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Bâle IV : quels impacts pour les banques ?

4 Lettre d’actualité réglementaire | banque # 14


Brexit : le booking model des banques sous surveillance des superviseurs 10
Risk Assessment : un exercice au coeur de la fonction conformité 14 Avril 2018
Enquête globale sur l’évolution du rôle de Chief Data Officer 18
Actualités prudentielles 22
Protection de la clientèle 29
Actualités des marchés financiers 32
Autres réglementations 37

ANALYSES ET PERSPECTIVES

Bâle IV : quels impacts pour les banques ?

Romain Godard, Le 7 décembre 2017, le BCBS (Comité de de calcul des risques pondérés (ou RWA) est
Associé au sein de Bâle pour la Supervision Bancaire) a publié hautement flexible, permettant aux banques
Strategy& un texte qui propose de revoir les exi- de sous-estimer le risque de certaines
gences réglementaires des risques pondé- expositions en fonction du calcul réalisé.
rés, également appelés RWA (« Risk L’un des objectifs avoués du BCBS est de
Weighted assets) et de mettre en place un réduire la variabilité des RWA.
plancher de capital. Ces propositions fina- Concrètement, cela se traduira globalement
lisent un travail initié dès 2012 avec pour par une augmentation des RWA, requérant
objectif de recalibrer le cadre réglemen- ainsi un montant de capital plus important
taire de Bâle III. pour couvrir la même quantité de risques.
Ainsi, ces propositions, considérées
comme la finalisation de la réforme Bâle III Risque de crédit : révision de l’approche
Adel Harzi, pour les régulateurs, sont clairement standard
Directeur au sein du considérées comme une nouvelle vague ré- Des propositions ont été réalisées afin de
CoE FSRR glementaire pour l’industrie financière, revoir le calcul du risque de crédit selon
d’où son appellation « Bâle IV ». Cela est l’approche standard, afin d’accroitre sa
d’autant plus vrai que les impacts, au re- sensibilité au risque et sa robustesse dans le
gard des textes publiés jusqu’à maintenant temps. L’approche standard est la
seront importants, et pas seulement sur le méthodologie de calcul des risques de crédit
plan financier. Bâle IV prévoit de revoir en la plus utilisée par les banques. Le BCBS
profondeur la méthodologie de calcul de souhaite revoir sa méthodologie car elle est
tous les risques. Sont concernés les ap- maintenant considérée comme trop
proches standards et modèles internes du « simple » et pas assez granulaire. À titre
risque de crédit, du risque de marché et du d’exemple, la méthodologie actuelle propose
risque opérationnel. une même pondération de risque pour toutes
Après un bref rappel des propositions du les expositions de type immobilier
BCBS, cet article vous présente les résidentiel, quelle que soit la qualité de
différents impacts que nous avons crédit de la contrepartie ou la maturité.
identifiés sur l’industrie bancaire.
Le BCBS propose, dans son approche
Quelles sont les principales révisée, de pondérer cette exposition en
propositions ? prenant en compte le ratio « Loan-to-value »
(« montant d’un emprunt sur la valeur du
bien acquis grâce à cet emprunt ») et donc la
« Au pic de la précédente crise financière maturité résiduelle dans le calcul.
globalisée, un large éventail d’intervenants
ont perdu la foi dans les ratios de solvabilité
communiqués » a affirmé le Comité de Bâle
sur la Supervision Bancaire lorsqu’il a
annoncé les réformes. En effet, le BCBS
considère aujourd’hui que la méthodologie

PwC –Avril 2018 Lettre d’actualité réglementaire | banque # 14 4


Bâle IV : quels impacts pour les banques ? 4 Lettre d’actualité réglementaire | banque # 14
Brexit : le booking model des banques sous surveillance des superviseurs 10
Risk Assessment : un exercice au coeur de la fonction conformité 14 Avril 2018
Enquête globale sur l’évolution du rôle de Chief Data Officer 18
Actualités prudentielles 22
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ANALYSES ET PERSPECTIVES

Ainsi, les principales expositions concernées principales approches IRB : l’approche multiplicateur de l’exigence de fonds
par une évolution de l’approche standard du fondation, « Foundation IRB » (F-IRB), et propres en regard du risque de
risque de crédit sont les suivantes : l’approche avancée, « Advanced IRB » contrepartie ;
• les banques, avec une recalibration des (A-IRB). • le cadre existant ne couvre pas un facteur
pondérations sur ces dernières, le Les principales modifications de l’approche important de risque CVA, à savoir la
développement d’une nouvelle approche IRB pour le risque de crédit sont : composante « expositions ». Cette
pour les banques non notées et un • la suppression de la possibilité d’utiliser composante exposition correspond à
traitement spécifique pour les « covered l’approche A-IRB pour les expositions aux l’« Exposition Positive Attendue Effective »
bonds » ; établissements financiers et aux grandes (ou « EEPE ») et correspond à la valeur
• les entreprises, dont les pondérations vont entreprises. Les expositions aux actions ne moyenne de l’exposition attendue effective
être affinées (création d’une nouvelle pourront faire l’objet d’aucune approche calculée sur un horizon d’un an.
catégorie, les SMEs, pour les petites et IRB ; Le BCBS propose donc de l’intégrer dans le
moyennes entreprises) ; • la mise en place de nouveaux pourcentages calcul à travers les deux approches
• la clientèle de détail (création de nouveaux minimaux pour la probabilité de défaut et standard et de base et de tenir compte des
types d’expositions avec des traitements la perte en cas de défaut. couvertures qui y sont associées. sont
spécifiques) ; associées ;
• l’immobilier résidentiel, dont la Révision du calcul du risque de marché (en • les approches standards et de base
pondération dépendra également du ratio lien avec le FRTB) proposées par le BCBS ont donc été
« Loan to Value » (LTV), et prendra en Le BCBS propose également de revoir le conçues et calibrées de sorte qu’elles soient
compte le montant de l’exposition calcul de la CVA (“Credit Valuation cohérentes avec le cadre révisé du risque
résiduelle par rapport à la valeur du bien Adjustment” ou « ajustement de l’évaluation de marché (FRTB) actuellement en cours
immobilier ; de crédit »). En effet, Bâle III a mis en place de négociation dans le cadre de la CRR II /
• l’immobilier commercial, dont la une exigence de fonds propres au regard des CRD V.
pondération dépendra de la « LTV » et du pertes au prix du marché que pourraient
pourcentage de propriété ; subir des instruments dérivés en cas de Révision du risque opérationnel
• les financements spécialisés vont dégradation de la solvabilité d’une Le BCBS propose de rationaliser le cadre du
également voir leur approche affinée en contrepartie. Ce risque a constitué pour les risque opérationnel. La totalité des
fonction des expositions et du moment où banques, durant la crise financière approches actuelles (aussi bien les
le financement sera réalisé pour le mondiale, une source majeure de pertes, approches modèles internes que les
financement de projet. celles-ci ayant parfois dépassé les pertes approches standards existantes) seront
dues aux défauts purs et simples. remplacées par une seule approche standard
Risque de crédit : révision de l’approche Les modifications proposées sont au nombre de sensibilité au risque, applicable à toutes
modèle interne de trois : les banques.
L’approche fondée sur les notations internes • le cadre révisé supprime le recours à
(IRB) pour le risque de crédit permet aux l’approche fondée sur les modèles internes
banques, à certaines conditions, d’utiliser et comprend une approche standard et une
leurs propres modèles pour estimer le risque approche de base. En outre, une banque
de crédit et donc, les RWA. dont le montant notionnel cumulé de
Les réformes du BCBS introduisent dérivés non compensés centralement est
certaines contraintes concernant inférieur ou égal à 100 milliards d’euros
l’estimation par les banques de leurs peut calculer son exigence de fonds
paramètres de risque. Il existe deux propres CVA en tant que simple

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Bâle IV : quels impacts pour les banques ? 4 Lettre d’actualité réglementaire | banque # 14
Brexit : le booking model des banques sous surveillance des superviseurs 10
Risk Assessment : un exercice au coeur de la fonction conformité 14 Avril 2018
Enquête globale sur l’évolution du rôle de Chief Data Officer 18
Actualités prudentielles 22
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ANALYSES ET PERSPECTIVES

La nouvelle approche standard se fonde sur Le BCBS a par ailleurs souligné que pour la Les principaux axes de la réforme, tels que
les éléments suivants : réalisation de ce calcul, les banques devront décrits précédemment, font d’ores et déjà
(i) l’indicateur d’activité (Business Indicator, tenir compte de la totalité des nouvelles l’objet d’un consensus entre les régulateurs
BI), qui est une mesure du risque règles qui concernent tant les méthodes des différents pays, et il nous semble peu
opérationnel reposant sur les états standards que les modèles internes. vraisemblable que les textes évoluent en
financiers ; profondeur mais les surprises sont toujours
(ii) la composante indicateur d’activité Mise en place d’un coussin de levier pour possibles.
(Business Indicator Component, BIC), qui les banques systémiques
est calculée en multipliant le BI par un Le ratio de levier complète les exigences de Afin de mieux comprendre les conséquences
ensemble de coefficients marginaux établis fonds propres pondérées en fonction des de cette réforme, nous vous proposons d’en
sur une base réglementaire (αi) ; et risques en établissant un garde-fou contre analyser les différents impacts, risques par
(iii) le multiplicateur des pertes internes des niveaux d’endettement non soutenables risques.
(Internal Loss Multiplier, ILM), qui est un et en réduisant le risque de contournement
facteur scalaire fondé sur les pertes et de modèle à travers les approches Conséquences de la révision de l’approche
moyennes historiques d’une banque et le d’évaluation des risques, qu’elles soient standard du risque de crédit
BIC. standards ou fondées sur les modèles Le calcul du risque de crédit a très peu
internes. évolué entre Bâle II (2004) et Bâle III (2014).
Ainsi, le risque opérationnel s’accroitra avec En effet, le régulateur, s’est essentiellement
le revenu de la banque et celles qui ont Le BCBS, soucieux des risques sur le système concentré sur les fonds propres des banques
historiquement pâti de pertes plus portés par les G-SIBs, a proposé de mettre en ainsi que les risques qui n’étaient pas encore
importantes imputables au risque place un coussin au titre du ratio de levier. couverts (risque de liquidité, levier…) en
opérationnel sont considérées comme plus mettant en place de nouveaux ratios
susceptibles de subir des pertes liées au Le coussin lié au ratio de levier des G-SIBs restrictifs.
risque opérationnel à l’avenir. doit être constitué de fonds propres Tier 1. Il
est fixé à 50 % du coussin systémique défini L’un des grands axes de la réforme est
Mise en place d’un plancher de capital chaque année par le FSB. Ainsi, un G-SIBs l’augmentation de la granularité de
Le plancher de capital, tel qu’il est proposé soumis à un coussin SIFI de 2 % pondérée l’approche standard du risque de crédit, avec
par le BCBS, a pour objectif de limiter le selon les risques ferait l’objet d’un volant de comme objectif principal, d’affiner le type
bénéfice que les banques pourraient tirer de 1 % au titre du ratio de levier. d’exposition, et donc les risques calculés.
l’utilisation des modèles internes.
Quels seront les impacts de cette Sur le plan financier, les impacts en termes
Ce plancher a été fixé à 72,5 % du montant nouvelle réforme sur les banques ? de RWA seront majeurs, notamment pour les
des risques pondérés calculés selon raisons suivantes :
l’approche standard. Avant tout, il nous semble important de • pour les grandes banques ayant développé
Ainsi, selon ce plancher, le niveau de RWA rappeler que les textes du BCBS sont des des modèles internes, une partie des
les banques utilisant l’approche modèles propositions qui feront l’objet d’une expositions actuellement traitées selon
internes sera égal au montant le plus élevé négociation, avant leur vote puis leur cette approche (banques, assurances,
entre : application au niveau européen. Les entreprises ayant un chiffre d’affaires
• RWA totaux calculés en utilisant les discussions entre les différents intervenants supérieur à 500 millions d’euros et
approches modèles internes ; et devraient porter essentiellement sur des portefeuilles d’actions) devront passer soit
• 72,5 % du total des RWA calculés en points techniques ou des modalités pratiques sous l’approche standard, soit sous
utilisant uniquement l’approche standard. d’application (ex : méthodologie de calcul du l’approche fondation (IRB-F). Pour les
plancher de capital, application de périodes grandes banques françaises, nous estimons
de transitions…).

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Bâle IV : quels impacts pour les banques ? 4 Lettre d’actualité réglementaire | banque # 14
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ANALYSES ET PERSPECTIVES

que l’impact pourrait générer une Conséquences de la révision de l’approche Conséquences de la révision de la CVA
augmentation du volume total de risque de modèles internes du risque de crédit La révision de la formule de la CVA était
crédit de l’ordre de 15 à 25%. Pour les La révision des approches modèles internes l’une des réglementations qui devait,
banques de taille plus modeste, l’impact aura également de conséquences négatives. initialement, être mise en application en
serait moindre ; 2019. Le BCBS a considéré qu’il serait plus
• l’augmentation des risques pondérés sur les Sur le plan financier, nous devons noter sage de repousser cette date à 2022 afin que
financements spécialisés aura également avant tout que l’exclusion du périmètre de les calculs des risques évoluent tous en
un impact majeur sur ce segment d’activité, certaines expositions (banques, autres même temps. Le fait de repousser cette date
avec des RWA en hausse de 30 à 40% par institutions financières, grandes entreprises permettra également aux banques de mettre
rapport à la situation actuelle ; et portefeuilles actions) aura un impact en place les infrastructures utiles pour la
• l’augmentation de la granularité sur majeur sur les risques pondérés réalisation des calculs.
l’immobilier résidentiel, commercial, la (cf. paragraphe précédent), ce qui renchérira
clientèle de détail et les petites et le coût en capital sur ces expositions de L’impact de cette réforme sera très
moyennes entreprises se traduira manière structurelle. hétérogène selon les banques, notamment
également globalement par des hausses de en raison du fait que certaines banques n’ont
RWA, mais à des niveaux plus modérés. Par ailleurs, la mise en place de niveaux pas de portefeuille de négociation, ou sont
planchers (également appelés « input sous la limite du seuil d’importance relative.
Sur le plan opérationnel, les impacts floors ») au niveau de la probabilité de défaut Ainsi, toute banque dont le montant
seront majeurs. Toutes les banques (à 5 et 10 points de base) et de la perte en notionnel agrégé de dérivés non compensés
européennes (soit près de 6000 !) devront cas de défaut (de 5 à 50% en fonction de la centralement est inférieur ou égal à 100
non seulement mettre en place la nouvelle présence de garantie) aura également des milliards d’euros est considérée comme en
grille de pondération de l’approche impacts non négligeables sur les RWA dessous de ce seuil. Elle peut alors opter
standard, en prenant en compte les calculés par les modèles internes. Seront pour une CVA correspondant à 100 % des
nouvelles expositions, mais également principalement impactées les expositions exigences de fonds propres en regard du
intégrer dans ces outils des informations qui qui ont de très faibles niveaux de taux de risque de contrepartie. Pour les banques
jusqu’à maintenant ne l’ont jamais été, tels défaut (parfois de l’ordre de 2 ou de 3 points au-dessus de ce seuil, le montant de la CVA
que la LTV ou le type d’exposition sur la de base), telles que les collectivités locales devrait vraisemblablement augmenter.
clientèle de détail (crédit simple, revolving, ou les entités du secteur public.
facilité de découvert, carte de paiement…). Ainsi, l’une des propositions du BCBS est
L’intégration de ces informations nécessitera Sur le plan opérationnel, les banques ayant d’étendre le périmètre de la CVA aux SFT
plus qu’une simple recalibration des outils développé des modèles internes devront (« Securities financing transactions » ou
actuels. Entre l’identification des nouveaux réadapter le périmètre de couverture « cessions temporaires de titres ») qui sont
éléments, la nécessité de les intégrer dans (notamment concernant les expositions que évaluées à leur valeur réelle (« fair value »).
les outils actuels, et les problématiques liés ne pourront plus être couvertes) des modèles Cela impliquera une augmentation globale
aux calculs et à la qualité des données, les internes et recalibrer les calculs de PD* et de de la charge en capital, notamment pour les
banques devront faire face à des projets qui LGD* en prenant en compte les nouveaux entreprises ayant des portefeuilles
mobiliseront leurs équipes pendant des minimas. importants de SFT.
mois, voire des années pour les plus
* PD : probabilité de défaut
importantes. LGD : perte en cas de défaut

PwC –Avril 2018 Source : PwC suivant la méthodologie BCE. Lettre d’actualité réglementaire | banque # 14 7
Bâle IV : quels impacts pour les banques ? 4 Lettre d’actualité réglementaire | banque # 14
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ANALYSES ET PERSPECTIVES

C’est un changement important au regard du Quels impacts suite à la révision du risque plus facile pour les grandes banques que
cadre réglementaire actuel, où les dérivés opérationnel ? pour celles ayant une taille plus modeste.
compensés à travers des chambres de Tout comme la révision du risque de crédit,
compensation qualifiées sont exclus des la réforme du risque opérationnel impactera Le plancher de capital : une nouvelle
exigences en capital au titre de la CVA. la totalité des banques européennes qui contrainte à optimiser
devront revoir leur méthodologie de calcul. Le plancher de capital a été l’un des points
Ce traitement devrait stimuler davantage les les plus âprement discutés lors de la
entreprises à faire usage de la compensation Les impacts en termes d’exigence de fonds négociation des propositions du BCBS. La
centrale pour leurs dérivés OTC. En tenant propres seront très hétérogènes, non France notamment, s’est distinguée par son
compte de la proportionnalité, le cadre seulement car ils dépendront des activités et opposition à la mise en place de ce ratio à un
révisé fournit un certain nombre de la taille des banques concernées, mais niveau trop élevé. Finalement défini à
d’approches différentes pour calculer les également parce les États Membres pourront 72,5%, le ratio de plancher sera l’une des
besoins en capital de la CVA - approche appliquer des discrétions nationales contraintes les plus fortes pour les banques
standard de base (BA-CVA), approche (notamment sur la composante ILM utilisant les modèles internes. En effet, en
standard (SA-CVA) ou un simple calcul (« Internal Loss Multiplier » qui propose moyenne, les banques qui utilisent les
correspondant à 100% des besoins en capital l’intégration des pertes opérationnelles sur modèles internes arrivent à des niveaux de
du risque de contrepartie pour les banques les 10 années précédentes). RWA correspondant de 50 à 65% des risques
en dessous du seuil de matérialité. calculés selon la méthode standard.
D’un point de vue opérationnel, les
Le choix des approches devrait permettre aux établissements utilisant l’approche AMA* Sur le plan des impacts financiers, dans la
entreprises ayant des niveaux de complexité pourront toujours utiliser cette approche, mesure où les banques utilisant les modèles
différents de calculer leurs besoins en capital mais uniquement dans la perspective internes ayant des RWA allant de quelques
au titre de la CVA de la manière la plus économique du Pilier 2. Dans le cadre du dizaines à plusieurs centaines de milliards,
appropriée qui soit. Dans la nouvelle Pilier 1, les banques devront mettre en place les impacts sur les fonds propres seront donc
approche standard, l’inclusion d’un large une nouvelle infrastructure permettant de majeurs.
éventail de couvertures signifie que les réaliser ce nouveau calcul, mais également
banques pourraient toutefois avoir un gain en d’identifier les nouveaux éléments requis, Sur le plan stratégique, une réflexion devra
capital grâce à ces couvertures mises en place tels que les pertes opérationnelles sur les être menée, le plus en amont possible, par
pour réduire l’exposition au risque de CVA. années précédentes, les indicateurs les différentes institutions financières
d’activités… Les banques les plus impactées concernées, afin d’analyser la pertinence du
Sur le plan opérationnel, les banques sur ce volet seront certainement les banques maintien de certains modèles internes,
concernées devront toutes recalibrer leurs utilisant actuellement l’approche de base ou d’autant qu’ils nécessitent des ressources
modèles de calcul afin de respecter les l’approche standard. En effet, le passage à spécifiques pour la réalisation des calculs, la
nouveaux textes. Ils devront parallèlement à l’approche standard révisée, plus complexe, mise à jour des modélisations… De manière
cela encore mieux intégrer la CVA dans la nécessitera d’identifier et d’intégrer les assez claire, si les gains en RWA sont trop
gouvernance et la gestion des risques de la éléments évoqués précédemment mais élevés au regard de ce que permet le
banque, en mettant en place un « desk de également mettre en place un nouvel outil plancher de capital, les banques devront se
CVA », en intégrant la CVA dans le coût du de calcul. À l’inverse, les banques utilisant lancer dans une phase d’optimisation afin de
risque des opérations, en anticipant l’impact actuellement l’approche AMA possèdent s’approcher le plus possible de cette limite de
de la CVA sur les stress tests et la solvabilité déjà les informations requises et les outils de 72,5%. Les éléments devant être pris en
à long terme… calculs permettant de répondre aux compte sont les suivants :
nouvelles exigences. La déclinaison • le nouveau périmètre couvert par les
opérationnelle devrait donc être beaucoup modèles internes ;

* AMA : approche avancée

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• la révision du calcul de l’approche standard niveau plancher de 72,5% et en limiter les Tout comme Bâle III, Bâle IV bouleversera
et de l’approche modèle interne du risque impacts négatifs. donc les modèles économiques des banques,
de crédit ; les obligeant à initier plusieurs réflexions
• le coût de maintenance de chacun des Par ailleurs, les positions et décisions des stratégiques tant au niveau de la
modèles ; régulateurs sont également attendues sur le gouvernance interne des risques (maintien
• la perte en RWA liée à l’abandon d’un ou de sujet de changement de méthodes. À ce jour, de certains modèles internes, optimisation
plusieurs modèles internes ; l’article 149 de la CRR ne prévoit qu’un du plancher de capital), qu’un niveau de la
• des autres évolutions réglementaires en nombre de raisons limitées pour repasser stratégie clients ou produits (impact de
cours (pondération des souverains, d’une approche IRB-A vers une approche l’augmentation des RWA sur le pricing des
FRTB...). standard et l’optimisation des risques produits distribués, maintien ou abandon de
pondérées n’est pas considérée comme une certains segments d’activités qui vont subi
La plancher de capital intégrant toutes les condition valide. L’amendement de cet de fortes augmentations de RWA tels que les
révisions des risques proposées par le BCBS, article, qui est presque une nécessité pour financements spécialisés, structuration de
cette réflexion sur l’optimisation du plancher les banques souhaitant optimiser nouveaux produits optimisant la
ne pourra être réalisée que lorsque la totalité l’application du plancher de capital, fera consommation de capital…).
des autres évolutions seront également donc partie de la liste des points à négocier
estimées. Dans un contexte de rentabilité pour les banques au niveau européen. In fine, tout comme Bâle III, les grands
globalement faible du secteur bancaire et de gagnants de cette réglementation seront les
tension sur les fonds propres, les banques ne Conclusion : banques qui initieront le plus en amont cette
pourront faire l’économie d’une réflexion sur réflexion stratégique et adapterons leur
le maintien de certains modèles et la Au regard des éléments précédents, nous modèles économiques en conséquences afin
suppression d’autres. Il leur faudra limiter pouvons avancer de manière assez claire que d’en limiter les impacts négatifs. Ce qui est
les impacts négatifs en termes de risques les propositions du BCBS auront des impacts d’ores et déjà le cas de certaines banques !
pondérés, mais également en termes majeurs tant au niveau financier
financier du fait des coûts de maintenance qu’opérationnel au sein des banques.
des modèles internes. De manière assez
claire, il sera inutile de maintenir des Après avoir simulé les impacts de Bâle IV sur
modèles internes si dans un second temps, le les banques de l’UE, nous estimons que
régulateur impose une surcouche au titre du l’augmentation de RWA totale sera de 1 000
plancher de capital. à 2 500 milliards d’euros, soit une
augmentation des RWA de 13 à 22%.
Cela sera la cas pour toutes les grandes
banques françaises, dont les risques de L’impact sur les fonds propres sera donc
crédit calculés en méthode IRB-A sont important, mais assurément inférieur aux
globalement à des niveaux de pondération efforts qui ont été requis pour respecter Bâle
entre 50 et 65% de ce qu’ils seraient si III. Sur le plan opérationnel toutefois, les
l’approche standard était utilisée. efforts à réaliser seront plus importants. Les
banques devront revoir la totalité du calcul
L’objectif sera donc d’arbitrer entre le des risques réglementaires, ce qui
maintien ou la suppression des différents nécessitera le lancement de nombreux
modèles internes en fonction d’une série de projets et la mobilisation de plusieurs
critères à définir (coûts de maintenance, équipes pour mettre à jour les outils de
gains en RWA, contraintes locales/ calcul et de reporting.
internationales) afin de s’approcher du

PwC –Avril 2018 Lettre d’actualité réglementaire | banque # 14 9

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