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Réanimation 14 (2005) 359–366

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Champ 6

Quels outils et quels paramètres ventilatoires peuvent permettre d’adapter


au mieux les réglages du ventilateur et quelle est leur place
dans la surveillance ventilatoire au cours
du Syndrome de Détresse Respiratoire Aiguë ?
Which tools and parameters can be useful for ventilatory settings and
monitoring in Acute Respiratory Distress Syndrome?
S.M. Maggiore a,*, P. Jolliet b
a
Service d’anesthésie et réanimation, hôpital Agostino Gemelli, Università Cattolica del Sacro Cuore, Largo Agostino Gemelli, 8, 00168 Rome, Italie
b
Service des soins intensifs de médecine, hôpital cantonal universitaire, 1211 Genève 14, Suisse

Mots clés : Syndrome de détresse respiratoire aiguë ; Ventilation mécanique ; Mécanique respiratoire ; Gaz du sang ; Imagerie thoracique

Keywords: Acute respiratory distress syndrome; Mechanical ventilation; Respiratory mechanics; Blood gases; Thoracic radio-diagnostics

1. Mécanique respiratoire (Vt) et inversement proportionnelle à la compliance du sys-


tème respiratoire (Crs), l’équation précédente peut être
1.1. Pression de crête (Pmax) ré-écrite :

La pression de crête est la valeur la plus élevée de pression Pression dans les voies aériennes =
(Equation 2)
(V x Rrs) + (Vt ⁄ Crs) + PEPtot

qui règne dans le système respiratoire durant la ventilation
mécanique. Dans des conditions de ventilation passive, elle
dépend de la pression expiratoire positive (PEP) totale (PEP- Il est donc évident que le changement d’une de ces varia-
tot, la somme de la PEP externe et de la PEP intrinsèque), de bles se traduit par une modification de la Pmax qui est, par
la pression résistive (Pres, nécessaire pour vaincre les résis- conséquent, un paramètre très sensible, mais peu spécifique,
tances du circuit et du système respiratoire) et de la pression pour détecter les variations des propriétés mécaniques du sys-
élastique (Pel, nécessaire pour augmenter le volume des pou- tème respiratoire. En effet, en l’absence de toute modifica-
mons et de la cage thoracique), selon l’équation de mouve- tion des réglages du ventilateur en mode volume contrôlé,
ment du système respiratoire : toute variation des résistances, de la compliance ou de la PEP
entraîne un changement de la Pmax, sans qu’il soit possible
Pression dans les voies aériennes = de déterminer quel paramètre mécanique en est à l’origine.
(Equation 1)
Pres + Pel + PEPtot Par contre, au cours d’une ventilation en pression contrôlée,
la Pmax est fixe, de sorte qu’un changement des propriétés
Etant donné que la pression résistive est directement pro- mécaniques du système respiratoire se traduit par une modi-
portionnelle au débit inspiratoire (V’) et aux résistances du fication du volume insufflé. Par ailleurs, bien qu’aucune étude
système respiratoire et du circuit (Rrs), alors que la pression ne se soit spécifiquement penchée sur ce point, il ne semble
élastique est directement proportionnelle au volume courant pas y avoir d’intérêt à limiter strictement la Pmax en ventila-
tion volumétrique. En effet, une valeur élevée peut témoi-
* Auteur correspondant. gner aussi bien d’une réduction de la compliance que d’une
Adresse e-mail : smmaggiore@libero.it (S.M. Maggiore). augmentation des résistances. Dans ce dernier cas, une grande
1624-0693/$ - see front matter © 2005 Société de réanimation de langue française. Publié par Elsevier SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.reaurg.2005.04.012
360 S.M. Maggiore, P. Jolliet / Réanimation 14 (2005) 359–366

partie de la Pmax n’est pas transmise aux alvéoles, et sa limi- tation de la PEP), et ce en raison de la non-linéarité de la
tation se traduira en une réduction, potentiellement dange- relation pression-volume du système respiratoire au cours du
reuse, du volume courant. SDRA [15].

1.2. Pression de plateau (Pplat) 1.3. Pression moyenne des voies aériennes (MPva)

La Pplat est mesurée dans les voies aériennes au cours La pression moyenne des voies aériennes est représentée
d’une occlusion télé-inspiratoire du circuit ventilatoire de par l’aire sous la courbe pression-temps (au cours de l’inspi-
deux à trois secondes. Au cours de cette occlusion le débit ration comme de l’expiration) divisée par le temps total du
devient nul et, comme prédit par l’équation 2, la pression que cycle respiratoire. Elle dépend donc de la pression de crête,
l’on mesure alors dans les voies aériennes est équivalente à la de la durée de l’inspiration, de la PEP, du débit inspiratoire,
pression statique de rappel élastique télé-inspiratoire du sys- de la résistance du circuit expiratoire, ainsi que de la com-
tème respiratoire. Celle-ci s’approche de la valeur de pres- pliance et de la résistance du système respiratoire. Tous ces
sion transpulmonaire ou alvéolaire, et ce d’autant plus que la paramètres peuvent être ramenés à trois variables principa-
compliance de la paroi thoracique est normale. La Pplat est les : la pression inspiratoire moyenne, la fraction du temps
ainsi directement corrélée à la PEP et au volume insufflé et inspiratoire par rapport au temps total du cycle et la PEP [16].
elle est inversement proportionnelle à la Crs. Cependant, la Dans des conditions de ventilation passive, la MPva est stric-
Pplat n’est pas d’interprétation fiable en cas de persistance tement corrélée à la pression alvéolaire moyenne, le volume
d’une activité ventilatoire spontanée, en raison de l’influence pulmonaire moyen et, par conséquent, l’oxygénation. Par
de la pression générée par les muscles respiratoires. Plu- contre, la différence entre la pression moyenne des voies
sieurs études expérimentales et cliniques ont montré l’impor- aériennes et la pression alvéolaire moyenne augmente
tance de limiter la Pplat à 30-35 cmH2O (ce qui correspond à lorsqu’il existe une large disparité entre les résistances expi-
une pression transpulmonaire d’environ 30 cmH2O en fonc- ratoires et inspiratoires ou lorsque la ventilation minute est
tion de l’élasticité de la cage thoracique) afin d’éviter la surdis- élevée. Comme elle est corrélée à la pression alvéolaire
tension alvéolaire responsable de l’aggravation de l’atteinte moyenne et à l’oxygénation, la MPva pourrait s’avérer utile
pré-existante et/ou de l’apparition de nouvelles lésions pul- dans la surveillance de la ventilation mécanique en modalité
monaires [1–4]. En effet, une pression alvéolaire de contrôlée, alors que son interprétation semble beaucoup plus
30 cmH2O est requise pour atteindre la capacité pulmonaire complexe en ventilation assistée ou assistée/contrôlée, en rai-
totale chez des sujets sains [5], ce qui suggère que des pres- son de l’influence de muscles respiratoires. Cependant, ce
sions supérieures à cette valeur exposent au risque de lésions paramètre reste également difficile à interpréter en ventila-
pulmonaires macroscopiques (baro-volotraumatisme) et tion contrôlée en raison des nombreuses variables pouvant
microscopiques (réaction inflammatoire avec libération de l’influencer, et c’est pourquoi le monitorage de ses variations
cytokines au niveau pulmonaire et systémique et altérations pourrait être plus utile que celui de sa valeur absolue. Une
du surfactant) [1,3,6–11]. De plus, l’utilisation d’une Pplat limitation importante à considérer tient à l’absence de mesure
élevée peut être responsable d’une insuffisance circulatoire automatisée de la MPva sur certains ventilateurs.
aiguë, avant tout liée à la réduction du retour veineux et à
l’augmentation de la post-charge du ventricule droit [12,13]. 1.4. PEP totale et auto-PEP
L’étude récente de l’ARDSnet a démontré l’effet bénéfique
sur la mortalité de l’utilisation d’un volume courant et, par La PEP totale est la pression mesurée dans les voies aérien-
conséquent, d’une Pplat réduite par rapport à ceux obtenus nes au cours d’une pause télé-expiratoire. Elle correspond à
avec une ventilation plus traditionnelle [4]. De plus, il sem- la somme de la PEP externe réglée sur le ventilateur, et l’éven-
ble exister une relation directe entre la valeur de Pplat et la tuelle PEP intrinsèque ou auto-PEP. On peut calculer l’auto-
mortalité, et ce même au-dessous de 30 cmH2O [14]. Le moni- PEP en soustrayant la PEP externe à la PEP totale ainsi mesu-
torage continu de la Pplat est donc essentiel si l’on veut attein- rée. En raison de l’influence de l’activité des muscles
dre les objectifs actuels de la ventilation mécanique au cours respiratoires, la mesure fiable de la PEP totale au cours d’une
du Syndrome de Détresse Respiratoire Aiguë (SDRA). Ce pause télé-expiratoire n’est possible que si le patient est cura-
monitorage est au mieux réalisé de façon intermittente par risé ou profondément sedaté. Cette mesure est particulière-
une occlusion manuelle plutôt qu’en ajoutant une pause télé- ment importante en cas d’utilisation de fréquences respira-
inspiratoire, afin de ne pas réduire le temps expiratoire, ce toires élevées, mesure proposée aujourd’hui afin de compenser
qui risquerait d’aggraver l’hyperinflation dynamique, en par- l’hypercapnie associée aux volumes courants réduits [4]. En
ticulier en présence d’une fréquence respiratoire élevée. Enfin, effet, une fréquence respiratoire de l’ordre de 30 cycles par
l’observation des variations de la Pplat liées à l’augmenta- minute peut générer une auto-PEP d’environ 5 cmH2O en
tion de la PEP pourrait aider à déterminer l’effet prévalent de raison d’une limitation du débit expiratoire liée à la réduction
celle-ci, à savoir recrutement (variation de la Pplat propor- du temps expiratoire, même si l’on utilise un volume courant
tionnelle ou inférieure au changement de PEP) ou surdisten- aussi réduit que 6 ml/kg de poids corporel théorique [17,18].
sion alvéolaire (élévation de la Pplat supérieure à l’augmen- L’augmentation résultante de la PEP totale est à son tour res-
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ponsable de l’élévation de la Pmax et de la Pplat (cf. Equa- 1.6. Compliance dynamique (Cdyn)
tion 2), avec un risque accru de surdistension alvéolaire et de
lésions associées à la ventilation mécanique. La relation entre La Cdyn est calculée en divisant le volume courant par la
fréquence respiratoire et auto-PEP est influencée par le niveau différence entre la Pmax et la PEP totale. Ce paramètre ne
de PEP externe. Ainsi, l’augmentation de la fréquence respi- correspond pas à la vraie compliance du système thoracopul-
ratoire induira une auto-PEP plus importante avec un faible monaire étant donné que la Pmax inclut aussi la composante
niveau de PEP réglée sur le ventilateur qu’avec une PEP résistive de la pression qui règne dans les voies aériennes.
externe plus élevée. Il est donc essentiel de mesurer la PEP Par conséquent, la compliance dynamique peut être réduite
totale et l’auto-PEP après toute modification des réglages ven- au cours de pathologies diverses, touchant les voies aérien-
tilatoires (PEP externe, volume courant, fréquence respira- nes, le parenchyme pulmonaire ou la paroi thoracique. L’inté-
toire, pause télé-inspiratoire) susceptible d’influencer ces rêt de la compliance dynamique est donc très limité et sa
paramètres et de surveiller leur évolution ultérieure. Ceci est mesure ne peut être recommandée.
d’autant plus important que les résistances des voies aérien-
nes sont souvent augmentées au cours du SDRA [19–21]. 1.7. Résistances inspiratoires (Rinsp)
1.5. Compliance statique ou effective (Cst)
Les Rinsp des voies aériennes peuvent être calculées, au
La Cst (calculée en divisant le volume courant par la dif- cours de la ventilation en volume contrôlé à débit constant,
férence entre la Pplat et la PEP totale) est un paramètre sim- en divisant la différence entre Pmax et Pplat par le débit ins-
ple qui permet d’estimer l’élasticité du système respiratoire. piratoire (cf. Equations 1 et 2). Bien que le SDRA ait été
La mesure et l’interprétation correcte de la Cst requièrent la classiquement considéré comme une pathologie qui atteint
prise en compte de plusieurs facteurs : la mesure de l’auto- avant tout la composante élastique du système respiratoire
PEP, le calcul du volume comprimé dans le circuit ventila- (le poumon), des données récentes ont montré que la compo-
toire et l’influence de la paroi thoracique et des muscles res- sante résistive est également souvent altérée [19–21]. Ainsi,
piratoires. En effet, si l’auto-PEP n’est pas prise en compte, la mesure ponctuelle des Rinsp des voies aériennes ou, de
une sous-estimation de la Cst pouvant atteindre 30 % est pos- façon plus simple, le monitorage de la différence entre Pmax
sible [22]. De même, la mesure des volumes et des pressions et Pplat à débit égal, peut s’avérer utile. De plus, ce monito-
devrait être réalisée à l’extrémité proximale de la sonde d’intu- rage peut aider à diagnostiquer certaines conditions asso-
bation (près de la pièce à Y) ou, à défaut, le volume com- ciées à l’augmentation des Rinsp, telles que l’obstruction de
primé dans le circuit ventilatoire devrait être pris en compte. la sonde d’intubation ou le bronchospasme. Compte tenu de
En effet, dans le cas d’une faible compliance du système res- la simplicité d’acquisition et de l’importance potentielle des
piratoire, jusqu’à 20 % du volume courant peut être contenu renseignements que la mesure des Rinsp peut apporter, son
dans le circuit ventilatoire en fin d’inspiration [23]. Il faudra utilisation peut être recommandée dans la surveillance venti-
alors soustraire la valeur de la compliance du circuit ventila- latoire au cours du SDRA.
toire (comprise entre 0,3 et 4,5 ml/cmH2O) à celle de la Cst.
Enfin, l’influence de la cage thoracique et des muscles respi- 1.8. Courbe pression-volume statique ou quasi-statique
ratoires doit être considérée et, en pratique, la mesure cor-
recte de la compliance requiert que le patient soit relâché et La courbe pression-volume (PV) quasi-statique ou stati-
n’ait pas d’activité respiratoire spontanée. que est utilisée pour décrire les propriétés élastiques du sys-
La Cst a été utilisée pour guider l’optimisation du réglage tème respiratoire. Elle est habituellement tracée en réalisant
de la PEP au cours du SDRA [24]. En effet, l’amplitude des une insufflation avec un débit constant faible (< 9 L/min) [27]
changements de volume par unité de pression (larges ou peti- ou en pratiquant des occlusions télé-inspiratoires à différents
tes variations de volume en cas, respectivement, de recrute- volumes courants [28], afin de minimiser (débit constant fai-
ment ou de surdistension) et donc les variations relatives de ble) ou de supprimer (occlusions télé-inspiratoires) la com-
la Cst pourraient indiquer, tout au moins théoriquement, la posante résistive de la pression mesurée dans les voies aérien-
PEP optimale correspondant au meilleur recrutement alvéo- nes. Plusieurs paramètres peuvent être évalués sur la courbe
laire sans surdistension. Cependant l’influence du volume cou- PV inspiratoire tracée à partir du volume de relaxation du
rant sur la compliance statique [25], en raison de la non- système respiratoire sans PEP : le point d’inflexion inférieur
linéarité de la relation pression-volume du système (PFLEXinf), le point d’inflexion supérieur (PFLEXsup) et la
respiratoire dans le SDRA, rend ce paramètre peu fiable. Ce pente ou compliance linéaire du segment intermédiaire situé
concept a été récemment confirmé par Hickling au moyen entre ces deux points d’inflexion. Il est également possible
d’un modèle mathématique [26]. En résumé, la Cst du sys- d’enregistrer des courbes PV à différents niveaux de PEP pour
tème respiratoire peut aider à caractériser la sévérité de quantifier le recrutement alvéolaire. Ceci est possible en super-
l’atteinte pulmonaire et l’évolution temporelle du SDRA. posant les courbes PV enregistrées avec et sans PEP sur le
Cependant, les données actuellement disponibles ne permet- même axe de volume. Pour ce faire, il faut placer le point de
tent pas de recommander son utilisation pour le réglage de la départ des courbes avec PEP au niveau du volume retenu pour
PEP. chaque niveau de PEP sur l’axe des volumes. Le volume
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retenu, pour un niveau de PEP donné, est enregistré pendant fortement corrélé au recrutement qui peut être obtenu avec
une expiration prolongée au cours de laquelle la PEP est subi- l’application de la PEP et il est donc un très bon marqueur de
tement annulée [29–32]. la recrutabilité pulmonaire [32]. Le PFLEXinf semble donc
Il a été suggéré que le PFLEXinf pouvait indiquer la pres- peu utile pour l’optimisation du réglage de la PEP. Il pour-
sion d’ouverture des territoires alvéolaires collabés à cause rait, par contre, donner des indications sur la distribution, plus
de l’atteinte pulmonaire [33], alors que le PFLEXsup pourrait ou moins homogène, des lésions pulmonaires et sur l’effet
indiquer le début de la surdistension, tout au moins de certai- prédominant de la PEP en termes de recrutement ou de surdis-
nes zones pulmonaires. Par conséquent, il a été recommandé tension alvéolaire [42]. La courbe PV expiratoire pourrait
de régler la PEP juste au-dessus du PFLEXinf [33] et de réduire fournir des renseignements intéressants et aider au réglage
le volume courant afin que la Pplat résultante ne dépasse pas du ventilateur [40,43] mais, à la lumière des connaissances
le PFLEXsup [2], dans le but d’optimiser le recrutement tout actuelles, elle ne peut pas être recommandée en routine.
en limitant la surdistension alvéolaire. Une étude a en outre En résumé, la plupart des ventilateurs disposent
montré la relation entre le stade évolutif du SDRA et la forme aujourd’hui de la technologie nécessaire pour enregistrer une
de la courbe PV, suggérant un rôle possible de cette méthode courbe PV, mais très peu de machines ont des outils spécifi-
dans le monitorage et le suivi de cette affection [33]. Toute- quement dédiés à la mesure automatisée de cette courbe, ce
fois, plusieurs facteurs, aussi bien techniques que d’interpré- qui, conjointement aux difficultés d’interprétation, ne permet
tation, limitent l’utilisation de cette approche. Le premier est pas de recommander son utilisation en routine clinique. Néan-
l’absence d’un outil dédié à la mesure automatisée de cette moins, la mesure intermittente de la courbe peut aider à carac-
courbe (avec la possibilité d’afficher et de « geler » les signaux tériser la sévérité de l’atteinte pulmonaire, à surveiller l’évo-
de volume et de pression pour mesurer des valeurs instanta- lution de la pathologie et à adapter les réglages du ventilateur
nées à l’aide d’un curseur [34]) sur la plupart des ventilateurs à la mécanique respiratoire des patients atteints de SDRA.
de réanimation, à l’exception des ventilateurs Horus (Taema,
1.9. Aspect des courbes de pression et de débit en fonction
Antony, France) et Galileo (Hamilton, Rhäzuns, Suisse). Les
du temps
autres limites concernent l’interprétation de la courbe PV. En
effet, la courbe PV décrit les propriétés mécaniques globales En ventilation en volume contrôlé, à débit constant et chez
du système respiratoire alors que l’atteinte pulmonaire est un patient passif, l’aspect de la courbe pression-temps au cours
souvent très inhomogène. De plus, le système respiratoire a de l’inspiration peut être utile pour évaluer qualitativement
deux composants, le poumon et la cage thoracique. Ainsi, il a l’effet de la ventilation courante en termes de recrutement
été montré que la courbe PV globale pouvait refléter une par- progressif ou de surdistension alvéolaire [15]. Cette appro-
tition très différente entre les deux composants du système che est basée sur l’hypothèse qu’au cours d’une insufflation à
respiratoire selon que l’origine du SDRA soit pulmonaire ou débit constant, les résistances ne varient pas et que les chan-
extra-pulmonaire [35–37]. Il faut aussi considérer que l’état gements de pression sont ainsi inversement corrélés à la Crs.
du poumon reflété par la courbe PV au cours d’une manœu- Par conséquent, si la Crs diminue au cours de l’insufflation
vre quasi-statique ou statique effectuée à un volume pulmo- (suggérant une surdistension alvéolaire), la pression augmen-
naire stabilisé peut ne pas refléter ce qui se passe réellement tera progressivement et la courbe affichera une concavité supé-
en condition dynamique lors de la ventilation courante. Enfin, rieure. À l’inverse, l’augmentation de la Crs au cours de
des données récentes ont remis en question l’interprétation l’insufflation (suggérant l’ouverture progressive des diffé-
classique de la courbe PV [26,30,32,38–40]. En effet, plu- rents territoires alvéolaires) sera associée à une baisse pro-
sieurs études ont montré que le recrutement est un phéno- gressive de la pression, la courbe affichant alors une conca-
mène progressif et qu’il continue bien au-delà du PFLEXinf vité inférieure. L’équipe de Ranieri a récemment montré sur
[30–32,38–41], ce qui remet en question l’interprétation tra- des modèles animaux qu’une analyse automatique basée sur
ditionnelle du PFLEXinf comme indicateur de la pression cette approche permettait de prédire le risque de survenue
d’ouverture alvéolaire. Un autre facteur à considérer est la des lésions pulmonaires associées au ventilateur et d’identi-
différence qui peut exister entre les pressions d’ouverture sug- fier le recrutement et l’hyperinflation [44,45]. Néanmoins,
gérées par la courbe inspiratoire et les pressions de fermeture cette méthode requiert que le patient soit parfaitement relâ-
qui sont potentiellement importantes à prendre en compte. ché et sa réalisation peut être difficile en routine clinique.
En effet, la PEP est un phénomène expiratoire et il n’est pas La surveillance régulière de la courbe de débit en fonction
certain que la courbe PV inspiratoire soit adaptée pour indi- du temps peut également fournir des renseignements utiles.
quer de manière optimale ce réglage [32,40]. Par ailleurs, le En effet, la persistance d’un débit expiratoire au début de
PFLEXsup pourrait indiquer la fin du recrutement au cours de l’insufflation suggère l’existence d’une limitation du débit et
l’insufflation aussi bien que le début de la surdistension alvéo- la présence d’une auto-PEP, particulièrement en cas de fré-
laire [38,39]. La compliance linéaire, classiquement considé- quence respiratoire élevée (> 25/min). De même, la présence
rée comme la partie de la courbe où l’inflation pulmonaire d’oscillations sur la partie expiratoire de la courbe débit-
progresse sans recrutement ni surdistension, est, au contraire, temps, avec un aspect typique en « dents de scie », est un
largement influencée par la réouverture progressive de nou- indicateur très sensible et spécifique de la présence de sécré-
velles zones alvéolaires [38,39]. En effet, ce paramètre est tions dans les voies aériennes [46].
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La surveillance régulière des courbes affichées sur le ven- ficile de fixer avec précision la fréquence d’un tel échantillon-
tilateur est donc essentielle et peut aider à optimiser les régla- nage, laquelle dépendra des caractéristiques (stabilité ou non
ges du ventilateur. des GDS, présence concomitante de perturbations acido-
basiques, etc.) d’un patient donné, et de la fiabilité de l’oxy-
1.10. Pression œsophagienne et pression abdominale métrie de pouls (cf. infra). Toutefois, si le principe même d’un
contrôle périodique des GDS ne saurait être remis en ques-
Il est possible de mesurer la pression œsophagienne, cor- tion, il est plus difficile de se prononcer sur la valeur des GDS
respondant à la pression pleurale, à l’aide d’une sonde à bal- en tant qu’outil d’aide au réglage du ventilateur. En effet, en
lonnet positionnée dans le tiers distal de l’œsophage, afin de dehors de valeurs extrêmes, on ignore quelles limites infé-
caractériser les propriétés mécaniques spécifiques de la paroi rieures de PaO2 et supérieure de PaCO2 sont acceptables chez
thoracique et du poumon [47]. La compliance statique de la un patient donné [54–56], la réponse dépendant probable-
cage thoracique est calculée en divisant le volume courant ment de facteurs trop nombreux et complexes pour faire
par la différence entre les pressions œsophagiennes télé- l’objet de directives applicables en pratique courante. D’autre
inspiratoire et télé-expiratoire, alors que la courbe PV de la part, l’impact favorable sur le devenir des patients d’une stra-
paroi est réalisée en traçant le volume insufflé en fonction de tégie « protectrice » basée sur l’utilisation d’un volume cou-
la pression œsophagienne. Il est également possible de cal- rant réduit et d’une limitation de la Pplat [56], diminuant ainsi
culer la pression transpulmonaire en soustrayant la valeur de le risque de lésions induites par la ventilation mécanique, aug-
la pression œsophagienne à celle mesurée dans les voies mente la complexité de ce problème. En effet, cette stratégie
aériennes. La Cst et la courbe PV du poumon seront ainsi impose que le suivi de la mécanique respiratoire prenne une
calculées comme il a été décrit précédemment, en utilisant la place prédominante dans le réglage du ventilateur [56]. Il sem-
pression trans-pulmonaire à la place de la pression mesurée ble donc que les GDS soient surtout utiles pour régler le ven-
dans les voies aériennes. Parce que les propriétés mécani- tilateur lorsque la ventilation mécanique vient d’être instau-
ques de la paroi thoracique sont influencées par la pression rée, mais que le suivi de la mécanique respiratoire soit plus
existant dans l’abdomen, la mesure de la pression intra- utile pour éviter les risques de surdistension alvéolaire, les
abdominale, réalisée à partir de la mesure de la pression intra- GDS gardant tout de même une place pour l’évaluation pério-
vésicale [48], peut permettre d’évaluer indirectement la com- dique de l’hématose [57].
pliance de la cage thoracique. En effet, il a été montré que les Quant à l’évaluation de la saturation artérielle en O2 par
modifications de la mécanique respiratoire observées au cours oxymétrie de pouls, qui fournit une information en direct en
du SDRA, traditionnellement attribuées à l’atteinte pulmo- réponse à toute modification des réglages du ventilateur, elle
naire, peuvent être aussi expliquées, tout au moins chez un est considérée comme un outil de monitorage indispensable
sous-groupe de patients, par des altérations de la mécanique au suivi de tout malade ventilé artificiellement [34], mais souf-
de la cage thoracique [35–37,49]. Ainsi, une partie de la pres- fre des mêmes limites que la mesure des GDS en tant qu’aide
sion des voies aériennes est dissipée pour détendre la paroi au titrage de la ventilation mécanique.
thoracique et ne sera pas appliquée au poumon, et ce d’autant
plus que la compliance de la paroi thoracique est faible. La 2.2. Capnométrie
connaissance de la pression transpulmonaire pourrait donc
être utile pour mieux adapter les réglages du ventilateur aux Cette technique est très utile à la détection de l’intubation
contraintes mécaniques du système respiratoire. Cependant, œsophagienne et permet d’estimer la PaCO2 en présence
bien que l’acquisition des pressions œsophagienne et intra- d’une fonction pulmonaire normale [34]. Toutefois, en rai-
abdominale soit possible et malgré leur intérêt potentiel, la son de la différence importante et très variable qui règne entre
complexité de leur mesure et de leur interprétation limitent la PaCO2 et la pression télé-expiratoire de CO2 lors de patho-
l’utilisation de tels paramètres en routine clinique. logies pulmonaires, la capnométrie s’avère trop imprécise
pour être utile au réglage du ventilateur en présence d’un
SDRA [58].
2. Échanges gazeux

2.1. Analyse des gaz du sang artériels (GDS) 3. Imagerie

En général, tout changement dans les paramètres du ven- 3.1. Radiographie du thorax de face (Rx)
tilateur tel que la PEP [20], le temps inspiratoire [50], ou
encore la pratique d’une manœuvre de recrutement [51] La Rx contient une importante somme d’informations chez
s’accompagnent de modifications des GDS. Le recours à un les patients atteints de SDRA, et ce tout au long de l’évolu-
faible volume courant et à l’hypercapnie « permissive » contri- tion de cette affection [59,60]. En effet, la séquence radiolo-
bue également à de telles variations [52]. Il a donc été recom- gique correspondant aux différents stades d’évolution du
mandé d’analyser les GDS environ dix minutes après avoir SDRA est bien connue [59] et d’autre part, peuvent apparaî-
modifié les réglages du ventilateur [53]. Il est sans doute dif- tre à tout moment, des images qui reflètent la survenue d’évè-
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nements intercurrents tels que pneumothorax, atélectasie, patient est susceptible d’entraîner une dégradation de l’héma-
pneumonie nosocomiale, épanchement pleural, kystes ou tose et/ou de l’hémodynamique en augmentent le risque de
pneumatocèles [59,61]. Enfin, la position correcte du tube mobilisation accidentelle du tube endotrachéal, des cathéters
endotrachéal ou des drains thoraciques peut être évaluée [62]. ou des drains [70]. Ces éléments limitent le recours systéma-
Néanmoins, la valeur de cet examen en tant qu’outil per- tique à cet examen chez un nombre assez élevé de malades
mettant d’optimiser le réglage du ventilateur est loin d’être dont l’état est le plus critique. D’autre part, une bonne corré-
établie. En effet, bien que la corrélation entre les différents lation a été démontrée entre l’aspect tomodensitométrique et
stades d’évolution du SDRA et ses répercussions sur la méca- certains paramètres de mécanique respiratoire, plus facile-
nique du système respiratoire ait été établie depuis long- ment mesurables au lit du malade [42]. Ainsi, en dépit des
temps [33], aucune étude n’a démontré que la Rx pouvait informations importantes fournies par la TDM, son utilisa-
permettre à elle seule ou en complément à des mesures de tion en clinique devrait être réservée à l’exploration ponc-
mécanique respiratoire, une telle optimisation. Par ailleurs, tuelle d’un patient, afin d’aider à résoudre des problèmes dia-
l’apport diagnostique de la Rx lors de la survenue d’une pneu- gnostiques pour lesquels la Rx ne fournit que des informations
monie nosocomiale chez un patient atteint de SDRA est très insuffisantes (recherche d’abcès, d’épanchements pleuraux
modeste [63]. cloisonnés, etc.).
Ainsi, la Rx apporte une aide précieuse au dépistage sys-
tématique de problèmes touchant à l’équipement du patient 3.3. Echographie pulmonaire
[62,64] ou pour la détection et le suivi de certaines compli-
cations liées à la ventilation mécanique (barotraumatisme L’échographie pulmonaire permet de mettre en évidence
p.ex.) [59,61,62,64,65]. Toutefois, elle ne saurait être recom- certains signes spécifiques d’une atteinte alvéolo-interstitielle
mandée en tant qu’outil permettant d’aider au réglage de la [71] ou d’un pneumothorax [72]. Une étude récente démon-
tre même la supériorité de cet examen sur l’auscultation et la
ventilation mécanique.
Rx pour identifier la présence d’une consolidation alvéolaire,
d’un syndrome alvéolo-interstitiel ou d’un épanchement pleu-
3.2. Tomodensitométrie axiale computérisée thoracique
ral [65]. Ces résultats prometteurs doivent néanmoins être
(TDM)
tempérés par le fait que les techniques échographiques sont
très dépendantes des qualifications de l’opérateur, et que les
Ajoutant la profondeur à l’image plane offerte par la Rx,
résultats ne sont pas toujours aisés à standardiser. Il reste par
la TDM a constitué un apport fondamental dans la compré-
ailleurs à démontrer que l’analyse de l’échographie puisse
hension de plusieurs aspects importants du SDRA. En effet,
permettre d’ajuster les réglages du ventilateur. Par consé-
grâce à la TDM, la nature hétérogène de l’atteinte pulmo-
quent, cet examen ne peut être recommandé en routine à
naire est apparue très clairement, de même qu’a été précisée
l’heure actuelle dans cette indication.
la séquence temporelle d’évolution des lésions déjà décrite
par la Rx [66]. D’autre part, différents éléments morphologi-
ques et fonctionnels en relation avec le mécanisme causal du Références
SDRA ont pu être précisés grâce à la TDM. En effet, il est à
présent établi que la répartition et l’aspect radiologique des [1] Dreyfuss D, Basset G, Soler P, Saumon G. Intermittent positive-
lésions sont différents, selon que le SDRA résulte d’une pressure hyperventilation with high inflation pressures produces pul-
atteinte pulmonaire directe ou extrapulmonaire. Les lésions monary microvascular injury in rats. Am Rev Respir Dis 1985;132:
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sont plutôt de type multifocal et à prédominance alvéolaire [2] Roupie E, Dambrosio M, Servillo G, Mentec H, El Atrous S, Bey-
dans le premier cas et de type plutôt diffus et à prédominance don L, et al. Titration of tidal volume and induced hypercapnia in
interstitielle dans le second [67]. Ces différences de présen- acute respiratory distress syndrome. Am J Respir Crit Care Med
tation radiologiques ont été mises en relation avec les parti- 1995;152:121–8.
cularités observées dans la mécanique respiratoire, le poten- [3] Tremblay L, Valenza F, Ribeiro SP, Li J, Slutsky AS. Injurious venti-
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Ainsi, Rouby et al. [68] ont démontré que l’application d’une [4] The Acute Respiratory Distress Syndrome Network. Ventilation with
PEP entraînait un recrutement alvéolaire sans surdistension lower tidal volumes as compared with traditional tidal volumes for
en présence d’un infiltrat diffus, tandis qu’un recrutement fai- acute lung injury and the acute respiratory distress syndrome. N Engl
ble et une surdistension de zones normalement ventilées J Med 2000;342:1301–8.
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de la surdistension alvéolaire en réponse à l’application d’une volume curve of total respiratory system in acute respiratory failure:
PEP [42,66]. Elle est également utile pour détecter et appré- computed tomographic scan study. Am Rev Respir Dis 1987;136:
cier la topographie de lésions induites par la ventilation méca- 730–6.
[7] Dreyfuss D, Soler P, Basset G, Saumon G. High inflation pressure
nique [69]. En dépit de sa capacité à fournir au réanimateur pulmonary edema. Respective effects of high airway pressure, high
ces informations, la TDM pose néanmoins des problèmes, tidal volume, and positive end-expiratory pressure. Am Rev Respir
essentiellement d’ordre logistique. En effet, le transport du Dis 1988;137:1159–64.
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