Face aux changements de l’environnement caractérisés par l’incertitude, la complexité et la
concurrence dans des marchés globaux, les coopérations interentreprises constituent des réponses adaptées et pertinentes, encouragées par les travaux sur la théorie des coûts de transaction, développée par Coase et Williamson. L’incertitude grandissante sur l’évolution des marchés entraîne pour l’entreprise un recentrage sur ses compétences clés et un choix de ses investissements stratégiques. Pour les activités qui ne ressortent pas de ces choix, le manager doit calculer le coût de production en interne, y compris tous les coûts indirects, internes et externes (les coûts de transaction), et les comparer aux coûts du marché: si ces derniers sont plus bas, l’entreprise doit externaliser. Ceci suppose une forte organisation de contrôle et de suivi des «sous-traitants», et un impact élevé sur l’organisation même de l’entreprise, cette dernière devant être capable de suivre l’activité de structures lointaines et parfois opaques. Les politiques de sous-traitance se sont accélérées depuis les années 1990. Au début, seules les activités de restauration d’entreprise ou de nettoyage des locaux étaient concernées, puis ce furent les activités d’infogérance (externalisation de la maintenance informatique). Aujourd’hui, tous les domaines sont concernés, de la comptabilité à la paye, de la force commerciale (comme les animations commerciales) à la fabrication des produits (les entreprises NOFAB comme Nike se multiplient). Certains laboratoires pharmaceutiques font réaliser ailleurs les essais cliniques de leurs molécules (cf. Sciences humaines de mai 2000) La complexité des structures générées par les formes de coopération entre firmes indépendantes nécessite des mécanismes de coordination, de prise de décision et de contrôle hiérarchiques spécifiques. Ces instruments sont eux-mêmes construits dans le temps. Ainsi, les firmes ont le pouvoir d’élaborer et de choisir la configuration de leur système de relations en tirant profit des expériences et de l’apprentissage collectif. Ces modes de coopération donneront des formes d’organisation différentes, en fonction de 3 paramètres que sont le degré de rationalité des acteurs (un dirigeant doit prendre des décisions raisonnables dans l’urgence, qui ne sont pas toujours rationnelles), le degré d’opportunisme des acteurs (tout intervenant dans l’entreprise a sa stratégie propre; il est opportuniste et on ne peut pas se contenter d’échanger de simples promesses) et enfin la spécificité des actifs (la spécificité pour Williamson, c’est la rareté).