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BESOINS NUTRITIONNELS,
QUALITE DES ALIMENTS
et BIODISPONIBILITE DES NUTRIMENTS
Claire Mouquet-Rivier
UR 106/IRD «Nutrition, Alimentation, Sociétés»
INTRODUCTION
A. BESOINS NUTRITIONNELS
A.1. Notions de besoins et d'apports de sécurité
A.2. Besoins énergétiques
A.3. Besoins protéiques
A.4. Besoins en lipides
A.5. Besoins en minéraux
A.6. Besoins en vitamines
CONCLUSION
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A. BESOINS NUTRITIONNELS
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Les apports nutritionnels recommandés sont de deux types:
- les besoins moyens
- les apports de sécurité
= moyenne + 2ET
(97,5% d’une
population)
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A.2. Besoins énergétiques
= 1ère priorité après les besoins en eau
Les composantes du besoin énergétique sont:
- le métabolisme de base;
- les dépenses pour la survie;
- les dépenses pour les activités physiques (activités
professionnelles; activités optionnelles).
+ Pour les enfants et les adolescents, il faut ajouter les besoins
pour la croissance.
+ Pour les femmes enceintes ou allaitantes, il faut tenir compte
des besoins pour la grossesse et pour l'allaitement.
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A l'intérieur de chaque classe d'âge et pour les individus de
chaque sexe, les équations préconisées pour donner le MB sont
du type :
MB = (a x P) + (b x T) + c
P est le poids de l'individu en kg ou son poids
souhaitable et T sa taille (en m); MB peut être
exprimé en kcal (kilocalories) ou en kJ (avec 1 kcal
= 4,18 kJ).
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chacune d’entre elles. Pour simplifier, on peut utiliser les
estimations suivantes:
Homme Femme
Activité faible 1,7 MB 1,7 MB
Activité modérée 2,7 MB 2,2 MB
Activité forte 3,8 MB 2,8 MB
Kcal/j Tireurs de pousse pousse
Mineurs
Porteurs de lourdes charges
5000 IV Sportifs de ht niveau
2000
40 50 60 70 80
Poids (kg)
Influence du poids et de l’activité sur les besoins énergétiques (catégories
d’activités selon la FAO)
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Pour les dépenses liées à la grossesse, on fait une distinction
selon que les femmes conservent:
- une activité normale: (285 kcal/jour)
- ou, la réduise (200 kcal/jour).
Les dépenses liées à la lactation sont estimées à partir des
quantités moyennes de lait excrétées en prenant 0,80 comme
rendement de conversion de l'énergie des aliments en lait.
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A.3. Besoins protéiques
= macromolécules composées d’acides aminés liés par des
liaisons peptidiques.
Î très grand nb de combinaisons possible Î différentes
conformations qui leur confèrent des propriétés fonctionnelles
On distingue deux composantes dans les besoins protéiques:
- le besoin azoté total (quantitatif)
- le besoin en certains acides aminés essentiels (qualitatif)
(8 Acides aminés essentiels = qui ne peuvent pas être synthétisés
par l’organisme : isoleucine, leucine, lysine, méthionine,
phénylalanine, thréonine, tryptophane, valine)
Rôle des protéines :
- Rôle structural
- Croissance et développement du corps
- Entretien, cicatrisation
- Rôle fonctionnel
- Production d’enzymes métaboliques et
digestives
- Constitution d’hormones (insuline)
- Défense de l’organisme (anticorps)
Pas de possibilité de mise en réserve.
Synthèse protéique à partir d’un pool d’AA (0,7% des protéines
corporelles totales)
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Pour assurer la couverture du besoin azoté total, on définit
l'Apport Protéique de Sécurité (APSh) qui est la quantité de
protéines de haute digestibilité et de haute valeur biologique
susceptible de couvrir les besoins d'individus présentant les
mêmes caractéristiques dans 97,5 % des cas (Moyenne + 2 ET).
Pour calculer l’APSh, on fait la somme:
- des besoins pour le maintien de l’équilibre azoté (0,75 g/kg/j) pour
l’adulte)
- et, éventuellement, des besoins pour la gestation, l’allaitement et la
croissance
et on augmente la valeur trouvée de 2 ET(cf loi normale).
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exprimant sa composition en acides aminés en % d'une
"combinaison-type" d'AAE (ou structures postulées) prises
comme références:
IC = (mg de l'AA le plus limitant pour 1 g de protéines) x 100
mg de l'AA correspondant dans la combinaison-type
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Les protéines de l’œuf et du lait sont des protéines de très
grande qualité de par leur équilibre en AAE
Î bien adaptées à la croissance (pour les enfants).
Par exemple :
+
Protéines de légumineuses carencées en AA soufrés.
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A.4. Besoins en lipides
Rôle nutritionnel majeur :
- stockage énergétique le plus efficace (9 kcal/g) et le plus
important
- rôles structural et fonctionnel
Formule générale
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Dénomination des principaux acides gras
Nbre Nbre de
d'atomes doubles Nom commun
de C liaisons
10 0 ac. caprique
12 0 ac.laurique
14 0 ac. myristique
14 1 ac. myristoléique
16 0 ac. palmitique
16 1 ac. palmitoléique
18 0 ac. stéarique
18 1 ac. oléique
18 2 ac. linoléique
18 3 ac. linolénique
20 0 ac. arachidique
20 4 ac. arachidonique
20 5 ac. EPA*
22 6 ac. DHA*
* EPA : ac. eicosapentaénoïque ; DHA : ac. docosahexaénoïque
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Les besoins nutritionnels en AGE sont estimés, chez l'adulte et
l'enfant, à 3% de l'apport énergétique pour l'acide linoléique, à
0,5-1% pour l'acide γ-linolénique.
Le rapport n-6/n-3 doit être compris entre 4 et 10.
Les triglycérides :
Le cholestérol :
Est un lipide seulement sous forme
estérifiée
Rôle important :
= constituant essentiel des
membranes cellulaires,
précurseur des hormones stéroïdiennes et des acides biliaires
Les phospholipides:
= constituants essentiels des membranes cellulaires.
Leurs formules sont complexes et diverses.
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A.5. Besoins en minéraux
Parmi les minéraux, on distingue :
- macroéléments : besoins journaliers voisins de 1 g/j :
calcium, potassium, magnésium, phosphore, etc.
- oligoéléments : besoins journaliers < à 10 mg/j
fer, zinc, iode, cuivre, sélénium, etc.
Les oligoéléments :
Indispensables à la vie : rôle catalytique dans différentes voies
métaboliques au travers des métalloenzymes (cuivre, zinc...),
des hormones (iode) ou des vitamines (Co-B12) qu'ils activent.
Î absorption au niveau de l'intestin grêle, facilitée par la chélation de
ces éléments sur des acides aminés ou des dipeptides.
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Compétition entre les différents minéraux Fe/Cu, Fe/Mn, Fe/Zn ou
Cu/Zn au niveau de la muqueuse intestinale.
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Tableau 1 : Apports journaliers conseillés en
oligoéléments
(d'après CNRS-CNERNA, 1992)
Eléments
Catégories Fera Cuivre Zinc Manganèse Iode Selénium Chrome Molybdène
(mg) (mg) (mg) (mg) (mg) (mg) (µg) (µg)
Enfants de
1-3 ans
10 1 10 1 70 20 75 40
Enfants
De 4 9 ans
10 1,5 10 2 120 30 125 50
Garçons
10-12 ans
12 1,5 12 3 140 40 125 100
Filles
10-12 ans
12 1,5 12 3 140 40 125 100
Adolescents
13-19 ans
15 2 15 4 150 60 125 150
Adolescentes
13-19 ans
18 2 12 4 150 55 125 150
Hommes
adultes
10 2,5 15 4 150 70 125 150
Femmes
adultes
18 2,5 12 4 150 55 125 150
Femmes 50-
3 15 4 175 65 125 150
enceintes 100(1)
Femmes
allaitantes
13 3 19 4 200 75 125 150
Personnes
âgées valides
10 2,5 12 4 150 70 125 150
a
Valeurs correspondant à un régime comportant de petites quantités de viandes, de
poissons et riche en vitamine C, permettant une absorption de 10%. Dans le cas de
régime essentiellement à base de céréales et légumineuses, pauvres en produits
carnés, il faut multiplier ces valeurs par 2 (absorption de 5%)
(1) Une supplémentation médicamenteuse est souvent nécessaire pour compléter
les apports alimentaires
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A.6. Besoins en vitamines
Histoire récente : isolées et analysées qu’au début du XXième siècle
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Notions générales sur les vitamines
Besoins
Nom commun Substances actives journaliers Carence
a
de l'adulte
Vitamines liposolubles
Vitamine A Rétinol ou axérophtol Héméralopie
600 µgER*
Provitamine A *β-carotène Xérophtalmie
Vitamine D** : Ergocalciférol
D2 Cholécalciférol 10 µg/j Rachitisme (enfants)
D3 *Ergostérol = 400 UI/j Ostéomalacie (adultes)
*7-déhydrocholestérol
Vitamine E Tocophérols Stérilité
18 UI/j
Tocotriénols Dystrophie musculaire
Vitamine K : Phytoménadione
Retard de coagulation
Kl = phylloquinone 45 µg/j
sanguine
K2 Ménaquinone
(a) Valeurs recommandées par la FAO (1988 ; 1982) ; ou Valeurs extraites de Apports
nutritionnels conseillés pour la population française, CNERNA
* Provitamine: substance inactive, partiellement activée au cours du métabolisme
** Carence plutôt rare sauf en cas de grossesse et d’ensoleillement insuffisant pendant
lesquels les besoins sont augmentés
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Besoins
Nom commun Substances actives journaliers de Carence
l'adulte
Vitamines hydrosolubles
Scorbut (gencives
30 (FAO) gonflées et
Vitamine C Ac. ascorbique
60 à 100 mg/j saignantes ; pb de
cicatrisation)
Béribéri
Plusieurs formes : sec
Vitamine B1 Thiamine 1,5 mg/j
(neurologique),
humide (cardiaque)
Cheilite (dessèchement
Vitamine B2 Riboflavine 1,8 mg/j des lèvres) : très courant
mais bénin
Niacine Pellagre
Vitamine PP ou = ac. nicotinique 19,8 mg/j (3D : dermatose,
B3 **Tryptophane
**Trigonelline
diarrhée, démence)
Ac. Achromotrichie
Pantothénique Coenzyme A 7 à 10 mg/j (perte de la pigmentation
(vitamine B5) des poils ou cheveux)
Desquamation et
Vitamine B6 Pyridoxal 2,2 mg/j
anémie microcytaire
Biotine Troubles trophiques
Biotine 100 à 300 µg/j
(vit. B8 ou H) cutanés
Acide folique
Ac. Folinique 300 µg/j*** Anémie macrocytaire
(vitamine B9)
Vitamine B12 Cobalamines 3 µg/j Anémie de Biermer
(a) Valeurs extraites de Apports nutritionnels conseillés pour la population française, CNERNA ou
Valeurs extraites de Apports nutritionnels conseillés pour la population française, CNERNA
* 1 ER = 1 µg rétinol = 6 µg de β-carotène (ER = équivalent rétinol).
** Provitamine: substance inactive, partiellement activée au cours du métabolisme; éventuellement
lors d’un processus technologique (trigonelline du café vert).
*** Sauf en cas de grossesse pendant laquelle le besoin est doublé.
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Anémie : déficit en hémoglobine.
Origines diverses :
- carence en fer (ferriprive)
- carence en vitamine B6
- carence en acide folique
- carence en vitamine B12
- (anomalies héréditaires : drépanocytose, thalassémie, etc.)
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A.7. Evaluation de l’état nutritionnel
Î évaluation par mesures anthropométriques
et comparaison par rapport à une population de référence
(NCHS)
Jusqu’à 10 ans : P/T poids/taille : émaciation
T/A taille/âge : retard de croissance
P/A poids/âge : insuffisance pondérale
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B. QUALITE DES ALIMENTS
B1. Les composantes de la qualité
Les 4 « S » :
- Santé, qui a trait à la fonction de nourrir = qualité nutritionnelle,
- Sécurité sanitaire qui correspond à la qualité hygiénique :
produit exempt de composés toxiques ou de contamination
bactérienne
- Satisfaction qui correspond aux qualités organoleptiques
- Service, qui regroupe divers aspects pratiques du produit : prix,
facilité de préparation et de conservation, etc.
B.2. Salubrité
La salubrité peut être définie comme l'absence d'action toxique
et de micro-organismes pathogènes ou toxicogènes.
La toxicité peut résulter:
- de substances naturellement présentes dans les aliments:
+ glucosides cyanogénétiques
+ composés goitrigènes
+ composés responsables du lathyrisme ou du favisme
+ inhibiteurs d'enzymes (antitrypsiques, anti-cholinestérases)
+ ciguatoxine, phallotoxines; mycotoxines
- de contaminations de nature chimique:
+ produits phytosanitaires
+ produits anti-parasitaires
+ métaux lourds
- d’additifs alimentaires :
colorants, d'anti-oxydants, d'antiseptiques,
émulsifiants, agents de texture, substances
aromatiques, potentiateurs d'arôme...
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On peut distinguer trois types de toxicité:
¾ toxicité aiguë
¾ à court terme
¾ à longue échéance.
Il est nécessaire de respecter des règles d'hygiènes strictes
pour éviter le développement des micro-organismes
pathogènes.
L'évolution de la flore microbienne initialement présente sur
ou dans une denrée alimentaire dépend de nombreux facteurs:
- caractéristiques physiques et chimiques de l'aliment (pH,
potentiel d'oxydo-réduction, activité de l'eau, présence des
nutriments nécessaires, composés anti-microbiens naturels);
- traitements auxquels l'aliment est soumis: changement de l'activité
de l'eau, cuisson et autres traitements thermiques,...
- conditions ambiantes: température d'entreposage, humidité
relative, atmosphère ambiante
- nature et caractéristiques des espèces présentes: vitesse de
croissance, symbiose et antagonisme
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B.2. Qualités organoleptiques.
L'acceptabilité ou l'appétence d'un aliment dépend à la fois
de certaines de ses caractéristiques physiques et chimiques, et
de la perception que les consommateurs ont de ses qualités
organoleptiques à travers les 5 sens qui sont la vision, l'odeur,
le goût, l'ouïe et le toucher.
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C. BIODISPONIBILITE DES NUTRIMENTS
Les nutriments doivent non seulement être présents dans les
aliments mais aussi être biodisponibles.
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Les facteurs antinutritionnels peuvent:
- se rencontrer dans de nombreux aliments (inhibiteurs
d'enzymes, lectines, polyphénols, phytates)
- être plus spécifiques à certains aliments (gossypol du coton,
composés cyanogènes du manioc...)
- apparaître au cours des traitements suite à des interactions
chimiques entre différents constituants.
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CONCLUSION
Définir l'aptitude des aliments à couvrir les besoins
nutritionnels nécessite non seulement une bonne connaissance
de ces besoins, mais également de tenir compte de nombreux
facteurs intrinsèques de ces aliments.
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