JEAN-DAMIEN

COLLIN

5 rue du Saule

68100 Mulhouse

France

INSTITUT CULTUREL BASQUE

Rapport - Avril 2017
jd.collin@free.fr

03 89 66 42 32

SIRET 821 980 596 00018

APE 7490B
 QUESTION DE DÉPART
La commande de l’Institut Culturel Basque porte sur le
besoin de définir « comment agir » pour une politique
culturelle au Pays basque au regard de :
➤ La réorganisation territoriale de l’organisation
publique locale à travers la création de l’EPCI Pays
basque au 1er janvier 2017. Celui-ci faisant de la
culture basque, sa première délibération.
➤ L’introduction dans le droit français du lien entre les De cette première période, il est bon de noter
politiques publiques de la culture et les droits culturels particulièrement :

(Article 103 de la loi NOTRe, 2015 et Article 3 de ➤ La pertinence de l’ICB à la question de la mise en

la loi LCAP, 2016), œuvre des droits culturels sur le territoire

➤ L’obtention du label Ethnopôle par l’ICB

Pour cela il a été demandé d’accompagner l’Institut ➤ La réalisation d’un état des lieux pointant
Basque dans cette période de réflexion, sa mission d’état particulièrement :

des lieux et de proposer des axes de travail. ➡ Des points d’efforts :

• La question transfrontalière.

Plusieurs temps de travail commun, rendez-vous ainsi • Un besoin d’organisation de la

qu’une conférence publique ont été réalisés sur la période formation et de la professionnalisation.

• Un besoin de sortir des approches

à Mulhouse et en Pays Basque.
classiques et sectoriels de la culture et
de ses pratiques .

Plusieurs documents intermédiaires sur l’enjeu des droits

Dan
culturels, sur l’état des Perjovschi
lieux, sur les orientations
➡ Des parties prenantes à élargir afin de
prendre en compte la question culturelle dans
possibles ont été fournis jusqu’en février 2017 afin des domaines comme le tourisme,
d'alimenter les débats internes..
 l ’ é c o n o m i e l o c a l e , l ’ a rc h i t e c t u re , l e
numérique.

➡ Des points saillants à prendre en main :

• Des acteurs volontaires et pour

d’autres ouverts à entrer dans une
démarche innovante et incluante pour
avancer.

• Un changement de positionnement
pour une meilleure réponse territoriale
à l’ambition culturelle pour le Pays
Basque et mieux participer à la mise
en œuvre des droits culturels sur le
Dessin : Dan Perjovschi

territoire.
PROPOSITIONS
Avril 2017
1. EXPÉRIMENTER UN POSITIONNEMENT ICB 2017-202X
Les différents temps de travail et l'état des lieux ont démontré
Méthode
l'importance de repositionner l'ICB face au contexte. A cette ➡ Créer un dispositif d'accompagnement d'initiative
fin, il est proposer de mener deux actions : Donner les moyens d'avancer, expérimenter, se
➡ Démarche d'analyse et de co-construction au regard des droits connecter et s'approprier l'histoire est fondamental
➡ Une démarche d’analyse de co-construction de
culturels pour permettre à la culture basque d'aujourd'hui
l'action en faveur de la culture basque
Cette démarche relève de ce qui parfois s'appelle aussi d'exister et à l'art de se développer. Pour cela, l'ICB
➡ La mise en place d'une action nouvelle : un
projet d'entreprise. Mais ici adapté à une institution culturelle doit se mettre dans une position d'écouter et
accompagnement d'initiatives
au service des habitants et d'une politique publique.
accompagner les initiatives.

Au regard des acquis professionnels de l'ICB, de ses missions et La méthode reprend en partie celle utilisée dans le cadre de La proposition est de partir de l'état des lieux pour
de ses compétences, ces deux actions permettent de mettre la démarche Paideia, présentée en février 2017.
identifier des artistes ou des habitants avec un potentiel
l'ICB au travail dans un objectifs de mise en œuvre des droits Dans le cas de l'ICB, il est proposé d'agir ainsi :
d'initiative.

culturels. Si les différents droits culturels décrits dans la 1. Cycle introductif de conférence sur un trimestre (3h de Il est  nécessaire d’ajouter la proposition d’entretiens
déclaration de Fribourg sont pris comme base, il est facile de conférence/débats toutes les 3 semaines) afin de mettre préalables pour bien identifier les potentiels.

constater que l'ICB est outillé afin d'apporter les éléments et les acteurs en réflexion.
Ensuite, la démarche est simple. Il s'agit d'aider
les contacts pour leur mise en œuvre dans les actions. Il est 2. Constitution d'un groupe de travail, comprenant l'équipe
donc proposé de se mettre au travail de la manière suivante : de l'ICB, des partenaires, des artistes, des associations,
des représentants des différentes collectivités et de
➡ démarche d'analyse et de co-construction secteurs autres que la culture (économie, tourisme,
Ici l'ICB se positionne en lien avec ses parties prenantes aménagement du territoire…). C’est aussi l’occasion
l'initiateur à formuler le projet, lui donner les étapes et
les connexions à sa bonne calibration et réalisation,
organiser co-développement et interconnexion. Une
méthodologie spécifique incluant des intermédiaires est
certainement à mettre en place.

dans une démarche d'analyse d'actions au regard des droits d’inclure des acteurs du Sud du Pays Basque.
Pour illustrer ce dispositif, prenons un exemple. Partons
culturels. Ceci prolonge sous une certaine forme les acquis ‣ Ce groupe devra faire des analyses de cas à partir de d’un artiste, qui dans son domaine souhaite initier une
de l'état des lieux et permet de les exploiter. Et construit la méthode initiée par Paideia. Il faudrait faire des action. Celle-ci se doit d'être collective et au service de
une culture commune de mise en œuvre des droits culturels. choix sur des secteurs ou des actions. Ce sera la culture. À partir de ce constat, le choix est fait de
La mise en œuvre d'une politique respectueuse des droits l’occasion d’ouvrir un travail commun intersectoriel l'accompagner. La méthode de choix est à définir. Un
culturels passe par des institutions de type multi- et interacteurs afin de créer une approche commune travail d'analyse du projet, des compétences en place,
directionnelle qui participent à l'interconnexion de tous les et une dynamique partagée.
des parties prenantes et fait en commun. Des temps
acteurs pour une responsabilité commune et une expertise ‣ Les mettre au travail et en commun à travers des collectifs avec d'autres acteurs sont mis en place, dans
étendue. C'est donc une démarche afin d'expérimenter et temps réguliers de réunion et de mise en partage.
une méthodologie co-développement.

‣ L e s a n a l y s e s p e r m e t t ro n t d e r é a l i s e r d e s C'est donc un travail de pas-à-pas, basé sur le

co-construire ce positionnement et cette façon de faire.
cartographies de parties prenantes ainsi que des processus et non la procédure administrative, basé sur
➡ accompagnement d'initiative chaînes de valeurs. L'état des lieux pourra servir de le développement des capacités et la mobilisation des
Le meilleur moyen de défendre la culture basque c’est de base.
moyens et non le subventionnement comme forme finie
donner les moyens à ceux qui la font de pouvoir avancer, 3. Organisation de forum ouvert afin de partager et de l'aide et de la reconnaissance. C'est une expérience
expérimenter, se connecter et aussi s’approprier l’histoire. identifier. Un par semestre par exemple.
commune, un partage du pouvoir d'agir et de
Pas forcement à des organisations en place, mais à des l’expérience de chacun.

Parties prenantes de la méthode :

initiatives non formulées par le corps social, artistes, ICB, Jean-Damien Collin, Patrice Meyer Bisch et l'équipe de Parties prenantes de la méthode :
habitants… Un travail sur le pouvoir d'agir dans un cadre l'observatoire (Fribourg), Réseau Culture 21 (Christelle ICB, Jean-Damien Collin, éthnopôle de l'ICB.
d'action culturelle démocratique. Blouet, Paris).
 Intermédiaires à identifier.
2. INITIER TROIS DIMENSIONS STRUCTURANTES

Au regard de l'état des lieux, de nombreux axes de travail

sont possibles. Sur la base de mon observation et une
mise en échange lors de mes séjours, je propose d'initier
trois axes prioritaires pour la culture basque en faisant le
choix suivant :
➡ Coopération transfrontalière
➡ Culture & tourisme
➡ Formation et enseignement professionnel

.

2.1 COOPÉRATION TRANSFRONTALIÈRE
Penser la frontière nationale en complément et en faire
une force…
L’état des lieux réalisé par l’ICB permet de pointer des
domaines où des acteurs culturels du Nord ou du Sud du
Pays Basques réalisent un travail essentiel non réalisé
dans l’autre partie du Pays. Il est donc évident qu’une
réflexion doit se mener afin de mutualiser l’action,
optimiser les investissements plutôt que de vouloir
redéployer des moyens pour faire la même chose. Il ne
s‘agit pas de simplement élargir le champ d’action, mais
bien d’entrer dans une logique d’élargissement de
l’action, participant à la réflexion droits cultuels tout en
faisant interagir les acteurs et les savoirs faire des deux
côtés du Pays Basque. La concurrence systémique
frontalière est souvent la force des territoires, il ne s’agit
donc pas de vouloir gommer ces différences, mais plutôt
de les mettre en interaction. Le cas du Pays Basque rend
cette idée encore plus intéressante.
Un autre aspect important est la présence réelle et ouverte
de l’entrée culturelle dans les PO Intereg V . Il existe un
vrai potentiel financier pour la culture basque, sa
structuration et ses interactions avec d’autres domaines
(tourisme, développement local…). Il me semble que dans
ce cas, l’ICB doit jouer un rôle de demande et d’exigence
auprès de l’EPCI Pays Basque. Ceci afin que l’EPCI soit
celui qui permet d’activer une ingénierie au service des
acteurs, les aide à lever des fonds et participer aux enjeux
de l’Interreg VI pour l’après 2020.
Enfin, cette question transfrontalière oblige à intégrer
dans la réflexion la cartographie de la diaspora.
Méthode
➡ Missions à des acteurs de chaque côté de la frontière
L’objectif : missionner les acteurs de la collecte et de la
valorisation sur le nord et le sud par une mission clairement
définie aussi bien au nord qu’au sud.
1. À partir de l’état des lieux, identifier les acteurs de la
collecte et de la valorisation des deux côtés de la
frontière.
2. Définir en commun des actions nécessaires du côté où la
mission n’est pas assurée, les parties prenantes, et la
définition de l’enveloppe budgétaire.
3. Négociation avec les tutelles financières
➡ mises en place de délibérations et de
conventions politiques sur cet objectif
(coopération, méthode d’accompagnement et
d’évaluation, rendez-vous d’exécutifs)
➡ attribution d’enveloppe pour la réalisation de la
mission
➡ Mise en place d’une veille juridique et d’un
comité de suivi pluri-partenarial.
Parties prenantes de la méthode :
EPCI Pays Basque, ICB, Collectivités côté Sud, États,
acteurs culturels identifiés dans l’état des lieux.
 Sans ce travail, il est certain que des fonds seront rendus à
➡ Interreg V
Le programme opérationnel d’Interreg V en Pays basque
jusqu’en 2020 ouvre la porte à l’entrée culturelle. C’est une
opportunité forte pour le travail à mener entre le nord et le
sud du Pays Basque.
Or, un travail important semble à réaliser pour faciliter le
montage de projet, la mise en relation des acteurs et la
valorisation des résultats. De même, la période de
préparation et de négociation de la prochaine programmation
va s’amorcer d’ici peu.
Or , il me semble que cette ambition dépasse l’ICB et mérite
une vraie prise en main par l’EPCI Pays Basque. Il s’agit
donc pour l’ICB de demander à l’EPCI de construire un
véritable outil pour aider les acteurs à porter des projets
Interreg V. L’ICB permettant de son côté d’animer et
structurer les définitions de projets et de mise en relation des
acteurs. Enfin, c’est un moyen d’aller plus loin dans l’objectif
sur les missions transfrontalières de certains acteurs.
Pour cela, il s’agit :
1. L’EPCI doit mettre en place une ingénierie pour faciliter la
conceptualisation de projet Interreg par un travail
d’accompagnement et de structuration des projets.
2. Il est possible en parallèle de créer un cadre pour
financer et faciliter des projets afin d’améliorer la
connaissance des acteurs entre eux, et améliorer
l’ingénierie culturelle de ceux-ci.
➡ Il s’agit de créer un dispositif d’aide financier qui
soit le support d’un processus administratif et
non d’une procédure administrative afin de
structurer relations, projets communs et partages
d’expériences entre institutions culturelles autour
de la culture Basque.
3. Il doit missionner l’ICB pour agir sur les connaissances
interprofessionnels (animation du réseau).
l’UE à la fin de la programmation ou au mieux partiront sur
d’autres objectifs sans avoir aider à agir sur la culture basque
et ses relations nord/sud.

2.2 CULTURE & TOURISME

La présence de la Culture Basque est forte dans la
construction d’offre touristique, avec tous les risques
connus. En particulier justement sur la culture et sa
dimension contemporaine.


L’ICB doit être missionné sur cette question. Le travail à
réaliser peut porter essentiellement dans un premier
temps dans l’intégration d’acteurs individuels et
institutionnels dans la démarche d'analyse et de co-
construction à partir des droits culturels. La
sensibilisation des acteurs aux droits culturels et à leur
mise en œuvre au sein de l’offre touristique, dans une
relation au service tant du touriste que de l’habitant, est
le fondement de cette relation. Méthode
C’est donc dans un premier temps un travail de fond vers
les professionnels et les acteurs institutionnels du ➡ Ouvrir un volet « culture & tourisme » dans la Démarche d'analyse
tourisme en les faisant participer à un travail sur les et de co-construction au regard des droits culturels
droits culturels. Un travail identique peut se faire avec le La meilleure méthode et la plus simple pour l’ICB est d’ouvrir
champ de l’économie. C’est même souhaitable. L’entrée un chantier spécifique sur le sujet et inclure des acteurs
individuels et institutionnels du tourisme dans cette
par le tourisme est un bon moyen de les associer.

démarche.
2.3 FORMATION ET ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL
L’état des lieux pointe qu’un point d’effort à porter pour
la culture basque est la formation des différents
intervenants et professionnels du secteur.
On peut observer un besoin de formation en ingénierie
culturelle et aussi à différentes techniques, qu’elles soient
pédagogiques ou entrepreneuriales, spécifiques aux
secteurs culturels.
Pour autant, il manque une donnée essentielle : quelle(s)
offre(s) de formation du côté sud du Pays Basque ? Cette
donnée est importante afin de s’assurer la meilleure
alimenter les contenus.
approche de la méthode proposée. Existe-t-il des licences
ou masters d’ingénierie culturelle ? Sur la culture
basque ? Sur l’entreprenariat transfrontalier ? Des
formations pour les intervenants artistiques ?
En effet, selon les réponses, l’objectif doit rester le même,
mais la réponse devra se construire différemment si des
offres existent déjà ou ne sont pas adaptées.

Méthode
➡ Créer un diplôme universitaire «  culture  » ou une formation qui
professionnalise des acteurs culturels qui parlent basque.
Il s’agit d’une formation d’ingénierie et d’entreprenariat
culturel. La formation doit permettre de renforcer les
capacités professionnelles afin d’agir au mieux sur le
➡ Des formations pour les formateurs
territoire et au service de la culture basque.
➡ Cette formation doit travailler la question du L’état des lieux pointe dans quasi tous les domaines étudiés
un besoin de formation des formateurs. Il peut être proposé
leadership culturel dans le monde contemporain.
Il s’agit de former des individus, entrepreneurs deux approches :
1. Une formation pensée par l’ICB. Il s’agit à mon avis au
ou responsables salariés, dans un cadre
d’ingénierie culturelle contemporaine. Et travailler regard des éléments d’une formation qui porte sur la
ainsi le leadership basque et l’entreprenariat pédagogie, l’approche et apporte des fondamentaux sur
la culture basque, son histoire, ses débats, ses enjeux
culturel.
➡ Il ne s’agit pas de normaliser une façon de faire contemporains. Le président de l’ICB a toutes les
compétences pour penser une formation de ce type et
ou d’analyser, mais bien d’outiller des acteurs de
terrain afin de les aider à formaliser et déployer l’ICB a de nombreuses ressources et expériences pour
leurs capacités.
2. Des partenariats pourraient se construire avec les écoles
➡ La question des langues ne doit pas être un
d’art pour inclure une option ou un diplôme
préalable. Il faut ici aussi miser sur les
complémentaire d’artiste intervenant.
concurrences systémiques du territoire basque
et donc inclure de fait l’idée des langues basque, Dans les deux cas, il faut au préalable construire une
française et espagnole non comme un préalable, maquette pédagogique.
mais comme une envie d’être appris. Puis Parties prenantes de la méthode :
construire une réponse pour aider l’étudiant à Président ICB, équipe ICB, parties prenantes à définir.
l’apprendre (système co-developpement par les
pairs).
Le travail à faire est de construire une maquette pédagogique
et trouver les partenaires.
Parties prenantes de la méthode :
Président ICB, équipe ICB, Denis Laborde, Jean-Damien
Collin, parties prenantes à définir