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Το ν όημα της απ λότητας – Γιάν ν ης Ρί τσος

«Πίσω από απλά πράγματα κρύβομαι, για να με βρείτε·


αν δε με βρείτε, θα βρείτε τα πράγματα,
θ’ αγγίξετε εκείνα που άγγιξε το χέρι μου,
θα σμίξουν τα χνάρια των χεριών μας.

Το αυγουστιάτικο φεγγάρι γυαλίζει στην κουζίνα


σα γανωμένο τεντζέρι (γι’ αυτό που σας λέω γίνεται έτσι)
φωτίζει τ’ άδειο σπίτι και τη γονατισμένη σιωπή του σπιτιού –
πάντα η σιωπή μένει γονατισμένη.

Η κάθε λέξη είναι μια έξοδος


για μια συνάντηση, πολλές φορές ματαιωμένη,
και τότε είναι μια λέξη αληθινή, σαν επιμένει στη συνάντηση.»

LE SENS DE LA SIMPLICITÉ
Derrière des choses simples je me cache, pour que vous me trouviez ;
si vous ne me trouvez pas, vous trouverez les choses,
vous toucherez ce que ma main a touché,
les traces de nos mains se joindront l’une à l’autre.

La lune du mois d’août brille dans la cuisine


comme un pot étamé (pour la seule cause que j’ai dite)
elle éclaire la maison vide et le silence agenouillé de la maison –
le silence est toujours agenouillé.

Chaque mot est un départ


pour une rencontre – annulée souvent –
et c’est un mot vrai seulement quand, pour cette rencontre, il insiste

Yannis Ritsos, Gestes, op. cit., p. 165. Premier poème du….


Ce poème était le texte introductif de Parenthèses (1946-1947), le recueil qui séduisit si
fortement Edmund Keeley. Il fait usage de la première personne, ce qui est rare chez Ritsos. Lui
aussi comporte la description d’une scène – lune brillant dans la cuisine d’une maison vide –
accolée à une réflexion, cette fois-ci sur la « rencontre ». De même que Dilution, il peut être lu
comme une poétique. Il s’agit de dire ce que c’est qu’un « mot ». Le parti pris est encore celui
de la simplicité. Le ton frise le prosaïsme et l’imagerie est minimale. Les objets et les lieux – un
pot d’étain, une cuisine – ne brillent que d’une pâleur lunaire. La métaphore est absente ou rare.
Toutefois, la brève épiphanie de la seconde strophe est plus qu’un simple rayon de lune dans
une cuisine. Quelque chose est exprimé dans cette scène, qui est en relation avec l’autre partie
du poème sur « le sens de la simplicité ».
Il y a d’abord l’importance des objets, de ce qui est matériel. Les « choses simples », objets de
la vie quotidienne, sont un mémorial des êtres absents : ce sont des reliques. Le sens des
reliques n’est pas seulement de se souvenir, il est aussi de s’unir physiquement à ceux qui sont
partis. Ainsi, dans la tradition grecque orthodoxe, les reliques ne sont-elles pas enchâssées, elles
sont nues, on peut les palper. On notera toutefois l’étonnante prudence de la première strophe du
poème qui, évitant toute métaphore, se contente d’exprimer l’évidence : grâce à ces
objets/reliques, des traces de mains se mêlent et rien de plus.
Une prière, dès lors, peut avoir lieu, comme le suggère le silence « toujours agenouillé » de la
deuxième strophe. Mais, pour Ritsos, une prière n’est qu’une manifestation silencieuse, sans
auditeur divin. Dans la vie courante, pour qu’il y ait une rencontre, il ne suffit ni de « faire
mémoire », ni de « prier », il faut, entre des êtres vivants et présents l’un à l’autre, des mots ;
davantage même : des mots vrais – qui avec insistance vont au fond des choses.
S’agit-il seulement des mots échangés face à face ? Peut-être est-ce le propre du poème, si
précisément ses mots sont vrais, de pouvoir s’affranchir du silence en étant cette « poignée de
mains » dont a parlé un autre poète 

Paul Celan, « Lettre à Hans Bender », dans Le Méridien et… – image proche du mélange
d’empreintes digitales qu’évoque Ritsos. Par cette poignée de mains et grâce à des mots vrais,
« s’accomplit ce qui fut dit ». (Car, au plus près du sens littéral du poème en grec, ce « pour la
seule cause que j’ai dite » de la deuxième strophe est en réalité très proche de la formule
évangélique.) Cette apparition de la lune dans une maison vide n’est pas un ornement insensé.
Reflet, elle est en quelque sorte une version agnostique de ce « reflet de l’invisible » dont parle
Denys l’Aéropagite. Malgré l’absence, une rencontre entre un je et un tu peut avoir lieu.

Ritsos en su libro Paréntesis

El significado de la sencillez

Detrás de las cosas sencillas me oculto para que me encontréis


Si no me encontráis, encontraréis las cosas.tocaréis lo que toco mi mano,
se juntarán las huellas de nuestras manos.

La luna de agosto brilla en la cocina


como el puchero estañado (esto también ocurre por lo que digo)
alumbra la casa vacía y su silencio arrodillado
-el silencio siempre está de rodillas-.

Cada palabra es una salida


hacia un encuentro, a menudo frustrada,
y es palabra verdadera, en tanto insiste en el encuentro.

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