénale


commise à son bord et d'effectuer une enquête préliminaire dans les mêmes conditions qu'un
officier de police judiciaire et ce, quelle que soit la nature de l'infraction : de droit commun, à
caractère maritime ou prévue par toute autre législation.

La compétence ainsi donnée au capitaine se justifie par le rôle d'"officier public"


confié au chef de l'expédition maritime en raison de l'absence de tout pouvoir public organisé
à bord.

c)- Les agents répressifs des services des Affaires Maritimes ont égale ment le
pouvoir de rechercher et de constater toute infraction commise à bord. Ils n'ont pas le pouvoir
d'effectuer une enquête préliminaire.
- 60 -

1.- Constatation des infractions


A.- les infractions commises à bord sont recherchées et constatées soit sur la
plainte de toute personne intéressée, soit d'office(1) :

1.- par les officiers de police judiciaire ; (O.P.J.)

2.- par

$#
les A.A.M.,

$#
les officiers et officiers mariniers commandant les unités de la marine
militaire,

$#
les inspecteurs de la navigation maritime,

$#
les syndics des gens de mer,

$#
et les agents de la surveillance des pêche maritimes,

$#
les gendarmes maritimes,

et,

pour les seuls infractions à la réglementation des marques extérieures d'identité


des navires, par les agents de l' administration des douanes(2).

Les procès-verbaux établis par ces officiers de police judiciaire, militaires et


fonctionnaires font foi jusqu'à preuve du contraire (art.431, 537 du code de procédure pénale -
art.27 de la loi du 17.12.1926) et sont dispensés de l'affirmation.

3.- Par les capitaines des navires à bord desquels les infractions ont été
commises.
Il semble que PV et rapports des capitaines fassent foi jusqu'à preuve du
contraire en ce qui concerne les contraventions (art.28, 430 et 537 du code de procédure
pénale) mais non pour les délits et crimes ; dans ce dernier cas, ils n'ont valeur que de simples
renseignements (art.430 CPP).
B.- Les procès-verbaux des officiers de police judiciaire sont adressés directement
au Procureur de la République, ceux dressés par les autres agents sont transmis à
l'Administrateur des affaires maritimes.

2.- L'enquête préliminaire :


La "police judiciaire" est chargée de constater les infractions à la loi pénale d'en
rassembler les preuves et d'en rechercher les auteurs.

Dans le cadre de cette mission, et tant qu'une information n'a pas été ouverte, les
officiers de police judiciaire peuvent effectuer des enquêtes préliminaires dans les conditions

(1)- Art.26 CDPMM.


(2)- Remarquer que les officiers du corps technique et administratif des affaires maritimes ne figurent pas au nombre des gens
habilités à rechercher et à constater les infractions commises à bord.
- 61 -

définies au livre I titre II du code de procédure pénale qui précise en particulier les pouvoirs
et obligations des officiers de police judiciaire au cours de telles enquêtes.
- 62 -

Ainsi, que nous le verrons, les capitaines de navires et les administrateurs des
affaires maritimes peuvent effectuer des enquêtes préliminaires dans les mêmes conditions
qu'un officier de police judiciaire.

2.1.- Rôle de l'officier de police judiciaire


Rappelons brièvement le rôle de l'officier de police judiciaire effectuant une
enquête préliminaire (art.53 à 78 C.Proc.Pen) (valable donc pour l'A.A.M. effectuant une
enquête préliminaire).

1)- Cas général -


Il peut notamment :

$# interroger, sans leur faire prêter serment, les témoins et toute personne
susceptible de fournir des renseignements utiles pour l'enquête ; il dresse procès-verbal des
déclarations de la personne entendue, qui doit y apposer sa signature après avoir procédé elle-
même à sa lecture ;

$# défendre à toute personne de s'éloigner du lieu de l'infraction jusqu'à la clôture


de l'enquête ;

$#décider la garde à vue, pendant 24 h - délai renouvelable sur autorisation du


procureur de la République - de toute personne si cette mesure est utile à la bonne marche de
l'enquête ;

$#
convoquer toute personne dont l'audition est utile ;

$#
procéder aux vérifications d'identité nécessaires ;

$# procéder à toute saisie et perquisition si celles-ci sont susceptibles d'amener la


découverte de faits, documents ou objets pouvant conduire à la preuve de l'infraction (toute
saisie doit faire l'objet d'un inventaire) mais saisies et perquisitions ne peuvent être faites sans
l'assentiment écrit de la personne concernée.

2) - cas particulier -
En cas de découverte de cadavre, il fait procéder aux premières constatations et
avise le Procureur de la République ; l'officier de police judiciaire ne peut décider, en cas de
mort suspecte, de faire procéder à une autopsie ; la décision appartient au Procureur de la
République dans le cadre de ses pouvoirs en cas d'infraction flagrante ou au juge d'instruction
chargé de l'affaire.

En cas de crime ou délit(3) flagrant, il doit en informer immédiatement le


Procureur de la République. Il dispose des mêmes pouvoirs mais en outre :

• les suspects ou témoins convoqués pour audition sont tenus de comparaître et


de déposer ; s'ils refusent, l'officier de police judiciaire en avise le Procureur de la République
qui peut les y contraindre par la force publique,

• l'officier de police judiciaire peut effectuer des saisies et perquisitions même si


l'intéressé ne donne pas son consentement.

(3)- Seulement si ce délit est passible de peines d'emprisonnement.


- 63 -

3) - Cas des infractions commises sous l'emprise de l'alcoolisme -


Les dispositions de l'art. L.88 du code des débits de boissons et des mesures
contre l'alcoolisme peuvent être appliquées.

« lorsqu'il semble que le crime, le délit ou l'accident de la circulation a été


commis ou causé sous l'empire de l'état alcoolique,
Les officiers ou agents de la police administrative ou judiciaire doivent lors de la
constatation d'un crime ou délit ou d'un accident de la circulation faire procéder sur la
personne de l'auteur présumé, aux vérifications médicales, chimiques ou biologiques,
destinées à établir la preuve de la présence d'alcool dans son organisme ».
Ces vérifications sont obligatoires dans tous les cas de crimes, délits ou accidents
suivis de mort.
Dans tous les cas où elles peuvent être utiles, elles sont également effectuées sur la victime(4).

2.2. Rôle du capitaine :


1.- Le capitaine, dès qu'il a connaissance d'une infraction commise à son bord, doit
procéder(5) à l'enquête préliminaire dans les formes prévues au code de procédure pénale livre
1er titre II, c'est-à-dire avec les pouvoirs et obligations d'un officier de police judiciaire.

2.- En application de la loi du 17.12.1926, le capitaine dispose en outre du


pouvoir de faire arrêter préventivement l'auteur de l'infraction.

Si celui-ci est mineur de 18 ans, il devra être séparé de tous autres détenus.

L'emprisonnement préventif est soumis à certaines règles : en particulier, les


personnes qui auraient été privées de leur liberté doivent être conduites sur le pont au moins
deux fois par jour, pendant une heure chaque fois.
L'imputation de la détention préventive sur la durée de la peine est de droit sauf
décision contraire et motivée de la juridiction compétente(6).

3.- Les circonstances du crime, du délit ou de la contravention et les énonciations


du procès-verbal de l'enquête préliminaire sont mentionnées au livre de discipline.

4.- Le capitaine adresse sa plainte et les pièces de l'enquête préliminaire à


l'administrateur du premier port où le bâtiment fait escale.

(4)- Procédure à appliquer : art.R14 et suivants du code des débits de boissons et de lutte contre l'alcoolisme publié au code pénal
Dalloz ; voir également les modalités d'intervention de la gendarmerie maritime pour l'application des mesures de défense contre
l'alcoolisme (30).
(5)- Si le capitaine est auteur ou complice de l'infraction, l'enquête préliminaire est faite directement par l'A.A.M. ou par un
commandant du navire de guerre présent sur les lieux.
(6)- Lorsque le juge refuse l'imputation, ses pouvoirs sur l'application de la peine dans les limites du minimum et du maximum ne
sont pas modifiés.
- 64 -

2.3. Rôle de l'administrateur des affaires maritimes :


1.- L'administrateur des affaires maritimes(1) saisi par les agents habilités à
constater et rechercher les infractions ou agissant d'office, effectue l'enquête préliminaire dans
les mêmes conditions qu'un officier de police judiciaire (ou complète celle déjà effectuée par
le capitaine ou l'officier de police judiciaire).

2.- Les mesures qu'il est ensuite amené à prendre varient selon qu'il est en fonction
en métropole ou dans les D.O.M. ou hors de ces territoires.

2.1.- En France métropolitaine et dans les D.O.M. (art.33 al.2 CDPMM) -

a)- si l'A.A.M. estime que les éléments de la culpabilité ne sont pas réunis, il peut,
à l'issue de l'enquête préliminaire, décider de ne pas poursuivre.

Le Parquet, agissant d'office, peut cependant décider d'engager des poursuites


pour des délits déterminés (art.36 al.3 CDPMM) après avoir réclamé les conclusions de
l'A.A.M.
b)- si l'A.A.M. estime que les faits incriminés ne constituent qu'une faute de
discipline, il inflige à l'intéressé une peine disciplinaire.

c)- si l'A.A.M. estime que les faits incriminés constituent l'une des infractions
prévues par l'art.36 CDPMM relevant de la compétence des juridictions pénales de droit
commun, il saisit le Procureur de la République(2).

d)- si l'A.A.M. estime que les faits incriminés constituent l'une des infractions
prévues par l'art.36 bis CDPMM, relevant de la compétence du tribunal maritime commercial
(T.M.C.), il ouvre une "instruction préparatoire", avant de décider du renvoi ou non devant le
président du T.M.C.

Précisons que les infractions qui sont normalement de la compétence du tribunal


maritime commercial sont jugées par d'autres tribunaux dans les 2 cas suivants :

$# les prévenus âgés de moins de 18 ans ne peuvent être jugés par le TMC et
l'AAM doit saisir le Procureur de la République près le tribunal pour enfants de la résidence
du mineur ou de sa famille(3),

$# dans les départements d'outre-mer, du fait qu'il n'existe pas de TMC, l'A.A.M.
saisit le Procureur de la République aux fins de poursuites devant la juridiction pénale de droit
commun.

2.2.- Hors de la France métropolitaine et des DOM -

Les dispositions à prendre dans ce cas particulier par l'autorité maritime locale
sont précisées par l'article 30 C.D.P.M.M.

(1)- Par A.A.M., il convient d'entendre le chef du quartier (France métropolitaine et DOM), mais aussi le fonctionnaire qui en tient
le rôle dans les TOM (Chef du service des AM) ou à l'étranger (consul, à l'exclusion des agents consulaires).
(2)- Des modèles d'avis, de conclusions et d'ordonnances figurent en annexe à l'instruction du 12.12.1972.
(3)- Le mineur de 18 ans est conduit devant le Procureur de la République aux frais de l'Etat et à la diligence de l'A.A.M.
- 65 -

3. L'instruction préparatoire :

3.1. Généralités
Cette phase de la procédure n'est conduite par nos services que s'il s'agit
d'infractions de la compétence du T.M.C.

A.- But, caractère obligatoire ou non, décision d'ouverture -


1) - But -

A la phase de l'enquête préliminaire, faite, en droit commun et sauf exception, par


des personnels de police, dont le but essentiel est de constater les infractions, d'en rassembler
les preuves et d'en rechercher les auteurs, va succéder l'instruction préparatoire dont l'objet est
d'une part de confirmer, compléter et préciser les résultats de l'enquête, d'autre part de décider
du renvoi de l'inculpé devant la juridiction de jugement ou du classement de l'affaire.

2) - Caractère obligatoire ou non -

En régime pénal de droit commun l'instruction préparatoire est obligatoire en


matière de crimes, facultative en matière de délits (sauf dispositions spéciales contraires), et
en matière de contraventions, elle n'intervient que si le Procureur de la République le requiert.

Dans le régime pénal applicable à la Marine Marchande,


1.- Lorsque l'infraction est du ressort des tribunaux de droit commun, c'est au
Procureur de la République qu'il appartient de décider si une instruction doit être effectuée
pour les affaires qui lui sont soumises -

2.- Par contre, lorsque l'infraction est de la compétence des tribunaux maritimes
commerciaux, une instruction doit obligatoirement être effectuée et ce, par l'administrateur des
affaires maritimes -

3) - Décision d'ouverture -

Dans le régime pénal de droit commun, (et sauf constitution de partie civile) le
juge d'instruction ne peut décider de l'ouverture de l'instruction, cette décision étant de la
compétence du Procureur de la République.

En régime pénal applicable à la marine marchande, pour les infractions relevant de


la compétence des tribunaux maritimes commerciaux, l'administrateur des affaires maritimes
décide seul(4) de l'ouverture de l'instruction qu'il effectue ensuite lui-même.

B.- Règles générales essentielles applicables en matière d'instruction


préparatoire
1.- la procédure est écrite en ce sens que tous les actes de l'instruction (auditions
des témoins, interrogations des inculpés, décisions du magistrat instructeur, constatations des
saisies et perquisitions, etc...) doivent être constatés par écrit.

2.- La procédure est secrète(5) en ce sens qu'elle se déroule hors de la présence


du public et que toutes les personnes qui concourent à cette procédure (magistrats, policiers,
experts, avocats, etc...) - sont tenus au secret professionnel(6).

(4)- Sauf, semble-t-il, en matière d'enquête nautique, lorsque l'administrateur enquêteur est désigné par le directeur des affaires
maritimes ou le ministre (faits délictueux portés à la connaissance de plusieurs A.A.M. ou enquête faite par un consul) ; dans ce cas,
il semble que l'A.A.M. soit tenu d'ouvrir l'enquête nautique.
- 66 -

Ce caractère "secret" ne s'oppose cependant pas à ce que l'inculpé soit informé du


déroulement de la procédure par l'intermédiaire de son avocat à qui le dossier peut être
communiqué.

3.- La procédure n'est pas contradictoire mais ce caractère s'est beaucoup atténué
par l'évolution de la législation puisque désormais la défense peut jouer un rôle plus actif ;
néanmoins, on peut dire que le caractère non contradictoire subsiste en ce sens qu'il ne peut y
avoir, au cours de l'instruction, de débats contradictoires ; les avocats n'ont pas mission de
plaider mais seulement d'assister leurs clients et de demander toutes mesures utiles(7).

4.- Le juge d'instruction a pouvoir d'effectuer tous actes d'information qu'il juge
utile à la manifestation de la vérité ; il instruit à charge et à décharge.

Ceci découle de l'article 81 du C.P.P. qui précise que copie de tous ces actes doit
être établie et que le juge peut pour procéder à certains actes, donner commission rogatoire
(art.151 à 155) à un officier de police judiciaire, sous réserve d'en vérifier les informations
recueillies.

L'instruction est différente de l'enquête préliminaire car le juge dispose d'un


certain nombre de pouvoirs, mais assortis de limites imposées par le législateur dans le souci
de garantir les droits de la défense.

C.- Les pouvoirs du juge d’instruction :

a - le juge d'instruction a le pouvoir de mettre en examen toute personne à


l’encontre de laquelle il existe des indices laissant présumer qu’elle a participé, comme auteur
ou complice aux faits dont il est saisi.

La mise en examen résulte de l’interrogatoire de première comparution ou de la


délivrance d’un mandat de comparution, d’amener ou d’arrêt.

La mise en examen peut également résulter de l’envoi d’une lettre recommandée


ou d’une notification par un officier de police judiciaire (constatée par procès-verbal dont
copie est remise à la personne).

Il lui est alors donné connaissance des faits pour lesquels elle est mise en examen
et de la qualification juridique de ces faits. Il lui est également précisé qu’elle a le droit d’être
assistée d’un avocat de son choix ou commis d’office, la demande devant être faite auprès du
greffe du juge d’instruction.

b) Le juge d’instruction doit procéder à l’interrogatoire de la personne mise en


examen, à l’audition de la partie civile et la confrontation (articles 89-1, 106, 107 et 114 à 121
du code de procédure pénale).
L’interrogatoire de la personne mise en examen et l’audition de la partie civile
sont le mode d’instruction par voie de questions posées, d’interpellations faites, d’objections
soulevées, d’argumentations opposées par un magistrat désigné à cet effet.

La confrontation est la mise en présence d’au moins deux personnes qui peuvent
avoir le statut de mis en examen, de témoin ou de partie civile.

(5)- De même que pour l'enquête préliminaire.


(6)- Article 11 du CPP et article 378 du CP.
(7)- Le caractère non contradictoire de la procédure est respecté lorsqu'il s'agit de l'instruction des infractions non nautiques
relevant de la compétence du T.M.C. Par exception, l'instruction des infractions nautiques est contradictoire.
- 67 -

Le juge d’instruction peut procéder à ces actes dans son cabinet ou en transport sur
l’ensemble du territoire. Il peut aussi délivrer une commission rogatoire à un magistrat du
siège pour les réaliser à sa place. L’assistance du greffier est obligatoire. Le magistrat peut
faire appel à un interprète majeur, à l’exclusion de son greffier et des témoins.

Seul un magistrat du siège peut procéder à l’interrogatoire d’une personne mise en


examen ou à la confrontation à laquelle participe au moins une personne mise en examen.

Les officiers de police judiciaire ne peuvent entendre la partie civile qu’à sa


demande.

Les parties ne peuvent être entendues ou confrontées qu’en présence de leurs


avocats ou ceux-ci dûment convoqués. Elles peuvent renoncer au bénéfice de ces dispositions.

c) Le juge d’instruction procède à l’audition de toute personne dont le


témoignage lui paraît utile à la manifestation de la vérité.

Il peut y procéder lui-même, ou par commission rogatoire délivrée à un magistrat


ou à un officier de police judiciaire (art. 101 à 113).

Il ne peut délivrer de mandat à l’encontre d’un témoin.


Le témoin peut être convoqué par lettre simple ou recommandée ou par la voie
administrative. Il peut comparaître volontairement.

Il peut aussi être cité. Toute personne régulièrement citée comme témoin est tenue
de comparaître, de prêter serment et de déposer sous la seule réserve du secret professionnel.
S’il s’y refuse, le témoin encourt une amende prononcée par le juge d’instruction. Celui-ci
peut également le contraindre à comparaître en requérant la force publique.

Le témoin dépose sous serment, sauf s’il est âgé de moins de 16 ans ou s’il a été
condamné à une peine criminelle ou à une peine correctionnelle avec privation de droits.

Le juge peut confronter les témoins entre eux ou avec les parties.

Certaines personnes ne peuvent être entendues comme témoin :

• la personne faisant l’objet d’un mandat (la mise en examen résultant de la


délivrance d’un mandat) ;

• l’article 104 du code de procédure pénale permet à toute personne visée par une
plainte avec constitution de partie civile, lorsqu’elle est entendue comme témoin de bénéficier
des droits reconnus aux personnes mises en examen par les articles 114, 115 et 120 du code de
procédure pénale. Le juge l’en avertit lors de sa première audition ;

• l’article 105 interdit aux magistrats et officiers de police judiciaire agissant sur
commission rogatoire d’entendre comme témoins, dans le but de faire échec aux droits de la
défense, des personnes contre lesquelles il existe des indices graves et concordants de
culpabilité ;

• la personne visée nommément dans un réquisitoire. Toutefois lorsque le juge


d’instruction estime ne pas devoir la mettre en examen, il peut l’entendre comme témoin après
lui avoir donné connaissance du réquisitoire et l’avoir avisée qu’elle bénéficie des droits
reconnus aux personnes mises en examen.
- 68 -

d) La teneur des interrogatoires, confrontations et auditions doit être consignée sur


un procès-verbal (art. 106, 107 et 121).

Tout procès-verbal doit être daté et mentionner le nom du juge d’instruction ainsi
que du greffier.

S’il s’agit d’un interrogatoire de la personne mise en examen ou d’une audition de


la partie civile, il doit préciser la date et la forme de la convocation de l’avocat.

S’il s’agit d’une audition de témoin, il doit spécifier son identité et la prestation de
serment.

A l’issue de l’acte, la personne mise en examen, la partie civile ou le témoin est


invité à relire ses déclarations telles qu’elles sont transcrites sur le procès-verbal, puis à les
signer s’il déclare y persister.

e) Le juge d’instruction peut délivrer des commissions rogatoires (articles 14, 18,
81).
La commission rogatoire est l’acte par lequel le juge d’instruction requiert tout
juge de son tribunal, tout juge d’instruction, tout officier de police judiciaire, de procéder à
des actes d’information dans les lieux où chacun d’eux est territorialement compétent.

Le juge d’instruction ne peut délivrer de commission rogatoire que lorsqu’il est


dans l’impossibilité de faire lui-même tous les actes d’instruction.

La commission rogatoire ne peut prescrire que des actes d’instruction se rattachant


directement à la répression de l’infraction visée aux poursuites.

A peine de nullité, le juge d’instruction ne peut jamais déléguer ses pouvoirs


juridictionnels. Il ne peut déléguer qu’à des magistrats le pouvoir d’interroger et de confronter
la personne mise en examen.

Tous les autres actes d’information peuvent être délégués à un magistrat ou à un


officier de police judiciaire. Il en est ainsi notamment de l’audition de témoin, la perquisition,
la saisie.

La commission rogatoire est un acte écrit qui doit être daté, signé et mentionner le
nom du magistrat délégant ainsi que la nature de l’infraction objet des poursuites.

Le juge d’instruction a le libre choix des autorités auxquelles il entend confier


l’exécution de ses commissions rogatoires.

f) Le juge d’instruction peut procéder à la perquisition, la saisie, le scellé, la


restitution (articles 56 à 59, 92 à 99, 706-24, 706-24-1, 706-28, 706-35).

' la perquisition :
Le juge d’instruction procède, ou fait procéder par commission rogatoire, à des
perquisitions en tout lieu où peuvent se trouver des objets dont la découverte serait utile à la
manifestation de la vérité. Le juge décide souverainement de l’opportunité, du moment et du
lieu de la perquisition. Elle se fait sans l’assentiment de la personne chez laquelle elle a lieu.

Elle ne peut être commencée avant 6 heures, ni après 21 heures.


- 69 -

La perquisition peut se dérouler au domicile de la personne mise en examen, de la


personne soupçonnée, ou de toute autre personne paraissant détenir des pièces ou objets
relatifs à l’infraction.

Si elle a lieu au domicile de la personne mise en examen, elle ne peut être


effectuée qu’en sa présence ou, en cas d’impossibilité, d’un représentant de son choix.

Toute perquisition doit faire l’objet d’un procès-verbal.

' la saisie et le scellé :


Tous objets ou documents susceptibles de servir à la manifestation de la vérité
peuvent être saisis par le juge d’instruction ou son mandataire. Ils sont immédiatement
inventoriés et placés sous scellés.

' la restitution :
En cours d’information, le juge d’instruction est seul compétent pour décider de la
restitution d’un objet mis sous scellé.

Il peut, avec l’accord du parquet, restituer d’office à la victime les objets dont la
propriété n’est pas contestée. La loi n’impose aucune forme à cette décision.

g) Il peut recourir à l’expertise.


Les règles relatives à l’expertise sont essentiellement définies par les articles 81
alinéa 8, 9 et 10, 156 à 167, 186, 186-1).
L’expertise est l’acte par lequel le juge d’instruction a recours à une ou plusieurs
personnes possédant des connaissances spéciales dans un domaine particulier.

Elle ne peut avoir pour objet que l’examen de questions d’ordre technique.

L’avis de l’expert ne lie pas le juge et ses conclusions ne sont pour ce dernier
qu’un élément de conviction parmi les autres.

En principe, l’expert est choisi parmi les personnes physiques ou morales qui
figurent soit sur la liste nationale établie par le bureau de la Cour de Cassation, soit sur une
des listes dressées par les cours d’appel.

L’expert procède à sa mission sous le contrôle du magistrat instructeur et en


liaison avec lui. Il doit le tenir informé du développement de ses opérations et le mettre à
même de prendre à tout moment, toutes mesures utiles.

Lorsque les opérations d’expertise sont terminées, l’expert rédige un rapport qui
doit contenir la description de ces opérations ainsi que ses conclusions.

Si plusieurs experts ont été désignés pour procéder à la même expertise, ils
doivent rédiger un rapport commun ; s’ils sont d’avis différents ou s’ils ont des réserves à
formuler sur des conclusions communes, chacun d’eux indique son opinion ou ses réserves en
les motivant.

Le juge d’instruction donne connaissance des conclusions de l’expert aux parties


et à leurs avocats.
- 70 -

h) Le juge d’instruction peut décerner des mandats (articles 80-1, 122 à 130-1,
135, 136, 144, 145, 177, 179, 181 du code de procédure pénale).

Le juge d’instruction peut utiliser quatre mandats de justice.

' le mandat de comparution est une mise en demeure adressée à la personne à


l’encontre de laquelle il est décerné de comparaître devant le juge d’instruction à l’heure et à
la date indiquées sur le mandat. Il est utilisé contre une personne dont l’adresse est connue et
ne comporte aucun pouvoir coercitif.

' le mandat d’amener est l’ordre donné par le juge d’instruction à la force
publique de conduire la personne à l’encontre de laquelle il est décerné, au besoin par la
contrainte, devant lui. Il est utilisé contre une personne dont l’adresse est connue ou qui peut
être arrêtée sans formalités de diffusion.

' le mandat d’arrêt est l’ordre donné par le juge d’instruction à la force publique
de rechercher la personne à l’encontre de laquelle il est décerné et, en cas de découverte, de la
conduire à la maison d’arrêt indiquée sur le mandat où elle sera reçue et détenue. Il ne peut
être délivré que contre une personne en fuite ou résidant hors du territoire de la République.
L’avis préalable du procureur de la République est obligatoire.

' le mandat de dépôt est l’ordre donné par le juge d’instruction au chef de
l’établissement pénitentiaire désigné sur le mandat, de recevoir et de détenir la personne mise
en examen. Il ne peut être décerné que contre une personne présente, à l’issue d’un
interrogatoire et d’un débat contradictoire. Il permet également de rechercher ou de transférer
la personne mise en examen lorsqu’il lui a été précédemment notifié.

Aucun mandat ne peut être délivré contre un témoin (de la délivrance d’un mandat
résulte la mise en examen de la personne visée).

Aucun mandat ne peut être décerné dans le cadre d’une information ouverte pour
recherches des causes de la mort.

%#Les mandats de comparution et d’amener peuvent être délivrés en toute


matière.

%#Le mandat d’arrêt ne peut être décerné qu’en matière criminelle et en matière
correctionnelle si le délit est puni d’une peine d’emprisonnement.

%#Le mandat de dépôt peut toujours être délivré en matière criminelle. En matière
correctionnelle, il ne peut être décerné que si la peine encourue est égale ou supérieure soit à
un an d’emprisonnement en cas de délit flagrant, soit à deux ans d’emprisonnement dans les
autres cas.
Cependant, la personne mise en examen qui s’est volontairement soustraite aux
obligations du contrôle judiciaire pourra être placée sous mandat de dépôt quelle que soit la
durée de la peine d’emprisonnement encourue.

Dans tous les cas, le mandat de dépôt ne pourra être décerné qu’après rédaction
d’une ordonnance motivée de placement en détention provisoire.

i) Le juge d’instruction peut ordonner le contrôle judiciaire (articles 137 à 142-3


et 148-6).

En principe, la personne mise en examen reste libre.


- 71 -

Elle ne peut être soumise à un contrôle judiciaire qu’en raison des nécessités de
l’instruction ou à titre de mesure de sûreté.
Le contrôle judiciaire est une mesure qui permet au juge d’instruction de
soumettre une personne mise en examen à une ou plusieurs obligations ou interdictions
limitativement énumérées par l’article 138 du code de procédure pénale, comme par exemple
ne pas sortir de certaines limites territoriales, se présenter périodiquement aux services ou
autorités désignés par le juge d’instruction, s’abstenir de conduire tous ou certains véhicules
ou fournir un cautionnement.

Quelle que soit la peine d’emprisonnement encourue, si la personne mise en


examen se soustrait volontairement à une ou plusieurs obligations du contrôle judiciaire, le
juge d’instruction peut l’incarcérer en observant les règles relatives au placement en détention
provisoire.

j) Enfin, le placement en détention provisoire peut être prescrit, à titre


exceptionnel et dans certaines conditions.

Comme on le voit, les pouvoirs du juge d'instruction sont importants mais ils
doivent être utilisés dans le seul souci d'instruire objectivement à charge et à décharge pour la
manifestation de la vérité.

Le juge doit être prudent et se méfier de son pouvoir.


Il n'est ni procureur, ni avocat, ni policier, ni juge au fond, mais "chercheur de
vérité".

Toutes les décisions qu'il prend sont susceptibles d'appel devant la chambre
d'accusation à l'initiative du ministère public ou de la défense et susceptibles d'être annulées
par cette même chambre si elles ne sont pas conformes au CPP (art. 170 et s.) avec pour
conséquence l'annulation d'actes ultérieurs reprenant les éléments des actes annulés.

Il importe donc que l'Administrateur chargé de l'instruction des délits relevant du


Tribunal Maritime Commercial et "investi à ce titre des pouvoirs conférés aux juges
d'instruction par le code de Procédure Pénale » (art. 36 ter du CPMM) conduise cette
instruction dans le respect de ces règles, même si le particularisme de l'enquête nautique rend
parfois difficile leur application (article 105 du CPP notamment).

3.2. Instruction des infractions nautiques : l'enquête nautique :

A.- Nature de l'enquête nautique :


En vue de la répression des délits prévus par les articles 80 à 85 de la loi du
17.12.1926 (délits purement nautiques), l'A.A.M. ne peut saisir le président du tribunal
maritime commercial (ou, dans les D.O.M., le Procureur de la République) qu'au vu d'une
enquête préparatoire (l'enquête nautique) effectuée dans les conditions déterminées par un
R.A.P. du 24 août 1963.
Bien que le terme "enquête" soit employé dans les textes, il s'agit en fait d'une
instruction analogue à celle définie par le code de procédure pénale.
Cette enquête est contradictoire en ce sens que le marin en cause devra être
entendu dans ses moyens de défense sur chacune des inculpations relevées contre lui, en
présence le cas échéant de son conseil, et être admis à réclamer toute information
complémentaire qu'il juge utile à sa défense.
- 72 -

B.- Les infractions relevant de l'enquête nautique :


L'enquête nautique a pour objet essentiel la recherche des infractions dites
"nautiques" définies aux articles 80 à 85 et 87 de la loi du 17.12.1926.

Cependant, toute autre infraction relevée au cours de l'enquête est néanmoins


valablement constatée, l'enquête nautique peut donc servir de base à l'ouverture des poursuites
sous condition que celles-ci soient intentées selon la procédure prévue pour cette infraction.

1) - les infractions – (cf tableau page suivante :)


- 73 -

Article auteur
de la de Définition des faits délictueux :
loi : l’infraction
80 Capitaine "#Infractions sans conséquence dommageable aux règlements sur les feux, signaux de
ou chef de brume, règles de route, manœuvres en cas de rencontre d'un bâtiment (donc en fait infractions au
quart décret du 07.07.77 portant règlement pour prévenir les abordages ainsi qu'aux règlements
particuliers pris en application de ce texte pour fixer les règles spéciales applicables dans les eaux
territoriales, chenaux d'accès, etc..).
80 Pilote "#Infractions aux règles sur la route à suivre (il ne s'agit donc que d'une partie des règles
définies par les textes énoncés ci-dessus).
81 Capitaine "#infractions prévues à l'article 80 et tout autre fait de négligence, ayant entraîné pour un
Chef de navire quelconque :
quart, ou $# un abordage,
pilote $# un échouement,
$# un choc contre un obstacle visible ou connu,
$# une avarie grave du navire,
$# ou une avarie grave de la cargaison.
"#les peines sont plus sévères pour les mêmes faits s'il y a en outre :
$# perte ou in navigabilité absolue d'un navire,
$# perte d'une cargaison,
$# blessures graves - ou mort - d'une ou plusieurs personnes
82 Membre de "#fait de négligence sans excuse, défaut de vigilance ou tout autre manquement aux
l’équipage obligations de service (ces faits doivent s’être produits pendant que l’intéressé est « en service » ),
autre que "#ayant entraîné pour un navire quelconque un abordage,etc.ou tout autre fait déjà énoncé au
capitaine titre de l’art 81 au § a,
ou chef de (avec des peines plus sévères si les conséquences ont été la perte du navire ou tout autre fait
quart déjà énoncé au titre de l’article 81 au § b) .
83 Capitaine Tout capitaine qui après abordage et autant qu'il peut le faire sans danger pour son navire et
son équipage et ses passagers :
1) néglige d'employer tous les moyens dont il dispose pour sauver du danger créé par
l'abordage avec son bâtiment l'autre bâtiment, son équipage et ses passagers,
2) s'éloigne avant de s'être assuré qu'une plus longue assistance est inutile à l'autre bâtiment,
son équipage et ses passagers
3) si l'autre bâtiment a sombré, s'éloigne avant d'avoir fait tous ses efforts pour recueillir les
naufragés
les peines peuvent être doublées si une ou plusieurs personnes ont péri par suite de la
non exécution des obligations « 2 » et « 3 ».
4) n'a pas fait connaître à l'autre navire le nom de son propre navire, son port d'attache, son
port de départ et son port de destination.
84 Capitaine En cas de danger :
"#abandonne le navire sans l'avis des principaux de l'équipage ;
"#néglige, avant d'abandonner son navire, d'organiser le sauvetage de l'équipage et
passagers, de sauver les papiers de bord, dépêches postales et marchandises les plus précieuses de
la cargaison.
"# Ne reste pas le dernier à bord en cas d'abandon du navire.
85 Capitaine "#Défaut d'assistance à toute personne, même ennemie, trouvée en mer en danger de se
perdre (sans danger pour le navire, équipage et passagers).
87 Capitaine "#Application des articles 80 à 83 :
Chef de $# aux navires étrangers se trouvant dans les eaux territoriales,
quart, $# aux navires français munis d'une carte ou d'un permis de circulation (est considérée
Pilote comme capitaine la personne qui en fait dirige le navire ou l’engin).
87 Capitaine "#Les peines des articles 80, 81, 83, 84, 85 peuvent être doublées si l'infraction est commise
par une personne exerçant le commandement dans des conditions irrégulières.
- 74 -

La définition de certaines de ces infractions mérite quelques précisions :

2) La négligence
L'expression "tout autre fait de négligence" est employée à l'art. 81 du
C.D.P.M.M. Le texte de cet article ne reprend pas les termes de l'art. 319 du code pénal qui
prescrit des poursuites dans le cas de « maladresse, imprudence, inattention, "négligence"
ou inobservation des règlements".

De la simple juxtaposition des termes qui précèdent, il apparaît, en application de


l'interprétation restrictive des règles de droit pénal, qu'une négligence n'est ni une
maladresse, ni une imprudence, ni une inattention, ni même une erreur de jugement.

Cette expression avait fait l'objet de commentaires du ministère, par C.M. du 13


septembre 1961, abrogée par l'instruction du 12 décembre 1972.

En fait, il semble que le département ait surtout voulu appeler l'attention sur les
précautions avec lesquelles l'enquêteur doit interpréter le terme "négligence" et sur le fait que
de simples erreurs d'appréciation ne justifient pas toujours l'ouverture de poursuites pénales.

L'interprétation de l’Administration centrale (8) n'a de toute façon qu'une valeur


indicative que l'enquêteur, en tant que magistrat instructeur, est libre de ne pas retenir.

On peut d'ailleurs relever que le terme "négligence" peut impliquer également un


défaut de soin, un défaut d'application et non pas uniquement un défaut d'action. Notons sur ce
point un arrêt de la Cour d'appel de Rouen du 11.6.1961 DMF 1961 p. 220 au terme
duquel :

"la cour ne peut pas décider que cet officier a commis une faute en ne
prescrivant pas plus rapidement cette manoeuvre sans lui imputer un fait de négligence au
sens de l'art. 81 (de la loi de 1926)". (voir également DMF 1963 p. 688).

Que conclure si ce n'est que l'enquêteur - agissant en conscience -doit s'efforcer de


dégager d'une façon très nette les éléments marquants pouvant justifier la responsabilité
pénale du marin mis en cause sans attacher une importance excessive à des erreurs minimes.

3) De la notion d'accident en mer -


L'expression "accident de mer" est employée à l'article 1 du décret du 24.8.1963
et dans le titre même de ce texte qui fixe la procédure de l'enquête nautique. Ceci a pu faire
croire que l'enquête nautique avait pour objet la recherche des responsabilités pénales
encourues à l'occasion de tout événement qu'il est possible de qualifier "accident de mer",
quelle qu'en soit sa nature, et plus particulièrement en cas de pertes de vies humaines en mer
ou de blessures graves.

Mais le décret du 24.8.1963 n'est qu'un décret de procédure et en tant que tel, il
ne peut être utilisé pour définir les infractions entrant dans le cadre de l'enquête nautique ;
c'est uniquement sur les termes des art. 80 à 85 de la loi de 1926 (et plus particulièrement sur
ceux de l'art. 81-2ème alinéa lorsqu'on examine le cas de blessures graves ou de pertes de vies
humaines) que doivent se fonder les recherches des éventuelles infractions.

(8)- Admise par la cour d'appel de Rennes (DMF 1971 p.82) abordage chalutier "ANDRE AMPERE" et pétrolier "PORT
HALIGUEN" dans le chenal de Lorient.
- 75 -

C - Désignation de l'Administrateur enquêteur -


1)- L'administrateur compétent est le premier administrateur qui a connaissance
des faits par le rapport de mer(9) ou par une autre voie, le chef de quartier pouvant déléguer
ses fonctions d'enquêteur à son adjoint.

2)- Lorsque les mêmes faits sont portés, concurremment, à la connaissance de


plusieurs administrateurs, le Directeur Régional des Affaires Maritimes (ou le ministre lui-
même, si des quartiers relevant de directions régionales différentes sont en cause) désigne
celui d'entre eux qui est chargé de l'enquête.

3)- Lorsque les faits se produisent à l'étranger, l'autorité consulaire procède à


enquête préliminaire et transmet le dossier au ministre de la marine marchande qui désigne un
administrateur-enquêteur.

Dans tous les cas, il est essentiel que la première autorité maritime avisée recueille
immédiatement informations et dépositions, même si elle ne doit pas poursuivre l'enquête
règlementaire,et qu'elle transmette ces élémentsà l'admiministrateur qui sera finalement chargé
de l'enquête.
4)- De même qu'il est possible pour la défense de récuser un juge d'instruction,
l'administrateur des affaires maritimes qui a instrumenté peut être récusé par le capitaine ou le
marin mis en cause. Dans ce cas, l'enquête devra être refaite par un autre administrateur
(administrateur adjoint ou administrateur d'un quartier voisin).

D - Désignation des assistants techniques -


1.- Pour mener son enquête, l'administrateur des affaires maritimes est assisté d'un
inspecteur de la navigation et, sauf impossibilité dûment établie, d'au moins un second
assistant désigné par le directeur des affaires maritimes et choisi, selon le cas, parmi les
capitaines au long cours, capitaines de la marine marchande, pilotes, officiers mécaniciens ou
autres techniciens qualifiés(10) figurant sur des listes établies en début de chaque année par la
D.R.A.M.(11) (11).

2.- Une large latitude est laissée pour le choix du second ou des autres assistants, à
condition qu'ils offrent toutes garanties de valeur morale et professionnelle. Toutefois, sauf
empêchement, il est recommandé de choisir un assistant titulaire d'un brevet au moins égal à
celui de l'officier dont la responsabilité peut être mise en cause, et (ou) à un pilote de la station
ou d'une station voisine si un pilote est en cause.

3.- Les assistants techniques ont un rôle purement consultatif et technique(12) ;


l'enquête n'est pas faite par une commission, seul l'administrateur en assume la responsabilité.

4.- La présence des assistants techniques au côté de l'A.A.M. enquêteur - si elle est
souhaitable - n'est pas imposée pour tous les actes de la procédure d'instruction ; il suffit qu'ils
soient parfaitement informés de l'affaire pour qu'ils puissent, en parfaite connaissance de
cause, formuler leur approbation ou leurs observations au rapport d'enquête établi par
l'A.A.M. (voir infra).

(9)- L'obligation du dépôt d'un rapport de mer est prévue à l'article 1 du R.A.P. du 24.08.1963.
(10)- Techniciens qualifiés en incendie, électricité, construction navale, etc... inspecteurs mécaniciens.
(11)- Pour les enquêtes à l'étranger, des règles plus simples sont prévues pour tenir compte des difficultés de trouver des assistants
techniques qualifiés.
(12)- Ne pas confondre le rôle des assistants techniques et celui des experts.
- 76 -

E - Ouverture de l'enquête :
1.- Après toute perte de navire, abordage, échouement et généralement, tout
accident de mer, le capitaine ou le pilote doit déposer un rapport des faits entre les mains du
premier administrateur des affaires maritimes (ou chef du service des A.M. ou consul de
France) avec lequel il peut entrer en contact(13).

2.- L'administrateur peut également être informé par toute autre voie :
informations de presse ou de radio, informations des agents des affaires maritimes, etc...
Aussitôt, il doit procéder à la recherche des infractions nautiques définies aux
articles 80 à 85 et 87 de la loi de 1926, mais il est évident que l'enquêteur peut, selon les
circonstances, ne pas limiter là ses investigations et rechercher s'il y a lieu les autres
infractions à la loi de 1926 ou à toute autre règlementation à charge de saisir dès que possible
l'autorité compétente pour exercer les poursuites.

Enquête préliminaire ou instruction préparatoire (8) -


L'enquête nautique est le plus souvent ouverte par l'A.A.M. au vu de
renseignements qu'il obtient directement sans qu'une enquête préliminaire ait été ouverte par
quelqu'un d'autre.
L'application d'une manière extensive des dispositions du décret du 24 août 1963
relatif aux enquêtes après accidents de mer conduirait les A.A.M. à ouvrir une procédure,
assez lourde, pouvant parfois paraître disproportionnée avec la gravité des faits.

A la limite, une instruction pourrait être ouverte chaque fois qu'un petit navire de
plaisance heurte un quai ou entre en collision sans conséquence sérieuse avec un autre navire.

A l'inverse, une interprétation trop restrictive laisse à l'A.A.M. la possibilité de


laisser sans suite une affaire grave.

Il importe dans ces conditions d'apprécier les faits non seulement en fonction de
leur nature mais aussi de leurs conséquences et de ne mettre en oeuvre la procédure d'enquête
nautique, et par la suite s'il y a lieu l'action répressive, que pour les événements justifiant une
répression pénale et (ou) ultérieurement une sanction disciplinaire.

Mais avant de pouvoir se faire une idée précise de l'affaire en cause, l'A.A.M. peut
avoir besoin de rechercher certaines informations. Il peut toujours le faire dans le cadre d'une
enquête préliminaire.
Lorsqu'il sera en mesure de se prononcer sur l'importance de l'affaire, il pourra
toujours passer du stade de l'enquête préliminaire au stade de l'instruction préparatoire (en
quête nautique).

Une décision "en forme"(14) prise par le chef de quartier constatera cette
ouverture de l'enquête nautique(15).

Une fois ouverte, l'enquête nautique ne peut se clôturer que par une décision de
classement, une décision de renvoi devant le tribunal ou par la saisine d'un autre
administrateur sur décision du DRAM. ou du ministre.

(13)- Le non-dépôt de ce rapport est passible des sanctions de l'art.63 de la loi de 1926 (parag.5231.1. de l'instruction du 12.12.1972).
(14)- Cette décision d'ouverture de l'enquête, dont un modèle figure à l'instruction du 12.12.1972, est indépendante des avis
d'accidents de mer établis sur imprimés NM 46 (CM 28.03.60) aussitôt après l'évènement de mer.
(15)- Soulignons l'importance de cette décision qui interdit, en vertu de la règle "le criminel tient le civil en l'état", à toute
juridiction de se prononcer sur les intérêts civils tant que l'affaire n'a pas été classée ou jugée définitivement au pénal.
- 77 -

F - Déroulement de l'enquête nautique -


1)- Le rôle général de l'enquêteur -

a)- l'administrateur des affaires maritimes procède à toutes constatations et


confrontations pouvant servir à la manifestation de la vérité ; il en établit procès-verbal.

Il convoque, à cet effet, tous officiers ou membres de l'équipage du ou des navires


en cause, notamment les capitaines et les hommes de quart au moment de l'événement, et
toutes autres personnes dont la déposition peut être utile (45).

Ces personnes peuvent se faire assister d'un conseil de leur choix.

Elles déposent après avoir prêté serment (16) ;

l'administrateur appose sa signature sur chaque feuillet d'enregistrement de leurs


dépositions ;

les témoins, ainsi que les interprêtes si la déposition est faite dans une langue
étrangère, signent également (en cas de refus de signer, mention en est portée sur le procés-
verbal)(17).

b)- L'administrateur ne se borne pas à recueillir des dépositions,

il doit faire procéder à un examen médical des marins en cause lorsqu'une


déficience sensorielle (acuité auditive ou visuelle) peut être à l'origine de l'accident ;

il effectue à bord toutes les constatations utiles en se faisant accompagner


celà est conseillé - par les assistants techniques ou tout au moins l'inspecteur de la
navigation (examen des lieux-vérification du bon fonctionnement des appareils, saisies
éventuelles des documents de bord ou bandes des appareils enregistreurs, en dressant procès-
verbal de ces saisies... etc).

Il recueille tous les renseignements extérieurs au navire utiles pour l'enquête


(observations météorologiques etc...); fait procéder aux expertises nécessaires(18).

2)- Commissions rogatoires (art.151 à 155 code procédure pénale) -

a)- en France :

L'administrateur enquêteur peut adresser des commissions rogatoires à d'autres


administrateurs ou à des officiers de police judiciaire pour entendre des témoins se trouvant
hors de sa juridiction. Mais la demande doit comporter des questions précises.

(16)Mais la personne contre laquelle des indices sérieux de culpabilité sont relevés n'est plus tenue de prêter serment - art. 103 et 105
du code de procédure pénale.
(17) Le procès-verbal de chaque audition doit en particulier faire ressortir :
- l'identité de la personne entendue et son lieu de résidence (ce dernier renseignement pouvant permettre de déterminer la
compétence du tribunal),
- que l'intéressé a relu lui-même le procès-verbal avant de le signer,
- que l'intéressé a prêté serment de dire la vérité,

(18) Il ne faut en aucun cas assimiler les assistants techniques à des "experts". Les premiers ont pour mission d'aider l'AAM
enquêteur dans la recherche des faits et des responsabilités en l'éclairant si besoin est des aspects particuliers de l'affaire en cause
qu'ils sont à même de bien connaître en raison de leur compétence et de leur expérience. Mais lorsqu’un point particulier de
l'affaire nécessite des éclaircissements techniques précis qui devront figurer au dossier, l'enquêteur peut alors faire appel à des
experts. Les experts, qui doivent en principe être 2, ont pour seule et unique mission d'approfondir et si possible de résoudre un
problème technique particulier ; leur mission doit être définie de façon précise par l'ordonnance de l'AAM enquêteur. L'expertise
doit être faite en liaison avec l'AAM enquêteur qui doit être tenu au courant de son développement (cf. art. 156 et suivants du code
de procédure pénale).
- 78 -

b)- A l'étranger :

Il peut également adresser des commissions rogatoires à l'étranger lorsqu'il estime


nécessaire de faire procéder à une mesure d'instruction en dehors du territoire français. Les
commissions rogatoires à exécuter en pays étranger doivent être transmises au ministère (au
bureau des Gens de mer chargé de ces affaires.) qui les remet au Garde des Sceaux (bureau à
l'entraide répressive internationale).

3)- Mesures d'instruction portant atteinte à la liberté des personnes

a)- En tant que magistrat instructeur, l'A.A.M. enquêteur possède le pouvoir de


décerner contre le prévenu un mandat de comparution, d'amener et d'arrêt.

b)- Les dispositions des art. 137 à 150 du code de procédure pénale relative d'une
part au "contrôle judiciaire" et d'autre part à la "détention provisoire" sont applicables aux
prévenus de délits relevant de la compétence des tribunaux maritimes commerciaux.

Rappelons simplement les principales règles en matière de contrôle judiciaire et de


détention provisoire.

1.- Le juge d'instruction ou la chambre des demandes de mise en détention


provisoire, en raison des nécessités de l'instruction et à titre de mesure de sûreté, peut mettre
l'inculpé sous contrôle judiciaire si celui-ci encourt une peine d'emprisonnement correctionnel
ou une peine plus grave ; un cautionnement peut également être demandé pour garantir
l'exécution des obligations imposées, les frais du procès et la réparation des dommages causés
par l'infraction.

2.- Lorsqu'il estime qu'il y a lieu à placement en détention provisoire, le juge


d'instruction saisit la chambre prévue par l'article 137 du CPP et lui transmet le dossier de la
procédure assorti de ses observations quant à la nécessité de placement en détention.

Il faut souligner qu'une indemnité peut être accordée à la personne ayant fait
l'objet d'une détention provisoire au cours d'une procédure se terminant par un non lieu, relaxe
ou acquittement si la détention lui a causé un préjudice manifestement anormal et d'une
particulière gravité. (article 149 CPP).

Ces mesures sont rarement employées par les AAM compte tenu d'une part de la
nature des affaires qu'ils sont amenés à instruire et d'autre part du comportement habituel des
prévenus.

G - Rapport d'enquête -

1.- Rédaction du rapport -

Lorsqu'il a réuni tous les éléments nécessaires pour pouvoir se prononcer sur les
responsabilités encourues, l'administrateur-enquêteur dresse un rapport des résultats de
l'enquête.

C'est l'administrateur qui est enquêteur, et, de ce fait, il doit rédiger le rapport et
non en confier le soin à un de ses assistants.

Il est évident que pour la rédaction du rapport, l'administrateur-enquêteur prend


l'avis des assistants, mais il n'est pas tenu de s'y conformer.

Le rapport est signé de l'administrateur et visé des assistants.


- 79 -

Si l'un de ceux-ci n'est pas d'accord, il peut y annexer une note indiquant son avis
personnel.

2.- Contexture du rapport -

1.- Aucune règle impérative n'est fixée sur ce point, à part les dispositions de l'art.
7 du décret 24.08.63 qui précisent que "le rapport comporte l'exposé et la discussion des
faits".

2.- Les usages font que ce rapport se présente en général comme suit:

a)- identités et qualités de l'A.A.M. enquêteur et de ses assistants.

Renseignements sur le ou les navires, sur les équipages. Enoncé des opérations
effectuées : interrogatoires, constatations, saisies.

b)- Exposé des faits : avant, pendant et après l'accident, ordres donnés, ma
n’œuvres effectuées, avaries(19), lieu de l'accident(20).

c)- Discussion des faits : recherche approfondie des causes possibles ou certaines
de l'accident ; concordance des témoignages ou doutes.

Ce rapport d'enquête doit être un exposé objectif des faits et non pas un acte
d'accusation ; c'est dans un autre document l' « ordonnance » -voir infra - qu'à partir des faits
exposés dans le rapport d'enquête, seront dégagées les responsabilités encourues et précisées
les infractions commises et l'identité de leurs auteurs.

3.- Pièces jointes -

Il doit y être joint un croquis permettant d'apprécier les routes suivies et les
manœuvres effectuées avant l'accident (avec mention du numéro et de l'année de publication
de la carte dont il est extrait), ainsi que tous autres documents, tels que cartes, plans,
photographies, bandes enregistreuses, de nature à faciliter la compréhension des faits.
Il y est enfin ajouté des extraits de la matricule des marins dont la responsabilité
semble engagée.

H - Communication du dossier -
Le rapport et tous les documents versés au dossier sont alors communiqués à ces
marins, ainsi que, le cas échéant, à leurs conseils.

La communication se fait au bureau des affaires maritimes sans déplacement des


pièces (21) dont le ou les intéressés peuvent cependant prendre copie.
Cette (ou ces) personnes signent une déclaration écrite dans laquelle elles
reconnaissent qu'elles ont reçu communication du dossier et qu'elles ont été informées de ce
qu'elles disposent d'un délai de quatre jours francs pour présenter leurs observations et pour
demander tout complément d'information qu'elles jugeraient utiles ;

cette déclaration est jointe au dossier.

(19) L’avarie "grave" du navire ou de sa cargaison peut être un élément de l'infraction définie aux art. 81 et suivants de la loi de
1926.
(20) Ceci pouvant déterminer la compétence du tribunal (eaux territoriales) ou les textes applicables (en matière de circulation dans
les estuaires notamment.
(21) Il est néanmoins possible de faire assurer la communication du dossier par l'intermédiaire de la gendarmerie nationale d'un
autre quartier.
- 80 -

I - Clôture de l'enquête./ conclusions -


1.- Lorsque le délai d'observations est expiré, l'administrateur enquêteur examine
s'il y a eu infraction et est seul maître de sa décision :

$# s'il est d'avis qu'aucune responsabilité n'est engagée, il déclare par voie
d'ordonnance, qu'il n'y a pas lieu à poursuites,

$# s'il estime que les faits constituent une faute de discipline relevant de sa
compétence, il inflige au coupable une peine disciplinaire (52),

$# s'il relève des faits qui lui paraissent constituer une infraction de nature à être
sanctionnée pénalement, il renvoie le ou les inculpés devant le tribunal compétent,
généralement, le tribunal maritime commercial.

2.- La décision ainsi prise par l'AAM est faite sous forme d' « ordonnance »(22).

Dans ce document, l'on doit trouver :

• un exposé rapide des circonstances de l'accident,

• l'énoncé des faits en s'attachant à les relier aux différents éléments constitutifs
de l'infraction telle qu'elle est définie par le texte répressif,

• le texte pénal qui réprime l'infraction constatée,

• et, en final, la décision, soit de classement de l'affaire au cas où aucune


infraction n'a été relevée, soit renvoyant l'intéressé aux fins de jugement par le tribunal
compétent.

En bref, cette ordonnance doit contenir tous les éléments permettant de qualifier
l'infraction, en fait et en droit, et déterminant le tribunal compétent pour la juger.

3.- Cette décision constitue une ordonnance de magistrat instructeur qui doit être
notifiée par écrit aux intéressés.

Copies de l'ordonnance et du rapport d'enquête sont adressées le jour même au


directeur régional des affaires maritimes qui peut demander au procureur de la République de
déférer la décision de l'administrateur des affaires maritimes à la chambre d'accusation de
la Cour d'Appel (compétente pour l'appel des ordonnances du juge d'instruction).
En effet, la décision de renvoi devant le tribunal ou de classement est susceptible
d'appel devant la chambre d'accusation par le Procureur de la République soit d'office soit à la
demande du directeur régional des affaires maritimes.

J - Cas particuliers -
1)- Navire étranger -

a)- Lorsqu'une enquête nautique est ouverte à l'occasion d'un événement de mer
survenu dans la limite des eaux territoriales françaises, l'enquête doit être effectuée puisque
capitaine et marins étrangers sont justifiables, dans ce cas, des art. 80 à 83 de la loi de 1926.

(22) Voir modèle d'ordonnance en annexe.


- 81 -

b)- L'administrateur enquêteur doit immédiatement en informer le consul de l'Etat


dont le navire bat pavillon.

c)- Si le navire doit quitter d'urgence les eaux françaises, l'administrateur peut,
sans préjudice des mesures de droit commun (cautionnement et liberté provisoire), arrêter le
navire jusqu'au dépôt à la Caisse des gens de mer d'un cautionnement destiné à garantir
l'exécution des condamnations éventuelles et dont il fixe le montant.

Pour l'exécution de ces décisions, l'AAM peut requérir les autorités du port de
s'opposer à la libre sortie du navire ou ordonner lui-même les mesures matérielles empêchant
le départ du bâtiment (art. 38 CDPMM).

2)- Abordages entre navires de guerre et du commerce - (CM. Marine 22


octobre 1929 - B Méth.) -
Dans cette éventualité, il est procédé à deux enquêtes:

%#l'une, Marine Nationale, pour les responsabilités éventuelles du Commandant


et de l'équipage du bâtiment de guerre,

%#l'autre, Marine Marchande, pour les responsabilités éventuelles du capitaine


et de l'équipage du navire de commerce.

L’administrateur des affaires maritimes a qualité pour entendre les officiers


et l'équipage du bâtiment de guerre, et dans les faits, une telle autorisation est donnée à
l'AAM par le Préfet Maritime ou le Commandant de la Marine.

(Dans les années 1990, le DDAM des Bouches du Rhône a été autorisé par le Préfet
Maritime de la Méditerranée à procéder à l’audition du Commandant d’un sous – marin
de la Marine Nationale qui avait heurté la coque d’un pétrolier français en faisant surface ;
l’accident n’ayant occasionné, fort heureusement, que des dégàts matériels, la Marine
Nationale a acquité les frais de réparation de la coque du pétrolier…et l’affaire en est restée
là).

Lorsque pour conclure, l'A.A.M. a besoin de connaître le contenu du rapport de


l'enquête menée par la Marine Nationale, il demande au Ministre chargé de la Marine
Marchande d'en obtenir la transmission de la part de la Marine Nationale.
- 82 -

K - Composition du dossier compte rendus -


1)- Composition du dossier-nombre d'exemplaires -

%#L'art. 81 du code de procédure pénale impose d'établir une copie certifiée


conforme de tous les actes du dossier, cet exemplaire est à la disposition du Procureur de la
République,

%#par ailleurs, les instructions ministérielles imposent, outre le dossier original


destiné au tribunal, d'établir 3 copies des pièces principales (conclusions, rapport d'enquête,
cartes ou copies nécessaires à la bonne compréhension des faits), une destinée au directeur
régional des affaires maritimes en vue de l'exercice de son droit d'appel, deux destinées au
ministère chargé de la Marine Marchande (GM.1 - GM.2),

%#c'est donc en fait en 5 exemplaires (compte tenu de l'exemplaire restant au


quartier) qu'il est conseillé d'établir le dossier ; compte tenu du fait que la plupart des pièces
sont dactylographiées, l'enquêteur doit dès le début de l'enquête donner les directives
nécessaires à cette fin.

2)- Classement du dossier -

Les dossiers d'enquête nautique doivent être contenus dans des chemises d'un
modèle annexé à l'instruction du 12.12.1972.

Il est recommandé de numéroter les différentes pièces du dossier et d'établir autant


de sous-dossier que peut motiver l'affaire en cause : pièce de forme, renseignements généraux,
pièces de fond, procédure d'audience, etc...

3)- Compte-rendus -

a)- tout accident de mer doit faire l'objet d'une fiche de renseignements sur
imprimé spécial NM.46 établi en 4 exemplaires (dont 3 pour DRAM, CM.1, GM.2) aussitôt
que l'événement est connu.

b)- tout accident de mer concernant un navire de plaisance de croisière doit faire
l'objet d'une fiche de renseignements spéciale (9).

c)- copie de la décision désignant l'AAM chargé de l'enquête nautique doit être
adressée au DRAM en 2 ex. (dont 1 pour le ministère chargé de la Marine Marchande).

d)- lorsque l'affaire présente une certaine importance, il est rendu compte au
ministère des phases successives de l'instruction, sans attendre la clôture de celle-ci.

L - Communication des dossiers d'enquête nautique aux tribunaux ou à des


tiers -
1.- Les dossiers d'enquête nautique et des conseils de discipline doivent être remis
dans leur intégralité aux présidents des tribunaux judiciaires qui demandent à en prendre
connaissance.

2.- Ces dossiers ne peuvent être communiqués en aucun cas aux particuliers,
même parties à une instance d'intérêt privé consécutive à l'événement de mer, ou à leurs
avocats ou aux assureurs.

3.- Les demandes de communication de pièces présentées par les autorités


étrangères sont à transmettre au ministère chargé de la Marine Marchande (GM.2) qui décide
de la suite à donner.
- 83 -

Les Commissions d'enquête technique et administrative sur les accidents de


navires-
L'instruction de l'enquête nautique est une procédure judiciaire qui pour objet de
rechercher si la responsabilité pénale du capitaine peut être retenue comme étant à l'origine de
l'accident de mer dans les hypothèses définies par les articles 81 et suivants du code
disciplinaire et pénal de la Marine Marchande.

Le lien entre le délit de négligence et l'accident peut ne pas poser de problèmes


complexes dans l'hypothèse d'un échouement ou d'un abordage consécutif à une route mal
suivie ou à l'inobservation des règles de barre et de route lorsqu'elles sont à l'origine de
l'accident.

L'Administrateur enquêteur et ses assistants techniques relèveront avec certitude et


relativement rapidement la relation directe entre la cause et l'effet et l'officier instructeur en
tirera les conclusions judiciaires qui relèvent de sa compétence.

Mais l'accident peut avoir une origine technique plus difficile à déceler dans le cas
d'un chavirement ou d'une explosion par exemple.

Les conséquences graves de tels accidents qui se traduisent généralement par des
pertes de vies humaines impliquent que les causes en soient recherchées de la manière la plus
précise et la plus complète pour prévenir le retour de tels accidents, qui parallèlement
sensibilisent l'opinion publique et mobilisent les organisations professionnelles et syndicales
qui refusent la fatalité des accidents de mer.

Dans les hypothèses les plus graves (chavirement du "Maori" ou explosion du


"Betelgeuse"), l'enquête nautique ne peut même pas être diligentée en l'absence de rescapé
responsable.

Il n'en demeure pas moins qu'il est important d'en rechercher les causes pour éviter
le renouvellement de ces accidents.

De plus, s'il existe des rescapés responsables, la mise en évidence d'une négligence
ou l'exclusion de celle-ci peuvent fort bien être caractérisées dans le cadre de l'enquête
nautique, alors que la lumière n'a pas pu être faite complètement quant aux causes techniques
précises de l'accident.

Les moyens dont disposent l'Administrateur enquêteur et ses assistants techniques


peuvent ne pas permettre, à leur niveau, de pousser l'étude dans le domaine technique.

C'est pour répondre à cette double préoccupation d'une recherche très poussée des
causes techniques de l'accident en vue d'en tirer les enseignements sur le plan de la sécurité
maritime pour en prévenir le renouvellement et en vue d'en informer clairement les intéressés
sans se heurter au secret d'une instruction à caractère judiciaire, que le Ministre des Transports
a décidé de mettre en place et, au cas par cas,

des "Commissions d'enquête technique et administrative sur les accidents de


navires" par décret du 20 janvier 1981 (J.O. du 26 janvier1981).

Ces Commissions établiront des rapports d'enquête dont le Ministre pourra décider
la publication au Journal Officiel.

Ce décret s'applique aux navires français en quelque lieu que se soit produit
l'accident ou l'incident, ainsi qu'aux navires étrangers se trouvant dans la limite des eaux
territoriales françaises ou s'il est de nature à porter atteinte au littoral français.
- 84 -

La Commission d'enquête est présidée par un fonctionnaire ou une personnalité


qualifiée ayant assumé des responsabilités dans le domaine de la sauvegarde de la vie humaine
en mer.

Y sont associés deux fonctionnaires compétents du Ministère chargé de la Marine


Marchande n'ayant pas exercé de responsabilités pouvant se rattacher directement à l'accident
et n'étant pas susceptibles de participer d'une façon quelconque à la procédure pénale.

La Commission entend le personnel navigant, les représentants des entreprises


concernées et toute personne susceptible d'apporter des éléments susceptibles de l'éclairer sur
les causes de l'accident.

Un représentant de l'Etat du pavillon peut assister aux travaux de la commission.

Le Président pour faire appel à des experts extérieurs privés ou publics.

Un rapport provisoire est déposé auprès du Ministre dans les délais d'un mois
sur les circonstances de l'accident.

Le projet de rapport définitif est, avant approbation et signature par les membres
de la Commission, communiqué pour observations aux autorités, entreprises et personnels
concernés, qui disposent d'un délai d'un mois pour les présenter.

Les membres de la Commission et les personnes interrogées sont tenues à


l'obligation de discrétion.
Les rapports de la Commission d'enquête sont adressés sur leur demande à
l'Administrateur chargé de l'enquête nautique ainsi qu'aux magistrats éventuellement
saisis des suites de l'accident.

Le Ministre peut en autoriser la diffusion auprès des Etats étrangers et aux tiers
intéressés, et en décider la publication au Journal Officiel.

3.3. Instruction des autres infractions relevant de la compétence du T.M.C.

A.- Principes -
Les administrateurs des affaires maritimes sont chargés, en application de l'art. 36
ter du CDPMM, de l'instruction de l'ensemble des délits ou contraventions relevant de la
compétence du T.M.C.

Ils sont investis à ce titre des pouvoirs conférés aux juges d'instruction par le code
de procédure pénale.

Mais à l'inverse de ce qui est prévu pour l'instruction des infractions nautiques des
art.80 à 85 CDPMM, il n'existe aucun décret fixant une procédure d'instruction particulière
pour les infractions, autres que nautiques, relevant de la compétence du TMC.

Il s'agit des infractions citées aux pages 49, 50 et 51 du présent cours et


essentiellement, dans la pratique, des infractions à l'art. 63 C.D.P.M.M.
- 85 -

B.- Procédure suivie -


1)- Saisie de l'A.A.M. -

L'A.A.M. est saisi :

• soit par procès-verbal de constatation de l'infraction dressé par un officier de


police judiciaire ou un agent répressif compétent,

• soit à la suite de l'enquête préliminaire effectuée par un officier de police


judiciaire ou le capitaine du navire,

• soit d'office.
2) - Ouverture de l'instruction préparatoire -

L'A.A.M. ouvre une "instruction préparatoire" aux fins de vérifier, compléter et


préciser les informations déjà reçues.

3) - Formes de l'instruction préparatoire -

L'instruction est effectuée dans les formes identiques à celles de l'enquête nautique
(décret 24.08.1963), à quelques exceptions près :

"#
il n'est pas fait appel au concours d'assistants techniques,

"# le dossier et le rapport d'enquête ne sont pas communiqués aux personnes dont
la responsabilité paraît engagée.

4) - Décision -

A l'issue de l'instruction, l'A.A.M. prend une "ordonnance" soit de classement soit


de renvoi devant le T.M.C.

Cette "ordonnance" est communiquée d'une part à l'intéressé et d'autre part au


D.R.A.M. pour permettre à ce dernier d'user de son droit d'appel devant la chambre
d'accusation par l'intermédiaire du Procureur de la République.
- 87 -

TITRE 5: SAISINE DU TRIBUNAL / JUGEMENT :

1 - Le tribunal maritime commercial :

L'article 90 de la loi du 17 décembre 1926 portant code disciplinaire et pénal de


la Marine Marchande a été modifié par l'article 45 de la loi n° 93-1013 du 24 août 1993.

Cette modification législative tient compte des modifications statutaires


intervenues récemment dans les corps des Affaires maritimes et permet aux tribunaux
maritimes commerciaux de se réunir malgré la suppression du corps des inspecteurs de la
navigation et du travail maritime et des inspecteurs mécaniciens de la Marine Marchande qui
siégeaient ès qualités comme juges auprès de ces tribunaux.

Par ailleurs, les prérogatives du brevet de capitaine au long cours étant également
exercées depuis plusieurs années par les titulaires du brevet de capitaine de première classe de
la navigation maritime, il convenait de donner à ces derniers la possibilité de siéger.

Enfin, le corps des secrétaires administratifs des Affaires maritimes ayant été
intégré dans le corps des contrôleurs des Affaires maritimes, les fonctions de greffier seront
désormais assurées par des agents appartenant à ce dernier corps.

Le greffier remplit ses fonctions auprès du président du tribunal maritime


commercial.

Afin de tenir compte de ces modifications législatives, le décret n° 56-1219 du 26


novembre 1956 relatif aux tribunaux maritimes commerciaux et la forme de procéder devant
ces tribunaux a été modifié par le décret n° 93-1236 du 15 novembre 1993.
- 88 -

1.1. - Les circonscriptions de juridiction :


1) Les ports et sièges de tribunaux maritimes commerciaux sont limitativement
désignés. Ce sont les principaux ports de France métropolitaine. Leur juridiction s'étend au
quartier siège et généralement aux quartiers voisins. A savoir : depuis 1984

Port siège du TMC Circonscription de juridiction : quartier de :


Dunkerque : Dunkerque ;
Boulogne : Boulogne ;
Le Havre : Dieppe, Fécamp, le Havre ;
Rouen : Rouen, Caen, Cherbourg;
St Malo : St Malo;
Brest : St-Brieuc, Paimpol, Morlaix, Brest;
Lorient : Douarnenez, Camaret, Audierne, Le Guilvinec, Concarneau,
Lorient, Auray; Vannes;
St-Nazaire : St-Nazaire ;
Nantes : Nantes, Noirmoutier, Yeu ;
La Rochelle : Les Sables d'Olonne, La Rochelle, Marennes-Oléron ;
Bordeaux : Bordeaux, Arcachon, Bayonne ;
Sète : Sète, Port-Vendres ;
Marseille : Martigues, Marseille, Toulon, Nice ;
*Ajaccio : Ajaccio, (*Corse du sud) ;

*A l’heure actuelle (septembre 2001) aucun T.M.C. ne semble pouvoir légalement


fonctionner dans le département de la Haute- Corse (quartier de Bastia) .
La (re) création du quartier de Bastia en 1971, celle de la DDAM de Haute- Corse en 1982,
(consécutive à la bidépartementalisation de la CORSE en 1976 qui a divisé
administrativement l’ « île de Beauté » en Haute Corse chef-lieu Bastia et Corse du sud
chef-lieu Ajaccio) semblent avoir été oubliées dans le toilettage du T.M.C. de 1993.

La liste des circonscriptions de juridiction (remontant à 1956 et 1984) semble avoir été
recopiée « telle quelle » lors de la refonte des textes en 1993.

Depuis quelques années c’est le T.G.I. de Bastia qui s’estime compétent pour pallier
cette situation .
Le T.M.C. d’Ajaccio, crée en 1954 et compétent « ratione loci » sur le territoire de l’ancien
quartier d’Ajaccio (qui englobait jadis toute la Corse), ne serait plus compétent,« capitis
diminutio », que pour le département de la Corse du sud .
Toutefois, le T.M.C. d’Ajaccio n’a, semble-t-il, jamais siégé depuis 1954.

2) - Aucun TMC n'existe dans les DOM ni les TOM :


- 89 -

1.2. - Compétence des T.M.C.

A - Principes -
1)- Compétence "ratione materiae" : le T.M.C. n'est compétent que pour certaines
des infractions définies par la loi du 17.12.1926 (art. 36 bis CDPMM).

2)- Compétence "ratione loci" (art. 37 CDPMM) - modifié par la loi n 86.1271 du
15 décembre 1986
Le T.M.C. compétent est celui :

$#
soit de la résidence du prévenu (et non de son domicile),

$# soit du port où il a été débarqué, étant précisé que, selon la cour de cassation,
un plaisancier ne peut "être débarqué" car il s'agit de débarquement administratif, notion qui
ne peut être retenue pour un plaisancier (21) (22),

$#
soit du lieu où il a été appréhendé,

$#
soit du port d'immatriculation du navire.

$# soit du port où le navire a été conduit ou s'il n'a pas été conduit au port, celui de
la résidence administrative de l'agent qui a constaté l'infraction.

L'A.A.M. qui exerce les poursuites a, dans ces limites, entière liberté pour décider
du T.M.C. devant lequel il renverra le prévenu, sa décision devant être prise dans le souci
"d'une bonne administration de la justice".

3) - Compétence "ratione personae" -

La compétence du tribunal maritime commercial n'est jamais définie par des


éléments "ratione personae" : la qualité personnelle d'un délinquant n'est pas en effet un
élément pouvant être retenu pour qu'il soit déféré obligatoirement devant un TMC, quelle que
soit l'infraction relevée à son encontre.

Par contre, d'autres tribunaux d'exception sont compétents pour juger d'infractions
à la loi du 17.12.1926 ou aux autres textes "maritimes". Il en est ainsi pour les mineurs de 18
ans (l'âge étant apprécié au jour de la commission de l'infraction) qui relèvent des juridictions
spéciales pour mineurs(1) pour les crimes, délits et contraventions de 5ème classe(2) ainsi que
pour toutes les infractions pénales à la loi du 17.12.1926.

De même, les infractions à la loi de 1926 commises par les militaires relèvent des
tribunaux permanents des forces armées (voir titre 5).

B.- Indivisibilité, connexité, cumul idéal d' infractions : c'est le problème des
infractions et incriminations multiples à l'occasion d'un même fait ou de plusieurs faits ayant
entre eux des rapports étroits.

1)- Rappel de notions de droit pénal commun relatives à la connexité, à


l'indivisibilité et au cumul idéal d'infractions -

(1) La juridiction compétente ratione loci pour juger un mineur de 18 ans est toujours celle de la résidence du prévenu ou de sa
famille et l'AAM enquêteur doit saisir le Procureur de la République près de ce tribunal des infractions qu'il a relevées.
(2) Ce sont les contraventions qui sont punissables d'un emprisonnement de 10 jours à 1 mois et (ou) d'une amende de 2500 F à 5000
F, le maximum des peines pouvant être doublées en cas de récidive.
- 90 -

Certaines infractions peuvent avoir entre elles des rapports si étroits que le souci
d'une bonne administration de la justice conduit à les déférer à une même juridiction
répressive pour les faire juger en une seule fois. Ce sont donc les problèmes de la connexité,
de l'indivisibilité, ou du cumul d'infraction qui sont posés.

Connexité : (cf. art. 203 code de procédure pénale) : plusieurs infractions ont été
commises par plusieurs personnes -

%#soit dans un même temps (connexité par unité de temps);

%#soit en différents temps ou lieux mais avec concertation préalable (connexité


par concert préalable),

%#soit lorsqu'il y a relation de cause à effet entre les différentes infractions


commises (connexité par relation de cause à effet).

L'énumération de l'art. 203 n'est pas limitative, la connexité s'étend également aux
cas dans lesquels il existe des rapports étroits analogues à ceux que la loi a spécialement
prévus.

A côté de la connexité seule prévue par la loi, la jurisprudence admet en effet


l'indivisibilité.

Indivisibilité : (3) Le lien entre les différentes infractions est encore plus étroit
que dans la connexité ; on peut être en présence d'une seule infraction commise par plusieurs
agents (auteurs ou complice ou de plusieurs infractions commises par un seul agent mais ayant
entre elles des liens si étroits que l'existence des unes est liée à l'existence des autres (ex. :
faux pour commettre une escroquerie).

Dans l'hypothèse d'indivisibilité, il y a parfois cumul idéal d'infractions : un fait


unique pour des incriminations multiples, ou pluralité d'actes, résultant d'une action complexe
et unis entre eux par un lien matériel ou légal, constituant des infractions diverses.

Dans ces cas de connexité ou d'indivisibilité instruits par un même juge


d'instruction, ce dernier fixe par son ordonnance de renvoi le tribunal qui devra se prononcer
sur l'ensemble des infractions.

Mais il est possible que deux juridictions répressives différentes soient saisies
d'infractions connexes ou indivisibles; dans ce cas, le souci d'une bonne administration de la
justice conduit à étendre la compétence normale de l'une des juridictions saisies et à lui
déférer l'ensemble des faits et infractions liés entre eux par des liens d'indivisibilité ou de
connexité.

La procédure qui permet d'aboutir à une telle décision est le "règlement de juges"
défini par les articles 660 et 661 du code de procédure pénale (voir également art. C 464 et
suivants).

2) - Application au régime pénal de la marine marchande -


Les règles de droit commun relatives à l'indivisibilité, à la connexité et au cumul
idéal d'infractions sont applicables en matière de régime pénal de la marine marchande.

a) - Conflit entre juridictions d'ordres différents (d'exception ou de droit commun)


- 91 -

L'application simultanée de plusieurs textes répressifs peut aboutir à ce que deux


juridictions répressives d'ordres différents soient saisies d'infractions relatives à un même fait
ou un même événement.

Il peut en être ainsi notamment à l'occasion d'accidents nautiques pour lesquels il


peut être fait application simultanément de textes relevant du droit pénal de la marine
marchande et du droit pénal commun. Citons quelques possibilités d'application simultanées
de textes différents.

Premier exemple -

$# art. 81 et 82 de la loi du 17.12.1926 : inobservation des règles pour prévenir les


abordages en mer et négligences à l'origine d'un abordage, d'un échouement, d'un choc contre
un obstacle visible ou connu, d'une avarie grave survenue à un navire ou à sa cargaison ayant
entraîné des blessures graves ou la perte de vies humaines ;

$# art. 319, 320 et R.40.4 du code pénal : homicide involontaire ou blessures


involontaires, par maladresses, imprudence, inattention, négligence ou inobservation des
règlements ;

$#art. 63 de la loi de 1926 : non respect des ordres et règlements des autorités
maritimes relatifs à la police des eaux et rades ou de la navigation maritime et art. R.26 du
code pénal (contraventions aux arrêtés légalement faitsparl'autorité administrative).

Deuxième exemple -

$# art. 83 de la loi de 1926 : non assistance, par un capitaine, aux passagers et


équipage du navire qu'il a abordé ;

$# art. 85 de la loi de 1926 : non assistance à toute personne trouvée en mer


en danger de se perdre ;

$# art. 63 du code pénal : non assistance à personne en péril ;

$# art. 456 du code de justice militaire : non assistance à un bâtiment de la


marine militaire en détresse.

Troisième exemple :

$# art. 83 de la loi de 1926 : ne pas faire connaître après abordage le nom de son
navire et de son port d'attache,

Des mêmes faits peuvent ainsi motiver des poursuites relevant d'un tribunal pénal
de droit commun (ce sera en général le tribunal correctionnel) et d'un
tribunal maritime commercial(4).

Le conflit de juridiction qui en résulte doit être tranché par la chambre criminelle
de la cour de cassation (art. 660 du code de procédure pénale) qui habituellement renvoie la
totalité des poursuites devant le tribunal de droit commun(5); il existe cependant une

(4) Il est également possible que, pour un même événement, des poursuites soient intentées devant un tribunal
permanent des forces armées (commandant de navire de guerre, pilote, etc...) et devant un tribunal maritime
commercial. La procédure de règlement de juges de l'art. 660 du code de procédure pénale s'applique
également (cf. art. C770 du code de procédure pénale) mais faute de jurisprudence sur ce point, il n'est pas
possible d'indiquer dans quel sens, la cour de cassation résoudrait le problème posé. Il faut d'ailleurs noter
que les fautes nautiques des commandants de navires de guerre sont généralement sanctionnées par l'autorité
militaire dans le cadre du régime disciplinaire plus que par des sanctions pénales.
(5) Il y a lieu de noter que la partie civile peut alors exercer son action devant le tribunal.
- 92 -

exception à cette règle : le mineur de 18 ans devant toujours être jugé par la juridiction de
l'enfance délinquante (art. 33 de la loi du 17.12.1926).

Dans de tels cas, l'A.A.M. enquêteur n'a généralement pas à intervenir dans la
procédure qui doit aboutir à la décision de la cour de cassation tant que l'enquête nautique
n'est pas terminée.

Lorsqu'il aura connaissance du fait qu'un juge d'instruction aura ouvert une
instruction sur les bases de textes répressifs de droit commun(6) sur les mêmes faits qui ont
motivé l'ouverture de l'enquête nautique, il se bornera, à la clôture de cette enquête nautique, à
porter à la connaissance du Procureur de la République ses "conclusions" pour information
(s'il conclut au classement de l'affaire) ou pour telle suite qu'il appartiendra (s'il conclut au
renvoi devant le T.M.C.).

Le Procureur de la République entamera alors, s'il y a lieu, la procédure de


règlement de juges par la cour de cassation, en application de l'art. 660 du code de procédure
pénale.

La procédure de règlement de juges de l'art. 660 du code de procédure pénale est-


elle la seule qui puisse être employée ? Il semble qu'il faille répondre par l'affirmative à cette
question.
Il a été semble-t-il de pratique assez courante en droit pénal commun d'éviter la
procédure de règlement de juges par le déssaisissement amiable de l'un des juges d'instruction
saisis au profit d'un autre juge d'instruction ; cette procédure est d'une légalité contestable et il
n'apparaît pas qu'un A.A.M. enquêteur puisse s'y référer pour décider de lui-même de ne pas
saisir le T.M.C. pour des faits faisant l'objet d'une instruction et (ou) de poursuites dans les
conditions du droit pénal commun.

Par ailleurs, l'art. 387 du code de procédure pénale donne pouvoir au tribunal
correctionnel, saisi de plusieurs procédures visant des faits connexes, d'en ordonner la
jonction soit d'office, soit sur réquisitions du ministère public, soit à la requête de l'une des
parties.

Ces dispositions sembleraient permettre à un A.A.M. enquêteur de demander au


Procureur de la République d'exercer le droit qui lui est ouvert par cet article 387 lorsque par
exemple sont constatées simultanément des infractions aux art. 80 et suivants de la loi du
17.12.1926 (infractions nautiques), à la législation sur la sécurité de la vie humaine en mer et
que peuvent être envisagées des poursuites pour homicides ou blessures involontaires (3).

Nous pensons, quant à nous, qu'une telle procédure serait illégale pour les deux
raisons suivantes :

$#
elle est contraire aux dispositions de l'art.660 du code de procédure pénale ;

$# l'A.A.M. enquêteur n'a pas la possibilité légale de clore une enquête nautique
autrement que par une décision de non lieu ou une décision de renvoi devant le T.M.C.

C'est pourquoi, si pour des raisons de circonstances, l'AAM enquêteur envisage


l'éventualité de se dessaisir de lui-même d'une affaire au profit d'une juridiction répressive de
droit commun, nous lui conseillons de solliciter l'avis de l'autorité supérieure (rappelons à
ce sujet que toutes les ordonnances prises par l'AAM dans le cadre de l'instruction des délits
ou contraventions relevant de la compétence des TMC sont susceptibles d'appel devant la
chambre d'accusation par le Procureur de la République soit d'office, soit à la demande du
directeur des affaires maritimes).

(6) Notamment le délit d'homicide ou de blessures involontaires.


- 93 -

b) - Conflit de juridiction entre deux T.M.C. -

Le problème ne doit pas en fait se poser, le conflit devant être résolu au stade de
l'instruction par une décision du directeur des affaires maritimes ou du ministre.

De plus, l'A.A.M. enquêteur "prononce le renvoi du ou des inculpés devant le


tribunal compétent" (art. 10 alinéa décret 24.08.63).

c) - Choix du T.M.C. compétent en cas d'infractions indivisibles ou connexes -

Nous avons vu que pour une infraction déterminée, le T.M.C. normalement


compétent est celui soit de la résidence du prévenu, soit du port où il a été débarqué soit du
lieu où il a été appréhendé, soit du port d'immatriculation du navire.

Lorsqu'il s'agit d'infractions multiples relevées, à l'occasion d'un même fait


(abordage par exemple) à l'encontre de prévenus se trouvant embarqués sur des navires
différents, l'A.A.M. enquêteur choisira parmi l'un des tribunaux ci-dessus par souci d'une
bonne administration de la justice et renverra devant ce T.M.C. les différents prévenus en
faisant appel aux notions de connexité et d'indivisibilité exposées ci-dessus et en s'appuyant,
par assimilation, sur les dispositions des articles 382 à 383 du code de procédure pénale(7).

1.3. Organisation et composition du T.M.C.

A.- Présidence -
Dans un souci d'uniformiser le fonctionnement des juridictions, la présidence du
tribunal maritime commercial est confiée à un magistrat de l'ordre judiciaire, l'administrateur
des Affaires maritimes qui en était précédemment président devenant juge.

Le président est un magistrat du siège du tribunal de grande instance dans le


ressort duquel se trouve le tribunal maritime commercial.

B - Juges -
Le premier juge devient un administrateur des Affaires maritimes qui n'est plus
obligatoirement l'administrateur chef de quartier, siège du tribunal maritime commercial.
Toute condition de grade a par ailleurs disparu.

En application du principe d'impartialité des juges, l'administrateur des Affaires


maritimes ne doit pas avoir participé aux poursuites ou à l'instruction de l'affaire en cause.

Par poursuites, il faut entendre la participation, à quelque titre que ce soit, à la


constatation de l'infraction.

Le second juge qui était un inspecteur de la navigation et du travail maritime ou un


inspecteur mécanicien de la Marine Marchande devient un agent des Affaires maritimes choisi
en fonction de ses compétences dans le domaine de la sécurité des navires ou de la sauvegarde
de la vie humaine en mer parmi les corps d'officiers des Affaires maritimes ou de
fonctionnaires ou de contractuels de catégorie A des Affaires maritimes.

Il y a ainsi une double condition de compétence et de statut.

Les agents visés peuvent donc être les administrateurs des Affaires maritimes, les
officiers du corps technique et administratif des Affaires maritimes, les inspecteurs des

(7) Il sera ainsi possible de résoudre la difficulté signalée plus haut lorsqu'il y a abordage entre un navire français
et un navire étranger. Le marin du navire étranger qui est inculpé étant renvoyé devant le T.M.C. compétent
pour juger le marin français présumé également responsable de l'accident.
- 94 -

Affaires maritimes et les techniciens experts du service de la sécurité de la navigation


maritime.

De même que le premier juge, le second juge ne doit pas avoir participé aux
poursuites, en application du principe énoncé plus haut.

Le troisième juge est un capitaine au long cours ou un capitaine de première classe


de la navigation maritime de moins de soixante ans.

Ce juge peut désormais être un officier en activité, c'est-à-dire lié à un armateur.


S'il est inactif, il doit l'être depuis moins de cinq ans.

Dans les deux cas, il devra réunir au moins quatre années de commandement.

En ce qui concerne le quatrième juge, il y a désormais trois cas possibles au lieu


de quatre précédemment :

a)- si le prévenu est un marin breveté ou diplômé :

le juge est un marin, titulaire du même brevet ou diplôme. Toute condition d'âge a
désormais disparu.

Ce juge est normalement un marin actif, c'est-à-dire lié à un armateur. Toutefois, il


est prévu qu'il puisse être un marin inactif, mais dans ce cas il doit l'être depuis moins de cinq
ans.

b)- si le prévenu est marin ni breveté, ni diplômé :

le juge est un maître ou une personne d'un grade équivalent à celui de maître,
appartenant à la spécialité du prévenu (soit pont, soit machine, soit service général). Toute
condition d'âge a désormais disparu.

Ce juge est normalement un marin actif, c'est-à-dire lié à un armateur. Toutefois, il


est prévu qu'il puisse être un marin inactif, mais dans ce cas il doit l'être depuis moins de cinq
ans.

Le cas B regroupe les anciens cas B et C de la précédente rédaction de l'article 90


du code disciplinaire et pénal de la marine marchande.

c)- si le prévenu n'est pas un marin :

le juge est un agent des Affaires maritimes choisi en fonction de ses compétences
dans le domaine de la sécurité des navires ou de la sauvegarde de la vie humaine en mer parmi
les corps d'officiers des Affaires maritimes, ou de fonctionnaires ou de contractuels de
catégorie A des Affaires maritimes.

Les agents visés peuvent donc être les administrateurs des Affaires maritimes, les
officiers du corps technique et administratif des Affaires maritimes, les inspecteurs des
Affaires maritimes et les techniciens experts du service de la sécurité de la navigation
maritime.

De même que le premier juge, le quatrième juge ne doit pas avoir participé aux
poursuites comme il a été dit plus haut.

Le président est nommé par le président du tribunal de grande instance suivant


l'ordre de la liste de rang des magistrats du siège composant le tribunal de grande instance
établie dans le courant du mois de janvier de chaque année par les soins du président de la
Cour d'Appel du ressort.
- 95 -

Les trois premiers juges sont proposés par le directeur régional des Affaires
maritimes dans le ressort duquel se trouve le tribunal maritime commercial pour la durée de
l'année judiciaire.

A cet effet, une liste des personnes remplissant les conditions pour être désignées
par le président du tribunal maritime commercial en qualité de juge est établie dans le courant
du mois de janvier de chaque année.

En ce qui concerne la désignation du quatrième juge, le greffe du tribunal


maritime commercial transmettra copie du procès-verbal de saisine prévu à l'article 4 du
décret du 26 novembre 1956 au directeur régional des Affaires maritimes, aux fins pour ce
dernier de proposer sans délai les personnes remplissant les conditions pour être quatrième
juge.

Cette liste comporte au moins trois noms pour chaque catégorie de juges. Le
président peut désigner deux suppléants pour chaque juge titulaire.

Les motifs d'empêchement, interdisant d'occuper l'un des sièges de juges, font
l'objet d'une énumération précise :

nul ne peut, à peine de nullité, siéger comme juge :

1) s'il a porté plainte ou déposé comme témoin à l'information,

2) s'il est parent ou allié du prévenu jusqu'au degré d'oncle ou de neveu


inclusivement,

3) s'il était officier ou maître d'équipage à bord du navire sur lequel le prévenu
était embarqué au moment des faits de la prévention. Toutefois, lorsque le prévenu est un
pilote, cette restriction ne s'applique pas à l'égard des autres pilotes de la même station.
Les parents et alliés jusqu'au degré d'oncle ou de neveu inclusivement ne peuvent,
à peine de nullité, être membres d'un même tribunal maritime commercial, ou remplir auprès
de lui les fonctions de commissaire rapporteur ou de greffier.

C.- Greffier -
Le greffier est choisi parmi les contrôleurs des affaires maritimes et désigné par le
directeur des affaires maritimes. Il ne saurait être substitué à ce contrôleur un autre membre du
personnel administratif d'exécution du quartier. Il en résulterait une cause de nullité du
jugement.

Ainsi, qu'il a déjà été précisé, le greffier ne peut être parent ou allié jusqu'au degré
d'oncle ou de neveu inclusivement avec les juges ou le commissaire rapporteur du tribunal
maritime commercial auprès duquel il remplit ses fonctions.

D.- Commissaire rapporteur -


Chaque fois que le tribunal maritime commercial est chargé de juger un des délits
prévus aux art. 80 à 85 et 87 (délits nautiques), un commissaire rapporteur, appartenant au
corps des officiers de marine et désigné par le préfet maritime ou le commandant de
l'arrondissement maritime peut effectuer une instruction complémentaire. Il remplit, en outre,
auprès du tribunal maritime commercial les fonctions de ministère public, lors de l'audience
du T.M.C.

1.4. Saisine du T.M.C.


- 96 -

Le président du T.M.C. saisi par l' « ordonnance » de l'A.A.M. enquêteur dresse


un "procès-verbal de saisine" du tribunal.

Le procès-verbal de saisine contient l'indication :

%#de l'identité du ou des prévenus(8),

%#des faits constituant le ou les délits pour lequel il est ou ils sont pour suivis,
avec indication de leur date, en se servant, aussi rigoureusement, que possible, des termes
même employés dans la loi du 17 décembre 1926 pour les définir,

%#des articles du code qui les ont prévus et de ceux qui en assurent la répression.
A partir du moment où ce procès-verbal a été signé, le tribunal doit
obligatoirement se réunir et juger l'affaire ou se déclarer incompétent (dans ce dernier cas, il
renvoie l'affaire à l'A.A.M. enquêteur pour telle suite qu'il appartiendra).

Le T.M.C. ayant été saisi, le président désigne les autres juges et provoque la
désignation du commissaire rapporteur par le préfet maritime ou le commandant de
l'arrondissement maritime lorsqu'il s'agit d'une infraction nautique.
Lorsqu'il s'agit d'infraction nautique, le dossier de l'affaire est transmis au
commissaire rapporteur qui effectue une instruction complémentaire, s'il l'estime nécessaire,
avec tous les pouvoirs que cela comporte (mandats d'amener, audition du prévenu ou des
témoins) (9).

Le commissaire rapporteur établit un rapport qu'il remet avec ses conclusions et le


dossier au président du T.M.C.

1.5. L'audience :

A - Préliminaires de l'audience :
1 Lorsque l'affaire est en état, et quelles que soient les conclusions du commissaire
rapporteur, quand il en aura été nommé un, le président convoque le tribunal et fait citer le
prévenu.

2 Vingt-quatre heures avant l'audience, le prévenu ou son défenseur peut prendre


au greffe communication du dossier de la procédure (y compris s'il y a lieu, le rapport et les
conclusions du commissaire rapporteur).

3.- Le T.M.C. se réunit dans les locaux du quartier. Toutefois, si, pour des raisons
d'ordre matériel dont il est seul juge, le président ne peut réunir le tribunal dans les locaux des
affaires maritimes, il doit désigner un autre local approprié (tribunal de commerce, par
exemple)(10).

Nous ne reprendrons pas dans le présent cours le détail du déroulement de la


procédure d'audience qui est fixé par le décret du 26 novembre 1956 modifié(11) auquel il

(8) Le même procès-verbal ne peut saisir le tribunal du cas de plusieurs prévenus que dans la mesure où ils
ont commis de délits connexes ou indivisibles ; dans le cas contraire, il doit être établit autant de P.V.
de saisine que de prévenus.
(9) Le commissaire rapporteur ne dispose pas de tous les pouvoirs du magistrat instructeur ; il ne peut en
effet, même s'il estime qu'aucune infraction pénale n'a été commise, dessaisir le tribunal déjà saisi par
l'A.A.M.(27).'
(10) Tenue de cérémonie pour le président et commissaire rapporteur (A.2.8.1957 ART. 182 BO 3420).
(11) A défaut de précisions suffisantes dans le décret, il convient de se référer aux règles de procédure en
usage dans les tribunaux correctionnels(1).
- 97 -

convient de se reporter. Nous n'examinerons ci-après que quelques points parmi les plus
importants.

B.- Jugement en l'absence du prévenu -


1.- Les tribunaux maritimes commerciaux ne peuvent juger par défaut.

2.- Mais les art. 410, 411 et 487 du code de procédure pénale permettent de
prononcer en l'absence de l'intéressé, un jugement réputé contradictoire dans deux cas :

a)-lorsque le prévenu - cité pour une infraction passible d'une peine d'amende ou
d'une peine d'emprisonnement inférieure à deux années - demande lui-même que le débat ait
lieu en son absence ou y consent et que le tribunal n'estime pas nécessaire sa comparution
personnelle (marins qui ont trouvé un embarquement et voulu en profiter sans attendre la
prochaine audience du tribunal).

L'inculpé doit attester qu'il consent à être jugé contradictoirement, en son absence,
et produire par écrit ses moyens de défense et conclusions. Le tribunal appréciera s'il peut se
prononcer sur l'affaire sans entendre l'intéressé ou bien s'il doit renvoyer l'affaire à une
audience ultérieure correspondant à la date de retour de celui-ci.

b)-Lorsque le prévenu régulièrement cité en personne, ne comparaît pas, sans


justifier d'un motif légitime de non comparution.

Un motif légitime admissible serait par exemple l'indisponibilité par suite


d'accident ou de maladie constatée par un certificat médical.

C.- Exception d'incompétence -


1.- Si les faits ne relèvent pas de la compétence du TMC, le tribunal peut d'office
se déclarer incompétent et renvoyer le prévenu à l'autorité qui a saisi le T.M.C. pour telle suite
qu'il appartiendra.

2.- Si l'exception d'incompétence est soulevée par le prévenu ou le commissaire


rapporteur, elle doit être proposée avant l'audition des témoins et être jugée sur le champ (38).

D.- Le rôle du président du T.M.C.(12).

"#
quant à la publicité de l'audience

Les séances des T.M.C. sont publiques, et la porte de la salle d'audience doit
rester ouverte.
Si cette publicité paraît dangereuse pour l'ordre et les moeurs, le tribunal peut
prononcer le huis clos.

Dans tous les cas, le jugement est prononcé publiquement.


L'emploi de tout appareil d'enregistrement sonore, d'appareil de télévision, de
cinéma ou photographique est interdit (se reporter aux art. 308, 403, 535 et C. 504 et suivants
du code de procédure pénale) et le président doit veiller à l'application de cette règle.

"#
quant à la conduite des débats -

(12) L'instruction définitive est orale, publique et contradictoire.


L'instruction préparatoire est écrite, secrète et non contradictoire en droit pénal commun.
- 98 -

Le président est chargé de la conduite des débats qui ont lieu oralement (le
président pouvant toutefois autoriser exceptionnellement un témoin ou les experts à s'aider de
documents (art. 452 code de procédure pénale) et sont contradictoires (le ministère public et la
défense ayant les mêmes droits de poser des questions aux témoins).

Les débats comprennent deux parties :

$# l'instruction définitive avec l'interrogatoire du prévenu, l'audition des témoins et


des experts et s'il y a lieu les mesures d'instruction complémentaires en caspar exemple
d'insuffisance de l'instruction préparatoire ou de faits nouveaux,

$#
le réquisitoire et les plaidoieries.

"#
quant à la lecture des pièces -

Le greffier procède à la lecture du rapport de l'A.A.M. ayant saisi le tribunal, du


rapport du commissaire rapporteur et des pièces qu'il paraît nécessaire au président de porter à
la connaissance du tribunal et dont la liste a été établie si possible avec l'accord préalable du
commissaire rapporteur et de la défense.

"#
quant à la police de l'audience -

Le président a la police de l'audience. Cette disposition signifie que tout ce que le


président ordonne pour assurer la police de l'audience doit être exécuté ponctuellement et à
l'instant. Il en résulte également que les prévenus et leurs défenseurs, ainsi que les témoins, ne
peuvent prendre la parole qu'après l'avoir reçue du président. Les personnes qui composent le
public ne peuvent jamais prendre la parole.

"#
quant à son pouvoir discrétionnaire -

Le président du T.M.C. est investi d'un pouvoir discrétionnaire pour la direction


des débats et la découverte de la vérité et il peut utiliser ce pouvoir sans consulter les autres
membres du tribunal.

Il peut à ce titre, dans le cours des débats, faire apporter toute pièce utile à la
manifestation de la vérité, et appeler toute personne non régulièrement citée dont l'audition lui
paraît nécessaire (décret du 26 novembre 1956 et Art. 310 du code de procédure pénale).

Cette liste n'est pas limitative mais l'énumération des actes relevant du pouvoir
discrétionnaire du président ne peut être donnée en raison de la variété des circonstances qui
peuvent justifier l'exercice de ce droit.

Le président de la cour d'assises étant le seul magistrat de juridiction de droit


commun auquel un pouvoir discrétionnaire est reconnu, on peut par analogie admettre que les
pouvoirs reconnus par la jurisprudence à ce magistrat peuvent être exercés par le président du
T.M.C. : donner lecture de dépositions recueillies à l'instruction, ordonner une expertise, etc...

Mais pouvoir discrétionnaire ne signifie pas pouvoir arbitraire et le président ne


peut s'en prévaloir pour porter atteinte à la liberté et aux droits de la défense.

Ce pouvoir discrétionnaire commence et finit avec les débats ; il ne peut être


utilisé que pour des mesures relatives à l'instruction d'audience et il y aurait nullité si le
président en usait avant l'audience.

En principe, les preuves fournies par application du pouvoir discrétionnaire ne


valent que comme simples renseignements mais cette règle est sans portée pratique puisque le
système français de preuve repose sur l'intime conviction.
- 99 -

E.- Le rôle du commissaire rapporteur à l'audience :

1.- Lorsqu'il y a "infraction nautique", le commissaire rapporteur tient le rôle du


ministère public.

Les réquisitions verbales qu'il présentera après l'audition des témoins, peuvent,
suivant l'évolution de l'affaire consécutive aux débats, différer des conclusions écrites
adressées en même temps que son rapport au Président du tribunal avant l'audience.

2.- Lorsqu'il ne s'agit pas d'infraction nautique, personne ne soutient l'accusation


devant le tribunal ; seul le dossier d'enquête sert de support à l'accusation ; il est lu par le
greffier à la demande du président.

1.6. Le jugement -
Le jugement est "fait, clos et jugé sans désemparer", les débats étant clos, le
tribunal délibère hors de la présence du public et juge sans désemparer c'est-à-dire qu'il ne
peut se séparer depuis la clôture des débats jusqu'à la lecture du jugement en audience
publique.(13) (14). (Pas de possibilité de mise en délibéré).

"# Le jugement doit se prononcer sur chacune des inculpations relevées contre
chaque accusé, toute question ou réponse entâchée d'un "vice de complexité" pouvant
constituer un motif de cassation (38) (39) (43) (15).

"#Il faut souligner que le T.M.C. peut, si le fait répréhensible lui paraît rentrer
dans la catégorie des fautes de discipline, infliger l'une des sanctions disciplinaires pour faute
grave prévue par le décret du 7 novembre 1960.

"#
Imputation de la détention provisoire sur la durée de la peine.

"# En cas de condamnation à l'emprisonnement, la durée de la détention provisoire


est déduite de la durée de la peine, à moins que le tribunal n'ordonne par décision spéciale et
motivée que cette déduction ne soit pas effectée ou ne soit effectuée que pour partie (16).

"#
Règle de non cumul des peines.

Au cas où plusieurs infractions, non séparées l'une de l'autre par une


condamnation définitive, ont été commises par une même personne et sont poursuivies
simultanément, chaque infraction donne lieu à une décision du tribunal quant à la culpabilité
ou à la non culpabilité du prévenu.

Mais l'application de la règle de non cumul des peines (art.5c. pén.) fait que seule
la peine la plus forte est prononcée.

"# Contrainte par corps - Pour le cas où la condamnation à l'amende serait


inexécutée, le T.M.C. prononce la durée de la contrainte par corps (art. 749 et suivants
C.proc.pénale).

(13) L'usage est que les membres du TMC, le commissaire rapporteur, le greffier et le public se lèvent pour cette lecture.
(14) Le jugement est rédigé en 4 exemplaires (une minute et 3 expéditions), la minute est signée sans désemparer par le président, les
juges et le greffier (art. 32 décret 26.11.56).
(15) Des modèles d'imprimés de rédaction du jugement figurent en annexe à la CM 3.12.1956 modifiée B Méth. 12 p.260.5.
(16) Est réputée détention provisoire, privation de liberté ordonnée par le capitaine du navire dans le cadre des pouvoirs qui lui sont
attribuée pour l'accomplissement de l'enquête préliminaire à bord ou par l'AAM lorsque ce dernier fait assurer le
rapatriement du prévenu dans un port français (art. 4, 28 et 30 de la loi de 1926).
- 100 -

1.7. Le pourvoi en cassation


1. Le jugement du T.M.C. n'est pas susceptible d'appel.

2. Il peut, par contre, faire l'objet d'un pourvoi en cassation pour violation ou
fausse application de la loi (art.567 et suivants C. procédure pénale).

Le pourvoi a un effet suspensif.


Il doit être formé dans un délai de cinq jours après celui où la décision attaquée a
été prononcée.

Le pourvoi est formé par une déclaration reçue par le greffier du T.M.C.

La procédure à suivre est indiquée à l'art. 619 de l'instruction du 12.12.1972.

Le Ministre chargé de la Marine Marchande peut également former un pourvoi en


cassation, dans l'intérêt de la loi, contre le jugement d'un T.M.C..

1.8. Exécution du jugement


1.- S'il n'y a pas pourvoi devant la cour de cassation, le jugement est mis à
exécution dans les 24 heures après l'expiration du délai fixé pour le pourvoi.

Le Président écrit alors au bas du jugement "soit exécuté selon la forme et teneur",
et il prend les mesures nécessaires pour en assurer l'exécution.

2.- A partir de la minute du jugement, qui a déjà été signée aussitôt le prononcé du
jugement par le président, le juge et le greffier, il est dressé trois expéditions.

Ces expéditions du jugement sont adressées :

%#l'une au Ministre chargé de la Marine Marchande, pour information (28),

%#l'autre, au Procureur Général de la Cour d'Appel intéressée, pour information,

%#la troisième, au Procureur de la République du lieu, à qui il appartient de faire


incarcérer le condamné, en cas de condamnation à l'emprisonnement.

3.- Des extraits du jugement sont adressés :

%#au Trésorier Payeur Général pour mise en recouvrement de l'amende, si une


telle peine a été prononcée,

%#au quartier de rattachement du condamné lorsque celui-ci est un marin pour


mention à sa fiche matriculaire.

4.- Une fiche, d'un modèle déterminé, est adressée :

• au Procureur de la République du lieu de naissance du condamné pour servir de


bulletin n 1 du casier judiciaire.

5.- Des copies partielles du jugement comportant l'exposé des faits, les motifs et le
dispositif sont adressées par le président du T.M.C. à tous les DRAM, qui en assurent alors la
diffusion autant que de besoin dans leur circonscription en vue d'assurer une certaine unité de
jurisprudence.
- 101 -

6.- Enfin, le moment venu, le greffier mentionne au bas du jugement si la sentence


a ou non reçu exécution.

1.9. L'action civile et l'autorité de la chose jugée

A - Incompétence du tribunal maritime commercial sur l'action civile -


Les tribunaux maritimes commerciaux ne peuvent connaître de l'action civile qui
doit être portée devant le tribunal compétent (tribunal de grande instance, tribunal de
commerce ou tribunal administratif).

Les dossiers d'enquête, le compte-rendu des débats devant le T.M.C., les rapports
préalables, les dossiers des conseils de discipline doivent être remis dans leur intégralité aux
présidents des tribunaux compétents pour l'action civile lorsque ceux-ci demande à en prendre
connaissance.

Ils ne doivent en aucun cas être communiqués à des particuliers qu'il s'agisse des
parties intéressées,(17) de leurs avocats ou des arbitres désignés par accord amiable.

Par contre, la délivrance d'une expédition des jugements des T.M.C. ne peut être
refusée aux tiers, quels qu'ils soient, qui en font la demande : il s'agit là de l'application pure
et simple d'une règle de droit commun (art. R.156 du code de la procédure pénale).

B.- Le criminel tient le civil en état (art. 4 du code de procédure pénale)


1.- La juridiction statuant au civil ne peut se prononcer, lorsqu'une action publique
est ouverte, tant que cette action n'a pas fait l'objet soit d'un non-lieu soit d'un jugement
définitif au pénal.

Ceci montre l'importance de la décision d'ouverture d'enquête nautique.

Bien que le problème se pose surtout en matière d'infractions nautiques, la règle


serait également applicable pour toutes les autres infractions ayant eu pour conséquences des
dommages civils.

2.- De même, lorsqu'un même fait peut motiver l'ouverture à la fois de poursuites
pénales et de poursuites disiciplinaires, la décision disciplinaire ne doit intervenir en principe
qu'une fois connue la sentence pénale définitive.

Il faut cependant souligner que le décret du 7.11.1960 permet une décision


provisoire de suspension de certains droits et prérogatives afférentes au brevet dès que les
faits répréhensibles paraissent suffisamment démontrés sans qu'il soit besoin d'attendre le
jugement.

C.- L'autorité de la chose jugée au pénal (44) -


1) - Principes :

a)- La doctrine et la jurisprudence consacrent aujourd'hui le principe sui vant


lequel la chose jugée de façon définitive par un tribunal pénal possède une autorité absolue sur
le jugement de l'action civile.

Le tribunal statuant au civil ne peut méconnaître la décision de la juridiction


pénale :

(17) même si les deux parties en cause se mettaient d'accord pour demander communication du dossier avant de décider de recourir
aux tribunaux.
- 102 -

$#
quant à l'existence du fait incriminé,

$#
quant à sa qualification,

$#
quant à la culpabilité ou à l'innocence de celui à qui ce fait est imputé.

b)- L'autorité de la chose jugée s'attache seulement aux "constatations certaines et


nécessaires" faites par le juge pénal mais non aux constatations ou aux motifs surabondants.

c)- Le principe s'applique à toutes les décisions des juridictions pénales de droit
commun et à celles des tribunaux pénaux d'exception y compris le T.M.C., bien qu'il ait pu
être contesté dans le passé en ce qui concerne ces derniers.

d)- Ce principe s'impose non seulement en matière civile mais également en


matière disciplinaire. Mais il ne s'applique jamais aux décisions de non lieu des juridictions
d'instruction.

2)- Difficultés d'application :

a)- En cas de condamnation -


Il n'a pas de difficultés majeures si le juge pénal a précisé de façon non ambigüe
les faits constitutifs de l'infraction, la participation du prévenu à ces faits, leur qualification
juridique et la déclaration de culpabilité.

Le problème de l'indemnisation des parties lésées est résolu par le juge civil d'une
part sur la base des faits et responsabilités retenus au pénal et d'autre part sur la relation de
cause à effet entre les faits et les dommages subis.

b)- En cas d'acquittement -

1.- Un acquittement pénal qui entraînerait la non indemnisation de la victime alors


que l'on ne peut nier le préjudice subi pose un problème dif ficile aux magistrats.

Ceux-ci tendent à faire une interprétation restrictive du principe de l'autorité de la


chose jugée au pénal.

2.- Il convient de bien cerner le problème de la définition de l'infraction pénale


reprochée au prévenu.

Ainsi, le capitaine, à qui on reproche une négligence ayant provoqué une avarie du
navire ou de la cargaison, peut être acquitté si cette avarie n'est pas une "avarie grave" (art. 81
CDPMM) ; mais, dans ce cas, le juge au civil peut, par application des simples règles de
responsabilité civile(18), indemniser la victime.

De même, l'autorité disciplinaire peut estimer que cette négligence constitue une
"faute professionnelle" justifiant une sanction disciplinaire.

De même, le capitaine d'un navire acquitté par le T.M.C. du fait de "négligence",


peut être reconnu par le juge civil responsable de l'abordage pour avoir commis une faute

(18) Art. 1382 C.Civ : "tout fairt quelconque de l'homme qui cause à autrui un dommage oblige celui par la faute duquel il est
arrivé à le réparer". Art. 1383 C.Civ : "chacun est responsable du dommage qu'il a causé non seulement pour son fait mais encore
par sa négligence ou son imprudence". Art. 1384 AL.1 C.Civ : "on est responsable non seulement du dommage que l'on cause par
son propre fait mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre ou des choses que l'on a sous sa
garde".
- 103 -

d'inattention, de maladresse ou d'imprudence, et son armateur condamné à réparer les avaries


de l'autre navire (Cour d'Appel de Rennes 5.02.68 DMF 71 p. 82).

3.- Par ailleurs, la cour de cassation a consacré le principe de l'unité des fautes
civiles et pénales.

Ainsi, en cas d'acquittement pour absence de faute pénale d'imprudence (art.319


et 320 C.Pénal.), le juge civil ne peut accorder une réparation fondée sur les articles 1382 et
1383 du code civil (dommage pour faute, négligence ou imprudence).
Mais il lui est possible de fonder sa condamnation à réparation civile sur l'article
1384.1 c.Civ. (responsabilité du fait des personnes dont on doit répondre ou responsabilité du
fait des choses dont on a la garde) ; l'action exercée en application de ce texte ne repose pas
sur la faute pénale mais sur une présomption de responsabilité qui ne peut être détruite que par
la preuve de la force majeure ou de la cause étrangère.

2. Tribunaux répressifs de droit commun :


A.- Pour les délits dont la connaissance appartient aux juridictions de droit
commun, les règles de droit commun sont automatiquement applicables du point de vue de
l'instruction, des voies de recours, de la prescription, etc...

B.- Toutefois, un certain nombre de dispositions particulières sont en vi gueur


pour l'application de la loi du 17.12.1986 sur le régime pénal de la Marine Marchande :

1.- Audition de l'A.A.M. par le tribunal -


L'A.A.M. doit, s'il le demande, être entendu par le tribunal. Il est entendu en
qualité de témoin et doit prêter serment.

2.- Procédure des flagrants délits -


L'obligation, pour le Procureur, de prendre l'avis ou les conclusions de l'A.A.M.,
s'oppose à l'application de la procédure des flagrants délits, même avec l'acceptation du
prévenu.

3.- Exécution administrative des jugements (36) -


a)- Toute condamnation pour crime ou délit maritime donne lieu à l'établissement
d'un extrait de jugement ou de l'arrêt, qui est adressé à l'administrateur du quartier de
rattachement du condamné. Les greffiers ont droit à des émoluments pour ces extraits ; ces
frais restent à la charge de l'administration de la Marine Marchande.

b)- La suite donnée par les tribunaux aux affaires qui leur sont soumises par
l'intermédiaire des administrateurs est apostillée par ceux-ci au livre de punitions du quartier
et à l'article matriculaire des marins condamnés.

4.- Action civile -

a)- L'action civile n'est pas recevable devant le T.M.C.(art. 92 CDPMM).


b)- Elle est recevable devant les juridictions de droit commun (art. 37 al. 1
CDPMM). Le code de procédure pénale(19) admet la constitution de partie civile soit devant

(19) Code de procédure pénale


art. 2 - l'action civile en réparation du dommage causé par un crime, un délit ou une contravention appartient à tous ceux qui ont
personnellement souffert du dommage directement cause par l'infraction.
art. 3 - l'action civile peut être exercée en même temps que l'action publique et devant la même juridiction.
art. 4 - l'action civile peut être aussi exercée séparément de l'action publique.
- 104 -

les juridictions d'instruction (art. 85 C.proc.pén.) soit directement devant les juridictions de
jugement (art. 418 C.proc.pén.).

c)- pas dérogation à l'art. 418 C.proc.pén., la partie lésée ne peut donner citation
directement au prévenu devant le tribunal correctionnel pour des délits prévus par la loi du 17
décembre 1926, mais doit saisir obligatoirement le juge d'instruction.
On a craint l'avis des citations qui pourraient avoir pour effet à la veille d'un
embarquement de retenir à terre un marin en l'assignant directement devant le tribunal
correctionnel où la présence personnelle est requise.

3. Dispositions communes aux TMC et aux tribunaux de droit commun :


1.- Citation et significations (art. 25 al.2 CDPMM) -

a)- les citations sont faites et remises sans frais, par les syndics, gardes maritimes,
gardes pêches et gendarmes maritimes.

b)- les jugements sont signifiés par simple extrait contenant le nom des parties et
le dispositif du jugement.

2.- Exécution des peines -

a)- emprisonnement :

L'exécution des peines d'emprisonnement incombe au Procureur de la République


du lieu de la situation du tribunal ou du port de rapratriement du condamné, l'administration
pénitentiaire s'efforçant d'éviter aux marins prévenus d'infractions maritimes une promiscuité
dangereuse ou dégradante.

Les frais d'incarcération (y compris le transport du condamné du lieu de jugement


au lieu d'incarcération) sont supportés par le budget de la justice.

b)- Amende :

Le recouvrement des peines d'amende est poursuivi au vu d'un extrait du jugement


par les comptables du trésor public sans intervention des AAM.

3.- Prescription -

Les délais de prescription de l'action publique, de l'exécution de la peine et de


l'action civile, sont ceux du droit commun(20); mais ces délais ne commencent à courir qu'à
partir du jour où, après la faute commise, le navire a touché un port de France.

4.- Complicité -

a)- Certains cas de complicité font l'objet d'une incrimination spéciale par la loi du
17.12.1926 (par ex. art. 45, 74, 87 bis).
b)- Hors ces cas, la complicité (qui peut être relevée en toute matière sauf
disposition contraire d'un texte spécial) peut faire l'objet d'une inculpation fondée sur les art.
59 et suivants du code pénal mais le complice ne pourra le plus souvent être renvoyé que

toutefois, il est sursis au jugement de cette action exercée devant la juridiction civile tant qu'il n'a pas été prononcé définitivement
sur l'action publique lorsque celle-ci a été mise en mouvement.
(20) règles générales en matière de prescription -
- action publique : crime 10 ans, délits : 3 ans contraventions : 1 an,
- action civile fondée sur l'infraction : crimes : 10 ans, délits : 3 ans, contraventions : 1 an,
- exécution de la peine : crimes 20 ans, délits : 5 ans, contraventions : 2 ans.
- 105 -

devant un tribunal de droit commun (il pourra donc y avoir infraction connexe motivant un
règlement de juges en cas de conflits de juridiction).

5.- Sursis (art. 734 et suivants CPP) -

a)- Le sursis peut être accordé, pour tout ou partie d'une condamnation prononcée
en application de la loi du 17.12.1926, lorsque le prévenu n'a pas auparavant été condamné,
pour crime ou délit de droit commun, soit à une peine criminelle soit à une peine
d'emprisonnement supérieure à 2 mois.
- 106 -

b)- Si dans un délai de 5 ans à compter de la condamnation assortie du sursis,


l'intéressé n'est pas de nouveau condamné, pour crime ou délit de droit commun, soit à une
peine criminelle soit à une peine d'emprisonnement sans sursis supérieure à 2 mois, la
première condamnation n'est pas exécutée et est en outre considérée comme non avenue.

Dans le cas contraire, cette première condamnation est exécutée sans qu'elle puisse
se confondre avec la seconde(21).

Ainsi, une condamnation pour infraction à la loi de 1926 ne fait jamais perdre le
bénéfice du sursis accordé à une condamnation antérieure, que cette dernière ait été prononcée
pour une infraction de droit commun ou pour une infraction à la loi de 1926.

6.- Circonstances atténuantes -

Les dispositions de l'article 463 du code pénal sont applicables.

7.- Jugement définitif à l'étranger -


Aucune poursuite ne peut être exercée, en application de la loi du 17.12.1926,
lorsque la personne inculpée a été jugée définitivement à l'étranger, pour le même fait, sous
réserve, en cas de condamnation, qu'elle ait subi ou prescrit sa peine ou obtenu sa grâce.

TITRE 6: DISPOSITIONS COMMUNES AUX REGIMES DISCIPLINAIRE


ET PENAL :

1 - L'amnistie (24) (31) (37) (55) (56)


1.- Les lois d'amnistie ont un champ d'application plus ou moins vaste selon la
volonté du législateur.
Elles sont normalement applicables non seulement aux condamnations infligées
par les tribunaux répressifs de droit commun ou aux pour suites relevant de ces tribunaux,
mais aussi aux infractions ayant fait l'objet de condamnations prononcées par les T.M.C. aux
sanctions disciplinaires infligées en application du décret du 7.11.1960 ou, avant poursuites,
aux incriminations du régime disciplinaire et pénal de la Marine Marchande(22).
2.- Habituellement, interdiction est faite à tout magistrat ou fonctionnaire de
l'ordre administratif - à peine de sanctions disciplinaires pouvant aller jusqu'à la révocation ou
la destitution - de poursuivre des faits amnistiés, de rappeler ou de laisser subsister, sous
quelque forme que ce soit, dans un dossier judiciaire ou administratif ou dans n'importe quel
document, mention ou trace des condamnations, des peines disciplinaires ou des déchéances
effacées par l'amnistie.

Ces dispositions sont naturellement applicables à l'administration des affaires


maritimes.

(21) lorsque le bénéfice du sursis n'a été accordé que pour une partie de la peine, la condamnation est considérée comme non avenue
dans tous ses éléments mais l'amende ou la partie de l'amende non assortie du sursis reste due.
(22) La loi du 16.07.1974 a exclu en son article 10, du bénéfice de l'amnistie les faits ayant mis en danger la sécurité des personnes ;
voir commentaires de cette disposition à la C.M. 18.09.1974.
- 107 -

Elles imposent notamment de rayer jusqu'à les rendre illisibles les mentions de
l'espèce portées sur les fiches matriculaires, bien que ces fiches présentent un caractère
confidentiel et qu'elles ne puissent sortir (si ce n'est sous forme de photocopie) des bureaux du
quartier d'immatriculation.

3.- En revanche, en principe, les lois d'amnistie n'entraînent pas de conséquences


civiles rétroactives et ne permettent même pas à un breveté déchu des prérogatives de son
brevet de demander à son employeur de la réintégrer dans son emploi antérieur.

2 - Frais de justice (14) (18) (19) Décret du 22.01.1965 modifié le 09.02.1968


1.- Rémunération des concours -

Les concours prêtés à l'administration pour l' application du régime disciplinaire et


pénal de la Marine Marchande peuvent être rémunérés.

Les concours ainsi visés sont ceux des témoins cités par les AM enquêteurs, les
présidents de T.M.C. et les commissaires rapporteurs près ces tribunaux, des témoins
convoqués parles présidents et par les rapporteurs des conseils de discipline, des juges non
fonctionnaires et des greffiers des T.M.C., des membres non fonctionnaires des conseils de
discipline, des assistants techniques, des interprêtes-traducteurs, des experts.

2.- Indemnisation des témoins -

Les témoins appelés à déposer devant les tribunaux maritimes commerciaux,


devant les conseils de discipline ou devant les administrateurs enquêteurs, peuvent recevoir
une indemnité de comparution, des frais de voyage et une indemnité de séjour forcé.

Ces indemnités sont supportées par le budget de la marine marchande pour les
témoins cités d'office et par la personne qui a sollicité le témoignage si la citation émane du
prévenu.

Les témoins qui reçoivent un traitement public n'ont pas droit à l'indemnité de
comparution, sauf s'ils sont tenus de se faire remplacer à leurs frais ou s'ils appartiennent aux
corps de gardes-champêtres, gardes-pêches, facteurs des postes ou gendarmes.

Les militaires n'ont droit à aucune taxe, ni indemnité, sur le budget de la marine
marchande, sauf s'ils ont été rappelés de permission ou de congé.

3.- Indemnisation des assistants techniques -

Les assistants techniques, non fonctionnaires, peuvent recevoir s'ils le requièrent


des vacations et éventuellement des indemnités de voyage.

4.- Indemnisation des juges non fonctionnaires du TMC et des membres non
fonctionnaires des conseils de discipline -

Ce concours peut être rémunéré par une vacation par demi-journée d'enquête et
par des indemnités de voyage.

5.- Indemnisation des interprètes-traducteurs -

Les traducteurs sont payés par cent mots français.

Les séances d'interprétation sont rémunérées en fonction de leur durée.

6.- Indemnisation des experts -


- 108 -

Les honoraires sont fixés sur demande de l'expert, avant le début de l'expertise, par
l'administration (par le Ministre si la demande est supérieure à 500 F).

A ces honoraires, peuvent s'ajouter des indemnités kilométriques et des indemnités


journalières de déplacement, ainsi que le remboursement des débours.

7.- Rémunération des greffiers (29) -

Les seuls travaux des greffiers qui soient rémunérés sont les expéditions délivrées
aux particuliers.

D'une manière générale, ces indemnités ne sont versées aux intéressés que "s'ils le
requièrent".

Ces indemnités sont mandatées dans les mêmes conditions que les frais de
déplacement des personnels administratifs de la marine marchande, au vu d'"états taxés" par
l'A.A.M. enquêteur, le président du T.M.C. ou le président du conseil de discipline.

3 - Le régime des T.O.M.


1.- Principes généraux -

En vertu du principe de la spécialité de la législation, les lois, décrets et arrêtés,


publiés au J.O.R.F., ne sont applicables dans les T.O.M. qu'aux conditions suivantes :

$#
mention d'application aux T.O.M. figurant dans le corps du texte (ou à défaut
procédure d'extension décidée par un texte de même nature que le texte qu'on se propose
d'étendre) ;

$#
contreseing du ministre chargé des T.O.M. ;

$# promulgation par arrêté du représentant local du gouvernement et publication


au J.O. territorial. Aucun texte n'impartit de délai pour effectuer cette promulgation.

A défaut de publication du texte modificatif d'un texte original ce dernier continue


à subsister dans sa teneur primitive.

2.- Applications -

a)- La loi du 17.12.1926, portant C.D.P.M.M., a été étendue aux T.O.M. par
décret du 17.10.1929 publié dans tous les T.O.M. Les modifications postérieures de ce texte,
à l'exception du Décret Loi du 20.01.1940, n'ont pas été étendues aux T.O.M.

b)- Le décret du 19.03.1927 sur les enquêtes nautiques a été étendu aux T.O.M.
par décret du 30.04.1931. Mais le texte du 19.03.1927 a été remplacé en métropole par le
décret n° 63.691 du 24 août 1963 applicable dans les T.O.M.
Ce dernier texte a été publié en Nouvelle Calédonie.

c)- Le décret du 7.11.1960 sur la discipline à bord n'est pas applicable dans les
T.O.M. Il faut donc se reporter aux dispositions disciplinaires contenues dans la loi du
17.12.1926 qui autorisent notamment le "débarquement disciplinaire".

d)- En conclusion, il n'est pas possible de préciser les modalités exactes


d'application du régime disciplinaire et pénal de la marine marchande dans les T.O.M. sans
avoir connaissance de la règlementation édictée localement en la matière.
- 109 -

TITRE 7: REGIME APPLICABLE AUX MILITAIRES


ET AFFECTES DE DEFENSE A BORD DES NAVIRES DE COMMERCE :

1 - Régime du temps de paix (décret du 23 août 1930) - BM. 916 (CM du 24


août 1939) BO 131

Le militaire embarqué à bord d'un navire de commerce- et ce ne peut être qu'en


qualité de passager - est soumis, de par sa seule présence à bord, au régime disciplinaire et
pénal de la marine marchande tout en restant soumis à son statut disciplinaire propre.

Cette double subordination entraîne un régime particulier qui est défini par la loi
de 1926 et des textes d'application.

Ce régime faisant une place particulière au commandant des troupes passagères,


nous examinerons en premier lieu les conditions dans lesquelles ce commandement est exercé.

A- Le commandement des troupes passagères à bord -


Il y a "troupes passagères" lorsque sont embarquées à bord des navires de
commerce, un ou plusieurs détachements avec leurs cadres.

Le commandement des troupes de toutes armes passagères à bord d'un navire de


commerce, est toujours exercé par l'officier, le sous-officier ou l'homme de troupe le plus
élevé en grade, et appartenant aux armes combattantes.

Ce militaire prend le titre de commandant d'armes des troupes.

Le commandant de la base militaire d'embarquement ou de l'organisme qui en


tient lieu remet à l'officier ainsi désigné les consignes et documents relatifs à
l'accomplissement de sa mission.

Le commandant d'armes des troupes du bord garde ce titre et les fonctions y


afférentes jusqu'au moment où embarque un militaire plus ancien ou d'un grade plus élevé ; au
quel cas il doit lui transmettre les fonctions de commandement.

Toutefois, sur certains navires à affectation de transport de troupes, un


commandant d'armes permanent, assisté d'un état-major, peut être nommément désigné au
préalable par le commandement ; dans ce cas, le commandant d'armes permanent est
commandant d'armes de droit.

Pour tout ce qui concerne la police, la discipline et les mesures d'ordre, le


commandant d'armes a autorité sur tous les militaires passagers de tous grades et de toutes
armes, y compris ceux qui ne font pas partie des détachements embarqués, exception faite
cependant des militaires non combattants qui seraient d'un grade plus élevé que lui.

Le commandant d'armes doit, dans toute la mesure du possible, disposer à bord


d'un local convenablement aménagé, qui sera utilisé comme salle de service.

B - Statut disciplinaire des militaires passagers -

"#Les militaires restent soumis aux règles de discipline militaire et relèvent, de ce


point de vue, de l'autorité du commandant d'armes qui détient des pouvoirs disciplinaires
identiques à ceux dont disposent les commandants de bâtiments militaires (avertissement,
arrêts, consignes, etc...).
- 110 -

Les punitions ne peuvent toutefois être exécutées qu'avec l'autori sation du


capitaine.

"# D'autre part, toute faute de discipline prévue par le décret du 7.11.1960 et
commise par un militaire embarqué à quelque titre que ce soit sur un navire de commerce est
réprimée soit d'office, soit à la demande du capitaine, par le commandant d'armes qui inflige
les punitions prévues par les règlements militaires.

Le commandant d'armes rend compte au capitaine du navire de la sanction


infligée ; les punitions ne peuvent être exécutées qu'avec l'autorisation du capitaine.

"# S'il ne se trouve pas à bord d'officier commandant d'armes, ces mêmes fautes
sont réprimées par le capitaine s'il s'agit de fautes légères. S'il s'agit au contraire de fautes
graves, le dossier constitué par le capitaine est transmis par l'A.A.M. à l'autorité militaire du
port de débarquement des intéressés qui statue conformément aux règlements militaires.

C - Statut pénal des militaires passagers -


Le capitaine est compétent pour la recherche et la constatation des délits et crimes
prévus par la loi du 17.12.1926 commis par des militaires embarqués.

Toutefois, s'il y a à bord un officier possédant, en vertu du code de justice


militaire, la qualité d'officier de police judiciaire, c'est à cet officier qu'il appartient de
procéder à l'enquête préliminaire et de prononcer s'il y a lieu la sanction, en accord avec le
capitaine, qui, le cas échéant, complète la procédure.

Le dossier d'enquête est remis à l'A.A.M. du premier port d'escale du bâtiment.


L'A.A.M. complète s'il y a lieu l'enquête, puis adresse le dos sier à l'autorité judiciaire
compétente en vertu du code de justice militaire et met le prévenu à la disposition de celle-ci.

Cette transmission du dossier s'effectue dans les conditions et réserves fixées par
l'art.36 de la loi de 1926 :

les poursuites judiciaires ne pouvant être engagées qu'au vu des conclusions de


l'A.A.M. ou que sur son avis conforme (suivant la nature du délit).

Si le prévenu doit être maintenu à bord du navire, c'est à l'A.A.M. de prononcer


s'il sera laissé en liberté provisoire ou au contraire incarcéré.

2 - Régime du temps de guerre

A - Régime disciplinaire et pénal des troupes passagères et équipes d'AMBC.


Les militaires présents à bord, que ce soit à titre de passagers ou en tant que
membres de l'équipe militaire embarquée au titre de l'armement militaire des bâtiments de
commerce (AMBC) sont soumis à bord au même régime qu'en temps de paix.

B - Affectés de défense -
Les affectés de défense relèvent de la juridiction militaire pour les infractions
prévues par les articles 383 à 476 du code de justice militaire (art. 39 de l'ordonnance du
7.1.1959 modifiée portant organisation générale de la défense) et par les articles 7 à 11 de la
loi du 28.7.1962 modifiée relative à la procédure et aux peines applicables en cas d'infraction
à la législation sur le service de défense.

Il s'agit d'infractions totalement différentes de celles prévues par la loi du


17.12.1926 à laquelle l'affecté de défense est également soumis durant tout le temps de son
- 111 -

embarquement ; notons seulement cependant la possibilité de cumul idéal d'infractions


prévues par application simultanée des dispositions de la loi du 28.7.1962 (art. 7 à 11) et de
celles de la loi du 17.12.1926 (art. 39 et 59) relatives à la désertion, abandon de poste,
absence irrégulière et au refus d'obéissance.

Par ailleurs, l'art. 30 du décret du 23.11.1962 portant application de


l'ordonnance du 7.1.1959 prévoit que les affectés de défense sont assujettis aux règles de
discipline prévues par le "règlement intérieur de l'établissement dans lequel ils servent" ;
dans ces conditions, le régime disciplinaire du décret du 7.11.1960 leur est applicable.

Il faut noter cependant que "dans le cas de faute que l'autorité militaire reconnaît
d'une gravité particulière, les sanctions du règlement de discipline des armées peuvent être
appliquées(23) aux affectés de défense par l'autorité militaire de rattachement (ou déléguée par
elle) sur demande des "chefs de l'entreprise ou de l'établissement" ou d'office (art. 32 du
décret du 23.11.1962.

C - Requis -
Par contre, les requis, dans la mesure où il en serait encore embarqué, restent
soumis au seul régime disciplinaire et pénal de la marine marchande (sauf l'incrimination
particulière de désobéissance à réquisition prévue par la loi du 11.7.1938 modifiée).

D - Officiers auxiliaires -
Les Commandants de navires de commerce pourvus d'un armement défensif
peuvent avoir une commission d'officier auxiliaire de la marine militaire.

Cette commission a pour effet de les assujettir au code de justice militaire.

TITRE 8:APPLICATION DU CODE DE JUSTICE MILITAIRE AUX MARINS


DE LA MARINE MARCHANDE :

Les membres de l'équipage non militaires, non commissionnés et non affectés de


défense ainsi que les passagers civils des navires de commerce sont en principe assujettis dans
les conditions normales au régime disciplinaire et pénal de la marine marchande.
Toutefois, ils peuvent faire l'objet de poursuites pour l'une des incriminations
prévues par le code de justice militaire qui rendent justiciables des tribunaux des forces
armées, en temps de guerre, composés comme prévu à l'article 40 du CJM(24).
art. 409 à 412 - tout individu faisant partie de l'équipage d'un navire de commerce
convoyé coupable de désertion à l'ennemi ou en présence de l'ennemi.

art. 423 - tout individu embarqué sur un navire convoyé qui provoque la fuite, la
cessation du combat ou occasionne volontairement la prise du bâtiment à bord duquel il se
trouve.

art. 429 à 432 - tout militaire, pilote ou tout individu embarqué sur un bâtiment de
la marine militaire ou sur un navire convoyé qui provoque par négligence ou volontairement la
destruction d'un bâtiment de la marine, d'une installation quelconque à l'usage des forces
armées ou concourant à la défense nationale(25).

(23) la sanction ainsi prise peut se cumuler avec la sanction disciplinaire prévue par le "règlement intérieur de l'établissement".
(24) loi du 21 juillet 1982 et Décret du 19 novembre 1982.
(25) il n'y a donc pas de responsable pénale pour le commandant d'un bâtiment de guerre occasionnant, sans dommage pour son
navire, un accident à un navire autre que de guerre.
- 112 -

art. 471 - tout pilote d'un navire militaire ou d'un bâtiment convoyé qui abandonne
le bâtiment qu'il était chargé de conduire.

art. 474.- tout commandant d'un navire convoyé ou réquisitionné qui en temps de
guerre abandonne le convoi ou désobéit aux ordres.

art. 476.- tout capitaine d'un navire de commerce qui refuse de porter assistance à
un bâtiment de la marine militaire en détresse.

Le droit de mettre en mouvement l'action publique, pour ces infractions appartient


à l'autorité militaire (préfet maritime) l'A.A.M. ne pouvant que lui signaler les faits dont il a
connaissance.

TITRE 9 :PIRATERIE ET TRAITE DES NOIRS :

Nous rappellerons simplement pour mémoire les législations relatives à la piraterie, (loi
du 10 avril 1825) à la traite des Noirs et des esclaves (loi du 4 mars 1831), qui sont
insérées au bulletin méthodique n 12(26) (20).

REPERTOIRE CHRONOLOGIQUE :

N.B. : sauf exceptions, ne sont repris dans ce répertoire que les textes non insérés
aux B.M. Méthodiques n° 8 et 12 à la date d'édition du présent cours.

Références :

1) CM 3.12 1956 modifiée 29.9.70 procédure devant les TMC.

2) CM 13.9.1961 interprétation de l'art 81 de la loi du 17.12.1926 relative à la


négligence BM Méth 12 p 108.5

3) DM 12.12.62 connexité BM Méth 12 p. 268. 9

4) DM 12.12.62 marin refusant de se présenter devant un conseil de discipline -


mise en demeure - suite possible.

5) CM.29.5.63 - BM 266 exercice des pouvoirs disciplinaires à l'encontre des


brevetés de la marine marchande.

6) Dt du 24.8.1963 règlement d'administration publique pour l'application de


l'article 86 du code disciplinaire et pénal de la marine marchande relatif aux enquêtes sur
pertes de navires, abordages et autres accidents de mer.

7) 26.8.63 BM.447 les infractions de pêche répétées commises dans les eaux
étrangères peuvent constituer une faute grave dans l'exercice de la profession passible des
sanctions prévues par l'art. 20 du Dt du 7 nov. 1960.

8) note du 9 sept. 1963 délais d'instruction des affaires disciplinaires et pénales


des accidents de mer.

9) CM. du 10 sept. 1963 accidents de navigation concernant les navires de


plaisance pratiquant une navigation de croisière.

(26) voir les multiples définitions de la piraterie.


- 113 -

10) CM. du 20 sept. 1963 modifiée 12.5.66/6.6.67/16.12.69/16.6.70 -


règlementation des enquêtes après accidents de mer...

11) Lettre du 29 oct. 1963 au secrétaire général du syndicat des capitaines au long
cours-enquêtes après accidents de mer.

Choix des assistants techniques...

12) Note circ. du 17 déc. 1963 au sujet de l'affaire "Rosalain" "île Maurice".
Application du code disciplinaire et pénal de la marine marchande.

13) Note à Marseille 23.3.1964 - La proposition de renvoi devant le conseil de


discipline ne peut être faite qu'après enquête contradictoire.

14) Dt 1er avril 1964 modifiant le décret du 4 juin 1963 portant modalités de
paiement des droits de timbre et d'enregistrement afférents aux décisions des juridictions
répressives.

15) Note circ. 2 juillet 1964 - transmission au quartier d'immatriculation du marin


des avis de sanctions infligées par le capitaine du navire pour les fautes légères contre la
discipline.

16) CM.1er sept. 1964 - instruction des contraventions du délits autres que ceux
prévus aux articles 80 à 85 du code disciplinaire et pénal de la marine marchande et relevant
de la compétence des tribunaux maritime commerciaux.

17) DM. 8 octobre 1964 à Nantes - précisant les termes de l'art. 34 du C.D.P.

18) Décret 22 janvier 1965 - portant réglement d'administration publique sur les
frais de justice pour l'application du code disciplinaire et pénal de la marine marchande.

19) CM. 18 février 1965 - frais de justice pour l'application du code disciplinaire
et pénal de la marine marchande.

20) Dt du 15 juin 1965 - Publication de la convention supplémentaire relative à


l'abolition de l'esclavage, de la traite des esclaves et des institutions et pratiques analogues à
l'esclavage, du 7 septembre 1956 - article 3 et extrait de l'article 4 de la convention
supplémentaire.

21) A.10 mars 1966 - cassation (chambre criminelle) arrêt concernant un jugement
du tribunal maritime commercial de la Rochelle en date du 30 avril 1965 (affaire du navire de
plaisance "Esquirol II").

22) CM.22 avril 1966 - affaire du navire de plaisance "Esquirol II".

23) DM. 22 avril 1966 à Bordeaux - dans la mesure du possible faire figurer une
personne pratiquant la navigation de plaisance au nombre des juges du T.M.C. lorsqu'il s'agit
des juges des plaisanciers.

24) Loi du 18.6.66 et CM 7.66 Amnistie.

25) DM (Au Havre) n° 3534 GM/2 du 29 juillet 66 en cas d'accident survenant à


un aéroglisseur procéder à enquête nautique.

26) Loi 26.12.1966 - délit de fuite en cas d'accident occasionné par la navigation.

27) DM 17 mars 1967 - Au Havre - conduite de l'instruction par l'administrateur-


enquêteur et le commissaire rapporteur.
- 114 -

28) Note 5 juin 1967 - transmission au département des jugements rendus par les
tribunaux maritimes commerciaux.

29) Dt 12 oct. 1967 fixant les redevances des greffes des juridictions civiles et
pénales perçues au profit du trésor public.

30) Instruction marine du 25 mars 1968 - BO 270 - intervention de la Gendarmerie


Maritime pour l'application des mesures de défense contre l'alcoolisme.

31) Dt 9 fév. 1968 portant modification du Dt du 22 janvier 1965 portant


réglement d'administration publique sur les frais de justice pour l'application du code
disciplinaire et pénal de la marine marchande.

32) Note 12 avril 1968 - composition du tribunal maritime commercial. Cas des
pilotes.

33) Note 5 déc. 1968 - livres de punitions tenus par les quartiers. Portant
modifications de la C.M. du 23 janvier 1961.

34) Loi du 30.12.1968 sur l'exploration du plateau continental et l'exploitation de


ses ressorces naturelles

35) Dt 30 mai 1969 - relatif à certaines mesures de déconcentration dans le


domaine de la marine marchande (voir également CM du 1.7.1969).

36) CM 20 juin 1969 - répression des délits de pêche maritime.

37) Loi 30.6.69 - amnistie (voir également CM 7.8.69).

38) A. 10 juillet 1969 cour de cassation (chambre criminelle) cassant un jugement


du tribunal maritime commercial de Marseille. Exception d'incompétence. Moment de la
soulever. Composition du tribunal. Capitaine non breveté. Réponse aux questions posées

39) Note 29 septembre 1969 - procédure devant les tribunaux maritimes


commerciaux

40) CM 18.3.70 - accident survenu à bord du Lady Catherina navire ravitailleur de


plateforme de forage.

41) DM 24.3.70 - abordage et échouement du chalutier Orage dans les eaux


espagnoles.

42) Dt 19.6.70 délivrance gratuite des B2 (art R 86 code de procédure pénale).

43) CM 19.1.71 - rédaction des jugements des T.M.C.

44) Documentation sur l'application de l'autorité de la chose jugée aux jugements


des TMC
DMF 1961 p. 270
DMF 1963 p. 299 et les références citées dans l'article inséré à cette page.
DMF 1971 p. 73 d
DMF 1974 p. 72 d

45) DM 21.4.1971 - enquête nautique consultations des autorités portuaires à titre


de témoin.
- 115 -

46) DT 71.360 du 6 mai 1971 a/s application de la loi du 30.12.1968 relative à


l'exploration du plateau continental et l'exploitation de ses ressources naturelles.

47) Dt 71.361 du 6 mai 1971 d.

48) Note n° 1822 GM/2 du 17 mai 1971 - composition du TMC lorsque le


prévenu est un plaisancier

49) Note 1574 GM/2 du 9 mai 1972 - Suites à donner aux enquêtes nautiques
effectuées après événements de la mer survenus à des navires étrangers dans nos eaux
territoriales.

50) Lettre circulaire 28/2 P 4/GM2 du 14 septembre 1971 refus d'obtempérer aux
ordres donnés par les commandants des unités chargées de la surveillance des pêches - PM
p.768.

51) DM. 3637 CM 2 à DAM LE HAVRE du 19 octobre 1971 - juges du tribunal


maritime commercial.

52 DM. 4067 GM2 à DAM LE HAVRE du 10 novembre 1971 - dépôt de plaintes


à la suite de grèves dans les ports étrangers.

53 NC. 1574 GM/2 DU 9 mai 1972 - suite à donner aux enquêtes nautiques
effectuées après événements de mer survenus à des navires étrangers dans nos eaux
territoriales BM 1973 p. 60

54 CM 4441 GM/2 du 12 décembre 1972 transmettant l'instruction pour


l'application du régime pénal de la marine marchande

55 Loi n 74.643 du 16 juillet 1974 portant amnistie JORF 17 juillet 1974 - p.


7443.

56 CM n 34 du 18 septembre 1974, comentaires sur la loi précédente.

57 CM n 8 du 17 février 1975 - président du TMC

58 CM. 2604 GM/2 du 12 juin 1975 - majoration du taux des amendes pénales
pour contraventions BOMM 921.

59 Note 2651 GM/2 du 16 juin 1975 - avis des DAM sur le retrait des prérogatives
attachées aux brevets et diplômes BOMM 925

60 CM n 2604 GM.2. du 12 juin 1975 (BOMA - vol. GMd) relative au taux des
amendes pénales.

61 Note n 2651 GM.2. du 16 juin 1975 (BOMA vol. GMd) relative au retrait de
prérogatives attachés aux brevets et diplômes.

62 Note n 3738 GM.2. du 3 septembre 1975 (BOMA GMd) relative à l'application


de l'article 38 de la loi du 17 décembre 1926 (cautionnement)

63 Circulaire n 4753 GM.2 du 10 novembre 1975 (BOMA Vol. GMd) relative aux
enquêtes à effectuer après des accidents matériels ou corporels survenus à bord des navires.

64 Loi n 87-1062 du 30 décembre 1987 relative aux garanties individuelles en


matière de placement en détention provisoire ou sous contrôle judiciaire et portant
modification du C.P.P.
- 116 -

SOMMAIRE :

Pages :

Préambule 2

Historique du droit disciplinaire et pénal maritime 4

LIVRE 1 - Le régime disciplinaire de la Marine Marchande 9

Titre 1 - Champ d'application du régime disciplinaire 10

Titre 2 Les fautes contre la discipline 12


1 – Généralités 12
2 - Les fautes légères 13
3 - Les fautes graves 15
4 - Dispositions communes 18

Titre 3 - Régime disciplinaire applicable aux marins brevetés 19

1 – Généralités 19
2 - Marins justiciables
20
3 - Faits justiciables 20
4 - Echelle des peines 21
5 – Procédure 21

Appendice Retrait des droits et prérogatives attachés aux brevets en cas


d'inaptitude physique 27

Livre 2 - Le Régime pénal de la Marine Marchande 28

Titre 1 - Champ d'application du régime pénal 29

1 - Les sources du droit 29


2 - Application de la loi française en tant que loi du pavillon 31
3 – Application de la loi française dans les eaux territoriales françaises 36
4 - Conflits de compétence entre états 38
5 - Cas particulier des engins d'exploitation du plateau continental 38

Titre 2 - Les infractions pénales 41

1 – Classification 41
2 - Infractions de la compétence des tribunaux de droit commun 42
3 - Infractions de la compétence du tribunal maritime commercial 44

Titre 3 – Liaison entre le pénal et le disciplinaire 49

Titre 4 - Constatation des infractions. Poursuites 53

Préambule 53
1 - Constatation des infractions 53
2 - L'enquête préliminaire 54
3 - L'instruction préparatoire 57
- 117 -

Titre 5 - Saisine du tribunal – jugement 78

1 - Le tribunal maritime commercial 78


2 - Tribunaux répressifs de droit commun 93
3 - Dispositions communes aux TMC et aux tribunaux de droit commun 94

Titre 6 - Dispositions communs aux régimes disciplinaire et pénal 97

1 - L'amnistie 97
2 - Frais de justice 97
3 - Le régime des T.O.M 99

Titre 7 - Régime applicable aux militaires et affectés de défense à bord


des navires de commerce 100

1 - Régime du temps de paix 100


2 - Régime du temps de guerre 101

Titre 8 - Application du code de justice militaire aux marins de la Marine


Marchande 103

Titre 9 - Piraterie et traite des noirs 104

Répertoire chronologique 105

Répertoire des annexes 111


- 118 -

REPERTOIRE DES ANNEXES

- ANNEXE 1 :

Modèles de pièces de procédure :

A - Décision d'ouverture d'enquête nautique :

B - Déposition de témoin :

C - Ordonnance de non lieu :

D - Ordonnance de renvoi devant le TMC :

E - Bordereau de dossier d'enquête :

F - Procés-verbal de saisine du TMC :

G - Conclusions (art 36 3):

H - Avis conforme (art 36 2) :


- 119 -

ANNEXE 1 - A

REPUBLIQUE FRANCAISE :

Direction Régionale :

DDAM (Quartier) de :

DECISION N :
CONCERNANT L'OUVERTURE D'UNE ENQUETE SUR DES FAITS VISES AUX
ARTICLES 80 à 85 DU CODE DISCIPLINAIRE ET PENAL DE LA MARINE
MARCHANDE

L'administrateur des Affaires Maritimes (1) (2) :

VU les articles 86 et 36 ter du Code disciplinaire et pénal de la Marine


Marchande ;

VU le décret n° 63.891 du 24 août 1963 relatif aux enquêtes sur pertes de


navires, abordages et autres accidents de mer ;

VU le rapport de mer en date du.....du capitaine du navire......(3)

VU ( la décision Ministérielle) de M. le Directeur à.....) (4) n°... du... (3)

DECIDE:

ARTICLE 1 - Une enquête est ouverte à la DDAM de (au quartier de...)


sur les faits survenus le... à bord du...
ayant entraîné.... (l'abordage, l'échouement...)

ARTICLE 2 - L'administrateur chargé de l'enquête est M... (2)


qui sera assisté de M (2)...
et de M (2)...

Fait à le...

(5)
(1) Au sens prévu par l'article 2 du Code disciplinaire et pénal de la Marine Marchande.
(2) Nom, grade et fonctions.
(3) Eventuellement
(4) Rayer la mention inutile
(5) A adresser en double au Directeur Régional des Affaires Maritimes.
- 121 -

ANNEXE 1 - B

REPUBLIQUE FRANCAISE :

Direction Régionale de :

DDAM (Quartier) de :

Année : 200

Affaire :

Interrogatoire de :
L'an deux mille , le

devant nous, Administrateur enquêteur

assisté de M............. )
M. )assistants techniques
M............. )

a comparu le dénommé ci-après (1) :

lequel témoin, après avoir prêté serment, a déclaré ce qui suit :

(1) Nom, prénom, âge date et lieu de naissance, profession, domicile,


n° d'identification, brevets et diplômes, fonctions.

NOTA : La clôture de chaque déposition comportera la mention :


« Après lecture faite, persiste et signe avec nous ».

Les mots ou chiffres rayés ou nuls feront l'objet d'une approbation en marge
paraphée par l'A.A.M. enquêteur et le témoin.

De même, tout renvoi en marge. Chaque page sera paraphée par l'A.A.M.
enquêteur et le témoin.
- 123 -

ANNEXE 1 - C

REPUBLIQUE FRANCAISE :

Direction Régionale de :

DDAM (Quartier ) de :

ORDONNANCE :

Nous, Administrateur des Affaires Maritimes enquêteur,

VU les articles 36 ter et 86 de la loi du 17 décembre 1926 modifiée, portant


Code Disciplinaire et Pénal de la Marine Marchande,

VU le décret n 63.851 du 24 août 1963 et notamment ses articles 10 alinéa 2 et


11
VU la décision n du chef du quartier de l'ouverture d'une enquête sur des faits
visés aux articles 80 à 85 du Code Disciplinaire et Pénal de la Marine Marchande,

VU le dossier de l'enquête,

ATTENDU que.........

ATTENDU que.........

ATTENDU que ces faits ne constituent pas le délit prévu et réprimé aux articles
du Code Disciplinaire et Pénal de la Marine Marchande.

DISONS :
qu'il n'y a pas lieu à poursuites contre le nommé :
(nom, prénom, date et lieu de naissance, numéro d'identification, profession et fonction).

- date et signature -

1 obligation dans ce seul cas.


- 125 -

ANNEXE 1 - D

REPUBLIQUE FRANCAISE :

Direction Régionale de....

DDAM (Quartier) de.....

Enquête sur :

ORDONNANCE :

Nous, Administrateur des Affaires Maritimes enquêteur,

VU les article 36 ter et 86 de la loi du 17 décembre 1926 modifiée por tant Code
Disciplinaire et Pénal de la Marine Marchande,

VU le décret n 63.891 du 24 août 1963 et notamment ses articles 10, alinéa 5 et


11,
VU la décision n du Chef du quartier de concernant l'ouverture d'une enquête sur
des faits visés aux articles 80 à 85 du Code Disciplinaire et Pénal de la Marine Marchande,

VU le dossier de l'enquête,

ATTENDU que.......

ATTENDU que.......

ATTENDU que ces faits sont prévus et réprimés par les articles.du Code
Disciplinaire et Pénal de la Marine Marchande,

DISONS :

qu'il y a lieu de renvoyer le nommé


(nom, prénom, date et lieu de naissance, numéro d'identification, profession et fonction)

devant le Tribunal Maritime Commercial de..... pour y être jugé conformément à


la loi

Date et signature
- 127 -

Page 1
ANNEXE 1 - E

REPUBLIQUE FRANCAISE :

Direction Régionale de.....

DDAM (Quartier) de.......

DOSSIER DE L'ENQUETE :

OUVERTE EN APPLICATION DE L'ARTICLE 86 DU CODE DISCIPLINAIRE ET


PENAL DE LA MARINE MARCHANDE ET DU DECRET 63.891 du 24.8.63.

Nature de l'évènement :

Date des faits :

Lieu où ils se sont produits :

Navires impliqués :

---------------- Nationalité :
---------------- Nationalité :

Enquête ouverte le :

Administrateur enquêteur (nom grade et fonctions) :

Assistants techniques : M.
M

Enquête terminée le :

Notifications effectuées le à

le à

le à

Décision de non lieu concernant MM

le notifiée le

Décision de renvoi devant le Tribunal de


concernant MM

le notifiée le
- 129 -

Page 2
ANNEXE 1 - E

PIECES DU DOSSIER DE L'ENQUETE :

N° Nature des pièces et dates

Enregistrement des transmissions successives du dossier


- 131 -

ANNEXE 1 - F

REPUBLIQUE FRANCAISE :

Tribunal maritime commercial de.........

PROCES-VERBAL DE SAISINE :

Nous, , président du Tribunal maritime commercial de :

Vu la loi du 17 décembre 1926 modifiée, portant Code disciplinaire et pénal de la


Marine marchande ;

Vu l'article 4 du décret du 26 novembre 1956 ;

Vu le rapport introductif d'instance en date du par lequel l'administrateur des


Affaires maritimes de la DDAM de (du quartier de) a renvoyé devant ce tribunal le sieur :

(1)

sous la prévention d'avoir, le (2)


et en tous cas depuis temps non prescrit (3)

fait(s) prévu(s) et réprimé (s) par l’article du Code disciplinaire et pénal de la


Marine marchande ;

Déclarons le Tribunal Maritime commercial de


saisi, pour compter de ce jour, de l'affaire définie comme
dessus ;

De tout quoi il est dressé le présent procés-verbal.

Fait à le

1 Nom, prénoms, âge, profession et domicile du prévenu, et s'il s'agit d'un marin,
quartier et n° d'immatriculation.
2 Date des faits de la prévention.
3 Faits de la prévention exposés en se servant, aussi rigoureusement que possible
des termes même employés par le code pour les définir.
- 133 -

ANNEXE 1 - G

REPUBLIQUE FRANCAISE :

Direction Régionale de.......

DDAM de (Quartier de).....

- CONCLUSIONS - (1)

Nous, Administrateur des Affaires Maritimes,

VU l'article 36 alinéa 3 de la loi du 17 décembre 1926 modifiée portant Code


Disciplinaire et Pénal de la Marine Marchande,

VU le dossier de l'enquête,

CONSIDERANT que..........

CONSIDERANT que..........

CONSIDERANT que ces faits sont prévues et réprimées par les articles du code
disciplinaire et Pénal de la Marine Marchande.

CONCLUONS :

$#qu'il plaise au ministère public d'engager les poursuites contre le nommé


(nom, prénom, date et lieu de naissance, numéro d'identification, profession et fonction)(2).

$#qu'il n'y a pas lieu à poursuites contre le nommé(1)


(nom, prénom, date et lieu de naissance, numéro d'identification, profession et fonction).

1 article 36 § 3 pour délits et contraventions prévus par les articles 49,50,51 § 2,


69 à 72, 74 § 2 et 3,75 et 78).

2 suivant le cas.
- 135 -

ANNEXE 1 - H

REPUBLIQUE FRANCAISE :

Direction Régionale de.....

DDAM de (Quartier de.........)

AVIS (1).

Nous administrateur des affaires maritimes,

VU l'article 36 §2 de la loi du 17 décembre 1926 modifiée portant Code


disciplinaire et Pénal de la Marine Marchande,

VU le dossier de l'enquête,

ATTENDU que..........

ATTENDU que ces faits sont prévus et réprimés par les articles du Code
Disciplinaire et Pénal de la Marine Marchande.

DISONS :

qu'il y a lieu à poursuites contre le nommé :


(nom, prénom, date et lieu de naissance, numéro d'identification, profession et fonction).

- date et signature -

1 Article 36 § 2 délits et contraventions prévus par les articles 46, 51 (§ 1 ter)


52,69 à 72 (§1 et 3) 75 à 78.

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