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14-180-A-10

Encyclopédie Médico-Chirurgicale 14-180-A-10

Arthrites septiques à pyogènes de l’adulte


B Fautrel
MP Chauveheid
S Rozenberg
Résumé. – Les arthrites septiques de l’adulte constituent une pathologie peu fréquente (entre 2 et 10 cas
P Bourgeois
pour 100 000 habitants/an) mais grave ; le pronostic est surtout fonctionnel, directement lié à la rapidité du
diagnostic et de la prise en charge thérapeutique. Les principaux sujets à risque sont les personnes âgées, les
patients atteints de polyarthrite rhumatoïde, les diabétiques, les insuffisants rénaux ou hépatiques, les
porteurs de prothèse articulaire et les personnes sous immunosuppresseurs, notamment les corticoïdes. Les
articulations les plus touchées sont les genoux, les hanches, ainsi que les sacro-iliaques. Le diagnostic est le
plus souvent aisé mais certaines formes torpides peuvent poser problème : l’existence d’un terrain à risque
ainsi que l’existence d’une porte d’entrée potentielle deviennent alors des arguments de poids. Le diagnostic
repose principalement sur la ponction du liquide articulaire, voire sur la biopsie synoviale lorsque la ponction
est négative. L’imagerie est actuellement dominée par l’IRM, les nouvelles techniques d’échographie
semblent également performantes et la scintigraphie osseuse peut être utile dans les infections sur prothèse.
Réaliser des prélèvements bactériologiques de qualité est la vraie urgence des arthrites septiques, de manière
à initier un traitement efficace le plus rapide possible. La prise en charge thérapeutique comprend trois volets
fondamentaux : l’antibiothérapie intraveineuse associant deux antibiotiques synergiques ; l’évacuation du
liquide articulaire (par ponction) associée à un lavage afin d’éliminer les débris intra-articulaires à l’origine
d’une évolution traînante de l’arthrite ; la kinésithérapie avec une immobilisation immédiate mais brève de
l’articulation, puis sa mobilisation progressive dans les jours suivant l’amélioration pour éviter un
enraidissement séquellaire.
© 2000 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Introduction On distingue parmi la population générale des sous-populations à


risque d’arthrite septique plus élevé : il s’agit des patients atteints
de polyarthrite rhumatoïde, des patients porteurs de prothèse
Les arthrites septiques à germes banals font partie des urgences articulaire, des diabétiques, des éthyliques chroniques, ainsi que des
rhumatologiques. Elles nécessitent, à partir du moment où le patients sous traitements immunosuppresseurs. L’incidence annuelle
diagnostic est évoqué, une prise en charge spécialisée afin d’éviter dans ces groupes est estimée entre 30 et 70 pour 100 000 habitants
ou tout au moins de limiter les séquelles fonctionnelles, [13, 20, 27, 30]
.
principalement liées au retard diagnostique et thérapeutique. L’âge permet de distinguer deux périodes de la vie plus exposées :
Sur de nombreux aspects, il n’existe pas de consensus large. La les enfants de moins de 10 ans et les sujets de plus de 60 ans [27, 30].
principale explication en est l’absence de travaux prospectifs En revanche, les deux sexes sont également atteints.
permettant de définir des recommandations faisant l’unanimité entre
rhumatologues, infectiologues, bactériologistes et chirurgiens
orthopédiques, la prise en charge de ces patients devant être
Physiopathologie
multidisciplinaire [33].
Le développement d’une infection au sein d’une articulation suit un
mode relativement stéréotypé (tableau I). Ce schéma général admet
bien évidemment des variations selon la virulence du germe,
Historique et épidémiologie l’importance de l’inoculum bactérien, les défenses immunitaires du
patient et les lésions préalables de l’articulation.
L’incidence annuelle des arthrites septiques ne s’est que peu L’importance de ce schéma est primordiale, car il permet de définir
modifiée durant ces 30 à 40 dernières années, malgré les progrès en la chronologie optimale de la prise en charge des arthrites septiques :
termes d’asepsie [25, 27]. Elle est actuellement estimée entre 2 et 10 cas lorsque le délai entre le début des symptômes et la mise en route du
traitement est supérieur à 7 jours, une nette aggravation du
pour 100 000 habitants dans la population générale [13].
pronostic est observée [7, 15, 17].

Bruno Fautrel : MD, chef de clinique-assistant.


Aspects cliniques
Marie-Paule Chauveheid : Interne.
Sylvie Rozenberg : MD, praticien hospitalier. Les articulations les plus touchées, dans toutes les études et par
Pierre Bourgeois : MD, chef de service.
Service de rhumatologie, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, 83, boulevard de l’Hôpital, 75651 Paris cedex ordre de fréquence décroissante [13, 20], sont : le genou, la hanche et
13, France. les sacro-iliaques. Mais toutes les articulations peuvent être atteintes.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Fautrel B, Chauveheid MP, Rozenberg S et Bourgeois P. Arthrites septiques à pyogènes de l’adulte. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous
droits réservés), Appareil locomoteur, 14-180-A-10, 2000, 8 p.
14-180-A-10 Arthrites septiques à pyogènes de l’adulte Appareil locomoteur

n’existe aucun seuil au-dessus duquel l’origine infectieuse peut être


Tableau I. – Développement de l’infection articulaire (d’après Gol- affirmée, ni au-dessous duquel elle peut être éliminée. Les cellules
denberg et al [13, 15]).
sont en majorité des polynucléaires neutrophiles (PNN), parfois
Délai après pénétration Lésions articulaires altérés ; il n’y a en général pas de cristaux.
bactérienne
Quelques heures - afflux de cellules inflammatoires
- libération de cytokines et de protéases Prélèvements bactériologiques
- début de dégradation des protéoglycanes et du
collagène

2e-3e jour - pertes de substance cartilagineuse LIQUIDE ARTICULAIRE


- exposition de l’os sous-chondral La ponction de l’articulation et l’analyse du liquide constituent les
8e jour et après - lésions ostéocartilagineuses irréversibles éléments centraux du diagnostic. Les conditions de prélèvement et
- abcès, formation de clapiers inaccessibles aux d’analyse doivent suivre un schéma préétabli, dans un
antibiotiques conditionnement adapté (tableaux II, III). L’analyse biochimique du
- développement d’un tissu de granulation
liquide (taux de glucose et d’acide lactique) a un intérêt limité et
semble pouvoir être supprimée de la pratique courante [2, 27, 32, 37]. Le
prélèvement doit être porté rapidement au laboratoire.
Le tableau clinique est bien entendu variable selon l’articulation L’augmentation du délai avant analyse entraîne une diminution de
concernée et son accessibilité à l’examen clinique. On retiendra la cellularité, une dissolution des cristaux, une diminution de la
comme éléments d’orientation [27] : viabilité des germes. Le rendement des ponctions articulaires est
– la douleur, qui est d’horaire inflammatoire, majorée par la satisfaisant [30, 32]. La culture du liquide synovial permet, dans 75 % à
mobilisation de l’articulation. Il peut exister des signes 95 % des cas, l’isolement des germes pyogènes banals et, dans 10 à
inflammatoires locaux lorsque l’articulation est suffisamment 50 % des cas, celui des germes plus fragiles (gonocoque,
superficielle. Le site le plus trompeur est la sacro-iliaque ; son staphylocoque blanc, corynébactérie). Un ensemencement immédiat
atteinte peut parfois mimer une atteinte viscérale ; dans un flacon d’hémoculture peut améliorer ce rendement.
– la fièvre, inconstante, observée dans 40 à 90 % des cas selon le
germe et le terrain ; HÉMOCULTURES
– les frissons, entre 20 et 70 % des cas ; Elles constituent un apport de choix pour le diagnostic
bactériologique.
– le contexte qui devient alors un argument majeur. Il convient de
rechercher une porte d’entrée potentielle, telle qu’un geste intra- Elles sont particulièrement rentables au moment des pics fébriles ou
articulaire ou intravasculaire (artériographie), une toxicomanie des épisodes de frissons, et après un geste sanglant (biopsie
intraveineuse, un contexte de maladie sexuellement transmissible ou synoviale, par exemple) à l’occasion duquel une bactériémie est
bien l’un des facteurs de risque d’arthrites septiques, en particulier fréquente. Le rendement peut aller jusqu’à 67 % dans certaines
une prothèse articulaire. études [30].

POLYARTHRITES SEPTIQUES BIOPSIE SYNOVIALE À L’AVEUGLE

L’atteinte polyarticulaire est retrouvée dans 10 à 20 % des cas La synoviale constitue le principal site articulaire colonisé par les
[11, 13, 20]
. Ce type d’atteinte peut être observé au cours des gonococcies bactéries ; la biopsie synoviale avec analyse bactériologique a donc
(oligoarthrite), des endocardites, de la polyarthrite rhumatoïde, de une meilleure sensibilité que la simple ponction articulaire pour
l’insuffisance hépatocellulaire, de l’insuffisance rénale, des identifier le germe en cause [9, 27]. Son intérêt pratique est majeur en
transplantations d’organes. Dans 15 % des polyarthrites septiques,
on ne retrouve aucun facteur favorisant. Tableau II. – Modalités de prélèvement et analyse du liquide
synovial.
ARTHRITES SEPTIQUES IATROGÈNES APRÈS PONCTION Désinfection Désinfection soigneuse avec produit coloré (Bétadinet, Hibitanet,
OU INFILTRATION alcool iodé
Respect du délai d’action du produit (Bétadinet : 3 min)
Les facteurs de risque des infections iatrogènes sont le diabète, la
polyarthrite rhumatoïde, un traitement immunosuppresseur tel que Ponction Utiliser une aiguille de gros calibre : pompeuse, 19G ou moins,
associée à une grosse seringue (20 mL)
les corticoïdes, un geste avec pénétration articulaire difficile ou
prolongé. La fréquence des infections iatrogènes est estimée à Cellularité Inflammatoire, parfois puriforme (PNN > 50 000/mm3)
0,007 % pour les ponctions simples, 0,002 % pour les infiltrations de ou purulent (PNN altérés)
Aucun chiffre n’est pathognomonique de l’infection ou de l’absence
corticoïdes, 0,04 à 0,4 % pour les arthroscopies [1, 19, 27]. d’infection
Le pronostic est dominé par l’âge élevé et l’existence d’une prothèse
Microcristaux Recherche systématique
articulaire.
Bactériologie Coloration de Gram
Mise en culture (milieux usuels et gélose au sang)
Aspects biologiques généraux PNN : polynucléaire neutrophile.

L’existence d’un syndrome inflammatoire est fréquente, mais loin Tableau III. – Conditionnement des prélèvements.
d’être constante. La vitesse de sédimentation (VS) est augmentée
dans 55 à 90 % des cas selon les études ; l’élévation de la CRP Tube stérile avec billes ou avec anticoagulant (héparine de sodium)
(C reactive protein) semble légèrement plus sensible [ 2 7 ] . • augmente la sensibilité des prélèvements
Flacon d’hémoculture
L’hyperleucocytose à polynucléaires neutrophiles est peu sensible et • intérêt pour les germes fragiles :
peu spécifique. - staphylocoque à coagulase négative
La cellularité du liquide synovial ne peut être qu’un élément - corynébactérie, gonocoque
d’orientation : sa formule est inflammatoire (> 2 000 éléments/mm3) • intérêt pour les infections à faible inoculum bactérien :
infections iatrogènes après geste intra-articulaire
en dehors du cas des patients en aplasie médullaire. Cependant, il

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cas de suspicion d’infection par un agent infectieux peu agressif


(staphylocoque blanc, corynébactérie), en cas d’antibiothérapie Tableau IV. – Différents germes des arthrites septiques (hors infec-
tion sur prothèse).
préalable, ou de négativité d’une première ponction dans un
contexte de suspicion forte d’arthrite septique. Son rendement dans Germes Fréquence
ces circonstances est d’environ 70 à 90 %. La réalisation de la biopsie
- Staphylocoque à coagulase positive 40 à 63 %
sous arthroscopie n’a pas un rendement significativement supérieur
- Staphylocoque à coagulase négative 10 à 15 %
aux biopsies synoviales réalisées à l’aveugle. - Streptocoques 10 à 30 %
- Bacille à Gram négatif 4 à 36 %
PRÉLÈVEMENT SUR FISTULE - Anaérobies 2 à 12 %
Il s’agit d’un prélèvement de mauvaise qualité : dans 45 à 65 % des - Germes multiples 17,5 %
cas, le germe isolé est un germe commensal non pathogène, différent
de celui responsable de l’infection ostéoarticulaire.
Seuls les prélèvements au site même de l’infection doivent être pris rhumatoïde, diabète [fig 1]) ainsi que les patients immunodéprimés
en compte pour le diagnostic. (insuffisants rénaux ou hépatiques, transplantés ou patients sous
immunosuppresseurs) ont une fréquence accrue d’infections
RECHERCHE D’ANTIGÈNES SOLUBLES staphylococciques [27] . Les sujets séropositifs pour le virus de
Cette technique rapide, utilisée dans d’autres infections notamment l’immunodéficience humaine (VIH) ne se distinguent pas de la
méningées, pourrait s’avérer intéressante dans le diagnostic de population générale, en dehors des toxicomanes intraveineux chez
certaines arthrites septiques. Aucune évaluation n’a été publiée à ce qui il faut également craindre une origine candidosique (fig 2) [24].
jour en rhumatologie et la valeur de ces tests est donc encore
inconnue [27].
Imagerie des arthrites septiques
PLACE DES NOUVELLES TECHNIQUES :
RÉACTION DE POLYMÉRISATION EN CHAÎNE
La réaction de polymérisation en chaîne (PCR) est une technique RADIOGRAPHIE STANDARD
d’amplification permettant d’identifier du matériel bactérien en très À la phase aiguë de l’infection, la radiographie standard est bien
faible quantité. Sa grande sensibilité est le plus souvent associée à entendu le plus souvent normale, en dehors d’une pathologie
une faible spécificité ce qui, en pratique, se traduit par un résultat articulaire sous-jacente. L’intérêt d’avoir un cliché de référence est
positif ne permettant pas d’affirmer l’origine infectieuse d’une non discutable pour suivre l’évolution sous traitement. Les signes
arthrite [22, 27]. les plus classiques sont une déminéralisation sous-chondrale, puis
Hormis les cas d’infections à Chlamydia, Mycoplasma, gonocoque, un pincement global de l’interligne et le développement d’érosions
Borrelia ou mycobactéries, où quelques travaux ont évoqué son de l’os sous-chondral avec apparition de géodes.
intérêt, la valeur diagnostique de la PCR est inconnue.

DIFFÉRENTS GERMES RETROUVÉS ÉCHOGRAPHIE


Les germes le plus fréquemment retrouvés dans les arthrites Cet examen a comme principal avantage sa facilité d’exécution, mais
septiques de l’adulte (hors infection sur prothèse) sont rassemblés il est toujours limité par la qualité de l’opérateur. Son intérêt est
dans le tableau IV [13, 27, 29] . Les sujets à risque (polyarthrite cependant réel car il permet de faire le diagnostic d’arthrite profonde

1 Coxite à staphylocoque doré


(après artériographie chez un
patient diabétique
A. Radiographie standard :
aspect normal de l’articula-
tion coxofémorale droite
(phase précoce).
B. Scanner : hypertrophie
des parties molles périarti-
culaires à droite, par com-
paraison avec le côté op-
posé, correspondant à la
synovite et à l’épanchement
*
C intra-articulaire. Aspect
hétérogène de l’os, témoi-
gnant d’une ostéite asso-
ciée.
C. Imagerie par résonance
magnétique (IRM), sé-
*
A quence T1 : hyposignal
autour de la tête fémorale
droite, effet de masse refou-
lant les groupes musculai-
res.
D. IRM, séquence T1 après
injection de gadolinium :
prise de contraste en péri-
phérie de l’hyposignal, dif-
*
D férenciation de la synovite
de l’épanchement.

*
B

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14-180-A-10 Arthrites septiques à pyogènes de l’adulte Appareil locomoteur

Son intérêt dans le suivi est moindre car il persiste des lésions
inflammatoires avec prise de contraste après injection de gadolinium
pendant 6 mois à 1 an après le début du traitement, même en cas de
contrôle rapide et satisfaisant de l’infection.

SCINTIGRAPHIE OSSEUSE
Plusieurs isotopes peuvent être employés [16] :
– technétium 99, marqueur d’un hyperrenouvellement osseux ;
– gallium 67, marqueur d’un processus inflammatoire ;
– indium 111, fixé sur des PNN et semblant donc plus spécifique
d’une infection.
L’intérêt de la scintigraphie dans les arthrites septiques
périphériques est cependant limité, étant donné la simplicité de la
ponction articulaire qui, seule, pourra affirmer le caractère infectieux
*
A de l’arthrite [26, 27]. Certains auteurs ont insisté sur sa capacité à
dépister des processus multifocaux, ce qui constitue le principal
intérêt de cet examen. Les scintigraphies au gallium peuvent aider
au diagnostic de descellement de prothèse ; elles peuvent permettre,
associées à l’indium, de différencier un descellement septique d’un
descellement mécanique [28].

TRAITEMENT DES ARTHRITES SEPTIQUES


Le manque d’études randomisées rend difficile l’émergence d’un
consensus [5, 23]. Il est cependant admis par tous que le traitement
doit obligatoirement comprendre trois volets fondamentaux :
*
B – l’antibiothérapie ;
– l’évacuation régulière du liquide articulaire associée lorsqu’elle est
possible à un lavage, voire à une excision chirurgicale des tissus
infectés et/ou nécrosés ;
– la kinésithérapie : repos immédiat de l’articulation, puis
mobilisation douce afin de lutter contre l’enraidissement.
Le traitement des arthrites septiques est une urgence et l’orientation
des patients vers une structure hospitalière doit être la règle. Les
études animales ou humaines montrent que les premières lésions
apparaissent dès la 48e heure et que des lésions irréversibles
s’installent à partir du huitième jour. Passé ce délai, le pronostic est
*
C réservé [21]. En l’absence de signes de gravité hémodynamiques, il
2 Sacro-iliite à staphylocoque à coagulase négative (contexte de toxicomanie). est préférable de différer l’initiation du traitement antibiotique de 12
A. Radiographie standard : aspect flou et élargi de l’interligne sacro-iliaque droit, à 24 heures, c’est-à-dire le temps nécessaire pour pratiquer des
irrégularité et condensation de la berge iliaque. prélèvements bactériologiques de bonne qualité et en avoir les
B. Imagerie par résonance magnétique (IRM), séquence T2 : hypersignal dans l’in- premiers résultats, plutôt que de débuter à l’aveugle un traitement
terligne sacro-iliaque droit (épanchement intra-articulaire), hypersignal à la par- qui risque de décapiter les prélèvements ultérieurs.
tie antérieure de l’interligne (collection) et dans les parties molles sur le versant ex-
terne de l’aile iliaque (aspect œdémateux).
C. IRM, séquence T1 après injection de gadolinium : collections abcédées à la par-
ANTIBIOTHÉRAPIE
tie antérieure de l’interligne sacro-iliaque et dans les muscles fessiers, hyposignal
central et prise de contraste en périphérie. Il n’existe pas de consensus pour le traitement antibiotique. Il doit
donc faire l’objet de discussions pluridisciplinaires [6, 23]. Les critères
(cas de la hanche chez l’enfant ou l’adulte), de préciser l’importance
de choix sont :
de la synovite, l’existence de cloisonnements, voire d’abcès. Il peut
guider une ponction [27]. – le germe suspecté ou isolé (qui varie selon l’âge du sujet et le
contexte) ;
SCANNER – le terrain (fonction rénale et hépatique, allergie) ;
Quel que soit le site de l’infection, l’intérêt principal du scanner est
– la pénétration osseuse des antibiotiques (tableau V) [6].
d’évaluer l’étendue et l’importance des lésions osseuses satellites des
arthrites septiques [6, 27]. Cet examen tend cependant à être supplanté
par l’imagerie par résonance magnétique (IRM) lorsque celle-ci est Tableau V. – Pénétration osseuse des antibiotiques [6].
réalisable.
Excellente Moyenne Mauvaise
IMAGERIE PAR RÉSONANCE MAGNÉTIQUE Fluoroquinolones β-lactamines Aminoglycosides
Cet examen est devenu maintenant la référence en termes d’arthrite Lincosamides Glycopeptides (exemple : vanco-
(exemple : mycine)
septique lorsqu’il existe un doute diagnostique. Ses principales clindamycine)
qualités sont la confirmation de l’épanchement, la visualisation Rifampicine Phénicolés (bactériostatique)
d’une synovite ou d’une bursite, l’étude des lésions de l’os sous- Fosfomycine Cotrimoxazole (bactériostatique)
chondral, l’élimination des diagnostics différentiels, la possibilité Acide fusidique
d’obtenir des images selon trois plans [6, 27].

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Appareil locomoteur Arthrites septiques à pyogènes de l’adulte 14-180-A-10

Suspicion d'arthrite septique 3 Proposition d’antibiothérapie initiale des arthrites sep-


tiques de l’adulte, en fonction des premiers résultats bacté-
riologiques du liquide synovial. Ce schéma a été réalisé en
collaboration avec le docteur Desplaces (service
de bactériologie, hôpital de la Croix-Saint-Simon, Paris)
Ponction liquide synovial [6, 13, 23]
. AF : acide fusidique ; AG : aminoglycoside ; AMK :
(+ hémocultures)
amikacine ; C3G : céphalosporine de troisième génération ;
C4G : céphalosporine de quatrième génération (céfépime ;
Examen direct + Examen direct -
cefpirome) : CFR : céfotaxime ; Clinda : clindamycine ;
Fosfo : fosfomycine ; PéniA : amoxicilline ; PéniM :
oxa/cloxacilline ; Téico : téicoplanine ; Vanco : vanco-
mycine ; MR : germe multirésistant.
Signes de gravité ?
Coque Gram + Bacille Gram - Retentissement hémodynamique
Immunodépression
Positive Terrain fragilisé
Attendre culture
NON
Biopsie
Staphylocoques
OUI
C3G + AG
forte probabilité germe MR ou
Vanco + AF Autres CG+ C3G + Fosfo
ou Négative
Vanco + Fosfo PéniA + AG et Antibiothérapie à l'aveugle
suspicion
faible probabilité germe MR ou si allergie : d'infection C3G + Vanco + Fosfo
PéniM ou Clinda + AG Clinda + AG forte ou
ou ou C4G + Vanco + AMK
CFR 100 mg/kg + Fosfo 200 mg/kg Vanco ou Téico + AG

ADAPTATION SECONDAIREMENT À L'ANTIBIOGRAMME

¶ Principes du traitement DRAINAGE DE L’ARTICULATION


Il est nécessaire en association au traitement antibiotique chaque fois
L’association initiale de deux antibiotiques est recommandée (hors
que l’articulation est accessible, car il permet l’évacuation de débris
gonococcie). La voie intraveineuse initiale est la règle, mais ceci est
ostéocartilagineux ou fibrineux entretenant l’inflammation,
parfois remis en cause par l’excellente biodisponibilité osseuse et
d’antigènes bactériens stimulant le système immunitaire même après
articulaire de certains antibiotiques (quinolones, rifampicine ou élimination des bactéries virulentes, des lysozymes et des enzymes
acide fusidique, par exemple) ; le relais per os se fait après 48 heures protéolytiques qui participent à la destruction articulaire. Les
à 1 semaine de traitement intraveineux en fonction de ponctions itératives constituent un minimum indispensable dès le
l’antibiogramme. Une proposition d’antibiothérapie initiale est début de la prise en charge. Le lavage arthroscopique est conseillé
présentée dans la figure 3 ; dès l’identification du germe et la 48 heures, au maximum 72 heures, après le début du traitement en
connaissance de l’antibiogramme, le traitement doit être adapté, au cas de persistance des symptômes cliniques. Les différents types de
mieux en collaboration avec les bactériologistes ou infectiologues. drainage sont répertoriées dans le tableau VI [14].
Le traitement est maintenu en général 6 à 8 semaines en France (4 à
6 semaines aux États-Unis) ; cependant, aucune étude n’a permis de ¶ Cas des ténosynovites
déterminer précisément la durée optimale de l’antibiothérapie. Il n’y
Lorsque les arthrites septiques se compliquent de ténosynovites,
a pas d’indication à une antibiothérapie par voie locale. Celle-ci peut
notamment à la main, un geste chirurgical rapide (premier ou
au contraire être dangereuse, notamment du fait de la possibilité de
deuxième jour) est indispensable : il permet l’irrigation des gaines
synovites chimiques après injection intra-articulaire d’antibiotiques.
synoviales et évite les adhérences responsables de rétractions
Des surinfections par des germes cutanés lors de ces instillations
définitives.
d’antibiotiques ont également été décrites.
¶ Synovectomie
¶ Surveillance du traitement
Il s’agit du traitement conservateur ultime, en cas de non-
La surveillance de l’efficacité du traitement se fait sur la clinique amélioration avec l’antibiothérapie et le drainage articulaire. Ce
(fièvre, signes locaux, mobilité articulaire), ainsi que sur la biologie geste est réalisé soit par arthroscopie, soit, dans certains cas, par
(VS, CRP). L’étude du liquide synovial lors du drainage de arthrotomie. Son but est d’éliminer les foyers inflammatoires ou
l’articulation permet en outre de vérifier la diminution du nombre infectieux résiduels. Son principal risque réside dans le
de cellules et la stérilisation du liquide. L’étude du pouvoir développement d’un enraidissement articulaire séquellaire parfois
bactéricide du sérum, voire du liquide synovial (discuté), peut être invalidant (surtout par arthrotomie) [10, 14, 18].
effectuée dans les cas difficiles ; un taux inférieur à un huitième est
considéré comme satisfaisant. RÉÉDUCATION DES ARTHRITES SEPTIQUES
Sur le plan iconographique, des radiographies standards doivent L’immobilisation prolongée dans une attelle est un dogme
être réalisées après 1 mois de traitement antibiotique efficace. Le actuellement remis en cause par certains auteurs ; si la mise en
suivi par IRM n’a pas de pertinence en dehors de persistance de décharge reste la règle, la mobilisation précoce semble intéressante
signes cliniques et/ou biologiques défavorables : sa grande pour éviter un enraidissement séquellaire [4, 10, 31, 35]. Il n’existe à ce
sensibilité explique la persistance des signaux inflammatoires jour aucun consensus au sujet de la rééducation ; néanmoins, un
jusqu’à 1 an après le traitement efficace d’une arthrite septique. organigramme de rééducation est proposé dans le tableau VII.

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14-180-A-10 Arthrites septiques à pyogènes de l’adulte Appareil locomoteur

Tableau VI. – Différentes techniques de drainage utilisables au cours des arthrites septiques.

Techniques Avantages / Inconvénients


Ponctions itératives Traitement minimal permettant : l’évacuation des petits débris, la vérification de la
stérilisation du liquide
Mauvais drainage des anfractuosités

Lavage articulaire au trocart (diamètre 2 à 4 mm) Irrigation par 1 à 3 L de sérum physiologique permettant : la remontée avec le flux des
fragments profonds, l’évacuation de débris petits à moyens
Persistance de zones mal irriguées

Lavage au trocart + distension (Tidal) (clampage de la voie d’évacuation du sérum Association à une distension permettant : le déplissement de replis synoviaux, la libéra-
physiologique, permettant une réplétion de l’articulation) tion de fragments intrasynoviaux
Pas de geste direct sur les zones abcédées

Lavage arthroscopique Contrôle scopique permettant : l’affaissement de cloisonnements, l’exérèse de zones


synoviales nécrotiques, la réalisation éventuelle d’une synovectomie

Arthrotomie Traitement maximal permettant : un meilleur accès au compartiment postérieur, une


synovectomie large
Expose à un risque majeur d’enraidissement séquellaire

Tableau VII. – Proposition d’organigramme pour la rééducation des Tableau VIII. – Principaux facteurs de risque des infections sur pro-
arthrites septiques. thèses articulaires [3].

Phases Rééducation Facteurs de risque Odds ratio (IC)


1 - Premiers jours Immobilisation en bonne posture à titre antalgique Infection sur cicatrice 35,9 (8,3-154,6)
phase aiguë Lutte contre flessum, glaçage antalgique Pathologie néoplasique 3,1 (1,3-7,2)
Entretien musculaire isométrique, respectant la dou- Seconde prothèse 2,0 (1,4-3,0)
leur
Décharge complète (membres inférieurs) IC : intervalle de confiance

2 - 3e-4e jours Glaçage antalgique, entretien musculaire


après début d’amélioration Mobilisation passive progressive, respectant la douleur – les bactéries à l’origine de ces infections sur prothèse sont capables
Amplitude progressivement croissante, arthromoteur de sécréter du glycocalyx qui les recouvre, les rendant alors
Poursuite de la décharge complète (membres infé-
rieurs)
inaccessibles au système immunitaire et aux antibiotiques.

3 - 2e-3e semaines Poursuite du travail des amplitudes


phase de récupération Rééducation active croissante (isocinétique) ÉPIDÉMIOLOGIE ET FACTEURS DE RISQUE
Reprise progressive de l’appui (membres inférieurs)
Les infections constituent la complication la plus grave des prothèses
articulaires. Leur fréquence est variable, dépendant du type de
NOTION DE SYNOVITE POSTINFECTIEUSE chirurgie (implantation première ou remplacement), de l’ancienneté
de la prothèse et du patient chez lequel elle est posée. L’estimation
Lorsque la prise en charge est trop tardive, la persistance d’une
actuelle se situe entre 1,8 % et 9 %, plutôt en baisse sur les 30
synovite inflammatoire non septique peut être observée. Ces
dernières années [3, 8, 12, 13, 36].
synovites sont favorisées par la persistance d’anfractuosités
contenant des débris cartilagineux ou synoviaux, constituant des Une récente étude portant sur 468 infections sur prothèse a permis,
corps étrangers au sein de la synoviale et/ou des antigènes en analyse multivariée, d’isoler trois facteurs de risque des infections
bactériens, pérennisant ainsi la réponse immunitaire. À terme, une prothétiques (tableau VIII) [3] . De façon logique, ces risques
réaction inflammatoire autoentretenue est observée. La prise en s’additionnent aux autres facteurs de risque d’infection articulaire ;
charge de telles synovites postinfectieuses n’est pas standardisée ; de ce fait, le risque infectieux semble majeur lors des remplacements
elle est à discuter au cas par cas entre rhumatologues, chirurgiens prothétiques dans un contexte de polyarthrite rhumatoïde, diabète,
orthopédiques et bactériologistes. Des données expérimentales de transplantation rénale ou hépatique [3, 34].
animales semblent montrer que l’utilisation d’anti-inflammatoires
(par voie générale ou par voie locale) pourrait avoir un intérêt. Chez
CLINIQUE
l’homme, aucune étude n’a été menée et il faut insister sur leur
risque en cas d’infection insuffisamment contrôlée. Quatre tableaux cliniques peuvent être distingués (tableau IX). Les
signes cliniques varient en fonction du type et sont regroupés dans
le tableau X [6, 36].
Cas des infections sur prothèse
articulaire Tableau IX. – Différents types d’infection sur prothèse articulaire.
Infection de découverte fortuite lors germe sur plus de trois prélèvements
d’un changement de prothèse peropératoires systématiques lors d’un
PHYSIOPATHOLOGIE remplacement prothétique pour descelle-
Certains mécanismes physiopathologiques des infections sur ment, initialement étiqueté aseptique
prothèses articulaires sont propres à cette entité et diffèrent des Infection aiguë postopératoire fait suite à une contamination peropéra-
autres arthrites septiques : toire, se révèle entre le 30e et 90e jour
suivant l’intervention
– de nombreux polymères, constituant les prothèses, modifient la
Infection chronique postopératoire fait suite à une contamination peropéra-
réponse immunitaire et perturbent localement les mécanismes de toire, caractère torpide, diagnostic après
défense contre les infections ; plusieurs mois ou années

– les matériaux étrangers (prothèse ou ciment) sont fréquemment à Infection aiguë hématogène fait suite à une bactériémie, avec greffe
l’origine de phénomènes inflammatoires locaux, favorisant infectieuse sur la prothèse, peut survenir
à tout moment de la vie de la prothèse
l’adhésion et la persistance des bactéries ;

6
Appareil locomoteur Arthrites septiques à pyogènes de l’adulte 14-180-A-10

Tableau X. – Clinique et traitement des infections sur prothèses articulaires.

Infection Clinique Biologie Radiographie Traitement


Découverte fortuite Douleur mécanique • VS/CRP normales • Liseré périprothétique (descel- • ATBT 6 semaines
postopératoire • supérieur à 3 Pvts peropéra- lement) • Pas de changement immédiat
toires + de prothèse

Aiguë postopératoire • Douleur inflammatoire • # VS/CRP • Normale • Lavage chirurgical*


• Fièvre • Ponction + • ATBT 6 semaines à 6 mois
• Cicatrice rouge • Hémocultures - • Pas de changement immédiat
de prothèse

Chronique postopératoire • Douleur mécanique • ± # VS/CRP • Appositions périostées • Ablation prothèse et tissus
• ± fébricule • ± Ponction + • Géodes endostées osseux infectés
• Hémocultures - • Liseré périprothétique (descel- • Réimplantation avec ciment
lement) imprégné d’ATBT, soit immé-
diate, soit différée
• ATBT 6 semaines à 6 mois

Aiguë hématogène • Douleur inflammatoire • # VS/CRP • Normale • Lavage chirurgical*


• Arthrite • Ponction + • ATBT 6 semaines à 6 mois
• Fièvre • Hémocultures + • Pas de changement immédiat
de prothèse

* Le lavage chirurgical comprend, outre l’évacuation des débris cartilagineux, l’excision large des tissus infectés.
ATBT : antibiotiques ; Pvts : prélèvements ; VS : vitesse de sédimentation ; CRP : C reactive protein.

EXPLORATIONS COMPLÉMENTAIRES indium-PNN semble avoir un meilleur rapport


Les principaux germes retrouvés sont : les staphylocoques dorés, les sensibilité/spécificité ; elle ne remplace cependant pas la ponction
staphylocoques coagulase négative (blancs), les streptocoques, les q lavage [26, 28].
bacilles pyocyaniques (Pseudomonas aeruginosa), ainsi que d’autres
bacilles à Gram négatif. RÉCAPITULATIF ET TRAITEMENTS

¶ Ponction articulaire La prise en charge thérapeutique dépend du type d’infection. Les


grandes lignes en sont regroupées dans le tableau X [6, 12, 36].
Elle est primordiale comme dans toutes arthrites et permet parfois
d’isoler le germe. Un lavage avec 10 cL de sérum physiologique est
effectué en cas d’épanchement de faible abondance. Un PROPHYLAXIE DES INFECTIONS SUR PROTHÈSE
ensemencement du liquide de ponction dans des flacons à L’incidence des infections postopératoires a nettement diminué
hémocultures permet d’augmenter le rendement des prélèvements. grâce aux progrès d’asepsie dans les blocs opératoires. Néanmoins
Les germes le plus fréquemment retrouvés sont regroupés dans le le risque persiste, très variable d’une série à l’autre, d’une équipe à
[3, 6, 36]
tableau XI . l’autre.

¶ Radiographies standards ¶ Prophylaxie lors de la mise en place de la prothèse


Elles ont un faible intérêt dans les infections aiguës. Dans les Aucun consensus n’existe concernant l’antibiothérapie
infections chroniques, elles montrent principalement des signes de prophylactique systématique au moment de la mise en place de la
descellement, principalement une résorption osseuse prothèse. Plusieurs schémas d’administration (dose préopératoire
périprothétique. Les arguments en faveur d’une origine septique unique ou doses multiples sur 1 à 14 jours) ont été proposés, mais
sont une aggravation rapide de l’ostéolyse périprothétique sur les les études contrôlées permettant de les évaluer n’ont inclus qu’un
clichés successifs et l’apparition d’appositions périostées. petit nombre de patients, insuffisant pour une conclusion
définitive [12]. De façon pragmatique, cette prophylaxie antibiotique
¶ Arthrographie est utilisée par la majorité des chirurgiens orthopédiques avec,
comme principal inconvénient, un risque de sélection de bactéries
Elle a comme principal intérêt de confirmer le diagnostic de résistantes [6, 12].
descellement, mais il n’existe pas d’image pathognomonique d’un
Lors des changements de prothèse, il n’existe pas de consensus.
descellement septique. Elle permet de réaliser dans le même temps
Cependant, des prélèvements bactériologiques multiples en
la ponction qui permettra d’affirmer le diagnostic ; certains y
peropératoire sont recommandés : la positivité de trois ou plus de
associent une biopsie au Tru-cutt.
ces prélèvements est un signe hautement prédictif d’infection sur la
prothèse que l’on vient de changer (sensibilité 65 %, spécificité
¶ Scintigraphie 99,6 %, LR [Likelihood ratio] 168,6) et donc de risque d’infecter la
La scintigraphie au technétium 99 (99mTC) est inutile car elle ne nouvelle prothèse [2]. Cette attitude permet de diagnostiquer des
permet pas de distinguer un descellement septique d’un descellements septiques, initialement pris à tort pour des
descellement mécanique. La scintigraphie combinée gallium + descellements aseptiques (tableaux IX, X).

¶ Prophylaxie lors d’un geste dentaire


Tableau XI. – Germes retrouvés le plus souvent dans les infections sur
prothèse articulaire. En cas de geste dentaire a priori non septique, un traitement
antibiotique systématique n’est à envisager que chez certains
Germes Fréquence patients à risque important d’arthrites : polyarthrite rhumatoïde,
Staphylocoque à coagulase positive 20 à 30 % diabète, hémophilie [8].
Staphylocoque à coagulase négative 20 à 50 % En cas de foyer infectieux patent, l’antibiothérapie est systématique.
Streptocoques 9 à 18 % Le traitement repose sur l’amoxycilline ou une céphalosporine de
Bacille à Gram négatif 8 à 19 %
première génération, voire la clindamycine en cas d’allergie. La
Anaérobies 6 à 11 %
Autres 4 à 10 % première prise a lieu juste avant le geste, la seconde 6 heures plus
tard [8].

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14-180-A-10 Arthrites septiques à pyogènes de l’adulte Appareil locomoteur

¶ Prophylaxie lors d’un geste urologique Conclusion


Avant tout sondage urinaire ou toute cystoscopie, un examen
cytobactériologique des urines (ECBU) préalable est indispensable ; L’arthrite septique est une urgence.
un traitement antibiotique n’est recommandé qu’en cas d’infection. L’urgence est à l’identification du germe dans le but d’initier un
Ce traitement doit couvrir les bacilles à Gram négatif, les traitement rapide, plus qu’au traitement antibiotique aveugle d’emblée.
staphylocoques et les streptocoques [8]. Le diagnostic repose sur des données cliniques, biologiques,
radiologiques et surtout bactériologiques. La prise en charge de ces
¶ Prophylaxie lors d’un geste digestif
patients doit être pluridisciplinaire (rhumatologues, infectiologues,
En cas d’endoscopie digestive (principalement coloscopie), une orthopédistes, bactériologistes). Le traitement est tripartite, associant
antibiothérapie n’est à débuter qu’en cas d’infection digestive (abcès une antibiothérapie adaptée, le drainage de l’articulation et la
diverticulaire ou autres) [8]. rééducation.

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