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I. GENERALITES :
Les anticoagulants sont des médicaments indispensables pour la prévention et le traitement
des pathologies thrombo-emboliques.
Ils ont un rapport bénéfice/risque bien établi et sont utilisés depuis plus de 60 ans dans de
nombreuses situations cliniques.
Ils concernent une population de plus en plus large, souvent âgée et fragile.
Le risque majeur associé à leur utilisation est le risque hémorragique. Cette iatrogénie est liée
à leur mode d’action pharmacologique et est majorée dans certaines situations : patients âgés,
polypathologie, insuffisance rénale, insuffisance hépatique, faible poids corporel, interactions
médicamenteuses, gestes à risque hémorragique. Des cas d’administrations inappropriées ou
d’erreurs médicamenteuses peuvent également être à l’origine d’un risque hémorragique.
1. LES HEPARINES :
1. a. MECANISME D’ACTION :
Les héparines sont des polysaccharides sulfatés de taille variable qui exercent leur activité
anticoagulante de façon indirecte en se liant à l’antithrombine par une séquence spécifique
pentasaccharidique. Cette liaison entraine un changement de conformation de l’antithrombine
et accélère l’inactivation des enzymes de la coagulation.
Si les chaines d’héparine ont une longueur importante, les facteurs Xa et Iia seront inactivés
de façon équivalente ; lorsque la longueur des chaines et plus courte, le facteur anti Xa sera
inactivé de façon prédominante.
Ainsi, l’on distingue les héparines non fractionnés (HNF) et les héparines de bas poids
moléculaires (HBPM).
HNF :
Les HNF combinent une activité anti-IIa et une activité anti-Xa équivalentes.
HBPM
Obtenues par dépolymérisation chimique ou enzymatique des HNF, plus homogènes en masse
moléculaire, constituées essentiellement de chaines courtes, ont une activité anti-Xa
prédominante sur l’activité anti-IIa dans un rapport variable de 2 à 4 en fonction des
molécules.
FONDAPARINUX :
Pentasaccharide obtenu par synthèse, dérivé de la séquence spécifique de l’héparine qui se lie
à l’antithrombine, ce qui lui confère une activité anti-Xa exclusive.
1 .b . PHARMACOCINETIQUE :
Les héparines ne sont pas absorbées par voie orale et doivent être administrées par voie
parentérale.
HNF :
HBPM :
Les héparines de bas poids moléculaires ont des propriétés originales qui les distinguent de
l'héparine non fractionnée un effet antithrombine plus faible, une plus grande facilité
d'administration et une meilleure tolérance. Leur demi-vie d'élimination est plus longue
Autre différence par rapport à l'héparine non fractionnée, la biodisponibilité après injection
sous-cutanée est supérieure à 90 %.
1. c. LES DROGUES :
HNF :
Héparinate de sodium :
Héparinate de calcium :
Posologie :
HBPM :
Présentation :
Enoxaparine sodique :
Tinzaparine sodique :
Daltéparine sodique :
Nadroparine calcique :
Enoxaparine sodique :
Tinzaparine sodique :
Daltéparine sodique :
FONDAPARINUX :
Présentation :
Seringues pré-remplies 1,25 mg/0,3 ml ; 2,5 mg/0,5 ml ; 5 mg/0,4 ml ; 7,5 mg/0,6 ml ;
10 mg/0,8 ml.
Posologie :
1. d. EFFETS INDESIRABLES :
Hémorragies
Au cours du traitement curatif, la fréquence des accidents hémorragiques graves est d'environ
5 %. Ces accidents peuvent survenir dans des circonstances diverses le plus souvent par
surdosage par erreur thérapeutique (injection biquotidienne des formes concentrées prévues
pour une seule injection/j, durée du traitement au-delà de 10 j, accumulation des héparines de
bas poids moléculaires lors d'une insuffisance rénale sévère...) ou après des gestes agressifs
(ponctions artérielles ou biopsies).
Thrombopénies
- la thrombopénie de type II dite thrombopénie induite par l'héparine (TIH). Celle-ci est
d'origine immuno-allergique et s'exprime beaucoup plus souvent par des thromboses
artérielles ou veineuses (apparition d'une thrombose ou aggravation d'une thrombose déjà
présente) que par des hémorragies. Aussi, tout accident thrombotique survenant sous héparine
doit immédiatement faire évoquer la thrombopénie induite par l'héparine. Elle arrive plus
souvent sous héparine non fractionnée que sous héparine de bas poids moléculaire. Elle est
définie par un chiffre plaquettaire < 100 000 et (ou) une chute relative des plaquettes de 30 à
50 % sur 2 numérations successives. Elle apparaît essentiellement entre le 5e et le 21e j
suivant l'instauration du traitement héparinique avec un pic de fréquence au l0e j, mais elle
peut apparaître plus tôt en cas de traitement antérieur et après le 21e j en cas de traitement
prolongé par héparine de bas poids moléculaire. Toute forte suspicion de thrombopénie
induite par l'héparine doit faire arrêter immédiatement l'héparinothérapie en cours et faire
demander les tests biologiques de confirmation.
Manifestations dermatologiques
Réactions allergiques
Les réactions d'hypersensibilité à l'héparine sont très rares. Les symptômes principalement
retrouvés sont: le bronchospasme, les conjonctivites, les rhinites, la tachycardie et
l'hypertension, les manifestations les plus sévères étant l'oedème angioneurotique et le choc
allergique. Sur le plan biologique, il peut s'y associer également une hyperéosinophilie
Ostéoporose
Des phénomènes d'ostéoporose ont été constatés parfois lors de traitement au long cours par
héparine, particulièrement au cours de la grossesse. Les héparines de bas poids moléculaire
exposeraient moins à ce risque que l'héparine non fractionnée.
Perturbations métaboliques
1. e. CONTRE - INDICATIONS :
Les principales contre-indications sont identiques pour les héparines de bas poids moléculaire
et l'héparine non fractionnée : les antécédents de thrombopénie induite par l'héparine, la
diathèse hémorragique, l'hémorragie en cours et enfin classiquement l'endocardite infectieuse.
Toutes les ponctions artérielles et la péridurale sont également contre-indiquées en cas de
traitement héparinique.
En cas d'insuffisance rénale sévère avec une clairance de la créatinine < 30 mL/min, les
héparines de bas poids moléculaire sont contre-indiquées en curatif et déconseillées en
préventif.
1. f. INDICATIONS :
HNF :
Traitement curatif en phase aiguë des thromboses veineuses profondes constituées, des
embolies pulmonaires, des IDM et angors instables et des embolies artérielles extra
cérébrales. L’héparine sodique est également indiquée en traitement curatif de certains cas de
coagulopathie.
FONDAPARINUX :
Prévention des ETEV en chirurgie abdominale chez les patients adultes considérés comme
étant à haut risque de complications thrombo-emboliques, en particulier ceux subissant une
chirurgie abdominale pour cancer.
Prévention des ETEV chez l’adulte considéré comme étant à haut risque d’événements
thrombo-emboliques veineux, alités pour une affection médicale aiguë (insuffisance
cardiaque/trouble respiratoire aigu/maladie infectieuse ou inflammatoire aiguës).
Traitement de l’IDM avec sus décalage du segment ST (STEMI) chez les adultes soit pris en
charge par un traitement thrombolytique soit ne relevant initialement d’aucune autre
technique de reperfusion.
Traitement des thromboses veineuses profondes (TVP) aiguës et des embolies pulmonaires
(EP) aiguës de l’adulte, à l’exclusion des patients hémodynamiquement instables ou des
patients nécessitant une thrombolyse ou une embolectomie pulmonaire.
Activité anticoagulante :
Héparines de bas poids moléculaire: quelle que soit la posologie, contrairement à l'héparine
non fractionnée, il n'est pas nécessaire de faire d'adaptation posologique par l'activité anti-Xa
du fait d'une moindre variabilité inter- et intra-individuelle.
Toutefois, l'héparinémie par la mesure de l'activité anti-Xa peut s'avérer utile dans certains
cas, pour dépister un surdosage ou un risque hémorragique (insuffisance rénale, sujet très âgé,
obésité). La zone thérapeutique, qui n'est pas validée, se situerait entre 0,5 et 1 UI anti-Xa/mL
selon les héparines de bas poids moléculaires, le prélèvement devant être effectué entre la 3e
et la 4e h après l'injection, au minimum 2 j après le début du traitement.
Elle est absolument nécessaire afin de permettre le dépistage de la thrombopénie induite par
l'héparine de type II (TIH). Cette numération plaquettaire doit être réalisée avant le début du
traitement puis 2 fois par semaine jusqu'au 21e j puis une fois apr semaine si le traitement est
prolongé au-delà.
Même si l'incidence des thrombopénies induites par l'héparine de type II sous héparine de bas
poids moléculaires est moindre que sous héparine non fractionnée, il demeure indispensable
de réaliser la même surveillance de la numération plaquettaire.
Cas du fondaparinux :
2. LES AVK :
2. a. MECANISME D’ACTION :
2. b. PHARMACOCINETIQUE :
Les antivitamines K ont une absorption intestinale complète et se fixent à 98 % aux protéines
plasmatiques. Seule la fraction libre est active. Leur métabolisme est essentiellement
hépatique, les métabolites étant éliminés dans les urines et les selles.
La classe des indanediones a une affinité plus forte aux protéines par rapport aux
coumariniques.
La demi-vie varie d’un AVK à l’autre (le Sintrom à une demi-vie courte : 8h ; le Préviscan à
une demi-vie moyenne : 31h ; la Warfarine à une demi-vie longue : 35 à 45h).
Le délai d’action dépend de la demi-vie des facteurs inhibés (6h pour le facteur VII et la
protéine C ; 2 à 3 jours pour les facteurs II et X). Ainsi l’équilibre d’un traitement par AVK
est obtenu en 8 jours en moyenne.
2. c. LES DROGUES :
Présentation :
Acénocoumarol cp 4mg et 1mg
Warfarine cp 2mg et 5mg
Fluindione cp 20mg
Posologie :
Il existe une grande variabilité interindividuelle de sensibilité aux AVK, c’est pour cela qu’il
faut commencer à faible dose (exemple : 1mg d’acénocoumarol) adapter les doses selon les
résultats de l’INR, sachant que l’INR cible varie selon les indications.
2. d. EFFETS INDESIRABLES :
La classe des indanediones est susceptible d'induire des effets indésirables spécifiques,
notamment immunoallergiques qui, bien que rares, peuvent être graves. La nécrose cutanée
est exceptionnelle et survient en cas de déficit en protéines C ou S.
Les complications hémorragiques représentent l'effet iatrogénique le plus important. Il est
indispensable de rechercher en premier lieu un surdosage, le plus souvent en cause, et de
démasquer des lésions sous-jacentes susceptibles de saigner (maladie néoplasique, ulcère
gastroduodénal...). Toute manifestation clinique inopinée chez un patient sous antivitamines
K, a fortiori en cas d'INR élevé, doit faire évoquer de principe un hématome profond
(hématome du psoas, hémato-rachis, hématome sous-ducal, hématome rétropéritonéal...).
En fonction de la gravité des manifestations hémorragiques, différents antidotes sont
disponibles.
Dans tous les cas, le traitement par antivitamines K doit être arrêté.
Les hémorragies majeures responsables d'une chute du taux d'hémoglobine nécessitent une
correction rapide de l'hémostase par l'administration de fractions PPSB (prothrombine
proaccélérine facteurs Stuart antihémophilique B) du plasma. La dose préconisée est de 10 à
20 UI de facteur IX/kg auquel il faut associer une injection intraveineuse lente de vitamine K1
(5 à 10 mg) pour normaliser la coagulation.
Les hémorragies mineures ou un surdosage uniquement biologique peuvent être corrigés par
l'administration de petites doses de vitamine KI en intraveineuse lente ou per os (0,5 à 2 mg).
2. e. CONTRE – INDICATIONS :
2. g. SURVEILLANCE :
Le test biologique adapté à la surveillance des AVK est l’INR (International Normalized
Ratio).
L’INR fait partie des marqueurs qui permettent de surveiller certains facteurs sanguins
impliqués dans la coagulation. C’est un taux calculé qui permet de pallier aux grandes
variabilités du taux de prothrombine (TP) entre les différents laboratoires d’analyse médicale.
En dehors de tout traitement par AVK, l’INR d’un sujet normal est ≤ 1,2.
À l’exception de certaines situations spécifiques (valvulopathies et prothèses de valve
cardiaque mécaniques notamment), un INR compris entre 2 et 3 avec une valeur cible de 2,5
est recherché.
Avant l’initiation du traitement, il est recommandé de faire un bilan d’hémostase (TP, TCA)
afin de détecter d’éventuels troubles de l’hémostase et de pouvoir ainsi adapter au mieux la
posologie initiale.
Ensuite, le premier contrôle doit s’effectuer après la 3e prise d’AVK (c’est-à-dire le matin du
4e jour), afin de dépister une hypersensibilité individuelle : un INR supérieur à 2 annonce un
surdosage avant l’obtention de l’équilibre et doit faire réduire la posologie.
Le deuxième contrôle s’effectue en fonction des résultats du premier INR, afin d’apprécier
l’efficacité anticoagulante (selon les cas entre 3 et 6 jours après le 1er contrôle).
Les contrôles ultérieurs doivent être pratiqués 1 à 2 fois par semaine jusqu’à stabilisation de
l’INR, puis avec un espacement progressif jusqu’à un intervalle maximal de 1 mois.
L’équilibre du traitement n’est parfois obtenu qu’après plusieurs semaines.
Après un changement de posologie, le premier contrôle doit être fait 3 jours après la
modification et les contrôles doivent être répétés jusqu’à stabilisation (1 à 2 fois par semaine).
À noter qu’un contrôle biologique doit être envisagé 2 à 3 jours après toute situation
susceptible de perturber l’INR (fièvre, déshydratation, décompensation cardiaque, ajout ou
retrait d’un autre médicament, infections, etc.) afin d’adapter la posologie de l’AVK si besoin.
3. a. MECANISME D’ACTION :
Les AOD sont des inhibiteurs directs des facteurs IIa (dabigatran) ou Xa (rivaroxaban,
apixaban).
Les AOD bloquent l’activité enzymatique des facteurs (et non leur synthèse comme les AVK)
3. b. PHARMACOCINETIQUE :
3. c. LES DROGUES :
Dabigatran :
Présentation :
Rivaroxaban : cp 2,5mg ; cp 10mg ; cp 15 mg ; cp 20 mg
Apixaban : cp 2,5mg ; cp 5mg
3. d. EFFETS INDESIRABLES :
Les hémorragies :
3. e. CONTRE-INDICATIONS :
3. f. COMPRAISON AVK/AOD :
Les interactions médicamenteuses connues et répertoriées des AOD sont moins nombreuses à
ce jour que celles des AVK.
Il est noté l’absence d’interaction avec les aliments, contrairement aux AVK dont l’efficacité
peut être modifiée en fonction des apports alimentaires en vitamine K.
Leur utilisation est plus simple pour le patient, de même que leur prescription par le médecin
car la posologie est fixe.
Ils ne nécessitent pas de surveillance biologique dans l’état actuel des connaissances.
Il est noté une réduction du risque hémorragique (en particulier cérébral).
Leur délai d’action est rapide (absence de délai d’action lors du relais avec un anticoagulant
injectable).
Tout comme les AVK, les AOD sont associés à un risque hémorragique (plutôt d’origine
digestive).
Il n’existe pas d’antidote spécifique à ce jour.
Leur courte demi-vie rend leur action très dépendante de l’observance.
Un risque potentiel de mésusage existe :
• nouveau médicament mal connu ;
• nombreux dosages et posologies différents (préventif/curatif) ;
• absence de surveillance biologique ne permettant pas de vérifier l’observance, ni le risque de
survenue de surdosage ;
• risque hémorragique associé à l’insuffisance rénale ;
• âge ;
• faible poids ;
• risque d’usage hors AMM du fait de leur facilité d’emploi.
Un suivi de la fonction rénale est nécessaire lors de l’utilisation des AOD.
Le recul est encore faible sur l’innocuité au long cours en population réelle.
Le coût est très élevé et le rapport coût/efficacité reste à définir.
3. g. INDICATIONS :
3. h. SURVEILLANCE :
Surveillance clinique
Comme pour tout traitement anticoagulant, une surveillance clinique appropriée est
recommandée pendant toute la durée du traitement, à la recherche d’éventuels signes de
saignement extériorisé ou de signes pouvant évoquer un saignement non extériorisé (asthénie,
dyspnée, polypnée, pâleur, hypotension, tachycardie, céphalée ne cédant pas au traitement,
malaise, chute brutale du taux d’hémoglobine, etc.).
Elle doit être réévaluée en fonction du statut rénal du patient, en cas de détérioration avérée ou
suspectée (par exemple en cas d’hypovolémie, de déshydratation ou d’association avec
certains médicaments), et d’une manière générale tous les 3 ou 4 mois après la mise en place
du traitement chez les plus de 75 ans, afin d’adapter si nécessaire la posologie de l’AOD.
À noter que la méthode d’évaluation de la fonction rénale (ClCr en mL/min) qui a été utilisée
lors du développement clinique des AOD est celle de Cockcroft-Gault, d’où la
recommandation de se baser sur cette méthode.
Voir tableau.