Fig 1
Voici le principe de rotation du moteur de Gramme décrit sur la figure 1. Le mouvement est
obtenu par le principe du flux maximal : le circuit induit tend à se déplacer de telle sorte que le
flux magnétique qu'il embrasse soit maximal. Sur le stator, on crée de part et d'autre du
cylindre du rotor un champ magnétique inducteur continu, c'est-à-dire un pôle nord et un pôle
sud. En quadrature du champ du stator, on crée sur le rotor un champ magnétique induit. Si les
pôles du rotor sont placés à 90° de ceux du stator, le flux magnétique issu du stator, embrassé
par le rotor est nul et, d'après la règle du flux maximal, le rotor aura tendance à tourner afin
que ce flux devienne maximal. Une autre façon de voir les choses consiste à dire que le pôle
nord du rotor sera attiré par le pôle sud du stator (et inversement), donc le rotor tourne. Afin
d'entretenir la rotation, il faut maintenir cette configuration quelle que soit la position du rotor.
Nous allons voir dans la suite par quel moyen on y parvient.
Fig 2
Le circuit magnétique de l'inducteur (stator) possède une forme qui épouse celle de l'induit
(rotor). Cela permet d'obtenir un champ magnétique radial dans l'entrefer de la machine. Ainsi
quelque soit sa positon, le rotor voit toujours quasiment le même champ magnétique sauf au
niveau de la ligne de neutre ou celui-ci s'annule.
1
Fig 3
Il y a deux solutions pour créer le champ magnétique inducteur. Soit on utilise des aimants
permanents comme sur la figure 3 ; on parle alors de moteur à aimants permanents. Les
moteurs à aimants permanents n'ont pas besoin d'alimentation au stator.
Fig 4
Soit on utilise des électroaimants comme sur la figure 4. Généralement les moteurs à
électroaimants permettent d'obtenir des puissances supérieures par rapport au moteur à
électroaimants, mais il faut prévoir une source électrique pour alimenter le circuit inducteur.
1.3 L'induit
Fig 5
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Pour simplifier l'étude préliminaire, considérons un moteur dont l'induit ne comporte qu'une
seule spire (fig 5).
En effet, cette solution ne permet pas d'entretenir la rotation car lorsque la spire est positionnée
sur la ligne de neutre, il s'agit d'une position d'équilibre stable.
Fig 6
Si malgré tout, la spire parvient à dépasser la ligne de neutre comme sur la figure 6, on
constate que le sens de rotation s'inverse !
Pour maintenir le même sens de rotation au passage de la ligne de neutre, il faudrait que la
polarité de la spire de l'induit s'inverse. Pour cela, il faut inverser le sens du courant dans la
spire au passage de la ligne de neutre.
Fig 7
Dans ce but, le système d'alimentation du rotor est constitué de deux balais fixes alimentés par
un générateur de tension continu et d'un collecteur constitué, pour cette machine sommaire à
une spire, de deux lames séparées par un isolant. Le collecteur est placé en quadrature de la
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spire de telle sorte que quand la spire passe la ligne de neutre, le conducteur qui était en
contact avec le balai + vient en contact avec le balai -. Il y a bien inversion du courant au
passage de la ligne de neutre, ainsi, sur le schéma de la figure 7, le pôle nord de la spire est
toujours situé dans la partie inférieure du rotor et le pôle sud dans la partie supérieure. On
remarque qu'il est très simple d'inverser le sens de rotation du dispositif en inversant les
polarités des balais.
Fig 8
Pour améliorer les performances du dispositif, on répartit tout autour du rotor des conducteurs.
Il y aura autant de lames de collecteurs qu'il y aura de conducteurs actifs. Pour limiter les
risques d'arrachement des conducteurs, ceux-ci sont logés dans des encoches du rotor.
L'ensemble des spires créent, grâce au système balais collecteurs, par exemple un pôle nord
sur la moitié inférieure du rotor et un pôle sud sur la moitié supérieure et cela quelque soit la
position angulaire du rotor.
Fig 9
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Figure 9 : La partie supérieure du rotor (pôle sud ici) est attiré par le pôle nord du stator, la
partie inférieure (pôle nord) par le pôle sud du stator. Globalement, le rotor subit deux forces
motrices opposées qui l’entraînent la rotation. Il subit donc un couple de forces d'origine
électromagnétique.
Fig 10
Figure 10 : Le circuit magnétique en matériau ferromagnétique canalise les lignes de champs.
Les lignes de champ issues de l'entrefer passent préférentiellement dans le fer du rotor plutôt
que dans les encoches ou les conducteurs. Ainsi, les conducteurs sont soumis à un champ
magnétique beaucoup plus faible que le circuit magnétique du rotor. Cependant, lors de la
rotation du rotor, les conducteurs balayent l'entrefer, ils coupent des lignes de champs, donc le
flux magnétique embrassé varie : il y a création d'une fém. induite.
La force électromotrice induite est notée E. Sa valeur dépend des polarités du stator,
donc de la valeur du flux inducteur Φ et de la vitesse de rotation du rotor Ω :
E = K.Φ.Ω
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La machine à courant continu est un convertisseur d'énergie (ou de puissance). Elle
réalise la conversion réversible de puissance électrique en puissance mécanique :
Pem s'exprime en Watt (W), E en volt (V), I en Ampère (A), T en Newton. mètre (N.m)
et Ω en radian par seconde (rad/s).
1.7 Description
Fig 11
Figure 11, description de la machine à courant continu :
1:ligne des pôles.
2 : Bâtit, circuit magnétique extérieur du stator.
3 : Rotor, circuit magnétique de l'induit.
4 : Axe de rotation.
5 : Entrefer.
6 : Bobines inductrices.
7 : Pôles inducteurs.
8 : Axe des pôles.
9 : Ligne de neutre.
10 : Conducteur de l'induit.
11 : Encoche au rotor.
12 : Collecteur.
13 : Balai.
Le circuit magnétique est constitué par le bâtit, les pôles inducteurs, l'entrefer et le rotor.
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2. Les machines à courant continu : modes de fonctionnement
Fig 12
Lorsque la machine fonctionne en moteur, le courant d'induit tel que fléché sur la figure 12 est
positif. Lorsque la machine fonctionne en génératrice, le courant d'induit tel que fléché sur la
figure 12 est négatif.
Fig 13
Figure 13: Machine à excitation série (réservée au fonctionnement moteur) : le flux magnétique
est créé grâce au courant circulant dans l'induit. Une seule source suffit pour alimenter l'induit
et l'inducteur, mais le flux magnétique dépend directement du courant d'induit, donc de la
charge du moteur : a vide, le moteur n'a pas à fournir de couple utile, le couple
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électromagnétique est donc très faible, le courant d'induit et d'inducteur aussi donc le flux est
presque nul. Le moteur à excitation série ne peut fonctionner qu'en charge.
Pour cela, allons tracer les variations de la fém. de l'induit E en fonction du courant inducteur ie.
Les conditions expérimentales sont les suivantes (cf figure 14) : la machine fonctionne en
génératrice à excitation indépendante fonctionnant à vide entraînée à vitesse de rotation
nominale par un moteur d'entraînement. On mesure la valeur de la fém. au fur et à mesure de
l'augmentation du courant inducteur. Cette manipulation s'appelle « essai à vide » .
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La caractéristique à vide a la même forme que la courbe de première aimantation du circuit
magnétique. Elle est valable si le circuit magnétique de la machine n'a jamais été aimanté ou
s'il a été totalement désaimanté. Elle donne les propriétés magnétiques de la machine.
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Fig 17 : Variation de la fém. en fonction de vitesse de rotation
à courant d'excitation constant.
Fig 18 : Schéma équivalent« de Thévenin » de l'induit en fonctionnement moteur (le courant est absorbé).
Fig 19 : Schéma équivalent « de Thévenin » de l'induit en fonctionnement génératrice (le courant est
fourni).
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Electriquement, l'induit se comporte comme la mise en série de sa fém. E et de la résistance
équivalente au circuit de l'induit R constitué des conducteurs, des balais et du collecteur. Le
schéma équivalent de l'induit est donné figure 18. Il s'agit d'un modèle de Thévenin.
Fig 20
Equations de fonctionnement :
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Pour inverser le sens de rotation, il faut inverser, soit les polarités de l'induit, soit
celles de l'inducteur.
E = K.Φ.Ω = 0.
d d
U = E + R.I = R.I .
d d d d
A l'instant du démarrage, l'induit se comporte comme une résistance puisque la fém. est nulle.
Ainsi, si le démarrage s'effectue sous tension nominale ( Ud = UN), le courant de démarrage
devient très supérieur aux courant nominale ( Id » I)
N ce qui risque d'endommager le moteur.
Pour éviter cela, il convient de démarrer le moteur sous tension réduite.
Pour que le moteur puisse démarrer, il faut que le moment du couple de démarrage Td soit
supérieur au moment du couple résistant Trd opposé par la charge : Td > T .
rd
A vide, le couple électromagnétique est faible car le moteur n'effectue pas d'effort pour tourner.
Donc le courant à vide Iv est négligeable devant le courant nominal IN : Iv « IN et donc R.Iv est
négligeable devant U.
⇒ Ωv = U/ K.Φ
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Fig 21 : Variation de la vitesse de rotation à vide en fonction du courant d'excitation à tension
d'alimentation de l'induit constante.
Fig 22 : Variation de la vitesse de rotation à vide en fonction de la tension d'induit à flux constant.
Ωv = (U − R . Iv) /K.Φ
Comme R.Iv est très faible le moteur commence à tourner pratiquement à la mise sous tension.
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Pour régler la vitesse de rotation d'un moteur à courant continu à excitation
indépendante, il est plus intéressant d'agir sur la tension d'induit que sur le flux
inducteur. Ainsi, généralement un tel moteur fonctionnera à flux magnétique constant
et tension d'induit réglable.
C'est l'équation d'une droite qui dépend de l'intensité du courant d'induit I et de la valeur de la
tension d'alimentation de l'induit U. Nous allons tour à tour l'influence de ces deux paramètres.
⇒ Ω = Ω - R.I/K.Φ
v
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Fig 24 : Variation de la vitesse de rotation en fonction de la tension d'induit
à courant d'induit et flux constants.
La caractéristique obtenue est la somme de deux courbes, celle dont l'équation est donnée ci-
dessous et une portion de droite horizontale quand la tension est inférieure à Ud. Cette
tension Ud correspond à la « tension de décollage », tension minimale nécessaire pour que le
moteur commence à tourner en charge. Cette tension compense la chute de tension aux bornes
de la résistance de l'induit : Ud = R.Id.
A noter sur la figure 24, le prolongement de la droite inclinée dessinée en pointillés, qui suit
l'équation mathématique, mais qui ne possède pas de réalité physique puisque le moteur ne
peut tourner quand sa tension d'alimentation est nulle.
3.3Couple moteur
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3.3.1 Couple utile et couple de pertes
Le couple utile est créé par le couple électromagnétique dont le moment s'écrit : Tem = K.Φ.I.
Mais la puissance utile Pu disponible sur l'arbre moteur est plus faible que la puissance
électromagnétique Pem en raison des pertes mécaniques pméca et des pertes fer pf. Il en découle
que le couple utile Tu est plus faible que la couple électromagnétique Tem. Nous appellerons le
moment du couple de pertes :
Le couple de pertes est dû à l'ensemble des pertes mécaniques et des pertes fer
appelées pertes collectives : pc = pf + pméca
T = pc/Ω
p
Fig 25 : Caractéristique mécanique d'un moteur à courant continu à excitation indépendante constante,
pour une tension d'alimentation égale à sa valeur nominale.
Pour obtenir l'équation de cette caractéristique on utilise les trois relations suivantes :
Ω = (U - R.I)/K.Φ; Tem = KΦI ; Tu = Tem - Tp
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A tension d'alimentation constante, le couple utile est une fonction affine décroissante de la
vitesse de rotation. Cependant la vitesse diminue peu avec l'augmentation de la charge : la
droite est raide, la vitesse chute de 5 à 10% entre le fonctionnement à vide et le
fonctionnement en charge.
Cette courbe permet de vérifier quelle type de charge le moteur est en mesure d'entraîner.
De ce point de vue, ce type de moteur sera l'idéal à copier pour les autres types de
motorisations.
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Fig 27 : Point de fonctionnement d'un groupe moteur-charge.
3.3.5 Conclusion
Si l'alimentation du moteur impose la tension donc la vitesse de rotation, c'est la charge qui
impose le couple utile donc le courant d'induit.
A l'induit, puissance absorbée sous forme électrique à l'induit : Pai = U .I ; où U est la tension
d'induit en Volt (V) et I l'intensité du courant de l'induit en Ampère (A).
Au total : Pa = P + P
ai ei
Puissance utile : Pu = T .Ω.u Il s'agit de la puissance mécanique délivrée par le moteur à sa
charge mécanique.
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Puissance perdue : c'est l'ensemble des pertes dans la machine.
Les pertes fer, pf, représentent l'ensemble des pertes magnétiques ayant lieux dans le circuit
magnétique de la machine : pertes par hystérésis et pertes par courants de Foucault.
Les pertes mécaniques, pméca, représentent la puissance perdue due aux frottements mécaniques
sur l'arbre de rotation.
La synthèse du bilan de puissance est donnée sur la figure ci-dessous, appelée « arbre des
puissances » :
Fig 29: Arbre des puissances pour un fonctionnement en moteur à excitation indépendante
3.4.2 Rendement
Le rendement d'un système est par définition le rapport de la puissance utile et de la
puissance absorbée : η = Pu/ Pa
On obtient les pertes Joule en mesurant les résistances à chaud de l'induit et de l'inducteur par
une méthode voltampèremétrique.
p = U.I - R.I ²
c v v
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