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Dès lors que le débiteur est un entrepreneur individuel, c’est le tribunal de la procédure collective qui
Compétence de
principe du devra être saisi, que la demande porte sur l’ouverture d’une procédure du titre II à IV du Livre VI du
tribunal de la code de commerce (sauvegarde, redressement ou liquidation judiciaire ; pour le rétablissement
procédure professionnel, le texte réserve des règles propres v. infra), ou d’une procédure de surendettement des
collective particuliers (C. com., art. L. 681-1 nouv.). Un décret à venir doit préciser les conditions d’application du
nouveau titre VIII bis (C. com., art. L. 681-4 nouv.).
Le tribunal devra apprécier tout à la fois si les conditions d’ouverture d’une procédure précitée du livre
VI du code de commerce sont réunies en fonction de la situation du patrimoine professionnel de
l’entrepreneur individuel, et également si les conditions d’ouverture d’une procédure de
surendettement sont remplies en fonction cette fois, de l’actif du patrimoine personnel et de l’ensemble
des dettes exigibles ou à échoir dont le recouvrement peut être poursuivi sur cet actif (C. com., art. L.
681-1 nouv.).
Lorsque les conditions d’ouverture de la procédure collective du livre VI sont réunies, le tribunal en
Ouverture
d'une prononcera l’ouverture (C. com., art. L. 681-2, I, nouv.). En telle hypothèse, seul le patrimoine
procédure professionnel sera appréhendé par la procédure, dès lors qu'à la date du jugement d’ouverture, les
collective et/ou conditions d’ouverture du surendettement ne seront pas réunies (C. com., art. L. 681-2, II, nouv.).
de
surendettement Si en revanche à la date d’ouverture de la procédure collective, ce qui suppose que ses conditions
soient réunies, les conditions d’ouverture de la procédure de surendettement sont, elles-aussi réunies,
la procédure collective appréhendera en principe les patrimoines professionnel et personnel. En telle
hypothèse, « les droits de chaque créancier sur le patrimoine professionnel, le patrimoine personnel
ou tout ou partie de ces patrimoines sont déterminés » conformément aux règles précitées régissant le
statut d’entrepreneur individuel. Le tribunal traitera alors « dans un même jugement, des dettes dont
l'entrepreneur individuel est redevable sur ses patrimoines professionnel et personnel, en fonction du
droit de gage de chaque créancier, sauf dispositions contraires » (C. com., art. L. 681-2, III nouv.).
Ainsi, une seule procédure sera ouverte mais les créanciers seront traités différemment selon que leur
droit de gage porte sur le patrimoine professionnel ou personnel.
Une autre hypothèse a priori assez proche de la précédente est envisagée lorsque « la distinction des
patrimoines professionnel et personnel a été strictement respectée et que le droit de gage des
créanciers dont les droits sont nés à l'occasion de l'activité professionnelle de l'entrepreneur individuel
ne porte pas sur le patrimoine personnel de ce dernier » (C. com., art. L. 681-2, IV, nouv.). Dans ce
cas, le tribunal tout en ouvrant la procédure collective, saisira la commission de surendettement, aux
fins du traitement des seules dettes du patrimoine personnel avec l’accord du débiteur. L’entrepreneur
individuel sera ainsi soumis à deux procédures parallèles, le tribunal et la commission de
surendettement s’informant réciproquement de l’évolution de chacune d’entre elles.
Enfin, lorsque seules les conditions de la procédure de surendettement seront remplies, le tribunal dira
n’y avoir lieu à l’ouverture d’une procédure collective et renverra l’affaire devant la commission de
surendettement avec l’accord du débiteur (C. com., art. L. 681-3, nouv.).
La loi du 14 février 2022 permet à l’entrepreneur individuel en liquidation judiciaire d’exercer une
nouvelle activité professionnelle auquel cas, un nouveau patrimoine professionnel sera constitué
et il ne sera pas concerné par la procédure ouverte (C. com., art. L. 681-2, VII, nouv.).
Mais il ne pourra constituer plus de deux patrimoines distincts de son patrimoine personnel et il
ne devra pas avoir fait l’objet, au titre de l’un quelconque de ses patrimoines, depuis moins de 5
ans, d’une procédure de liquidation judiciaire clôturée pour insuffisance d’actif ou d’une décision
de clôture du rétablissement professionnel.
- Rétablissement professionnel
Concernant l’effacement des dettes, on retiendra qu’« aucune dette ne peut être effacée lorsqu’il
apparaît que le montant du passif total est disproportionné au regard de la valeur de l’actif, biens
insaisissables de droit non compris » (C. com., art. L. 645-11, al. 3, nouv.). En effet, depuis
l’ordonnance n° 2021-1193 du 15 septembre 2021, le rétablissement professionnel peut être
ouvert à l’encontre d’un débiteur personne physique propriétaire de sa résidence principale,
puisqu’elle n’est pas prise en compte dans le calcul du seuil de 15 000 euros. Toutefois, puisque
toutes les dettes sont effacées, sauf exceptions (C. com., art. L. 645-11, al. 1er) et que c’est
toujours le cas avec le nouveau texte, le prêteur qui a financé l’acquisition de la résidence
principale peut voir la part non encore remboursée de son prêt effacé. Sans interdire totalement
cet effacement, le nouveau texte donnera le pouvoir au tribunal d’éviter cette situation.
La loi du 14 février 2022 vient encore alléger les conditions d’ouverture de la LJS pour les
personnes physiques. Les droits mentionnés au premier alinéa de l’article L. 526-1
(insaisissabilité de plein droit de la résidence principale) ne pourront faire obstacle à l’ouverture
de cette procédure simplifiée (L. 14 févr. 2022, art. 5, I, 15°). Ainsi, les seuls débiteurs personnes
physiques non éligibles à la liquidation judiciaire simplifiée seront ceux dont l’actif comprend un
ou des biens immobiliers autres que la résidence principale.
Désormais, avec la loi du 14 février 2022, il est possible pour l'entrepreneur individuel
de demander à la fois l'ouverture d'une procédure collective et une procédure de
surendettement. Cette disposition vise à faciliter la continuité de l'activité
économique de l'entreprise tout en protégeant l'entrepreneur individuel contre les
conséquences de son surendettement.
En pratique, l'entrepreneur individuel doit déposer une demande de surendettement
auprès de la commission de surendettement compétente et une demande
d'ouverture de procédure collective auprès du tribunal compétent. Si les deux
demandes sont acceptées, l'entreprise pourra bénéficier d'une procédure collective
qui permettra de sauver l'entreprise, tout en bénéficiant de la protection contre les
créanciers liée à la procédure de surendettement.