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BAR,
DAURADE
Duel au soleil
HALLES À MARÉE
Récupérer les ventes hors criée
eau
Nouv
1, avenue des Savoies - 94150 Rungis - France - Tél. : +33 1 45 12 71 00 - e-mail : contact@rno.fr - www.rno.fr
pdm-seafoodmag.com
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l’automne 2019
CORNIC-NOVAMER S.A.S
Succursale Caen : Tel. 02.31.82.06.06
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ACTUALITÉS
N°194 JUILLET-AOÛT 2019
La veille de PDM ______________________ 5
DOSSIERS
Bar, daurade,
maigre, pagre
L’aquaculture domine l’offre 36
Crevettes
Cap sur l’élaboré ! 44
DÉCOUVRIR
Découvrir / concept___________________ 53 Fiche espèce
Chez Françoise à Saint-Malo Moule du Chili 57
In situ ______________________________ 54
Nireus, roi du bar et de la daurade
Nouveautés _________________________ 58
La Sablaise, Fimco, Gel-Pêche, Petit Navire, Rolmer
Innovation
[ À SUIVRE ]
Saumon à l’huile d’algues
Les projets de substitution de poisson sauvage dans l’éla- Criée dans le Kosmos
boration d’huile destinée à l’alimentation des animaux La criée de Brixham est la
d’aquaculture franchissent une étape : les supermarchés plus importante en valeur en
Match mettent sur le marché un saumon frais élevé avec une Angleterre. Le 4 juin, elle a mis
huile riche en oméga 3 EPA et DHA issus d’algues marines un pied dans le futur en étant
et produite par Veramaris (lire PDM 193 de juin 2019). la première à introduire le système
La société américaine disposera en juillet d’un outil de pro- de vente Kosmos élaboré par
duction susceptible de couvrir 15 % des besoins mondiaux Aucxis. Il s’agit d’une plateforme
de la salmoniculture en EPA et DHA. Les saumons commer- développée dans le « cloud » qui
cialisés par Match sont élevés en Norvège par Lingalaks ne nécessite pas de chargement
dans le fjord de Hardanger. L’enseigne se félicite de cette de logiciel. Barry Young, directeur
du fameux marché de poisson, a
avancée, qui participe à la préservation des ressources des
entériné la fin de la traditionnelle
océans, et rappelle que la teneur en oméga 3 est primor-
vente à la voix et s’est félicité
DR
diale dans l’acte d’achat du saumon.
du bon déroulement de cette
première suivie par 70 acheteurs.
Lui et les pêcheurs habitués du
Bloom norvégien
carreau espèrent ainsi élargir
leur territoire de vente via le net.
Petites tailles et petits prix Aucxis s’engage à suivre au
plus près le développement du
Mortalité, abattage, vente précoce… Le bloom de microalgue toxique chrysochromuline,
projet en attendant son ouverture
constaté mi-mai en Norvège au nord du Nordland et au sud du Troms, a bousculé le marché
prochaine à Urk, aux Pays-Bas.
du saumon. Première conséquence : il a, dans un premier temps, anticipé des pertes, donc de
Cette criée accueille de très
la rareté, et les prix ont augmenté de 5,7 % pour passer à 6,70 euros/kg. Mais l’algue tueuse
importantes ventes de poissons
menaçant plutôt d’asphyxie les saumons que de mort subite, les producteurs ont reçu l’ac- plats et est très dynamique sur un
cord des autorités norvégiennes pour procéder à des abattages préventifs. Beaucoup ont marché largement international.
alors mis sur le marché des tailles 2-3 kg à des prix plus bas qu’habituellement. Jean-Pierre
Gonda, PDG de Lerøy France, évoque 55 Nok (5,68 euros) pour cette taille, contre 65 Nok
(6,72 euros) pour des 4-5 kg et plus. Soit un écart d’environ 1 euro. « La clientèle habituée à
investir dans des gros spécimens, qui offrent un meilleur rendement, a profité de cet écart plus pour en savoir +
conséquent qu’à l’accoutumée pour acheter des plus petits. » Pour le PDG, « nous n’avons
pdm-seafoodmag.com
pas assisté à un choc, comme avait pu le connaître le Chili, et l’épisode semble s’éloigner ».
Pour lui, les quelques milliers de tonnes mises sur le marché en urgence auront surtout permis
de réaliser des promotions et de remplir un peu les frigos des fumeurs. Prochaine étape dans
quelques mois, aux dates auxquelles ces stocks auraient dû arriver sur le marché à la bonne Quotas : davantage
taille… Pénurie et hausse des prix en vue ? de cabillaud ?
Le 13 juin, le Ciem a recommandé
que le quota de cabillaud dans
la mer de Barents pour 2020 soit
Toxine
Carrefour et Intermarché Ynsect décolle fixé à un niveau supérieur de 2 %
au niveau recommandé pour
2019, soit 674 678 tonnes. Avec
rappellent des moules Porté par Ynsect, partenaire du pôle IAR 689 672 tonnes, il serait alors de
Alerte à la toxine, début juin, dans la grande spécialisé dans la transformation des insectes en 5 % inférieur au total autorisé des
captures (Tac) pour 2019 fixé par
distribution. Intermarché a retiré et battu ingrédients pour la nutrition animale, le projet
les Norvégiens et les Russes, qui
le rappel de sacs de moules de 10 kg (lot Farmyng a été lancé en juin et devrait s’étendre
se chiffre à 725 000 tonnes. Le Tac
107292) et Carrefour celui de sacs d’1,4 kg sur 37 mois. Financé par la Commission
définitif devrait être déterminé
(lot 10732947), commercialisés dans européenne et le Bio-based industries joint
en octobre. On s’attend aussi à
leurs rayons entre le 28 mai et le 2 juin. undertaking (BBI JU) à la hauteur de 20 millions ce que les quotas de capture de
Distribuées par la société Maredoc, ces d’euros, il vise à industrialiser l’élevage du cabillaud dans les eaux islan-
moules d’Italie contiennent la toxine PSP Tenebrio molitor pour le transformer en daises pour la saison 2019-2020
(paralytic shellfish poisoning), une toxine protéine haut de gamme. Basé à Amiens, dans soient augmentés de 3 %, pour
paralysante aux effets potentiellement les Hauts-de-France, Farmyng entend ouvrir un atteindre 272 411 tonnes.
mortels. Produite par des microalgues, marché avec un potentiel de 200 000 tonnes à
elle n'est pas détruite par la cuisson. l’échelle européenne.
Logistique
[ À SAVOIR ] Sofrino rachète Sofrica
La Rungis Académie Sofrino, spécialiste de la logistique frigorifique, s’est porté
acquéreur de Sofrica. Les deux sociétés familiales étaient
sur les rails déjà partenaires depuis 2007 au sein de Sofrilog, un
Parmi les événements qui réseau d’entrepôts grand froid à l’échelle du territoire
célèbrent les 50 ans de Rungis, le
national (42 sites pour un volume d’1,5 million
marché d’intérêt national (Min)
de m3) et une logistique de transport complète,
a annoncé la création d’une
jusqu’au dernier kilomètre, avec 200 véhicules.
Rungis Académie. En clair, une
Sofrino prend la main en rachetant le parc
école des métiers de bouche
doublée d’une résidence de
immobilier de Sofrica, après avoir
150 places pour apprentis. « Ce réalisé une augmentation de
projet vise à faire de Rungis la capital. Au programme des futurs
Silicon Valley de l’alimentaire », investissements : deux nouveaux
s’est enthousiasmé Stéphane entrepôts en 2020 (région parisienne
Layani, le directeur de Rungis, et Vendée) et développement à
lors de cette annonce à l’Élysée. l’international avec une première
DR
Les compagnons du devoir, des implantation au Maroc en 2021.
CFA de poissonniers, primeurs
et fromagers, mais aussi le
groupe Louvre Hotels sont
directement associés à cette Distribution
école qui devrait ouvrir en plein
cœur du Min à la rentrée 2020
(janvier 2021 pour la résidence).
Crevettes ASC et filière qualité chez Carrefour
Le tout pour un coût de Le distributeur Carrefour (5 350 magasins) a annoncé début juin l’aboutissement d’un pro-
20 millions d’euros. cessus engagé en janvier 2019 : désormais, l’ensemble de ses crevettes, au rayon libre-ser-
vice comme au traditionnel, sont certifiées ASC. D’ici à novembre, l’enseigne entend finaliser
la création d’une filière qualité spé-
cifique pour des crevettes en prove-
Pelgas : y’a du bleu ! nance d’Équateur, du Nicaragua et
Des niveaux d’anchois élevés du Honduras. Cette Filière Qualité
et dans la moyenne pour la Carrefour, la 439e, respectera un
sardine. Ce sont les résultats cahier des charges précis en termes
de la campagne Pelgas de traçabilité et portera sur des cre-
d’évaluation de la biomasse vettes ASC, sans antibiotiques ni OGM.
et de la distribution des petits Carrefour s’engage sur des volumes
pélagiques dans le golfe de
de 3 500 tonnes par an, afin de don-
Gascogne. Gérée par l’Ifremer
ner de la visibilité aux producteurs.
et le Comité national des
La crevette est le second produit le
pêches, avec l’appui du Feamp
plus vendu au rayon marée.
et de France Filière Pêche, elle
DR
Rectificatif
De la saint-jacques bio Des smolts Le nouveau site des Viviers de Loctudy, à
Après la moule et le saumon
d’Atlantique, l’offre bio de la russes d'ici 2020 Lorient, est dimensionné pour 1 000 tonnes,
et non pour 500 tonnes comme indiqué
société Cornic-Novamer s’élargit
à la saint-jacques. Depuis juin, Russian Aquaculture poursuit ses investissements dans le PDM de juin : les 500 tonnes corres-
les saint-jacques péruviennes en dans l’amont de la filière. Elle a commandé à la filiale pondent en fait à la production au lancement.
provenance de son partenaire danoise du groupe Akva une installation de produc- La production totale est donc aujourd’hui de
Acuapesca bénéficient de la tion de smolts d’une valeur d’11,9 millions d’euros. 1 700 tonnes en intégrant les 1 200 tonnes
certification bio. Une exclusivité Cette unité sera installée à Mourmansk et sa livraison, à Loctudy. L’araignée figure parmi les espèces
disponible en noix avec ou sans soumise aux autorisations de financement et régle- déjà traitées, non celles à développer. Auprès
corail, en demi-coquilles et sous mentaires russes, devrait commencer au deuxième tri- de produits comme le homard européen que
de multiples conditionnements. mestre 2020. En 2017, Russian Aquaculture avait déjà Serge Guyot préfère qualifier de « nobles » plu-
acquis deux usines de smolts en Norvège. tôt qu’ « à forte valeur ajoutée ».
Saumon
[ À SUIVRE ]
Les confortables résultats de Mowi
Hénaff renforce
Le géant norvégien du saumon Mowi a enregistré un très bon premier trimestre 2019. Le bénéfice net s’élève
à 244,4 millions d’euros, soit une hausse de plus de 50 % sur un an. Le résultat d’exploitation augmente de sa fibre marine
24,4 % à 196,1 millions d’euros, grâce à des effets de change favorables, pour un chiffre d’affaires de 979,4 mil- Le célèbre charcutier breton vise
lions d’euros (+ 13,6 %). « La demande reste forte, aboutissant à des prix élevés sur l’ensemble des marchés. d’ici dix ans à structurer son acti-
De bons résultats opérationnels et des récoltes saisonnières records ont également contribué aux bons résultats vité à parts égales entre la charcu-
du groupe », a déclaré le directeur général, Alf-Helge Aarskog début mai. terie traditionnelle, le bio et les pro-
duits de la mer. La diversification
De plus, selon le site www.ilaks.no, les élevages de Mowi n’ont pas été touchés par l’épisode de bloom plancto-
vers le poisson s’est déjà concréti-
nique de mi-mai. Le cours de l’action a ainsi grimpé à 211 Nok (21,59 euros) le 27 mai, son plus haut niveau jamais
sée par un partenariat avec
enregistré. Entraînant une valorisation des fonds propres de l’entreprise de 108 milliards de Nok (11 milliards
l’armement lorientais Apak et
d’euros). En France, Mowi va reconstruire l’usine Kritsen, à Landivisiau, détruite par un incendie en juillet 2018. la reprise de GlobeXplore,
Un plan de sauvegarde de l’emploi est en cours de négociation pour les 106 suppressions de poste envisagées. spécialisée dans les algues.
Hors-criée
Faire revenir vendeurs et
acheteurs dans le circuit
Les ventes hors criée se développent au détriment des halles à marée.
Espoir de meilleurs prix, volonté d’échapper aux taxes ou de masquer une partie
des captures, les causes esquissées sont à approfondir. Les responsables des halles
à marée sont déterminés à s’attaquer à ce fléau qui fragilise leurs structures.
T.N.
Nous privilégions deux axes : obtenir l’enregistrement
CHRISTOPHE HAMEL, PRÉSIDENT
de ces ventes et mettre en place des actions pour attirer
DE L’ASSOCIATION DES DIRECTEURS
davantage les vendeurs vers les halles à marée.” ET RESPONSABLES DE HALLES À MARÉE
Quelle est l’ampleur des ventes hors criée ? entraîné de hausse des tarifs. La REPP est de 3 % de la valeur de la
Qui est-il ? vente, payée moitié-moitié par le vendeur et l’acheteur. Le port de
Christophe Hamel : En criée, les ventes baissent légèrement : selon
❱ Christophe vente, lui, bénéficie d’une taxe sur les enchères, non harmonisée.
FranceAgriMer, depuis deux ans, le volume aux enchères a perdu
Hamel est En Cornouaille, c’est environ 3 %, selon les services rendus (glace,
10 %. Mais les captures augmentent. C’est donc que les ventes
le directeur etc.). Cela fait donc en tout dans les 6 %. En vente directe, sans
directes non enregistrées dans les criées progressent. On voit bien
des criées de enregistrement en criée, c’est zéro… L’enjeu, ce n’est pas d’impo-
que sur le merlu, nous faisons - 15 % en criée, je suppose qu’il est
Cornouaille à la
ser la vente aux enchères, mais d’au moins récupérer la REPP pour
vendu à côté. Le lieu noir est vendu à 90 % de gré à gré d’après
l’usage des infrastructures.
FranceAgriMer. CCI Métropole
Bretagne ouest
Justement, ces ventes ne sont pas si opaques, elles sont en Et en étant derrière les bateaux qui utilisent vos infras-
et le président
partie déclarées. 62 000 tonnes de hors-criée ont été enre- tructures sans payer de REPP ?
de l’Association
gistrées sur Visiomer en 2018. des directeurs C.H. : Oui, nous pouvons surveiller, sauf que nous n’avons pas de
C.H. : Cet outil de transmission des données mis en place par l’État et responsables pouvoir. Nous ne connaissons pas la valeur de la vente sur laquelle
permet de déclarer des ventes auprès de l’administration, sans les des halles doit se calculer la taxe.
enregistrer auprès des criées. Ce qui ne nous permet pas de récu- à marée
pérer la REPP (redevance d’équipement des ports de pêche). Il y a (Adrham). Les opérateurs sont-ils gagnants à court-circuiter les
des ventes de gré à gré enregistrées en criées qui ne posent pas de Cette structure
criées ?
souci. Et d’autres qui nous échappent, soit officielles, déclarées via a notamment C.H. : Cela reste une interrogation. Il n’y a pas d’intermédiaire, mais
Visiomer, soit cachées. Et là, nous avons un vrai manque à gagner. pris le relais, fin le prix n’est pas forcément meilleur. Pour le poisson bleu, souvent,
2017, du service le prix hors criée est basé sur celui proposé aux enchères. Je com-
Pourquoi observe-t-on cette recrudescence des ventes de prévision prends le hors-criée pour cette pêcherie mono-espèce, avec de
directes ? des apports grosses quantités, la taille des lots en criée ne convient peut-être
C.H. : Est-ce lié au coût du passage en criée ? La REPP, destinée à en criée. pas. Là, nous apportons surtout du service – glaçage, pesée, livrai-
l’entretien des quais, est récupérée par le port de débarquement et son – et il y a de l’enregistrement, ce n’est pas problématique. Mais
celui de stationnement, où le bateau va en relâche. La REPP repré- globalement, notre système de vente aux enchères, de plus en plus
sente environ un tiers des recettes des gestionnaires de criée. En transparent, améliore les prix. Le prix moyen augmente toujours. La
Bretagne, nous avons harmonisé les taux à la demande de la région mise en concurrence des acheteurs, renforcée par la mutualisation
– hormis à Lorient, avec un système différent –, mais ça n’a pas des ventes, valorise au mieux les produits des pêcheurs. Le décret
“
diaire en leur nom si leurs adhérents ne respectent pas leurs règles
communes. Ça peut ne pas plaire, mais c’est aussi notre rôle. Les pêcheurs
La solution est aussi du côté des contrôles, non ?
sont dynamiques pour
C.H. : Tout à fait…
vendre eux-mêmes
leurs produits.“
Quel est l’impact de ces ventes pour les halles à marée ?
C.H. : Ce qui nous inquiète, clairement, c’est que des taxes nous
échappent, alors que les personnes concernées profitent de nos
infrastructures. Nous avons besoin de les entretenir, nous investissons,
nous modernisons les équipements de tri, de froid… Si ces ventes se
développent, il y aura de moins en moins de poisson sous criée et les
T.N.
halles à marée risquent d’être surdimensionnées. Leur pérennité est
en jeu. Notre association prône de préserver le maillage territorial afin
que les pêcheurs puissent débarquer à différents endroits, mais nos Quel regard portez-vous sur l’essor des ventes hors criée ?
structures sont fragiles. Ça se saurait si les criées étaient riches ! Une Comme dans l’agriculture, la vente directe se développe, avec une
façon de nous en sortir est de récupérer la valeur de ces enregistre- forte demande des consommateurs. Beaucoup de bateaux font les
ments. L’enjeu est fort, surtout dans le contexte du Brexit. marchés, jusqu’au milieu de la France voire plus loin. Certains cachent
vraisemblablement des surquotas, notamment sur la coquille Saint-Jacques,
Il y a aussi un enjeu de transparence. et génèrent du black ; il y a peu de contrôles. Mais c’est aussi, pour tous
ceux respectant les règles, un moyen d’obtenir de meilleurs prix de vente,
C.H. : Oui. Quid de la réglementation sanitaire, de la traçabilité, de même s’il y a des frais à déduire. Les pêcheurs proposent des prix très
la transparence du marché ? Nous travaillons beaucoup à la prévi- compétitifs par rapport aux poissonniers, ils n’ont pas les mêmes charges
sion des apports, avec une deuxième version de l’outil informatique de structure ni de coût d’achat. Et ils sont dynamiques, avec des camions
Prévapport, plus ergonomique, et dans le futur, une interconnexion à l’effigie du bateau, une communication sur Facebook… Ils génèrent de
avec des outils de prévisions à bord des navires. Mais il y a un flou, l’attractivité, de la valorisation.
une opacité sur ce qui se passe à côté des criées…
Le marché traditionnel joue moins ce rôle d’ambassadeur ?
Quelles sont les parades envisagées ? On le voit dans nos démarches qualité, il y a un gros déficit des mareyeurs
sur la mise en avant de certains produits. Jusqu’ici, ils s’appropriaient peu
C.H. : Nous avons deux axes de travail : essayer d’obtenir l’enre- la coquille Label rouge, le bulot IGP. Cela bouge désormais, parce qu’ils
gistrement en criée, en travaillant avec les services de l’État, pour sont piqués au vif par leurs acheteurs qui les réclament. Ils vendent de la
au moins récupérer la REPP sur ce qui est déclaré à Visiomer. Des matière première, mais pas assez une image. NFM propose d’accompagner
demandes ont été faites dans ce sens, pour l’instant sans retour. la traçabilité avec un étiquetage lié au bateau, mais la dynamique n’a pas
Récupérer en criée des ventes hors criée est pourtant un axe mis en pris. Ça transparaît au sein des criées : la valorisation est plus le fait de
avant dans le plan de filière. Il nous paraît aussi intéressant, pour produits nobles achetés par les poissonniers, de plus en plus présents en
certaines espèces, d’imposer le passage sous criée. Notamment direct. Avant, ils étaient clients des mareyeurs. La tendance est à éviter les
intermédiaires : les mareyeurs, et peut-être les criées demain.
pour les coquillages : bulot, coquille Saint-Jacques… Le deuxième
axe, c’est de travailler sur notre offre. Obliger le passage sous criée vous semble-t-il pertinent ?
C’est en projet sur la coquille Saint-Jacques chez nous. Cela garantirait la
Comment peut-elle évoluer ? transparence, mais irait à l’encontre des décisions prises pour favoriser les
C.H. : Nous devons d’abord mieux comprendre ces ventes directes. circuits courts, comme d’avoir donné aux bateaux la possibilité d’obtenir
Nous allons lancer une étude pour les caractériser, cela nous aidera à un agrément sanitaire d’expéditeur de coquillages. Le mareyage doit
définir nos actions. On doit se remettre en cause. Nous sommes prêts de plus en plus se contenter sous criée des espèces à gros volumes
ou nécessitant plus de transformation, avec moins de valeur ajoutée.
à nous adapter, nous ne sommes pas figés dans des pratiques. Par
Malgré les difficultés que cela implique pour eux, le contexte politique va
exemple, en Cornouaille, nous allons avancer les heures de vente car malheureusement plutôt dans le sens des ventes directes.
la logistique nécessite un ramassage plus tôt. Nous pouvons propo-
ser de nouveaux services. Ainsi, nous avons mis en place des bornes
Lionel Collachot,
président de l’Acaap, Association centre Atlantique des acheteurs
des produits de la pêche (340 adhérents, huit criées),
PDG des Viviers de Noirmoutier et membre des conseils portuaires
de Noirmoutier et Saint-Gilles-Croix-de-Vie
Et côté tarifs ?
C.H. : Si c’est une question de coût, nous pouvons réfléchir à des
tarifs adaptés aux nouveaux modes de commercialisation. La REPP
est à repenser, peut-être avec une facturation qui ne serait plus liée
à la valeur de la vente mais au service rendu pour l’usage des infras-
tructures ? Il faut faire évoluer le système pour avoir des redevances
justes vis-à-vis de tous nos utilisateurs. Ce sont nos axes de travail
pour 2019-2020 : favoriser l’enregistrement, si possible aidé par
l’obligation de passage sous criée pour certaines espèces, et réflé-
chir à être plus attractifs, pour donner envie de revenir sous criée.
T.N.
DR
Résultat des simulations : « Cela En tête, Roscoff, avec 63 % des ventes
provoquerait pour l’UE à 27 la liées aux eaux britanniques. Puis Cherbourg,
perte de deux tiers des captures Boulogne-sur-Mer et Lorient qui jouent la 7 criées, toutes Pour résister, mieux vaut s’unir que se
en ouest Écosse, de la moitié moitié de leurs ventes. Et un trio avec Erquy, dans le nord-ouest, concurrencer. En tout cas, l’accueil est plus
pour la Manche et d’un quart Le Guilvinec et Loctudy pour 25 à 32 % des sont à haut risque : favorable au renforcement des coopéra-
pour la zone mer du Nord et ventes. Le risque est modéré pour sept criées près de 30 % tions entre criées, pour interconnecter des
mer Celtique », calcule Julien où cet approvisionnement pèse de 10 à ou plus des ventes catalogues, créer des places de vente plus
23 % : Saint-Quay, Granville, Dieppe, Saint- seraient impactées importantes. Voire aller jusqu’à une vente
Lamothe, secrétaire général de
Malo, Fécamp, Port-en-Bessin (en jaune sur par un Brexit dur. régionale unique si le séisme se confirme.
l’Anop. Par espèce, en Manche :
- 35 % de cabillaud, - 25 % de la carte). La Rochelle est plus vulnérable que 45 000 t Il y a aussi une marge de progression pour
sole à l’est à - 50 % à l’ouest. En ses voisines du fait des apports extérieurs. vendues sous capter plus de volume des côtiers et inver-
mer Celtique : - 40 % de gadidés, Finalement, « dans le Finistère, beaucoup les criées françaises ser la tendance au développement des
- 43 % de raie, - 70 % de plie. En de criées sont peu dépendantes, avec moins sont capturées ventes parallèles (lire pages 8 à 10).
mer du Nord : - 88 % de lieu noir. de 5 % des apports concernés », chiffre en ZEE britannique. Offrir plus de services comme de la
Entre autres. Quentin Le Bras, du cabinet Via Aqua. découpe, une offre en surgelés ? « Que
Ce serait encore pire en tenant Mais personne n’est à l’abri. L’impact chacun se concentre sur son métier »,
compte des déplacements des ne se limitera pas à la Manche et la mer objectent les mareyeurs. Diversifier l’acti-
stocks. Ce raisonnement pousse du Nord. Via Aqua a passé en revue les vité, par exemple avec le tourisme ? C’est
déjà l’Islande et les Féroé à parades pour maintenir les apports, ou effectivement en cours. Organiser l’ac-
s’octroyer plus de maquereau, qui au moins l’équilibre, des criées. En bras- cueil de navires britanniques avec un poste
a migré vers le nord. L’UE a alors sant large, quitte à déplaire. Diversifier douanier ? La pêche le prendrait comme
tendance, par souci de durabilité, les apports par plus d’achats extérieurs ? une provocation. Selon leur localisation,
à compenser les égarements « C’est un peu déshabiller Paul pour habil- les places portuaires n’ont pas toutes les
des pays tiers en baissant ses ler Jacques », déplorent des opérateurs… mêmes cartes à jouer. À Boulogne, l’enjeu
quotas. Ce risque est fort sur le est bien de rester au cœur des flux pour
merlu, qui reste bien implanté conforter la filière aval (lire pages 21 à 26).
dans le golfe de Gascogne, mais Quentin Le Bras esquisse une piste pro-
se développe vers le nord. En en metteuse : faire des tests de marché sur
tenant compte dans la répartition, des espèces sous-valorisées. « Le bulot est
« la part de la France sur le stock devenu l’espèce phare à Granville. Et la
de merlu nord baisserait de 53 nasse changeante a percé en Méditerranée :
à 29 %. Avec des conséquences il y a cinq ans, elle n’était quasiment
majeures, y compris dans le pas pêchée et elle se vend maintenant à
golfe de Gascogne ». L’enjeu de 5 euros/kg sur les marchés italiens et espa-
la négociation future dépasse gnols. » Ces succès montrent la voie. « Vous
avez bien un « bulot » chez vous… » Sans
L.F.
Lionel Flageul
nuer la dépendance à l’industrie pétro- de la mer par an
chimique. Scapmarée, sa coopérative et approvisionne
d’achats de produits de la mer, a lancé
plus de
le Challenge emballage écoresponsable,
auprès des fabricants d’emballage. « Des 550 magasins. Les barquettes de moules actuelles sont en polypropylène. Les alternatives attendues :
des matériaux biosourcés et recyclables ou biodégradables.
industriels ont déjà avancé sur le sujet,
souligne Morgane Ramonet, consultante
chez Mission Pêche. Les entreprises ren- seurs – mareyeurs, grossistes – durant un selon les zones, les types de poissons, il ne
contrées sont intéressées, cela représente an, pour approfondir leur mise en place. s’agit pas d’imposer un contenant unique,
un investissement minime pour un gain Des commandes bien plus conséquentes mais de changer les pratiques », précise
potentiel élevé. » se jouent en réalité. Il transite chaque Morgane Ramonet. Ce concours est aussi
Les fabricants ont jusqu’au 30 juillet pour année à Scapmarée, à Wissous (Essonne), un moyen « d’impliquer la chaîne, d’avoir
s’inscrire et jusqu’au 2 septembre pour 3,2 millions de caisses polystyrène, 2,1 mil- les réactions de tout le monde. Pour que
transmettre 100 contenants par catégorie : lions de barquettes de moules, 2,8 millions chacun comprenne aussi les contraintes
caisse marée, barquette à moules et bar- de barquettes de crevettes, 12 millions de des autres ».
quette poisson libre-service. Un cahier des barquettes de poisson en libre-service. Un cahier des charges spécifique
charges précise les dimensions, pour faci- « La centrale cherche des solutions devrait en découler pour les fournisseurs
liter les comparaisons. Scapmarée orches- depuis un moment et a déjà eu des échan- de Scapmarée. « Ce sera contraignant
trera les tests avec des volontaires parmi ses tillons-tests. Ce qui convient au cabillaud mais la plupart des fournisseurs sont déjà
fournisseurs, prestataires de transport et d’Islande ne convient pas forcément au prêts à jouer le jeu, ils sont à l’affût de l’in-
logistiques, plateformes et magasins. « Les hareng de Boulogne. Il faudra probable- novation. »
tests dureront un mois à un mois et demi, ment à terme mixer entre les solutions, Solène LE ROUX
avec un protocole d’évaluation le long de la
chaîne : production, transport… » De nom-
breux critères sont à prendre en compte : Emballages requis
effet de la température, tenue, casse éven-
CONTENANT MATIÈRE ACTUELLE MATIÈRES VISÉES DIMENSIONS POUR LES TESTS
tuelle, étanchéité, volume…
Remise des prix en décembre 2019 ou Plastique recyclable à 100 %
Polystyrène ou PSE Format 3 kg (300 x 400 mm,
janvier 2020, avec des récompenses finan- Caisse marée Matière biosourcée
Polypropylène hauteur 120 à 150 mm)
cières, mais surtout des commandes garan- Matière biosourcée et biodégradable
ties aux gagnants, allant pour les premiers
Matière biosourcée
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de consigne n’est pas exclu ». Ces conte- Barquette LS Matière biosourcée et biodégradable Barquette operculée : 232 x 147 mm,
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nants seront mis à disposition des fournis-
Fiac - Adocom
déjà bien ancrées dans les habitudes des conserveries
d’achat, affichent une belle progression. de poissons
84 % des Français en consomment, soit pèse 98 % de
+ 8 points par rapport à 2016, selon une la production,
enquête menée début mai par CSA pour le soit 69 000 t le succès des tartinables », analyse Pierre force dans leurs qualités gustatives, nutri-
Syndicat français des conserveries de pois- de poisson pour Commère, secrétaire général du syndicat. tionnelles et sanitaires : les Français sont
sons. Cela confirme le constat du Kantar un chiffre d’affaires De même pour l’apéritif, « qui prend une plus de quatre sur cinq à être convaincus.
Worldpanel 2018 avec 93 % des ménages de 833 M€. place de plus en plus importante dans les « C’est vraiment plus qu’honorable dans
français acheteurs. + 2,8 % : la occasions de consommation », avec 40 % l’industrie agroalimentaire », commente
La perception positive du poisson en hausse des ventes des acheteurs adeptes, contre 26 % il y a Pierre Commère.
boîte monte autant, de 8 points, avec 76 % de conserves trois ans. Le documentaire de Cash Investigation
des consommateurs sondés louant son bon de poisson en Pas de changement dans les espèces sur sur le thon tropical n’a donc pas ébranlé
rapport qualité prix. Pourquoi cet engoue- valeur en grande le podium : thon (88 % de consomma- l’excellente image de ces produits. Ni
ment accru ? « La conserve de poisson distribution teurs déclarés), sardine (77 %), maquereau les suspensions du MSC pour le maque-
répond à un besoin de produits nomades, en 2018. (62 %). Les achats sont d’abord motivés reau d’Atlantique nord-est et la sardine
à petit prix », esquisse Jean-François Hug, par la praticité, le temps de conservation et de bolinche, passées inaperçues. Et vu les
PDG de Chancerelle et président du syn- la disponibilité des produits. Leur richesse avis scientifiques, les conserveurs ont bon
dicat des conserveurs. Le nombre de en oméga 3 est largement reconnue, avec espoir qu’elles ne soient que provisoires.
consommateurs les embarquant en pique- là aussi des scores très élevés (84 % contre
nique passe de 30 à 35 %. « À relier avec 80 % en 2016). Enfin, la confiance se ren- Solène LE ROUX
S.L.R.
restaurants) assure la commercialisation via ont prospecté de futurs clients au Seafood.
son implantation à Boulogne-sur-Mer et
S.L.R.
clarification – et d’une ligne de séchage tution par IDmer et ses partenaires indus-
« spray » pour préserver toutes les carac- triels. « Nous avons décidé de scinder la
téristiques des extraits. partie recherche et développement, elle
« Sea Extract va remplacer une partie demeurera dans IDmer Association, de
de nos équipements obsolètes en appor- la sous-traitance industrielle autour de
tant des moyens techniques qu’IDmer ne la cosmétique, de la nutraceutique, des
possédait pas forcément », explique le
président du centre technique, Freddie
Follezou. Par exemple, il pourra travail-
ler à partir de produits solides ou semi-
solides marins – végétaux et animaux – et Freddie Follezou, président d’IDmer,
disposera d’une technologie de séchage avec des partenaires, crée IDmer Production
moins énergivore qu’avant. Il en extraira pour réaliser de la sous-traitance industrielle,
des hydrolysats marins ou végétaux, des à part de l’activité R & D.
DR
extraits aromatiques de crustacés, des
Solène LE ROUX
LE MASTER
à Boulogne-sur-Mer
L
e master professionnel est spécia-
lisé dans la production, la trans-
formation et la valorisation des
produits aquatiques. C’est une for- & Développement dans les entreprises 6 mois, à raison environ d’une journée
mation en 2 ans, ouverte aux étudiants ti- agroalimentaires. par semaine, de manière confidentielle,
tulaires d’un diplôme de Licence Sciences avec suivi continu et points réguliers
de la Vie ou équivalent. C’est une formation par alternance : le avec l’entreprise conçoivent un projet de
master 2 est accessible en formation ini- développement de nouveaux produits
Les étudiants de ce master suivent tiale ou continue par le biais du contrat agroalimentaires d’entreprise. Ce projet
une formation scientifique fondamentale de professionnalisation : alternance selon est piloté par une équipe pédagogique
agrémentée d’une formation à la vie de le schéma une semaine de cours/une constituée en binôme par un chef de pro-
l’entreprise qui s’effectue par les stages semaine en entreprise pendant les 6 pre- jet du pôle Aquimer pour l’ingénierie de
en entreprise (stage de 18 semaines en miers mois de l’année d’octobre à avril projet innovant et un référent universi-
master 1 et de six mois en master 2). puis 6 mois à temps plein en entreprise. taire pour la partie technique.
Par le biais des activités liées à la pêche, Cette formation intègre un module de Il est financé par la Communauté d’Ag-
aux halio-industries mais aussi aux entre- gestion de projet par le biais du dispositif glomération du Boulonnais.
prises agro-alimentaires, le master QPAH « Univ Innov » mis en place depuis 2009.
vise à former des cadres (Bac + 5) non Il s’agit d’une étude de cas réel entre des
seulement dans le secteur halieutique Entreprises agroalimentaires ayant un
mais également dans le domaine agro-ali- projet de développement de nouveaux
mentaire. Le Master QPAH prépare prin- produits et souhaitant valider ce projet
cipalement les étudiants aux 3 métiers en obtenant les éléments pour le rendre
suivants : responsable Qualité, respon- opérationnel et une équipe de 4 étu-
sable de Production, cadre en Recherche diants de Master 2 QPAH, qui pendant
http://masterqpah.univ-littoral.fr
1 Boulevard du Bassin Napoléon 62200 Boulogne-sur-Mer - Master.qpah@univ-littoral.fr - Tél. secrétariat : 03 21 99 45 00
Actu ❘ FOCUS HAUTS-DE-FRANCE
HAUTS-DE-FRANCE
Lionel Flageul
Rester au cœur des flux
Environ 30 km
séparent Boulogne du
Royaume-Uni. Avantage
pour les acteurs
de l'halieutique
jusque-là, cette proximité
A vec plus de 30 000 tonnes de pois-
son débarquées par an, Boulogne-
sur-Mer et sa zone économique
Capécure représentent le premier
centre de transformation des produits de la
mer : 377 000 tonnes en 2018. Les produits
sont acheminés vers toute l’Europe, assurant
Sur les
120 000
de produits frais arrivant
d’Europe du nord à
Capécure, 30 % viennent
du Royaume-Uni.
t
France. Cela pourrait considérablement
ralentir les livraisons et inciter les sociétés
à exporter leurs biens ailleurs. Afin d’évi-
ter cela, l’extension du corridor maritime et
l’installation d’un service d’inspection vétéri-
naire et phytosanitaire aux frontières (Sivep)
à Boulogne ont été obtenus. « Un disposi-
pourrait, avec le Brexit, à Boulogne un statut de hub logistique. Ici, tif adapté est prêt pour recevoir la marchan-
les 250 entreprises (300 dans la région) de dise importée du Royaume-Uni directement
devenir une difficulté.
Mais la filière veut en
mareyage, logistique, négoce et pêche se
retrouvent face à une multitude d’enjeux
+ 34 % dans Capécure, confirme Frédéric Cuvillier,
président de la Communauté d’aggloméra-
en un an : la progression
faire une opportunité, liés au Brexit : ressources, compétitivité... La des arrivages à Boulogne tion du Boulonnais (Cab). Les professionnels
avec un projet de transit question des droits de douane et de l’union de saumon d’Irlande. ont bien joué le jeu, nous avons eu un par-
douanière est celle qui risque d’impacter le tenariat très efficace. Mais nous restons vigi-
direct avec l’Irlande.
plus la circulation des produits alimentant le lants sur la mise en place. »
marché aval. En même temps, la filière et les élus réflé-
Sans accord, les camions en provenance chissent au plan B : des moyens d’approvi-
du Royaume-Uni seront exposés aux contrôles sionnement directs pour éviter la fiscalité sur
Darianna MYSZKA douaniers et vétérinaires à leur arrivée en les produits et les contrôles. « Nous allons
▼
tions de 20 pays qui entrent quotidienne-
ment à Boulogne, celles en provenance d’Ir-
lande sont en forte progression. La France “ Le Brexit, ce n’est que des incertitudes. Les choses changent tout
le temps et on ne sait pas où on va. Nous nous préparons à un Brexit
est le principal marché des produits de la
dur. Nous avons bien conscience des contraintes que cela va
mer irlandais (25 %), loin devant l’Espagne
provoquer, que ça soit au niveau logistique ou des frais qui
(11 %), l’Italie, la Chine et le Royaume-
Uni (7 %). Pour le seul Mowi Irlande (sau- vont s’ajouter à l’ensemble des produits.
mon, ex-Marine Harvest), 500 camions par Aujourd’hui, en ce qui concerne le bureau d’achats, à peu
an (soit 5 000 tonnes) arrivent à Boulogne. près 20 % des approvisionnements se font au Royaume-
Cette dépendance incite l’Irlande à recher- Uni, avec le saumon comme espèce majeure. Les
cher activement des solutions de transit pour contrôles sanitaires, qui vont influencer notre
contourner l’accès traditionnel via le nord de organisation et nous obligeront peut-être à
l’Angleterre puis la traversée du pas de Calais modifier nos flux logistiques, sont parmi nos
par la mer ou le tunnel sous la Manche. Le plus grandes préoccupations. »
secteur économique irlandais, soutenu par la
Yasmina Bounaceur, directrice de bureau
D.M.
république d’Irlande, sollicite ce transit direct
d’achats pour Pomona Foodtrade
transmanche vers Boulogne.
Anticipant la sortie du Royaume-Uni de
l’Union européenne, des entreprises de
transport annoncent aussi de nouveaux ser- David voit le verre à moitié plein
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Actu ❘ FOCUS HAUTS-DE-FRANCE
N
ajoute Simon Van Oost, nous commercia-
ichée entre les estuaires sauvages lisons aussi des bières à l’aster maritime
de l’Authie et de la Somme, ou des sauces – mayonnaise, moutarde
B.L.
la conserverie Saint-Christophe, Simon Van Oost, cogérant d’une conserverie ou béarnaise – et de la vinaigrette à la
créée en 1990 par Éric Van Oost, qui se développe tout en restant familiale. salicorne. »
confectionne des produits artisanaux avec Au nouveau siège d’Argoules (Somme)
une note rustique. Si les spécialités à base qui s’étend sur 1 500 m², les 11 salariés
peut se consommer crue, nature ou en
de viande sont très variées, Éric Van Oost
et son fils Simon, cogérants, développent
de plus en plus les conserves et plats à base
vinaigrette, seule ou avec d’autres ingré-
dients, mais aussi blanchie dans de l’eau
500 t
affectés à la production (sur un effec-
tif total de 20) alternent d’une fabrica-
tion à l’autre. « Nous vendons en épiceries
La cueillette de salicorne
de produits de la mer – coquillages, crusta- bouillante et servie en légume après être en baie de Somme fines pour 25 % et en GMS pour 15 %,
cés et poissons – mais aussi avec l’apport revenue à la poêle. (entre 400 et 500 tonnes sachant que 15 % de notre activité se fait
de végétaux marins. « En juillet et août, À la soupe de poisson de la conserve- par an) représente à façon, en fonction de la commande du
nous rentrons dans nos ateliers quelque rie Saint-Christophe s’ajoutent donc, tout près de 90 % de la client. Mais nous écoulons le plus gros en
17 tonnes de salicorne, assure Simon naturellement, celle à la salicorne et le production française. vente directe dans nos boutiques de la
Encore méconnue en
Van Oost, sans compter les asters (oreilles velouté d’aster maritime. Au rayon des région, Les Trois Conserveries de Dieppe,
France, elle est dégustée
de cochon) ou la soude maritime (pom- pâtés, on trouve de délicieuses terrines au Le Touquet, Wimereux, Arras et Le Crotoy,
à toutes les sauces aux
pons) pour enrichir et parfumer nos saumon, à la truite fumée et aux moules, Pays-Bas. et lors des 30 salons auxquels nous partici-
diverses fabrications. » « en attendant des rillettes de truite aux pons chaque année comme le Sirha, le Sial
La salicorne sauvage est appréciée pour zestes de citron ». En plats cuisinés, les et le Salon de l’agriculture. »
son goût salé et sa texture croquante. Elle maquereaux marinés (avec une DLUO de Benoît LOBEZ
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l’innovation
le 24 septembre 2019 à Rennes
Maison des associations - 6 cours des Alliés - Rennes
• Vincent Storti,
directeur des poissonneries Chez Vincent
• Pascal Goumain,
président de Saumon de France • Brigitte Delanchy, directrice générale
du groupe Delanchy
S’engager
g g dans un Fip
p
REMISE DES PRIX
> 12 h L’expérience de Delpierre l ÉPICERIE
dans les Fishery improvement project,
par Anaïs Gallenne,
en charge du sourcing responsable l FRAIS
l TRAITEUR
l CONCEPT
l SURGELÉ
Source : Eurostat
30 000
• tine est là. Mais c’est une pêcherie aléa- goustine sur l’ensemble de la filière », sou-
20 000 • • 3 000
toire, qui dépend de la capturabilité du ligne Thomas Rimaud. L’année dernière, à
10 000
0 2 000
crustacé, le fait qu’il sorte ou non de son travers le projet Vivant, des expérimentations
08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 terrier », explique Thomas Rimaud, chargé de bonnes pratiques ont été menées sur les
20 20 20 20 20 20 20 20 20 20
de mission pour l’organisation de produc- bateaux de pêche, à terre et lors du transport,
Les captures des États de l’UE représentent 93 % teurs (OP) Les Pêcheurs de Bretagne, qui avec de bons résultats. « Cette année, nous
de la production mondiale de Nephrops norvegicus. concentre 75 % du quota français dans le poursuivons cette démarche à plus grande
En 2017, le Royaume-Uni arrive en tête (30 663 tonnes), golfe de Gascogne. Les rendements 2018 échelle, en équipant quelques bateaux d’écu-
suivi de l’Irlande (8 063 tonnes), du Danemark (4 299 sont à des niveaux équivalents à ceux de meurs dans les viviers et en travaillant avec
tonnes) et de la France (3 891 tonnes). la campagne 2012-2013, qui faisait égale- certains mareyeurs. Le but est de voir com-
ment suite à deux très bonnes saisons. ment le produit est perçu et valorisé en bout
Principaux pays consommateurs Du fait de la rareté, les prix à la pre- de chaîne. » Des tests d’acheminement de
mière vente sont montés, au niveau de langoustines vivantes vers Paris sont envisa-
de langoustine dans l’UE en 2017 l’OP, à 11,80 euros/kg en moyenne, contre gés. « Ce projet permettra de gagner d’autres
(en tonnes, équivalent poids vif) 10,50 euros en 2016 et 2017. « En 2016, marchés lors des années de forte production
des mesures de gestion internes avaient mais surtout de mieux valoriser ce qui est
Italie 20 770 été mises en place afin de gérer les quotas débarqué », précise Thomas Rimaud.
France 13 865 jusqu’à la fin de l’année et éviter des acci- Car généralement, les volumes de lan-
Source : Eurostat
Espagne 10 873 dents de marché », précise Thomas Rimaud. goustines françaises n’ont aucun mal à
Royaume-Uni 10 544 Pour l’année 2019, les quotas sont en trouver preneur. En effet, la consomma-
Total UE 55 608 hausse de 7 % pour les pêcheurs français, tion française est largement supérieure à la
à 3 645 tonnes dans le golfe de Gascogne. production nationale. Selon l’Eumofa (1),
La France est le deuxième plus gros marché européen
Depuis janvier, « les volumes sont un peu les importations ont atteint 5 903 tonnes
pour la langoustine, alimenté par la pêche hexagonale
meilleurs que l’année dernière mais restent de langoustine en 2017 (pour 92 millions
et les importations de produits congelés (53 %) et frais
moyens », souligne le chargé de mission. Les d’euros). Un volume en baisse de 23 %
(47 %). Celles-ci proviennent à 60 % du Royaume-Uni.
adhérents de l’OP ont débarqué, entre jan- depuis 2008, compensé par la hausse du
vier et avril, 602 tonnes de langoustine, un prix moyen de 8,13 à 10,46 euros/kg. En
chiffre en hausse de 21 % par rapport à la dix ans, les importations de langoustines
Évolution du prix de la langoustine même période l’année dernière, vendues au fraîches ont fortement baissé (- 39 %), alors
en France prix moyen de 11,80 euros/kg (- 9 %). Un que le segment surgelé se maintient.
Source : Eumofa / FranceAgriMer – Kantar Worldpanel
chiffre plus élevé qu’en 2014 sur ces quatre Les pics de consommation se situent
premiers mois de l’année (11,27 euros), entre mars et juillet, au moment où la pro-
• • Prix de vente au détail pour des volumes débarqués équivalents. duction est la plus forte, et lors des fêtes de
(française et importée)
€/kg
Même si la langoustine est pêchée régu- fin d’année. Selon FranceAgriMer, la valeur
18 • • Prix annuel à la première vente
•
lièrement toute l’année, le pic de produc- totale de la consommation de langoustine
16 • • • • • tion s’étale traditionnellement de mai à des ménages français a augmenté de 12 %
14 • • •
• août. « En cas de faibles captures comme depuis 2012, pour atteindre 49,6 millions
12
• • • • • • l’année dernière, les pêcheurs se tournent d’euros en 2017, avec un prix de vente
10 • •
• • vers d’autres métiers en fin d’année au lieu au détail, toutes formes confondues, de
8
08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 d’insister », indique Thomas Rimaud. 15,50 euros/kg. Dans la grande distribu-
20 20 20 20 20 20 20 20 20 20
La langoustine des chalutiers côtiers est tion (65,9 % des volumes), la demoiselle
très largement débarquée vivante, princi- vivante constitue souvent un produit d’ap-
Les cours sont plus bas en mai et juin, en pleine saison, palement en Bretagne sud (Le Guilvinec, pel peu margé.
et élevés en décembre, alors que les débarquements Lorient et Concarneau), après des marées Ève CHALMANDRIER
sont faibles et la demande en hausse pour la période de 24 à 48 heures maximum. Quelques cha- (1) « Étude de cas : la langoustine dans
des fêtes. lutiers hauturiers bigoudens opèrent en mer l’Union européenne », Eumofa, mars 2019
La production de turbot d’élevage L’aquaculture européenne de turbot est non labellisé, qui est valorisé, départ ferme,
indéniablement dominée par l’Espagne et à 6,55 euros/kg en moyenne sur la période
dans l’Union européenne (en tonnes) le Portugal. En troisième place, la France 2010-2016 (Eumofa). La différence réside
tire tout de même son épingle du jeu avec dans « la densité d’élevage beaucoup plus
14 000 un poisson estampillé Label rouge et plébis- faible, l’alimentation et la surveillance des
cité par les grands chefs du monde entier. éleveurs, détaille Franck Brossard. Le turbot
12 000
Une seule entreprise produit du turbot est une espèce très fragile et compliquée à
10 000 d’élevage dans l’Hexagone, France Turbot élever : elle est sensible aux changements de
Ichtus (groupe Gloria Maris), dans deux température, au stress, aux maladies. Cela
8 000
fermes aquacoles situées à Noirmoutier demande un certain savoir-faire. D’autant
6 000 (Vendée) et Trédarzec (Côtes-d’Armor). plus qu’il faut près de deux ans et demi pour
« Nous avons produit 130 tonnes de tur- atteindre une taille commerciale ».
4 000
bot en 2018, détaille Franck Brossard, direc- Le poisson de France Turbot Ichtus est
2 000 teur de France Turbot Ichtus. Notre capa- principalement destiné à la restauration
cité est de 200 tonnes maximum. » Rien à gastronomique, en France comme à l’étran-
0
00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 voir avec les fermes ibériques qui peuvent ger (pour moitié), très peu à la GMS (2 %).
20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20
sortir jusqu’à 2 000 tonnes de poisson par « Nous vendons beaucoup de turbot vivant
Espagne Portugal France Pays-Bas Autres
an. « Il ne s’agit pas du même produit, que nous expédions en conteneur, les chefs
Source : Eumofa/Eurostat/FAO
nous ne sommes pas en concurrence car les mettent en vivier avant de les abattre
L’Espagne est de loin le principal pays producteur nos marchés sont différents et complémen- eux-mêmes. » Sur ce marché de niche, la
de turbot d’élevage dans l’UE, (76 % des volumes taires », souligne-t-il. demande est supérieure à l’offre, ce qui tire
européens), devant le Portugal. Les volumes européens Si le turbot est une espèce noble, le les prix vers le haut.
de turbot d’élevage s’élèvent à 10 000 tonnes par an Label rouge français est un produit de luxe,
pour 5 000 à 6 000 tonnes pour la pêche. vendu 10 à 15 % plus cher que le turbot Ève CHALMANDRIER
B V.
B.V
1 500
•
• 4 du Nord possède l’unique usine de transfor-
•
mation de l’île.
• l’atelier a investi dans une chaîne d’évis-
1 000 • 3 Depuis l’année dernière, un arrêté oblige
cération, ce qui lui permet d’atteindre un
l’ensemble des pêcheurs d’holothurie à
nouveau stade dans la transformation du
500 • 2 débarquer leurs quotas sur l’archipel. Le
concombre de mer. « Notre partenaire cana-
• groupe rachète donc l’intégralité de la pêche
0 1 dien nous aide à acquérir les compétences
2017 2018 2019* effectuée par les bateaux français et les trans-
pour maîtriser l’intégralité de la chaîne de
* chiffres prévisionnels forme dans son atelier des Pêcheries Paturel.
• • quotas transformation, indique Tony Hélène. Nous
• • quantité transformée aux ateliers Paturel « Il est normal que les produits pêchés dans
prévoyons d’être totalement autonomes d’ici
• • chiffre d’affaires les eaux françaises profitent au territoire »,
à trois ans. » Cette valorisation est très lucra-
Source : groupe Le Garrec affirme Tony Hélène, le directeur général.
tive pour l’entreprise qui n’a pas souhaité
Pêcheurs du Nord s’est engagé à payer
dévoiler le prix de vente au kilo. Mais son
La transformation du concombre de mer permet les concombres de mer au même prix que
chiffre d’affaires parle de lui-même, il a dou-
à Pêcheurs du Nord de réaliser une forte plus-value. les cours en vigueur au Canada, l’ancien lieu
blé entre 2017 et 2018, grâce à la transfor-
L’entreprise employait 25 emplois équivalent temps de débarque des chalutiers. Depuis l’année
mation du concombre de mer.
plein la saison dernière et compte monter à 35 dernière, l’atelier Paturel est capable de réali-
cette année. ser la première transformation. Cette année, Guillaume JORIS
lab
Le
de
l’innovation
le 24 septembre 2019 à Rennes
Maison des associations - 6 Cours des Alliés
1 .
Promouvoir
la production locale
et durable Remise
des Coups
2 .
Innover
en diminuant
son empreinte
carbone 3 .
de cœur
de l’innovation de PdM
et du Centre culinaire
par un jury
de professionnels
Restauration collective :
un boulevard pour
les labels publics
Les derniers textes de la loi Egalim sont sortis.
Elle offre de belles opportunités en restauration
collective aux produits bio, sous signe de
L.F.
qualité ou d’origine, ou certifiés pêche durable.
Du tacaud frais à la cantine de Quimper,
fourni par le mareyeur de Concarneau Le Venec.
Ça vous tente un marché à 3 milliards de repas par Le décret d’application précise aussi les signes peut-être plus de chance de prendre la direction
an ? C’est ce que représente la restauration collec- de qualité concernés par cet approvisionnement : de la cantine. Comme les moules de bouchot STG,
tive, qui va devoir se tourner de plus en plus vers Label rouge, appellation d’origine protégée (AOP), pouvant provenir de toutes les zones.
des produits labellisés. indication géographique protégée (IGP) et spé- Enfin, la loi précise aussi comme prioritaires
À partir de janvier 2022, comme le prévoit la loi cialité traditionnelle garantie (STG). Les produits pour intégrer les cantines les produits « acquis
Egalim (1), les repas servis dans les établissements de la mer en compte quelques-uns, avec 34 pro- selon des modalités prenant en compte les coûts
publics de restauration collective devront com- duits sous Label rouge : coquille Saint-Jacques de imputés aux externalités environnementales liées
prendre au moins 50 % de produits sous signe Normandie, maigre et bar d’élevage, conserves au produit pendant son cycle de vie ». En clair, un
de qualité, bio ou issus d’exploitations ayant une de maquereau, crevette d’aquaculture, sardine et transport peu impactant. Ce qui donne plus de
haute certification environnementale. Le bio, en filets de sardine, saumon atlantique, soupes de chance à un approvisionnement local, mais reste
particulier, doit peser au moins 20 %. Un décret poisson, turbot, moules de filière et de bouchot… très encadré.
d’application publié au Journal officiel le 24 avril Au moins trois sous IGP : anchois de Collioure,
Solène LE ROUX
précise que ces parts de 50 et 20 % se calculent coquille Saint-Jacques des Côtes-d’Armor, huîtres
sur la valeur hors taxe de l’approvisionnement. Marennes-Oléron. Et sous AOP, les moules de (1) Loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et
Pour le bio, en Europe, l’Irlande est le premier bouchot de la baie du Mont-Saint-Michel, qui ont alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous (Egalim).
producteur avec 13 000 tonnes de saumon et
9 000 tonnes de moules (données 2017). L’Italie
est en deuxième position (8 500 tonnes, dont
5 000 tonnes de moules) suivie de la France : Mission impossible sans plus de moyens
4 200 tonnes, dont 2 300 tonnes de truite,
Selon une enquête du réseau Restau’Co et de la Fondation Nicolas Hulot (FNH)
900 tonnes de daurade et 1 000 tonnes de moules
révélée le 18 juin, « atteindre les objectifs en trois ans, notamment pour le bio, sans plan
et huîtres. On trouve ensuite la Hongrie (carpe) et
d’accompagnement financier, c’est mission impossible ! ». Le retour d’expérience des
le Royaume-Uni (saumon et truite). gestionnaires de restaurants collectifs déjà engagés vers plus de bio et de produits de
Hormis le bio, l’écolabel public Pêche durable qualité est sans appel. Ces professionnels motivés ont mis en moyenne plus de six ans
figure parmi ceux à privilégier pour la moitié du à parvenir aux objectifs de la loi Egalim. Soit deux fois plus de temps que celui restant
menu, au contraire des écolabels privés. Quelques d’ici 2022.
pêcheries ont entamé les démarches pour l’obte- Principaux enseignements de cette enquête : 75 % des restaurants portent un jugement
nir, comme les palangriers au thon rouge de l’île positif sur la loi Egalim, mais 78 % considèrent qu’ils n’arriveront pas à atteindre les
d’Yeu, représentés par l’organisation de produc- objectifs sans financements adéquats. Or six mois après la promulgation de la loi, pour
teurs OP Vendée. Ils ont bon espoir d’obtenir le 82 % des sondés, aucune hausse de dotation budgétaire n’est prévue ou observée.
précieux sésame début juillet, lorsque la première Les professionnels interrogés estiment le besoin d’investissement de départ jusqu’à
99 centimes par repas, soit 16 % du coût complet moyen d’un repas, pour couvrir les
débarque aura été suivie par un organisme certifi-
frais de matériels, réorganisation et formation (95,2 centimes), les frais de structuration
cateur. Au coude à coude, toujours au thon rouge,
de filières locales durables (2,7 centimes) et de sensibilisation (0,7 centime).
figurent les petits métiers de Méditerranée repré- Le réseau estime qu’il faut lever le frein financier initial avec un investissement de
sentés par l’OP Sathoan. Le label Pêche durable 330 millions d’euros pendant trois ans. Certains vont au-delà des attentes de la loi
intéresse aussi des armateurs présents sur de gros Egalim comme Montreuil, qui a annoncé le 19 juin qu’elle allait passer en 2020 à 70 %
volumes de poissons déjà couramment servis dans de composantes bio dans les cantines scolaires contre 30 % actuellement.
les cantines.
“ La Tunisie doit se
DR
taine de pêcheurs locaux. Nos produits sont surge- Maroc, à destination du marché intérieur. Une Exportations vers l’Espagne,
lés bord, ce qui assure une meilleure qualité et nous
produisons aussi du frais. Le groupe pêche des crus-
tacés comme les crevettes roses, rouges et violettes,
la langoustine, l’écrevisse, le homard… Beaucoup de
filiale du groupe s’occupe de fournir des produits
de la mer pour les cantines scolaires, les foyers, l’ar-
mée… Depuis la France, nous importons les naissains
le premier
marché 19,6 %
d’huîtres pour notre ferme d’élevage située à proxi-
céphalopodes également et du poisson bien sûr. mité de Bizerte, au nord de Tunis. Exportations
Pourquoi ces marchés ? Comment pouvez-vous valoriser vos produits Les exportations tunisiennes
M.B.A. : L’Europe est notre marché historique, c’est sur le marché français et répondre à une forte de produits de la mer ont augmenté
notre plus gros client. Nous fournissons beaucoup de demande ? de 33 % en volume et de 28,5 %
produits élaborés pour les grandes surfaces en Italie, M.B.A. : Nous disposons d’un label naturel car nos en valeur en 2018, selon un rapport
en Espagne et au Portugal. Nous disposons de cinq produits sont plus goûteux que ceux pêchés en du ministère de l’Agriculture, des
usines de transformation dans le pays pour répondre Atlantique par exemple. La Tunisie se caractérise Ressources hydrauliques et de la Pêche.
à la demande. L’Asie est un nouveau marché que par ses golfes et estuaires très riches. Nous maîtri- Les ventes s’élèvent à 158 millions
nous commençons à développer. La Chine, le Japon, sons toute la chaîne de la pêche à la transformation d’euros. Un chiffre qui permet au pays
la Corée du Sud et le Vietnam sont demandeurs de puis l’exportation. Par ailleurs, la pêche tunisienne d’augmenter l’excédent de sa balance
produits méditerranéens, comme le crabe bleu par ne fonctionne pas comme en Europe. Nous sommes commerciale, déjà dans le positif,
exemple. Mais les bons payeurs sont en Europe. Notre bien sûr tenus de respecter les repos biologiques de à 83 millions d’euros. Les exportations
volume à l’export n’est pas énorme mais il est extrê- chaque espèce et notre espace marin est divisé en de crabe à destination de l’Asie et
mement bien valorisé. trois zones, mais nous n’avons pas de quotas sur les de dorade tirent le bilan vers le haut.
Que changerait la signature du traité de libre- espèces. Seuls les thoniers sont soumis aux régle- Premier marché
échange entre la France et la Tunisie, pour vous mentations de l’Iccat. Pour l’instant, nous n’avons L’Espagne est le premier marché en
et pour le pays ? pas d’excès de production, le marché est très deman- valeur à l’exportation pour la Tunisie,
M.B.A. : Le marché français est très délicat pour deur et il est déjà difficile de satisfaire tout le monde. suivie de Malte (14,4 %) et de la Libye
nous. Les produits de la mer tunisiens ont énormé- (6,2 %). La France n’arrive qu’en
ment de qualités qui ne sont pas forcément appré- Propos recueillis par Guillaume JORIS neuvième position (1,5 %).
▼
son et qui ne fonctionne pas sur les céphalopodes, Le projet
tel est le projet lancé par FoodInnov. ni sur les espèces cartilagineuses, type raie. Et, de FoodInnov Group a réuni différents
Cette initiative, qui s'étendra la même manière que l’analyse sensorielle, si le test acteurs pour mettre au point une
est négatif, le poisson part à la poubelle. technique d’analyse de la fraîcheur
sur trois ans, devrait permettre Arnaud Orger-Turbin, responsable scientifique des poissons, plus efficace que
de réduire le gaspillage au niveau et de projets R & D chez FoodInnov Group, pense le test ABVT existant. Le travail
de chaque maillon de la chaîne. avoir trouvé la solution pour mesurer scientifique- s’étendra sur trois ans, soit deux
ment l’état de dégradation du poisson. saisons de pêche. Le temps
Grâce à un kit capable d’analyser les nucléo- nécessaire pour mettre au point un
Lorsque l’on remarque que le poisson n’est plus
tides, il est possible de connaître le nombre de kit à destination des professionnels
consommable, il est déjà trop tard. Aux pêcheurs,
jours restant avant que le poisson ne se périme. et de démontrer la fiabilité et
mareyeurs, grossistes, transformateurs, poisson-
« Anticiper l’état de fraîcheur des lots permet- la pertinence du test.
niers, FoodInnov propose une solution. Grâce au
tra de réduire le gaspillage à tous les maillons de
projet collaboratif FishFreshFood, la plateforme
La pratique
▼
la chaîne », affirme le scientifique, à l’origine de
d’innovation veut anticiper la dégradation du pois-
FishFreshFood.
son pour informer les professionnels de l’état de
Ce projet, labellisé Valorial et soutenu finan-
fraîcheur de leurs produits et prévenir les pertes.
cièrement par la région Pays de la Loire, est réa-
lisé en partenariat avec Mareyage Hennequin et
Ô’Poisson, deux entreprises vendéennes. « Si l’on
intègre des professionnels dans la boucle, cela
fonctionne beaucoup mieux », poursuit Arnaud
Orger-Turbin.
DR
Le projet s’étend sur trois ans, durant lesquels
des tests seront menés sur cinq espèces pêchées Les nucléotides présents
localement : le merlu, le maquereau, la julienne, la naturellement dans le poisson
raie et l’encornet. Sur ces deux dernières espèces, commencent à se dégrader dès
l’analyse ABVT ne fonctionne pas, et sur le maque- sa mort. FishFreshFood utilise
reau, il n’existe pas de norme européenne. Le kit ces molécules pour connaître
de mesure des nucléotides serait donc encore plus la fraîcheur du poisson grâce
pertinent pour ces espèces. à un dosage colorimétrique. Cela
« Notre méthode permet de faire un inventaire permettra d’anticiper sa péremption
à chaque étape, de la pêche à la commercialisa- et de prévenir les pertes. Pour
tion du poisson, ce qui permet d’identifier les pas- l’utilisation, il faut faire bouillir
DR
Le financement
▼
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par espèce
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BAR, DAURADE...
L’aquaculture domine l’offre
La Méditerranée est le royaume de l’aquaculture de bar, de daurade voire de maigre et de pagre.
Cette production représente l’essentiel de la consommation européenne et au-delà.
Malgré, ou stimulé par la féroce concurrence, elle continuera à croître.
15 %
les petits calibres, les plus demandés. En
montant en calibre, une différence s’ins-
talle, avec une baisse des prix notable
pour la daurade.
Le paysage demeure néanmoins évolu-
tif. Depuis 2016, selon l'Observatoire euro-
péen du marché des produits de la pêche et
profitent d’une image singulière. Même si, jouir d’une image positive, en partie liée de l'aquaculture (Eumofa), la hausse de la
particulièrement lorsque l’on s’éloigne des à celle de métiers qualitatifs comme celui production de daurade a dans un premier
côtes méditerranéennes, leur origine majo- des ligneurs. temps entraîné une baisse de sa valeur. Puis
ritairement d’élevage n’est pas toujours Reste que c’est l’aquaculture qui s’en- les stratégies se sont diversifiées selon les
une évidence pour le consommateur. En vole, portée par le dynamisme de deux pays. Cette même année, l’Espagne a dimi-
tout cas, certainement pas autant que pour géants méditerranéens. La Grèce et la nué sa production pour atteindre le niveau
le saumon, alors que les deux espèces sont Turquie auront livré à eux deux, en 2018, le plus faible de la décennie (- 23 %), tandis
devenues des best-sellers de l’aquaculture. plus de 300 000 tonnes de bar et de dau- que Chypre affichait une augmentation de
Et comme pour le saumon, les captures de rade. Le marché porte principalement 38 %. En Croatie, la tendance à la hausse
poissons sauvages sont marginales face aux sur du poisson entier, à des prix relative- de 18 % a porté la production à un total
volumes engloutis. ment identiques pour les deux espèces sur de 5 310 tonnes.
D.G.
L.F.
Par contre, les principaux pays four- Alexakos, le directeur commercial de la société Importations soit - 3 %. » Une situation directement liée
nisseurs de bar ont alors tous affiché une grecque Nireus. Pour chaque kilo d’alimen- françaises à la forte baisse des prix turcs qui entraîne
hausse, tant en valeur qu’en volume. Des tation produite en plus, on sollicite naturel- 2017-2018 l’Italie et la Grèce. L’Espagne et la Croatie,
niveaux records ont ainsi été atteints dans lement l’aquaculture. Le bar et la daurade plus chers, résistent mieux.
l’Union européenne, avec 81 852 tonnes sont issus d’une filière maîtrisée et saine… Appréciés par la grande distribution,
et une valeur avoisinant 500 millions d’eu- mais nous sommes pourtant encore loin Bar les poissons argentés de Méditerranée le
ros. Le bar grec était vendu à 5,52 euros/kg des volumes et du chiffre d’affaires d’une Grèce : + 7 % sont aussi par la restauration. En 2017,
(+ 2 %), le prix le plus élevé des dix der- filière offensive comme le saumon. » Espagne : + 4 % le marché était évalué à plus de 100 mil-
nières années. Malgré les aléas et selon le bilan 2018 Turquie : + 35 % lions d’euros : 42 millions pour le bar et
Mais les choses bougent encore. Et le de FranceAgriMer, la Grèce et l’Espagne 58 millions pour la daurade. Il est, à plus
rôle majeur de l’UE sur ce secteur est remis représentent 60 % des importations fran- de 80 %, dominé par la restauration com-
en cause. La Grèce a ainsi vu son leader- çaises. Mais une fois encore, la dynamique Daurade royale merciale indépendante et par le frais entier,
ship bousculé et subit la pression sur les prix est forte du côté de la Turquie ou de la Grèce : - 3 % avant les découpes de daurade en frais et
d’une Turquie à son tour emportée dans Croatie. Leurs volumes respectifs ont crû Espagne : - 18 % de bar en congelé. La restauration collec-
une crise économique. L’Espagne, désor- de 13 et 74 % pour la daurade et 35 et tive et chaînée considère ces espèces trop
Turquie : + 13 %
mais, produit moins que l’Égypte. Une cer- 5 % pour le bar. Avec un positionnement onéreuses pour ses ratios et privilégie les
Italie : + 89 %
titude cependant, la consommation dans marketing fondamentalement différent : découpes congelées. Bien que la tendance
l’UE est en augmentation avec des volumes l’offre turque est proposée à un prix infé- Croatie : + 74 % à l’élaboré soit faible sur ces espèces. Pour
échangés en croissance de 6 % au cours rieur de près d’1 euro/kg aux prix grecs, (Source : FranceAgriMer) les opérateurs, les prix sont trop bas, avec
des dernières années. Les Pays-Bas, notam- alors que celle de la Croatie leur est supé- des marges faibles à réaliser sur une hypo-
ment, constituent un marché en dévelop- rieure de 0,40 à 0,50 euro/kg. Mais glo- thétique valeur ajoutée. Certains évoquent
pement, sur lequel la Turquie a augmenté balement, les prix du bar et de la daurade même des investissements en process peu
ses exportations. Déjà en 2017, ses expor- royale d’élevage ont baissé de 15 % en probants en termes de rendements, sur du
tations vers l’Italie étaient supérieures de trois ans. filetage par exemple.
31 % par rapport à 2009 pour le bar et de « Les volumes consommés, eux, sont Néanmoins, les barquettes sous skin de
257 % pour la daurade, représentant une stables pour la daurade royale avec près de filets bénéficient d’une très bonne dyna-
hausse moyenne de 144 % ! L’ouverture 11 000 tonnes en 2018, indiquait Jérôme mique en grande distribution qui multiplie
de nouveaux marchés au Proche-Orient Lafon, délégué chez FranceAgriMer, fin les offres. Delpierre a mixé cette technolo-
et le développement d’autres débou- mars. Et en hausse continue pour le bar qui gie avec celle de la haute pression. Grand
chés en Europe du nord (Royaume-Uni et dépasse 7 000 tonnes, donc + 10 %. Les Frais fait tourner à grand rythme ses ate-
Allemagne) ont favorisé ces tendances. prix moyens sont par contre effectivement liers près de Lyon. Et le croate Cromaris
« La population augmente et la demande en baisse pour le bar, à 5,60 euros/kg soit s’apprête à entrer dans la danse… qui
en poisson aussi, analyse Theodoros - 6 %, et la daurade royale, à 4,50 euros/kg semble ne pas avoir fini de tourner. ■
D.
G.
quents : pour le bar et la daurade
frais entier, la part de marché en
valeur des produits turcs sur les prin-
cipaux marchés européens (Italie, Espagne,
France, Portugal, Allemagne, Royaume-Uni
et Pays-Bas) était de 12 % en 2009 puis a
augmenté à 26 % en 2017. Dans le même
temps, celle des produits grecs est passée
de 58 à 43 %.
Certes, comme l’indique un responsable De Méditerranée, certes !
d’achat d’une grande enseigne en France, Pour le reste, c'est la valse des étiquettes...
« la Grèce c’est la qualité et la Turquie les
prix. En termes de logistique, la Turquie
est aussi plus distante et plus ouverte à pour 2019. Depuis cinq ans, le marché s’af- Production Côté turc, on évoque même des prix
l’est ». Les Grecs, qui aimeraient voir per- fiche à la baisse chaque année, avec une totale de bar moyens à la première vente de 4 euros/kg
durer cette idée dans les esprits, boostent offre croissante sur le marché mondial. en Méditerranée sur les tailles 300-400-600 grammes. « La
leur communication, un peu à l’image « La concurrence des Turcs est rude, en 2018 : production totale de Turquie a dépassé
du bureau Norge avec le saumon norvé- reconnaît son collègue Theodoros Alexakos, celle de la Grèce, se satisfait Hilay Agaoglu,
gien, mais encaissent le coup. « La diffé-
rence entre les prix grecs et turcs est des-
tout en restant offensif et optimiste. Mais
le secteur croît et reste prometteur. Il faut 197 000 t
directrice des exportations de Kiliç Deniz,
le géant du pays avec ses 65 000 tonnes
cendue à 30-40 centimes, contre 1 à faire du marketing, éduquer, investir dans la de poisson. Nous sommes présents sur les
Grèce : 50 000 t
1,20 euro il y a peu, confie Kristos Boyaci, R & D… Nous voulons nous inscrire dans le mêmes marchés et équivalents en termes
responsable export chez le grec Nireus. durable, minimiser l’impact sur l’environne- Turquie : 85 000 t de qualité et de prix. À la rentrée, après la
En ce moment, nous vendons 1 euro de ment. Le consommateur doit manger plus société Sürsan, nous serons certifiés ASC
moins qu’à la même époque il y a un an. » de poisson, le marché croître et notre part sur quatre fermes. Nous faisons de bons
2015, qui fut une belle année avec des de marché avec. L’aquaculture est une acti- volumes en France avec les grossistes, les
prix moyens records autour de 6 euros/kg, vité importante en Grèce, avec une implica- détaillants, le marché de Rungis, principa-
semble loin. Et les 4,60 euros/kg se profilent tion sociale forte sur le littoral. » lement en frais entier. »
En plein développement et face à une
consommation intérieure en forte baisse
pour cause de récession, la Turquie vise de
La Grèce sigle son poisson nouveaux marchés : le Proche-Orient, la
Russie… Les investissements sont consé-
I mposer une marque de confiance qui signerait le côté high-tech de l’aquaculture grecque et son
intégration environnementale le long des 16 000 km de côtes et 4 000 îles du pays : c’est l’objec-
tif de l’Hapo ((Hellenic aquaculture producers organization), créée il y a un peu plus
quents depuis 2008 et les groupes inté-
grés. Kiliç Deniz, par exemple, assure la
chaîne complète depuis les écloseries et
« Nos 21 membres représentent 85 % de la production du pays, illustre
d’un an. « N l’alimentation animale, et investit à l’étran-
Apostolos (photo), le président, par ailleurs directeur commercial d’An-
Touralias Ap ger : en République dominicaine pour le
dromeda. N Nous devons aujourd’hui affirmer une différenciation, basée sur le res- bar et la daurade, mais aussi en Albanie
règles européennes, notre expertise de pionnier, notre qualité… Notre
pect des règ pour la truite ou en Mauritanie pour la
volonté est de conserver le leadership sur un marché en hausse avec une
volont farine et l’huile de poisson. Les prévisions
concurrence féroce, en travaillant sur la valeur en même temps que sur
co à courts termes ? « Nous conservons nos
les
le volumes. » La filière investit 1,5 million d’euros, notamment pour volumes, précise la directrice, et il n’y aura
pin’ser
p ses poissons en Grèce et Italie. Une opération accompagnée par pas d’augmentation significative sur la
une vaste campagne de relation publique, qui commence tout juste, production en Turquie, vu les soucis éco-
destinée à mettre à profit l’image grecque : européenne, méditerra- nomiques dans le pays et la récession glo-
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Dossier ❘ BAR, DAURADE, MAIGRE, PAGRE
N ombre d’acteurs des filières bar et daurade en France, en Europe et au-delà, estiment
important que l’aquaculture soit mieux acceptée par les consommateurs et se développe.
Parallèlement aux volumes d’espèces bien maîtrisées, ils s’efforcent d’en lancer de nouvelles,
afin d’élargir les gammes proposées, de multiplier les opportunités de consommation… et de
gagner des parts de marché. Ainsi, quand Nireus parle du lancement de sériole après le pagre,
Cromaris avoue travailler sur d’autres espèces et Kiliç déclare 1 500 tonnes de production de
maigre. Une espèce que le croate propose aussi depuis 2013 : « Mais il est important de maî-
triser la filière en amont, avec une production de ses propres alevins notamment, précise Julie
Dujardin, la directrice des ventes de Cromaris en France. Après, l’élevage permet aux restau-
rateurs d’en offrir sur un calendrier plus large dans l’année, alors que le sauvage est prisé en
juin-juillet sur la côte atlantique française. »
Même esprit pour le pagre en Grèce, commercialisé entre 35 et 40 euros/kg pour le sauvage,
contre 12 à 13 euros/kg pour celui de ferme. « Mais nous devons travailler sur la couleur, déplore
Alexandra Giannoti, responsable marketing chez Nireus. Il doit être bien rose et non gris. »
En France, Gloria Maris élève du maigre à Ajaccio. Commercialisé entre 2 et 7 kg, il est appré-
cié sur les tables étoilées, y compris à l’export. Comme le bar, il bénéficie d’un Label rouge.
« Nous avons moins d’expérience que sur la reproduction du bar et de la daurade, mais plus
que sur la sériole, indique Melyne Blondeel, directrice de Gloria Maris. Pour cette dernière,
nous sommes plutôt dans du grossissement. »
T
le plus grand, ainsi qu’une ferme en Sardaigne
out bio depuis 2002, Provence
et France Turbot. Provence Aquaculture assure
Aquaculture, installé en face de
une petite production essentiellement bio (lire
Marseille, produit 60 tonnes annuelles,
ci-contre). Notons aussi Aquafrais (ex-Cannes
uniquement de loup (ou bar). « La daurade
Aquaculture), racheté par Grand Frais.
posait des problèmes en termes de parasites,
Il existe en France un savoir-faire parti- précise Aurélien Bergeron, chef d’exploita-
culier en matière d’alevinage ? tion. Et comme nous ne pouvions pas faire ce
Bien sûr. Les Français sont leader sur l’éclo- que l’on voulait en termes de traitement, nous
serie : Gloria Maris pour le bar et FMD pour avons abandonné. »
la daurade. Nos programmes de recherche Le loup, issu d’alevins désormais français, via
génétique nous assurent dix à quinze ans France Turbot – « nous profitions auparavant
d’avance en termes de sélection. C’est très d’une dérogation pour du conventionnel » –
important pour la mortalité, les rendements… et nourri avec une alimentation elle aussi
Et de fait, nous commercialisons nos alevins made in France, s’ébat dans une trentaine de
un peu partout dans le monde. Ils ont très cages avec une densité moyenne à l’année de
DR
la truite mais aussi le bar et l’alevinage de bar, bio, même si 20 à 25 % de la production fran-
daurade et maigre. Gloria Maris représente çaise est labellisée. ■
#AEM2019
I N S C R I V E Z - VO U S M A I N T E N A N T
CREVETTES
Cap sur l’élaboré !
Les crevettes élaborées cartonnent, au moins en frais.
Pratiques, consensuelles, elles séduisent les jeunes, permettent de recruter
et sont une source de valorisation pour le rayon marée LS.
L’heure est à la réassurance, aux labels et à l’étiquetage « propre ».
En surgelé, le bilan est plus mitigé.
+ % en valeur
La croissance des
crevettes élaborées
(avec gencod)
teur marketing et innovation chez Nueva
Pescanova France. « Au rayon surgelés, il
s’agit plutôt de préparations de crevettes
en pâte (filo, etc.) inspirées de recettes
exotiques, ou bien des crevettes cuisinées
à utiliser en plat principal. Il y a assez peu
de mariné », souligne Michel Timsit, du
entre le cumul
pace et queue) et 3 500 tonnes Mais que désigne-t-on exactement par le cabinet Gem. « Une crevette décortiquée,
à fin avril 2018
sous forme
f élaborée : terme crevettes élaborées ? Les définitions déveinée, glacée IQF est élaborée dans
et le cumul à
décortiquées,
déc cocktail, diffèrent en frais et en surgelé. « Dans cette fin avril 2019, en l’absolue, même si le degré d’élaboration
marinées,
m en bro- catégorie, nous mettons tous nos produits hypers et supermarchés. est moindre que pour une crevette
chettes, etc. « Les à base de crevettes décortiquées : nature, marinée », expliquent Alexia Barthelemy et
(Source Iri)
crevettes élaborées marinées, plateaux tapas, brochettes », Stéphane Argoud, qui codirigent la société
représentent près précise Vincent Jaumouillé chez Miti. « Le Gelazur. Une autre approche consiste à
de 11 % du mar- consommateur distingue les crevettes prendre l’angle de la fabrication. « L’élaboré
ché
c total (banc nature, c’est-à-dire simplement décor- correspond à une mutation industrielle,
inclus)
inc en volume, ce tiquées, des crevettes préparées », constate explique Jean-Philippe Moreau. Il faut pas-
DR qui peut
p sembler peu, pour sa part Jean-Philippe Moreau, direc- ser du métier de cuiseur à celui d’indus-
L e boom des crevettes élaborées en frais ne se vérifie pas au rayon surgelé, où l’offre est dif-
férente et l’intérêt des enseignes moindre. « Le rayon surgelé est sinistré et souvent mal
tenu, sauf dans les magasins qui sont passés aux vitrines verticales », affirme Michel Timsit.
« Les distributeurs font ce qu’ils peuvent mais n’ont plus de personnel qualifié pour gérer le
rayon surgelé », constatent Alexia Barthelemy et Stéphane Argoud. Le périmètre des produits
bruts (où sont implantées les crevettes, y compris élaborées) diminue et les unités de besoin se
concurrencent… entre rayons ! « Il arrive qu’un distributeur refuse de référencer un produit en
surgelé au motif qu’il propose déjà une offre comparable en frais », observent les dirigeants
F.R.R
de Gelazur. Lesquels prédisent à terme « la disparition des crevettes avec tête en surgelé ».
F.R.R
DR
Les crevettes élaborées plaisent pour leur praticité, en frais (à gauche des produits Delpierre, Miti et Pescanova) mais aussi en surgelé (à droite un produit easy peeled Gelazur).
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Dossier ❘ CREVETTES
DR
les industriels jouent sur les concepts pro-
duits, les recettes, les labels ou encore les
emballages. Chez Miti, la dernière inno-
vation concerne des brochettes marinées
sous skin. Gelazur propose depuis 2018
une queue de crevette crue carapace cou- Gel-Pêche à fond sur l’exotique en surgelé
pée (easy peeled) chez une célèbre enseigne
de freezer center. La carapace est laissée Gel-Pêche lance pas moins de huit nouveautés pour le rayon
mais découpée : un atout pour la cuisson surgelé des GMS, dont sept à base de crevettes :
(elle protège la chair, par exemple au bar- nems de crevettes préfrits, bouchées shiumai (à réchauffer
becue), pour le consommateur (plus facile à la vapeur, farce fondante), croustillants de crevettes,
à décortiquer) et pour le prix au kilo. La raviolis hakao, raviolis gyozas (six crevettes et six légumes),
référence est bio, origine Honduras. Et elle assortiment de 21 bouchées de crevettes (triangles,
plaît ! « Lorsqu’un produit combine qua- aumônières, bouchées façon minicrêpes).
lité gustative et réassurance, le consomma- Encore plus original, le steak de crevettes pané (60 %
DR
teur s’en rend compte », soulignent Alexia de crevette) est adapté à la réalisation de burger.
Barthelemy et Stéphane Argoud, codiri-
geants de Gelazur. ■
détendue, voire festive. Elle possède égale- aussi se pencher vers des produits d’excep-
ment des atouts nutritionnels. tion, tels que la crevette de Madagascar
ou de Nouvelle-Calédonie, mais ce ne sera
Que recherchent en priorité les
consommateurs ?
consommateurs lambda recherchent avant
tout le prix. Ils ne pensent pas à cuisiner
18,5 %
que sur des créneaux spécifiques et festifs.
L’élaboration serait un moyen de valoriser
Il faut distinguer plusieurs types de une crevette et recherchent plutôt des cre- La part (en nombre les crevettes avec des défauts d’aspect, en
consommateurs de crevettes. Les ama- vettes élaborées. Sur ce segment, le bio
de références) décortiqué. L’important est de respecter le
des produits élaborés
teurs gastronomes sont sensibles à la taille ou l’ASC sont des plus mais ces critères potentiel de chaque espèce et ne pas trom-
(marinade, persillade,
de la crevette, à la présence de labels, à sont secondaires par rapport au goût, à la etc.) au rayon per le consommateur. Mais l’espèce et l’ori-
la possibilité de la cuisiner eux-mêmes. Les recette ou à l’aspect. poissonnerie libre- gine ont moins de poids en élaboré.
Le prix ou la DLC sont-ils des freins ? service en 2017, Quels développements vous semblent
soit deux fois plus
intéressants ?
Le prix ramené à la portion reste effecti- qu’en 2015 (9 %).
Formats des crevettes vement très élevé. Un produit apéritif ou Après une première expérience il y a dix
au rayon poissonnerie LS une entrée affiché à 5 ou 6 euros pour ans qui n’avait pas accroché, on voit de
(en nombre de références) 120 grammes avec sauce… ne convient nouveau se développer depuis deux à trois
qu’à deux personnes. Pour cinq ou six per- ans des crevettes marinées crues au rayon
Entières (Hoso) 38 % sonnes, il faut donc acheter trois packs ! marée traditionnelle, pour une cuisson en
Queues décortiquées 48 % La DLC pourrait être problématique dans brochette ou en plat principal. En traiteur,
la mesure où il y a moins de rotations sur des crevettes décortiquées positionnées
Couronne 7%
les produits élaborés que sur la crevette pour les enfants pourraient être une piste
Queues non décortiquées 3% entière cuite. Toutefois, les DLC sont plus intéressante, car c’est un produit facile à
Brochette 4% longues qu’en crevettes cuites en vrac. On manger, comme un surimi naturel. Hors
atteint jusqu’à deux ou trois semaines en GMS, certains poissonniers proposent des
Source : FranceAgriMer sous-vide. beignets de crevette faits maison. ■
Le merchandising,
une problématique clé
Faut-il implanter les crevettes élaborées
au rayon marée libre-service ou traiteur
de la mer ? La question est stratégique
pour les industriels et les distributeurs,
tant au niveau des ventes que de l’image.
F.R.R.
vient avant tout chercher une solution le rayon marée LS.
cœur de repas. » La question est alors de
savoir où implanter les crevettes élaborées. de la stratégie des enseignes. Ces dernières Le choix de l’implantation doit tenir
« Il serait plus logique de les séparer des
crevettes cuites classiques en barquette,
se sont en effet rendu compte que c’était la
zone qui faisait la différence aux yeux des
5 € compte de la politique de l’enseigne, de
la taille du magasin (hypermarché avec
Le prix de vente
estime Michel Timsit, directeur du cabinet consommateurs. Par ce moyen, ils espèrent consommateur banc marée ou supermarché qui n’en pos-
Gem. Or, on les retrouve généralement aussi contrer de nouveaux concepts com- psychologique à ne pas sède pas) et du type d’équipement (bacs
dans le prolongement du rayon poisson- merciaux, avec un positionnement de spé- dépasser sur certains ou vitrines). Améliorer la lisibilité du rayon
nerie, en frais emballé. Une implantation cialiste comme les magasins Grand Frais. produits phares, tels marée libre-service semble également prio-
au rayon traiteur de la mer, avec les pois- Dans cette logique, la poissonnerie est un que les couronnes de ritaire. « Le rayon a besoin de se profession-
sons fumés et les terrines, me semble pré- rayon clé pour les GMS, dans son versant crevettes pour l’apéritif. naliser au niveau de l’implantation. Soit on
férable. C’est en effet là que le consom- traditionnel mais aussi libre-service. « La Un impératif qui constate des ruptures, soit au contraire il
explique la domination
mateur s’attend à trouver les produits marée LS reste un rayon en construction et est surchargé. En outre, le consommateur
de la P. vannamei,
apéritifs et les entrées. » c’est un chantier au cœur des préoccupa- a du mal à s’y retrouver car le rayon change
crevette la plus
Du côté des industriels, la réponse est tions des distributeurs, qui sont réellement économique. beaucoup en fonction des promotions »,
généralement tout autre. « Nos produits à l’écoute sur ce sujet », constate Sophie souligne Jean-Philippe Moreau. « L’enjeu est
doivent impérativement être position- Bourrut Lacouture. de réussir à mettre les crevettes en valeur au
nés au rayon marée LS », insiste Vincent Si elle bénéficie d’une réelle dynamique rayon marée LS, à la fois en fond de rayon
Jaumouillé chez Miti. Un point de vue du côté des enseignes, la marée LS peut et pendant le pic de consommation de la fin
partagé par les autres intervenants. « Le aussi se targuer d’une image très posi- d’année, même si celui-ci est moins marqué
rayon marée LS est en croissance et très tive chez le consommateur. « Le rayon que pour le saumon, insiste Sophie Bourrut
porteur, alors que le traiteur de la mer marée libre-service a un fort potentiel de Lacouture. Elles sont en effet un vrai relais
souffre en surimi et en saumon fumé », croissance car il répond aux attentes des de croissance et représentent un gain de
observe Sophie Bourrut Lacouture. « Le consommateurs. Ils y recherchent la fraî- chiffre d’affaires majeur. »
saumon fumé, les tartinables et le surimi cheur et l’authenticité », assure Sophie L’idéal serait sans doute, comme pratiqué
constituent les 20/80 du rayon traiteur de Bourrut Lacouture. Un point de vue par- dans certains magasins, de doubler l’offre :
la mer (1). Il reste peu de place pour les tagé par Pescanova. « Se rapprocher du implanter les crevettes élaborées à la fois
crevettes élaborées, ajoute Jean-Philippe banc marée et de la glace va dans une au traiteur et à la marée LS. Cela implique
Moreau, directeur marketing et innovation logique de fraîcheur », explique Jean- de concevoir des produits adaptés aux
chez Nueva Pescanova France. La marée Philippe Moreau. L’industriel préconise une contraintes des deux rayons. Et sans perdre
LS est encore un petit rayon, mais qui se implantation en marée LS pour les pro- de vue un constat simple : le consommateur
développe. » duits les plus clean label, mais admet une confond souvent les deux rayons ! ■
L’enjeu est aussi l’image, tant pour les implantation des produits avec conserva-
distributeurs que les industriels. Les rayons teurs – comme les éventails de crevettes – (1) 20 % des références représentent
métiers reviennent actuellement au cœur au traiteur de la mer. 80 % des ventes
FOOD
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Responsable secteur asiatique
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Granville 2019
12/13 SEPTEMBRE
L’ARCHIPEL
Organisé par
Découvrir ❘ CONCEPT
La poissonnerie Chez Françoise, pilier des halles de Dinard, a ouvert une boutique
à La Place Gourmande, espace commercial construit en 2016 à Saint-Malo.
CHEZ FRANÇOISE
La Place Gourmande
rue de la Balue
Saint-Malo
L a cité corsaire ne manque pas de com-
merces de bouche réputés, mais l’idée des
promoteurs de La Place Gourmande est d’en
regrouper six, complémentaires, parmi les meil-
leurs, dans un lieu à l’architecture attrayante, hors
jeune homme est salarié de l’entreprise familiale
des halles de Dinard, tenue par ses parents Yves
et Françoise Riou et son oncle Patrick Esnault. Ses
grands-parents maternels ont assuré la renom-
mée du commerce créé par l’aïeule Françoise
40 % du chiffre d’affaires
provient de l’activité traiteur,
• de l’hyper centre difficile d’accès. Démarchée, la Moreaux dès 1938. Kevin Riou est tombé tout notamment des plats cuisinés
poissonnerie Chez Françoise, à Dinard, est séduite petit dans la marmite des crustacés. maison, en barquette,
par ce concept de halle alimentaire moderne. Il Il gère désormais sa boutique et ses com- à 8-10 euros. Ici, l’un des best-
répond à son besoin de croissance interne. mandes. Ses fournisseurs sont les mêmes que sellers, inspiré d’une recette
Effectif : 3 Kevin Riou n’a que 26 ans lorsqu’il prend la pour la maison mère de Dinard, des grossistes d’un étoilé local : écrasée
Surface : 100 m² responsabilité de la boutique Chez Françoise rennais et lorientais : ils connaissent les exigences de pomme de terre, noix
CA : 500 000 euros de Saint-Malo, dès l’ouverture de La Place qualitatives des Riou-Esnault, qui travaillent aussi de saint-jacques de la Manche
Gourmande en 2016, aux côtés d’autres artisans en direct avec deux côtiers malouins. Et le bilan et andouille. Les noix sont
reconnus, comme le beurrier-fromager Bordier. est plutôt flatteur pour le jeune gérant, qui a su congelées pour répondre
Depuis ses études de commerce et marketing, le créer une nouvelle clientèle à Saint-Malo. à la demande continue.
Nireus
1988 : création à Chios
pour produire du bar
et de la daurade.
B eau, calme et abrité, le site de Kardamyla, sur l’île de
Chios, à l’est de la Grèce et à quelques encablures des
côtes turques, offre une proximité presque anecdotique
lorsque l’on observe le retournement du marché entre les
productions de bar et de daurade des deux voisins.
la société distribue, par camions, alevins et petits poissons
dans les fermes proches ou lointaines, du groupe ou non.
Avec une capacité totale de 167 millions de pièces par an
dans ses écloseries et ses centres de grossissement, Nireus
est en effet aussi un acteur important du marché amont. « À
2000 : Nireus devient En 1988, Nireus installe ici sa première ferme : le début l’origine, nous achetions en Turquie, poursuit le responsable.
un groupe intégré avec usine d’une saga. Le site devient ensuite l’une des écloseries du Désormais, nous produisons tout ce qu’il nous faut et ven-
d’alimentation, écloserie groupe, leader international dans la production et la com- dons en Espagne, Tunisie, Turquie, France, Albanie, Croatie,
et site de transformation. mercialisation d’alevins et de poissons, bar et daurade en Algérie… »
2010 : lancement tête, mais aussi de maigre et de pagre. « Nous produisons En mer, les cages regroupent des stocks composés d’ale-
de la production de pagre ici 25 millions d’alevins par an et visons 30 millions, détaille vins des mêmes mois, écloserie et espèce. L’alimentation,
et de maigre. Panagiotis Floros, responsable de l’écloserie depuis 1991. automatisée depuis une barge, est suivie très précisément.
2018 : 34 500 tonnes de Nous disposons d’un stock de géniteurs, renouvelé tous les Sur le cycle maritime, les spécialistes indiquent un taux de
production pour 197,3 millions deux ans, issus d’une écloserie spécifique dans laquelle s’ef- survie de 85 % et visent 90 %.
d’euros de chiffre d’affaires fectue la sélection. » Cécile Baulard, la responsable qualité, se félicite quant à
avec 1 200 personnes. Nireus cultive dans le même bâtiment algues et crustacés elle de la toute récente certification ASC (en plus des Iso 9001
nécessaires au développement des alevins. De Kardamyla, et 14001, GlobalGap et BRC) : « Début juin, nous avons été
Écloseries et fermes
1. Quatre écloseries au total.
Kardamyla, sur l’île de Chios, site de
la première ferme de Nireus, est devenue 1 2
l’une des quatre écloseries du groupe
et produit 25 millions d’alevins par an.
2. Du grossissement à la mer.
En écloserie, le bar atteint 2 grammes
en 120 à 160 jours et la daurade
en 160 jours. Puis les poissons passent en
prégrossissement pendant deux à trois mois
dans une eau à 19 °C, avant d’être portés
en mer. C’est à ce stade qu’ils sont vaccinés
contre la vibriose et la pasteurellose.
3. Une quarantaine de fermes.
Chios abrite toujours des fermes.
Mais Nireus a concentré l’essentiel
de ses installations à l’ouest de la Grèce,
autour de Corfou et d’Argostóli, non loin de
Patras et face à l’Italie, le principal marché.
4. Capture et contrôle qualité.
Sitôt capturé dans les cages (100 mètres de
circonférence et 13 mètres de profondeur
pour une densité comprise entre 5 et 3
15 kg/m3), le poisson est abattu par choc
thermique puis débarqué dans les centres
de conditionnement, comme ici à Lagada.
Température, apparence, taille… un premier
regard humain affine la sélection.
5. Calibrage et conditionnement.
Chios produit autour de 5 000 tonnes
de poissons chaque année (60 % de bar
et 40 % de daurade). En près de deux ans,
ils atteignent la taille commerciale
la plus commune d’environ 500 grammes.
Le site d'emballage assure le calibrage et
le conditionnement en caisse PSE avec glace.
DR
4 5
dans les premiers en Méditerranée à la recevoir pour deux
sites de production. D’autres suivront. »
L’ensemble intégré de Nireus, comprenant les fermes, par-
ticulièrement concentrées à l’ouest du pays, et une douzaine
d’unités de conditionnement, est complété par un centre de
R & D, Proteus, filiale de production d’équipements dédiés
aux fermes (filets, bassins…) et deux usines d’alimentation
animale d’une capacité de 90 000 tonnes. En bout de chaîne,
la logistique s’effectue via trois pôles : Athènes, Patras et
Milan. Le site de transformation d’Athènes a failli être trans-
féré à l’ouest, mais le projet demeure suspendu à l’accord
de la Commission européenne sur la fusion entre Nireus,
Selonda et Andromeda. L’autorité somme en effet le futur
géant d’abaisser sa production globale de 10 000 tonnes,
ainsi que celle d’alevins.
Le port de Patras est directement connecté à l’Italie et la
plateforme de Milan, opérée avec Stef, assure l’éclatement
Logistique et transformation
7 8 9
en Europe. Installé à deux pas de l’aéroport, le site d’Athènes Auchan, Reynaud…), est appréciée pour ses qualités en
est aussi un atelier de transformation. « Le marché porte termes de fraîcheur, disponibilité, service, résolution des pro-
principalement sur du poisson entier, mais nous assurons ici blèmes, respect des délais de livraison…
du filetage, rappelle Alexandra Giannoti, responsable mar- « Gérer l’offre et la demande, la disponibilité dans les
keting. Il reste manuel, car l’automatisation n’a pas été per- fermes sur les bonnes tailles au bon moment, la rentabilité…
formante en termes de rendements. Nous lançons aussi en est parfois compliqué, confie Kristos Boyaci, responsable
Italie un produit élaboré, du filet prêt à cuire avec sauce à export. Mais nous sommes particulièrement bien installés sur
6,99 euros chez Auchan et Coop. Nous envoyons du bar et trois marchés qui se tiennent en volume : l’Italie, la pénin-
de la daurade filetés près de Venise où il est fileté et mis sous sule ibérique et la France. Notre souci aujourd’hui ? Enrayer
vide selon six recettes différentes. C’est notre première offre la chute des prix moyens, passés en dessous de 5 euros/kg à
ready to cook en frais. » cause de la concurrence turque. » Avec une carte principale :
Tous nos reportages sur Globalement, Nireus distribue chaque semaine 650 tonnes l’image qualité de la Grèce.
pdm-seafoodmag.com de bar et de daurade vers 400 clients. La société hellène, pré-
sente auprès des grands noms (Findus, Aldi, Picard, Young’s, Reportage : Dominique GUILLOT
À la source
} CARACTÉRISTIQUES
Présente dans le Pacifique sud-est, l’Atlantique sud-ouest, jusqu’aux
DR
Kergelen, la moule chilienne est reconnaissable à sa coquille noire
et à sa chair orangée. Importée le plus souvent surgelée en chair
ou entière, elle peut être confondue avec la Mytilus edulis.
} À NOTER
Deux autres espèces de moules sont présentes au Chili : la moule
cholga (Aulacomya ater) et la moule géante ou choro (Choromytilus
chorus) mais elles n’intéressent que le marché intérieur.
} RENDEMENT
22 à 26 %
Principal producteur :
Chili.
COUP de CŒUR
[ SURGELÉ ]
Les conserves La Sablaise Les crevettes pop-corn
sortent du rayon classique de Gel-Pêche
Fini le rayon conserve, les rillettes et mousses de poisson prennent la direction Marre des nuggets ? Passe aux crevettes ! À destination de
du frais. L’entreprise vendéenne est partie du constat que les poissonniers la RHD, les crevettes pop-corn de Gel-Pêche se préparent
méritaient leurs propres conserves de la mer pour créer une nouvelle gamme en moins de 10 minutes au four. Un résultat croustillant
commercialisée au rayon marée. La Sablaise a choisi uniquement des produits à l’extérieur et fondant à l’intérieur. Conditionnées dans
de la mer issus de la pêche française ou certifiés MSC. Les petits bocaux sont un sachet de 500 g (40-45 pièces), les crevettes sont
produits aux Sables-d’Olonne et garantis sans additifs. La gamme se positionne idéales pour des cocktails ou buffets.
sur le segment premium avec des saveurs originales : maquereau aux échalotes,
sardine au whisky ou encore merlu au citron. Disponibles depuis le 15 avril, les
rillettes sont vendues au prix de 3,90 € les 90 g.
[ AQUACULTURE ]
[ CONSERVE ]
La truite fumée 100 % française
Fimco emboîte en bio de Petit Navire
La PME bordelaise lance une gamme Petit Navire lance sa
de conserves bio et clean label. première truite élevée
Élaborées avec des poissons certifiés en mer en Normandie
MSC, les conserves sont garanties puis préparée et fumée
sans arômes artificiels, mais avec en Bretagne. Un pro-
des accompagnements bio tels que duit tricolore, du site de
l’aneth, la ciboulette ou encore production situé dans
les graines de fenouil. Des recettes le Cotentin à l’usine
originales dans un packaging très de transformation du
sobre et élégant, qui rappelle groupe, à Quimper. Fumée au bois de hêtre,
le concept de naturalité du produit. la référence est disponible depuis le mois de mai dans
Disponible depuis le 1er avril en GMS. la plupart des enseignes de grande distribution au PVC de
PVC : entre 1,90 et 4,20 € selon 3,90 €. Le packaging laisse transparaître le produit et une
les références. photo de l’élevage est même apposée sur l’emballage.
[ RESTAURATION ]
Rolmer met le tartare dans sa poche
La société vendéenne élargit sa gamme de tartares de poisson conditionnés en
poches à douille de 300 g. Un packaging plus simple pour les restaurateurs puisque
le produit est prêt à l’emploi. L’entreprise propose depuis mars une recette à base de
noix de saint-jacques élevées au Pérou en plus de sa recette historique au saumon.
Une recette au thon est également en préparation, afin de proposer une offre
plus abordable aux professionnels.
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