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CONSIGNES
Ce devoir est à réaliser après l’étude des séquences 1 et 2 du module 4.
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Temps conseillé : 4 heures au minimum
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Avertissement : afin que vous vous habituiez aux conditions de l’examen, le barème des questions
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est sur 60. Toutefois, pour des raisons pratiques de gestion de dossiers scolaires, la note finale
obtenue au devoir est ramenée sur 20.
OBJECTIFS
Savoir analyser plusieurs documents et savoir extraire les idées essentielles
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Savoir reformuler les idées conservées dans un langage personnel, sans les déformer
XX
et en restant neutre
Savoir rédiger en totalité un développement personnel
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Pour cela
XX
– savoir analyser l’énoncé et dégager une problématique
– savoir élaborer un plan capable de résoudre logiquement cette problématique
– savoir argumenter et illustrer ses idées
Faites une lecture minutieuse des quatre documents avant de chercher à répondre aux questions
et prenez connaissance des objectifs placés ci-dessus.
Ne traitez pas les exercices sans avoir consulté l’ensemble des conseils pratiques donnés dans les
énoncés des questions et du document en ligne «Conseils pour réaliser les devoirs écrits». Toutes
vos réponses doivent être entièrement rédigées sous forme de phrases complètes contenant au
moins un verbe conjugué (pas de style télégraphique, pas de tirets, pas de phrases nominales, pas
de parenthèses pour y entasser ce qu’on ne veut pas rédiger). Il s’agit d’expression écrite, comme l’indique
l’intitulé de la matière.
Trois jours « sans ». Sans gluten, sans sucre, viande, sans lactose, sans cuisson (tendance « raw
»¹)… sans saliver ? C’est en tout cas le thème – restrictif – d’un salon, le premier du genre de cette
ampleur, consacré aux allergies alimentaires et donc aux produits « sans » qui s’ouvre vendredi et
jusqu’à dimanche porte de Versailles à Paris. Au menu : des conférences, des ateliers cuisine et
une centaine d’exposants qui donnent dans le « sans ».
Ça fait rêver ? Manifestement, oui. Un coup d’essai tenté l’an passé à Montpellier a vu défiler
2 500 allergiques, intolérants de tous poils, sans compter « tous ceux qui se posent de plus en plus de
questions sur ce qu’ils mangent tant du point de vue de leur santé que d’un point de vue éthique », énonce
Charlotte Ria, allergique à la caséine (la protéine du lait) et organisatrice de ce salon avec Natacha
Rivas, intolérante au gluten et allergique au soja. Bref, il y a de la demande.
En toile de fond, il est vrai que le nombre de victimes d’allergie alimentaire a doublé en dix ans en Europe,
touchant plus de 17 millions de personnes, selon les chiffres de l’Académie européenne d’allergie et
d’immunologie clinique. Mais il y a aussi un business florissant : les distributeurs qui se sont engouffrés
dans le créneau sans gluten ont vu leurs ventes s’envoler (+ 42 % en 2014 en France, selon le cabinet
d’études IRI). Et aussi de la mode (plus chic d’être vegan que d’être fan de pieds de porc).
Mais c’est grave docteur, tous ces régimes « sans » ? Avec toutes ces intolérances, est-ce la fin
du manger ensemble ? Quatre² spécialistes de l’alimentation et des allergies se mettent à table.
« Des régimes « sans » ? Il y a toujours eu des hygiénistes, depuis le début du siècle dernier, en général
peu compétents en nutrition, voire sectaires, qui cherchent dans la nourriture la raison de tous nos
maux. Et lancent des interdits. Dans les années 50-60 c’était le gras, puis le sucre, le sel, le pain…
Le fait que nous soyons omnivores est-il générateur d’angoisses ? Sans doute. Mais en ce moment,
il y a un véritable discours dramatisant qui évoque un empoisonnement collectif et répète à l’envi que
tout est pourri, trafiqué… C’est vrai qu’il y a de la transformation alimentaire, des additifs inutiles,
sans doute un peu trop de sel mais, globalement, la nourriture est plus sûre et plus variée que jamais.
Le problème, ce n’est pas le lactose (ou autre), mais la pauvreté. Ce sont les plus démunis qui n’ont
pas les moyens de se nourrir correctement qui paient un lourd tribut en termes de santé et d’obésité.
Tous les autres ne souffrent pas davantage d’allergies qu’avant. Ou alors à peine plus, car nous
introduisons des aliments nouveaux (sésame, lupin, pavot…). À chaque nouveauté, des allergies
se développent puis se stabilisent. Il y a aussi peut-être un peu plus de problèmes liés à un excès
d’hygiène et à la baisse de l’allaitement maternel, mais l’homme n’est pas en train de s’intoxiquer.
Et les croisades contre des aliments, comme il y en a eu sur le lait, sont sans fondement. Et à
terme, si de plus en plus de gens se croient allergiques, on ne pourra plus partager de repas
ensemble. » […]
« Je ne nie pas que des gens peuvent être allergiques, mais il y a un vrai business autour de la
peur, avec des gens vous proposant des analyses où l’on peut être allergique à tout. Si on me dit
que je suis allergique aux œufs, au lait, je voudrais savoir de quoi on me parle ! Du lait industriel
en brique ou du lait de vache rouge flamande que j’utilise dans ma cuisine ? […] L’autre jour, on a
reçu un couple qu’on a surnommé Lady and Lord Allergy. La dame me sort une liste d’aliments
auxquels elle se dit allergique trois fois plus longue que ma carte. Résultat : elle a mangé quatre
feuilles de salade. C’est un problème de riches, c’est chic de se dire allergique, de ne rien manger
et de pouvoir rentrer ainsi dans son 36. » […]
Jacky Durand, Catherine Mallaval, « Les dessous des régimes «sans» », Libération, 6 avril 2016
¹ Le régime « raw food » consiste en gros à ne manger que des aliments crus.
2 L’article initial comporte l’interview de quatre spécialistes ; nous n’en avons retenu que trois.
De nombreux additifs
Supprimer le gluten d’un aliment, c’est supprimer l’ingrédient qui en contient. En ce qui concerne
le pain, les biscuits ou les pâtes, il s’agit donc de dire adieu à la farine de blé. Mais pas si simple
d’obtenir un goût et une texture équivalente lorsque l’on supprime la matière première essentielle d’un
produit. Pour coller au plus près à l’aspect du produit d’origine, les industriels utilisent de nombreux
additifs, épaississants, émulsifiants...
Par exemple, selon 60 millions de consommateurs, une pâte brisée sans gluten contiendrait pas moins
de 15 ingrédients, dont de nombreux additifs, contre seulement six pour une pâte brisée classique.
Une différence de taille, à l’heure où les exigences des consommateurs se tournent plutôt vers le naturel.
Moins de protéines
Bourrés d’additifs, certes, mais les produits sans gluten sont-ils meilleurs pour la santé d’un point
de vue nutritionnel ? Là encore, 60 millions de consommateurs est affirmatif : la réponse est non.
« Pire, ils sont même moins riches en protéines », explique le magazine.
Pas forcément une bonne nouvelle quand on sait que de nombreux adeptes du sans gluten
sont également végétariens et/ou végétaliens, et ne bénéficient donc pas des protéines présentes
dans la viande, le poisson, les œufs ou les produits laitiers.
Tendance à faire grossir ? Une sensation de fringale qui fait manger plus
Plusieurs nutritionnistes se montrent très sceptiques quant à la promesse du sans gluten
d’une alimentation « plus équilibrée » et donc meilleure pour la ligne.
Dans les produits sans gluten, remplacer cette protéine par des additifs, notamment des sucres ou
des dérivés du maïs aurait même tendance à faire davantage grossir. En effet, contrairement aux
protéines, les sucres font monter la glycémie très rapidement dans l’organisme. Lorsqu’elle redescend,
tout aussi rapidement, cette glycémie crée alors une sensation de fringale, qui incite à manger plus.
Par ailleurs, supprimer le gluten de son alimentation, c’est prendre le risque de déshabituer
son organisme à le digérer, et donc de le stocker immédiatement dans ses graisses dès que l’on
en remange, même en petite quantité.
« Les produits «sans gluten» ne sont pas meilleurs pour la santé », Sud-Ouest, 26 janvier 2016
Le célèbre message d’Hippocrate – « que l’alimentation soit ta première médecine » – est aujourd’hui
omniprésent. Les injonctions incitant à manger sain se multiplient. Parfois, le contenu de son assiette
tourne à l’obsession ; les spécialistes parlent alors d’« orthorexie », du grec orthos, « correct », et
orexis, « appétit ». Ce concept a été inventé en 1997 par le docteur américain Steve Bratman qui a
proposé un test comprenant une dizaine de questions (Orthorexia.com) pour détecter les personnes
orthorexiques.
« Ce trouble du comportement alimentaire (TCA) – qui n’en est pas un du point de vue psychiatrique –
se définit comme une obsession de l’alimentation saine, l’individu passant plus de trois heures par jour
à penser à son alimentation », explique le psychiatre Gérard Apfeldorfer, président d’honneur du Groupe
de réflexion sur l’obésité et le surpoids (GROS). Ce n’est pas la quantité, mais la qualité qui importe.
La personne réfléchit à ne pas manger de viande, de graisses, de produits chimiques ou tout
autre mets jugé « mauvais pour la santé ». Elle passe des heures à penser à ce qu’elle va manger.
« Son idée de base est qu’une alimentation parfaitement saine la préservera de la maladie, de la vieillesse,
voire de la mort », constate le docteur Apfeldorfer. Un aliment est soit parfaitement sain, soit un poison.
Les orthorexiques éliminent les produits jugés « toxiques », écartent additifs, conservateurs et
autres colorants présents dans ces « objets comestibles non identifiés », selon la formule de Claude
Fischler, membre du comité scientifique de l’Observatoire des habitudes alimentaires (OCHA). Ils
deviennent rapidement végétariens, végétaliens, macrobiotiques, etc. Ils soupçonnent l’industrie
agroalimentaire d’être un empoisonneur, dans une approche paranoïaque.
Combien sont-ils ? Peu d’études ont mesuré ce phénomène. Une enquête italienne de 2004 rapportait
un taux de prévalence de 6,9 %. « La délimitation précise de l’orthorexie reste complexe », a reconnu
Camille Adamiec, sociologue au laboratoire du CNRS cultures et sociétés en Europe, de l’université
de Strasbourg, lors d’un colloque de l’OCHA consacré aux « alimentations particulières », qui s’est
tenu en janvier à Paris. Cette chercheuse a fait de l’orthorexie un sujet de recherche en 2010.
« Les gens se sont emparés de cette notion, de ce terme, mais est-ce que je ne joue pas leur jeu en venant
ici, en popularisant ce phénomène ? » se demande Camille Adamiec. N’est-ce pas la préoccupation
de tous, de manger sainement ?
Isolement social
L’orthorexie n’est pas reconnue comme un TCA selon les critères officiels des troubles mentaux
(Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, DSM) définis par les psychiatres. « L’orthorexie
reste pour le moment un phénomène extrêmement flou et versatile à l’intersection du médical et du sociétal
», souligne Mme Adamiec. À quel moment parle-t-on de pathologie ? Cette quête du bien-manger
confine à l’isolement social, car il devient difficile de manger hors de chez soi, chez des amis, dans
la famille. « La cuisine se transforme en un sanctuaire », explique Camille Adamiec.
« Les obsessions alimentaires sont fréquentes, les gens finissent par avoir peur de manger », constate
le docteur Jean-Michel Lecerf, chef du service de nutrition de l’Institut Pasteur de Lille. Une enquête
du Credoc a montré en 2007 que 10 % des Français considèrent l’alimentation comme un problème.
« L’individualisme alimentaire va-t-il avoir raison de notre patrimoine culturel de convivialité, qui fait de
l’acte de manger, au-delà de ses fonctions nutritive et hédonique, un acte relationnel majeur, un acte
social ? », s’interroge le docteur Lecerf.
« Menu de lapin »
Même en faisant ce sacrifice, la déception surgit parfois au tournant. Ainsi, Clara, 27 ans, regarde
ses sandales synthétiques d’un air dépité : « J’ai appris qu’on utilisait de la colle à base de poisson
pour fixer les lanières… Les industriels mettent de l’animal partout, tout le temps ! […] Pourtant, elle
affirme que « choisir cette voie n’a rien d’un sacrifice ». Un optimisme partagé par Olkan : « Être végan,
c’est la plus belle chose que je vis et celle dont je suis le plus fier. Quand on a des convictions, toute cette
organisation est un plaisir. »
Les militants rencontrés lors de la dernière Vegan Wow, à Montpellier, témoignent d’un même
cheminement. Tous ont visionné sur Internet des reportages et des documentaires décrivant
les conditions d’élevage, d’abattage ou de transport des animaux, détaillant les rouages de cette
gigantesque industrie de la viande. Après, impossible d’oublier, de faire machine arrière […].
« Sorties de secours »
Dans l’entourage des végans, les réactions sont parfois peu enthousiastes. […] Olkan dit lui aussi
avoir été confronté à des réactions violentes de la part de ses proches : « Les gens qui me demandent
d’expliquer mes choix sont souvent agressifs dès que je leur parle de souffrance animale.
Au fond, je pense que mes explications les dérangent et les culpabilisent. Tout le monde se doute
de ce qu’il se passe, mais la plupart des gens trouvent des sorties de secours pour ne pas affronter
la réalité. »
Autrefois hippie, aujourd’hui militante, Joëlle, entrevoit quant à elle de multiples signes d’espoir dans
les comportements de ses contemporains : « Depuis dix ans, les progrès sont énormes. Des personnalités
osent dire qu’elles sont végétariennes, des intellectuels prennent position, les mouvements végans se
multiplient. Les journaux parlent enfin de la viande, des livres d’enquête sortent… La prise de conscience
est exponentielle. » Et un nombre croissant de jeunes viendrait rejoindre les rangs des végans :
« La diffusion par Internet d’informations et de vidéos sur la condition animale les interpelle.
Le seul bémol, c’est que les jeunes qui veulent militer à nos côtés sont parfois moins tenaces
que les plus anciens : ils veulent que tout change tout de suite. Et quand ils s’aperçoivent que l’évolution
des comportements prendra du temps, certains se découragent… »