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4) Communication d’informations mensongères - La loi 01-10 dans son chapitre VIII, traite de la
responsabilité du professionnel dans la logique suivante :
L’article 830 du code de commerce prévoit : Sera puni
d’un emprisonnement d’un an à cinq ans et d’une amende • L’article 61 traite de la responsabilité civile ;
de 20.000 DA à 500.000 DA ou de l’une de ces deux • L’article 62 traite de la responsabilité pénale ;
peines seulement tout commissaire aux comptes qui aura,
• Et l’article 63 de la responsabilité disciplinaire.
sciemment, donné ou confirmé des informations
mensongères sur la situation de la société … »
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1) L’article 61 de la loi 01-10 stipule : l’exercice de sa mission il a transgressé des dispositions
légales qui peuvent n’avoir aucun lien avec le pénal.
« Le commissaire aux comptes est responsable envers
l’entité contrôlée des fautes commises par lui dans - Cet article augmente ainsi le risque de voir le
l’accomplissement de ses fonctions. commissaire aux comptes impliqué dans des procès
pénaux avec de lourdes conséquences sur sa vie
Il répond solidairement, tant envers l’entité
professionnelle, sociale et familiale.
qu’envers les tiers, de tout dommage résultant
d’infraction aux dispositions de la présente loi.Il - Il est souhaitable de revoir la rédaction de ce
n’est déchargé de sa responsabilité, quant aux infractions texte pour limiter la responsabilité du CAC aux seules
auxquelles il n’a pas pris part, que s’il prouve qu’il a infractions professionnelles édictées par les dispositions
accompli les diligences normales de sa fonction et qu’il légales et réglementaires actuellement en vigueurs.
a informé le conseil d’administration de ces infractions
- De même, l’article 61 de la dite loi fait planer
et s’il n’y a pas été remédié de façon adéquate, à
à mon sens une ambiguïté qu’il y a lieu de chercher à
l’assemblée générale la plus proche, après qu’il en
lever. C’est une disposition qui traite de la responsabilité
aura eu connaissance et, en cas de constatation d’une
civile qui inclue le fait de ne pas révéler au procureur de
infraction, il prouve qu’il a informé le procureur de la
la république les faits délictueux rencontrés durant sa
République près le tribunal compétent ».
mission.
- Le fait de ne pas avoir identifié clairement dans cet
- Ces deux textes ont besoin de clarté qui ne peut être
alinéa le type de responsabilité encourue (civile ou pénale)
que bénéfique au professionnel car elle permet d’atténuer
est source de confusion pouvant être exploitée par les tiers
le poids de la responsabilité qui pèse sur le professionnel.
pour impliquer le CAC dans des procès pénaux.De plus,
- Le commissaire aux comptes a pour mission
Le terme « infraction » utilisé dans ce texte qui traite
d’examiner les comptes d’une entité afin de formuler une
de la responsabilité civile ma parait inapproprié. En effet
opinion sur la sincérité, la régularité et l’image fidèle de
l’infraction est une violation de la loi et qui est frappée
la comptabilité.
d’une peine prévue par la loi.L’infraction vise en fait tout
crime, délit ou contravention. L’utilisation de ce terme dans - Le CAC n’est pas concerné par la recherche de délits
cet article peut induire juridiquement une responsabilité commis par les dirigeants sociaux et n’est pas habilité à
pénale du CAC. qualifier une infraction.
Il est nécessaire de revoir la rédaction de cet - Les conséquences familiales, professionnelles,
article qui était mieux cerné dans les dispositions de sociales et économiques sont désastreuses pour le CAC
la loi 08-91. qui se retrouve inculpé dans une affaire pénale. Elles sont
pénibleset très gênantes lorsqu’il est simplement impliqué
2) L’article 62 de la loi 01-10 stipule :
dans un procès pénal.
«La responsabilité pénale de l’expert-comptable, du
- L’exercice convenable de notre profession nécessite
commissaire aux comptes et du comptable agréé est
une sérénité, une objectivité et une indépendance que
engagée pour tout manquement à une obligation légale.»
la législation doit renforcer, entre autres, en exonérant
- Cet article a existé dans la rédaction de la loi -91 le professionnel de toute implication pénale outre celles
08 (article 52) qui lui précise la référence au code déjà prévues.
de procédures pénales. Il était rédigé comme suit :
«La responsabilité pénale de l’expert-comptable, du
commissaire aux comptes et du comptable agréé est
engagée conformément au code de procédures pénales
pour tout manquement à une obligation légale».
- Ainsi l’article 62 de la loi 01-10 est d’une portée
générale et de nature à étendre indéfiniment la
responsabilité pénale du professionnel. Cela le met en
position de faiblesse par rapport aux principaux acteurs
de l’action pénale (police judiciaire, procureur de la
république, le juge d’instruction et enfin le juge pénal) sans
oublier les avocats des parties adverses qui cherchent à
travers les failles contenues dans les textes pour décharger
leur client en impliquant dans notre cas le CAC.
- Il est vrai qu’en matière pénale il ne peut pas y avoir
de peine sans texte.
- Cependant, l’existence d’une disposition pareille
peut compromettre le professionnel en l’impliquer, à
tout moment, dans des procès pénaux lorsque, durant
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LA VALIDATION DES ACQUIS DE L’EXPERIENCE
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Cette commission serait habilitée à délivrer ces titres Au titre de commissaire aux comptes :
avec tous les droits attachés et aucune mention ne devrait
Peuvent prétendre au titre de commissaire aux comptes,
y être inscrite.
après étude de dossier et test oral éventuel du postulant
Le dossier de candidature : par la commission ad-hoc susvisée, les professionnels
réunissant les critères ci-après :
Une fois les critères définis et publiés, les demandeurs
intéressés fourniront les pièces et documents demandés • Les comptables agréés, âgés de 45 ans révolus
suivant le canevas arrêté par la commission. à la date de dépôt de leur candidature auprès de la
commission ad-hoc de validation, régulièrement inscrits,
La commission se prononce sur la validité sur la base
installés depuis 10 ans à jour de leurs cotisations et
du dossier présenté par le professionnel.
titulaires d’un diplôme professionnel et sous réserve
2ème étape : Test oral éventuel d’intégration d’effectuer une formation qualifiante de 120 heures
Après étude du dossier écrit du postulant, la commission attestée par un organisme de formation et validée par la
peut ou non faire subir au postulant un test oral consistant commission de formation du CNC.
en un entretien avec elle-même ou un jury constitué par • Les personnes ayant exercé dans une administration
elle portant sur des sujets relevant de la profession du centrale des finances ayant au moins le grade de sous
commissaire aux comptes et de l’expert-comptable. directeur central et cumulé une expérience de 10 ans
2 : Les critères d’accès révolus sous réserve d’effectuer une formation qualifiante
de 120 heures attestée par un organisme de formation et
Au titre d'expert-comptable : validée par la commission de formation du CNC.
Peuvent prétendre au titre d'expert-comptable après - Il est évident que les modalités de mise en oeoeuvre
étude de dossier et test oral éventuel du postulant par la sont à préciser davantage et les critères d’accès doivent être
commission ad-hoc susvisée, les professionnels réunissant mieux détaillés dés lors que le principe de l’acceptabilité
les critères ci-après: par les pouvoirs publics est arrêté.
• Les experts-comptables non diplômés "autorisés" et La description des compétences acquises en rapport
régulièrement inscrits au tableau de l'ordre des experts- avec le titre demandé sont à décrire de façon précise.
comptables agréés, à jour de leur cotisation et en activité
à la date d’examen de leur dossier par la dite commission. La VAE doit être perçue comme une démarche
permettant une vérification et une évaluation des
• Les experts-comptables finalistes, âgés de 45 ans compétences du candidat, par un comité ad-hoc, et
révolus, titulaires de l'attestation de fin de stage, délivrée l’attestation, au regard du métier, de ses aptitudes
par l'ex ordre national des experts-comptables détenue acquises grâce aux années d’expérience.
depuis plus de 5 ans et validée par la commission de
formation du CNC et ayant la qualité de commissaire aux Il ne s’agit pas, évidemment, d’une vue de l’esprit ou
comptes, à jour de leur cotisation et régulièrement inscrits d’un processus de promotion sans qualification, mais
et installés. d’un véritable moyen de faire évoluer la carrière du
professionnel.
• Les commissaires aux comptes et/ou comptables
agréés titulaires de diplômes de l'enseignement supérieur Il ne s’agit nullement d’une invention locale mais
ou de tout autre diplôme étranger reconnu équivalent : d’une pratique courante dans de nombreux pays qui
encouragent ce dispositif et appuient très énergiquement
Sous réserve qu'ils soient régulièrement inscrits et cette démarche.
installés effectivement depuis plus de 5 ans, à jour de
leurs cotisations et être âgés de 45 ans révolus à la date Extrait du document final de la commission VAE /
de dépôt de leur candidature à la commission ad-hoc de CNCC.
validation.
• Les comptables agréés, âgés de 45 ans révolus
à la date de dépôt de leur candidature auprès de la
commission ad-hoc de validation, régulièrement inscrits,
installés depuis 15 ans à jour de leurs cotisations et
titulaires d’un diplôme professionnel, et sous réserve
d’effectuer une formation qualifiante de 120 heures
attestée par un organisme de formation et validée par la
commission de formation du CNC.
• Les personnes ayant exercé dans une administration
centrale des finances ayant au moins le grade de directeur
central et cumulé une expérience de 10 ans révolus sous
réserve d’effectuer une formation qualifiante de 120
heures attestée par un organisme de formation et validée
par la commission de formation du CNC.
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L'AUDIT CONTRACTUEL OU CONVENTIONNEL
La loi 01-10 du 29 juin 2010 relative aux est raisonnable de circonscrire ces missions d’audits
professions d’expert-comptable, de commissaire et d’en limiter l’accès à ceux qui disposent d’un
aux comptes et de comptable agréé dispose en son background suffisant et nécessaire. Et voilà que le
1er alinéa de l’article 19 ce qui respect d’un autre principe fondamental est énoncé
et se dessine en filigrane : la compétence et la
suit :«L’expert-comptable est seul habilité à
diligence professionnelles
procéder l’audit financier et comptable des sociétés
et organismes». 2. L’audit : une mission par essence liée au
commissaire aux comptes
En l’état actuel de sa rédaction, cette disposition
insérée dans le chapitre 4 de la loi, a suscité de Pour d’autres, il est tout à fait paradoxal que
mauvaises interprétations et généré de profondes l’audit qui est une mission d’assurance naturellement
incompréhensions chez tous les professionnels. «collée à la peau » du commissaire aux comptes,
ne soit pas dans son périmètre, dès lors qu’elle est
Au travers des rencontres professionnelles et des
qualifiée de contractuelle.
doléances puissamment exprimées par les confrères,
il se dégage trois positions qui ne sont forcément - La mission d’audit légal est en elle-même
diamétralement opposées. contractuelle, puisqu’il est désormais requis du
commissaire aux comptes de signer conjointement
1. La mission d’audit contractuel ne concerne pas
avec son client un cahier des charges et une lettre
le commissaire aux comptes.
de mission qui constitue une convention en bonne
Pour certains qui en font une interprétation et due forme. En réalité, cette contractualisation des
restrictive et au pied de la lettre, les commissaires rapports a toujours existé même si elle était formalisée
aux comptes sont exclus de l’audit comptable et autrement. En conséquence, toutes les missions sont
financier et leur champ d’intervention devrait se contractuelles, mais Il est clair que l’audit légal
limiter à l’audit légal. répond à certaines exigences particulières et des
Il s’agirait d’une restriction qui, selon eux, spécificités distinctives et dans lequel, il est déployé
permettrait d’éviter de verser dans les incompatibilités des diligences précises.
et de conflits d’intérêts, susceptibles d’altérer Selon les défenseurs de cette position, comment
dans une large mesure le respect d’une règle peut-on être qualifié pour un commissariat aux
fondamentale par l’auditeur: son indépendance vis- comptes, autrement plus complexe et sous tendant
à-vis des sociétés et organismes audités. de lourdes responsabilités, sans être apte à réaliser
Bien que ces aspects soient rigoureusement une autre mission d’audit classique. Il est tout de
encadrés aussi bien par les dispositions du code même étrange et invraisemblable qu’une telle
de commerce que celles contenues dans la loi disposition puisse être comprise de façon restrictive
régissant la profession, l’exclusion systématique et à l’opposé de ce qui se passe dans tous les pays
des commissaires aux comptes, est de nature à du monde.
les protéger contre tout risque de voir le principe La question préjudicielle qui se pose est de savoir
d’indépendance altéré, faisant peser une menace si le commissariat aux comptes est une mission ou
sur leur objectivité. un métier.
En effet, selon les protagonistes de cette thèse, • S’il s’agit d’une mission, pourquoi avoir créé
l’audit contractuel ou conventionnel dans les une organisation dédiée et engagé une réforme
domaines comptables et financiers est tellement structurelle de la profession par la séparation en trois
délicat qu’il serait périlleux de laisser à la portée corps. Dans ce cas, la mission aurait du être confiée
d’un auditeur non averti, au risque de compromettre aux professionnels quel que soit leur appartenance,
la qualité du travail et la formulation d’une opinion sans avoir à créer une Chambre Nationale des
inappropriée. Les conséquences sont incalculables Commissaires aux Comptes.
et tellement diffuses qu’elles pourraient jeter le
• S’il s’agit d’un métier comme c’est le cas dans
discrédit sur la profession dans son ensemble.
tous les pays du monde, pourquoi l’avoir enfermé
Afin de faire bénéficier le client de service qui dans les seules missions d’audit légal, restreint son
prend en compte les dernières nouveautés de champ d’intervention et exclu de l’audit appelé
la bonne pratique comptable et financière, des improprement contractuel, alors que c’est sa fonction
changements sur le plan réglementaire et législatif ordinaire et naturelle ?
et qui intègrent l’action diligente conformément aux
normes techniques et professionnelles en vigueur, il
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Quel que soit le type d’audit, les outils utilisés 3. Regards par le petit bout de la lorgnette : Les
sont fondamentalement les mêmes, les techniques deux positions renvoyées dos à dos
substantiellement identiques les procédés et les
Une troisième position émerge et considère que
méthodes quasiment semblables.
les arguments développés par les uns et les autres ne
Assurément, le commissaire aux comptes qui sont pas forcément contradictoires dans leur totalité.
réalise une mission d’audit légal, se sert de moyens
Les adeptes de cette alternative pensent que toute
universels de contrôle qui, au demeurant, sont
appréciation mue par un esprit corporatiste ne peut
exactement les mêmes que ceux utilisés dans un
conduire qu’à une vision étriquée perçue à travers les
audit comptable et financier.
prismes déformants de l’intérêt personnel. Ne pas
Mais, curieusement il ne peut pas investir ce faire le discernement et avoir tendance à ramener
domaine et s’en trouve injustement privé. tout à soi même, mèneraient forcément vers la
subjectivité et l’impasse et s’écarterait de l’intérêt
Bien plus, et selon l’approche par les risques, il
général.
est dans l’obligation d’auditer d’autres volets de la
gestion, pour identifier les risques et menaces qui • La compétence et la diligence professionnelles:
pèsent sur les entités et organismes qu’il contrôle, Une nécessité impérieuse dictée par la nature de la
pouvant être à l’origine d’anomalies significatives. mission.
C’est ainsi qu’il ne se limite pas seulement à la
Dans les deux précédentes positions, il y a
comptabilité et aux finances, mais au contentieux,
une convergence sur le fait que la compétence
aux marchés et conventions, aux opérations sur
et la diligence professionnelles sont absolument
les capitaux, à l’environnement, etc., brassant des
nécessaires. On pourrait sérier ce point ainsi :
espaces dans la gestion aussi multiples que variés.
a) Acquisition des compétences requises avant
L’argument fallacieux de l’incompatibilité est
d’obtenir un agrément; Il convient de préciser que
rapidement contré, par le fait que dans tous les
la compétence requise est celle qui doit être exigée
cas et sans aucune exception, avant d’entamer
avant l’entrée en fonction, y compris l’expérience
une mission d’audit (dite légale ou improprement
professionnelle.
nommée contractuelle), l’auditeur cocontractant
doit apprécier et s’assurer, sous sa responsabilité, Il est donc indispensable de revoir les conditions
qu’il ne tombe pas sous le coup des incompatibilités d’accès, notamment en ce qui concerne l’expérience
prévues par les textes législatifs et réglementaires en sans pour autant fermer la porte.
vigueur. Il fait appel, pour ce faire, à son jugement b) Maintien des connaissances professionnelles en
professionnel conformément au code de déontologie suivant et assimilant les développements techniques
et il en supporte les conséquences. Ceci est valable et professionnels. La formation continue reste pour
aussi bien dans ses relations avec le client d’audit tous, la solution idoine pour entretenir les capacités
légal dans le cadre de diligences directement liées techniques.
(DDL) ou dans d’autres missions d’assurance.
Sur ce plan, il est évident que beaucoup de choses
Cependant, les partisans de cette position sont à faire sur ce plan, en passant par des voeux
reconnaissent la nécessité de la mesure raisonnable pieux à une obligation conditionnelle pour figurer
de la compétence, qui requiert d’être examinée sur le tableau des professionnels et avoir le droit
avant de s’engager en s’assurant que ses capacités d’exercer. Dans de nombreux
techniques et professionnelles et que sa disponibilité
soient acceptables au regard des exigences requises pays, la formation continue minimum est une
pour toute mission d’assurance. Mais il faut insister obligation pour approfondir et actualiser ses
pour dire que ceci reste valable pour toutes les connaissances.
missions d’assurance pesant lourdement et sans c) Réalisation de façon diligente en conformité
aucune exception sur tout professionnel. avec les normes techniques et professionnelles
Les tenants de cette antithèse considèrent applicables lors de la fourniture des services à son
que la rédaction de cet alinéa ne pose aucune client conformément aux règles de déontologie.
limitation concrète et toute interprétation contraire • La disponibilité : Condition sine qua non pour
a pour dessein de répondre à quelques convoitises un travail de qualité
bassement mercantiles pour accaparer un marché et
Le problème qui se pose objectivement est de
se réserver tout simplement un plan de charge.
savoir si toutes les compétences nécessaires sont
disponibles.
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Dans de nombreux cas, les audits ne sont pas
correctement réalisés en raison d’une disponibilité
partielle et insuffisante de l’auditeur, qui conclue
rapidement sans prendre convenablement la mesure
et la portée de son opinion.
Très souvent, les audits sont exécutés en utilisant
des stagiaires non rémunérés à leur juste valeur, sans
expérience et insuffisamment encadrés. L’auditeur
ne prend connaissance des travaux qu’en bout de
parcours pour signer
le rapport final.
La prise en charge de travaux d’audit en surcapacité
peut conduire à une perte de l’indépendance alors
que la limite de la capacité humaine est franchie,
étant bien entendu que la capacité technique et
professionnelle visées est à relativiser.
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OPINION DÉFAVORABLE PENDANT DEUX ANNÉES CONSÉCUTIVES
L’article 27 de la loi 01-10 relative à la profession Cette procédure a un impact psychologique lourd de
d’expert-comptable, de commissaire aux comptes et conséquences pour l’entreprise.
de comptable agréé stipule :
A titre d’exemple, dans un exercice, le CAC
« La durée du mandat du commissaire aux peut refuser de certifier les comptes dans le cas ou
comptes est de trois ans (3) renouvelable une (1) fois. l’entité contrôlée n’a pas comptabilisé, par erreur,
une provision ayant une incidence significative sur le
Au-delà de deux mandats consécutifs, la
résultat. Après s’être assuré qu’il n’ya pas une volonté
désignation du même commissaire aux comptes ne
délibéré de dissimulation ou un détournement de
peut intervenir qu’au terme de (3) trois années.
procédure ayant pour objectif d’en titrer profits
Si les comptes de la société ou de l’organisme et avantages, le commissaire aux comptes peut
contrôlé ne sont pas certifiés sur deux exercices (2) considérer que l’image n’est pas fidèle et que le
comptables successifs, le commissaire aux comptes principe de prudence n’a pas été respecté.
est tenu d’informer le procureur de la République
L’exercice suivant l’entreprise
territorialement compétent.
• corrige l’erreur de l’exercice précédent
Dans ce cas, le mandat du commissaire aux
comptes ne peut être renouvelé ». • mais ne constate pas correctement les
amortissements de l’exercice,
Les alinéas 2 et 3 de l’article sus cité sont fortement
contestés par les professionnels qui considèrent que • que l’erreur engendrée par ce biais est
ces dispositions portent atteinte à leur indépendance significative au regard des données globales de
et à l’objectivité de leur opinion. l’entité,
Dans sa mission le commissaire aux comptes • et que cette anomalie significative est de nature
engage des travaux d’audit qui sont sous sa à entrainer un refus de certification de ce deuxième
responsabilité. Si sa principale mission consiste à exercice.
fiabiliser les comptes pour rassurer les principaux
Dans ce cas, l’information technique à donner au
utilisateurs des états financiers et veiller à l’équité
procureur de la république n’a aucun intérêt alors
entre les actionnaires, il n’en demeure pas moins
qu’elle risque de perturber le climat de confiance
qu’il agit dans le cadre de sa mission permanente
existant au sein de l’entreprise et porter atteinte à
pour contrer toute dérive ou fraude qu’il aurait
la sérénité dans la démarche du commissaire aux
rencontré dans son contrôle, en s’adressant au
comptes.
procureur de la république pour révéler ce qui pour
lui est acte positif ou négatif contraire à la loi ou aux Il en est de même lorsque le commissaire aux
règlements. comptes se retrouve devant une situation limite entre
la certification avec réserve et le refus de certification.
Il l’assume totalement avec fierté et constitue avec
Les dispositions de l’article sus citées sont de nature à
les autres contrôles un moyen pour prévenir toute
influer sur sa position et peuvent l’amener à basculer
dérive malveillante.
vers une certification avec réserve, au lieu d’une
En évoquant ces difficultés, il ne s’agit nullement opinion défavorable pour éviter d’engager une
de réduire la responsabilité ou d’en diminuer la démarche à l’adresse des juridictions compétentes,
portée, mais de préciser davantage ses contours afin puisqu’il s’agit d’erreurs et non de fraude.
d’éviter leur application abusive qui a pour effet de
Le non renouvellement systématique du mandat
créer, au détriment du professionnel un déséquilibre
vient encore creuser encore cette anormalité
significatif entre les droits et obligations.
puisqu’il peut être également un facteur pouvant
Le commissaire aux comptes peut refuser de engendrer une altération de l’objectivité qui doit
certifier deux exercices consécutifs pour des raisons caractériser l’opinion du commissaire aux comptes
techniques, en particulier lorsqu’il y a existence et une menace sérieuse de son indépendance.
d’anomalies comptables significatives sans pour
Par ailleurs, les textes ne prévoient pas de sanction
autant que l’on soit en présence de fraude ou un
pénale ce qui laisse entendre que le commissaire
manquement à une obligation légale.
aux comptes qui n’informe pas le procureur de la
Ces anomalies peuvent n’avoir aucune incidence république, dans pareils cas, trouve uniquement sa
sur la manière dont est gérée la société ni sur l’intention responsabilité civile engagée.
malveillante ou frauduleuse des dirigeant et pourtant
Cette disposition à par contre comme avantage,
le texte exige du commissaire aux comptes de
constaté sur le terrain, d’ inciter les dirigeant
donner l’information du procureur de la république.
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sociaux à tenir compte des réserves formulées par le
commissaire aux comptes et les pousser à prendre
convenablement en charge ces réserves. Souvent
cela entraine des actions sérieuses d’assainissement
avec comme résultat la remise en ordre des comptes
de la société concernée.
Nous avons par ailleurs relevé que le besoin
de sécurité financière nécessite l’implication du
commissaire aux comptes en matière de prévention
et de déclenchement de la procédure d’alerte.
Ce dispositif est pratiquement absent dans nos
dispositions légales et réglementaires.
C’est pourquoi, il serait plus judicieux de
remplacer les alinéas 2 et 3 de l’article 27 de la loi
01-10 par des dispositions relatives à la procédure
d’alerte qui peuvent mener vers l’information du
procureur de la république